Date : FEV 16
Pays : France
Périodicité : Mensuel
OJD : 355619
Page de l'article : p.78-79
Journaliste : Isabelle Gonse
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SAINT-LUC 7630356400501
Tous droits réservés à l'éditeur
progrès
NOS EXPERTS
DR PIERRE BASSET
__ coordonnateurde la
'<- " i Federation douleur et
.«•' ft soins palliatifs a I hôpital
de Chambery
GHISLAINE SCIESSERE
cadre de sante
au centre hospitalier
Saint Joseph
Saint-Luc de Lyon
Nouvelles approches
antidouleur a l'hôpital
Grâce a quèlques
gestes simples et
naturels, le toucher-
massage détend
le patient et l'aide
a se réconcilier
avec son corps.
Hypnose, toucher-massage, séances de relaxation.
Des techniques douces sont de plus en plus utilisées
pour mieux vivre les soins et soulager la douleur.
Elles ont désormais leur place au sein de l'hôpital,
en complément des traitements classiques.
F
ace à des douleurs chro-
niques et rebelles aux trai-
tements, les anesthesistes
et les médecins de la douleur ont
été les premiers à s'intéresser aux
methodes non médicamenteuses
et à se former. Notamment pour
soulager certaines fibromyalgies
(douleurs musculaires diffuses)
et des douleurs neuropathiques
postopératoires. Maîs pour les
étudier et les mettre en pratique,
il faut aussi des budgets suffi-
sants, apportes parfois par des
organismes prives.
Ainsi, la Fondation Apicil (voir
encadre) finance les initiatives
des equipes medicales, des cher-
cheurs et des associations déve-
loppant de nouvelles approches
contre la douleur. Voici quatre
exemples de strategies soute-
nues par cette fondation.
ISABELLE GONSE
PÉDIATRIE un jeu imaginaire
pour distraire les enfants
À l'hôpital de Villefranche-sur-Saône (Rhône), les équipes
ont éte formées à l'hypnose conversationnelle, utilisée lors
de piqûres ou de gestes douloureux, ou avant lanesthesie
au bloc opératoire. On parle a l'enfant tout au long du soin
en utilisant des mots positifs et on détourne son attention
en le faisant jouer au foot et marquer des buts, decorer un
arbre de Noël, ou participer à un goûter d'anniversaire
où il mange des gâteaux, s'amuse avec ses copains.. Très
réceptifs à ce type de suggestions, les enfants peuvent
plus facilement fixer leur attention sur l'instant present et
leur imaginaire est plus riche que celui des adultes. Ils
pleurent moins et appréhendent moins les soins, donc ils
souffrent moins et sont plus calmes après l'intervention...
Ainsi, l'ambiance du service est beaucoup plus détendue.
URGENCES des mots et des gestes qui rassurent
Aux urgences, avant des soins
traumatisants, « l'anticipation
anxieuse » augmente la douleur.
Si les medecins, les infirmiers, les
brancardiers et les secrétaires
adoptent des mots et des gestes
rassurants, avec l'intonation et
l'attitude qui apaisent, l'ambiance
change et les patients sont plus
sereins. Ils apprennent a dire :
« Soyez tranquille, tout va bien se
passer», plutôt que : «N'ayezpas
peur», car c'est le mot « peur »
qu'on retient. «Informer, rassurer,
dire ce que l'on va faire, aide
beaucoup, insiste le Dr Pierre Basset,
coordonnateur de la Federation
douleur et soins palliatifs à l'hôpital
de Chambery. La manière dont
on présente les techniques contribue
beaucoup a leur efficacité : quand
on injecte de la morphine contre la
douleur, il faut expliquer comment
elle va agir, en combien de temps.. »
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DOULEURS CHRONIQUES
le toucher-massage réconforte
Les patients suivis au Centre douleur de l'hôpital de
Chambéry souffrent de douleurs rebelles aux traitements :
migraines, lombalgies chroniques, arthrose, douleurs
neuropathiques... «Ils arrivent parfois à un point où leur corps
n'est plus que douleur. Grâce à un toucher personnalisé
et bienveillant, ils peuvent à nouveau expérimenter des
sensations agréables etse réapproprier leur corps, exprimer
leurs ressentis et leurs souvenirs, libérer leurs émotions »,
indique Patricia Triolo, infirmière ressource douleur. Le
toucher s'accompagne parfois d'exercices de visualisation :
si le patient ressent la douleur comme une boule dure, par
exemple, le thérapeute peut lui suggérer de l'assouplir pour
la transformer petit à petit en une boule de coton... Les
séances durent environ vingt minutes, tous les quinze jours.
RÉANIMATION
l'hypnose éloigne l'angoisse
Au Centre hospitalier Saint-Joseph Saint-Luc de Lyon,
l'hypnose est utilisée lors de gestes délicats (pose de drains,
coloscopie, ponction lombaire...), associée à une analgésie,
et pour aider les patients à accepter le masque de ventilation
artificielle lorsqu'il est nécessaire. «Je choisis un thème
avec la personne, une croisière aux Antilles, une promenade
en montagne ou en forêt, raconte Ghislaine Sciessere,
cadre de santé. Je tamise la lumière, j'installe une ambiance
calme et je l'entraîne dans le lieu qu'elle a choisi, avec
ses couleurs, ses sons, ses odeurs, le vent, la sensation de
fraîcheur dans les poumons... J'utilise des mots comme
"doucement", "progressivement"... La respiration s'apaise,
l'angoisse diminue, souvent le patient s'assoupit... » Pour
réduire les sensations d'inconfort, on peut aussi l'inviter à
retourner seul dans le lieu qui lui fait du bien.
INFO PLUS
protection sociale Apicil, la Fondation Apicil
finance quelque 70 projets antidouleurs par
an dans toute la France. Elle soutient la recherche
et les pratiques innovantes : acupuncture
en soins palliatifs, stimulation magnétique...
Fondation Apicil, 21, place Bellecour,
69002 Lyon, www.fondation-apicil.org
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