LA KINÉSITHÉRAPIE DU RACHIS CERVICAL AU COURS DE LA POL YARTHRITE RHUMA TOlDE
La PR épargne le plus souvent le rachis, sauf à l'étage
cervical. L'atteinte des 2 premières vertèbres, particu-
lièrement au niveau de l'articulation atloïdo-odontoï-
dienne, aura pour effet de compromettre gravement la
stabilité et la cohésion de cette région anatomique.
La prise en charge rééducative est pluridisciplinaire,
la rééducation étant entreprise de façon concertée
avec le rhumatologue, le chirurgien orthopédiste et le
kinésithérapeute, après contrôle de l'absence d'insta-
bilité du rachis cervical sur les radiographies.
INVENTAIRE DES TECHNIQUES À
LA DISPOSITION DU
KINÉSITHÉRAPEUTE
Chaleur et massages sont une bonne indication
- Chaleur, sous forme de fangothérapie ou radar
(ondes courtes):
• La fangothérapie est constituée de boue volcanique,
mélangée à de la paraffine pour en augmenter la plas-
ticité. Elle est appliquée sur la partie à traiter et recou-
verte d'une feuille de plastique.
• Le "radar" est un appareil qui émet des ondes électro-
magnétiques d'une longueur d'onde de l'ordre du cen-
timètre. Cette émission déclenche une agitation molé-
culaire qui se traduit par une chaleur interne douce.
- Massages manuels (effleurages, suivis de pressions
glissées puis de pétrissages des masses musculaires et
terminées par des effleurages à nouveau), qui ont un
effet apaisant, antalgique et décontracturant.
Les autres techniques sont virtuellement contre
indiquées
- Mobilisations manuelles
Elles sont passives, actives aidées ou actives résistées.
Les mobilisations manuelles ont un effet de récupéra-
tion ou de maintien des amplitudes articulaires. Elles
doivent s'effectuer sur un patient détendu, avec un
rythme lent, sur une trajectoire dirigée et conduite par
le kinésithérapeute. Elles participent à l'assouplisse-
ment et à la trophicité des éléments périarticulaires.
Elles sont passives si le patient ne participe pas à la
commande du mouvement, actives si le patient parti-
cipe ; dans ce cas, elles peuvent être actives aidées (le
kinésithérapeute accompagne le mouvement) ou
actives résistées (le kinésithérapeute résiste manuelle-
ment au mouvement, ce qui a un effet de renforce-
ment musculaire).
Ces mobilisations manuelles seront impérativement
contre-indiquées sur un rachis cervical instable.
- Tractions manuelles:
Le kinésithérapeute exerce une traction dans l'axe de
la colonne cervicale, cette traction doit être progres-
sive, ce qui a pour effet de diminuer les pressions
intervertébrales en cas de douleurs d'origine discale
ou facettaire. Les tractions manuelles sont également
contre-indiquées sur un rachis cervical instable.
- Mobilisations spécifiques (micro-manipulations) :
Certaines techniques s'adressent plus particulièrement
à la ré-harmonisation articulaire; elles sont en général
très douces et progressives. Les mobilisations spéci-
fiques sont également contre-indiquées sur un rachis
cervical instable.
- Tractions électriques ou mécaniques:
Les tractions manuelles décrites plus haut sont parfois
remplacées par des mises en traction par l' intermé-
diaire d'appareils mécaniques ou électriques- Elles
ont l'inconvénient de ne pas apporter de renseigne-
ments sur l'état de réponse articulaire ou musculaire à
cette traction. Les tractions électriques ou mécaniques
sont une contre-indication formelle dans tous les cas
de figure sur un rachis rhumatoïde.
- Collier cervical:
Il peut être soit en mousse dense, soit en matériau
plastique. Dans tous les cas, il doit être confectionné,
ou adapté, aux mesures du patient. Il apporte un sou-
lagement certain dans le cadre de douleurs d'origine
statique ou post-traumatique. Son port doit être stric-
tement règlementé, afin d'éviter l'accoutumance, fac-
teur d'amyotrophie et de faiblesse musculaire. Le col-
lier cervical est une bonne indication pour l'atteinte
du rachis cervical au cours de la PR.
A QUELLES TECHNIQUES
RECOURIR?
En raison de l'instabilité potentielle de la colonne cer-
vicale rhumatoïde, il est convenu de dire que les tech-
niques de kinésithérapie doivent être très prudentes,
les tractions mécaniques ou les mobilisations forcées
étant formellement contre-indiquées.
Cependant on peut utiliser
1- sans précaution particulière : la chaleur sous forme
de Fango thérapie <600, ou de Radar (hors de la pré-
sence de matériel métallique intra corporel) ;
2- avec une extrême précaution, les massages, à
condition de bien installer le patient et que ceux-ci
n'entraînent pas de mouvements au niveau de la
colonne cervicale.
Le patient pourra profiter également de conseils
simples : oreiller anatomique, miroirs convexes à pla-
cer sur les rétroviseurs extérieurs de la voiture, afin
d'économiser les mouvements de rotation du rachis
cervical. •