Tourisme et fonds structurels européens TOURISME ET FONDS STRUCTURELS EUROPEENS Par Frédéric Battistella – direction du Tourisme L’Europe est la première destination du tourisme international avec 441,6 millions d’arrivées en 2005. Selon les projections de l‘Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), le secteur du tourisme devrait connaître une croissance soutenue puisque à l’horizon 2020, ce sont 717 millions de touristes qui devraient visiter l’Europe. L’industrie du tourisme est ensuite une source importante de recettes. Avec près de 350 milliards de dollars en 2005, le tourisme génère plus de 4% du PIB de l’Union européenne. Enfin la capacité du tourisme à générer de l’emploi est une réalité reconnue au niveau européen. Le tourisme emploie directement ou indirectement 24 millions de personnes en Europe (12% de la population active). Bien que le secteur du tourisme ne soit pas une des matières communautarisées, la politique européenne du tourisme est soutenue par la Commission européenne via les instruments financiers de la politique régionale européenne et en particulier au travers des instruments financiers des fonds structurels européens. A) La politique régionale européenne La politique régionale européenne a pour objectif de réduire les écarts de niveaux de développement des différentes régions pour renforcer la cohésion économique et sociale. L’Europe doit faire face à de nouveaux défis liés à la mondialisation : Restructurations économiques ; Mutations technologiques ; Développement de l’économie de la connaissance ; Vieillissement de la population ; Accroissement de l’immigration. Pour faire face à ces défis, la Commission européenne a restructuré ses moyens d’intervention en simplifiant son organisation et en donnant une orientation plus stratégique à sa politique régionale. La nouvelle architecture organisée autour de 3 objectifs et de 3 instruments financiers doit prendre en compte deux contraintes : La mise en œuvre des orientations de la stratégie de « Lisbonne-Göteborg » ; Une répartition révisée des fonds européens pour tenir compte de l’adhésion des 12 nouveaux pays entrants depuis 2004. Aux trois objectifs (régions en retard de développement, zones en reconversion économique et sociale, systèmes de formation et promotion de l’emploi) et aux quatre initiatives communautaires (Interreg III, Urban II, Equal, Leader +) de la période 2000-2006, se substituent 3 grands objectifs prioritaires pour la période 2007-2013. Tourisme de A à Z – Direction du Tourisme Tourisme et fonds structurels européens De même les 6 instruments financiers de la précédente période (FEDER, FSE, FEOGA-Orientation, FEOGA-Garantie, IFOP, Fonds de cohésion) sont remplacés par les 3 instruments financiers suivants : FEDER, FSE et Fonds de cohésion. L’objectif « convergence » : Il vise à favoriser la croissance et l’emploi dans les régions les moins développées. Les actions sont finançables par les trois instruments financiers cités ci-dessus. Les zones éligibles combinent les régions dont le PIB par habitant est inférieur à 75% de la moyenne de l’Union européenne et les Etats membres qui sont éligibles au Fonds de cohésion sur la base d’un critère national (revenu national brut par habitant inférieur à 90% de la moyenne de l’Union européenne). Pour la France, sont concernées la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion. Elles bénéficient chacune d’un programme FEDER et FSE. L’objectif « compétitivité régionale et emploi » Il couvre toutes les zones de l’UE non éligibles à l’objectif « convergence ». Il contribue à renforcer la compétitivité et l’attractivité des régions ainsi que le développement de l’emploi en anticipant les changements économiques et en adaptant la main d’œuvre aux évolutions économiques. Cet objectif est financé par le FEDER et le FSE. Toutes les régions métropolitaines sont concernées par l’objectif « compétitivité régionale et emploi ». Chacune de ces régions disposera d’un programme régional FEDER et du programme national FSE. L’objectif « coopération territoriale européenne » L’objectif coopération territoriale européenne vise le renforcement de la coopération aux niveaux transfrontalier, transnational et interrégional. Il agit en complément des deux autres objectifs, puisque les régions éligibles le sont aussi au titre de la convergence ou de la compétitivité et de l’emploi. Sont éligibles : Pour la coopération transfrontalière, les régions dites de niveau NUTS 3 (pour la France, ce sont les départements) le long de toutes les frontières terrestres intérieures (exemple : les départements français pyrénéens avec leurs homologues espagnols), ou de certaines frontières terrestres extérieures et le long des frontières maritimes séparées par une distance maximum de 150 kilomètres (exemple : les départements bretons et normands de la façade de la Manche et de la mer du nord avec leurs homologues britanniques) ; Pour la coopération transnationale, toutes les régions en théorie mais la Commissions européenne a défini des zones de coopération. Pour la France il s’agit des zones « Nord-Ouest de l’Europe », « côte Atlantique », « Sud-Ouest de l’Europe », « Espace alpin » et « Méditerranée » ; Pour la coopération interrégionale, toutes les régions sont éligibles. Tourisme de A à Z – Direction du Tourisme Tourisme et fonds structurels européens B ) La nouvelle politique européenne du tourisme L’Union européenne s’est fixé au sommet européen de Lisbonne en 2001 un nouvel objectif stratégique pour les dix ans à venir : « devenir l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d’une croissance économique durable accompagnée d’une amélioration quantitative et qualitative de l’emploi et d’une plus grande cohésion sociale ». Le tourisme joue un rôle essentiel pour de nombreuses régions européennes frappées par le déclin industriel, rural ou faisant l’objet de restructurations urbaines. Il contribue à la création ou au maintien de l’emploi dans des régions déshéritées. Avec l’élargissement à 12 nouveaux pays d’Europe de l’Est, le tourisme est un secteur où la croissance et l’emploi devraient être soutenus. Il nécessitera toutefois de s’adapter aux évolutions démographiques (accroissement de la population senior), aux exigences nouvelles des touristes et à la prise en compte d’un développement durable du tourisme. Afin de résoudre les défis auxquels est confronté dès à présent le tourisme, la Commission européenne a proposé la mise en place d’une nouvelle politique européenne du tourisme ayant comme objectif « d’améliorer la compétitivité de l’industrie européenne du tourisme et de créer des emplois plus nombreux et meilleurs par la croissance durable du tourisme en Europe et dans le reste du monde » Les principaux éléments de cette politique sont : Une plus grande coordination des politiques (consultation des Etats membres et des acteurs concernés sur des sujets pouvant avoir un impact touristique) ; Amélioration de la réglementation ; Meilleure utilisation des instruments financiers européens disponibles ; Agenda 21 européen pour le tourisme ; Meilleure promotion des destinations ; Meilleure visibilité du tourisme. C) Les instruments financiers européens au service du tourisme Le FEDER (Fond européen de développement régional) : La Commission prévoit le financement de projets durables liés au tourisme. Les crédits du FEDER doivent ainsi concourir à la mise en valeur du patrimoine naturel et culturel, à promouvoir des infrastructures prenant en compte l’accessibilité, à encourager le développement des PME innovantes, les services à forte valeur ajoutée, etc.. Les crédits du FEDER peuvent également soutenir des actions liées au tourisme dans le cadre du développement de la politique de massifs. Il n’y a pas d’enveloppe spécifique dédiée au tourisme. Tourisme de A à Z – Direction du Tourisme Tourisme et fonds structurels européens Le FSE (Fonds social européen) : La capacité du tourisme à créer de l’emploi est reconnue par la Commission depuis plusieurs années. Les crédits du FSE peuvent ainsi contribuer au financement de projets tendant à renforcer la qualité de l’emploi et des services dans le secteur du tourisme (programme d’enseignement, de formation). Le FSE peut aussi fournir des primes de démarrage aux micro-entreprises de tourisme. Le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural) : Le tourisme est depuis de nombreuses années, une des sources de diversification de l’économie rurale. Dans ce cadre, des crédits du FEADER, fonds qui ne relève pas de la politique régionale européenne mais de la politique agricole commune, peuvent participer au développement d’activités touristiques dans le cadre de la diversification de l’économie rurale. Le FEP (Fonds européen pour la pêche) : Le FEP ne relève pas de la politique régionale européenne mais de la politique commune de la pêche. Ce fonds est destiné à atténuer les effets socio-économiques dus aux restructurations du secteur de la pêche en proposant des sources de diversification possible comme l’écotourisme ou la reconversion des métiers autres que la pêche en mer liés au tourisme. Frédéric BATTISTELLA, Adjoint au chef de bureau des politiques territoriales Tourisme de A à Z – Direction du Tourisme