68 Premières Rencontres d’Avignon (2007-2009) autour de la Relativité d’Échelle
Sous la direction de L. Nottale et Ph. Martin – ISBN : 2-910545-07-5
1. Le spin
Tout comme la relativité générale d'Einstein, la relativité d'échelle est une théorie
géométrique de la nature. Toutefois, l'essence fractale de son espace-temps est un
produit de l'abandon de l'hypothèse de différentiabilité de cet espace-temps retenue
en relativité générale.
Nous avons vu, dans un précédent exposé (M. N. Célérier 2007a), que la
mécanique quantique pouvait être entièrement fondée dans ce cadre. Or, il est bien
connu que le spin est un « moment cinétique » intrinsèque qui n'a aucune contre-
partie en mécanique classique. Si donc la mécanique quantique est, comme nous
l'avons montré, une théorie dont les propriétés non classiques sont dues à la
domination des fluctuations fractales au sein de l'espace-temps, l'apparition du spin
doit lui être intimement liée. Nous avons pu vérifier que ceci était effectivement le cas.
Dans son ouvrage de 1993 (L. Nottale 1993), Laurent Nottale proposait des
exemples de courbes de dimension fractale 2 ayant un spin de valeur exactement
égale à celui de l'électron. Or la dimension fractale 2 est, en relativité d'échelle, celle
de l'espace-temps de la mécanique quantique à (relativement) basse énergie. À ce
stade toutefois, un traitement plus complet du problème restait nécessaire.
La démonstration de l'équation de Schrödinger (équation d'évolution de la
fonction d'onde d'un système physique de spin ½) était également une première
étape vers l'obtention du spin en relativité d'échelle (L. Nottale 1993). Toutefois, à
ce stade, seul l'espace était quantifié et il manquait encore la quantification du temps.
Cette quantification de l'espace-temps à quatre dimensions fut obtenue en 2001
(M. N. Célérier and L. Nottale 2001) et publiée ultérieurement ((M. N. Célérier and
L. Nottale 2003, 2004), lorsque l'équation de Dirac (équation d'évolution de la
fonction d'onde de l'électron relativiste) fut également démontrée. Cette fonction
d'onde, représentée en mécanique quantique standard par des objets mathématiques
appelés bi-spineurs, émerge tout naturellement des principes premiers de la relativité
d'échelle, sous forme d'objets mathématiques aux propriétés équivalentes (appelés
bi-quaternions). Or, comme leur nom l'indique, les bi-spineurs (et donc les bi-
quaternions) représentent des entités physiques dotées d'une propriété quantique
particulière, le spin, qui est ici obtenu dans le cas relativiste, c. à d., pour un espace-
temps non-différentiable.
Ceci a été illustré par des simulations de géodésiques spinorielles au sein d'un
espace fractal, basées sur des solutions exactes de l'équation de Pauli qui est la limite
non-relativiste de l'équation de Dirac. Cette équation de Pauli a également pu être
démontrée à partir des principes fondamentaux de la relativité d'échelle et ses
propriétés particulières, notamment sa prédiction de la valeur correcte du moment
magnétique de l'électron, reformulées dans ce contexte (M. N. Célérier and
L. Nottale 2006).
Nous pouvons donc désormais donner au spin, considéré en mécanique
quantique standard comme une propriété intrinsèque décrite essentiellement en
termes algébriques (mathématiques), une représentation géométrique issue de la
fractalité de l'espace-temps, et donc en obtenir une compréhension plus physique
(voir les figures dans M. N. Célérier and L. Nottale 2006).