Identification et gouvernance des enjeux éthiques émergents dans les systèmes d’information
Mars 2013
Les entretiens ont révélé une faible réflexion sur les conséquences indésirables associées au développement ou à l’utilisation d’un produit
ou service, même quand celles-ci peuvent nuire à des individus ou des organisations. Parfois, quand un problème est décelé, sa gestion
est confiée à une autre personne ou un autre service que ceux qui l’ont identifié, et ceux-ci sont rarement informés de la manière dont
l’enjeu a été traité. Ce manque de communication peut conduire à la répétition de comportements problématiques ou de failles dans les
systèmes. Il peut également générer de la frustration chez les employés. Enfin, les chercheurs signalent la crainte des individus quand il
s’agit de signaler un usage problématique par un collègue ou un supérieur hiérarchique.
La gouvernance doit permettre aux organisations de s’assurer que les problèmes et enjeux sont traités rapidement et de manière
efficace. Les principes de gouvernance mis en œuvre dans les organisations étaient rarement clairs, à l’exception de celles soumises à une
forte pression réglementaire où la hiérarchie et les processus d’escalade étaient bien définis. L’objectif global de telles règles est
d’assurer la conformité avec les réglementations, la sécurité des données et de préserver la réputation de l’organisation.
Le traitement des enjeux éthiques est favorisé par l’existence d’une structure adéquate pour les répondants. Concrètement, la mise en
œuvre de la gouvernance est souvent liée à la vitesse de déploiement des technologies. Il semble donc qu’un équilibre doit être trouvé
entre la vitesse de déploiement des technologies et la mise en place de règles et procédures d’usage à la fois robustes et flexibles.
Les chercheurs ont identifié plusieurs tendances significatives, à partir des entretiens menés :
La plupart des répondants se basent sur leur expérience et le sens commun pour identifier et résoudre les problèmes, ainsi que sur
l’avis d’experts et de comités internes ou externes à l’organisation.
Certains mentionnent la présence de codes de conduite ou de procédures légales auxquels ils doivent se conformer.
La plupart ne sont pas en mesure de prévoir ou de décrire de manière explicite quel impact peuvent avoir les technologies sur la
société ; celui-ci est souvent réduit à des enjeux très abstraits comme la protection de la vie privée ou la confiance ;
Beaucoup sont conscients de la présence d’enjeux éthiques mais le réduisent à une question de prise de conscience par la société ;
Les répondants mettent l’emphase sur un enjeu particulier, souvent la protection de la vie privée ou la sécurité. Cela laisse peu
d’espace pour d’autres sujets concernant la société civile.
On note une forte présence des approches « top-down », qui laissent les enjeux éthiques aux mains d’experts ou de supérieurs
hiérarchiques. Les répondants ne semblent ne pas avoir connaissance d’autres formes de procédures de gouvernance.