Santé ! COMPRENDRE LE ZONA Si vous avez une douleur locale tenace, consultez immédiatement votre médecin e zona est une maladie causée par le virus de la varicelle. Une fois que les symptômes de la varicelle disparaissent, le virus demeure présent, mais inactif, dans le système nerveux. Les circonstances qui affaiblissent le système de défense naturel du corps, telles que le vieillissement, le cancer ou certains médicaments, augmentent les probabilités que le virus redevienne actif et cause le zona. L 40 VIRAGE décembre 2005 - janvier 2006 Presque tous les Québécois ont eu la varicelle étant enfants, ce qui veut dire que la plupart d’entre eux courent le risque de développer le zona lorsqu’ils seront plus vieux. Près de 25 000 Québécois souffrent de zona chaque année, la plupart après l’âge de 60 ans. Certains patients pourront même vivre plus d’un épisode de zona dans leur vie. Le premier signe du zona est une douleur locale, habituellement sur un des côtés du dos, du cou ou du visage. Après quelques jours, la région douloureuse est couverte de rougeurs qui se transforment en cloques remplies de liquide. Pour la plupart des gens, une fois que les rougeurs disparaissent, la douleur disparaît aussi. Toutefois, pour une personne sur quatre qui souffre de zona, la douleur persiste et peut durer pendant plusieurs mois et même plusieurs années. Malheureusement, pour certains, elle ne cessera jamais. Le nom médical de cette douleur est la névralgie postherpétique ou, en version courte, la NPH. EST-CE FACILE À DIAGNOSTIQUER ? Diagnostiquer le zona avant l’apparition des rougeurs n’est pas facile parce que la douleur est locale et qu’elle ressemble à plusieurs autres maladies telles que l’appendicite, les pierres au rein, le glaucome et même à une crise cardiaque. Il n’existe aucun moyen de prédire qui aura le zona. Même des gens en santé peuvent en souffrir. Par Dre Aline Boulanger Les rougeurs brûlent et piquent. Quant à la douleur causée par le zona, la plupart des gens la décrivent comme une brûlure ou un choc électrique. Elle varie d’intensité, de faible à très forte, selon les individus. Ceux qui souffrent de douleur chronique (la NPH) perdent souvent l’appétit. Leur sommeil est troublé et leur vie sociale est réduite au minimum. Si la douleur persiste, la plupart des gens dépriment et certains pensent même au suicide. Ceux qui vivaient de façon autonome avant d’être malades deviennent dépendants et peuvent même avoir à quitter leur maison pour recevoir de l’aide à temps plein dans un centre de soins de longue durée. EST-CE QUE LES MÉDICAMENTS AIDENT ? Les médicaments pour traiter le zona aident à combattre l’infection, mais pour être efficaces, ils doivent être pris au plus tard 48 heures après l’apparition des rougeurs. Durant cette phase, un remède qui combat les virus peut soulager la démangeaison, diminuer la progression des rougeurs et atténuer la douleur. Toutefois, si la médication n’est pas prescrite suffisamment tôt, les risques de souffrir sont multipliés et les probabilités que la douleur perdure sont beaucoup plus grandes. Aussi, plus un patient est âgé lorsque le zona fait son apparition, plus grands sont ses risques de développer la NPH. À ce moment, le traitement devient beaucoup plus compliqué, exigeant souvent le recours à des médicaments plus complexes tels que la morphine et les remèdes contre l’épilepsie. La réaction des patients à ces traitements varie beaucoup et, malheureusement, tous ne peuvent les tolérer. Dre Aline Boulanger est directrice des cliniques de l’antidouleur à l’Hôtel Dieu du CHUM et de la douleur à l’hôpital du Sacré-Cœur. Elle est aussi présidente de la Société québécoise de la douleur. Elle traite régulièrement des patients qui souffrent des douleurs sévères souvent associées au zona. La vaccination pour prévenir le zona et la NPH serait la bienvenue. Et il y a de l’espoir puisqu’un vaccin est à l’étude à l’heure actuelle et qu’il semble des plus prometteurs. Dans l’intervalle, si vous avez une douleur locale tenace, consultez votre médecin immédiatement. Ainsi, il pourra prescrire la médication appropriée suffisamment tôt pour réduire vos risques de développer des douleurs chroniques. ■