Stanislas PACZYNSKI
BAUDELAIRE ET LA MUSIQUE
Thèse pour le doctorat du 3ème cycle
Présentée à l’Université de la Sorbonne Nouvelle
Paris III – 1973
INTRODUCTION
1
Charles Baudelaire figure parmi les premiers défenseurs français de Richard
Wagner. Nombreux sont les commentateurs qui se sont intéressés à l’attitude du
poète vis-à-vis du compositeur. Ainsi, André Ferran écrit dans L’esthétique de
Baudelaire, le chapitre Richard Wagner ou l’harmonie des correspondances
(1) ; André Coeuroy consacre des pages à Baudelaire dans Wagner et l’esprit
romantique (2). Par ailleurs, le poète a de même suscité un très grand nombre de
travaux sur son esthétique comme sur son style. On a parlé d’un rythme
baudelairien, d’un certain “souffle“ pour reprendre l’expression de Jean Prévost
(3) ; il a même été question de L’éducation du sens auditif chez Baudelaire,
titre de la thèse d’Enyss Djemil, de La mer et la musique dans l’œuvre de
Baudelaire (4) , et de La musique de Baudelaire dans l’article de Jacques
Pechenart, pour le centenaire des Fleurs du Mal (5) . A l’étranger, d’autres articles
ont paru : Baudelaire e la musica (6) et Baudelaire and music (7). Mais ces
études, même très documentées celle de Ferran en particulier ou déjà
anciennes, comme celle de Montbrial ou de Malcom Gilmore Wright The role of
the auditive sense in Baudelaire’s works (8) , ne se sont pas orientées vers une
recherche des liens intimes qui unissent le poète au son et à la musique. C’est ce qui
fait l’objet de la présente étude.
Le plan que j’ai adopest arbitraire dans la mesure où il m’a fallu faire un choix.
Après avoir envisagé plusieurs possibilités, j’ai tout compte fait opté pour une
(1) 2ème partie – Chap. III
(2) 3ème partie – Chap. IV
(3) Baulelaire 2ème partie – Chap. XXXI
(4) Jacques de Montbrial – La Muse française – 10 décembre 1929
(5) La Grive - n° 97 – janvier, mars 1958 – n° 101 – janvier, mars 1959
(6) Claudio Gallico – Convivium – Torino – gennaio, febbraio 1955
(7) Edward Lockspeiser – The Yale Review – 1970
(8) Philadelphia – 1929
2
division de mon travail en deux parties : La musique dans l’œuvre de Baudelaire
et Baudelaire, critique musical. Il y a, en effet, d’une part une musique propre à
l’œuvre de Baudelaire, et, d’autre part, la musique, art des sons, à laquelle le poète a
été sensible. Si cette dernière avait joué un rôle capital tout le long de sa vie, il eut
fallu commencer par expliquer l’attitude de Baudelaire à l’égard de cet art, pour en
arriver ensuite au monde intérieur du poète. J’ai rejeté ce plan. Baudelaire ne s’est
intéressé au monde musical que vers la fin de sa vie. Toute une évolution intérieure
s’était donc déjà opérée, avant même que la musique, et en particulier celle de
Wagner, ne vienne frapper l’imagination du poète. Dans ces conditions, il me fallait
étudier d’abord l’homme dans ses rapports avec la matière poètique. Mais, cette
dernière ne pouvait prendre forme sans l’influence du monde extérieur. C’est
pourquoi La musique dans l’œuvre de Baudelaire est une recherche sur les
éléments sonores qui ont attiré le poète, pour aboutir à une définition de la
musique baudelairienne et aborder, à cette occasion, la musique du vers.
La seconde partie, Baudelaire, critique musical, tente de comprendre l’esprit
dans lequel le poète a écouté la musique, notamment celle de Wagner.
3
PREMIERE PARTIE
LA MUSIQUE DANS L’OEUVRE DE BAUDELAIRE
1 / 378 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !