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Résumé
Le cancer superficiel de la vessie (CSV) présente un taux élevé de récidive (60%). De ces
récidives 10 à 15% progresseront vers un cancer infiltrant beaucoup plus dangereux. La
résection transurétrale (RTU) des tumeurs superficielles est souvent suivie
d’immunothérapie intravésicale par le BCG (Bacille-Calmette-Guérin) afin de prévenir la
récidive et la progression ; cependant ce traitement échoue dans 40% des cas. De plus, la
sévérité des effets secondaires empêche plusieurs patients de tolérer un traitement complet.
La prédiction de la réponse au BCG et le développement de traitements alternatifs s’avèrent
donc nécessaires. Nous avons d’abord évalué la signification clinique de la présence de
cellules dendritiques matures infiltrant la tumeur (CDIT) et de macrophages associés aux
tumeurs (MAT) dans des CSV à bas risque, traités seulement par RTU. La présence de
CDIT a permis d’identifier des patients à risque élevé de progression. Chez des patients à
haut risque de récidive et de progression traités au BCG, nous avons observé que ceux qui
ont un haut niveau d'infiltration par des CDIT ou des MAT ne répondaient pas efficacement
au BCG. Dans un deuxième volet, j’ai exploré la possibilité d’utiliser d’autres agents
théarapeutiques pouvant se combiner au BCG ou le remplacer pour stimuler la réponse
antitumorale. Pour un tel rôle j’ai choisi les agonistes des Toll-like receptors (TLR). Les
TLR, principalement exprimés par les cellules du système immunitaire et quelques cellules
épithéliales, jouent un rôle important dans l’immunité innée en reconnaissant des motifs
moléculaires conservés de pathogènes. J’ai d’abord montré que les TLR sont exprimés et
fonctionnels dans des cellules urothéliales normales et tumorales. Par la suite, j’ai démontré
que le poly(I :C), agoniste du TLR3, a un effet cytotoxique et antiprolifératif direct sur des
lignées de cancer de vessie. Dans les cellules MGH-U3, il induit également la sécrétion de
cytokines pro-inflammatoires et induit fortement l’expression des molécules du CMH de
classe I alors que le BCG a très peu d’effet sur l’immunogénicité de ces cellules. Un essai
d’inhibition de croissance tumorale utilisant le modèle de cancer de vessie murin MBT-2 a
montré que l’utilisation combinée du BCG et du poly(I :C) inhibe très significativement la
croissance tumorale alors que chacun des produits utilisés seuls n’avait pas d’effet
significatif. Notre étude suggère que le poly(I :C) dû à ses effets anti-néoplasiques pourrait
améliorer l’efficacité thérapeutique du BCG dans l’immunothérapie du CSV.