
---------------Bible
au
scanner-
thieu de
se
procurer
un
bâton de secours
et des sandales de rechange.
Cependant, est-il possible d'expliquer
les
différences de formulation, entre Mat-
thieu et Marc, et peut-être plus encore
entre Marc 6.8-9 et Luc 9.3, qui sont tous
deux introduits par
la
même formule
(<<
ne
rien
prendre pour
le
chemin
»),
mais diver-
gent quant à
la
mention
du
bâton
(<<
sauf
un
bâton seulement
»,
«
ni
bâton
»)
?
Un
retour aux sources pourrait permettre
d'élucider ce
fait.
Retouraux sources
Comme nous l'avons
relevé
plus haut,
l'évangile selon Luc contient deux textes
d'envoi
en
mission. L'un concerne les
Douze, l'autre
les
soixante-douze.
Le
pre-
mier
envoi
est commun
aux
trois évangiles
(triple tradition),
le
deuxième àLuc et à
Matthieu, qui opère
un
«télescopage»
entre les deux envois (double tradition).
Pour
la
majorité des spécialistes, adeptes
de
la
théorie des deux sources, Matthieu
et Luc auraient rédigé les passages, de
leur évangile, appartenant à
la
triple tradi-
tion,
en
s'inspirant de l'évangile de
Marc
(17
). D'autres exégètes,
en
revanche,
inversent
le
processus. C'est Marc qui,
selon
eux,
atravaillé àpartir d'ébauches,
de Matthieu et de Luc, qui
ne
contenaient
que
la
triple tradition
i18i
.Sans chercher
ici
à
justifier notre point de
vue,
il
nous semble
que
la
seconde compréhension du rap-
port, entre
les
synoptiques, répond mieux
aux
données des
évangiles.
Elle
donne,
en
tout
cas, un éclairage intéressant sur
l'envoi des Douze dans
la
triple tradition.
Comment,
en
effet, expliquer
le
lien
entre
le
«sauf
un
bâton seulement» de
Mc 6.8, et
le
«
ni
bâton» de Mt 1
0.1
0et
Lc 9.3 » ? N'est-il pas tentant de discer-
ner,
dans
la
précision de Marc, «sauf
un
bâton seulement
»,
une réécriture de ce
qu'il lisait dans
les
ébauches de Matthieu
et de
Luc?
Cherchant àéviter l'ambiguüé
de l'expression matthéenne et lucanienne
«
ni
bâton
»,
qui pouvait êlre comprise
comme une interdiction de prendre tout
bâton (et non uniquement
un
bâton de
secours), Marc rend
la
pensée du Sei-
gneur plus explicite,
en
précisant que
les
disciples devaient
se
contenter de leur
seul
bâton.
Un
phénomène du même type pourrait
expliquer
le
«mais chausser des san-
dales »de Marc 6.9, qui semble de nou-
veau expliciter
le
«
ni
sandales» de Mat-
thieu 10.10.
Car,
l'évangile de Marc évite
l'ambiguïté du texte de Matthieu, dans
lequel certains pouvaient trouver,
(à
tort),
l'obligation pour
les
disciples de marcher
pied nus
i19i
. •
J.B.
(17)
Telle
est
en
particulier l'approche àlaquelle
se
ral-
lie,
p.
ex.,
l'"
Introduction aux évangiles synop-
tiques"
de l'édition complète de
la
TOB.
(18)
Cf.
en
particulier
les
travaux de Philippe Rolland,
Les premiers évangiles (Paris:
le
Cerf, 1984) ;L'ori-
gine
et
la
date des évangiles (Paris: Saint-Paul,
1994). Pour
un
bon résumé de cette approche, voir
P.
Rolland, "Synoptique, question ", Dictionnaire
encyclopédique
de
la
Bible (Brepols, 1987),
pp. 1227-1231.
(19)
La
difficulté que pose
la
mention des sandales,
vient
du
fait qu'elle n'apparaît pas
en
Lc
9.3, (triple
tradition), mais
en
Lc 10.4. L'explication
la
plus
simple nous semble être que l'ébauche de Mt, que
Mc consultait, portait déjà
la
mention «
ni
sandales
".
Fac-Réflexioll n° 33
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