n°372 – Mai 2014 ISSN 0769-0819 Les cardiomyopathies hypertrophiques Anomalies mitrales et cardiomyopathie hypertrophique J.-F. Aviérinos. Marseille L’alcoolisation septale : les indications, les contre-indications, les avantages et les limites M.-C. Malergue. Paris Cardiomyopathie Hypertrophique Obstructive : maladie du septum interventriculaire, de la valve mitrale ou des deux ? Chirurgie selon l’analyse physiopathologique F. Dulguerov, C. Alexandrescu, G. Dreyfus. Monaco Coordination : M.-C. Malergue Zoom sur… Circulation coronaire collatérale : Méthodes diagnostiques et implication pronostique Ph. Meurin. Villeneuve-Saint-Denis ww ww.llecardiologue.com FMC372v1.indd I 20/05/2014 17:50 FMC372v1.indd II 20/05/2014 17:50 Sommaire ÉDITEUR CARDIOLOGUE PRESSE 13 rue Niepce – 75014 Paris Tél. : 01.45.43.70.76 – Fax : 01.45.43.08.10 Email : [email protected] Site web : www.cardionews.com ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Régifax – 32 rue de Paradis – 75010 Paris Tél. : 01.55.77.12.70 – Fax : 01.48.24.15.05 Directeur : Renaud Samakh Publicité : François Bondu Coordination de la rédaction : Renaud Samakh Directeur artistique : Pascal Wolff RÉDACTION Président et directeur de la publication : Dr Christian Aviérinos Directeur adjoint : Dr Serge Rabenou Rédacteur en chef : Dr Christian Aviérinos Comité scientifique : Pr Victor Aboyans Pr Jean-Paul Bounhoure Dr Thierry Denolle Dr François Diévart Dr Jean-Louis Gayet Dr Robert Haïat Pr Daniel Herpin Pr Christophe Leclercq Pr Jacques Machecourt Dr Marie-Christine Malergue Dr François Philippe Dr Bernard Swynghedauw Comité de lecture : Dr Gérard Jullien Dr Christian Ziccarelli TARIF 2014 – 1 an, 10 numéros France : 160 € CEE (hors France) : 180 € Tout autre pays : 275 € Prix « Spécial adhérent » au syndicat, à jour de cotisation : 80 € Prix unitaire : 20 € Adhérent au Cessim et au SPEPS Mensuel réservé au corps médical Impression : Barbou Impressions 8, rue Marcel-Dassault, Bondy RCS Bobigny B 572 188 357 Commission paritaire : 0119 G 81182 Dépôt légal : à parution Les articles publiés dans la revue « Le Cardiologue » le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. 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Monaco XXXIII Zoom sur sur… … Circulation coronaire collatérale : Méthodes diagnostiques et implication pronostique Ph. Meurin. Villeneuve-Saint-Denis III 20/05/2014 17:50 NOUVEAU 5 mg Redéfinissez vos attentes Ce médicament fait l’objet d’une surveillance supplémentaire qui permettra l’identification rapide de nouvelles informations relatives à la sécurité. ELIQUIS® apixaban. FORMES ET PRÉSENTATIONS* : Comprimé pelliculé (comprimé) à 2,5 mg. Boîtes de 10, 20 et 60 et 60 × 1. Comprimé pelliculé (comprimé) à 5 mg. Boîte de 60 et 100 × 1. COMPOSITION* : Chaque comprimé contient 2,5 mg ou 5 mg d’apixaban. Excipients qsp 1 cp. INDICATIONS THÉRAPEUTIQUES : Comprimé à 2,5 mg : Prévention des événements thromboemboliques veineux (ETEV) chez les patients adultes ayant bénéficié d’une chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou. Comprimés à 2,5 mg et à 5 mg : Prévention de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie systémique chez les patients adultes atteints de fibrillation atriale non valvulaire (FANV) et présentant un ou plusieurs facteur(s) de risque tels que : antécédent d’AVC ou d’accident ischémique transitoire (AIT) ; âge ≥ 75 ans ; hypertension artérielle ; diabète ; insuffisance cardiaque symptomatique (classe NYHA ≥ II). POSOLOGIE ET MODE D’ADMINISTRATION* : Prévention des ETEV (pETEV) : chirurgie programmée pour prothèse totale de hanche ou de genou : deux prises orales quotidiennes de 2,5 mg. La première dose doit être prise 12 à 24 heures après l’intervention chirurgicale. Prothèse totale de hanche : durée recommandée 32 à 38 jours. Prothèse totale de genou : durée de traitement recommandée 10 à 14 jours. CTJ : 2,41 à 2,68 € (cp 2,5 mg). Prévention de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et de l’embolie systémique chez les patients atteints de fibrillation atriale non valvulaire (FANV) : deux prises orales quotidiennes de 5 mg. CTJ : 2,41 € (cp 5 mg). Diminution de dose* : dose recommandée : 2,5 mg deux fois par jour chez les patients atteints de FANV et présentant au moins deux des caractéristiques suivantes : âge ≥ 80 ans, poids corporel ≤ 60 kg, ou créatinine sérique ≥ 1,5 mg/dl (133 micromoles/l). CTJ : 2,41 à 2,68 € (cp 2,5 mg). Oubli d’une dose*. Relais de traitement*. Relais d’un antivitamine K (AVK) par Eliquis*. Relais d’Eliquis par un AVK*. Insuffisance rénale* : Non recommandé chez les patients ayant une clairance de la créatinine < 15 ml/min ou chez les patients bénéficiant d’une dialyse. Insuffisance hépatique* : Contre-indiqué chez les patients présentant une atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. Poids corporel*. Sexe*. Sujet âgé*. Population pédiatrique*. Mode d’administration* : Voie orale. CONTRE-INDICATIONS : Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients mentionnés à la rubrique Composition. Saignement évolutif cliniquement significatif. Atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. Lésion ou affection, si considérée comme un facteur de risque significatif d’hémorragie majeure. Ceci peut inclure : ulcère gastro-intestinal actif ou récent, présence d’une affection maligne à risque hémorragique élevé, lésion cérébrale ou rachidienne récente, chirurgie cérébrale, rachidienne ou ophtalmologique récente, hémorragie intracrânienne récente, varices œsophagiennes connues ou suspectées, malformations artérioveineuses, anévrisme vasculaire ou anomalies vasculaires intrarachidiennes ou intracérébrales majeures. Traitement concomitant avec d’autres anticoagulants, par exemple héparine non fractionnée (HNF), héparine de bas poids moléculaire (énoxaparine, daltéparine, etc.), dérivé de l’héparine (fondaparinux, etc.), anticoagulants oraux (warfarine, rivaroxaban, dabigatran, etc.), sauf dans le cas d’un relais de traitement pour ou à partir de l’apixaban ou lorsque l’HNF est administrée à des doses nécessaires pour maintenir la perméabilité d’un cathéter veineux ou artériel central. MISES EN GARDE SPÉCIALES ET PRÉCAUTIONS D’EMPLOI*. Risque hémorragique : Surveillance étroite à la recherche de signes hémorragiques. Bien que le traitement par l’apixaban ne nécessite pas de surveillance de routine de l’exposition, le test Rotachrom® anti-FXa peut être utile dans certaines situations exceptionnelles au cours desquelles la connaissance de l’exposition en apixaban peut contribuer à la prise de décisions cliniques, par exemple en cas de surdosage ou d’intervention chirurgicale d’urgence. Interactions avec d’autres médicaments affectant l’hémostase* : Un traitement concomitant par d’autres anticoagulants est contre-indiqué (cf Contre-indications). Utilisation de thrombolytiques pour le traitement de l’accident vasculaire cérébral ischémique aigu*. Patients porteurs de valves cardiaques artificielles*. Interventions chirurgicales et procédures invasives*. Interruption temporaire*. Anesthésie péridurale/rachidienne ou ponction*. Insuffisance rénale*. Patient âgé*. Insuffisance hépatique* : Eliquis est contre-indiqué chez les patients présentant une atteinte hépatique associée à une coagulopathie et à un risque de saignement cliniquement significatif. Interactions avec les inhibiteurs du cytochrome P450 3A4 (CYP3A4) et de la glycoprotéine P (P-gp)*. Interactions avec les inducteurs du CYP3A4 et de la P-gp*. Intervention chirurgicale pour fracture de hanche*. Paramètres biologiques*. Informations concernant les excipients : lactose. INTERACTIONS AVEC D’AUTRES MÉDICAMENTS ET AUTRES FORMES D’INTERACTIONS*. FÉCONDITÉ, GROSSESSE ET ALLAITEMENT*. EFFETS SUR L’APTITUDE À CONDUIRE DES VÉHICULES ET À UTILISER DES MACHINES* EFFETS INDÉSIRABLES* : Dans la pETEV : Fréquents : Anémie (y compris anémie postopératoire et hémorragique et paramètres biologiques respectifs), hémorragie (y compris hématome et hémorragie vaginale et urétrale), nausées, contusion. Peu fréquents : Thrombocytopénie (y compris diminution de la numération plaquettaire), hypotension (y compris hypotension procédurale), épistaxis, hémorragie gastro-intestinale (y compris hématémèse et méléna), hématochézie, élévation des transaminases (y compris élévation de l’alanine aminotransférase et anomalies de l’alanine aminotransférase), élévation de l’aspartate aminotransférase, élévation de la gammaglutamyltransférase, anomalies des tests de la fonction hépatique, élévation des phosphatases alcalines sanguines, élévation de la bilirubine sanguine. Rares : Hypersensibilité, hémorragie oculaire (y compris hémorragie conjonctivale), hémoptysie, hémorragie rectale, saignement gingival, hémorragie musculaire. Dans la FANV : Fréquents : Hémorragie de l’œil (y compris hémorragie conjonctivale), autre hémorragie, hématome, épistaxis, hémorragie gastro-intestinale (y compris hématémèse et méléna), hématochézie. Peu fréquents : Hypersensibilité (y compris éruption cutanée, réaction anaphylactique et œdème allergique), hémorragie cérébrale, autre hémorragie intracrânienne ou intrarachidienne (y compris hématome sous-dural, hémorragie sous-arachnoïdienne et hématome rachidien), hémorragie intra-abdominale, hémoptysie, hémorragie hémorroïdaire, hématochézie, hémorragie buccale, hémorragie vaginale anormale, hémorragie urogénitale, hémorragie au site d’administration, sang occulte positif, hémorragie traumatique, hémorragie postprocédurale, hémorragie au site d’incision. Rares : Hémorragie du tractus respiratoire (y compris hémorragie alvéolaire pulmonaire, hémorragie laryngée et hémorragie pharyngée), hémorragie rétropéritonéale. Déclaration des effets indésirables suspectés : Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) et réseau des Centres Régionaux de Pharmacovigilance www.ansm.sante.fr*. SURDOSAGE*. PROPRIÉTÉS PHARMACOLOGIQUES*. DONNÉES PHARMACEUTIQUES*. MODALITÉS DE CONSERVATION*. Durée de conservation : 3 ans. PRESCRIPTION/DÉLIVRANCE/PRISE EN CHARGE : LISTE I. AMM EU/1/11/691/001 ; CIP 3400941945441 (10 cp 2,5 mg). EU/1/11/691/002 ; CIP 3400941945502 (20 cp 2,5 mg). EU/1/11/691/003 ; CIP 3400941945670 (60 cp 2,5 mg). EU/1/11/691/004 ; CIP 3400941945731 (60 × 1 cp 2,5 mg). EU/1/11/691/009 ; CIP 3400926784102 (60 cp 5 mg). EU/1/11/691/010 ; CIP 3400958380730 (100 × 1 cp 5 mg). RCP révisés en novembre 2012. Prix : 13,42 € (10 comprimés à 2,5 mg) ; 26,30 € (20 comprimés à 2,5 mg). 72,21 € (60 comprimés à 2,5 mg). 72,21 € (60 comprimés à 5 mg). Dosage à 2,5 mg : Remb Séc soc à 65 %. Modèle hospitalier : Collect. Dosage à 5 mg : Remb Séc soc à 65 %. Collect. Modèle hospitalier : Collect. Titulaire de l’AMM : Bristol-Myers Squibb/Pfizer EEIG, Bristol-Myers Squibb House, Uxbridge Business Park, Sanderson Road, Uxbridge, Middlesex UB8 1DH, Royaume-Uni. Exploitant : BRISTOLMYERS SQUIBB - 3, rue Joseph-Monier. BP 325 - 92506 Rueil-Malmaison cdx - Tél. 01 58 83 60 00. Fax : 01 58 83 60 01. Info médic et pharmacovigilance : Tél France métropolitaine (n° Azur, prix d’un appel local) : 08 10 41 05 00. Tél France outre-mer et étranger : (+33) 01 58 83 84 96. Fax : 01 58 83 66 98. E-mail : [email protected] DATE DE MISE A JOUR DU TEXTE : Septembre 2013/V2. 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Malergue La CMH : et si ce n’était pas qu’une histoire de muscle ? L a CMH est une pathologie qui reste fréquente et dont les présentations cliniques et hémodynamiques sont très variables. ■ Les anomalies de la valve mitrale ne se limitent pas au SAM et sont souvent complexes : anomalies non seulement des feuillets mais également insertion anormale des piliers, ascension du pilier antérieur qui attire la valve antérieure contre le septum, anomalie de cordages, surface anormalement large du feuillet antérieur, etc. Mais Il faut savoir reconnaître ces anomalies pour les trouver (on ne cherche que ce que l’on connait et l’on ne trouve que ce que l’on cherche.)… Leur présence peut participer à la gêne à l’éjection. Les méconnaître a des conséquences sur la compréhension des mécanismes de l’obstruction et le choix thérapeutique. En cas d’indication chirurgicale, elles mériteront un traitement spécifique de plastie mitrale, liée au geste de myectomie. Ces diverses anomalies mitrales font l’objet d’un article précieux rédigé dans ce numéro spécial CMH par Jean-François Aviérinos. En cas de symptômes liés à une obstruction intraventriculaire malgré un traitement médical optimal dominé par les bêtabloquants, deux options thérapeutiques sont à discuter : l’alcoolisation septale et la chirurgie. L’alcoolisation septale est une technique très « élégante » et très efficace pour autant que la sélection des patients soit faite de façon judicieuse : gradient significatif persistant malgré le traitement, absence d’anomalie mitrale responsable de l’obstruction, gradient sous-aortique, contre-indication à la chirurgie, souhait informé du patient. Les résultats sont souvent excellents, en particulier sur le grade clinique et sur l’obstruction. L’article « Alcoolisation septale » fait le point sur la procédure, les éventuelles complications dominées par les troubles de conduction AV (pouvant nécessiter une implantation définitive de pace maker) et sur les résultats. ■ La chirurgie a toute sa place dans le traitement de la CHO : la myectomie chirurgicale a l’avantage de traiter dans le même temps les anomalies mitrales. F. Dulguerov et l’équipe de G. Dreyfus (service de chirurgie cardiothoracique de Monaco) nous rapportent leur expérience. Chaque patient justifie un bilan exhaustif des lésions et le geste chirurgical reste adapté à chaque cas particulier, le but étant de préserver la valve mitrale par une plastie et d’élargir la chambre de chasse. La CMH bénéficie actuellement de larges avancées, tant sur le plan génétique que thérapeutique. Mais réduire le gradient et corriger les anomalies mitrales ne protègent pas le patient des complications rythmiques de la maladie. L’imagerie y trouve également sa place, en particulier l’IRM, dans le bilan de la fibrose myocardique des CMH. ■ Merci aux lecteurs pour leur fidélité, merci aux auteurs pour leurs articles, merci à l’équipe du Cardiologue de nous donner cette tribune d’expression. ■ Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd V V 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques Anomalies mitrales et cardiomyopathie hypertrophique J.-F. Aviérinos. Marseille Hi Historiquement, la cardiomyopathie hypertrophique (CMH) était désignée par l’expression « sténose musculaire fonctionnelle sous-aortique » reflétant le concept initial selon lequel l’obstruction sous-aortique observée dans certaines formes de CMH n’était que la conséquence l’o fonctionnelle de l’hypertrophie septale. fo En plus de 50 ans, ce concept a évolué vers celui d’une pathologie génétiquement déterminée affectant aussi bien le myocarde que l’appareil mitral. [1] Dès la fin des années 1960, il n’a pas échappé aux premiers descripteurs de cette cardiopathie qu’il existait des formes sans obstruction ventriculaire gauche et des formes avec obstruction et accélération du flux sous-aortique, associées dans les premières descriptions angiographiques à la présence d’une zone linéaire radio claire correspondant au feuillet antérieur mitral. Plus tard, ces observations ont été confirmées par les données échographiques rapportant dans les formes obstructives un mouvement anormal de l’appareil mitral et notamment du feuillet antérieur, attiré irrésistiblement vers la chambre de chasse ventriculaire gauche avec au maximum un contact plus ou moins prolongé entre appareil mitral et septum. Ce mouvement systolique antérieur de la valve mitrale (SAM) était considéré comme induit par la seule hypertrophie septale et tenu pour responsable à la fois de l’obstruction sous-aortique et de la présence d’une fuite mitrale. Les travaux ultérieurs ont montré que le SAM n’était pas seulement créé par l’hypertrophie asymétrique, mais en partie au moins par une pathologie mitrale organique autonome fréquemment associée à la CMH et faisant partie intégrante de son expression phénotypique. En outre, il est apparu que la présence d’une fuite mitrale n’était pas toujours la conséquence du SAM, mais pouvait être observée dans certains cas en son absence (IM indépendante du SAM). CMH et SAM : effet Venturi ? Sur le plan physiopathologique, le SAM a longtemps été attribué au seul effet Venturi. Celui-ci repose sur le principe de la conservation de la masse et de l’énergie totale d’un flux, somme de son énergie cinétique (c’est-à-dire de sa vitesse) et de son énergie potentielle (c’est-à-dire de sa pression). L’effet Venturi est le mécanisme par lequel au décollage un avion s’élève verticalement en même temps qu’il accélère, l’augmentation rapide de sa vitesse et donc de son énergie cinétique créant une dépression sur sa face supérieure qui l’attire verticalement, perpendiculairement à sa direction. En matière de CMH, l’interprétation initiale voulait que l’hypertrophie septale VI FMC372v1.indd VI en réduisant le diamètre de la chambre de chasse soit responsable d’une accélération du flux sous-aortique et donc d’une augmentation de son énergie cinétique, associée de fait à une diminution proportionnelle de son énergie potentielle. Cette relative dépression sous-aortique était rendue responsable de l’attraction du feuillet antérieur mitral, littéralement aspiré par la chambre de chasse, majorant ainsi l’obstruction et créant une fuite mitrale restrictive. Cette conception suppose que la vitesse du flux soit effectivement haute dans la chambre de chasse avant l’apparition du SAM mais aussi, pour que l’effet Venturi s’exprime pleinement, que le flux soit relativement parallèle à l’axe des feuillets mitraux. Or, chez 70 % Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:50 Anomalies mitrales et cardiomyopathie hypertrophique des patients, le SAM débute très tôt en systole, alors que la vitesse dans la chambre de chasse est encore normale. [2] En outre, il a aussi été montré que l’hypertrophie ventriculaire gauche et la protrusion septale sont responsables d’une orientation particulière du flux d’éjection qui n’est plus parallèle mais au contraire plus ou moins perpendiculaire aux feuillets mitraux, soumettant ces derniers beaucoup plus aux forces de poussées qu’aux forces d’aspirations. En effet, au contraire de l’orientation classique antihoraire du flux intraventriculaire gauche longeant pendant le remplissage la paroi postérieure puis pendant l’éjection la paroi septale, le flux dans la CMH suit un mouvement horaire en coupe apicale 5 cavités. Il « attaque » ainsi la valve mitrale non plus parallèlement à son axe mais selon un angle plus ou moins perpendiculaire à la face atriale des feuillets notamment celle du feuillet antérieur, en les propulsant vers la chambre de chasse. Ce phénomène se majore en cours de systole car le mouvement antérieur de la valve mitrale ainsi créé la place encore plus dans l’axe du flux d’éjection. Qu’il s’agisse de la conséquence de l’effet Venturi ou des forces de poussées, ces deux conceptions physiopathologiques réduisent le SAM et l’IM qui en résulte à des phénomènes purement fonctionnels induits par l’hypertrophie ventriculaire gauche. Cette notion a été partiellement remise en question par l’observation de SAM après plastie mitrale en l’absence d’hypertrophie. Un SAM et une IM postopératoire parfois sévère peuvent en effet apparaitre malgré l’absence d’hypertrophie pariétale, conséquence d’un déplacement antérieur du point de coaptation mitrale induit par un anneau trop restrictif et/ou un grand excès tissulaire. Ces observations ont souligné le rôle joué dans la CMH par la présence d’une véritable pathologie organique mitrale qui associée aux phénomènes précédents participe au dysfonctionnement valvulaire. été identifiées comme des facteurs d’obstruction intraventriculaire gauche, une valeur de ce rapport supérieure à 2 prédisant à un gradient intracavitaire supérieur à 30 mmHg au repos. En outre dans le travail de Maron, [3] 15 sujets génotypes positifs-phénotypes négatifs (absence d’hypertrophie ventriculaire gauche malgré la présence d’une mutation identifiée chez des parents de patients porteurs d’une CMH) présentaient une longueur du feuillet antérieur supérieure à celle de sujets contrôles. Cette observation permettait aux auteurs d’infirmer la notion ancienne selon laquelle l’augmentation de longueur des feuillets était une conséquence de l’obstruction par un effet « d’étirement » et d’envisager les anomalies mitrales de la CMH comme faisant partie intégrante du phénotype de la maladie présentes à un stade préclinique. Ces anomalies ne seraient pas liées bien sûr à des mutations des protéines sarcomériques, compte tenu de l’absence de myocyte dans les feuillets, mais à des mutations d’autres voies de signalisation, ouvrant le champ à d’autres aspects génétiques de la CMH. Sur le plan physiopathologique, on comprend que cette augmentation de surface et de longueur des feuillets expose d’autant plus l’appareil valvulaire aux forces de poussées, favorise le SAM, l’obstruction et la fuite. Le point de coaptation des 2 feuillets se trouve en outre déplacé de l’extrémité du feuillet antérieur à sa portion moyenne laissant presque 1 cm de feuillet antérieur libre de flotter dans la cavité et de venir s’accoler au mur septal (figure 1). [5] Turbulences dans la chambre de chasse Ao Hypertrophie ventriculaire gauche et pathologie organique mitrale : deux expressions phénotypiques de la CMH Hypertrophic IVS LA Malformation des feuillets mitraux L’augmentation de la surface des feuillets mitraux, notamment celle du feuillet antérieur, est fréquemment rapportée. Dans un travail récent ayant utilisé systématiquement l’IRM chez 172 patients avec CMH, [3] une augmentation significative de la longueur des feuillets était observée dans 30 % des cas, supérieure de plus de deux déviations standards à celle de sujets contrôles indemnes de CMH. Un autre travail ayant utilisé l’échographie tridimensionnelle a rapporté un doublement de la surface valvulaire en cas de CMH obstructive par rapport à des sujets contrôles alors que cette augmentation de surface est significativement plus faible en cas de CMH non obstructive. [4] L’augmentation de la surface des feuillets et celle du rapport longueur du feuillet antérieur/diamètre de la chambre de chasse ont Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd VII Piliers surnuméraires et apicaux Augmentation de surface et longueur du feuillet antérieur Figure 1. la réorientation du sens de rotation du flux intra ventriculaire gauche associée à l’augmentation de longueur et surface des feuillets mitraux et au déplacement antérieur des piliers, expose l’appareil valvulaire mitral beaucoup plus aux forces de poussées qu’aux forces d’aspiration (effet Venturi) en plaçant la face atriale des feuillets dans l’axe de l’éjection. Leur point de coaptation est déplacé vers la chambre de chasse et vers la portion moyenne du feuillet antérieur laissant son extrémité libre de flotter dans la chambre de chasse et de venir s’accoler au mur septal. [5] VII 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques Les anomalies organiques des feuillets ne sont pas les seules malformations de l’appareil mitral observées dans la CMH et les anomalies de l’appareil sous-valvulaire sont fréquentes, qu’il s’agisse d’anomalies d’insertion et de position des muscles papillaires ou de piliers surnuméraires. Les muscles papillaires sont en effet souvent hypertrophiés, bifides, et déplacés vers l’apex et la paroi antérieure. Leur participation à l’obstruction a été confirmée dans un modèle canin qui a permis de créer un SAM et donc une obstruction sousaortique et une insuffisance mitrale en l’absence d’HVG, par simple déplacement antérieur des muscles papillaires prouvant encore une fois que l’HVG n’est pas seule responsable du SAM. Ce déplacement antérieur diminue la capacité des muscles papillaires à maintenir la valve mitrale en position postérieure et participe au déplacement antérieur du point de coaptation des feuillets, plaçant ces derniers là encore dans l’axe du flux et des forces de poussées. En outre, le déplacement médial des muscles papillaires, les rapprochant l’un de l’autre, diminue aussi la tension exercée sur les cordages et notamment ceux destinés à A2, favorisant la mobilité de la portion moyenne du feuillet antérieur et son déplacement vers la chambre de chasse (figure 2). [6] Ces données ont été confirmées in vivo, notamment dans le travail utilisant l’échographie tridimensionnelle déjà mentionné [4] rapportant une corrélation forte entre obstruction sous-aortique et déplacement médial de l’extrémité des feuillets dont le rapprochement vers le centre de la cavité favorise le SAM. L’ensemble de ces données expliquent pourquoi un certain nombre de patients avec CMH et HVG majeure n’ont ni SAM ni obstruction ni insuffisance mitrale, vraisemblablement car leur appareil valvulaire et sous-valvulaire ne s’y prête pas. Cette malposition des muscles papillaires en même temps qu’elle favorise le SAM peut parfois aussi créer une obstruction médio ventriculaire en raison de la proximité entre le muscle papillaire en position antérieure et le septum. Dans certains cas enfin, le déplacement antérieur du muscle papillaire antéro externe est associé à une insertion directe sans cordage de ce pilier sur A1 ou sur la commissure externe. Dans ce cas, il existe de fait une bandelette musculaire traversant le ventricule gauche et générant une obstruction sévère médio ventriculaire en général sans SAM. L’absence de cordage restreint en effet vraisemblablement le mouvement du feuillet antérieur au niveau de son extrémité et ne permet pas au SAM de survenir (figure 3). [7] Mécanisme de la fuite mitrale L’IM est dans la plupart des cas la conséquence du SAM favorisé par les anomalies anatomiques de l’appareil mitral et relève donc d’un mécanisme mixte, à la fois fonctionnel et organique. La fuite mitrale liée au SAM est la conséquence d’un défaut de coaptation des 2 feuilVIII FMC372v1.indd VIII Figure 2. La participation du déplacement des piliers à l’apparition du SAM, de l’obstruction et de l’IM a été montrée sur modèle animal, même en l’absence d’hypertrophie ventriculaire gauche. En plus de leur déplacement antérieur qui diminue la capacité des piliers à maintenir la valve en position postérieure, leur déplacement médial en les rapprochant l’un de l’autre diminue la tension exercée sur les cordages destinés à AII (chordal slack), favorise sa mobilité et facilite le mouvement antérieur de l’appareil mitral. [6] L C MV L L C MV L Kriebel Anomalies de l’appareil sous-valvulaire lets induit par le déplacement du feuillet antérieur vers la chambre de chasse, plus ou moins bien suivi par le feuillet postérieur. Le diastasis systolique qui en résulte créé un entonnoir qui oriente le jet régurgitant typiquement vers l’arrière, le long du feuillet postérieur. Le caractère postérieur du jet est donc un critère fort permettant de s’assurer que l’IM est bien la conséquence du SAM. Chez un patient donné, la sévérité de l’IM varie avec le degré du SAM, lui-même variable dans le temps. En revanche, d’un patient à l’autre, des degrés de SAM et d’obstruction intracavitaire similaires peuvent s’accompagner de niveaux de fuite très variables, fonction de la géométrie de la valve. [8] La mobilité du feuillet postérieur, sa longueur et surtout le rapport entre cette longueur et celle du feuillet antérieur prédisent la plus ou moins grande capacité du feuillet postérieur à suivre le mouvement du feuillet antérieur. La fuite sera d’autant plus discrète, voire absente, que le feuillet postérieur sera long et mobile, capable de Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:50 Anomalies mitrales et cardiomyopathie hypertrophique Figure 3. Exemple d’insertion du muscle papillaire antérieur directement sur AI : vue longitudinale A , petit axe B et pièce anatomique C . [7] L’aspect en coupe longitudinale A est celui d’une bandelette musculaire longeant le septum, responsable d’une obstruction médio-ventriculaire. Cette longue zone de contact directe entre septum inter ventriculaire et pilier hypertrophié s’insérant sur A1 est parfois difficilement visualisée en échographie et nécessite pour être détectée de passer par le plan du pilier et donc de balayer l’intégralité de la cavité d’une commissure mitrale à l’autre. A B VS C VS 0 1 2 Ao AML APM LV AML LA compenser le déplacement du feuillet antérieur. A ce titre, le déplacement antérieur des muscles papillaires peut aggraver l’IM liée au SAM en augmentant la tension exercée sur le feuillet postérieur et en diminuant sa mobilité (figure 4). Insuffisance mitrale indépendante du SAM En cas d’insertion du muscle papillaire antérieur directement sur A1 ou sur la commissure externe, malgré l’absence de SAM, une fuite mitrale peut naître de la restriction du feuillet antérieur qui en résulte. Dans ces cas, la direction du jet est plus centrale que postérieure. [7] Une dégénérescence valvulaire autonome est par ailleurs fréquemment observée dans la CMH, associant calcifications annulaires et calcifications du feuillet postérieur, susceptible de créer une IM restrictive même en l’absence de SAM, ou d’en aggraver les conséquences. Enfin, dans 3 % des CMH, l’IM est la conséquence d’un authentique prolapsus valvulaire dont la présence peut soit relever d’une association fortuite soit être la conséquence de l’augmentation de surface du tissu valvulaire. En cas de prolapsus, la plupart du Figure 4. L’IM liée au SAM est la conséquence d’un défaut de coaptation créé par le déplacement antérieur du feuillet antérieur. Le diastasis systolique et l’entonnoir qui en résultent oriente le jet typiquement vers le feuillet postérieur. La sévérité de la fuite dépend, pour un niveau de SAM donné, de la longueur et de la mobilité du feuillet postérieur et donc de sa plus ou moins grande capacité à suivre le mouvement du feuillet antérieur (géométrie A : IM absente ; géométrie B : IM modérée ; géométrie C : IM sévère). AO IVS AML LA PML LV G _ ` SAM Géométrie A AO IVS AML SAM Géométrie B LA LV Chordae PML AO IVS AML LV Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd IX Chordae LA PML SAM Géométrie C IX 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques temps localisé au feuillet postérieur, l’orientation du jet n’est plus postérieure mais antérieure. Quantification de l’IM Lorsque la fuite mitrale est la conséquence du SAM, sa quantification par la méthode de la zone de convergence est la plupart du temps impossible en raison de la fusion de la zone de convergence de l’IM et de celle du flux éjectionnel, même si dans de rares cas, il est possible de dissocier l’une de l’autre. La quantification par la méthode des volumes ventriculaires est également impossible en raison de l’obstruction intracavitaire ne permettant pas de recueillir le volume d’éjection sous-aortique. Dans tous ces cas, l’appréciation de la sévérité de la fuite restera qualitative reposant sur la présence ou non d’un diastasis systolique clairement visible, sur la hauteur approximative de la zone de convergence spontanée et sur la densité du signal Doppler continu. En cas d’insuffisance mitrale indépendante du SAM par rupture de cordage du feuillet postérieur, la quantification se fait selon les méthodes habituelles et la fuite est en règle sévère. Conclusion L’hypertrophie ventriculaire gauche et la pathologie valvulaire et sous-valvulaire mitrale observées dans la CMH sont actuellement considérées comme des expressions phénotypiques distinctes d’une même pathologie entretenant des interactions complexes. Clairement l’augmentation de surface des feuillets mitraux et le déplacement antérieur et médial des muscles papillaires participent avec l’hypertrophie ventriculaire gauche à l’obstruction intracavitaire par le déplacement antérieur de l’appareil mitral qui lui-même est responsable de la plupart des fuites mitrales. Ces nouveaux concepts expliquent qu’en cas d’obstruction et d’IM associées à de franches anomalies de l’appareil mitral, l’alcoolisation seule et même la seule myectomie chirurgicale souvent ne suffisent pas à supprimer l’obstruction et la fuite. Dans ces cas, un geste mitral spécifique peut être nécessaire, au niveau des feuillets ou des muscles papillaires, dont le but est d’obtenir un déplacement postérieur du point de coaptation mitral pour l’éloigner de la chambre de chasse ventriculaire gauche. Ces techniques restent cependant complexes et actuellement encore mal codifiées. ■ RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Woo A, Jedrzkiewicz S. 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Paris La cardiomyopathie hypertrophique est une affection génétique dont l’expression phénotypique est très variable pour une même mutation. Sa fréquence est de 1/500 ; le caractère obstructif est es associé dans 20 à 50 % des cas. as C’est la cause la plus fréquente de mort subite chez le jeune athlète aux Etats-Unis (20 %) ; cette C’ fréquence n’est que de 3 % dans les séries italiennes, la différence étant probablement due au large dépistage des jeunes athlètes dans ce pays, [1] la première cause de mort subite étant non pas la CMH mais la dysplasie arythmogène du ventricule droit. La CMH a fait l’objet de recommandations nord-américaines [2] et de recommandations publiées par la Haute Autorité de Santé (site HAS). La découverte d’une CMH nécessite une stratification des risques respectifs hémodynamique et rythmique. L’alcoolisation septale ne s’adresse qu’au versant hémodynamique de la maladie. Le traitement de la CMH selon les recommandations Un algorithme thérapeutique a été récemment proposé par Maron (figure 1). [3] Si le patient n’a pas de symptômes, aucun traitement n’est préconisé mais il justifie une surveillance régulière pour dépister une évolution de la maladie et la survenue d’une obstruction. En cas de mort ou de risque de mort subite, il faut discuter la mise en place d’un défibrillateur implantable. En cas d’ACFA, un traitement antiarythmique est institué (antiarythmique, anticoagulant, cardio-version, ablation.) En cas de symptômes de repos ou d’effort, le traitement médical est dominé par les bêtabloquants. Si, malgré le traitement médicamenLe Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XI teux, le patient reste symptomatique, avec la présence d’un gradient > 50 mmHg, au repos ou à l’effort, un traitement de type myectomie doit être envisagé, chirurgicale ou par alcoolisation septale. S’il n’y a pas de gradient de repos ou à l’effort ou si le gradient reste inférieur à 30 mmHg, le patient relève d’un traitement médical. En cas de défaillance cardiaque le traitement est celui de l’insuffisance cardiaque. L’alcoolisation septale est donc une solution alternative à la chirurgie. Son indication ne se pose qu’en cas de patient symptomatique, malgré un traitement optimal, et présentant une obstruction intraventriculaire > 50 mmHg au repos ou après effort. [4,5] Le chiffre de 50 mmHg paraît assez aléatoire car le gradient est fluctuant d’un examen à l’autre. XI 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques Figure 1. Algorithme thérapeutique d’après Maron [3] Normal longevity Genotype-positive phenotype-negative No syptoms Sudden death risk (with or without obstruction) Atrial fibrillation and stroke Heart failure symptoms End stage phase (ejection fraction < 50%) Drug treatment Longitudinal follow-up* and no treatment No treatment Implantable defibrillator Anti-arythmic or rate-control drugs warafarin, cardioversion, radiofrequency ablation Drug-refractory (NYHA class III or IV), heart failure symptoms Drugs, heart transplant, implantable defibrillator Outflow obstruction (gradient ≥ 50 mmHg) at rest or after exercise provocation No outflow obstruction (gradient < 30 mmHg) at rest or after exercise provocation and ejection fraction ≥ 50% Myectomy Drugs Figure 2. Recommandations de l’épreuve et de l’écho d’effort dans la CMH. [2] Classe IIa 1. L’épreuve d’effort est envisageable afin de préciser la capacité fonctionnelle et la réponse au traitement chez les patients avec une CMH (Niveau d ‘évidence : C) (alternative, alcohol ablation) 2. L’épreuve d’effort avec monitoring électrique et tensionnel est envisageable chez les patients porteurs de CMH, pour stratifier le risque de mort subite (Niveau d’évidence : B) 3. Chez les patients avec CMH qui n’ont pas de gradient spontané inférieur ou égal à 50 mmHg, l’échocardiographie d’effort est enviageable pour détecter et quantifier un gradient intraventriculaire induit par l’effort (Niveau d’évidence : B) Il est recommandé, en cas de symptomatologie et malgré l’absence de gradient au repos, de réaliser une échographie à effort sous traitement. Le but est de recréer les symptômes, de mettre en évidence un gradient per effort > 50 mmHg, préciser le seuil d’effort pour lequel apparaît l’obstruction, l’apparition simultanée d’une fuite mitrale et les pressions pulmonaires (figure 2). L’écho d’effort fait partie des recommandations actuelles de la prise en charge des CMH. Selon une publication de Sorajja, [7] la persistance d’un gradient sous traitement, > 50 mmHg, garde une valeur pronostique péjorative même chez les patients pauci ou asymptomatiques, avec un risque accru de défaillance cardiaque et de mort subite. Ce travail pose clairement la question d’une réduction septale en cas de persistance sous traitement d’un gradient > 50 mmHg, même chez les patients pauci ou asymptomatiques. XII FMC372v1.indd XII Le principe de l’alcoolisation septale (figure 3) La procédure a été proposée initialement par Sigwart. [8] Le but est de créer un infarctus septal localisé, au point de contact du SAM, de réduire ainsi l’épaisseur septale sous-aortique, d’entraîner un remodelage de la chambre de chasse et, par voie de conséquence, une réduction voir une abolition de l’obstruction intra ventriculaire. Cette procédure peut être considérée comme une alternative à la chirurgie dans la mesure où elle est comparable en termes de résultats à la chirurgie conventionnelle. Les modalités ont été précisées et doivent être scrupuleusement respectées. [9] Il s’agit d’une procédure « écho guidée ». L’échographiste a un rôle essentiel en salle de cathétérisme. Il confirme le siège sousaortique de l’obstruction, localise le SAM, mesure le gradient initial, qui est peut être abaissé dans les conditions de sédation du patient, quantifie une fuite mitrale associée et son mécanisme, évalue la fonction ventriculaire gauche, la fonction ventriculaire droite, l’absence de fuite tricuspide significative. Le coronarographiste repère les artères septales et sélectionne une Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:50 L’alcoolisation septale Figure 3. Principe de l’alcoolisation septale. Figure 4. Zone de blanchiment parfaitement située, trans murale et sousaortique (flèche). Septal coronary artery Catheter Ethanol VG VD Hypertrophied septum OD OG Ethanol-induced infarction artère septale proximale. Le réseau anatomique peut être plus ou moins favorable. La mise en place d’un guide dans une petite artère, souvent de petit calibre et de direction perpendiculaire à l’IVA, peut être une difficulté technique nécessitant souvent plusieurs tentatives et un bon niveau d’expérience. Une fois le guide en place, le produit de contraste (au mieux un contraste ultrasonore) est injecté en intracoronaire, afin d’opacifier la zone du septum dépendante de l’artère septale sélectionnée. Cette phase est essentielle ; elle permet de confirmer que l’artère sélectionnée est bien l’artère cible par un blanchiment adéquat du septum basal, en regard du SAM et de l’obstruction (figure 4). Le contraste peut être plus ou moins transmural. Son trajet au sein du septum est variable selon la vascularisation coronaire. Le contraste longe souvent le bord droit du septum. Le but est d’éliminer un blanchiment dans des zones à risque (pilier mitral, ventricule droit, zone trop étendue medio septale, etc.) (figure 5). Dans ce cas, on doit renoncer à l’artère septale sélectionnée. Une autre artère ou une branche de septale plus proximale doit être Figure 5. Blanchiment medio septal se prolongeant sur la face ventriculaire gauche du septum vers la pointe. B Changement d’artère avec blanchiment adaptée sousaortique non transmural. A A explorée. Ce changement de stratégie survient dans 10 à 20 % des cas ; si les territoires sont trop petits, plusieurs artères peuvent être alcoolisées dans la mesure où le territoire septal blanchi reste localisé en sous-aortique sans extension dans des zones dangereuses. L’absence d’écho guidage de la procédure pourrait être responsable d’infarctus dans un territoire non souhaité et entraîner de lourdes complications en postprocédure. Une fois l’artère septale adéquate sélectionnée, le ballon est gonflé dans cette artère ; son obstruction entraîne le plus souvent une diminution du gradient, ayant une bonne valeur pronostique quant au résultat en fin de procédure. L’administration d’un cm3 d’alcool pur est alors débuté, sur cinq à dix minutes. Il est habituel de monter une sonde d’entraînement provisoire pour pallier à un BAV pendant la procédure. La survenue d’un trouble de conduction grave est surtout fréquente en cas de bloc gauche complet préexistant. La branche droite peut être altérée lors de l’alcoo- B VG VG VD VD OD Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XIII OG OD OG XIII 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques lisation, d’autant que le territoire de la première septale intéresse le versant droit du septum. La survenue d’un BAV en cas de bloc droit préexistant ou en l’absence de bloc préprocédure est beaucoup plus rare. [10] L’ECG pré procédure est donc important en termes prédictifs quant à la survenue d’un BAV postprocédure. Le patient bénéficiera d’une surveillance en USIC comme pour un infarctus. La sonde d’entrainement pourra être laissée en place, surtout si des troubles de conduction sont survenus au cours de la procédure. Le choix du patient Le bilan préprocédure fera l’objet d’une discussion collégiale par un groupe d’experts, habitués à cette procédure . Le patient doit être largement informé des avantages souvent « séduisants » (pas de sternotomie, pas de CEC, procédure « légère » sans anesthésie générale) et des inconvénients (échec de la procédure, risque de BAV, récidive de l’obstruction en cas d’anomalies valvulaires mitrales associées, etc). Les résultats des deux approches, chirurgie et alcoolisation septale, doivent être clairement exposés, et sous-tendus par les spécificités de chaque dossier au cas par cas. ■ Seuls les patients symptomatiques, sous traitement optimal, et présentant un gradient > 50 mmHg sont éligibles. Il faut par ailleurs rapporter les symptômes à la persistance d’une gêne à l’éjection intraventriculaire gauche. Figure 6. Recommandations de l’alcoolisation septale [2] Classe IIa Lorsque la chirurgie est contre-indiquée ou que le risque est considéré comme inacceptable, en raison de nombreux facteurs de comorbidités ou un âge avancé, l’alcoolisation septale, lorsqu’elle est réalisée dans des centres expérimentés, peut être proposée chez des patients adultes porteurs d’une CMH avec une obstruction intra VG et symptomatique malgré un traitement médical (Grade NYHA III ou IV). Classe IIb L’alcoolisation septale, lorsque réalisée dans un centre expert, peut être considérée comme une alternative à une myectomie chirurgicale chez les patients adultes, avec des symptômes et une obstruction malgré le traitement médical , lorsque, après une discussion informée, le patient exprime sa préférence pour une ablation septale. L’efficacité de l’ablation septale est incertaine en cas d’hypertrophie septale majeure > 30 mm, et, dans ces cas, la procédure est généralement déconseillée. Classe III : contre-indication L’ablation septale ne doit pas être réalisée chez des adultes avec une CMH qui sont asymptomatiques avec une tolérance à l’effort normale ou dont les symptômes sont contrôlés ou franchement diminués par un traitement médical optimal. L’ablation septale ne doit pas être réalisée par des équipes non expérimentées dans la prise en charge des CMH XIV FMC372v1.indd XIV L’obstruction doit être sous-aortique, une forme diffuse avec une obstruction se situant en medio ventriculaire n’est pas accessible à une alcoolisation septale. Les formes très sévères, avec une épaisseur septale >30 mm, ne sont pas une bonne indication de même que la CMH de l’enfant. A l’inverse, un septum < 16 mm est en théorie une contre-indication, mais il n’a jamais été décrit de complication à type de CIV, sur des septums peu épais. ■ Une obstruction dont le mécanisme peut être liées à la présence d’anomalies mitrales (voir l’article de J.-F. Aviérinos page VI) (pilier anormal s’insérant sur la valve mitrale, plicature et large SAM avec élongation de la surface du feuillet antérieur, responsable de l’obstruction, etc.) est une mauvaise indication ; ces formes relèvent de la correction chirurgicale. L’ablation septale, sans correction des anomalies valvulaires mitrales si elles sont responsables en partie ou en totalité de l’obstruction, exposerait à une récidive. Dans ce cas le bénéfice de la chirurgie est évident, permettant d’associer la myectomie à une plastie mitrale et correction des anomalies mitrales (voir article F. Dulguerov page XVII). De nombreux facteurs vont influencer la décision : pour l’alcoolisation septale, un âge avancé, la présence de facteurs de comorbidités majorant le risque opératoire, le désir du patient, très souvent en faveur d’une solution lui évitant une sternotomie et une CEC. Mais le choix du patient nécessite un exposé complet des bénéfices et des risques des deux techniques, en particulier les risques de BAV complet nécessitant las pose d’un PM d’autant qu’il existe un BBG préprocédure. L’alcoolisation septale est non indiquée chez l’enfant. Les recommandations sont résumées sur la figure 6. ■ Les résultats Les bons résultats vont se traduire par une très nette amélioration des symptômes, une amélioration de la capacité à l’effort et de la qualité de vie ; en échographie, une akinésie basale et un amincissement sous-aortique au niveau du septum alcoolisé (figure 7), une diminution voire une disparition du gradient (figure 8), une régression de l’HVG. Ces résultats perdurent sur une durée de plus de cinq ans. Les critères prédictifs de mauvais résultats sont un gradient basal très élevé, un faible taux de CPK postablation, un gradient résiduel après l’ablation septale. Les résultats des différentes équipes retrouvent une régression du gradient dans environ 90 % des cas [12] avec souvent une réponse en deux temps : régression du gradient en postprocédure immédiat, réaugmentation du gradient dans les jours qui suivent (conséquence de l’œdème transitoire peri-nécrotique), puis une régression durable lors du suivi. La régression du gradient s’accompagne habituellement d’une diminution, voire une disparition, de la fuite mitrale. Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:50 L’alcoolisation septale Figure 7. Echographie bidimensionnelle para sternale grand axe. A Résultat précoce d’une alcoolisation septale avec zone hyperdense et akinétique du septum sous-aortique. B Résultat à long terme avec remodelage de la chambre de chasse et amincissement du septum sous-aortique. A La fonction diastolique s’améliore également Le remodelage peut nécessiter plusieurs mois et le résultat définitif de l’alcoolisation doit être évalué plusieurs mois après la procédure (figure 9 page XVI) ; [12] cette régression de l’épaisseur septale peut être très précisément analysée en IRM. [13] On constate également une régression de la taille de l’oreillette gauche et d’une éventuelle HTAP préalable. Certaines complications peuvent survenir au premier rang desquelles un BAV, d’autant qu’il existe un bloc gauche préalable à la procé- Figure 8. Doppler continu dans la chambre de chasse ventriculaire gauche. A Gradient initial à 83 mmHg avec un aspect caractéristique du flux en « lame de sabre ». B Régression du gradient chez le même patient que AA avec un gradient résiduel à 19 mmHg. C Important gradient sousaortique avec probable superposition d’une IM associée. D Régression du gradient et normalisation du flux sous-aortique chez le même patient que C . Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XV B Septum dure. [10] Le risque de bloc auriculo-ventriculaire complet transitoire est estimé à environ 30 %, un BAV complet persistant de l’ordre de 5 à 10 %. La survenue de tachy-arythmie auriculaire soutenue est de l’ordre de 5 %. [14] La possibilité de tachycardie ventriculaire soutenue secondaire à la création de cet infarctus reste un sujet polémique ; certains ont imputé un risque arythmogène, induit par la cicatrice de la nécrose ; en fait ce type d’événement est exceptionnel et très faible estimée à 0,2 % à 0,9 % par an. Le traitement par bêtabloquant doit être maintenu à distance de l’alcoolisation même après disparition du gradient. A B C D XV 20/05/2014 17:50 Les cardiomyopathies hypertrophiques Figure 9. Coupe 2D longitudinale et petit axe chez le même patient, évolution de l’hypertrophie septale et de l’hypertrophie pariétale : A Avant l’alcoolisation. B 2 ans après. C 4 ans après. On constate une régression de l’épaisseur septale avec remodelage de la chambre de chasse, associée à une régression évidente de l’hypertrophie dans les autres territoires. A 2001 B 2003 C 2005 Dans une large série de 900 patients ayant bénéficié d’une alcoolisation septale, [15] la survie à 1, 5 et 9 ans est évaluée respectivement à 97 %, 86 % et 74 %. Dans une série de 470 patients avec un suivi moyen de 8 ans (âge moyen 56 ± 14 ans), [16] la survie des patients ayant bénéficié d’une alcoolisation septale est similaire à celle d’une population témoin. Le nombre de facteurs de risque, incluant la prévalence de tachycardie ventriculaire non soutenue, est nettement abaissé et l’incidence de mort subite est de façon consécutive très bas, confirmant l’efficacité et l’absence de complications rythmiques lors du suivi à long terme. Ces données sont confirmées par d’autres études. Le facteur arythmogène, qui serait induit par l’infarctus septal et très souvent avancé par les détracteurs de la technique, est actuellement largement démenti. Dans une méta analyse comparative entre la chirurgie par myectomie et l’alcoolisation septale, [17] le taux de mortalité toute cause était très faible dans les deux cas. Après ajustement, la mortalité toute cause et la mort subite étaient plus faibles dans la cohorte d’alcoolisation septale que dans celle de la chirurgie. Dans une étude multicentrique non randomisée comparant 177 patients avec alcoolisation à un nombre équivalent de patients opérés XVI FMC372v1.indd XVI (suivi moyen de 5,5 ans), l’évolution à long terme est favorable et similaire à ceux d’une population générale et aux patients opérés, et cela en termes de mortalité toute cause et sans augmentation du risque de mort subite. [18] En conclusion L’alcoolisation septale est indiquée chez les patients dont les symptômes interfèrent sur la qualité de vie malgré un traitement médicamenteux optimal. Le septum doit être, en théorie > 16 mm, le gradient intraventriculaire > à 30/50 mmHg au repos, ou > 50 mmHg à l’effort. Le choix de la ou des artères septales doit être fait de façon adaptée au territoire de perfusion septale sous-aortique. La présence d’anomalies mitrales intrinsèques, participant à l’obstruction, doit faire préférer la chirurgie qui permettra de corriger ces anomalies dans le même temps que la myectomie. L’ablation septale doit être réalisée par des équipes rodées à cette pathologie et à la procédure ; elle est proposée en cas de contre-indications absolues ou relatives à la chirurgie cardiaque, ou, si le patient préfère cette option, lorsque les deux choix sont raisonnables, après information complète des avantages et des risques des deux procédures. ■ Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:50 L’alcoolisation septale RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Pelliccia A, Di Paolo F, Corrado D et al. Evidence for efficacy of the Italian national pre-participation screening programme for identification of hypertrophic cardiomyopathy in competitive athletes 2006; 27: 2196-200. 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Monaco La cardiomyopathie hypertrophique obstructive est une maladie rare (prévalence dans la population générale de 1/500) qui se caractérise par une hypertrophie importante du ventricule po gauche, plus marquée au niveau du septum, associée à une cavité de petit volume et à une ga désorganisation structurale des fibres myocardiques et des myofibrilles. [1] dé Chez un quart des patients, l’obstruction de la voie d’éjection du ventricule gauche est significative, ce qui peut entraîner des symptômes de type dyspnée, asthénie, altération du statut fonctionnel, angine de poitrine et syncope. La cardiomyopathie hypertrophique obstructive peut également se révéler par une mort subite et elle en est la cause la plus fréquente parmi les personnes jeunes et les athlètes. D’origine génétique (transmission autosomique dominante à pénétrance variable), la CHO est causée le plus souvent par des mutations missense de l’un des 10 gènes codant pour les protéines sarcomériques cardiaques. [1,2] Des transmissions autosomiques récessives, liées à l’X et mitochondriales peuvent aussi se produire. Plus de 1400 mutations ont été répertoriées et, parmi celles-ci, certaines sont associées à un risque élevé de mort subite. [3] Il s’agit principalement des mutations codant pour les chaînes lourdes de la bêtamyosine, pour la troponine T et l’alphatropomyosine. L ’âge d’apparition le plus fréquent se situe à l’adolescence, bien que le diagnostic soit possible à tout âge. Un screening clinique des parents au premier degré d’un patient porteur est recommandé annuellement durant l’adolescence et tous les 5 ans après l’âge de 18 ans. [4] Le diagnostic clinique repose sur la découverte, par échocardiographie ou IRM, d’une hypertrophie cardiaque gauche, spécialement au niveau du septum interventriculaire, non expliquée par d’autres causes et associée à des cavités cardiaques non dilatées. La mortalité annuelle globale liée à la CHO est de 1 %. Il existe cependant des sous-ensembles de patients présentant une morbi-mortalité plus élevée, liée aux complications de la mort subite, de l’insuffisance cardiaque progressive et de la fibrillation auriculaire associée à des accidents vasculaires cérébraux d’origine embolique. Histologiquement, la désorganisation structurelle des myocytes, typiXVIII FMC372v1.indd XVIII quement en forme d’arête de poisson, doit être présente au moins au niveau de 10 % des myocytes sur les pièces de biopsie. [5] D’autres caractéristiques, moins spécifiques, sont également retrouvées, à savoir une hypertrophie des myocytes, qui présentent un noyau très volumineux, ainsi qu’une dysplasie des petites artères. Cette dernière se traduit par des artères de petit calibre, entourées de tissu fibreux, présentant une lumière étroite en raison de la prolifération de muscles lisses au sein de la média et de l’intima. La densité des artères est par ailleurs plus faible que dans un cœur normal. Cette maladie des petits vaisseaux (SICAD : Small Vessel Intramural Coronary Artery Disease), [6] en entraînant une diminution de l’apport sanguin, pourrait contribuer à la raréfaction des myocytes et à leur remplacement par de la fibrose, ce qui est vraisemblablement le substrat des troubles rythmiques ventriculaires menant à la mort subite. [7] Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:51 Cardiomyopathie Hypertrophique Obstructive Physiopathologie La physiopathologie de cette cardiopathie comprend notamment une obstruction dynamique de la chambre de chasse du ventricule gauche, une régurgitation mitrale, une altération de la fonction diastolique, une ischémie patente ainsi que des arythmies. [8] L’obstacle éjectionnel peut être permanent et/ou labile. Dans ce dernier cas, il est facilité par des modifications de précharge, de postcharge ou de contractilité. L’hypovolémie ou la manœuvre de Valsalva, par exemple, peuvent aggraver ou révéler une obstruction de la chambre de chasse du ventricule gauche. Une part importante de l’obstruction sous-valvulaire est due au phénomène de Systolic Anterior Motion (SAM). Il en résulte un goulot d’étranglement, qui est cette obstruction dynamique sous-valvulaire ainsi qu’une fuite mitrale de grade variable. [9] La mauvaise vidange de l’oreillette gauche force celle-ci à se dilater et favorise le passage en fibrillation auriculaire. Actuellement il est bien établi, sur bases d’évidences échocardiographiques mais également de données issues d’expérimentation en laboratoire, que la force de poussée du flux sanguin (flow drag) est la force hydrodynamique majeure permettant d’expliquer le phénomène de SAM. [10] Durant la systole, le flux sanguin est redirigé par l’hypertrophie septale faisant protrusion dans la chambre de chasse du ventricule gauche, de telle sorte qu’il provient à présent d’une direction postérolatérale. Il pousse ainsi la valve mitrale antérieure contre le septum interventriculaire ce qui engendre le rétrécissement de la voie d’éjection et la fuite mitrale. [11] Dans un second temps, alors que la valve antérieure est en contact avec le septum, la différence de pression de part et d’autre de la valve devient la nouvelle force hydrodynamique. Cette différence de pression tend à repousser davantage la valve antérieure contre le septum, ce qui rétrécit davantage encore la chambre de chasse et amplifie le phénomène. On peut donc considérer le SAM comme une boucle rétroactive négative autoamplifiée. [12] D’autres éléments sont également à prendre en considération. De récents travaux, basés sur l’analyse morphologique des valves mitrales par IRM cardiaque, ont démontrés que, chez les patients porteurs d’une CHO, la hauteur des valves antérieures et postérieures est significativement plus importante par rapport à la population saine. [13] De plus, un ratio entre la longueur de la valve antérieure et le diamètre de la chambre de chasse du ventricule gauche supérieure à 2,0 est fortement associé à une obstruction sous-aortique avec un gradient systolique supérieur à 30 mmHg à l’état basal. [13] Dans cette pathologie, la valve mitrale antérieure est fréquemment tendue « en rideau » et la valve postérieure présente un excès de hauteur, ce qui engendre une zone de coaptation très antérieure, proche du septum. Cela augmente la sensibilité à la force de poussée du flux sanguin et favorise le SAM. L’analyse morphologique de la valve mitrale ainsi que de l’appareil sous-valvulaire par IRM apporte également d’autres éléments d’imLe Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XIX portance, notamment la présence de cordages anormaux allant de la grande valve au septum interventriculaire, un positionnement trop antérieur des piliers, voire leur « agglutinement » à la paroi ventriculaire. Ces derniers points sont rares mais favorisent grandement le SAM, et ce indépendamment de l’épaisseur du septum. [14] La présence d’un angle plus aigu entre la chambre de chasse du ventricule gauche et l’aorte, ce qui est très fréquent parmi la population porteuse d’une CHO, rend l’ensemble des facteurs précédemment mentionnés potentiellement plus important dans la création de l’obstruction sous-aortique et du SAM. Au final, la physiopathologie de la CHO est complexe car elle s’explique par l’interaction de facteurs liés au septum interventriculaire et à la valve mitrale elle-même (et plus rarement à l’appareil sousvalvulaire) le tout en présence d’un angle ventriculo-aortique plus aigu que dans la population générale. L’analyse précise de ces différents facteurs et de l’éventuelle prédominance de l’un par rapport à l’autre permet de préciser le traitement chirurgical. Matériel et Méthode Approche chirurgicale La chirurgie se déroule en plusieurs temps opératoires. Tout d’abord, le temps transaortique. On réalise initialement une aortotomie en crosse de hoquet verticale. À travers la valve aortique, on voit le septum membraneux et le septum musculaire. On procède à la résection du septum musculaire, sur une hauteur d’approximativement 3 cm et sur une largeur de 2 à 3 cm. On ferme ensuite l’aortotomie par deux hémi-surjets de Prolène 4/0. Durant la deuxième phase opératoire, le temps mitral, on aborde la valve mitrale par voie atriale gauche, dans le sillon de Sondergaard. On désinsère ensuite la valve antérieure d’une commissure à l’autre et l’on se retrouve sur le septum interventriculaire à l’endroit où est arrivée l’excision par voie aortique. On peut donc poursuivre aisément cette excision septale étant donné que le septum se situe directement devant nous, en allant quasiment jusqu’à la pointe du cœur, de façon à réduire l’hypertrophie. Ensuite on reconstruit la valve mitrale antérieure. Pour ce faire nous utilisons un patch losangique de péricarde autologue traité à la glutharaldhéyde 0,6 % en extemporanée pendant 10 minutes, d’une hauteur de 3,0 à 3,5 cm et faisant toute la largeur de l’anneau antérieur. On suture ce patch d’abord sur la zone de l’anneau désinséré de la valve, puis au niveau du tissu valvulaire lui-même, d’une commissure à l’autre. Ceci va permettre d’agrandir drastiquement, c’est-à-dire de pratiquement doubler, la surface antérieure valvulaire antérieure de façon à ce qu’en systole, elle ballonise dans l’oreillette gauche et s’éloigne ainsi du septum. Ceci contribue à déplacer la zone de coaptation postérieurement, hors de l’influence du flow drag. En ce qui concerne la valve postérieure, le principe est de créer une XIX 20/05/2014 17:51 Les cardiomyopathies hypertrophiques restriction et ainsi d’en limiter l’excursion. Cela peut être réalisé, en cas d’excès en hauteur, par désinsertion de la valve postérieure au niveau de l’anneau, résection d’un patch losangique et resuture par un surjet passé (faux sliding). En l’absence d’excès tissulaire portant sur l’un des segments de la valve, on ajoute des cordages artificiels en Gore-Tex, qui vont attirer la valve postérieure vers le ventricule et ainsi la transformer en véritable mur postérieur. La dernière étape de l’intervention consiste à implanter un anneau mitral de la plus grande taille possible, afin de figer l’orifice mitral en position diastolique, maintenir la zone de coaptation postérieurement et ainsi rendre la valve antérieure insensible à la force de poussée du flux sanguin, ce qui corrige l’insuffisance mitrale. Figure 1. Vue échographique pré-opératoire en systole. Patient porteur d’une CHO avec fuite mitrale sévère et SAM. Caractéristiques des patients et résultats Entre mars 2010 et novembre 2013, huit patients ont été opérés de cette pathologie au Centre Cardio-Thoracique de Monaco. Tous les malades présentaient une cardiomyopathie hypertrophique obstructive sévère avec des symptômes de classe 3 ou 4 (selon la NYHA), sous traitement médical maximal. Deux d’entre eux ont été évalués par test d’effort, interrompu pour une diminution de la pression artérielle de plus de 20 mmHg Les opérations ont été réalisées sous circulation extracorporelle, en hypothermie à 32°C, avec un clampage aortique durant l’entièreté de la procédure. La durée moyenne du clampage aortique est de 131 minutes. L’échographie cardiaque postopératoire immédiate démontre une absence de fuite mitrale et une disparition complète du SAM chez tous les patients. Les contrôles échographiques réalisés à la sortie d’hôpital, à 4 semaines et à distance de l’intervention démontrent une amélioration spectaculaire du gradient intraventriculaire. Trois patients ont nécessité l’implantation d’un pace maker pour bloc auriculo-ventriculaire complet et deux ont présenté des communications interventriculaires au niveau du septum musculaire haut. Le premier a bénéficié d’une réparation directe, en cours d’intervention, et le deuxième de l’implantation d’une prothèse « Muscular VSD Occluder » 14 mm, au 10e jour postopératoire. Aucun décès n’est survenu. Commentaires et conclusion D’excellents résultats hémodynamiques sont obtenus par cette technique comme en témoignent les contrôles échographiques réalisés durant la période postopératoire immédiate mais également lors des contrôles de suivi. Notre follow-up est actuellement court mais l’utilisation de techniques classiques de plastie mitrale, qui ont prouvé leur durabilité par ailleurs, [15] garantit la constance dans le temps des valeurs hémodynamiques relevées. Cette technique présente l’avantage de traiter les deux principaux aspects de la physiopathologie de la CHO associée à un SAM, à savoir le problème valvulaire et le problème septal. Du point de vue septal, elle permet d’avoir une résection complète du septum, qui se trouve devant l’opérateur du XX FMC372v1.indd XX Figure 2. Vue échographique postopératoire en systole. Elargissement de la chambre de chasse du ventricule gauche et déplacement postérieur de la coaptation mitrale, sans fuite résiduelle. fait de l’abord atrial, allant de la portion supérieure de celui-ci, qui a été initié par voie aortique, au pied des piliers. D’un point de vue valvulaire, l’agrandissement de la valve antérieure et la restriction de la valve postérieure permettent de déplacer la zone de coaptation vers l’arrière, en dehors de l’influence du flow drag. Le traitement simultané de la valve mitrale et du septum interventriculaire permet de compléter la cure chirurgicale, par rapport à une septomyectomie élargie seule, et de répondre de manière adaptée, aux différents types de CHO qu’il y ait prédominance du facteur septal ou du facteur valvulaire. En comparant la chirurgie à l’alcoolisation septale, on constate que les deux procédures diminuent substantiellement l’obstruction de la chambre de chasse du ventricule gauche. Cependant la chirurgie permet une réduction plus importante et qui se maintient dans le temps sur plusieurs décennies. Plus précisément, on constate avec l’alcoolisation septale l’absence de diminution suffisante du gradient (défini par une diminution de moins de 50 % par rapport au gradient initial) chez 10 à 15 % des patients et même jusque 25 % dans certains sous-groupes spécifiques. [16] Différents facteurs peuvent être Le Cardiologue 372 – Mai 2014 20/05/2014 17:51 Cardiomyopathie Hypertrophique Obstructive à l’origine de ces résultats insuffisants : une variabilité anatomique défavorable (territoire trop petit ou trop grand dépendant de la première septale) ; l’impossibilité de cette technique de corriger la composante valvulaire de la CHO ; l’incapacité de réduire un obstacle médioventriculaire ou directement sous-aortique. [17] L’alcoolisation septale engendre, par définition, une cicatrice liée au remodelage post-infarctus qui occupe généralement un tiers du septum et 10 % de la masse ventriculaire gauche totale. Cette cicatrice est à l’origine d’arythmie ventriculaire maligne survenant essentiellement pendant la période postinterventionnelle précoce chez environ 10 % des patients. Par opposition, il n’y a pas de majoration du risque d’arythmie après chirurgie. La mortalité postopératoire, liée à ces deux procédures, est basse, de l’ordre de 1 % pour la chirurgie réalisée dans les centres expérimentés et d’environ 2 % pour l’alcoolisation septale. Le nombre de pacemakers postopératoires est moins important avec la chirurgie (3 % des malades), mais celle-ci est également responsable de 1 % de Communication Inter-Ventriculaire (CIV). La mortalité postopératoire de cause cardiaque chez une population opérée du CHO ne devrait pas dépasser respectivement 1 %, 2 % et 5 % à 1 an, 5 ans et 10 ans. [18] Elle ne diffère donc pas de celle observée dans une cohorte correspondante de la population générale, et reste inférieure à celle observée chez les patients atteins de CHO qui ont bénéficié d’un traitement autre que chirurgical. Le suivi des patients ayant bénéficié d’un traitement percutané est actuellement insuffisant pour juger de leur évolution à long terme. Tableau 1. Caractéristiques cliniques Patient 1 SAM Sévérité de la régurgitation mitrale Patient 2 Patient 3 Patient 4 Patient 5 Patient 6 Patient 7 Patient 8 Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Oui Non Modérée 0 Sévère 0 Sévère 0 0 Sévère 0 Sévère 0 Sévère 0 Sévère Minime Sévère Septal Asymétrique septal Concentrique Septal Concentrique Asymétrique septal Septal Antéro-septal Fibrose ventriculaire Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Non Hauteur de la VMA (mm) Hauteur de la VMP (mm) 31 20 29 27 29 18 34 20 33 21 26 17 35 25 30 22 Type de CHO Gradient dynamique maximal (mmHg) 75 EDVI (ml/m²) ESVI (mlm²) Volume OG indexé (ml/m²) Fraction d’éjection (%) Masse ventriculaire (g/m²) NS 80 58 21 50 65 91 NS 55 90 30 115 67 119 NS 96 46 14 34 69 79 NS 60 91 31 60 66 169 NS 50 93 26 105 72 153 NS 50 65 17 60 76 112 NS 120 NS 55 24 60 55 93 115 27 100 77 108 Patient 7 Patient 8 CHO : cardiopathie hypertrophique obstructive EDVI : end diastolic volume index ESDI : end systolic volume index NS : non significatif SAM : systolic anterior motion VMA : valve mitrale antérieure VMP : valve mitrale postérieure Tableau 2. Evaluation paraclinique Patient 1 Patient 2 Patient 3 Patient 4 Patient 5 Patient 6 Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Préop. Postop. Classe fonctionnelle NYHA 3 1 4 1 3 1 3 1 3 1 4 1 4 1 3 1 Traitement par β-bloqueurs Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Oui Fibrillation auriculaire Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Non Fibrillation auriculaire paroxystique Non Non Non Non Non Oui Non Oui Non Non Non Non Non Non Non Non FC au repos (bpm) 65 80 60 80 50 85 55 85 80 75 60 80 75 75 80 75 FC à l’effort (bpm) 125 - - - 97 - - - - - - - - - - - FC : fréquence cardiaque NYHA : New-York Heart Association Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XXI XXI 20/05/2014 17:51 Les cardiomyopathies hypertrophiques Tableau 3. Données opératoires et postopératoires précoces Durée CEC (min) Temps de clampage (min) CIV per-opératoire PCMK postopératoire Décès postopératoire Procédures supplémentaires Patient 1 Patient 2 Patient 3 Patient 4 Patient 5 Patient 6 Patient 7 Patient 8 137 78 Non Oui Non Oui (1) 365 252 Oui Non Non Oui (2) 127 105 Oui Oui Non Oui (3) 247 214 Non Oui Non Oui (4) 115 99 Non Non Non Non 131 106 Non Non Non Non 76 64 Non Non Non Non 151 135 Non Non Non Non CEC : circulation extra-corporelle CIV : communication inter-ventriculaire PCMK : pacemaker (1) Décalcification de l’anneau mitral postérieur. (2) Annuloplastie tricuspide, réparation de la CIV par voir sous-tricuspidienne, triple pontage aorto-coronaire, décalcification de l’anneau mitral postérieur. (3) Fermeture d’une CIV musculaire par voie percutanée (Muscular VSD occluder 14 mm à J 10). (4) Plastie valvulaire aortique. À l’heure actuelle la chirurgie reste le « gold standard » thérapeutique de la CHO pour la plupart des patients sévèrement symptomatiques (NYHA de classe 3 ou 4), résistants à un traitement médical maximal et présentant un gradient intraventriculaire supérieur ou égal à 50 mmHg au repos ou à l’effort. Plus spécifiquement, l’American College of Cardiology, l’American Heart Association et la European Society of Cardiology recommandent de manière univoque la chirurgie comme traitement spécifique pour cette catégorie de patients. [16] L’alcoolisation septale est une alternative utile pour les candidats jugés suboptimaux à un traitement chirurgical en raison d’une forte comorbidité, d’un âge avancé ou d’un refus de subir une intervention chirurgicale. [19] En conclusion, la CHO est une maladie complexe ayant une composante valvulaire et septale. Pour un patient donné, il existe selon nous une prédominance de l’une de ces composantes par rapport à l’autre. En poursuivant ce raisonnement, il existe vraisemblablement des malades ayant une CHO presque entièrement valvulaire (septum modérément épaissi et cavité ventriculaire de volume conservé) et qui pourraient ainsi bénéficier d’une plastie mitrale seule. Néanmoins pour la plupart d’entre eux le traitement idéal devrait comprendre un temps valvulaire et un temps septal. ■ RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Dulguerov F., Legrand V., Radermecker M. Options interventionnelles en matière de traitement moderne de la cardiomyopathie hypertrophique obstructive. Rev Med Liège 2011;66:1:13-17. [2] Nishimura R.A., Holmes D.R. Hypertrophic Obstructive Cardiomyopathy, The New England Journal of Medecine 2004;350;13. [3] Noureldin R.A., Liu S., Nacif M.S. et al. The diagnosis of hypertrophic cardiomyopathy by cardiovascular magnetic resonance. Journal of Cardiovascular Magnetic Resonance 2012, 14:17. [4] Maron B.J., McKenna W.J., Danielson G.K. et al. 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En effet, il était logique de penser qu’une circulation de suppléance, même de moins bonne qualité que la circulation native devait diminuer la taille de l’infarctus en cas d’occlusion coronaire, préserver au long cours la fonction ventriculaire gauche et diminuer la fréquence des crises d’angor. [1] Cet effet protecteur était cependant encore discuté jusqu’à une date récente. [2] Ces résultats contradictoires pouvaient être expliqués par le fait que, jusqu’à récemment, on ne savait pas bien diagnostiquer et quantifier la présence d’une circulation collatérale. En effet, on ne disposait que d’une évaluation angiographique reposant sur la classification de Rentrop (figure 1) : [3] ■ Grade 0 : Pas de remplissage visible des artères collatérales. Grade 1 : Collatérales faiblement visibles mais n’atteignant pas l’artère coronaire sténosée. ■ Grade 2 : Collatérales visibles avec remplissage rétrograde partiel de l’artère épicardique coronaire sténosée. ■ Grade 3 : Collatérales visibles avec remplissage total de l’artère épicardique coronaire sténosée. Or, comme pour toute circulation artérielle, l’immense majorité de l’arbre vasculaire coronaire est « microvasculaire », de diamètre inférieur à la résolution spatiale de la coronarographie qui est d’environ 0,2 mm (figure 2). [4] Ainsi, cette évaluation de l’importance de la circulation collatérale avait deux gros défauts : d’une part elle était anatomique et pas fonctionnelle (et toutes les études qui portent sur le pronostic du patient coronarien stable nous ont bien démontré que la sévérité des lésions coronaires « macrovasculaires », telle que visible à la coronarographie n’est pas plus importante que la fonction, c’est-à-dire l’existence ou non d’une is■ Artères épicardiques Occlusion de l’interventriculaire antérieure Coronaire droite Artères collatérales visibles à la coronarographie Artères collatérales invisibles à la coronarographie Réseau collatérale Figure 1. Classification de Rentrop : ici collatéralité de grade 3. Le Cardiologue 372 – Mai 2014 FMC372v1.indd XXIII Figure 2. La circulation collatérale est « macro » et « micro » Radiographie ex vivo vasculaire. XXIII 20/05/2014 17:51 chémie) et, d’autre part, elle était angiographiquement rudimentaire. La recherche clinique a spectaculairement progressé à la fin des années 1990, lorsqu’on a pu mettre au point une méthode de mesure quantitative précise du flux sanguin visible ou non, micro ou macrovasculaire, provenant de cette circulation collatérale : il s’agit de la mesure de l’Indice de Flux Collatéral (IFC) mesuré par guide de pression. La mesure de cet IFC ne peut se réaliser que dans le cadre de protocole de recherche clinique : il faut en effet réaliser conjointement un cathétérisme droit et gauche, mesurer la Pression Veineuse Centrale (PVC) et la Pression Aortique (PAO) ainsi que la pression coronaire distale d’occlusion (Poccl), c’est-à-dire la pression coronaire en aval d’un ballon d’angioplastie gonflé à deux atmosphères occluant une coronaire. Ainsi, la Poccl ne peut provenir que de la circulation coronaire collatérale (figure 3). On peut alors calculer l’IFC : Poccl – PVC Pao - PVC On estime qu’une circulation collatérale est bien développée lorsque l’IFC est > 0,25. Une étude prospective réalisée à très large échelle (845 patients) a eu des résultats très clairs : d’une part, l’IFC > 0,25 n’est présent que chez ¼ des patients coronariens stables et, d’autre part, cet IFC Figure 3. Mesure de l’index de flux collatéral. A Mise en place d’un guide de pression distale et occlusion de l’artère coronaire par ballonnet d’angioplastie. B Détermination de l’IFC (Indice de Flux Collatéral) par les courbes de pression. A B Occlusion artérielle transitoire par ballonnet Après occlusion coronaire Avant ECG Cathéter guide pour mesure PAO Pression aortique Guide de pression pour mesure de Poccl CVP Pression d’occlusion Pression veineuse centrale CVP : Pression veineuse PAO : Pression dans l’Artère Aortique Poccl : Pression dans l’artère occluse Nette chute de la pression coronaire d’occlusion après gonflage du ballon (avec sus-décalage* de ST à l’ECG) signifiant l’absence de collatérales. Mortalité totale 1 Temps de survie cumulée Temps de survie cumulée Figure 4. L’existence d’une circulation collatérale coronaire bien développée (IFC ≥ 0,25) s’accompagne d’une nette amélioration pronostique. [5] 9 Mortalité cardiovasculaire 1 p = 0,0109 9 p = 0,0395 8 8 CFI < 0,25 CFI ≥ 0,25 7 0 20 40 7 60 80 100 120 140 Temps de suivi (mois) 0 XXIV FMC372v1.indd XXIV 20 40 60 80 100 120 140 Temps de suivi (mois) Le Cardiologue 372 – Mai 2014 O l i té i ll 20/05/2014 17:51 de la circulation collatérale coronaire par divers moyens thérapeutiques : l’utilisation de facteurs de croissance donne pour l’instant des résultats incertains, [7] et la contrepulsion externe est difficilement utilisable en pratique quotidienne. [8] L’efficacité du reconditionnement à l’effort semble s’expliquer au moins en partie par la création d’artères coronaires collatérales. [9] Une des hypothèses explicatives serait que la baisse de la fréquence cardiaque de repos qu’il entraîne augmenterait le « shear stress » (ou forces de cisaillements), en allongeant le temps de perfusion diastolique, ce qui stimulerait l’artériogénèse par amélioration de la fonction endothéliale. ■ Zoom sur… élevé s’accompagne d’une très nette amélioration du pronostic exprimé en mortalité totale et cardiovasculaire à 10 ans (figure 4). [5] Les auteurs concluent que l’existence d’une circulation collatérale de qualité, recrutable lors d’une brève occlusion coronaire « sauve des vies » chez les patients coronariens stables. Ces résultats ont été confirmés par une large méta-analyse dont l’intérêt supplémentaire essentiel est de démontrer que ce bénéfice pronostique est indépendant de l’existence ou non d’une éventuelle revascularisation (figure 5). [6] Dès lors, des tentatives ont été effectuées afin de stimuler la croissance Figure 5. L’amélioration pronostique liée à la collatéralité est indépendante d’une éventuelle revascularisation. [6] Collatérale importante événements Etude Collatérale faible événements RR Thrombolise IC95 1,82 [1,12 ; 2,96] Pas d’angioplastie 0,57 [ 0,22 ; 1,47] 0,13 [0,01 ; 1,95] 0,96 [0,28 ; 3,26] 0,73 [0,51 ; 1,05] 0,70 [0,51 ; 0,97] Angioplastie Perez-Castellano Antioniucci Monteiro Meier Regieli Desch 65 264 35 226 263 69 Random 3220 5 11 4 25 2 2 115 900 35 586 616 166 26 80 6 170 4 13 0,64 [0,45 ; 0,91] 3309 Heterogeneity: I =66,5 % ; o = 0,2097 ; p = 0,0006 Interaction p value of moderator variable “tratment” < 0,001 2 0,34 [0,14 ; 0,84] 0,47 [0,25 ; 0,87] 0,67 [0,21 ; 2,16] 0,38 [0,26 ; 0,56] 1,17 [0,22 ; 6,35] 0,37 [0,09 ; 1,60] 0,42 [0,32 ; 0,56] 2 0,2 0,5 Mortalité plus basse 1 2 5 Mortalité plus haute Avec collarité importante RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Sabia PJ, Powers ER, Ragosta M, Sarembock IJ, Burwell LR, Kaul S. 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[9] Schuler G, Adams V, Goto Y. Role of exercise in the prevention of cardiovascular disease: results, mechanisms, and new perspectives. Eur Heart J. 2013;34(24):1790-9. XXV 20/05/2014 17:51 Pour communiquer au mieux auprès des cardiologues, il faut connaître parfaitement leurs souhaits : cerner l’état de leurs connaissances, discerner leurs attentes et choisir avec vous la meilleure voie, pour leur faire partager les informations nouvelles, tirées des études et des grands congrès. Tel est le chemin que Le Cardiologue vous propose en tant qu’industriel du monde de la Santé de parcourir ensemble, dans un partenariat FODLUHPHQWGp¿QLDXVHLQG¶XQFDKLHUGHVFKDUJHVSUpDODEOH pour la réalisation d’un supplément ou d’une édition spéciale de la revue. Contact François Bondu - Tél.: 06 86 46 09 85 13 rue Niepce – 75014 Paris Tél.: 01 45 43 70 76 www.lecardiologue.fr FMC372v1.indd XXVI Visuel vert 210x270 indd 1 www.fnps.fr 45-47 rue d’Hauteville – 75010 Paris Tél.: 01 47 70 00 96 www.regifax.fr 20/05/2014 19/05/2014 17:51 11:01 s 1:01 FMC372v1.indd XXVII 20/05/2014 17:51 FMC372v1.indd XXVIII 20/05/2014 17:51