FICHE PRATIQUE FICHE PRATIQUE FICHE Echocardiographie d’effort et CMH - évaluation pronostique - suivi clinique ou thérapeutique. Thierry LE TOURNEAU C.H.U. de NANTES, Institut du Thorax [email protected] Contre-Indications de l’échocardiographie d’effort - Patient en insuffisance cardiaque stade IV de la NYHA - Obstruction sous aortique sévère symptomatique - Troubles du rythme ventriculaires sévères à l’effort L e bilan de la cardiomyopathie hypertrophique (CMH) repose de façon classique sur l’ECG, le Holter ECG, l’Epreuve d’effort et l’Echocardiographie de repos1. De nos jours, l’IRM cardiaque et l’échocardiographie d’effort viennent compléter ce bilan. L’intérêt de l’échocardiographie d’effort est particulièrement évident dans cette cardiopathie complexe où les symptômes ont de multiples causes. L’échocardiographie d’effort trouve son utilité non seulement dans le bilan initial mais également lors du suivi des patients. Indications de l’échocardiographie d’effort L’échocardiographie d’effort est un examen physiologique qui associe les avantages de l’épreuve d’effort conventionnelle et d’une échocardiographie réalisée pendant l’effort. L’échocardiographie d’effort devrait en ce sens être systématique lors du bilan initial de toute CMH. L’écho d’effort va permettre de juger du caractère symptomatique ou asymptomatique du patient porteur de CMH, de déterminer l’origine des symptômes et va par conséquent guider la mise en place d’une théra- peutique adaptée. Au-delà du bilan initial l’écho d’effort permet de suivre l’évolution des symptômes, de leur cause, et donc l’efficacité de la thérapeutique. L’écho d’effort permet, comme l’épreuve d’effort conventionnelle, de juger de l’adaptation tensionnelle et de la survenue de troubles du rythme, et a donc un intérêt pronostic. Elle permet enfin d’apprécier la capacité fonctionnelle du patient. Les indications qui en découlent sont donc : - bilan initial - recherche de la cause d’un symptôme inexpliqué L’écho d’effort est un examen clé dans la CMH Le simple port d’un défibrillateur ne constitue pas en soi une contreindication à la réalisation d’une échocardiographie d’effort. Le défibrillateur devra être inhibé si le patient réalise une échocardiographie d’effort sans traitement bradycardisant. Modalités pratiques de réalisation de l’échocardiographie d’effort (Fig. 1) - L’examen sera réalisé sans traitement chez les nouveaux patients, mais sous leur traitement habituel chez les autres patients, sauf indication particulière. Figure 1 Echocardiographie d’effort. Le patient est installé sur un cyclo-ergomètre en position semi-couchée, incliné vers la gauche, l’échocardiographiste étant situé à la gauche du patient. Une surveillance par ECG 12 dérivations est réalisée pendant tout l’effort. La mesure de la TA à l’effort devra être manuelle. /¡."*t33 FICHE PRATIQUE FICHE PRATIQUE FICHE PR - Un ECG complet sera réalisé régulièrement pendant toute la durée de l’effort. Les électrodes seront positionnées de façon à ne pas gêner l’examen échocardiographique. - Tension artérielle : la TA pourra être prise initialement de façon automatique mais devra être mesurée manuellement dès que l’effort devient important du fait du manque de fiabilité de la plupart des tensiomètres automatiques à l’effort. - Une échocardiographie de repos complète sera réalisée idéalement en décubitus. Le patient sera ensuite installé le plus confortablement possible sur un cyclo-ergomètre en position semi-couchée, incliné vers la gauche pour permettre un examen plus aisé en échocardiographie pendant l’effort. L’échocardiographiste se placera en général à gauche du patient et travaillera donc de la main gauche. - L’analyse de la fonction VG pourra faire appel à un logiciel de stress. Les autres paramètres étudiés pourront être capturés en sortant transitoirement du programme de stress. - L’effort sera débuté à une charge modérée (30-50 W) pendant 3 minutes avec une incrémentation moyenne de 10 W par minute ensuite chez la plupart des patients (paliers de 10 W/min ou 20 W/2 min par exemple). Une incrémentation plus rapide pourra être proposée chez certains patients. - L’effort sera arrêté lorsque le patient est épuisé, ou en cas de douleur thoracique, de malaise, ou encore de trouble du rythme ventriculaire. Paramètres étudiés par l’échocardiographie d’effort. (Tableau) - Evolution de la tension artérielle (TA) à l’effort. Une augmentation de la TA < 20 mm Hg entre le début et le pic de l‘effort, ou une diminution de la TA ≥ 20 mmHg entre la valeur- 34t."*/¡ maximale de TA en cours d’effort et la fin de l’effort est un facteur pronostic péjoratif2. - Fréquence et rythme cardiaque. La fréquence cardiaque est souvent limitée par le traitement béta-bloquant. La survenue de troubles du rythme supra-ventriculaire ou ventriculaire (TV) est rare au cours de l’échocardiographie d’effort. Parmi 263 patients porteurs de CMH ayant réalisé un test d’effort 3% des patients ont présenté un trouble du rythme supra-ventriculaire en cours d’effort, 4,2% des patients une TV non soutenue, et seulement 0,4% (1 patient) une TV soutenue3. - L’analyse de la repolarisation et en particulier la recherche d’un sousdécalage du segment ST est d’intérêt discuté. Il pourrait être associé à un profil péjoratif des patients porteurs de CMH. Par contre la constatation d’un sous-décalage de ST est clairement pathologique et aura une grande valeur diagnostic dans un contexte d’hypertrophie chez un sportif. - La capacité fonctionnelle du patient sera appréciée par la puissance maximale atteinte (en Watts). Cette puissance maximale est généralement inférieure de 10 à 20 W à celle observée en position debout ou assise. Elle permet de juger du retentissement fonctionnel de la cardiopathie. - Les symptômes au pic de l’effort, et en particulier le motif d’arrêt de l’effort déterminé par le patient, sont importants à considérer. La raison d’arrêt de l’effort sera au mieux cotée sur une échelle de 1 à 10 par le patient lui-même en évaluant séparément la dyspnée et la fatigue des membres inférieurs. - L’adaptation du ventricule gauche (VG) à l’effort sera évaluée comme dans toute cardiopathie, à la recherche d’anomalies de cinétique segmentaire pouvant signer une atteinte des gros troncs coronaires ou une atteinte microvasculaire. Une altération globale de la cinétique VG à l’effort témoigne d’un défaut de réserve contractile liée soit à l’altération intrinsèque de la contractilité ECG : -Fréquence cardiaque -Rythme -Sous décalage de ST Profil TA d’effort VG -Cinétique segmentaire -FE VG Obstruction -Siège -Gradient max -Moment de survenue (effort, récupération) -Evolution de l’obstruction Insuffisance Mitrale -Mécanisme -Grade Pression pulmonaire systolique Capacité fonctionnelle Symptômes, Cause d’arrêt de l’effort myocardique soit à l’existence d’une obstruction sous aortique. - En l’absence d’obstruction de repos, la survenue d’une obstruction sous aortique et/ou médio-VG sera systématiquement recherchée à l’effort chez tout patient porteur de CMH. Le diagnostic d’obstruction repose sur l’enregistrement d’un gradient maximal ≥ 30 mmHg1 avec un aspect de pic tardif. L’existence d’un mouvement systolique antérieur incomplet de la valve mitrale (SAM) prédit le développement d’une obstruction d’effort (Fig. 2)4. Figure 2 L’existence d’un SAM valvulaire ou sousvalvulaire incomplet au repos (flèche) prédit le développement d’une obstruction significative à l’effort. Une obstruction significative d’effort peut cependant apparaître en l’absence de tout SAM ou anomalie mitrale au repos. ATIQUE FICHE PRATIQUE FICHE PRATIQUE Une obstruction significative d’effort peut cependant apparaître en l’absence de tout SAM ou anomalie mitrale au repos (Fig.3). Cette obstruction peut survenir pendant l’effort, mais peut apparaître ou atteindre son pic en récupération précoce. Elle devra donc être recherchée pendant toute la durée de l’effort et durant 6 minutes en récupération. Des données récentes ont démontré que l’obstruction sous aortique est un élément majeur de la CMH, retrouvé chez 50 à 70% des patients à l’effort contre seulement 30 à 35% au repos. Cette obstruction d’effort ou obstruction latente est responsable de dyspnée, lipothymie, syncope ou douleurs thoraciques5,6. La mesure du gradient d’obstruction est difficile à l’effort et sera réalisée par voie apicale 5 cavités ou 3 cavités. Il existe fréquemment une superposition à l’effort entre le flux d’obstruction sous aortique et un jet de régurgitation mitrale passant sous la valve antérieure pour venir longer le septum inter-atrial. Le flux d’obstruction présente un pic plus tardif que le jet de régurgitation mitrale et n’excède pas en général 7 m/s (Fig.4). -Une insuffisance mitrale sévère est retrouvée chez moins de 10% des patients porteurs de CMH. L’insuffisance mitrale est le plus souvent liée à l’obstruction sous aortique et au mouvement systolique antérieur de la valve mitrale (SAM). Cette insuffisance mitrale est aggravée à l’effort mais n’est pas prédictive de la capacité fonctionnelle et n’est pas associée au risque de décès ou d’insuffisance cardiaque. L’insuffisance mitrale est en général excentrée, longeant la face atriale de la valve postérieure puis la paroi inféro-latérale de l’oreillette gauche. Il peut exister un second jet, moins important mais très fréquent à l’effort passant sous la valve antérieure et longeant le septum inter-atrial. -Enfin la pression pulmonaire systolique sera évaluée à l’effort par le flux de régurgitation tricuspide et la compliance de la veine cave inférieure. Figure 3 Patient de 23 ans présentant des anomalies de l’ECG de repos. A) Aspect d’hypertrophie apico-latérale (*), absence de SAM au repos (flèche). B) Apparition d’un SAM typique à l’effort (flèche) avec une obstruction sévère (gradient maximal 100 mm Hg). Figure 4 Superposition des flux d’obstruction sous aortique et d’insuffisance mitrale. RÉFÉRENCES .BSPO#+.D,FOOB8+%BOJFMTPO(,FUBM"NFSJDBO$PMMFHFPG$BSEJPMPHZ&VSPQFBO 4PDJFUZPG$BSEJPMPHZDMJOJDBMFYQFSUDPOTFOTVTEPDVNFOUPOIZQFSUSPQIJDDBSEJPNZPQB UIZ " SFQPSU PG UIF "NFSJDBO $PMMFHF PG $BSEJPMPHZ 'PVOEBUJPO 5BTL 'PSDF PO $MJOJDBM &YQFSU $POTFOTVT %PDVNFOUT BOE UIF &VSPQFBO 4PDJFUZ PG $BSEJPMPHZ $PNNJUUFF GPS 1SBDUJDF(VJEFMJOFT+"N$PMM$BSEJPM 4BEPVM/1SBTBE,&MMJPUU1.FUBM1SPTQFDUJWFQSPHOPTUJDBTTFTTNFOUPGCMPPEQSFT TVSFSFTQPOTFEVSJOHFYFSDJTFJOQBUJFOUTXJUIIZQFSUSPQIJDDBSEJPNZPQBUIZ$JSDVMBUJPO %SJOLP+,/BTI1+-FWFS).FUBM4BGFUZPGTUSFTTUFTUJOHJOQBUJFOUTXJUIIZQFSUSPQIJD DBSEJPNZPQBUIZ"N+$BSEJPM ;ZXJDB,+FOOJ31FMMJLLB1"FUBM%ZOBNJDMFGUWFOUSJDVMBSPVUGMPXUSBDUPCTUSVDUJPO FWPLFECZFYFSDJTFFDIPDBSEJPHSBQIZQSFWBMFODFBOEQSFEJDUJWFGBDUPSTJOBQSPTQFDUJWF TUVEZ&VS+&DIPDBSEJPHS .BSPO .4 0MJWPUUP * ;FOPWJDI "( FU BM )ZQFSUSPQIJD DBSEJPNZPQBUIZ JT QSFEPNJ OBOUMZBEJTFBTFPGMFGUWFOUSJDVMBSPVUGMPXUSBDUPCTUSVDUJPO$JSDVMBUJPO 4IBI+4&TUFCBO.55IBNBO3FUBM1SFWBMFODFPGFYFSDJTFJOEVDFEMFGUWFOUSJDVMBS PVUGMPXUSBDUPCTUSVDUJPOJOTZNQUPNBUJDQBUJFOUTXJUIOPOPCTUSVDUJWFIZQFSUSPQIJDDBS EJPNZPQBUIZ)FBSU /¡."*t35