Procès en appel sur les Hormones de Croissance Contaminées
Mercredi 13 octobre 2010
MCJ-HCC
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Témoin, Michel Keller, 63 ans, retraité, technicien en biochimie à Pasteur, puis en micro informatique à
Pasteur.
J’ai commencé en septembre 1973 à Pasteur. Les techniques ont évolué mais il n’y a pas eu d’énorme changement,
sauf dans les conditions de travail. Au début nous avions seulement un local et une chambre froide partagée. Le
dimère n’a pas un rendement extraordinaire et l’activité biologique est relativement mauvaise. Au début les
hypophyses étaient soigneusement préparées. Ensuite, il y avait moins de précautions. Si elles étaient impropres,
j’éliminais les membranes encore existantes, les petits morceaux d’os, sur la paillasse en chambre froide mais
parfois en température ambiante. Elles devenaient purifiables. Lors du broyage et de la centrifugation, nous
retrouvions les restes pas propres.
Le président Wacogne demande au témoin, malade, s’il préfère continuer ou s’arrêter et reprendre après le repas.
Keller répond qu’il prend des médicaments le matin et le soir donc en ce moment il va très bien, donc faites ce que
vous voulez.
L’audience est suspendue, pour le repas. M Keller parle avec Dray et sa femme, et les avocats. Lorsqu’il
revient à la barre ce n’est pas tout à fait le même homme. La leçon a été apprise. Malgré tout un incident
va intervenir.
Le procureur : Lorsque vous traitiez les hypophyses douteuses pour les essais scientifiques, c’était avec le même
matériel ?
Keller : Non, avec du matériel différent
Le procureur relit la déposition en 1ère instance qui dit le contraire
Keller : Le matériel de tamisage était différent
(Il revient en arrière. Me Leclerc, entre deux assoupissements,
râle tout haut parce qu’on embête le témoin, malade)
Le procureur : Et le nettoyage dont vous avez parlé ce matin, qui vous a donné l’ordre de le faire (membranes, os…)
Keller : Je n’ai pas de souvenir
Le procureur : Et les hypophyses coupées et les sales, F Dray les a vu ?
Keller : Oui je lui ai montré
Le procureur : Est-ce que l’on vous a dit que Montagnier parlait de risque de MCJ
Keller : Oui
Le procureur à F Dray : Comprenez ma colère. Est-ce que M Keller dit vrai ?
F Dray : NON, Il y a eu « télescopage mémoriel » chez Keller. Il ne se souvient plus, il confond.
(ce que je veux
dire par là c’est…est une phrase qu’il emploie très souvent, pour expliquer et compliquer en fait les choses…)
Témoin, Joëlle Chabry, 46 ans, directeur de recherche sur le prion à l’INSERM Antipolis.
(Jeune femme -par rapport aux autres intervenants- pétillante, en jean, santiag, plaisantant avec le
Président et le procureur, pleine d’humour, mais sachant ce qu’il faut dire)
J’ai beaucoup de choses à dire. Elle va dire les phrases suivantes :
La décision de mélanger le monomère et le dimère n’est pas gênant pour l’infectuosité.
Prélever des hormones sur des personnes âgées n’est pas une bonne idée, malgré tout des personnes de 40 ans
peuvent avoir des gènes de MCJ.
Depuis 1982/1983, on sait que le prion est hydrophobe
(il reste collé sur tous les supports, matière plastique,
verre, fer, donc sur les colonnes de chromatologie)
La théorie de Prusiner a été critiquée au début, mais pas l’ensemble de ses travaux.
Fabriquer des médicaments à partir d’extraction humaine est très dangereux.
Dormont a démontré que beaucoup d’injections de petites quantités d’hormones de croissance est plus dangereux
que la même quantité injectée en une seule fois, donc surcontamination si beaucoup d’injections