Prise en charge
de la douleur et de
la fin de vie
L'information
donnée au patient
La personne de
confiance
Depuis la création de l’équipe mobile douleur soins pal-
liatifs (EMDSP) en 2000, la prise en charge de la douleur
s’appuie sur un véritable credo, aché dans tous les ser-
vices : « toute personne qui dit « j’ai mal », a mal, et
je la crois ». Cette conviction partagée structure à tous
les niveaux la prise en charge de la douleur : évaluation
adaptée à la diversité des patients accueillis, protocoles
personnalisés, accès à l’expertise de l’EMDSP, aux consul-
La personne de conance a pour fonction d’accompa-
gner le patient, à sa demande, lors d’entretiens avec
les médecins, aussi bien lors de consultations qu’en cas
d’hospitalisation, et de rapporter la volonté du patient
dans le cas ou celui-ci n’est plus en l’état de s’exprimer. Elle
porte témoignage de la parole du patient et de ses choix.
Son avis prévaut sur tout autre avis non médical, hormis
les directives anticipées. La personne de conance est
amenée à jouer un rôle dans la relation de soins.
Suite à la réalisation d’une EPPP (évalua-
tion des pratiques professionnelles) sur la
personne de conance, une réexion a été
conduite en 2009 par le Comité d’éthique an
d’améliorer la connaissance de ce dispositif
par les professionnels et les patients du CHPM.
La procédure de désignation de personne
de conance a été réactualisée, de
nouveaux formulaires de désignation
et de révocation ont été mis en place
et une campagne de sensibilisation a
été réalisée (achage, réunions d’in-
formations, diusion de dépliants...).
Les établissements de santé garantissent
la qualité de l’accueil, des traitements et
des soins. Ils sont attentifs au soulagement de
la douleur et mettent tout en œuvre pour assurer à
chacun une vie digne, avec une attention particu-
lière à la n de vie.
L’information donnée au patient doit
être accessible et loyale. La personne
hospitalisée participe aux choix théra-
peutiques qui la concernent. Elle peut
se faire assister par une personne de
conance qu’elle choisit librement.
tations de douleur chronique rebelle,
formation des inrmières, aides soignantes,
jeunes médecins, diusion sur l’Intranet de
Recommandations de Bonnes Pratiques.
Dans le domaine de la n de vie, l’EMDSP
assure la promotion et la connaissance
de la loi Leonetti, à travers formations in-
ternes, stas dans les services, conférences
« grand public », en ville ou au sein des lycées.
L’EMDSP participe dans tous les services à des stas,
synthèses, réexions collégiales et avis éthiques autour
des situations de n de vie, construction de projets de
soins, lutte contre les symptômes pénibles, limitations de
traitement, refus de soins, lutte contre l’obstination dé-
raisonnable. Elle coordonne chaque fois que possible le
retour à domicile des patients en soins palliatifs, lorsque
le souhait légitime de pouvoir nir sa vie à la maison est
exprimé. Grâce à ce travail de fond, relayé par chacun
dans les services de soins, la prise en charge dela n de
vie à l’hôpital de Morlaix est repérée comme une pra-
tique d’excellence, cotée « A » par les experts lors de la
visite de certication en décembre 2010.
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Comité d’éthique, EMDSP
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Toute personne a le droit d’être informée sur son état
de santé. L’information porte sur les diérentes in-
vestigations, traitements ou actions de prévention qui
sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs
conséquences, les risques fréquents ou graves norma-
lement prévisibles qu’ils comportent ainsi que sur les
autres solutions possibles et les conséquences prévi-
sibles en cas de refus.
L’obligation d’information n’est pas limitée dans le temps.
Si des risques nouveaux sont identiés, la personne
concernée doit en être informée. L’information doit être
claire, loyale, adaptée.
Il convient d’être vigilant et d’assurer la traçabilité des in-
formations données aux patients. En cas de réclamation
ou de plainte, il incombe en eet à l’établis-
sement d’apporter la preuve de la bonne
délivrance de l’information. La preuve
peut-être apportée par tous moyens :
Mention de l’information et du délai de
réexion dans le dossier patient (dates et
heures des rendez-vous - réaction particu-
lière du patient le cas échéant) ;
Courrier au médecin traitant (mentionnant
la délivrance de l’information) dicté devant
le patient à l’issue de la consultation ;
Formulaire de recueil du consentement
éclairé, complété et signé par le patient
Témoignages…
Etc.
Nécessité
de tracer le
consentement
ET
l’information
délivrée
Référence
Article L1111-2 du Code de la Santé Publique
• Toute personne majeure
peut désigner une
personne de conance
(membre de la famille,
proche, médecin traitant).
• Elle est nommément
désignée par le patient
lui-même et par écrit
• La désignation peut se
faire à tout moment ; elle
est révocable
à tout moment.
Les conditions d'annonce
d'un dommage associé
aux soins
Cette obligation lé-
gale opposable à
tous les professionnels
et aux établissements
de santé a été récemment
confortée sous l’impulsion de
la HAS (Haute Autorité de santé).
Depuis la loi du 4 mars 2002, tout établissement ou pro-
fessionnel de santé est tenu d’apporter, à la personne qui
s’estime victime d’un dommage lié à sa prise en charge,
les explications nécessaires.
En eet, l’article L.1142-4 du code de la santé publique
issu de cette loi prévoit :
« Toute personne victime ou s’estimant victime d’un
dommage imputable à une activité de prévention, de
diagnostic ou de soins ou ses ayants droit, si la personne
est décédée, ou le cas échéant, son représentant légal,
doit être informée par le professionnel, l’établissement de
santé, les services de santé ou l’organisme concerné sur
les circonstances et les causes de ce dommage.
Cette information lui est délivrée au plus tard dans les
quinze jours suivant la découverte du dommage ou sa
demande expresse, lors d’un entretien au cours duquel
la personne peut se faire assister par un médecin ou une
autre personne de son choix. »
Deux cas particuliers doivent être mentionnés :
Dans l’hypothèse où le patient est mineur ou sous
tutelle, ce sont ses représentants légaux (parents ou tu-
teur) qui doivent être informés ;
Dans l’hypothèse où le patient serait décédé à la suite de
l’incident, ce sont ses ayants droit qui doivent être informés.
La HAS a décidé de mettre en place un critère spécique
dans le manuel de certication V2010, destiné à contrôler
la mise en place d’un « dispositif d’information » conforme
à la réglementation.
Ainsi, les établissements doivent être préparés à assurer
l’information du patient dans les meilleurs délais et dans
un contexte où l’équipe soignante est elle-même aec-
tée et la conance du patient potentiellement ébranlée.
Dans ces cas, le patient attend aussi des professionnels
de santé une écoute et une disponibilité particulières.
Le dispositif d’information doit prévoir :
La désignation d’un professionnel de santé senior qui dé-
livrera l’information ;
La présence des personnes que le patient souhaite voir
informées ;
Des conditions appropriées pour établir un dialogue ;
Des explications adaptées aux capacités de compréhen-
sion du patient et à son état psychique.
GRAND ANGLE N° 34 - FÉVRIER 2012
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GRAND ANGLE N° 34 - FÉVRIER 2012
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Lors de la visite de certication, la HAS a estimé
que l’établissement devait poursuivre cette
démarche de formalisation de l’information du
patient en cas de dommage lié aux soins. Il convient d’une
part de dénir une démarche structurée d’information du
patient en cas de dommage lié aux soins (formaliser la pro-
cédure) et de mettre en place des actions de formation des
professionnels de santé.
Pour faciliter l’appropriation de cette exi-
gence, la HAS a publié un guide intitulé
« l’annonce d’un dommage associé aux soins ».
La HAS a identié des évènements sur lesquels
il est nécessaire de communiquer : il s’agit de
« tous les évènements indésirables qui entraînent un dom-
mage physique ou psychologique… qu’ils soient consécutifs
à des complications liées à la pathologie du patient, à un aléa
thérapeutique ou à une erreur. »
La HAS formule les recommandations suivantes :
Le patient doit, de préférence, être informé dans les 24 heures
(même si l’article L1142-4 CSP prévoit un délai maxi de 15 jours)
L’annonce du dommage doit s’inscrire dans une politique de
gestion des risques : signalement des évènements indésirables,
analyse systémique des causes, revue de mortalité et de morbidité,
sta-EPP, amélioration des pratiques professionnelles…
Le rendez-vous d’annonce doit être préparé (analyse des causes,
compilation des faits connus, regroupements des informations…).
L’annonce doit être assurée par le professionnel responsable de
la prise en charge du patient dans tous les cas un senior.
Le cas échéant, le médecin chargé de l’annonce doit :
- Reconnaître le dommage ;
- Expliquer les faits connus et vériés à l’origine du dommage ;
- Exprimer des regrets et, en cas d’erreur avérée (ex. erreur de
patient ou de côté), présenter des excuses :
« Présenter des excuses ne signie en aucun cas reconnaître
une responsabilité médico-légale que seul un juge est habilité à
déterminer, mais adopter un comportement éthiquement res-
ponsable, respectueux et humain. ».
Un référent et des RDV de suivi doivent être proposés. Ainsi, après
l’annonce, le contact doit être maintenu avec le patient an de
l’informer en continu sur les faits qui deviennent établis, décrire
les actions correctives mises en œuvre et organiser les soins d’aval.
L’annonce et les RDV de suivi doivent être tracés dans le dossier
médical. On doit y retrouver la date, l’heure et le lieu du RDV ; l’iden-
tité des personnes présentes (côté établissement et côté patient) ;
le nom du référent ; les faits présentés ; les questions soulevées et
les réponses fournies.
En pratique, il ne s’agit pas de « retracer les échanges au mot
près ». L’objectif de la traçabilité est principalement d’attester
de la délivrance de l’information dans l’hypothèse où une telle
preuve serait exigée a posteriori par un juge en cas de conten-
tieux : les grandes lignes des échanges sont donc susantes.
Pour conclure, les préconisations du guide de la HAS vont dans
le sens d’une déjudiciarisation des évènements dommageables
en établissement de santé. Une bonne communication au plus
près de l’incident peut très souvent éviter des procédures à la
fois lourdes et coûteuses et surtout une dérive vers une plainte
pénale.
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