GRAND ANGLE N°40 - JANVIER 2014
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La recherche clinique a démarré dans le service de réhabilitation
respiratoire en 2008, au cours d’une formation universitaire en
kinésithérapie respiratoire. L’obtention de ce diplôme interuniversi-
taire nécessitait la réalisation d’un mémoire qui consistait en une étude
de recherche clinique. Cette étude rétrospective (c’est à dire étude de
dossiers, méthode de recherche clinique la plus simple mais aussi celle
qui a le moins de valeur scientique) portait sur l’évaluation d’un pro-
gramme de réhabilitation respiratoire. La démarche de recherche était
lancée… Ce travail a permis de faire une évaluation de nos pratiques
professionnelles et nous a permis d’évoluer dans nos pratiques. Ainsi,
l’année suivante, nous avons réalisé une étude prospective (étude sur
des patients volontaires ayant donné leur consentement) sur le même
thème, avec les changements que nous avions apportés à notre pra-
tique quotidienne. Entre 2008 et 2011, d’autres études ont été menées
(cf. tableau dans intranet) en dehors du circuit ociel de la recherche
clinique telle qu’on la connaît maintenant au CHPM.
En 2011, un projet de mémoire de Master nécessitait l’appui logistique
et méthodologique de l’université. Les connaissances universitaires du
Dr Le Ber ont permis de nous mettre en relation avec le Pr Couturaud
et le Dr Mialon pour nous aider dans la mise en place d’un protocole
de recherche sur l’entrainement des muscles inspirateurs. Ce travail
Marc Beaumont et Loïc Péran
kinésithérapeutes, service de réhabilitation respiratoire de Guervenan
Laurence Cadiou
(Cadre Supérieur à le Direction des Soins et
référente Education Thérapeutique et Recherche Clinique)
Romain Pichon
(kinésithérapeute, service de réhabilitation respiratoire)
Dr FEREC
Service d’Hépato Gastro Entérologie
La médecine peut être une longue autoroute
où l’on avance tranquillement au gré des nou-
velles données, connaissances et techniques
qui arrivent. Et on peut suivre cette voie toute sa
carrière en étant un excellent professionnel.
Une nouvelle approche s’ouvre pour nous, celle de
l’aventure, des pistes nouvelles à défricher. Cette
piste de la recherche clinique est très gratiante.
Elle permet de se tenir aux avants postes de l’ac-
tualité et des réexions autour de l’ouverture de
nouvelles voies. On peut y participer comme un
sherpa aidant les explorateurs à gravir l’Everest de
la thrombophilie en étant un simple investigateur
ou bien vouloir devenir soi-même l’explorateur et
essayer de trouver une idée à explorer. De toutes les
manières on ne peut trouver que de la satisfaction.
Avoir été l’un des multiples investigateurs d’un essai
qui a changé les pratiques, assister à la communica-
tion orale en congrès d’un interne à qui vous avez
soué une idée ou obtenir un nancement pour un
projet de recherche dont vous êtes à l’origine sont
trois façons diérentes d’appréhender la recherche
et comme vous le voyez trois façons positives.
L’idée, tout le monde peut l’avoir, médecin, sage
femme, paramédicaux. Au quotidien une remarque
qu’on se fait, parfois très simple peut être à l’origine
d’un beau projet. Ce n’est pas forcément compliqué :
un jour quelqu’un s’est demandé si les patients
mangeaient plus avec une grande ou une petite
assiette… et un projet de recherche a été nancé
et s’est monté. Et si vous avez une idée mais pas de
temps ou d’envie de monter un dossier, il sut de
la coner à un membre du bureau de recherche cli-
nique qui pourra la faire prospérer. Grâce à vous les
connaissances peuvent progresser, les meilleures
idées sont souvent sous nos yeux et c’est bien
pour ça que tout le monde est concerné et que la
recherche ce n’est pas qu’un « truc de CHRU ».
La recherche clinique : lourd ? Non, grâce à la fédération
de recherche clinique, le plomb s’est transformé en or !
a été accompli en collaboration avec la délégation de
recherche clinique du CHRU de Brest pour le côté admi-
nistratif et le soutien méthodologique et les statistiques
étaient réalisées par le professeur Couturaud. Ce fut le
premier projet exécuté dans son intégralité en partena-
riat avec le CHRU de Brest. Simultanément, nous avons
répondu à un appel d’ore de projet hospitalier de
recherche inrmier et paramédical. Ce projet nécessitait
qu’il soit promu par une délégation de recherche clinique :
nous contactons Monsieur Breban, Directeur, pour lui
faire part de notre projet et il se met aussitôt en relation
avec le CHRU pour signer une convention. Le projet est
retenu par le ministère de la santé. C’est à cette période
que le CHPM se lance ociellement dans la recherche cli-
nique en partenariat avec le CHRU de Brest en créant un
Comité de recherche clinique et de l’innovation (CORECI).
Nous avons cette fois-ci l’aide précieuse d’une techni-
cienne de recherche clinique qui réalise les tests, met à
jour les cahiers d’observation où sont recueillies toutes les
données des diérents tests, gère les évènements indé-
sirables qui surviennent, assure la coordination lors des
visites de l’attachée de recherche clinique qui contrôle
l’étude, bref gère le déroulement pratique de l’étude en
collaboration avec les kinésithérapeutes et les médecins à
l’initiative de l’étude.
En 2013, nouvel appel à candidature pour la recherche
paramédicale : nous proposons 2 projets. Hélas aucun
n’est retenu. Cependant, le projet sur l’entrainement des
muscles inspirateurs étant le sujet de thèse de sciences
d’un des kinésithérapeutes, il est nancé par le GETBO,
laboratoire de recherche du CHU de Brest, coordonné par
le professeur Mottier et auquel est rattaché le professeur
Couturaud, et débutera en début d’année 2014.
La démarche de recherche part d’une question, une pro-
blématique rencontrée dans notre pratique quotidienne.
Ensuite, il faut savoir si cette problématique est docu-
mentée dans la littérature. Parfois, des études ont déjà
été eectuées et la lecture d’articles permet de régler la
problématique, mais d’autres fois, la littérature est pauvre
et c’est là que la recherche clinique a toute son impor-
tance : il est nécessaire de faire une étude pour essayer de
résoudre notre problématique de manière scientique. La
recherche clinique doit toujours être au service du patient :
l’objectif de la recherche clinque doit toujours viser à amé-
liorer les soins que l’on peut apporter au patient.
La recherche a beaucoup et rapidement évolué au sein
du service de réhabilitation. Elle s’est anée, professio-
nalisée grâce aux formations, à la collaboration avec des
équipes expérimentées en recherche clinique, à l’appui et
le soutien des médecins du service et du cadre de santé
kinésithérapeute. Cette évolution est indispensable pour
réaliser des études de qualité et permettre la reconnais-
sance que la recherche clinique mérite…
La Recherche Clinique, comme l’Education thérapeutique, sont des
« champs d’activités », retenus dans le Projet d’Etablissement mais éga-
lement inscrits dans le Projet de Soins 2013-2017 et ayant tous deux
comme objectif l’amélioration de la prise en charge des patients.
L’Education thérapeutique fera l’objet d’un prochain numéro de Grand
Angle en 2014. Aujourd’hui, l’objectif est que les paramédicaux
aussi s’autorisent encore davantage cette Culture de l’initiative.
Depuis octobre 2012, l’antenne RIMBO, qui avait été créé
pour étendre la RC sur l’ensemble du territoire de santé,
s’est développée. Une IRC (inrmière de recherche clinique),
Florence Jégo, a rejoint la coordinatrice d’Etudes Cliniques,
Gisèle Marhic, depuis août 2013. Au niveau médical : Le
Dr. Boileau est le référent médical de l’Antenne.
Communiquer sur la recherche clinique au CHPM
Les coordonnées de l’Antenne RIMBO :
Un programme de sensibilisation est actuellement en cours dans les unités
de soins an de présenter l’unité de recherche clinique et de permettre à tout
porteur de projet de solliciter de l’aide pour le mener à bien.
Mme Marhic Gisèle : Coordinatrice d’étude clinique
E-mail : recherche-clinique@ch-morlaix.fr - Tél : 06 79 93 79 54 - Poste : 2835
Mme Jego Florence : inrmière de recherche clinique
Et sur intranet : une rubrique recherche clinique
Recherche et paramédicaux
Je me rappelle de mes années au CHU où je voyais mes collègues
Chefs de Clinique courir dans tous les sens pour inclure des malades,
remplir les livrets de recueil de données... Quand je suis arrivé à l’hôpi-
tal de Morlaix, je me suis senti soulagé en me disant: « je vais y échapper ».
Manque de chance le CHU m’a rattrapé ! Le Pr MOTTIER est venu nous
parler de son projet, qui est devenu notre projet. Aujourd’hui je ne par-
lerais pas d’un manque de chance mais d’une opportunité formidable.
La recherche clinique à l’hôpital de Morlaix est diérente de celle que
j’avais connue au CHU. Les bureaux opérationnels permettent de décider
ensemble des études que nous allons mener et du temps que chaque
participant va devoir y consacrer. Au nal, le temps médical consacré est
faible, la plupart des données cliniques sont recueillies par la Technicienne
et l’Inrmière de recherche clinique. Mon rôle la plupart du temps est de
recueillir le consentement du patient. En résumé, la recherche clinique à
l’hôpital de Morlaix n’impute pas sur le temps que je consacre à la prise
en charge des patients mais en plus m’apporte des moments de partage
entre tous professionnels car nous avons aussi des kinésithérapeutes très
investis dans la recherche au sein de l’hôpital. Alors essayez et vous verrez
par vous-même.
Dr TRINH
Service de Médecine gériatrique
5-Quelle place
pour les
paramédicaux ?
4-Que dire
de la recherche
clinique ?
De prime abord, l’association entre recherche clinique et paramédicaux n’est
pas évidente. Mais à y regarder de plus près… pourquoi pas ? La recherche
scientique désigne l’ensemble des actions entreprises en vue de produire
et de développer les connaissances scientiques [Wikipédia]. Elle est donc
indispensable au progrès, et ce, dans tous les domaines. Les pratiques des
professionnels paramédicaux se doivent d’évoluer régulièrement an de
délivrer les meilleurs soins possibles à tous nos patients. Et cela passe obli-
gatoirement par la recherche. Chercher à savoir si mes pratiques sont les plus
adaptées, chercher à savoir si le questionnaire ou l’outil employé est le meil-
leur, le plus able ; en fait, chercher à soigner du mieux possible. Il semble
alors logique que certains professionnels paramédicaux s’impliquent dans
des actions de recherche clinique (sur le terrain, « au lit du patient ») et même
que d’autres puissent réaliser des recherches plus fondamentales (en labora-
toire). En jetant quelques coups d’œil à l’étranger, on s’aperçoit que dans de
nombreux pays (et parfois bien moins développés que la France) les para-
médicaux participent et réalisent des recherches. En France, la quasi-totalité
des formations initiales des professions paramédicales a été ou va être réfor-
mée an de s’inscrire dans un processus « d’universitarisation ». Si cette
transition donne lieu à quelques approximations sur le terrain, elle doit aussi
donner la chance aux nouveaux diplômés de s’inscrire plus facilement dans
une démarche de recherche via la formation universitaire. Depuis quelques
années, des fonds nanciers publics sont dédiés à la recherche paramédicale
et des projets riches, structurés et bien pensés eurissent peu à peu en France.
Alors, avec cet éclairage, l’association paramédicaux-recherche ne semble
pas si insensée. Tous les paramédicaux ne vont pas devenir des chercheurs,
et ceux qui chercheront ne révolutionneront pas le monde scientique. Mais
si la recherche d’un paramédical permet de mieux soigner ne serait-ce qu’un
de nos patient, alors ça vaut le coup.
1 AN ET
DEMI
DÉJÀ !!!
Recherche et paramédicaux
ANTENNE RECHERCHE CLINIQUE RIMBO SUR LE CHPM
DOSSIER
La recherche clinique : retour
d’expérience sur les protocoles réalisés
dans le service de réhabilitation
respiratoire
Les alchimistes