La France doit encore faire ses preuves dans le secteur de la notation

La France doit encore faire ses preuves dans le secteur de
la notation
Paris, 11 sept. 2015(AFP) -
Face à une concurrence mondiale farouche, la France fait pâle figure dans le secteur de la notation, avec une seule
agence reconnue, au moment où le financement des PME par le marché suscite des convoitises.
La notation reste largement aux mains d'un trio américain : Standard and Poor's, Moody's et Fitch.
Cette dernière est passée sous pavillon américain fin 2014 après avoir été contrôlée de nombreuses années par la
société française Fimalac.
Ces agences, découvertes par le grand public lorsqu'elles ont privé certains pays de leur fameux "AAA", notent
des États mais également des entreprises qui veulent emprunter des fonds sur les marchés financiers.
Leur domination n'a pas empêché de nouveaux acteurs d'émerger, comme le chinois Dagong, le canadien DBRS
ou encore l'allemand Scope Ratings, certains avec l'ambition de faire contre-poids aux Etats-Unis.
Il n'empêche que la France reste à la traîne avec une seule agence sur la trentaine reconnue par l'ESMA, le
régulateur européen des marchés qui encadre le secteur de la notation sur le vieux continent depuis 2011.
Cette exception est Spread Research, société fondée en 2003 et dont le siège est à Lyon, qui s'est spécialisée dans
la notation des PME.
"Ce serait un paradoxe incroyable qu'il n'y ait pas un acteur français", remarque Philippe Tastevin, qui vient de
rejoindre la société en tant que vice-président après plus de 15 ans passés au sein de l'opérateur boursier Euronext.
"Tous ceux qui ont intérêt à améliorer le financement de l'économie peuvent constater qu'il y a un maillon faible
dans cette chaîne, à savoir la notation", explique-t-il.
Le fait qu'une seule agence française soit reconnue s'explique d'abord par les barrières à l'entrée qui sont très
élevées, en raison des exigences de l'ESMA.
"C'est extrêmement difficile pour les nouveaux entrants. Cela demande une vraie structure, une équipe, des
moyens et des ressources", souligne Sophie Grenier, qui pilote le bureau parisien de l'agence allemande Scope
Ratings.
"Les trois grands acteurs ont très bien construit leur marque. Se faire une place par rapport à ce marché a été
difficile et reste difficile", selon elle.
Pour Julien Rérolle, président du conseil de surveillance de Spread Research, "c'est également lié à la culture,
notamment par rapport à l'Allemagne il y a 6 agences de notation".
Le sujet était peu évoqué "avant que la note de la France soit dégradée, ce qui est assez récent", observe-t-il.
La marche est donc bien souvent trop haute pour certains acteurs d'autant que le jeu n'en vaut pas toujours la
chandelle compte tenu de la faible rentabilité du métier, en particulier sur les PME.
"Le problème principal c'est le coût. Pour les PME, il n'y a pas pour l'instant de modèle économique qui peut
tenir" concernant la notation, estime Sébastien Faijean, associé au sein du bureau de recherche IDMidcaps.
Les investisseurs ne sont pas toujours prêts à payer, alors que pour les entreprises, qui en assument le plus souvent
le coût, la notation reste chère.
Surtout, très peu de PME se lancent sur le marché de la dette, qui est principalement l'affaire de très grandes
entreprises.
Celles qui s'y essaient le font principalement sur le marché dit Euro PP qui permet de lever des fonds sur le
marché européen auprès de quelques investisseurs et pour lequel avoir une note n'est pas obligatoire.
"Le problème pour les agences de notation concernant les PME, c'est que le principe même des Euro PP c'est de
ne pas avoir de notation", observe Mathias Choussy, au sein de la société Eiffel Investment Group.
Pourtant, les perspectives sont encourageantes en France et en zone euro avec le développement du financement
des PME par le marché et les projets autour de l'union des marchés de capitaux.
"Le marché européen de la dette est à sa prime enfance pour les PME. Il va y avoir un rattrapage par rapport aux
États-Unis mais ça va prendre du temps", estime M. Tastevin.
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11 septembre 2015 - Edition Fil Eco
La place parisienne ne reste de son côté pas inactive au sujet de la notation, parce qu'elle veut encourager les
entreprises à diversifier leurs sources de financement.
Pour Alain Leclair, ancien président de l'Association française de la gestion (AFG), qui s'exprime au nom de
l'association de défense de la place parisienne Paris Europlace, "il est très important qu'il y ait une forme de
notation ou d'analyse financière qui descende plus profondément, même dans l'univers qui n'est pas coté".
jbo/abx/fpo/pre
MOODY'S CORP. | FIMALAC | EURONEXT
Afp le 11 sept. 15 à 08 40.
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