28 le Bulletin scientique de l’arapi - numéro 34 - hiver 2014
Dépistage, diagnostic et intervention précoces
Les résultats des études cherchant à valider l’efcacité
d’un apport spécique sont parfois contrastés. La plupart
de ces études appliquent une méthode d’essai contrôlé
randomisé (randomized control trial : RCT). Celle-ci
permet une répartition aléatoire des participants tout
en contrôlant des variables extérieures (âge, sexe, etc.)
Quelques exemples : Green et ses collaborateurs (2010)
ont ainsi évalué des enfants avec un diagnostic d’autis-
me, âgés de 2 ans à 4 ans 11 mois, qu’ils ont aléatoire-
ment assignés à une intervention de type TAU ou une
intervention TAU avec en plus un programme préscolaire
pour les TSA visant la communication (PACT). Les ré-
sultats mettent en avant qu’à un an, 30 % des enfants du
groupe PACT ont changé de catégorie à l’évaluation réa-
lisée avec l’ADOS, en évoluant d’« autisme » à un autre
trouble du spectre et 5 % sont sortis du spectre. En paral-
lèle, 24 % des enfants du groupe TAU sont passés de la
catégorie « autisme » à « un autre trouble du spectre », et
7 % sont sortis du spectre. Dawson et ses collaborateurs
(2010), ont comparé le modèle de Denver à une interven-
tion TAU pendant deux ans. Une amélioration au niveau
des résultats (scores) à l’évaluation cognitive, des com-
pétences verbales et de la sévérité de l’autisme a été mise
en avant pour le groupe qui suivait le modèle de Denver.
Aussi, 29,2 % (sept enfants) sont passés d’un diagnos-
tic de trouble autistique à celui de trouble du spectre de
l’autisme (seulement un enfant pour l’intervention TAU).
Oosterling et ses collaborateurs (2010) ont, quant à eux,
évalué les effets d’une formation parentale non intensive.
Dans cette étude, les auteurs se sont focalisés sur l’at-
tention conjointe et le langage en comparaison avec une
intervention TAU. Aucun résultat signicatif d’effet de
l’intervention n’a été trouvé.
Les différents types d’interventions développées ont des
effets qui varient au sein de la population TSA, posant
ainsi la question de l’efcacité des interventions, de la
variabilité inter-individuelle mais aussi du manque de
stabilité du diagnostic. Cinq études (Chawarska et al.,
2009 ; Eaves & Ho, 2004 ; Jonsdottir et al., 2007 ; Lord
et al., 2006 ; Turner et Stone, 2007) ont mesuré l’inter-
vention précoce comme prédicteur de la stabilité du dia-
gnostic. Aucune de ces études n’a mis en évidence de
différence entre le traitement des enfants dont le diagnos-
tic est resté stable et le traitement de ceux qui ont changé
de catégorie.
Bien que la méthode d’essais contrôlés randomisés re-
présente un apport essentiel à la recherche sur l’efcacité
des nouvelles techniques d’intervention, certains la re-
mettent en question. Les résultats de ces études reètent-
ils la pratique clinique ? Ainsi les études de type écologi-
que sont complémentaires aux RCT, car elles permettent
de tester l’efcacité d’un traitement sur le terrain à partir
de petits échantillons et ainsi de faire des prédictions sur
un groupe plus large.
En partant de ces observations, les auteurs proposent
d’évaluer le rôle de l’intervention précoce TAU en Italie
par le biais d’une approche écologique (Muratori et al.,
2014).
Les participants étaient 70 enfants âgés de 24 à 48 mois
dont 49 avec un diagnostic d’autisme et 21 avec un dia-
gnostic de trouble de développement envahissant non
spécié. Le diagnostic de ces enfants a été posé par des
pédopsychiatres, experts en diagnostic d’autisme, selon
les critères du DSM-IV TR, conrmé par le biais d’une
ADOS-G.
Les données ont d’abord été recueillies auprès des pa-
rents qui ont rempli des questionnaires : McArthur
Communicative Development Inventory (MCDI), Child
Behavior Check-List (CBCL), Parental Stress index (PSI),
Social Communication questionnaire (SCQ). Par la suite,
les chercheurs ont réalisé des observations par le biais de
l’ADOS-G, les Grifth Mental Developmental Scales et
les Vineland Adaptative Behavior Scales (VABS). Deux
évaluations ont été réalisées par des cliniciens, au début
du traitement (T0) puis, six mois plus tard (T1), à la n
du traitement.
Le TAU en Italie est composé d’interventions menées
par un service public de neuropsychiatrie, notamment
des rééducations sensori-motrices, orthophoniques et er-
gothérapiques. Les enfants sont aussi intégrés à l’école
ordinaire dans des classes spécialisées où ils sont sou-
tenus individuellement par un enseignant qui a reçu une
formation générale sur le travail avec des enfants ayant
un handicap. Avant la mise en place du traitement et de
l’inclusion à l’école, un diagnostic fonctionnel est réa-
lisé, décrivant les forces et les faiblesses de l’enfant dans
les domaines de développement et permettant d’établir
un « prol dynamique fonctionnel » qui est utilisé pour
élaborer le projet éducatif individuel. La durée moyenne
des interventions est d’environ 11 heures par semaine.
Parfois, mais pas toujours, les parents sont impliqués
dans la prise en charge de leur enfant.
Plusieurs types de résultats ont été analysés dans cette
étude. Entre les mesures à T0 et à T1 une diminution
signicative de tous les scores à l’ADOS est observée.
Des résultats signicatifs ont été mis en avant pour le
Grifths, au niveau des échelles « adaptation social et
personnelle » et « langage ». Au niveau du VABS, une
différence signicative pour les échelles « socialisation »
et « vie quotidienne » est montrée. Enn, une améliora-
tion est notée sur le MCDI au niveau de la compréhension
du langage et de la gestuelle ainsi que sur le CBCL et le
SCQ. Ces résultats sont similaires à ce qui est rapporté
dans les études d’évaluation de techniques spéciques,
par exemple le développement du langage est proche des
résultats de l’étude sur le programme PACT (Green et al.,
2010). L’amélioration des scores au Vineland est même
supérieure à celle constatée dans l’étude de Rogers et
collègues (2012) sur le modèle Denver.
Des résultats positifs au niveau de la classication ADOS
des enfants TSA ont été montrés. Parmi les 58 enfants
diagnostiqués avec autisme, pour 21 enfants, le diagnos-
tic passe à la catégorie « trouble du spectre de l’autisme »
(34,2 %). Sur les douze enfants diagnostiqués TSA trois
enfants n’ont plus un score signicatif à l’ADOS et n’ont
Licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification v.4.0 Internationale (cc-BY-NC-ND4.0)