Chimiothérapie et Tumeurs Infiltrantes de Vessie

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Progrès en Urologie (2002), 12, N°5, 987-997
CHAPITRE IV.
Chimiothérapie et Tumeurs Infiltrantes
de Vessie
D. Chimiothérapie néo-adjuvante et adjuvante à
un traitement radical
OLIVIER BOUCHOT, MARC ZERBIB
Le traitement optimal des cancers infiltrants localisés de
la vessie reste toujours controversé, même si la cystectomie représente le traitement standard de référence. Il est
tenu pour acquis que la radiothérapie pré- ou post-opératoire n’améliore pas les résultats.
Malgré les progrès réalisés ces dernières années, en particulier sur les complications de la chirurgie, près de 50 %
des patients (surtout pour les tumeurs ≥ pT3a) vont développer des métastases. La majorité de ces métastases vont
apparaître au cours des 2 premières années post-opératoires, mais le risque demeure tout au long de la surveillance. Ces récidives sont systémiques dans 80% des
cas, exclusivement locales dans 20% des cas.
Les facteurs prédictifs de récidive sont classiquement :
un stade pN+, un stade pT ≥ pT3a, les embols vasculaires,
le grade cytologique et la taille de la tumeur pour les
tumeurs confinées à la vessie ≤ pT2b. L’envahissement
ganglionnaire, présent dans 40 à 60 % des tumeurs de haut
grade cytologique et des tumeurs T3-4, présente un pronostic redoutable, puisque moins de 20% des patients
pN+ survivront à 5 ans en l’absence de traitement complémentaire.
Ces données doivent faire considérer le cancer infiltrant le
muscle de la vessie comme une maladie à diffusion métastatique rapide, justifiant le recours à des traitements complémentaires. Aussi, l’association au traitement chirurgical d’une chimiothérapie systémique est-elle apparue, ces
15 dernières années, rationnelle.
L’obtention, dans les stades métastatiques, de taux de
réponses élevés, supérieurs à 70 %, avec le protocole de
chimiothérapie type M-VAC, tant au niveau des métastases que de la tumeur primitive, a stimulé la mise en
route d’essais de chimiothérapies néo-adjuvantes ou adjuvantes, d’autant qu’il a été rapporté une amélioration de la
survie globale chez les patients répondeurs.
I. CHIMIOTHÉRAPIE
NÉO-ADJUVANTE
Proposer une chimiothérapie néo-adjuvante dans les
tumeurs infiltrantes de vessie, accessibles à un traitement
radical, a pour rationnel de :
• lutter contre une maladie métastatique infra-clinique
potentiellement présente au moment du diagnostic,
• augmenter les chances d’une préservation d’organe.
De plus, la chimiothérapie peut offrir l’opportunité d’une
diminution du stade T de la tumeur primitive, tumeur en
place, apportant des informations pronostiques essentielles.
Cette stratégie thérapeutique a été envisagée suite aux
premiers résultats obtenus par la chimiothérapie systémique dans les tumeurs de vessie métastatiques ou localement avancées (stade T4b) [9,11,30]. En effet, comme
nous l’avons vu, il existe, dans les formes avancées, un
taux de réponse non négligeable pouvant rendre ces
tumeurs évoluées accessibles à un traitement radical.
1. E TUDES NON RANDOMISÉES
Plusieurs études non randomisées, à un seul bras, ont été
publiées dans la littérature concernant des tumeurs T2T4a, la plupart accessibles à un traitement radical. En
dehors de l’étude de Sternberg en 1999 [28], les résultats
de la chimiothérapie néo-adjuvante ont été jugés sur
l’examen anatomo-pathologique de la pièce de cystectomie (Tableau 1).
Le pourcentage moyen de réponse complète, c’est à dire
sans tumeur (pT0) sur la pièce de cystectomie, a été de
27.1 % (compris entre 9 % et 42 %).
Ces études ont montré la faisabilité et la tolérance acceptable de la chimiothérapie néo-adjuvante.
987
Tableau 1 : Etudes non randomisée de chimiothérapie néo-adjuvante des cancers infiltrants de la vessie
Auteurs
Traitement
Stade T
Opérabilité
initiale
Patients
RC(%)
Logothetis, 1985 [11]
CISCA + Cystectomie
T4a
Non
17
42 %*
Budowski, 1987 [4]
M-VAC + Cystectomie
T2-T4a
Oui
10
20 %*
Sen, 1987 [22]
M-VAC + Cystectomie
T2-T4a
Oui
16
31 %*
Scher, 1988 [21]
M-VAC + Cystectomie
T2-T4a
Oui
50
33 %*
Simon, 1990 [25]
M-VAC + Cystectomie
T3
Oui et Non
25
28 %*
Miller, 1990 [15]
M-VAC + Cystectomie
T3-T4a
Oui et Non
9
22 %*
Farah, 1991 [6]
M-VAC + Cystectomie ou RTE
T2-T4a
Oui et Non
25
32 %*
Scattoni, 1996 [19]
MVC + cystectomie
T2-T4a
Oui
75
9 %*
Sternberg, 1999 [28]
M-VAC + chirurgie
T2-T4a
Oui
87
51 %
* Réponse complète sur pièces de cystectomie
2. ETUDES
avec une médiane de suivi de 5.3 ans, la survie à 5 ans
a été équivalente aux taux rapportés après cystectomie
seule : 52 % (60 % pour les T2, 58 % pour les T3a, et
35 % pour les T3b-T4) [20].
RANDOMISÉES
L’existence d’un stade pT0 après chimiothérapie néoadjuvante permet-elle d’améliorer la survie des patients
ayant un traitement radical ?
• En 1993, une rémission complète a été observée dans
58 % des patients T2-4 N0 M0 traités par résection
trans-urétrale maximale, chimiothérapie MVC suivie
d’une radio-chimiothérapie concomitante [10]. Avec
une médiane de suivie de 48 mois, 53 % des patients
étaient en vie avec seulement 3 cas de métastases systémiques.
Connaissant l’absence d’amélioration de la survie des
patients pT0 après résection trans-urétrale, des études randomisées ont été nécessaires afin de connaître le bénéfice
sur la survie globale des patients, apporté par la chimiothérapie néo-adjuvante associée à un traitement radical
(cystectomie ou radiothérapie) par rapport à un traitement
radical seul (cystectomie ou radiothérapie) :
• L’essai de phase III randomisée RTOG 89-03
(Radiation Therapy Oncology Group), comparant
« Chimiothérapie néo-adjuvante MVC plus Radio-chimiothérapie concomitante versus Radio-chimiothérapie concomitante » n’a montré aucune différence sur la
survie globale [24]. Avec un recul de 5 ans, la survie
globale a été de 48 % vs 49 %. Des métastases à distance ont été observées dans 35 % des cas (33 % en cas
de chimiothérapie néo-adjuvante, 39 % en son absence).
• Toutes ces études ont été menées chez des patients
ayant une tumeur de vessie T2-4 Nx-0-2 M0.
• La plupart des séries ont été conduites selon un schéma
similaire, la seule différence notable étant le type de
chimiothérapie utilisée : mono- ou poly-chimiothérapie, avec comme base commune le cisplatine.
• Aucune étude randomisée comparant cystectomie,
radiothérapie ou association radio-chimiothérapique
n’a été, à ce jour réalisée. Mais ces 3 approches sont
couramment utilisées comme traitement radical dans la
plupart des pays. A ce jour, rien ne permet de penser
que le bénéfice d’une chimiothérapie néo-adjuvante
puisse dépendre du type de traitement radical appliqué.
• Dans les études de Phase III ayant pris comme traitement de référence la cystectomie totale :
- l’association d’une chimiothérapie néo-adjuvante n’a pas amélioré, sur le plan statistique, la survie des patients (Tableau 2).
Quels ont été les résultats des principales études inter nationales au cours de ces 15 dernières années ?
- Parmi elles, l’essai de phase III EORTC/MRC a
été le plus important, ayant randomisé 976
patients provenant de 106 centres dans 20 pays
[31]. Chez des patients porteurs d’une tumeur de
vessie T2G3, T3-4 N0-X M0, 3 cycles néo-adjuvantes de MVC, avec de l’acide folinique, n’a
• Les premiers traitements néo-adjuvants ont débuté en
1985 au MSKCC. Avec le M-VAC, Scher en 1988 a
rapporté, chez 50 patients, un taux de réponse de 63 %
avec 51 % de réponse complète [21]. Puis, en 1990,
dans une série de 111 cancers de vessie T2-4 N0 M0,
988
Tableau 2 : Séries randomisées de Phase III comparant Chimiothérapie néo-adjuvante plus traitement radical versus traitement
radical seul
Auteurs
Traitement néo-adjuvant
Traitement standard
Wallace, 1991 [32]
Cisplatine+ Radiothérapie
Radiothérapie
Martinez-Pineiro,
CUETO, 1995 [14]
Cisplatine + Cystectomie
Cystectomie
Orsatti, 1995 [17]
Cisplatine/5-FU/Radiothérapie
+ Cystectomie
Cystectomie
Cisplatine/Doxorubicine
+ Cystectomie
Cystectomie
Italie GISTV, 1996 [7]
MVEC + Cystectomie
Cystectomie
Coppin, 1996 [5]
Cisplatine+ Radiothérapie ou
Pré-Rth + Cystectomie
Radiothérapie
ou Pré-Rth + Cystectomie
Abol-Enein, 1997 [1]
CarboMV+ Cystectomie
Cystectomie
RTOG 89-03, 1998 [24]
MVC+ Cisplatine/RadioTh
Cisplatine/RadioTh
Nordic I, 1996 [12]
Bassi, GUONE, 1998 [3]
International, 1999 [31]
SWOG 0080, 2001 [16]
Nordic II, 2002 [23]
Patients
Survie
globale (%)
Recul
moyen
62
vs 60
35.5 %
vs 37.3 %
78 mois
76 vs 58
42 %
vs 40 %
72 mois
59 %
vs 51 %
60 mois
255
151
vs 160
82
vs 71
43 %
vs 41.5 % 60 mois NCI,
51vs 48
194
61
vs 62
48 %
vs 49%
102
55 %
vs 104
vs 54 %
60 mois
T2G3 – T4a
N0-Nx
M0
491
485
55.5 %
vs 50 %
44 mois
37.5 mois
M-VAC+ Cystectomie
Cystectomie
153
vs 154
44.5 %
vs 39 %
85 mois
Cisplatine/Méthotrexate
+ Cystectomie
Cystectomie
309
51 %
vs 42 %
M-VAC + Cystectomie
CMV+ Cys/RteVs Cyst/Rte
Cystectomie
pas montré l’amélioration de 10 % de la survie à
3 ans qui constituait l’objectif primaire pour
pouvoir recommander ce traitement comme un
standard (Figure 1). Avec une médiane de suivie
de 4 ans, la différence absolue entre les 2
groupes a été de 5 % (IC 95 % : 0.5 – 11.0,
p=0.075), 55 % pour le groupe avec chimiothérapie versus 50 % pour le traitement loco-régional seul. La médiane de survie dans le bras chimiothérapie a été de 44 mois versus 37.5 mois.
La seule différence observée a été le pourcentage de T0 sur la pièce de cystectomie (32.5 % vs
12 %).
60 mois
63 mois
154) » chez 309 patients, inclus de 1991 à 1997.
Le taux de pT0 a été de 26% dans le bras chimiothérapie néoadjuvante contre 9% dans le bras
cystectomie seule (p<0.001). Par contre, aucune
différence n’a été observée sur la survie globale
entre les 2 bras avec un recul de 5.3 ans (51%
versus 42%).
• Deux études seulement dans la littérature ont retrouvé
une différence significative sur la survie globale des
patients :
- Nordic Cystectomy Trial 1, en 1996 [12] : cet
essai, portant sur 311 patients, a comparé 2
cycles de cisplatine/doxorubicine plus radiothérapie/cystectomie à la même association radiochirurgicale. Une augmentation de la survie globale de 15 % a été observée en faveur de la chimiothérapie néo-adjuvante (59 % vs 51 %), se
faisant essentiellement pour les tumeurs T3-4,
alors qu’aucune différence n’a été retrouvée
pour les stades T1G3-T2 avec un recul de 5 ans.
En 2002, l’actualisation de cette étude avec un
recul de 7 ans n’a toujours pas montré d’avantage
statistique sur la survie globale des patients [8].
- En 2002, les résultats de l’essai randomisé de
phase III Nordic Cystectomy Trial 2 ont été
actualisés [13,23]. Cette étude a comparé 3
cycles de « Cisplatine – Méthotrexate plus cystectomie (n= 155) versus cystectomie seule (n=
- SWOG 8710 (INT-0080), rapporté en 2001 lors
989
de l’American Society for Clinical Oncology
[16]. Cet essai a comparé M-VAC plus cystectomie (n= 153) à la cystectomie seule (n= 154)
pour des tumeurs T2-4a N0 M0. Cette étude a
débuté en 1987 et le recrutement a été réalisé sur
11 ans. Les résultats ont montré que le risque
relatif total de décès lié à la maladie étant significativement moins élevé dans le bras avec chimiothérapie néo-adjuvante comparativement au
bras chirurgie seule (p=0.027), et que la survie
médiane estimée a été de 6.2 ans versus 3.8 ans.
Les auteurs ont donc conclu à une bénéfice de la
chimiothérapie néo-adjuvante plus cystectomie.
• D’autres, par contre, ont critiqué cet essai [29] :
- Nombre restreint de patients : 307 patients éligibles sur une période de 11 ans, et 186 décès
pendant la période de suivie. En théorie, pour
détecter une amélioration de 10% de la survie
dans une étude de 400 patients, il faudrait un
recrutement sur une période de 3-4 ans et qu’environ seulement 170 décès soient observés.
- Plus de 40 % des patients inclus étaient des
tumeurs T2, considérées comme de bon pronostic, pouvant être traitées par cystectomie seule ;
de plus, 66 patients dont 34 dans le bras cystectomie n’ont pas eu de cystectomie.
- L’analyse statistique a été faite de manière unilatérale et non bilatérale, l’écart-type a montré un
effet négatif pour une fraction de la population
étudiée.
- En comparant le risque relatif de décès lié à la
maladie de cette étude et des autres essais cliniques randomisés de la littérature basés sur le
cisplatine et la cystectomie, cet essai n’a représenté que 10 % des patients inclus, et que l’ensemble des résultats n’est pas en faveur de la chimiothérapie néo-adjuvante (Figure 2) [18].
Cette dernière étude a animé une large polémique chez les
oncologues médicaux :
• pour certains, malgré les nombreux biais (période d’inclusion longue, 32 patients dans le bras M-VAC et 34
patients dans le bras chirurgie seule n’ont pas eu de
cystectomie, étude statistique unilatérale), ces résultats
sont encourageants, montrant une diminution de la
mortalité par cancer de 25 % et un bénéfice sur la survie de 2 ans dans le bras chimiothérapie [2]. Ils montrent un faisceau d’arguments en faveur d’un traitement
combiné en cas de cancer infiltrant de la vessie,
incluant une chimiothérapie dans la période péri-opératoire.
Figure 1 : Courbe s de survie globale de l’étude
EORTC/MRC, comparant CMV néo-adjuvant + cystecto mie (n=491) versus cystectomie seule [31].
Figure 2 : Risque relatif de décès lié à la maladie dans les études
randomisées de chimiothérapie néo-adjuvante utilisant le cispla tine pour les tumeurs infiltrantes de vessie, d’après Parmar [18].
990
4.
L’indication d’une chimiothérapie néo-adjuvante
est très controversée. Mis à part l’essai SWOG 8710,
dont les biais méthodologiques sont certains, les
résultats sont globalement décevants, ce qui fait
qu’elle ne peut pas être, actuellement, recommandée
en pratique courante.
5.
Mais, il importe de noter que :
• le délai de 3 mois imposé par la chimiothérapie
néo-adjuvante avant le traitement local n’a pas
de conséquence négative sur l’avenir des
patients ;
• les mauvais résultats du traitement radical local
pour les tumeurs de vessie pT3b - pT4 font qu’il
est nécessaire d’envisager un méthode combinée
avec un traitement systémique dans la période
péri-opératoire ;
• la chimiothérapie néo-adjuvante pourrait trouver d’éventuelles indications si l’on mettait en
évidence des facteurs prédictifs de sensibilité thérapeutique :
- cette réponse est liée à la taille et au stade
tumoral initial : 42% en cas de tumeur T2,
9% si T4. Mais, 30% des patients considérés
T0 après chimiothérapie ont une maladie
persistante [27].
- parmi les facteurs biologiques, seule la mutation de p53 semble avoir un intérêt pronostique.
- la réponse tumorale à une chimiothérapie
néo-adjuvante est un facteur pronostique :
• si ≤ pT1, la survie sans maladie à 5 ans
a été de 70-75 % ;
• si ≥ pT2, la survie sans maladie à 5 ans
a été de 20-29 % [26,28].
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II. CHIMIOTHÉRAPIE ADJUVANTE
APRÈS CYSTECTOMIE TOTALE
Le rationnel pour proposer une chimiothérapie adjuvante
en cas de tumeur infiltrante de vessie est que ce traitement :
• ne retarde pas une chirurgie curative pour des patients
potentiellement curables, non répondeurs, ayant un
risque de progression tumorale sous chimiothérapie
néo-adjuvante ;
• peut être décidé sur la base d’une stadification anatomo-pathologique précise, et non sur une classification
clinique, permettant de mieux appréhender les patients
à haut risque de récidive ;
• est administré sur une maladie résiduelle potentiellement minimale après la chirurgie, réduisant le risque
théorique de résistance.
Cette attitude a, actuellement, les faveurs des urologues et
d’une partie des oncologues médicaux, car elle réduit le
nombre de patients recevant une chimiothérapie, fonction
du stade pathologique de la maladie.
Pourtant, comparées aux essais de chimiothérapie néoadjuvante, les données sont peu nombreuses. Les problèmes généraux opposés à la chimiothérapie adjuvante
sont :
• un retentissement physique et psychologique de la chirurgie souvent important, non compatible avec une
tolérance acceptable d’une chimiothérapie ;
• l’absence de « cibles » pour l’évaluation de la réponse
à la chimiothérapie adjuvante.
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RANDOMISÉES
Cinq études de phase III randomisées ont été publiées
dans la littérature (Tableau 3) :
• l’essai de l’Université de Southern California a randomisé 91 patients ayant une tumeur pT3, pT4 ou N+
recevant ou non une chimiothérapie CISCA [15]. La
survie sans progression à 3 ans a été de 70% dans le
bras chimiothérapie et de 46% dans le groupe contrôle.
La survie médiane a été supérieure dans le bras chimiothérapie adjuvante (51 mois versus 29 mois), mais
après analyse corrective des courbes de survie à l’aide
du « log rank », il ne persiste aucune différence statistiquement significative entre les 2 groupes (p=0.12)
(Figure 3). De plus, cette étude a été sévèrement critiquée sur le fait que sur un collectif total initial de 229
patients ayant un stade tumoral pT3-pT4, ou N+, seuls
160 de ces patients ont été sélectionnés, et parmi ces
derniers, seuls 91 ont été randomisés. De même, dans
le bras chimiothérapie, seuls 21 des 44 patients (48%)
ont reçu les 4 cycles de CISCA prévus dans le protocole initial.
992
• L’étude suisse multicentrique SAKK a inclus 77
patients comparant cystectomie seule à la cystectomie
plus une mono-chimiothérapie par 3 cycles de cisplatine [25]. Aucune différence statistique sur la survie globale avec un recul de 5 ans (54% dans le groupe
contrôle et 57% dans le groupe chimiothérapie adjuvante) n’a été observée.
• Une récente étude allemande de phase III a comparé,
chez 108 patients pT3 pN0-2 M0, la cystectomie seule
(n= 53) à la cystectomie plus 3 cycles de M-VEC (n=
55) [12]. La chimiothérapie adjuvante n’a eu aucun
impact sur la survie chez les patients ayant une tumeur
de vessie localement avancée, même après stratification selon le stade ganglionnaire.
• Stöckle a comparé la cystectomie seule (23 patients) à
l’association cystectomie plus 3 cycles de M-VAC ou
M-VEC (épirubicine remplaçant doxorubicine) (26
patients) [23]. La survie sans récidive a été nettement
améliorée dans le bras chimiothérapie adjuvante, de
sorte que l’étude a été interrompue de façon anticipée
lors d’une analyse intermédiaire (Figure 4). Le pourcentage de récidive a été de 78% (18/23) dans le groupe
contrôle et de 17% (3/18 patients effectivement traités)
dans le groupe chimiothérapie adjuvante. Dans cette
étude, les patients récidivants dans le groupe cystectomie seule n’ont pas reçu de chimiothérapie secondaire.
L’analyse des résultats de ces essais randomisés
de phase III montre une augmentation du
temps sans progression pour les tumeurs infiltrantes localement avancées, mais la chimiothérapie adjuvante n’apporte pas de bénéfice sur
la survie globale des patients. Dans ces études,
seule la série de Stöckle a utilisé une chimiothérapie M-VAC, considérée comme la référence.
Comme l’interprétation de ces essais incluant une chimiothérapie adjuvante est difficile, une revue systématique de
tous les essais randomisées comprenant une combinaison
incluant le cisplatine chez les patients avec une tumeur de
vessie localement avancée a été réalisée par Sylvester
[26]. Si ces essais ont montré une différence en faveur de
la chimiothérapie adjuvante, de nombreuses erreurs
méthodologiques ont été retrouvées :
• Faiblesse des inclusions : seulement entre 48 % dans
l’étude de Skinner [15] et 88% dans l’étude de Stanford
[6] des patients initialement prévus ont été effectivement traités.
• L’étude de Stanford a comparé, chez 50 patients, la
cystectomie seule et la cystectomie plus 4 cycles de
MVC [6]. La survie totale médiane a été de 36 mois
dans le groupe contrôle et 63 mois dans le groupe chimiothérapie adjuvante, mais cette différence n’a pas
été statistiquement significative (p=0.32) (Figure 5). Il
faut souligner que les patients du groupe contrôle ont
reçu, en cas de récidive, une chimiothérapie de type
MVC, ce qui a certainement augmenté la survie de
quelques patients.
Tableau 3 : Bénéfice de la chimiothérapie adjuvante dans les 5 essais randomisées de phase III
Auteurs
Stade pT N
Skinner, 1991 [15]
pT3, pT4,
ou N+
Stöckle, 1992 [23]
Studer, 1994 [25]
Freiha, 1996 [6]
Otto, 2001 [12]
Protocole
Terme de l’étude
47
44
Cystectomie
vs Cystectomie +
4 CISCA
Temps jusqu’à
progression
Survie médiane
OUI
NON
pT3b, pT4a,
ou N1-2
23
26
Cystectomie
vs Cystectomie +
3 M-VAC ou
3 M-VEC
Taux de progression
OUI
pT1-4b, ou N1-2
40
37
Cystectomie
vs Cystectomie +
3 cisplatine
Survie globale
NON
25
Cystectomie vs
Cystectomie +
4 MVC
Temps jusqu’à
progression
Survie médiane
OUI
NON
Cystectomie
Vs Cystectomie +
3 M-VEC
Survie spécifique
NON
pT3b, pT4 ± N+ 25
PT3 N0-2
Patients
53
55
993
Bénéfice de la
chimiothérapie
A
B
Figure 3 : Essai de l’Université de Southern California [15]. Effet de la chimiothérapie sur la survie (A, p=0.124) et le temps sans
progression (B, p=0.038) chez 91 patients ayant une tumeur de vessie pT3, pT4 ou N+.
Figure 4 : Etude de Stöckle [23]. Taux de progression entre
les 2 groupes de randomisation (23 patients dans le groupe
contrôle, et 26 patients dans le groupe chimiothérapie adju vante).
A
B
Figure 5 : Etude de Stanford [6]. Effet de la chimiothérapie adjuvante sur la survie (A, p=0.32) et le temps sans progression (B,
p=0.01) chez 50 patients ayant une tumeur de vessie pT3b, pT4 ± N+.
994
• Faiblesse du recrutement : 3,5 ans dans l’étude de
Stöckle [23] et 8,5 ans dans l’étude de Skinner [15].
• Période de suivi trop courte : environ 35 % des patients
ayant des adénopathies métastatiques infra-cliniques,
découvertes par l’examen pathologique de la lymphadénectomie, ont une survie supérieure à 5 ans [14,21].
• Analyse statistique utilisant le test de Wilcoxon, inapproprié dans l’analyse des courbes de survie, au lieu du
test de « log rank » qui permet de rechercher des différences à long terme.
2. ETUDES NON
Actuellement, nous ne savons pas dans quelle mesure le pronostic après cystectomie totale peut être
amélioré par une chimiothérapie adjuvante.
Il existe très peu de données objectives en faveur
d’une telle association (durée de survie, qualité de
vie), mais les résultats de certaines études non randomisées montrent l’intérêt de cette attitude. En
effet, du fait du taux élevé de progression des
tumeurs de vessie ≥ pT3a, la plupart des patients
seront confrontés à une indication de chimiothérapie.
RANDOMISÉES
Les facteurs pronostiques prédictifs de haut risque
de récidive après cystectomie totale sont pour la
plupart aujourd’hui identifiés:
• En 1988, Logothetis a rapporté les résultats d’une
étude comparant, chez des patients à haut risque de
récidive (invasion vasculaire ou lymphatique, pT3b,
pT4a ou N+), la cystectomie seule (n= 62) et l’association cystectomie plus chimiothérapie CISCA (n= 71)
[8]. Dans le groupe cystectomie, la chimiothérapie n’a
pas été réalisée soit du fait de contre indications médicales (cardiaque, rénale, ou complications post-opératoires) soit que cette possibilité n’a pas été proposée au
patient (32.3 %) ou a été refusée. Cette étude a montré
avec un recul de 3 ans :
- Une différence significative sur la survie sans
maladie en faveur du groupe avec chimiothérapie
adjuvante ;
- Cette différence a été marquée chez les patients
ayant des adénopathies métastatiques, ou un envahissement extra-vésical ; par contre, aucun bénéfice n’a été observé chez les patients ayant un envahissement vasculaire ou lymphatique
• En 1996, Stöckle a rapporté une étude poursuivant l’essai randomisé publié en 1992, comparant cystectomie
seule et association cystectomie plus M-VAC/M-VEC
[24]. Les courbes de survie sans progression ont montré
un bénéfice pour le groupe cystectomie plus chimiothérapie (n= 80) comparativement au groupe cystectomie
seule (n= 86), chez des patients pT3a, pT4a, ou pN1-2
(p=0.0002). En analyse multivariée, la chimiothérapie
adjuvante (p= 0.0001) et l’existence d’un envahissement
ganglionnaire (p= 0.05) ont été significatifs.
• Wei et Michael ont observé une augmentation de la survie après cystectomie par la chimiothérapie adjuvante de
type MVC, essentiellement chez les patients N+, mais
au prix d’une toxicité secondaire à la chimiothérapie
[11,28].
• Soloway, en 1994, et Sahwi, en 1998, n’ont pas retrouvé de différence significative sur la survie globale et
sur la survie sans récidive par l’association d’une chimiothérapie adjuvante après cystectomie dans un groupe pT2, pT3a, pT3b N0-1, comparé à des patients de
stade identique traités par cystectomie seule [13,16].
• anatomo-pathologiques [9]
- invasion vasculaire,
- envahissement tumoral extra vésical pT3a,
- envahissement des organes de voisinage
pT4a (prostate, vagin),
- métastases ganglionnaires ;
• biologiques
- bcl-2 [2]
- EGF-R [10]
- p53 [1,5], p21 [18].
Cette connaissance a abouti à 2 attitudes différentes :
• pour les urologues, la réalisation d’une cystectomie totale pour les stades localement avancés (≥
pT3a) et régionalement évolués (≥ pN2) avec
curage ganglionnaire «pelvien étendu» [7,17],
comptant sur l’effet curatif de l’exérèse étendue,
en l’absence d’un traitement adjuvant réellement efficace (poly-chimiothérapie)
• pour les oncologues médicaux :
- une large étude internationale européenne
EORTC devant inclure 1344 patients avec
une chimiothérapie adjuvante après cystectomie a été initiée. L’objectif est d’évaluer 4
cycles de chimiothérapie immédiate versus
chimiothérapie retardée au moment de la
récidive chez des patients à haut risque de
récidive pT3-4 ou N+. Trois combinaisons de
chimiothérapie ont été autorisées : M-VAC,
HD-M-VAC, et Gemcitabine-Cisplatine [19,
22, 27].
995
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- Parallèlement, le SWOG a activé un autre
protocole comparant chimiothérapie adjuvante versus observation chez des patients
pT1-2 traités par cystectomie totale, en fonction d’une mutation du gène p53. Les patients
avec une forme sauvage de p53 seront observés après cystectomie ; par contre, les patients
avec une forme mutante de p53 seront randomisés entre chimiothérapie et observation.
Cette étude a été élaborée à partir des données
montrant que les anomalies de pRb et p53 ont
été corrélées à une diminution de la survie et
une augmentation du taux de récidive [3,4].
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Dans l’attente du résultat de ces études randomisées,
l’association d’une chimiothérapie adjuvante à une
cystectomie totale reste du domaine de l’évaluation.
A l’opposé, on se doit d’insister sur le caractère
extrêmement invasif d’une cystectomie totale chez
de tels patients à haut risque.
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