ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC Haïti, un pays à construire nauté internationale doit se mobiliser et construire le pays de fond en comble. « Je ne dis pas reconstruire mais bien construire, parce qu’il n’y a rien de solide dans ce pays. C’est catastrophique du point de vue de la gouvernance, l’éducation, la santé, l’état sanitaire, l’économie... » À court terme néanmoins, une deuxième équipe de l’Université de Sherbrooke a pris la relève. Elle est composée cette fois de psychiatres, de psychologues, de médecins en santé publique, de physiothérapeutes et d’une intervenante sociale, qui auront à répondre aux besoins de l’heure : des gens qui souffrent de stress post-traumatique après avoir été témoins de scènes d’horreur, qui ne dorment pas ou qui s’éveillent en panique, qui ont besoin de réadaptation après avoir été amputés d’un membre. Le Dr Vincent Échavé à Haïti, en janvier 2010 u lendemain du tremblement de terre qui secouait Haïti, le Dr Vincent Échavé a pris la tête d’une délégation déployée par la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. Deux chirurgiens, deux orthopédistes, un anesthésiste, un médecin de famille, un infirmier et deux infirmières accompagnaient le chirurgien thoracique du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, qui n’en était pas à sa première mission humanitaire, loin s’en faut. « J’ai été chirurgien de guerre pour Médecins sans frontières dans de nombreux pays, dans tous les continents. Haïti me semble le pire des endroits. Ce pays était déjà dans un état déplorable lors de ma dernière mission en 2007, bien avant le tremblement de terre. » À A l’époque, il a travaillé dans un hôpital de Port-au-Prince qui s’occupait exclusivement de violence. « En un an, on avait recensé plus de 1500 plaies par balle et plus de 500 plaies par arme blanche. Imaginez le nombre de blessés par jour ! » Les souvenirs que le Dr Échavé rapporte de sa mission de janvier dernier sont encore plus douloureux. « Les conditions sanitaires sont déplorables, l’eau potable et la nourriture manquent. La déforestation a un impact négatif sur les terres cultivables. L’instabilité empêche les investissements, le taux de chômage est très élevé et il y a encore plus de violence, surtout à Port-au-Prince. » L’aide humanitaire ne suffit pas, il en est convaincu. Il estime que la commu- Le Dr Échavé voit aussi poindre à l’horizon les risques d’épidémies, d’abord à cause des conditions insalubres dans lesquelles vit la population, sous des abris de fortune à quelques mètres des latrines. Et aussi parce que la saison des pluies et celle des ouragans approchent. « S’il fallait que se déclarent des cas de choléra… » Mais ce qu’il craint pardessus tout, c’est que les médias cessent de parler d’Haïti. L’engagement du Dr Vincent Échavé lui a valu de nombreuses récompenses au cours de sa carrière, dont le Prix Prestige de l’AMQ en 2001, le Grand Prix du Collège des médecins du Québec en 2007 et le Prix Frederick Newton-Gisborne Starr de l’AMC en 2008. info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC Projet de loi no 67 L’AMQ réclame un médecin à la tête de l’INESSS AVRIL 2010 e projet de loi no 67 vise la création de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS), fruit de la fusion entre le Conseil du médicament et l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé. Cet organisme serait l’équivalent du National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE). Le 20 janvier dernier, le président de l’AMQ a participé aux audiences publiques sur ce projet de loi en compagnie du Dr Stephen Rosenthal, membre du conseil d’administration de l’AMQ, et du Dr Alain Larouche, directeur médical à l’AMQ. Il a demandé qu’un médecin soit à la tête de cet organisme. L’Association a également recommandé que le projet de loi prévoie un certain nombre de médecins au conseil d’administration. L r Enfin, le D Lajoie a demandé des précisions au sujet de l’article 19, selon lequel un administrateur indépendant peut se trouver en situation de conflit d’intérêt de façon ponctuelle sans que sa qualification en soit affectée. Tant le ministre de la Santé et des Services sociaux, Yves Bolduc, que le critique péquiste en matière de santé, Bernard Drainville, ont admis que le libellé de cet article devrait être modifié. On peut entendre l’intervention du président de l’AMQ devant la Commission de la santé et des services sociaux au www.assn at.qc .c a/fr /vi de o-au di o/ Au d ioVid eo -11139. ht m l. epuis le début de l’année, l’AMQ a été entendue en commission parlementaire à deux reprises. Le 20 janvier, nous avons commenté le projet de loi sur la création de l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Le 16 février, j’ai participé au débat entourant l’euthanasie et le droit de mourir dans la dignité, avec trois collègues : la Dre Manon Chevalier, interniste et gériatre au Centre hospitalier universitaire de Québec ; la Dre Michelle Dallaire, omnipraticienne au Centre hospitalier de l’Université de Montréal ; et le Dr François Gobeil, anesthésiologiste au CSSS Pierre-Boucher et membre du conseil d’administration de l’AMQ. Je ne reviendrai pas sur ce thème qui a fait l’objet de mon éditorial, dans le dernier numéro de l’AMQ-info, sinon pour préciser que notre intervention visait principalement la nécessité de définir ce qu’on entend par « euthanasie ». D Invité à justifier ce point de vue, le D Jean-François Lajoie a précisé que l’ensemble des recommandations et des guides de pratique qui émaneront de l’INESSS porteront sur les médicaments, les technologies diagnostiques et thérapeutiques ainsi que les interventions. Ils viseront donc les médecins au premier chef. « Un médecin au poste de président-directeur général aurait la sensibilité de préparer le terrain auprès des médecins », estime le Dr Lajoie. L’AMQ s’est dite déçue que la révision du panier de services ne figure nulle part dans le projet de loi. L’INESSS devrait avoir le mandat de recommander que soit assuré un acte médical ou une intervention qui ne comportent pas d’avantage significatif sur le plan clinique ; inversement, il devrait pouvoir recommander qu’un acte, une intervention ou un médicament soient dorénavant couvert. VOLUME 15 • NO 1 Débats de société r Parmi une douzaine de recommandations visant à mieux centrer la mission de l’INESSS, l’AMQ a notamment insisté sur la nécessité de préciser, dans le projet de loi, que le mandat de l’organisme porte aussi sur l’évaluation des technologies de l’information utilisées à des fins cliniques. info Le président de l’AMQ portant le flambeau olympique des Jeux de Vancouver Les fonctions de l’INESSS Selon le projet de loi no 67, l’INESSS devra notamment évaluer les avantages cliniques et les coûts des technologies, des médicaments et des interventions en santé et en services sociaux personnels; élaborer des recommandations et des guides de pratique visant l’utilisation optimale des technologies, des médicaments et des interventions, les maintenir à jour et les diffuser ; déterminer dans ses recommandations et ses guides les critères devant servir à l’évaluation de la performance des services; faire des recommandations au ministre de la Santé et des Services sociaux dans le cadre de la mise à jour de certaines listes de médicaments. En effet, j’ai souligné en commission parlementaire que les médecins qui se prononcent en faveur de l’euthanasie le font généralement parce qu’ils associent à ce mot la sédation palliative, utilisée dans nos hôpitaux dans le seul et unique but d’aider les mourants à ne plus souffrir. Or, l’euthanasie est davantage un geste ayant pour objectif de mettre un terme à la vie sans que le patient soit nécessairement atteint d’une maladie en phase terminale. S’il y a confusion dans la communauté médicale, imaginons l’état d’esprit dans lequel se trouve l’ensemble de la population, moins au fait que nous des nuances entre les deux pratiques. À quelques reprises au cours des audiences de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité, des représentants du gouvernement ont fait allusion à la prise de position de l’AMQ. J’ai le sentiment que nous avons été entendus et je suis confiant qu’ils sauront faire avancer ce dossier avec tout le doigté nécessaire. Pour ce qui est de l’INESSS, un article dans ces pages aborde la question. J’aimerais toutefois ajouter que la représentativité de la profession au poste de présidentdirecteur général et au conseil d’administration est dictée par l’importance de la demande et par l’offre des services médicaux dans le panier de services en santé. L’évolution fulgurante des technologies médicales, pharmaceutiques et d’information, de même que les modes d’intervention de plus en plus complexes, commandent une redéfinition des actions dans le domaine de la santé. Pour faire les choses autrement et efficacement, il faut toutefois disposer de données probantes et d’un cadre scientifique et éthique solide. Ces deux leviers étaient déjà bien en place à l’Agence d’évaluation des technologies et des modes d’intervention en santé et au Conseil du médicament du Québec, qui seront fusionnés pour former l’INESSS. Nous ne sommes donc pas inquiets pour la suite des choses. Enfin, c’est avec un plaisir anticipé que je compte vous rencontrer au congrès de l’AMQ, les 22, 23 et 24 avril prochains. La permanence nous a concocté un programme novateur, à la hauteur de la thématique Innover pour transformer. Notez ce rendez-vous à votre agenda et inscrivez-vous sans tarder à cet événement qui risque d’être inoubliable ! Dr Jean-François Lajoie Président Association médicale du Québec ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC info Un astronaute dans nos rangs David Saint-Jacques rêvait d’être astronaute depuis sa plus tendre enfance. Aujourd’hui âgé de 40 ans, il est en formation à Houston, Texas. Lorsqu’il a appris que l’Agence spatiale canadienne l’avait choisi parmi 5351 candidats, il était médecin, co-chef du département de médecine au Centre de santé Inuulitsivik, à Puvirnituk, dans le Grand Nord québécois, et membre de l’AMQ. Après avoir obtenu un baccalauréat en génie physique en 1993 et un doctorat en astrophysique en 1998, il décroche son diplôme de médecine de l’Université Laval en 2005. Il effectue ensuite sa résidence à l’Université McGill, où il se spécialise dans l’exercice de la médecine de première ligne en région éloignée. Nul doute que ce parcours exceptionnel l’a aidé à se qualifier. Dans sa tournée des médias, à la suite de sa nomination, il a dit ne pas connaître les critères de sélection qui lui ont été favorables. Cependant, plusieurs tests psychologiques et physiques étaient axés sur la capacité de travailler en équipe, ce à quoi l’avait préparé l’expérience qu’il a acquise dans le Grand Nord. Que ce soit à titre d’ingénieur, d’astrophysicien ou de médecin, il a toujours été fasciné par la compréhension de la nature humaine et des grands mystères de l’univers. Convaincu que les missions spatiales ont beaucoup apporté à l’Humanité, il dit aborder sa nouvelle carrière avec humilité. David Saint-Jacques est devenu un modèle de fierté pour la population québécoise, la preuve qu’il est possible de réaliser un jour ses rêves, même les plus fous. Il est aussi un modèle de détermination pour la jeune génération de médecins qui s’engagent avec fougue dans leur profession ! ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC info Le courriel, une carte postale… en pire ! l fut un temps où l’on disait que rien n’était moins confidentiel qu’une carte postale. C’est aujourd’hui le courriel qui détient ce triste record. En effet, lorsqu’on reçoit une carte postale, on peut toujours la détruire pour éviter que des yeux indiscrets la lisent. Pour ce qui est du courriel, les possibilités d’indiscrétion sont plus grands : il peut être envoyé à plusieurs personnes simultanément en copie invisible, redirigé après avoir été falsifié ou adressé par mégarde au mauvais destinataire. I En dépit de tous ces risques, des millions de courriels circulent quotidiennement dans le cyberespace. La plupart d’entre eux ne requièrent cependant pas un niveau de confidentialité aussi élevé que celui qu’exige la relation médecin-patient. Est-ce à dire que les médecins devraient bannir le courriel de la liste des moyens qu’ils utilisent pour communiquer avec leurs patients ? L’Association médicale canadienne, qui s’est penchée sur la question, a publié des lignes directrices à ce sujet, en janvier dernier. Dans un document très étoffé, elle constate que, même si les communications électroniques offrent de nombreux avantages, les médecins doivent prendre les mesures nécessaires pour assurer la même confidentialité que pour le dossier papier. Elle propose un protocole type visant à expliquer au personnel et aux patients les limites et les règles liées à l’utilisation de l’information transmise en ligne. Ainsi, le patient peut espérer une réponse immédiate, alors que le médecin a besoin de délais réalistes, d’où l’intérêt d’établir des paramètres au préalable. Dans ses directives, l’AMC aborde aussi les échanges relatifs à la prise de rendez-vous, au renouvellement d’ordonnances et à la communication de résultats d’examens, qui ne doivent pas être traités sur un même pied. Toutefois, l’AMC souligne qu’avant d’utiliser largement ce mode de communication avec leurs patients, les médecins doivent consulter en priorité les exigences réglementaires des autorités de leur province, tel le document publié par le Collège des médecins du Québec sur la gestion du cabinet. Un article de l’Association canadienne de protection médicale comprend, lui aussi, de précieux renseignements sur les risques juridiques liés à l’utilisation du courrier électronique dans les communications avec les patients. La lecture de ces trois documents est indispensable avant de se lancer dans la grande aventure du cyberespace. Des lectures indispensables La façon la plus simple et la plus rapide de consulter les trois documents ci-dessous est de taper les titres dans un moteur de recherche tel que Google : Lignes directrices à l’intention des médecins au sujet des communications en ligne avec les patients, Association médicale canadienne, janvier 2010. L’organisation du cabinet et la gestion des dossiers médicaux, Collège des médecins du Québec, mai 2007. Utilisation du courrier électronique dans les communications avec les patients : les risques juridiques, Association canadienne de protection médicale, mars 2005, révisé juin 2009. Association médicale du Québec 380, rue Saint-Antoine Ouest, Bureau 3200 Montréal (Québec) H2Y 3X7 Téléphone : (514) 866-0660 • 1 (800) 363-3932 Télécopieur : (514) 866-0670 Courriel : [email protected] www.amq.ca