Les jeunes médecins se retrouvent coincés entre deux messages apparemment
contradictoires. D’un côté, on leur dit «Travaillez plus!» et de l’autre, «Prenez
soin de vous!» Deux exigences d’ailleurs documentées, preuves à l’appui, par
deux des conférenciers au CÉMQ, Damien Contandriopoulos3 et la Dre Lorraine
LeGrand Westfall4.
Damien Contandriopoulos a dévoilé des données démontrant que:
• année après année, on a plus de médecins au Québec, mais le nombre de
services rendus par médecin diminue. Malgré l’augmentation du nombre
d’omnipraticiens, il y a moins de services disponibles par personne qu’il y
a cinq ans;
• la hausse de rémunération des médecins ne se traduit pas par une
amélioration de l’accessibilité des soins. Une étudiante a demandé
pourquoi. M. Contandriopoulos a mentionné «l’effet de revenu»: à partir
d’un certain seuil de rémunération, la recherche d’une amélioration des
conditions de vie prime sur l’argent;
• de 50% à 80% des soins de première ligne ordinaires (ex: un patient non
médicamenté et non vulnérable) peuvent être pris en charge par d’autres
professionnels que le médecin. «Les études convergent en ce sens».
Central, le docteur, mais plus tout seul. «Tous veulent une première ligne
forte, qui joue vraiment son rôle, sans se contenter d’être un guichet de
recrutement pour plus de soins spécialisés», signale le chercheur.
135 étudiants assistaient à la sixième édition du Colloque médical étudiant
du Québec le 19 janvier dernier. Photo: AMQ
Le chercheur a également mentionné les coûts croissants, et non contrôlés, des
médicaments. Un phénomène aussi dû, selon lui, à la hausse constante du seuil
de définition de la maladie. Il a pris l’exemple du diabète, de l’hypertension et du
taux de cholestérol, précisant que l’immense majorité des gens de plus de 65
ans sont susceptibles de souffrir de l’une ou l’autre de ces trois maladies à un
moment donné.
«Alors, avoir l’âge de la retraite va bientôt constituer en soi une maladie
chronique!», a-t-il commenté.
Mais faites attention à vous…
La Dre LeGrand Westfall4 a en effet indiqué que la santé du médecin doit
aussi être une priorité constante. Ainsi, dit-elle, 90% des médecins canadiens se
disent en bonne santé. Et pourtant,
• ils travaillent même quand ils sont malades;
• les trois quarts se traitent eux-mêmes quand ils sont malades;