Faire les choses
autrement !
On peut assurer la pérennité de
notre régime public de santé dans
la mesure où on fait notre travail
différemment. Voilà l’essentiel du
message qu’a livré le Dr Michael
Rachlis lors de sa conférence, qui
a été suivie par une discussion
avec des experts-panélistes.
D’entrée de jeu, le Dr Rachlis a
voulu déboulonner un certain
nombre de mythes tenaces :
• Lescoûtsdessoinsdelasanté
sont largement hors de contrôle
• Les«babyboomers»vontavoir
la peau du système public
• Laseulesolutionestdeprivati-
ser les services de santé. Selon
le conférencier, ces énoncés
sont entièrement faux.
Oui, le système de santé du Canada est viable. La part du PIB consacrée
àlasantéaaugmentédefaçonspectaculaireen2009dûàl’économie
qui s’est effondrée. En 2010 et 2011, les gouvernements ont contrôlé les
coûts,l’économieaprogresséànouveauetlapartduPIBconsacréeàla
santéadiminué.Latendanceàlabaissedescoûtsensantéenpourcen-
tage au PIB va se poursuivre pour les 3 à 5 prochaines années. La plus
grandeaugmentationdescoûtsaucoursdes20dernièresannéesaété
du côté du privé. Les dépenses en soins de santé publics ont augmenté
de 8 % en termes relatifs, comparativement au secteur privé où l’augmen-
tationaétéde35%.Typiquement,lescoûtsontaugmentéducôtéprivé
parce qu’on n’y retrouve pas un payeur unique.
Autre constat : le vieillissement de la population ne tuera pas l’assurance-
maladie. La population canadienne est vieillissante et les dépenses de
santé augmentent avec l’âge, mais le vieillissement en soi a eu et aura
seulement un impact modéré sur les dépenses de santé.
Le Dr Rachlis a insisté sur la nécessité de changer la façon dont nous
offrons des services de santé pour s’assurer de maintenir les gens en
santé. Comment ? En mettant l’accent sur la santé de la population en
créant des lieux de travail de qualité pour les professionnels, en prenant
en considération les nouveaux rôles en soins de santé des médecins et
professionnels de la santé. Il faut des soins centrés sur le patient et sa
famille, ce qui signifie de grands changements au niveau des rôles des
acteurs de la santé et du patient, particulièrement pour les maladies chro-
niques. Les médecins doivent maintenant agir comme des entraîneurs de
soutien plutôt que des livreurs de la vérité.
De gauche à droite : Dr Michael Rachlis, Gertrude Bourdon,
Dr Philippe Couillard, Dre Lyse Landry,
Antonia Maioni, Ph. D., Robert Salois
Ce qu’ils ont dit…
Gertrude Bourdon
Directrice générale, CHUQ
«J’apprécie beaucoup qu’on ait des chiffres à l’appui parce que
souvent c’est par la vision économique qu’on arrive à mieux faire les
choses. Étant une ardente défenderesse du système public, j’ai aussi
apprécié les mesures sur la force et l’importance de la prévention.»
Dr Philippe Couillard
Conseiller stratégique, SECOR
Ex-ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec
«Des changements majeurs doivent être entrepris, sur tout le mode
de paiement automatique, autant pour les médecins que pour les
établissements de santé. Il faut financer le continuum des soins et non
seulement l’établissement. Le flux budgétaire doit changer.»
Dre Lyse Landry
Présidente de la table des DSP, AQESSS
«Oui nous devons revoir l’organisation des services. Il y a moyen de
faire les choses autrement. Tous sont de plus en plus conscients et
convaincus des changements qui s’imposent et si l’on demande aux
médecins de collaborer, si nous les invitons à s’asseoir avec nous, ils
sont très ingénieux pour trouver des solutions.»
Antonia Maioni, Ph. D.
Professeure adjointe, Institut des politiques sociales et de la santé,
Université McGill
«Ce sentiment de crise n’est pas très efficace afin de savoir ce qu’il
faut faire avec une population vieillissante, il y aura des défis à
combler, mais ce n’est pas une question de crise.»
Robert Salois
Commissaire à la santé et au bien-être
«La notion d’avoir des données pour être capable de mesurer, c’est
en soi un défi qui est présent dans toutes les organisations qui
veulent s’évaluer. Actuellement les provinces canadiennes essaient
d’échanger pour être capables d’avoir des données fiables et
comparables. Il faut trouver de nouvelles données et informations
pour être en mesure d’aider le décideur à prendre de meilleures
décisions et ainsi mesurer la performance du système de santé.»