ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC info info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC (Suite de l’article) aussi souligné l’importance de faire une analyse d’impacts pour mieux cerner les actions à poser et les pièges à éviter. Enfin, outre la préparation, la mesure et le suivi, les conditions favorables au succès dans la gestion du changement s’articulent beaucoup autour des communications, dans la clarté des messages, l’écoute et la rétroaction. Ainsi, Louise Beaudoin a suggéré de privilégier une approche de communication continue. *** Enfin, Stéphane Gendron, vice-président de CROP, a identifié trois points majeurs dans les discussions de l’atelier Apprivoiser le patient en devenir, c omprendre ses exigenc es , ses a ttentes, et en faire un pa r tenaire : l’importance de faire jouer un rôle plus grand au patient, d’offrir des soins à l’échelle de la communauté, et de revoir le rôle du médecin. En effet, plusieurs participants ont suggéré qu’il serait profitable de modifier le paradigme, et de favoriser « l’accès à des soins de santé » plutôt que « l’accès à un médecin ». Les solutions passeraient donc par l’accueil et l’écoute, l’approchepartenaire, ainsi que le partage et la circulation des informations et des connaissances. Bref, il faut impérativement revoir nos façons de faire. LE MOT DE LA FIN MISSIONS D’ÉTUDE ET D’OBSERVATION n guise de conclusion au colloque, Claudette Duclos, directrice générale de l’AMQ, a rappelé que, selon les travaux du démographe David Foot, les professionnels et gestionnaires du réseau de la santé ont environ dix ans pour trouver des solutions afin de répondre aux impératifs liés au vieillissement de la population et à la hausse de maladies chroniques qui en découlera. E Claudette Duclos, directrice générale de l’Association médicale du Québec, a appris aux participants que l’AMQ parrainera, en collaboration avec des partenaires de l’industrie des technologies de l’information et des communications, une mission à l’étranger, afin de mieux faire connaître des programmes de gestion performants susceptibles d’inspirer, voire même d’initier un vent de changement ici! Les deux milieux cliniques sélectionnés sont très différents l’un de l’autre. Le premier est un réseau d’établissements de Colombie-Britannique, le Providence Health Care Medical Center, qui a fait ses preuves en terme de gestion des maladies chroniques. Le deuxième réseau de santé, le Cleveland Clinic Health Systems, en Ohio, est notamment réputé pour son utilisation optimale des technologies de l’information et des communications comme soutien à la gestion des maladies chroniques.* Or, nous sommes loin d’être les seuls aux prises avec cette réalité, et plusieurs initiatives ont déjà amélioré la gestion des maladies chroniques. À l’origine de tous les modèles performants, on retrouve le leadership de médecins de famille soutenus par une équipe interdisciplinaire, ainsi qu’un accès facilité aux médecins spécialistes, à l’information clinique et aux plateaux techniques. Les systèmes d’information adéquats soutiennent un projet clinique bien défini. Mais le succès réside surtout dans la volonté de changer les façons de faire et d’adapter l’organisation et les pratiques médicales aux besoins des patients. L’équipe de l’Association médicale du Québec formule le souhait que le colloque Les ma ladies c hr oni ques a ur ont -elles ra is on de ma pra t iq ue médic ale? constitue un levier de ce changement, l’amorce d’un vaste mouvement où les membres de l’AMQ seraient, plus que jamais, des médecins en action. Les maladies chroniques auront-elles raison de ma pratique médicale? : L’Association médicale du Québec anime la réflexion sur des solutions envisageables MISE EN CONTEXTE * Si vous souhaitez en apprendre davantage sur les missions d’étude et d’observation de l’AMQ, vous trouverez plus d’information à l’adresse suivante : http://www.amq.ca/fr/en-action/nouvelles-amq/item/278. e ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Yves Bolduc, se décrit comme « un gars 100% numérique. » Si, dès 2004, il était le premier de son équipe de GMF à utiliser exclusivement le prescripteur électronique, il a dit estimer qu’aujourd’hui, le Québec est aussi infor matisé qu’ailleurs. Par ailleurs, s’il croit que nous avons de meilleurs outils pour pallier aux impacts des maladies chroniques (assurancemédicaments, effectifs médicaux répartis dans toute la province, etc.) q u’ e n On t a r i o , p a r exemple, il a admis que notre système n’est pas parfait, et que nous Dr Yves Bolduc VOLUME 16 • NO 1 Claudette Duclos es maladies chroniques affectent, et c’est peu dire, les pratiques médicales et l’ensemble du système de santé. À titre d’exemple, la moitié de la population nord-américaine en est atteinte et, à partir de 65 ans, deux personnes sur trois souffrent de deux maladies chroniques. Au Québec, près de 3% de la population accapare à elle seule 50% des journées d’hospitalisation. L LE MOT DU MINISTRE L MARS 2011 info devrons revoir nos manières de faire. « Il y a un problème d’accessibilité de services, de facilité d’utilisation des services, mais ça ne va pas passer par plus d’argent, mais par plus de gestion, mais surtout par plus de collaboration entre les professionnels et entre les intervenants du réseau de la santé. Et par un leadership du Ministre, des agences, des établissements, des fédérations et des syndicats. » Selon lui, il faut changer nos modes de gestion et nos pratiques, mais il y a énormément de résistance au changement. Par contre, le courant technologique actuel est irréversible, et forcera l’adoption de nouvelles habitudes. « Groupes de médecine de famille, cliniques-réseaux, informatisation du réseau de la santé : c’est un train qui est là, qui passe, et que les gens n’auront pas le choix de prendre », et le Ministre croit qu’il faudra peut-être rendre le changement obligatoire pour qu’il fonctionne. Enfin, le Dr Bolduc a souligné qu’il est important de se laisser inspirer par les innovations technologiques et organisationnelles de la Cleveland Clinic, Mayo Clinic, Kaiser Permanente, ou de chez nous, mais que ce qui est plus important encore dans l’innovation, c’est de la généraliser pour que tous puissent en profiter. Association médicale du Québec 380, rue Saint-Antoine Ouest Bureau 3200 Montréal (Québec) H2Y 3X7 Téléphone : 514 866-0660 1 800 363-3932 Télécopieur : 514 866-0670 Courriel : [email protected] www.amq.ca Édition : Nicole Beaulieu Rédaction : Annabelle Boucher Beaudry Recherche : Myriam Labelle Si vous souhaitez recevoir l’AMQInfo en version électronique seulement, écrivez-nous à [email protected]. Pour faire face à ce défi colossal, l’Association médicale du Québec a réuni des représentants du milieu médical et des représentants de l’industrie des technologies de l’information et des communications (TIC) lors du colloque Le s m a l a d i es c h r o niq ues a ur ont -elles ra is on de m a pra ti que médi ca le? le 21 janvier dernier à Montréal, afin de déboucher sur une vision commune de la situation actuelle du réseau de la santé, de son évolution anticipée pour les dix prochaines années, et des besoins en TIC pour faciliter l’arrimage des stratégies et des outils technologiques. L’intérêt soulevé par le colloque Les ma la dies c hro niques a uro nt-elles ra ison de ma prat ique médic a le? fut grand, puisque plus de 100 inscriptions ont été enregistrées auprès des membres de la communauté médicale, du réseau professionnel de la santé (médecins, pharmaciens, infirmières, gestionnaires, ministère de la Santé et des Services sociaux, etc.) et de l’industrie des technologies. Plusieurs, dont la journaliste Fabienne Papin, de l’Actualité médicale, ont souligné la qualité de l’ambiance que l’on sentait habitée d’une volonté de changement, d’un sentiment réel que le mouvement est initié, irréversible, et que les améliorations sont possibles. Dr Jean-François Lajoie Président Association médicale du Québec Toutes les conférences sont disponibles en ligne sur le site www.amq.ca. info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC REGARDS SUR NOTRE SYSTÈME Robert Salois i l’équipe de l’Association médicale du Québec et plusieurs de ses membres s’intéressent depuis quelques années aux problèmes que soulève l’émergence des maladies chroniques et aux défis qu’elle sous-tend pour le système de santé et pour la profession médicale, l’Association médicale canadienne (AMC) s’est, elle aussi, penchée sur la question. C’est pour cette raison que l’AMQ a invité William Pascal, chef des technologies de l’information (TI), afin de présenter le plan stratégique de l’AMC en matière de TI. D’emblée, Monsieur Pascal a donné le ton à la journée, en soulignant que les coûts reliés aux soins de santé ont plus que triplé au cours des quatre dernières années et ne qu’ils ne cesseront d’augmenter avec le vieillissement de la population si rien n’est fait. Les stratégies déployées jusqu’à aujourd’hui n’ayant pas atteint totalement leurs objectifs, elles devront nécessairement être revues, d’où la nécessité de créer une interface permettant le partage des informations médicales d’un patient. Il a souligné que l’adoption d’une approche permettant une participation active des professionnels per- S mettrait de réduire le temps de consultation, ce qui engendrerait des économies substantielles tout en facilitant la gestion des maladies chroniques, par la prévention et la participation du patient au monitorage de son état de santé. *** Comme tout bon changement a pour assise une planification stratégique ancrée dans une analyse de la situation actuelle, Monsieur Robert Salois, commissaire à la santé et au bien-être, a dressé un portrait de notre système. Le commissaire a émis le constat selon lequel « l’analyse de la performance de notre système démontre que les solutions sont d’ordre organisationnel et résident dans les outils qu’on offre aux cliniciens et dans le développement des capacités des personnes ». Bref, en partageant avec générosité « la face cachée » de son rapport, Robert Salois a souligné l’importance d’investir dans des programmes d’informatisation du réseau et de faciliter la participation des patients dans le monitorage de leur état de santé afin de désengorger la première ligne. William Pascal info DEUX EXPÉRIENCES À L’ÉTRANGER… À S’APPROPRIER ? aciliter la prise en charge de sa santé par le patient en lui permettant d’avoir accès à son dossier médical ainsi qu’à des experts en tout temps, voilà l’un des objectifs premiers que s’est donné la Cleveland Clinic, en OHIO, considérée comme un exemple à travers le monde. Porté par un enthousiasme des plus communicatifs, le Dr Rami Boutros, directeur des services cliniques, a suscité un vif intérêt chez les participants en démontrant les retombées positives des façons de faire de la Cleveland Clinic. La conférence a donc été des plus inspirantes, en éveillant la réflexion des participants sur les possibilités de transposition des acquis de l’OHIO dans notre propre système. *** Si le système de santé de la Cleveland Clinic constitue un exemple d’intégration des technologies de l’information et des communications à la pratique médicale, la Colombie-Britannique a réussi, quant à elle, à mettre de l’avant un modèle d’organisation clinique permettant une gestion optimale des maladies chroniques. *** Le Dr Garey Mazowita, professeur de la faculté de médecine de la University of British Columbia, a expliqué que le succès de l’expérience de la ColombieBritannique repose à la base sur le General Practice Dr Rami Boutros Services Committee, qui a été mis sur pied par le ministère de la Santé, l’Association médicale de la Colombie-Britannique et l’Association des médecins de famille de Colombie-Britannique. Le comité a instauré des programmes visant à promouvoir la pratique de la médecine familiale, en répondant au désir des médecins d’être rémunérés et valorisés à leur juste mesure, en encourageant les étudiants à pratiquer la médecine familiale, et en mettant en valeur les soins longitudinaux. Des programmes répondant au désir des médecins d’être épaulés dans leur formation et leur pratique ont également été créés, ainsi que des Divisions constituées de médecins de famille ayant des pratiques convergentes sur un territoire donné. Aujourd’hui, plus de 80% des médecins de famille font partie d’une des Divisions. Le dossier médical électronique, en implantation graduelle depuis 2006, rencontre un vif succès, notamment auprès des médecins ayant des pratiques de Dr Garey Mazowita groupe (plus de 90% des médecins inscrits qui travaillent en groupe de 6 professionnels ou plus ont implanté le dossier médical informatique). Bref, l’expérience de la Colombie-Britannique, telle que communiquée par le Dr Garey Mazowita est des plus inspirantes, tant pour les défis que pose l’intégration des technologies de l’information que pour ceux que suppose la gestion des maladies chroniques. F info ASSOCIATION MÉDICALE DU QUÉBEC TROIS CONDITIONS À LA PRATIQUE D’UNE MÉDECINE DE POINTE : TROIS ATELIERS DE RÉFLEXION ET DE MISE EN COMMUN Après les conférences de la matinée axées sur les réalités actuelles de notre système de santé et sur les modèles d’organisation clinique et d’intégration des technologies, trois ateliers ont été offerts afin de favoriser les échanges des participants et l’éclosion des réflexions. Le thème des ateliers se déclinait à travers trois conditions inhérentes à la pratique d’une médecine de pointe. *** e Dr Gerry Bédard, du GMF Lavaltrie-Lanoraie, animateur de l’atelier Impla nter un nouvea u modèle de pra tique, a rappelé que la situation ne devrait pas s’améliorer au Québec dans les prochaines années, avec une population vieillissante, le nombre croissant et la complexité des maladies chroniques et un système de santé de plus en plus difficile à financer. C’est dans cette optique que les participants à l’atelier ont nommé les particularités d’une organisation optimale de soins de santé qui pourrait nous permettre de traverser l’horizon des dix prochaines années, à commencer par une analyse approfondie des besoins de la population. Ce changement devra naître des efforts conjugués d’acteurs tels que les médecins généralistes et spécialistes, le Ministre et le commissaire à la santé et au bien-être, mais d’abord, d’une volonté de changement ancrée dans une vision commune. Enfin, les participants ont nommé quelques conditions susceptibles de faciliter le changement, notamment une rémunération adaptée, le transfert des connaissances, l’investissement dans les soins à domicile et l’intégration adaptée des TIC dans la pratique médicale. L *** Pour sa part, Louise Beaudoin, psychologue organisationnelle et associée à la Société Pierre-Boucher, a fait un retour sur l’atelier Apprendre à gérer le changement qu’elle a animé. Elle a insisté sur l’importance de définir ce que l’on veut changer de façon inspirante et concrète pour le faire accepter. Les participants ont