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Bulletin Infirmier du Cancer Vol.13-n°1-janvier-février-mars 2013
Compte rendu de congrès
cialisée dans le cancer du poumon, ce qui lui a permis
de mieux comprendre le système de santé. Elle nous
donne aussi son ressenti de l’autre côté de la barrière
sur l’éducation à la prévention des effets secon-
daires. Pour elle, des règles de base sont primordiales :
des conseils adaptés à chacun, des informations écrites
spécifiquement pour l’accompagnant pour pouvoir se
rattacher à du concret après les entretiens, une relation
honnête et sincère avec le professionnel de santé qui,
de préférence, est un correspondant connu, expert et
unique (= référent, système adopté dans la majorité des
pays anglo-saxons) et qui les guide dans le système hos-
pitalier. Sa définition des effets secondaires est : « The
necessary evil in one’s fight for survival » ou « le mal néces-
saire dans le combat pour survivre ». Elle confirme que
les personnes ressources, les proches, la famille, les amis,
sont un réseau essentiel et doivent être intégrés dans la
prise en charge globale du patient. Elle nous donne ses
conseils pour gérer les effets secondaires, principale
cause d’arrêt de traitement lorsqu’ils ne sont pas suffi-
samment soulagés.
Ya-Ying, infirmière en recherche clinique de Taïwan
expose la conduite à tenir dans la gestion des effets
secondaires dans son hôpital : diarrhées, rash cutané,
atteinte de l’intégrité des ongles, prurit, xérose, etc. Le débat
des participants qui suit nous démontre la variation de la
valeur symbolique des effets physiques selon les régions.
Theodoros, professeur en sciences infirmières de
l’université d’Athènes, également membre d’une asso-
ciation grecque pour l’information, l’éducation et le sou-
tien des patients atteints d’un cancer, intervient sur le
sujet de l’adhésion dans le cadre des thérapies ciblées.
Le changement de voie d’administration du traitement
anticancéreux modifie la vision du patient, d’un traite-
ment par perfusion à l’hôpital, où il n’est que participant
passif, à la prise régulière de médicaments oraux à domi-
cile, où il devient alors acteur de son traitement. Ce nou-
veau mode de prise présente des avantages, comme
moins de séjours à l’hôpital, une sensation de vie moins
médicalisée, mais aussi des inconvénients, comme le
coût du traitement, la possibilité de se sentir moins sou-
tenu et la prise « incorrecte » du traitement. On parle sou-
vent de compliance (obéissance dite passive : obéit au
médecin), de concordance, d’adhésion et de persistance
(poursuite de l’adhérence dans le temps) au sujet du
comportement d’un patient vis-à-vis de son traitement.
L’adhésion thérapeutique signifie que le malade colla-
bore à la proposition thérapeutique que le médecin a
élaborée en fonction de ses préoccupations. Cette adhé-
sion entre dans un cadre de projet thérapeutique et dans
le contexte d’une motivation du patient vis-à-vis des
recommandations médicales. Dans l’idéal, un patient
prend 80 à 120 % de la dose prescrite du médicament
dans n’importe quelle indication.
En oncologie, ces chiffres sont ramenés entre 80 et
95 %. En réalité, les patients sont bien au-dessous de ces
chiffres. Dans les pathologies hématologiques, seuls 17
à 27 % des patients suivent correctement la prescription,
53 à 98 % dans le cancer du sein, et 97 % dans le cancer
de l’ovaire. Les raisons de la non-adhésion ont été étu-
diées et il a été dégagé des facteurs favorisant ce com-
portement : une mauvaise compréhension de la mala-
die et de son traitement, la complexité de la prescription,
le contexte psychosocial, la mauvaise information et ges-
tion des effets secondaires… Mieux comprendre ces fac-
teurs permet de corriger ce comportement qui met en
péril la réussite du traitement, augmente le temps médi-
cal pour des consultations ou des appels. D’autant que
souvent, les patients ne se sentent pas malades, et ne
ressentent que des symptômes liés au traitement. Les
mesures correctives sont de diminuer la fréquence de
prise journalière, d’éduquer le patient et son entourage
sur les bénéfices et les risques du traitement et de sou-
tenir le patient dans son cheminement.
Une dernière intervention de Sarah, infirmière clini-
cienne anglaise spécialisée dans le cancer du poumon,
qui tient une consultation spécifique où elle reçoit les
patients ayant un traitement avec une thérapie ciblée.
Depuis quelques mois, elle prescrit le renouvellement
du traitement et gère le suivi téléphonique, ce qui per-
met d’améliorer l’adhésion thérapeutique. Elle travaille
en lien avec un médecin spécialiste, joignable à tout
moment. En tant que référente personnelle des patients,
son expertise est valorisée.
En conclusion de cette journée, nous avons dressé
le portrait idéal d’un infirmier spécialisé en oncologie,
en comparaison avec un infirmier travaillant en cancé-
rologie, sans temps ni formation spécifique. Dans cer-
tains pays (Australie, Amérique du Nord, Amérique
Latine, Belgique), la formation de spécialisation en can-
cérologie existe et se voit sanctionnée par un diplôme
d’études supérieures. En France, cette évolution n’est
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