vie des cliniques
Un service seul ne peut prétendre obtenir d’excellents résultats tant
qu’il ne se compare pas à d’autres équipes similaires. C’est la dé-
marche du service de chirurgie abdominale qui a choisi de se doter
de sa propre cellule de contrôle qualité (CQ). Objectifs : analyser les
modus operandi par le biais d’une évaluation scientifi que rétrospec-
tive, faire converger les pratiques de référence, proposer des actions
correctives. Le CQ s’entend comme un processus permanent, un cercle
vertueux. Un an après la mise en place de la cellule qualité, le travail
et les résultats sont impressionnants. A l’heure où on voudrait orienter
quasi systématiquement les patients nécessitant une chirurgie lourde
vers des centres de référence, le service de chirurgie abdominale a fait
le choix d’évaluer ses propres résultats pour se positionner par rapport
à l’ensemble du paysage hospitalier.
Une démarche scientifi que
Pour un même type de pathologie, on observe de grandes variations
de prises en charge et de résultats selon les différents services. En
chirurgie abdominale, le contrôle qualité vise à situer le niveau d’acti-
vité et de qualité dans une chirurgie grevée d’une mortalité et d’une
morbidité importantes, et à développer des initiatives qui améliorent
la prise en charge.
La cellule qualité travaille sur deux plans :
• réunir et analyser de façon scientifi que les résultats de la chirurgie
lourde, en se focalisant dans un premier temps sur 2 pathologies : la
chirurgie de résection de l’œsophage et du pancréas.
• les comparer à ceux publiés dans la littérature nationale et interna-
tionale, notamment les études se rapportant au contrôle de qualité
du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) en Belgique,
mais aussi de la Haute autorité de santé (HAS) en France et de l’Ame-
rican college of surgeons et Agency for healthcare research and qua-
lity aux Etats-Unis. Pour que la démarche soit crédible, elle doit être
inattaquable. C’est la raison pour laquelle
la cellule qualité a mis la barre très haut.
Un audit interne a été réalisé dans le service
pour évaluer la qualité du geste chirurgical
et de la prise en charge globale du patient,
en recueillant des données objectives qui
puissent informer les médecins, le person-
nel paramédical et les patients sur la qualité
des soins et les risques réels de ce type de
chirurgie.
La rigueur avant tout
L’étude porte sur les résultats de la chirurgie
de résection de l’œsophage et du pancréas
réalisée pendant 9 ans au sein du service
(2006-2014) et s’articule en trois étapes :
• après une étude approfondie de la littérature nationale et internatio-
nale, nous avons établi une liste d’indicateurs de qualité (IQ) la plus
complète possible. Les IQ sont des outils de mesure d’une pratique
professionnelle (ici la chirurgie abdominale) qui permettent d’esti-
mer de façon fi able, objective et comparable la qualité de la prise en
charge de la pathologie du patient.
• nous avons ensuite créé une base de données reprenant ces IQ. La
base de données du service de chirurgie abdominale rassemble et
stocke de grandes quantités de données de manière très organisée
afi n d’en faciliter l’exploitation.
• nous avons enfi n établi la liste des patients ayant subi ce type de
chirurgie et complété la base de données à partir de différentes
sources (dossiers médicaux, agenda du bloc opératoire, CMO, re-
gistre national du cancer, dossiers d’anesthésie, d’oncologie, d’ana-
tomopathologie, de gastroentérologie).
Les IQ s’appliquent à l’ensemble de la prise en charge du patient :
période préopératoire, période opératoire et péri-opératoire, période
postopératoire et enfi n suivi au long cours. Nous avons réuni plus de
20 IQ pour l’évaluation de la résection œsophagienne et plus de 45
IQ pour l’étude de la résection pancréatique. Les IQ sont ajustés en
fonction de l’âge du patient, du sexe, de ses comorbidités éventuelles
(score de Charlson), de son état clinique (score ASA), du niveau de
complication postopératoire (score de Dindo-Clavien), etc.
Quels résultats ?
Entre 2006 et 2014, 63 patients atteints d’un cancer de l’œsophage
ont subi une résection œsophagienne. Sur la même période, nous
avons comptabilisé 103 patients atteints d’un cancer du pancréas
ayant soit une duodénopancréatectomie (73), soit une spléno-pan-
créatectomie (25), soit une pancréatectomie gauche (4) ou encore une
pancréatectomie partielle (1). De plus, 23 duodénopancréatectomies
Une cellule de contrôle qualité
pour la chirurgie abdominale
Laurine Mattart, Dr Paul Magotteaux / cellule contrôle qualité, service de chirurgie abdominale
La cellule contrôle qualité est née à l’initiative des médecins du service de chirurgie
abdominale début 2015. Elle s’appuie sur deux personnes (1 équivalent temps plein).
Laurine Mattart
Diplômée en sciences biomédicales (master en nutrition – UCL 2006), docteur en
sciences (Univ. Namur 2012). A travaillé comme coordinatrice d’études cliniques au
centre des tumeurs de l’ULB (Institut Jules Bordet). A rejoint l’équipe de chirurgie
abdominale en décembre 2014.
Dr Paul Magotteaux
Médecin chef du service d’imagerie médicale du CHC pendant 25 ans, médecin
coordinateur du service d’imagerie au CHU pendant 3 ans. Radiologue à la clinique
de Malmedy depuis 2002. Consultant scientifi que dans la cellule de contrôle qualité
depuis 2015.
2 / blueprint n° 118 / mars 2016