faculte de medecine de tours

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Académie d’Orléans–Tours
Université François-Rabelais
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
Année 2013
N°
Thèse
Pour le
DOCTORAT EN MEDECINE
Diplôme d’Etat
Par
STEHLE Pierre
Né le 05 Jan 1982 à Boulogne Billancourt (92)
Présentée et soutenue publiquement le 11 Oct. 2013
TROUBLES BIPOLAIRES CHEZ L’ENFANT ET L’ADOLESCENT :
CRITERIOLOGIE ET DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS
JURY
Président du Jury :
Monsieur le Professeur GAILLARD
Membres du Jury :
Monsieur le Professeur CAMUS
Monsieur le Professeur BONNOT
Monsieur le Docteur ROUYER (Directeur de Thèse)
Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
RESUME
Les troubles bipolaires (TB) chez l’enfant et l’adolescent, dénommés troubles bipolaires à
début précoce (TBDP) sont actuellement au cœur de nombreuses polémiques.
Retracer l’historique (depuis 1990) des critères diagnostiques du TBDP des classifications
internationales CIM et DSM, nous permet de comprendre les sources des débats présents.
Ainsi, le tout nouveau DSM-V propose le « Disruptive Mood Dysregulation Disorder »
(DMDD) à partir des critères du « Severe Mood Dysregulation » (SMD), essentiellement en
regard de l’irritabilité, possiblement sans rapport avec le TBDP. Mais cette proposition
entraine de sévères polémiques, notamment en regard de son imprécision, de possibles
conflits d’intérêts et excluant encore le TBDP de toute reconnaissance officielle.
Cliniquement, le TBDP peut émerger dès l’âge préscolaire. Il reste très polymorphe entre état
maniaque et état mixte. Il faut noter la rapidité des cycles, parfois quotidiens (« ultradians
cycles »), la forte composante familiale, la fréquence des productions délirantes, le peu de
retour ad integrum entre les phases, et bien-sûr la sévérité du pronostic.
De plus, les diagnostics différentiels posent de grosses difficultés. Les intrications entre le
TBDP et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) semblent
nombreuses, surtout sur la dimension de l’agitation, des cooccurrences familiales, et des
possibles supports neuropsychiatriques.
Enfin, il semble que les manifestations dépressives du TBDP, restent insuffisamment
explorées, alors qu’elles pourraient avoir des corrélats avec les phases prodromiques des
schizophrénies (SCZ), surtout en rapport avec les déficits cognitifs ou la désorganisation.
MOTS CLES
TROUBLE BIPOLAIRE ; ENFANT ; ADOLESCENT ; DEBUT PRECOCE ; HISTOIRE ;
CRITERIOLOGIE ; SMD ; DMDD ; TDAH ; HYPERACTIVITE ; SCHIZOPHRENIE
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
BIPOLAR DISORDER IN CHILDREN AND ADOLESCENT : CRITERIOLOGY
AND DIFFERENTIAL DIAGNOSIS
ABSTRACT
Bipolar disorder (BD) in children and adolescents referred to as early-onset bipolar disorder
(EOBD) are currently at the heart of controversy.
Tracing the history (since 1990) of the diagnostic criteria throughout the international
classifications ICD and DSM, allows us to understand the sources of the present discussion.
Thus, the new DSM-V offers the "Disruptive Mood Dysregulation Disorder" (DMDD) based
on the criteria of "Severe Mood Dysregulation" (SMD), mainly in relation to irritability,
possibly unrelated EOBD. This proposal leads to severe controversies, particularly with
regard to its imprecision, possible conflicts of interest and even excluding EOBD any official
recognition.
Clinically, TBDP can emerge at preschool. It is highly polymorphic between mania and mixed
state. Note rapid cycles, sometimes daily ("ultradians cycles"), the strong familial component,
the frequency of psychotic productions, the little return ad integrum between phases, and of
course the severity of the prognosis.
In addition, differential diagnoses pose great difficulties. The entanglement between EOBD
attention deficit hyperactivity disorder (ADHD) appear to many, especially on the size of the
agitation, family co-occurrences and possible neuropsychiatric media.
Finally, it appears that depressive manifestations of the child and adolescent BD remain
insufficiently explored, although they may have correlates with the prodromal phase of
schizophrenia (SCZ), especially in relation to cognitive deficits and disorganization.
KEY-WORDS
BIPOLAR DISORDER ; CHILDREN ; ADOLESCENTS ; EARLY-ONSET , HISTORY ;
CRITERIOLOGY ; SMD ; DMDD ; ADHD ; HYPERACTIVITY ; SCHIZOPHRENIA
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
LISTE DES PROFESSEURS DE LA FACULTE DE MEDECINE
UNIVERSITE FRANCOIS RABELAIS
FACULTE DE MEDECINE DE TOURS
DOYEN
Professeur Dominique PERROTIN
VICE-DOYEN
Professeur Daniel ALISON
ASSESSEURS
Professeur Christian ANDRES, Recherche
Professeur Christian BINET, Formation Médicale Continue
Professeur Laurent BRUNEREAU, Pédagogie
Professeur Patrice DIOT, Recherche clinique
SECRETAIRE GENERALE
Madame Fanny BOBLETER
********
DOYENS HONORAIRES
Professeur Emile ARON (†) – 1962-1966
Directeur de l’Ecole de Médecine - 1947-1962
Professeur Georges DESBUQUOIS (†)- 1966-1972
Professeur André GOUAZÉ - 1972-1994
Professeur Jean-Claude ROLLAND – 1994-2004
PROFESSEURS EMERITES
Professeur Alain AUTRET
Professeur Jean-Claude BESNARD
Professeur Patrick CHOUTET
Professeur Guy GINIES
Professeur Olivier LE FLOCH
Professeur Chantal MAURAGE
Professeur Léandre POURCELOT
Professeur Michel ROBERT
Professeur Jean-Claude ROLLAND
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
PROFESSEURS HONORAIRES
MM. Ph. ANTHONIOZ - A. AUDURIER – Ph. BAGROS - G. BALLON – P.BARDOS - J.
BARSOTTI
A. BENATRE - Ch. BERGER –J. BRIZON - Mme M. BROCHIER - Ph. BURDIN - L.
CASTELLANI
J.P. FAUCHIER - B. GRENIER – M. JAN –P. JOBARD - J.-P. LAMAGNERE - F. LAMISSE – J.
LANSAC
J. LAUGIER - G. LELORD - G. LEROY - Y. LHUINTRE - M. MAILLET - Mlle C. MERCIER E/H. METMAN
J. MOLINE - Cl. MORAINE - H. MOURAY - J.P. MUH - J. MURAT - Mme T. PLANIOL - Ph.
RAYNAUD
Ch. ROSSAZZA - Ph. ROULEAU - A. SAINDELLE - J.J. SANTINI - D. SAUVAGE - M.J.
THARANNE
J. THOUVENOT - B. TOUMIEUX - J. WEILL.
PROFESSEURS DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
ALISON Daniel Radiologie et Imagerie médicale
ANDRES Christian
Biochimie et Biologie moléculaire
ANGOULVANT Denis Cardiologie
ARBEILLE Philippe
Biophysique et Médecine nucléaire
AUPART Michel
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
BABUTY Dominique
Cardiologie
BARILLOT Isabelle
Cancérologie ; Radiothérapie
BARON Christophe
Immunologie
BAULIEU Jean-Louis
Biophysique et Médecine nucléaire
BERNARD Louis
Maladies infectieuses ; maladies tropicales
BEUTTER Patrice
Oto-Rhino-Laryngologie
BINET Christian Hématologie ; Transfusion
BODY Gilles
Gynécologie et Obstétrique
BONNARD Christian
Chirurgie infantile
BONNET Pierre Physiologie
BONNET-BRILHAULT Frédérique
Physiologie
BOUGNOUX Philippe Cancérologie ; Radiothérapie
BRILHAULT Jean
Chirurgie orthopédique et traumatologique
BRUNEREAU Laurent Radiologie et Imagerie médicale
BRUYERE Franck
Urologie
BUCHLER Matthias
Néphrologie
CALAIS Gilles Cancérologie ; Radiothérapie
CAMUS Vincent Psychiatrie d’adultes
CHANDENIER Jacques Parasitologie et Mycologie
CHANTEPIE Alain
Pédiatrie
COLOMBAT Philippe Hématologie ; Transfusion
CONSTANS Thierry
Médecine interne ; Gériatrie et Biologie du vieillissement
CORCIA Philippe
Neurologie
COSNAY Pierre Cardiologie
COTTIER Jean-Philippe Radiologie et Imagerie médicale
COUET Charles Nutrition
DANQUECHIN DORVAL Etienne
Gastroentérologie ; Hépatologie
DE LA LANDE DE CALAN Loïc Chirurgie digestive
DE TOFFOL Bertrand
Neurologie
DEQUIN Pierre-François Thérapeutique ; médecine d’urgence
DESTRIEUX Christophe Anatomie
DIOT Patrice
Pneumologie
DU BOUEXIC de PINIEUX Gonzague
Anatomie & Cytologie pathologiques
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
DUMONT Pascal
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
FAUCHIER Laurent
Cardiologie
FAVARD Luc Chirurgie orthopédique et traumatologique
FOUQUET Bernard
Médecine physique et de Réadaptation
FRANCOIS Patrick
Neurochirurgie
FUSCIARDI Jacques
Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale ; médecine d’urgence
GAILLARD Philippe
Psychiatrie d'Adultes
GOGA Dominique
Chirurgie maxillo-faciale et Stomatologie
GOUDEAU Alain
Bactériologie -Virologie ; Hygiène hospitalière
GOUPILLE Philippe
Rhumatologie
GRUEL Yves Hématologie ; Transfusion
GUILMOT Jean-Louis Chirurgie vasculaire ; Médecine vasculaire
GUYETANT Serge
Anatomie et Cytologie pathologiques
HAILLOT Olivier
Urologie
HALIMI Jean-Michel
Thérapeutique ; médecine d’urgence (Néphrologie et Immunologie
clinique)
Mme
MM.
MM.
Mme
MM.
Mme
MM.
HERAULT Olivier
Hématologie ; transfusion
HERBRETEAU Denis Radiologie et Imagerie médicale
HOMMET Caroline
Médecine interne, Gériatrie et Biologie du vieillissement
HUTEN Noël Chirurgie générale
LABARTHE François
Pédiatrie
LAFFON Marc Anesthésiologie et Réanimation chirurgicale ; médecine d’urgence
LARDY Hubert Chirurgie infantile
LASFARGUES Gérard Médecine et Santé au Travail
LEBRANCHU Yvon
Immunologie
LECOMTE Thierry
Gastroentérologie ; hépatologie ; addictologie
LEMARIE Etienne
Pneumologie
LESCANNE Emmanuel Oto-Rhino-Laryngologie
LINASSIER Claude
Cancérologie ; Radiothérapie
LORETTE Gérard
Dermato-Vénéréologie
MACHET Laurent
Dermato-Vénéréologie
MAILLOT François
Médecine Interne
MARCHAND Michel
Chirurgie thoracique et cardiovasculaire
MARCHAND-ADAM Sylvain
Pneumologie
MARRET Henri Gynécologie et Obstétrique
MEREGHETTI Laurent Bactériologie-Virologie ; Hygiène hospitalière
MORINIERE Sylvain
O.R.L.
MULLEMAN Denis
Rhumatologie
PAGES Jean-Christophe Biochimie et biologie moléculaire
PAINTAUD Gilles
Pharmacologie fondamentale, Pharmacologie clinique
PATAT Frédéric Biophysique et Médecine nucléaire
PERROTIN Dominique Réanimation médicale ; médecine d’urgence
PERROTIN Franck
Gynécologie et Obstétrique
PISELLA Pierre-Jean
Ophtalmologie
QUENTIN Roland
Bactériologie-Virologie ; Hygiène hospitalière
ROBIER Alain Oto-Rhino-Laryngologie
ROINGEARD Philippe Biologie cellulaire
ROSSET Philippe
Chirurgie orthopédique et traumatologique
ROYERE Dominique
Biologie et Médecine du développement et de la Reproduction
RUSCH Emmanuel
Epidémiologie, Economie de la Santé et Prévention
SALAME Ephrem
Chirurgie digestive
SALIBA Elie
Biologie et Médecine du développement et de la Reproduction
SANTIAGO-RIBEIRO Maria
Biophysique et Médecine Nucléaire
SIRINELLI Dominique Radiologie et Imagerie médicale
THOMAS-CASTELNAU Pierre Pédiatrie
TOUTAIN Annick
Génétique
VAILLANT Loïc
Dermato-Vénéréologie
VELUT Stéphane
Anatomie
WATIER Hervé Immunologie.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
PROFESSEUR DES UNIVERSITES DE MEDECINE GENERALE
Mme
LEHR-DRYLEWICZ Anne-Marie Médecine Générale
PROFESSEURS ASSOCIES
MM.
HUAS Dominique
Médecine Générale
LEBEAU Jean-Pierre
Médecine Générale
MALLET Donatien
Soins palliatifs
POTIER Alain Médecine Générale
MAITRES DE CONFERENCES DES UNIVERSITES - PRATICIENS HOSPITALIERS
Mmes
M.
Mme
M
Mmes
M.
Mmes
M.
Mme
MM.
M.
M.
Mmes
MM.
Mme
M.
Mme
M.
ANGOULVANT Theodora
Pharmacologie fondamentale ; pharmacologie clinique : addictologie
BAULIEU Françoise
Biophysique et Médecine nucléaire
BERTRAND Philippe
Biostatistiques, Informatique médicale et Technologies de Communication
BLANCHARD Emmanuelle
Biologie cellulaire
BLASCO Hélène Biochimie et biologie moléculaire
BOISSINOT Eric
Physiologie
CORTESE Samuele
Pédopsychiatrie
DESOUBEAUX Guillaume
Parasitologie et mycologie
DUFOUR Diane Biophysique et Médecine nucléaire
EDER Véronique
Biophysique et Médecine nucléaire
EHRMAN Stephan
Réanimation médicale
FOUQUET-BERGEMER Anne-Marie
Anatomie et Cytologie pathologiques
GAUDY-GRAFFIN Catherine
Bactériologie - Virologie ; Hygiène hospitalière
GIRAUDEAU Bruno
Biostatistiques, Informatique médicale et Technologies de Communication
GOUILLEUX Valérie
Immunologie
GUERIF Fabrice Biologie et Médecine du développement et de la reproduction
GYAN Emmanuel
Hématologie, transfusion
HOARAU Cyrille
Immunologie
HOURIOUX Christophe Biologie cellulaire
LARTIGUE Marie-Frédérique
Bactériologie-Virologie ; Hygiène hospitalière
LE GUELLEC Chantal Pharmacologie fondamentale ; Pharmacologie clinique
MACHET Marie-Christine
Anatomie et Cytologie pathologiques
MARUANI Annabel
Dermatologie
PIVER Eric
Biochimie et biologie moléculaire
ROUMY Jérôme Biophysique et médecine nucléaire in vitro
SAINT-MARTIN Pauline Médecine légale et Droit de la santé
TERNANT David
Pharmacologie – toxicologie
VALENTIN-DOMELIER Anne-Sophie
Bactériologie – virologie ; hygiène hospitalière
VOURC’H Patrick
Biochimie et Biologie moléculaire
MAITRES DE CONFERENCES
Mmes
M.
Mme
M.
BOIRON Michèle
Sciences du Médicament
ESNARD Annick
Biologie cellulaire
LEMOINE Maël Philosophie
MONJAUZE Cécile
Sciences du langage - Orthophonie
PATIENT Romuald
Biologie cellulaire
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
MAITRE DE CONFERENCES ASSOCIE
Mmes
M.
HUAS Caroline Médecine Générale
RENOUX-JACQUET Cécile
Médecine Générale
ROBERT Jean Médecine Générale
CHERCHEURS C.N.R.S. – INSERM
MM.
Mmes
MM.
BIGOT Yves
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
BOUAKAZ Ayache
Chargé de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
BRUNEAU Nicole
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
CHALON Sylvie Directeur de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
COURTY Yves Chargé de Recherche CNRS – U 618
GAUDRAY Patrick
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
GOUILLEUX Fabrice
Directeur de Recherche CNRS – UMR CNRS 6239
Mmes GOMOT Marie
MM.
Mmes
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
HEUZE-VOURCH Nathalie
Chargée de Recherche INSERM – U 618
LAUMONNIER Frédéric Chargé de Recherche INSERM - UMR CNRS-INSERM 930
LE PAPE Alain Directeur de Recherche CNRS – U 618
MARTINEAU Joëlle
Chargée de Recherche INSERM – UMR CNRS-INSERM 930
POULIN Ghislaine
Chargée de Recherche CNRS – UMR CNRS-INSERM 930
CHARGES D’ENSEIGNEMENT
Pour l’Ecole d’Orthophonie
Mme DELORE Claire Orthophoniste
MM.
GOUIN Jean-Marie
Praticien Hospitalier
MONDON Karl Praticien Hospitalier
Mme PERRIER Danièle
Orthophoniste
Pour l’Ecole d’Orthoptie
Mme LALA Emmanuelle
M.
MAJZOUB Samuel
Praticien Hospitalier
Praticien Hospitalier
Pour l’Ethique Médicale
Mme BIRMELE Béatrice
Praticien Hospitalier
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
SERMENT D’HIPPOCRATE
En présence des Maîtres de cette Faculté,
de mes chers condisciples
et selon la tradition d’Hippocrate,
je promets et je jure d’être fidèle aux lois de l’honneur
et de la probité dans l’exercice de la Médecine.
Je donnerai mes soins gratuits à l’indigent,
et n’exigerai jamais un salaire au-dessus de mon travail.
Admis dans l’intérieur des maisons, mes yeux
ne verront pas ce qui s’y passe, ma langue taira
les secrets qui me seront confiés et mon état ne servira pas
à corrompre les mœurs ni à favoriser le crime.
Respectueux et reconnaissant envers mes Maîtres,
je rendrai à leurs enfants
l’instruction que j’ai reçue de leurs pères.
Que les hommes m’accordent leur estime
si je suis fidèle à mes promesses.
Que je sois couvert d’opprobre
et méprisé de mes confrères
si j’y manque.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
REMERCIEMENTS
La rédaction d’une thèse doctorale en médecine est un travail important qui articule la
transition d’une époque vers une autre. Ce n’est pas que le travail d’une personne isolée, c’est
en réalité le fruit d’une formation de qualité, et d’encouragements répétés.
Je tiens à remercier particulièrement :
Le Professeur GAILLARD, dont l’enseignement et les conseils personnels m’ont permis
d’appréhender les nombreuses notions de la psychiatrie passée, présente et future.
Le Professeur CAMUS, dont l’enseignement universitaire et les supervisions personnelles
m’ont permis de traiter au mieux les patients, et d’affiner ma clinique.
Le Professeur BONNOT, pour les encouragements prodigués pour la rédaction de la thèse.
Le Docteur ROUYER, pour le soutient personnel, les conseils rédactionnels et la maîtrise de
cette thèse.
Mes parents, pour les encouragements à chaque étape de ma vie.
Mon épouse, pour sa patience et sa compréhension.
Mes amis, pour leur gentillesse.
Les patients, source de toute vocation, pour leur confiance.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
TABLE DES MATIERES
TROUBLES BIPOLAIRES CHEZ L’ENFANT ET L’ADOLESCENT : CRITERIOLOGIE ET DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS .... 1
RESUME ................................................................................................................................................................... 2
MOTS CLES .............................................................................................................................................................. 2
BIPOLAR DISORDER IN CHILDREN AND ADOLESCENT : CRITERIOLOGY AND DIFFERENTIAL DIAGNOSIS ................ 3
ABSTRACT ................................................................................................................................................................ 3
KEY-WORDS ............................................................................................................................................................. 3
LISTE DES PROFESSEURS DE LA FACULTE DE MEDECINE......................................................................................... 4
SERMENT D’HIPPOCRATE ........................................................................................................................................ 9
REMERCIEMENTS .................................................................................................................................................. 10
TABLE DES MATIERES ............................................................................................................................................ 11
INTRODUCTION ..................................................................................................................................................... 15
CORRESPONDANCES DES TERMES ET ABREVIATIONS .......................................................................................... 17
1
PREMIERE PARTIE : CRITERIOLOGIE ............................................................................................................. 18
1.1
Historique du concept .............................................................................................................................. 18
1.1.1 Origines ................................................................................................................................................ 18
1.1.2 1987 : DSM-III-R ................................................................................................................................... 19
1.1.3 1992 : CIM-10 ...................................................................................................................................... 20
1.1.4 1992 : Troisième édition de la classification française des troubles mentaux de l’enfant et de
l’adolescent....................................................................................................................................................... 23
1.1.5 Les années 90 : « The Broad Phenotype » (BrP), « The Narrow Phenotype » (NaP) and « The
Intermediate Phenotype » (InP) ....................................................................................................................... 25
1.1.6 1994 : DSM-IV et 2000 : DSM-IV-R ...................................................................................................... 26
1.1.7 Les années 2000, premières polémiques ............................................................................................ 29
1.1.8 Catégorie « indifférenciée » ................................................................................................................ 30
1.1.9 2003 : Identification du « Severe Mood Dysregulation » .................................................................... 31
1.1.10
2013 : Inclusion du « Disruptive Mood Dysregulation Disorder » (DMDD) dans le DSM-V ............ 32
1.1.11
2013 : Etat des lieux ........................................................................................................................ 37
1.2
Discussion : facteurs non-médicaux influençant les critériologies .......................................................... 39
1.2.1 Système de soin américain .................................................................................................................. 40
1.2.2 Eclatement nosologique, conflits d’intérêts et « disease mongering » ............................................... 41
1.3
Résumé historique et avis personnel ....................................................................................................... 45
1.3.1 Tableau historique (Tableau 1) ............................................................................................................ 45
1.3.2 Avis personnel ..................................................................................................................................... 47
2
DEUXIEME PARTIE : SYNTHESE DES CONNAISSANCES CLINIQUES ET THEORIQUES .................................... 52
2.1
Prévalence ................................................................................................................................................ 52
2.2
Facteurs de risques .................................................................................................................................. 52
2.2.1 Aspects familiaux et génétiques .......................................................................................................... 52
2.2.2 Prédispositions cliniques ..................................................................................................................... 55
2.2.3 Facteurs neuro-anatomiques, neuro-fonctionnels et neuro-physiologiques ...................................... 56
2.3
Spécificités cliniques ................................................................................................................................ 57
2.3.1 Tableau usuel de TBDP ........................................................................................................................ 57
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
2.3.2
L’irritabilité, signe clinique de TBDP ? ................................................................................................. 58
2.4
Spécificités évolutives .............................................................................................................................. 58
2.5
Réponses aux traitements ....................................................................................................................... 60
2.5.1 Prise en charge des états aigus ............................................................................................................ 60
2.5.2 Traitements à long terme, prophylaxie ............................................................................................... 65
2.5.3 Iatrogénie ............................................................................................................................................ 67
2.6
Principaux « guidelines » retrouvés. ........................................................................................................ 70
2.6.1 Guide HAS « ald 23 Troubles bipolaires ». Mai 2009 (275) ................................................................. 70
2.6.2 Guide de l’ « American Psychiatric Association (APA) » « Treating bipolar disorder : quick reference
guide » (276) ..................................................................................................................................................... 70
2.6.3 Guide AACAP « Practice Parameter for the Assessment and Treatment of Children and Adolescents
With Bipolar Disorder » 2007 (53) .................................................................................................................... 71
2.7
3
Conclusion ................................................................................................................................................ 75
TROISIEME PARTIE : DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS ET COMORBIDITES ....................................................... 76
3.1
Trouble : déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH) .............................................................................. 76
3.1.1 Approche clinique : Première hypothèse : les symptômes du TBDP chevauchent ceux du TDAH. ..... 76
3.1.2 Etudes de suivi : Deuxième hypothèse, le TDAH pourrait être une manifestation prodromique d’un
TBDP. (Figure 7) ................................................................................................................................................ 78
3.1.3 Iatrogénie : Troisième hypothèse, un TDAH associé à d’autres facteurs (iatrogéniques), favorise
l’évolution vers un TB (Figure 8). ...................................................................................................................... 81
3.1.4 Epidémiologie, génétique, neurophysiologie : Quatrième hypothèse, TDAH et le TBDP partagent des
facteurs communs du registre biologique, par exemple familiaux, génétiques ou neuro-physiologique. ...... 81
3.1.5 Conclusion du différentiel entre TBDP et TDAH .................................................................................. 84
3.2
Schizophrénie débutante ......................................................................................................................... 85
3.2.1 Clinique du premier épisode. .............................................................................................................. 85
3.2.2 Profil évolutif, phase prodromique ..................................................................................................... 88
3.2.3 Mise en place du traitement, Notion de durée de psychose non traitée............................................ 93
3.2.4 Epidémiologie, prédispositions génétiques, âges de début ................................................................ 94
3.2.5 La désorganisation, une nouvelle dimension ? ................................................................................... 95
3.2.6 Conclusion du différentiel entre SCZ et TBDP ..................................................................................... 96
3.3
Présentation de cas clinique .................................................................................................................... 98
3.3.1 Cas typique de TBDP : Valentin, né le 27/12/93 .................................................................................. 98
3.3.2 Signes délirants sous méthylphénidate : Kevin, né le 03/03/2005 ................................................... 104
4
5
CONCLUSION GENERALE ............................................................................................................................ 108
FIGURES ...................................................................................................................................................... 111
5.1
Figure 1 : Nombre de publications par année et par sujet .................................................................... 111
5.2
Figure 2 :Présentation graphique pour une évaluation dimensionnelle ; proposition personnelle. ..... 111
5.3
Figure 3 : Questions non-résolues actuellement concernant l’évolution des troubles présentés. ....... 112
5.4
Figure 4 : Algorithme de prise en charge de l’état maniaque chez un individu de 6 à 17 ans. (Selon
KOWATCH et al. 2005) ........................................................................................................................................ 112
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.5
Figure 5 : Catégorisation des symptômes entre TDAH et TBDP selon L. KENT (181) ............................. 113
5.6
Figure 6 : Questions non-résolues entre les formes de TDAH et les phases de TBDP ........................... 113
5.7
Figure 7 : Le TDAH pourrait être prodromique du TBDP ....................................................................... 114
5.8
Figure 8 : Des facteurs externes (iatrogéniques) induisent-ils une évolution du TDAH vers un TBDP ? Ou
l’amélioreraient-ils ? ........................................................................................................................................... 114
5.9
Figure 9 : Le TDAH est-il un sous-groupe de TBDP ? .............................................................................. 115
5.10
Figure 10 : Comparaison des profils évolutifs entre TBDP et SCZ ; questionnements proposés ........... 116
ANNEXE : COMMUNIQUE APA/DSM-V AU SUJET DU DMDD .............................................................................. 117
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................................................... 119
PAGE SIGNATURE ................................................................................................................................................ 144
DEPOT DE THESE
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
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Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
INTRODUCTION
Les troubles de l’humeur, dont le chef de file est le trouble bipolaire (TB), représentent une
partie considérable des motifs de consultation en psychiatrie.
Alors qu’ils semblent avoir déjà été identifiés dès l’antiquité, la question des troubles
bipolaires chez l’enfant et l’adolescent semble être une interrogation bien plus récente. De
même, bien que le TB soit assez identifiable chez l’adulte, le TB reste parmi les pathologies
psychiatriques les plus tardivement diagnostiquées chez l’enfant.
Notre de travail de thèse propose de de faire une synthèse des connaissances sur le trouble
bipolaire en pédopsychiatrie. Ce que l’on nomme trouble bipolaire à début précoce (TBDP).
Il est définit par les critères usuels de bipolarité avant l’âge de 18 ans pour les adolescents, et
avant l’âge de 12 ans (voire 10 pour certains auteurs) pour les enfants.
Cette difficulté diagnostique réside possiblement dans le fait que le TBDP n’est pas encore
reconnu comme catégorie en soi, dans les classifications internationales (CIM-10 et DSM-V).
En première partie de la thèse, nous proposons de reprendre l’histoire du TBDP au travers
d’une discussion critériologique. Depuis ses premières descriptions jusqu’à nos jours, la
lecture longitudinale des grandes classifications nous rappellera les différents contextes
scientifiques, et donnera des éléments de compréhension pour expliquer les discussions
actuelles.
Nous nous attarderons sur les débats médicaux, sociaux, voire éthiques, que ce diagnostic a
suscités et suscite encore. Nous y verrons que certaines hypothèses scientifiques telles que le
« Severe Mood Disorder » (SMD) sont à la source de nouvelles pistes d’investigation. Mais il
arrive parfois que les bonnes initiatives soient partiellement détournées en engendrant d’autres
propositions très polémiques. Ainsi, le « Dysruptive Mood Dysregulation Disorder »
(DMDD) nouvellement inséré dans le DSM-V, est fortement remis en cause. Notamment en
regard de son imprécision, de possibles conflits d’intérêts et faisant encore poursuivre
l’exclusion du TBDP de toute reconnaissance officielle
Après cette discussion, nous proposerons une revue de la littérature récente au sujet du TBDP
afin d’obtenir la synthèse la plus complète, à l’usage de la clinique. Nous présenterons les
données épidémiologiques, étiologiques, cliniques et génétiques connues en 2013. Nous
complèterons ce tableau par les données connues sur les traitements ainsi que les
recommandations actuelles en termes de prise en charge.
En troisième partie de la thèse, nous ouvrirons la discussion au sujet des intrications
éventuelles entre le TBDP et les diagnostics différentiels possibles. Les manifestations aigues
du registre maniaque suscitent de nombreuses interrogations concernant le voisinage avec le
trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). De même, la présence accentuée
de manifestations délirantes dans le cadre du TBDP nous fera discuter le voisinage avec une
schizophrénie (SCZ).
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En revanche, nous remarquerons qu’il existe un manque patent d’études concernant les
présentations dépressives du TBDP. Il s’agit encore d’une zone d’ombre notable dans ce
syndrome. Pourtant, nous nous permettrons de discuter les analogies entre la phase
prodromique de la SCZ (que nous assimilons à une schizophrénie à début précoce (SDP)), et
les manifestations dépressives d’un TBDP.
Enfin, nous illustrerons notre travail de vignettes cliniques rencontrées dans notre pratique
pédopsychiatrique.
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CORRESPONDANCES DES TERMES ET ABREVIATIONS
Pour la suite de notre travail, nous avons usé des sigles suivants. En français ou en anglais.
Association académique américaine de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
American Academic Association of Child and Adolescent Psychiatry (AACAP)
Association américaine de psychiatrie
American Psychiatric Association (APA)
Durée de psychose non traitée
Duration of Untreated Psychosis (DUP)
Dysrégulation sévère de l’humeur
Severe Mood Dysregulation (SMD)
Électroconvulsivothérapie (ECT)
Episode dépressif majeur (EDM)
Schizophrénie à début précoce (SDP)
Schizophrénie (SCZ)
Trouble bipolaire non-spécifié (TB-NS)
Bipolar Disorder Non-Specific (BD-NOS)
Trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH)
Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD)
Trouble disruptif de la régulation de l’humeur
Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD)
Trouble oppositionnel avec provocation (TOP)
Troubles bipolaires
Opposition Defiant Disorder (ODD)
(TB)
Bipolar Disorder (BD)
Troubles bipolaires à début précoce (TBDP)
Early-onset Bipolar Disorder (EOBD)
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1
PREMIERE PARTIE : CRITERIOLOGIE
1.1 Historique du concept
1.1.1 Origines
Les troubles de l’humeur sont connus depuis l’antiquité. Ce n’est qu’en 1854 que J.-P.
FALRET décrit une maladie qu’il dénomme « Folie circulaire », caractérisée par la
reproduction successive et régulière de l’état maniaque, de l’état mélancolique et d’un
intervalle lucide plus ou moins prolongé (1).
BAILLARGER décrit presque en même temps la « Folie à double forme », caractérisée par la
succession de deux périodes, l’une d’excitation, l’autre de dépression.
A partir de 1899, en Allemagne, KRAEPELIN s’attelle à l’analyse minutieuse de l’affection
dont le nom devient « la psychose périodique ». Il se penche plus spécifiquement sur les états
de transition et des intrications entre les crises maniaques et les crises mélancoliques.
Kraepelin réalise un volumineux travail de recensement des psychoses dites « intermittentes,
circulaires, périodiques, à double forme, alternes, mixtes » et les regroupe dans le cadre d’une
« folie maniaco-dépressive », qu’il considéra comme endogène. En 1921, KRAEPELIN
conclue ses observations en considérant que ce trouble était rare chez l’enfant et que sa
prévalence augmente significativement après l’adolescence (2).
Bien que quelques chercheurs notent l’existence de psychose maniaco-dépressive chez les
enfants (3) (4) (5). L’existence du trouble chez l’enfant fut longtemps et âprement discutée.
Avant les années 1990, les signes cliniques relatifs à une variabilité thymique chez ces
derniers, étaient usuellement rattachés à un trouble schizo-affectif débutant, comme on peut le
voir dans le manuel de psychiatrie d’Henri EY, Paul BERNARD et Charles BRISSET,
pourtant révisé en 1989 (1).
Les années 90 représentent une période charnière pour ce trouble, qui devient un nouveau
centre d’intérêt en psychiatrie. Quelques articles préalables à cette époque ouvrent la réflexion
en suggérant qu’un certain nombre d’enfants qu’on diagnostiquait comme schizophrènes
étaient en fait atteints de maladie maniaco-dépressive (6) (7).
En 1994, CARLSON et al. publient un article en estimant que 50% des diagnostics seraient
erronés. Mettant ainsi en lumière le manque de donnée pour partager les deux troubles (8).
Ainsi, les années 90 voient croître le nombre d’articles sur le sujet. A titre d’exemple, nous
avons entré les termes « Bipolar Disorder in Children and Adolescents » et « Attention Deficit
Hyperactivity Disorder (ADHD) » dans la base « PUBMED ». Puis nous avons réalisé la
courbe par année du nombre de publications traitant de ces termes (voir Figure 1). Cette
courbe illustre parfaitement que l’intérêt croît à partir de 19901. Au total, il y a environ 2200
articles sur le TBDP, alors que le TDAH est le sujet d’environ 22000 articles.
1
(Précisons que le site « PUBMED » associe systématiquement les anciennes nomenclatures aux nouvelles.
Ainsi, le terme ancien « manic-depressive illness » sera systématiquement considéré comme « bipolar
disorders ». A titre de comparaison, nous avons réalisé la même pour l’ADHD, ses résultats sont
systématiquement dix fois plus nombreux. Précisons aussi que le site « PUBMED » a été créé en 1994, il se peut
que des études préalables n’aient pas toutes été intégrées à la base de donnée, et qu’il a fallu un certain temps
avant d’inclure les articles de manière systématique.)
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Dans les chiffres, il n’y eut que 189 articles sur le sujet entre 1960 et 1969 alors qu’on en
recense 1733 entre 2000 et 2007. Il n’est pas possible d’expliquer l’origine de l’intérêt
nouvellement porté sur le sujet à la fin du XXe siècle, mais nous pouvons nous contenter de
reprendre quelques événements clefs.
Il est fort intéressant de relire les différentes classifications internationales de psychiatrie de
manière chronologique pour y retracer l’histoire du concept. Avant de le faire, il est utile de
rappeler les buts des classifications et les exigences scientifiques qu’on doit en attendre.
Une classification a plusieurs vocations. La première est d’établir des normes, des critères
diagnostiques afin d’uniformiser les études pour la recherche.
Un certain nombre d’auteurs tels que SPITZER ou BERNER, rappellent que théoriquement,
elle n’a pas pour but de servir de manuel d’enseignement ou pour la clinique. CARPENTER
va préciser que « de tels outils ne peuvent se substituer au jugement du praticien dans la prise
en charge des patients. » (9).
Pourtant, les classifications sont très régulièrement utilisées en pratique. Elles permettent ainsi
de distinguer un diagnostic psychiatrique d’un autre, afin que les cliniciens proposent le
traitement le plus efficace. Et particulièrement dans les cas difficiles. Leur dernière fonction
est d’harmoniser le langage entre les professionnels de santé.
Reprenons les dernières classifications à partir des années 1990.
1.1.2 1987 : DSM-III-R
Le manuel nord-américain « diagnostic et statistique des troubles mentaux », troisième
édition révisée (DSM-III-R) (10) présente une catégorie spécifique pour la pédopsychiatrie. Il
s’agit des « Troubles apparaissant habituellement durant la première et la deuxième
enfance, ou à l’adolescence ».
On y retrouve :

les troubles du développement,

les comportements perturbateurs,

les troubles anxieux de l’enfance et de l’adolescence,

les troubles de l’alimentation,

les troubles de l’identité sexuelle,

les tics,

les troubles de conduites excrémentielles,

les troubles de la parole non classés ailleurs,

Et enfin, les autres troubles de de la première et de la deuxième enfance ou de
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l’adolescence. (dont le « Trouble déficitaire de l’attention, indifférencié »)
Nous pouvons remarquer que le DSM-III-R ne contient aucune catégorie spécifique de
trouble de l’humeur pour l’enfant ou l’adolescent, l’excluant ipso facto de la pédopsychiatrie.
Lorsqu’on se penche sur le chapitre « Troubles thymiques », il contient les descriptions des
épisodes maniaques, hypomaniaques, dépressifs majeurs, des troubles bipolaires et des
troubles dépressifs (récurrents). Dans l’absolu, aucun critère d’âge n’est signalé. Cependant, à
la lecture des précisions, il est noté :

Pour l’épisode maniaque et hypomaniaque : « L’âge moyen de survenue se situe entre
20 et 25 ans. »

Pour l’épisode dépressif majeur : « L’âge moyen de début survient peu avant l’âge de
trente ans mais un épisode dépressif majeur peut commencer à tout âge, même dans
les premières années de la vie. »

Pour les troubles bipolaires : «L’épisode initial qui conduit à l’hospitalisation est
habituellement de type maniaque ». Ce qui sous-tend un âge de survenue entre 20 et
25 ans.

Une précision intéressante est portée pour la cyclothymie, sous-catégorie du trouble
bipolaire. La durée minimum nécessaire à la pose du diagnostic passe de deux ans
pour les adultes à un an pour les enfants et les adolescents : « La caractéristique
essentielle est un trouble chronique de l’humeur durant au moins depuis 2 ans ( 1 an
pour les enfants et les adolescents). ». Il est précisé en plus que le trouble commence
plus tôt, dès l’adolescence ou chez de jeunes adultes.

Pour la dépression récurrente, l’âge de survenue n’est pas précisé. On peut supposer
qu’il se calque sur celui de l’épisode dépressif majeur.

Par contre, pour la dysthymie (ou névrose dépressive), il existe une diminution de la
durée nécessaire à la pose du diagnostic, à l’instar de la cyclothymie : « La
caractéristique essentielle de cette perturbation consiste en un trouble chronique de
l’humeur à type d’humeur dépressive (ou chez l’enfant ou l’adolescent éventuellement
à type d’humeur irritable) présente pratiquement toute la journée, la majeure partie
du temps, pendant au moins 2 ans (1 an pour les enfants et les adolescents). »
En résumé, il semble que pour le DSM-III-R, le trouble bipolaire n’a pas sa place en
pédopsychiatrie. Cependant, par des moyens détournés, il y a une reconnaissance possible de
l’existence de trouble de l’humeur chez les enfants sous d’autres appellations, c’est-à-dire
sous la cyclothymie et la dysthymie.
1.1.3 1992 : CIM-10
La classification internationale des troubles mentaux et du comportement (CIM-10) (11) nous
propose quelques différences par rapport au DSM-III-R.
Si l’on se penche sur les troubles spécifiques de pédopsychiatrie, à savoir les items F90 à
F98 : « Troubles du comportement et troubles émotionnels apparaissant habituellement
durant l’enfance et l’adolescence », on y retrouve :
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
 F90- « Les troubles hyperkinétiques ».
 F91- « Les trouble des conduites ».
 F92- « Les troubles mixtes des conduites et troubles émotionnels ».
 F93- « Les troubles émotionnels apparaissant spécifiquement dans l’enfance ».
 F94- « Les troubles du fonctionnement social apparaissant spécifiquement durant
l’enfance et l’adolescence ».
 F95- « Les tics ».
 F98- « Les autres troubles du comportement et troubles émotionnels apparaissant
habituellement durant l’enfance et l’adolescence ».
Attardons-nous sur les définitions des différents troubles pour permettre quelques remarques.
D’une part, à la différence du DSM-III-R, la catégorie F92- « Troubles mixtes des conduites
et troubles émotionnels » permet d’identifier dans le registre de la pédopsychiatrie un trouble
contenant une dimension émotionnelle voire thymique.

Concernant le « Trouble hyperkinétique (F 90-)», il est précisé : « Groupe de troubles
caractérisés par un début précoce (habituellement au cours des cinq premières années
de la vie), un manque de persévérance dans les activités qui exigent une participation
cognitive et une tendance à passer d’une activité à l’autre sans en finir aucune,
associés à une activité globale désorganisée, incoordonnée et excessive. Les troubles
peuvent s’accompagner d’autres anomalies. Les enfants hyperkinétiques sont souvent
imprudents, impulsifs, sujets aux accidents, et ont souvent des problèmes avec la
discipline à cause d’un manque de respect des règles, résultat d’une absence de
réflexion plus que d’une opposition délibérée. Leurs relations avec les adultes sont
souvent marquées par une absence d’inhibition sociale, de réserve et de retenue. Ils
sont mal acceptés par les autres enfants et peuvent devenir socialement isolés. Ces
troubles s’accompagnent souvent d’une altération des fonctions cognitives et d’un
retard spécifique du développement de la motricité et du langage. Ils peuvent
entraîner un comportement dyssocial ou une perte de l’estime de soi. A l’exclusion
de : Schizophrénie (F20-) ; Troubles anxieux (F41-) ; Troubles envahissants du
développement (F84-) ; Troubles de l’humeur (F30-F39-). »
Il est important de reprendre toute la description pour identifier que la CIM-10 exclut tout lien
entre les troubles hyperkinétiques et les troubles de l’humeur. Même si cette définition peut
faire suggérer une composante thymique au trouble hyperkinétique, elle serait secondaire à
l’hyperkinésie et non concomitante.
Il est aussi intéressant de noter que la CIM-10, laisse tout un chapitre entier pour les troubles
hyperkinétiques par rapport au DSM-III-R.

Concernant « Les troubles mixtes des conduites et troubles émotionnels (F92-)». Il
est intéressant de reprendre la description : « Groupe de troubles caractérisés par la
présence d’un comportement agressif, dyssocial, ou provocateur, associé à des signes
patents et marqués de dépression, d’anxiété ou d’autres troubles émotionnels. Pour un
diagnostic positif, le trouble doit répondre à la fois aux critères d’un trouble des
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conduites de l’enfant (F91-) et d’un trouble émotionnel de l’enfant (F93-) ou d’un
trouble névrotique de l’adulte (F40-F48) ou d’un trouble de l’humeur (F30-F39). »
Les troubles émotionnels de l’enfant (F93-) contenant entre autre les troubles anxieux tels que
l’angoisse de séparation, et les anxiétés sociales de l’enfant, la composante thymique est
acceptée par l’intermédiaire des critères diagnostiques des adultes, par renvoi au trouble
névrotique de l’adulte ou du trouble de l’humeur. (F40-F48 et F30-F39).
Lorsque l’on suit ces renvois vers « troubles de l’humeur (émotionnels) », les aides
descriptives sont assez frustres concernant les critères d’âges. Cependant, dans l’introduction
de la section : il est précisé :
« La caractéristique essentielle de ce groupe de troubles est un changement des affects ou de
l’humeur. […] Les troubles de l’humeur décrits dans cette section s’appliquent à toutes les
classes d’âge ; ceux qui surviennent dans l’enfance ou l’adolescence doivent donc être
classés également ici. » (12)
De plus, concernant les catégories « F30- Manie, et hypomanie » il n’est précisé qu’une fois :
« Le premier accès (maniaque) survient habituellement entre 15 et 30 ans, mais le trouble
peut débuter à tout âge, de la fin de l’enfance à la septième ou huitième décennie de la vie »
Le fait est, qu’en pratique, les diagnostics différentiels proposés ne sont que des diagnostics
différentiels de l’adulte. Nous pouvons nous interroger quant au fait qu’aucun différentiel
n’est une pathologie de l’enfance ou de l’adolescence.
Pourquoi la CIM-10 ne propose-t-elle pas le TDAH comme diagnostic différentiel d’un TB de
l’enfance ou de l’adolescence ? Vraisemblablement parce que l’éventualité d’un TB chez les
mineurs est suffisamment rare ou contestable pour ne pas avoir à discuter des différentiels
dans les troubles spécifiques de l’enfant.
Ce parti pris est d’autant plus visible lorsqu’on reprend les descriptions des diagnostics précis.
Il existe des précisions quant aux éléments fins :

F30.0 Hypomanie : « Le trouble est caractérisé par la présence d’une élévation
légère mais persistante de l’humeur (au moins pendant plusieurs jours), de l’énergie
et de l’activité, associée habituellement à un sentiment intense de bien-être et
d’efficacité physique et psychique. Il existe souvent une augmentation de la sociabilité,
du désir de parler, de la familiarité, ou de l’énergie sexuelle et une réduction du
besoin de sommeil. […]
L’euphorie et la sociabilité sont parfois remplacées par une irritabilité ou des
attitudes vaniteuses ou grossières.
Le trouble peut s’accompagner d’une distractibilité et de difficultés de concentration,
interférant avec le travail ou les activités de détente ou de loisir.[…]
Une hypomanie avec irritabilité doit être distinguée d’une dépression agitée, en
particulier chez les sujets à l’âge moyen de la vie. »
Quid d’un différentiel qui serait formulé ainsi : « Une hypomanie chez l’enfant ou
l’adolescent doit être distinguée d’un trouble attentionnel avec hyperactivité. » ?
Dans aucune déclinaison du groupe de F30-F39-, il n’existe de diagnostic différentiel avec le
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trouble hyperkinétique F90.
En retournant vers ce dernier, on peut lire pourtant :
« Si les critères d’un trouble de l’humeur sont réunis, on ne doit pas faire un
diagnostic additionnel de trouble hyperkinétique sous prétexte qu’il existe des troubles
de la concentration et une agitation psychomotrice. Un double diagnostic n’est justifié
que si le trouble hyperkinétique est manifestement présent séparément, ses symptômes
étant indépendant du trouble de l’humeur. »
En résumé de la lecture du CIM-10, il faut retenir plusieurs points intéressants pour notre
sujet. D’une part, il n’y pas de reconnaissance officielle d’un trouble de l’humeur spécifique
dans l’enfance.
Ensuite, il est précisé que les troubles affectifs de l’humeur peuvent débuter à tout âge mais
que la majeur partie des cas, ils débutent chez l’adulte jeune.
En termes de diagnostic différentiels, la CIM-10 ne propose pas un renvoi bijectif. C’est-àdire qu’à partir du trouble hyperkinétique, il est possible de discuter le diagnostic de TBDP à
condition qu’il existe une composante humorale. Par contre, à partir d’un TB suspecté chez un
enfant, la CIM-10 ne renvoie pas vers un possible TDAH. Cette absence de précision est
possiblement expliquée par le fait que rares sont les cas où l’on peut suspecter un TB chez un
enfant. En cela, la CIM-10 reste donc globalement sur des notions classiques. Le TB est une
pathologie d’adulte, le TDAH est une pathologie de l’enfant.
1.1.4 1992 : Troisième édition de la classification française des troubles mentaux de
l’enfant et de l’adolescent
Nous nous permettons de présenter la classification française de 1992, mise en parallèle de la
CIM-10 dans l’ouvrage présenté par le Pr. R. MISES et le Dr. N. QUEMADA (13), pour
suggérer que certaines classifications admettent plus aisément et plus directement la
possibilité de l’existence d’un trouble de l’humeur chez les enfants ou les adolescents.
En l’occurrence, la classification française propose :

1.06 « Les psychoses dysthymiques ». Dont la définition est la suivante : « Psychoses
où les troubles de l’humeur occupent une place centrale. Les manifestations peuvent
apparaître à partir de 3, 4 ans ou sous la forme d’expressions symptomatiques
appartenant à la dépression et à l’excitation. L’envahissement par des affects
dépressifs, le repli sur soi ; le ralentissement idéique, le vide de la pensée, s’associent
ou alternent avec des phases d’excitation de type hypomaniaque, des accès d’agitation
ou des phénomènes de débordement idéique. Aux alentours de l’adolescence, les
psychoses dépressives ou maniaques peuvent déjà apparaître avec les aspects et la
signification des formes de l’adulte. Inclure les formes de même nature mais qui ont
été décrites sous une autre dénomination : psychoses affectives et troubles thymiques
de structure psychotique. »
Il est notable que cette classification établit très clairement que ce type de trouble peut
apparaître dès l’âge de trois ans, sous forme symptomatique usuelle ou alternative en raison
de l’âge enfantin. Cette description permet aussi d’identifier qu’au moment de l’adolescence,
la clinique prend la forme de celle des adultes. Enfin, cette classification tente un travail de
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
regroupement des diagnostiques en y associant les anciennes dénominations.
Cet exemple illustre bien le fait que dès 1990, pour certains experts, ce qu’on appellera plus
tard trouble bipolaire, peut exister sous une forme infantile, avec une éventuelle continuité à
l’âge adulte, tout en subissant possiblement une mutation symptomatique à l’adolescence.
Cette même classification propose aussi une autre catégorie :

6.08 « Hyperkinésie, instabilité psycho-motrice ». Dont la définition est : « Classer
ici les troubles décrits en France par l’expression « instabilité psycho-motrice » et aux
USA par l’expression « trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (ou
hyperkinésie) » Cet ensemble, du point de vue symptomatique, est caractérisé par :
Sur le versant psychique : des difficultés à fixer l’attention, un manque de constance
dans les activités, et un certain degré d’impulsivité ;
Sur le plan moteur : une hyperactivité ou une agitation motrice incessante.
Ces troubles, en décalage et par rapport à l’âge et au niveau de développement
mental de l’enfant, sont plus importants dans les situations nécessitant de
l’application, en classe par exemple. Ils peuvent disparaître transitoirement dans
certaines situations, par exemple, en relation duelle ou dans une situation nouvelle.
Inclure : Les troubles de l’attention sans hyperactivité motrice proprement dite.
Exclure : L’activité excessive liée à l’âge (chez les petits enfants notamment) ;
l’instabilité psycho-motrice liée à un déficit mental ou à des troubles de la
personnalité ; les manifestations à type d’excitation maniaque. »
Remarquons la finesse et la précision de la description clinique quant à ce trouble.
Remarquons aussi que les excitations maniaques sont là aussi un critère d’exclusion.
L’ouvrage de R.MISES, propose une mise en relation des diagnostics de la classification
française avec ceux de la CIM-10. Attardons-nous sur cette présentation afin de constater la
non-congruence des classifications. Selon ces auteurs, la « psychose dysthymique (1.06) »,
pourtant identifiée comme potentiellement infantile, est rattachée à des diagnostics CIM-10 de
l’adulte :
F 30.2 Manie avec symptômes psychotiques
F 31
Trouble affectif bipolaire
F 32.3 Episode dépressif sévère avec symptômes psychotiques
F 33.3 Trouble dépressif récurrent, épisode actuel sévère avec symptômes
psychotiques.
Et non pas, comme on aurait pu l’envisager avec F 92 « troubles mixtes des conduites et
troubles émotionnels », pourtant plus spécifique de l’enfance et contenant une composante
reconnue de dysthymie.
Ainsi, il nous a semblé utile de faire remarquer qu’une classification nationale, à savoir la
classification française de 1992, proposait déjà des notions assez modernes concernant le TB.
Qui plus est, d’autres concepts en rapport avec les troubles de l’humeur semblent avoir
préexistés dans la culture psychiatrique française avant leur reconnaissance par l’APA,
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
comme semble l’avoir fait remarquer HAUGSTEN dans son article. (14)
Ainsi, en surcroît de la reconnaissance de la possibilité du TB chez des mineurs, la
classification française reconnaissait qu’il pouvait y avoir un continuum pathologique
longitudinal, tout en suggérant une transformation ou une évolution des symptômes apparents
lors du passage de la puberté.
Cette notion est très proche des notions évoquées et analysées par les études ultérieures. Cette
classification ne semble pas être élaborée à partir de critères statistiques ou athéoriques,
comme le sont les DSM et CIM. Au contraire, cette classification semble avoir été élaborée à
partir de notions psychodynamiques, et selon des observations empiriques et nonexpérimentales. En conséquence, nous pouvons peut-être soulever la question des limites des
démarches dites athéoriques ou validées par l’expérimentation, par l’intermédiaire de cet
exemple. Nous reviendrons sur cette question dans notre discussion.
1.1.5 Les années 90 : « The Broad Phenotype » (BrP), « The Narrow Phenotype » (NaP)
and « The Intermediate Phenotype » (InP)
L’article de Peter PARRY et Stephen ALLISON reprend bien l’histoire récente des
hypothèses de recherche concernant les troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent (15).
A partir des années 1990, le regain d’intérêt pour les signes cliniques d’une pathologie de
l’humeur chez l’enfant, entraîne plusieurs équipes à émettre des hypothèses. En acceptant la
possibilité d’un trouble bipolaire chez l’enfant, il reste à identifier les spécificités
symptomatologiques. Trois dimensions sont identifiées par trois équipes de référence aux
États-Unis. L’irritabilité, la cyclicité des phases, et une forme mixte contenant les deux
premiers éléments.

En 1995, l’équipe de BIEDERMAN et WOZNIAK, à Boston, s’intéresse
particulièrement à l’irritabilité. L’irritabilité serait une présentation infantile spécifique
liée à l’âge de la manie. Ainsi, un certain nombre de cas de TDAH, de trouble
oppositionnel avec provocation (TOP) ou de trouble du comportement seraient en fait
des TB chez l’enfant. Pour permettre de valider cette hypothèse, cette équipe élabore
le « Broad Phenotype Bipolar Disorder»(BrP) que l’on pourrait traduire par “Trouble
Bipolaire de phénotype indéfini” ou” Trouble du spectre bipolaire”. Il s’agissait
d’une catégorie hypothétique élargie, dans laquelle il faut placer les enfants dont le
statut vis-à-vis du TB était peu clair. C’est-à-dire des patients dont le signe clinique
cardinal était l’irritabilité, avec une éventuelle composante thymique, mais dont
l’importance ne permettait pas de les relier avec des signes typique de TB. (16)

En 1997, l’équipe de GELLER à Saint Louis, argumente en faveur de la
reconnaissance du « Narrow Phenotype (NaP)», traduit par « Phénotype étroit,
resserré. ». Pour eux, il est important de circonscrire les manifestations à analyser, en
identifiant les spécificités au sujet de la cyclicité des phases du TB chez l’enfant.
Notamment parce qu’elles n’ont pas du tout la même rythmicité que celle de l’adulte.
Ils proposent donc des nouveaux critères dont les « complex cycling », « ultrarapid
cycling » (5 à 364 cycles par an) et les « ultradian cycling » (>365 cycles par an avec
une durée d’au moins 4 heures) (17).
Ces deux propositions sont soutenues et reprises dans les recommandations du « National
Institute of Mental Health »(NIMH) en 2001. Afin d’inciter d’autres équipes à poursuivre les
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
explorations scientifiques (18). En établissant la possibilité du BrP, ou du NaP, les comités
d’experts favorisent les travaux pour l’analyse de ces dimensions.

En 2005, PAVULINI et al. (19) complète ces propositions en suggérant
l’ « intermediate phenotype (InP)», regroupant les deux premiers, aux fins de la
recherche.
A nouveau, ces propositions sont soutenues par une des premières tables rondes des sections
rédactionnelles du futur DSM-V, présidées notamment par le Pr LEIBENLUFT. Ces
conférences préliminaires reconnaissent alors qu’il est nécessaire d’établir de nouveaux
critères diagnostiques pour identifier les troubles bipolaires chez l’enfant : « NIMH panel of
experts states new criteria for juvenile-onset bipolar disorder are being considered for DSMV » (20).
Cependant, une autre conférence préliminaire en 2007, toujours présidée par le Pr.
LEIBENLUFT, conclut qu’il est impératif de réaliser d’autres recherches pour inclure quoi
que ce soit dans le futur DSM-V. Il semble tout à fait prématuré de vouloir introduire ces
hypothèses comme catégorie nosologique dans le DSM-V: « there has been definitely no
agreement that they will be incorporated into DSM-V [and it is] premature to make any
prediction [as it is] early in the DSM process. » (21)
En résumé, la décennie 1990-2000 voit l’ouverture de nouveaux axes de recherche
fondamentaux au sujet du TBDP. Quelques équipes s’engagent dans des orientations
particulières que ce soit au sujet des variabilités quantitatives des symptômes (notion de
« Broad Phenotype ») ou de variabilité qualitative (notion de « Narrow Phenotype »).
En parallèle, ces années voient apparaître le DSM-IV et sa révision le DSM-IV-R.
1.1.6 1994 : DSM-IV et 2000 : DSM-IV-R
A la rédaction de cette thèse, les deux classifications en cours d’usage en France sont la CIM10 et le DSM-IV-R (22).
Le DSM-IV-R (2000) classe les troubles mentaux en 17 catégories principales, qui regroupent
plus de 400 maladies.
Le volet pédopsychiatrique est dénommé : « Troubles habituellement diagnostiqués pendant
la première enfance, la deuxième enfance ou l’adolescence ».
Il contient les grands syndromes suivants (entre crochets le code DSM-IV-R) :

Retard mental. [317-319]

Troubles des apprentissages [315.x]

Trouble des habiletés motrices [315.x]

Trouble de la communication [315.x et 307.0]

Troubles envahissants du développement [299.x]
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels

Troubles : déficit de l’attention et comportement perturbateur [312.x-314.x]

Troubles de l’alimentation et troubles des conduites alimentaires de la première ou de
la deuxième enfance [307.x]

Trouble du contrôle sphinctérien [787.6 et 307.x]

Autres troubles de la première enfance, de la deuxième enfance ou de l’adolescence.
Immédiatement, nous pouvons constater que le DSM-IV et le DSM-IV-R ne contiennent
aucun item en rapport avec un trouble de l’humeur chez l’enfant. Les troubles de l’humeur
sont une grande catégorie en soi qui concerne principalement les adultes.
Si l’on s’attarde à la catégorie « Troubles de l’humeur »°[296.x-300.x] ; ils contiennent :
Troubles dépressifs
Troubles bipolaires
Autres troubles de l’humeur.
Cependant, les critères de ces troubles contiennent certaines précisions concernant la
symptomatologie chez les mineurs.
1.1.6.1 Critères de dépression adaptés pour les mineurs :
« L’humeur dépressive est présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours,
signalée par le sujet (se sent triste ou vide…) ou observée par les autres (pleure…). N.B. :
Eventuellement irritabilité chez l’enfant ou l’adolescent. » (23).
Permettons-nous d’insister sur la tournure de la précision qui, au lieu de spécifier une
symptomatologie particulière, l’élargit au contraire en signalant que l’irritabilité peut
éventuellement être l’équivalent dépressif de la tristesse chez les mineurs. Ce qui est déjà
redondant avec d’autres critères de la définition.
Il est alors possible d’extrapoler que l’humeur dépressive soit remplacée totalement par une
irritabilité chez les mineurs. Elle ne serait donc plus le symptôme cardinal de dépression dans
cette population.
L’autre précision concerne la perte de poids :
« Perte ou gain de poids significatif en l’absence de régime (modification du poids corporel
en un mois excédant 5%...) ou diminution ou augmentation de l’appétit presque tous les jours.
N.B. Chez l’enfant prendre en compte l’absence de l’augmentation de poids attendue (par la
croissance). » (23)
Le manuel de psychiatrie de KAPLAN et SADDOCK, ouvrage de référence élaboré à partir
du DSM-IV-R précise une section concernant les caractéristiques liées à l’âge :
« La dépression peut se traduire par des tableaux cliniques différents selon l’âge :
a) Avant la puberté : Plaintes somatiques, agitation, hallucinations auditives (à une
seule voix) troubles anxieux et phobies.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
b) A l’adolescence : Abus de substance, comportement antisocial, agitation, délits,
difficultés scolaires, promiscuité, sensitivité, négligence de l’hygiène corporelle. »
Rejoignant en cela les connaissances usuelles concernant le trouble dépressif chez les
mineurs, c’est-à-dire la très grande variabilité des signes cliniques.
Il est précisé au sujet de l’épisode dépressif majeur :
« Non rare chez l’enfant. Même symptomatologie que chez l’adulte. Les fugues, la phobie
scolaire, l’abus de substance peuvent masquer une dépression. Risque de suicide. »
1.1.6.2 Concernant la manie, l’hypomanie et le trouble bipolaire :
Les critères du DSM-IV-R ne contiennent aucun addendum au sujet des manifestations chez
les mineurs (24).
Il n’existe qu’une petite précision dans le KAPLAN et SADDOCK concernant la manie chez
l’adolescent : « L’abus de substance, l’alcoolisme, un comportement antisocial peuvent
masquer un épisode maniaque ».
Remarquons là encore l’absence totale de spécificité de la clinique adolescente. Puisque la
même clinique peut relever soit de l’épisode maniaque soit de l’épisode dépressif.
Par contre le DSM-IV-R conserve la même catégorie nosologique « dysthymie » que son
précurseur le DSM-III-R. Il y est précisé : « Auparavant dénommé névrose dépressive. […]
Le trouble débute en général entre 20 et 35 ans, bien qu’il existe une forme à début précoce,
avant 21 ans. »
En somme, le DSM-IV-R s’aligne donc sur son précurseur. Il y a bien la possibilité d’une
pathologie de l’humeur chez les adolescents ou les enfants. Mais avec une absence de
connaissance approfondie sur le sujet. La clinique est polymorphe, sans certitude aucune
concernant l’épidémiologie.
Il n’y a aucune reconnaissance de l’existence d’épisode maniaque avec critères spécifiques
chez les mineurs mais conserve une « porte de sortie » indirecte sous la dénomination vague
de la dysthymie.
A contrario, le DSM-IV et sa révision, mettent pour la première fois en avant le trouble
déficitaire de l’attention. Au sein du groupe particulier « Troubles : déficit de l’attention et
comportement perturbateur. »
Cette évolution signe la reconnaissance officielle d’une liaison symptomatique entre le TDAH
et les comportements perturbateurs. Ceci ouvre une porte de réflexion phénoménologique
concernant ces derniers. En effet, par définition, cette classe de trouble est établie par rapport
à l’environnement du sujet. Le comportement est dit perturbateur par rapport à un certain
nombre de notion de régularité. (A titre d’exemple, couper la parole peut-être un
comportement perturbateur dans un certain cadre éducatif, alors que dans un autre, ce n’est
pas forcément le cas.)
Le DSM-IV et DSM-IV-R inclut alors une catégorie mixte contenant à la fois un trouble étayé
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
par une hypothèse fonctionnelle (déficit de l’attention) et un trouble relevant du jugement
contextuel (comportement perturbateur). Ceci permet d’envisager les comportements
perturbateurs variés comme un corrélat éventuel d’une cause fonctionnelle, et non comme un
jugement de valeur. C’est une évolution intéressante. Mais ceci signe par-là que le DSM-IV-R
perd de son caractère athéorique, au profit d’une dimension fonctionnelle, même si ce n’est
pas flagrant.
La relative quiétude des équipes de chercheurs va être bousculée au cours de la décennie
suivante par l’influence des médias américains.
1.1.7 Les années 2000, premières polémiques
En reprenant le constat que le trouble bipolaire chez l’enfant et chez l’adolescent a suscité de
plus en plus d’articles de recherche, il est avéré que l’incidence du trouble semble avoir
particulièrement augmenté depuis les années 90.
Cependant, c’est vraisemblablement à partir des années 2000, que le sujet s’est démocratisé
en suscitant des interrogations, voire des inquiétudes dans la population générale.
Des journaux de forte audience américains (25) ainsi que des ouvrages de grand tirage (26),
semblent avoir relayé ces inquiétudes et alimenté la polémique. Nous nous permettons de citer
ces sources non-médicales, car elles ont été régulièrement citées dans les articles médicaux
reprenant l’histoire du TBDP (27) (28). Les auteurs de ces historiographies attestent de
l’impact de ces articles destinés au grand public par le fait que le nombre de consultations
pour suspicion de bipolarité chez l’enfant aurait fortement augmenté au cours de ces années.
Certains auteurs ont même émis l’hypothèse que l’inquiétude diffuse de la population comme
des praticiens aurait pu être une cause partielle de l’augmentation de la prévalence.
En effet, une étude épidémiologique de 2004 montre qu’en une décennie aux Etats-Unis, la
prévalence du trouble passe de 0.01% en 1994/1995 à 0.44% en 2002/2003 (29). A tel point
que le diagnostic de TB en est devenu le premier motif d’hospitalisation en pédopsychiatrie
pour les moins de 12 ans aux USA. (30)
Cette inflation est l’objet de controverse et plusieurs hypothèses sont émises que nous
reprenons :

Il s’agit d’une authentique augmentation du nombre de cas par une augmentation de la
fréquence de la maladie (évolution de la population).

Un changement de critères diagnostiques aurait entraîné une surcote du nombre de cas.
Parce que les critères sont trop larges ou trop flous. C’est-à-dire que leur sensibilité est
trop grande pour une spécificité trop faible (Faux positifs).

Un changement de critères diagnostiques entraîne un meilleur diagnostic par rapport
aux outils préalables. Le nombre de cas absolu n’augmente pas mais on les détecte
mieux. C’est-à-dire une amélioration de la sensibilité sans forcément avoir une
spécificité trop faible. D’une certaine manière il s’agit d’un meilleur dépistage.
En réalité, passé l’effet de souffle de cette surprenante « explosion » du nombre de cas, des
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
études ultérieures de prévalence chez l’adolescent, modérèrent ces données par le fait que la
prévalence sur la vie entière pour les TB type I reste à 0,1% et de 1% pour les TB type I et II.
Ce qui rejoint en fait les données antérieures de la littérature, selon lesquelles les troubles
bipolaires restent rares chez l’enfant pré-pubère (3) (31) (32).
Les études comparatives, en particulier au Royaume-Uni (33) (32), en Allemagne (34) en
Corée (35) ou en Hollande (36) (37), établissent des données presque similaires dans
l’ensemble. En l’occurrence, une augmentation légère mais présente de la prévalence du
trouble bipolaire chez l’enfant. Pour autant, la plupart de ces études n’arrivent pas à attribuer
leurs résultats à une augmentation réelle, mais possiblement là encore à un biais de mesure.
A titre d’exemple, la belle cohorte hollandaise, à 5 ans de recul établit une possible
augmentation, pour finir par considérer à 12 ans de recul qu’elle est sensiblement liée à une
amélioration du dépistage, donc une amélioration de la mesure et non une augmentation du
nombre de cas.
Rares sont les études françaises. On doit citer COHEN et al. (38) qui réalisent une étude de
suivi chez 80 sujets âgés de 12 à 20 ans qui font un premier épisode psychotique. Selon cette
équipe, sans arriver à fournir des données fiables, le diagnostic reste assez rare, mais il peut
être redressé vers un trouble schizo-affectif. Ce qui signifie que le nombre de patients
purement bipolaires reste rare.
Dans tous les cas, les experts insistent sur de nombreuses difficultés quant au dépistage et à
l’élaboration des études épidémiologiques à cause de l’absence de critères unifiés et validés à
l’échelle internationale (33). En 2003, CARLSON et al. pointaient précisément ces difficultés,
et mettaient en garde les tentatives de rédaction de recommandation (39).
Il était alors souligné que certaines questions n’étaient pas résolues et qu’elles resteraient des
limites sérieuses à tout travail de grande ampleur :

« Le trouble bipolaire chez l’enfant ou l’adolescent doit-il être diagnostiqué avec les
critères stricts du DSM-IV-R ou autrement ?

Quelle est l’importance d’identifier les épisodes inter-critiques ?

Comment faire pour interpréter les symptômes transverses, les variantes ou les
comorbidités ?

Et comment adapter les symptômes en fonction de l’âge et des phases de
développement ? »
Dans un effort d’unicité, la plupart des leaders de la communauté scientifique insistent alors
particulièrement sur l’impératif de garder comme standard les critères du DSM-IV-R, bien
qu’ils fussent développés et testés principalement sur des adultes. Sur le terrain, un grand
nombre de cliniciens n’adhèrent pas à cette démarche, et argumentent pour une révision des
critères diagnostiques (40).
1.1.8 Catégorie « indifférenciée »
Il est utile de rappeler que les deux principales classifications conservent toujours aussi une
catégorie indifférenciée :
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
« Trouble de l’humeur non spécifié (TB-NS)» Codée F.39 pour la CIM 10 et [296.90]. En
anglais : Bipolar Disorder Non-Specific (BD-NOS) »
Ceci a pour but d’y placer les formes atypiques d’un trouble de l’humeur. Ce type de
catégorie reste utile au praticien, lorsque tous les critères ne sont pas remplis. Il ne semble pas
exister d’étude quant à la fréquence d’usage de ce type de catégorisation pour le diagnostic de
TBDP.
Par contre, quelques auteurs ont suggéré que l’identification du « Severe mood
Dysregulation » prenait sa source dans cette catégorie (41). En effet, le caractère indifférencié
du TB-NS, était souvent utilisé pour catégoriser des patients souffrant d’irritabilité chronique,
et continuelle, avec explosions d’humeur. Les symptômes cardinaux contiennent ceux de
registre maniaque tels que la diminution du temps de sommeil, des idées de grandeur voire
une hyperactivité motrice (42) (43).
1.1.9 2003 : Identification du « Severe Mood Dysregulation »
En 2003, LEIBENLUFT et al. (42) proposent une nouvelle catégorie diagnostique pour les
enfants appelée « Severe Mood Dysregulation (SMD)» ou « Dysrégulation sévère de
l’humeur ».
Cette proposition se définit par les critères suivants :

Humeur anormale, anxiété ou tristesse, présente au moins la moitié du temps
quotidien, la plupart du temps et suffisamment importante pour être remarquée par les
personnes de l’environnement de l’enfant.

Augmentation significative de la réactivité aux stimulations émotionnelles négatives.
Par exemple, les enfants répondent à la frustration par des crises de colères, de la rage,
des comportements agressifs envers eux-mêmes ou les autres. Ces évènements doivent
survenir au moins trois fois par semaine sur les quatre dernières semaines.

Hyperexcitation, définie par au moins deux des éléments suivants :
o
o
o
o
o
o

Insomnie
Baisse du temps de repos physique
Distractibilité
Pensées accélérées ou diffluentes
Discours pressé
Intrusion
Il est nécessaire d’avoir au moins un symptôme prévalent additionné avec des
symptômes atténués dans une seconde catégorie.
Cette nouvelle catégorie est sensée répondre à un vide nosologique laissé par des enfants
consultants pour des troubles mais dont les critères vis-à-vis d’un trouble bipolaires ne sont
pas clairs. LEIBENLUFT et al. sont parfaitement conscients de la fragilité de leur proposition
théorique et la proposent afin de la tester en étude clinique.
C’est ce que fait l’équipe de BROTMAN en 2006 qui reprend la cohorte de la GSMD (Great
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Smoky Mountains Study) et reprennent les éléments de 1420 cas cliniques afin de tester les
critères du SMD face aux critères DSM-IV R de trouble bipolaire (44).
Selon BROTMAN, il y a indépendance des syndromes. Ce travail conclut que le SMD n’est
pas une variante du trouble bipolaire, adapté aux jeunes, mais qu’il représente une entité
nosologique en soi. Cette équipe propose une prévalence de 3,3% sur la vie entière, c’est-àdire bien plus élevée que le TBDP et semble révéler que le SMD serait un facteur pronostic
d’une évolution vers une dépressivité chez les adultes, et non vers une évolution maniaque.
En mettant ces données en parallèle avec le diagnostic de TB-NS, LEWINSOHN et son
équipe identifie le même type d’évolution. C’est-à-dire vers une dépressivité, possiblement
sous-tendue par un TB type II et non un vers un TB type I (45).
Ces travaux argumentent l’indépendance critériologique entre le SMD et le TBDP. Mais, là
encore, d’autres équipes n’arrivent pas à de telles conclusions. En effet, l’étude prospective de
BIRMAHER, identifie que plus de 25% de ses 92 adolescents diagnostiqués TB-NS évoluent
vers un TB Type I ou II (46), avec une augmentation à 30% s’ils sont issus d’une famille aux
antécédents de bipolarité (47).
1.1.10 2013 : Inclusion du « Disruptive Mood Dysregulation Disorder » (DMDD) dans le
DSM-V
A la suite de l’identification du SMD, la cinquième version du DSM (DSM-V), éditée en mars
2013, propose une entité nosologique nouvelle dénommée « Disruptive Mood Dysregulation
Disorder » (DMDD), que l’on pourrait traduire par « Trouble disruptif de la régulation de
l’humeur. .
1.1.10.1 Définition du DMDD (circulaire DSM-V de l’APA) (48) (voir annexe I) :
Nous citons la circulaire APA :

« This disorder is called Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD), and its
symptoms go beyond describing temperamental children to those with a severe
impairment that requires clinical attention. Far beyond temper tantrums, DMDD is
characterized by severe and recurrent temper outbursts that are grossly out of
proportion in intensity or duration to the situation. These occur, on average, three or
more times each week for one year or more.
Between outbursts, children with DMDD display a persistently irritable or angry
mood, most of the day and nearly every day, that is observable by parents, teachers, or
peers. A diagnosis requires the above symptoms to be present in at least two settings
(at home, at school, or with peers) for 12 or more months, and symptoms must be
severe in at least one of these settings. During this period, the child must not have
gone three or more consecutive months without symptoms.
The onset of symptoms must be before age 10, and a DMDD diagnosis should not be
made for the first time before age 6 or after age 18. »
Que nous traduisons ainsi :

« Le trouble est dénommé trouble disruptif de l’humeur (DMDD) et a des symptômes
allant plus loin qu’une manifestation de l’humeur. Il est caractérisé par de sévères et
récurrentes explosions de l’humeur qui dépassent les manifestations normales
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
usuelles en intensité ou en durée pour une situation donnée. Ceci se produit au moins
trois fois par semaine pendant au moins un an.
Entre les crises, les enfants atteints de DMDD présentent une humeur maussade ou
irritable la plupart de la journée et presque tous les jours. Ceci a été remarqué par les
parents, les enseignants ou les pairs. Pour poser le diagnostic, il est nécessaire qu’il
soit constaté par au moins deux intervenants différents (à la maison, à l’école ou avec
les pairs) depuis au moins 12 mois. Et les symptômes doivent être constatés comme
sévères par au moins un des trois observateurs. Durant cette période, les enfants ne
doivent pas avoir été asymptomatiques pendant trois mois ou plus.
L’âge de survenue des symptômes est inférieur à 10 ans, et le diagnostic ne doit pas
être posé avant l’âge de 6 ans ou après 18 ans. »
Il semble en fait que cette définition soit une version tronquée des critères du SMD de
LEIBENLUFT. En effet, elle ne tient pas compte de l’hyperexcitation associée.
Ce nouveau diagnostic suscite une assez grande polémique dont plusieurs équipes font échos.
L’équipe de David A. AXELSON du département de psychiatrie de PITTSBURGH ont publié
en 2011 un manuscrit très à charge contre l’inclusion du « Temper Dysregulation Disorder »
(TDD) (qui n’est autre qu’une version préalable du DMDD) dans le DSM-V (49).
En l’occurrence, ils expliquent une très nette insuffisance de travaux préalables pour se
permettre d’identifier une nouvelle catégorie indépendante. Dans leur article, ils rappellent
l’utilité première du SMD. A savoir une définition arbitraire propice à vérifier la solidité de
l’hypothèse nosologique, et non une catégorie admissible de facto comme entité. AXELSON
et al. considèrent qu’en tronquant la définition de base du SMD, elle devient trop floue pour
conserver la moindre pertinence clinique.
Cet article reprend aussi des considérations économiques et sociales pour mettre en garde
contre une possibilité de surmédicalisation en pédopsychiatrie étant donné qu’un des motifs
de consultation les plus fréquent est l’irritabilité et les crises de colères.
Ces auteurs pensent qu’après avoir sur-diagnostiqué des TB chez les enfants par
l’intermédiaire des critères diagnostiques trop larges du DSM-IV-R, le comité de rédaction du
DSM-V tente de réduire le problème de sur-prescription et de coût auprès des organismes de
mutuelles en créant le TDD (ex-DMDD), trop rapidement, sans étayage scientifique valable.
Ce qui ne ferait que transformer le problème en un autre.
Qui plus est, AXELSON et al. soulignent le revirement paradoxal du groupe de travail du
DSM-V en citant le compte-rendu officiel du groupe de travail en charge de la rédaction du
paragraphe concernant les troubles de l’humeur :

« The work groups acknowledged that a stronger case could be made, based purely on
the scientific evidence, for placing the TDD syndrome within the diagnosis of ODD, as
a specified, as opposed to adding a new, free-standing, TDD diagnosis, since virtually
all youths who meet criteria for TDD will also meet criteria for ODD. Specifically,
data analyses performed by the Childhood and Adolescent Disorders Work Group,
using data sets from both community-based and clinic-based samples including more
than 10,000 children, suggest that approximately 15% of patients with ODD would
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
meet criteria for TDD; by definition, essentially all youths meeting criteria for TDD
would also meet criteria for ODD. In that sense, it is clear that, from a
pathophysiological perspective, TDD is unlikely to be categorically distinct from
ODD. » (50)
Que nous traduisons ainsi :

« Les groupes de travail sont d’accord pour considérer qu’une catégorie plus solide
doit être uniquement élaborée à partir de preuves scientifiques, pour extraire le TDD
du diagnostic de TOP, comme catégorie autonome, étant donné que virtuellement,
tous les jeunes qui présentent les critères de TDD présentent ceux du TOP. Plus
spécifiquement, l’analyse des données issues d’échantillons cliniques et de population,
incluant plus de 10 000 enfants suggèrent qu’approximativement 15% des patients
avec TOP auraient des critères de TDD ; ainsi, par définition, tous les jeunes ayant
les critères de TDD remplissent les critères de TOP. Dans cette considération, il est
clair que du point de vue physiopathologique, le TDD n’est pas apte à être distinct du
TOP. »
Il semble alors étonnant qu’après avoir considéré que les critères du TDD soient une
réduction de ceux du trouble oppositionnel avec provocation (TOP) (« Opposition Defiant
disorder » (ODD)), les mêmes groupes s’accordent à permettre au TDD de rester en tant que
redondance partielle d’un TOP. Pourtant, le TDD, sous la nouvelle nomenclature du DMDD
entre dans le dans le DSM-V.
L’APA répond aux critiques dans son communiqué officiel au sujet du DMDD (48). Que nous
reproduisons dans son intégralité en annexe.
Nous proposons de critiquer ce communiqué.
1.1.10.2 Critique de la forme
En premier lieu, il semble immédiatement très ancré dans une culture de la médiatisation. En
effet, bien qu’il soit un communiqué d’experts scientifiques, à destination d’experts
scientifiques, il fait immédiatement référence à un article du « Wall Street Journal » en guise
d’introduction. Nous pouvons nous étonner de cette référence non-scientifique.
Ceci nous semble peut-être faire preuve d’une méprise partielle entre médiatisation et
annonce fondamentale, ce qui n’est peut-être pas le plus indiqué.
Ensuite, l’introduction de ce communiqué s’appuie sur un cas clinique unique, peut-être un
peu dramatisé, afin de justifier à postériori une démarche qui se veut scientifique : “for an 11year-old boy who, although diagnosed with bipolar disorder at age 4, has never been
successfully treated for his extreme, explosive rages.” Traduit par : “L’histoire d’un enfant de
11 ans, pourtant diagnostiqué bipolaire, et qui n’a jamais été traité avec succès pour ses
crises clastiques extrêmes.” Nous nous étonnons de l’inscription d’un exemple unique et
empathique dans une démarche scientifique qui se voudrait neutre.
Dans le paragraphe « Process for New Diagnosis », l’APA retrace les éléments et liste les
groupes de discussion à l’origine de la proposition. Mis à part qu’ils sont à l’évidence et par
essence, tous américains, nous nous interrogeons un peu quant à la pertinence de la démarche
théoriquement universaliste du DSM. Quid d’un comité de relecture international ?
Dans le paragraphe, « Improving Diagnosis and Care. », le communiqué insiste sur la
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
légitimité d’un nouveau diagnostic en argumentant l’impératif d’une catégorie diagnostique à
part par rapport aux données actuelles scientifiques concernant les modalités de prise en
charge :
« Defining this disorder as a distinct condition will likely have a considerable impact
on clinical practice and thus treatment. For example, the medication and
psychotherapy treatment recommended for BD is entirely different from that of other
disorders, such as depressive and anxiety disorders.
The unique features of DMDD necessitated a new diagnosis to ensure that children
affected by this disorder get the clinical help they need. »
Que nous traduisons par :
« Définir un trouble, avec des critères différents, aura un impact considérable en
pratique courante et sur les traitements associés. Par exemple, les psychotropes et les
psychothérapies recommandés pour le trouble bipolaire sont entièrement différents de
ceux d’autres troubles, tels que la dépression ou les troubles anxieux.
L’unique but du DMDD comme nouveau diagnostic est d’assurer aux enfants atteints
de ce trouble d’avoir l’aide qu’ils requièrent. »
Sur la forme, c’est donc la troisième fois en deux pages que ce communiqué utilise
l’argumentaire de l’impératif à mieux diagnostiquer pour mieux traiter.
Il peut s’agir d’un non-argument, possiblement sophisme. En effet, toute démarche
scientifique médicale a semble-t-il pour but d’améliorer les diagnostics pour une meilleure
prise en charge. Il est alors étonnant que ce type d’argument soit autant réutilisé dans un tel
communiqué.
Enfin, le texte se termine par les définitions du DSM et de l’APA, ceci peut sembler utile si le
lecteur n’est pas un scientifique psychiatre. N’est-ce pas pour autant argument fallacieux
indirect ? En effet, en précisant : « APA is a national medical specialty society whose more
than 36,000 physician members specialize in the diagnosis, treatment, prevention and
research of mental illnesses, including substance use disorders. », l’APA semble utiliser un
argument de poids, c’est-à-dire celui du nombre, ce qui n’est pas forcément le mieux étayé.
1.1.10.3 Critique du fond
Au-delà du style, peut-être un peu pompeux, le communiqué nous semble insuffisamment
étayé sur le fond.
Dans le paragraphe « Characteristics of the Disorder », il est parfaitement précisé la nécessité
de la continuité du trouble, en dehors des périodes clastiques. A l’évidence, le DMDD est une
reprise de l’identification du SMD par LEIBENLUFT. Sans prendre en compte la composante
« hyperexcitabilité ».
Alors que le communiqué remarque très justement les empiètements symptomatiques entre la
définition du DMDD, et celle des troubles oppositionnels avec provocation (TOP ou ODD)
ainsi que celui du TB, l’APA précise alors :
« ODD (Opposing defiant disorder) is an ongoing pattern of anger-guided
disobedience, hostilely defiant behavior toward authority figures that goes beyond the
bounds of normal childhood behavior. While some of its symptoms may overlap with
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
the criteria for DMDD, the symptom threshold for DMDD is higher since the
condition is considered more severe. To avoid any artificial comorbidity of the two
disorders, it is recommended that children who meet criteria for both ODD and
DMDD should only be diagnosed with DMDD. »
« Le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) se manifeste par une volonté de
désobéissance, un comportement hostile de défiance à l’égard des figures d’autorité,
au-delà des limites d’un comportement normal chez l’enfant. Même si certains de ses
symptômes recouvrent les critères du DMDD, les traits du DMDD sont plus
importants et considérés comme plus sévères. Pour éviter une prévalence
artificiellement augmentée en cas de comorbidité entre les deux troubles, il est
recommandé de ne pas tenir compte du TOP lorsqu’un enfant est atteint des deux, et
de ne diagnostiquer que le DMDD. »
Le DSM-V reconnaît donc fondamentalement l’imprécision des symptômes à cause de leur
recoupement avec un TOP. Pourtant, nous nous étonnons de la proposition visant à nier
l’existence du TOP en cas de comorbidité, et ce pour éviter une surcote artificielle. En effet,
accepter ce compromis, c’est accepter que le TOP doive se plier à la présence d’un DMDD.
Ce qui met en doute la solidité du diagnostic du TOP au bénéfice de celui du DMDD.
Le DSM-V semble alors poursuivre l’évolution entreprise par le DSM-IV-R c’est-à-dire tenter
d’expliquer par une défaillance fonctionnelle, un diagnostic descriptif comme le celui du
TOP. Ceci n’est pas sans rappeler l’évolution du DSM-III au DSM-IV-R avec l’émergence du
TDAH en « remplacement » des troubles des conduites (voir supra).
Lors du DSM-IV-R, les comportements perturbateurs sont inclus dans la même catégorie que
le déficit de l’attention. Lors du passage au DSM-V, le TOP doit céder la place au DMDD en
cas de comorbidité. Est-ce la fin annoncée d’un diagnostic descriptif dépendant de
l’environnement tel que le TOP au profit d’un diagnostic possiblement étayé par une
dimension autonome, telle que la rupture brutale de l’humeur ? Par un tel positionnement, Le
DSM-V ne nous semble plus se positionner sur une orientation athéorique.
Dans le même paragraphe, le communiqué précise aussi :
« BD also has similar symptoms. And while clinicians may have been assigning a BD
diagnosis to these severely irritable youth to ensure their access to treatment
resources and services, these children’s behaviors may not present in an episodic way
as is the case with BD. In an effort to address this issue, research was conducted
comparing youth with severe non-episodic symptoms to those with the classic
presentations of BD as defined in DSM-IV. »
Que nous traduisons ainsi :
« Le trouble bipolaire a des symptômes similaires. Et de nombreux praticiens ont
assigné le diagnostic de bipolarité à ces jeunes, sévèrement irritables, pour leur
assurer des soins et des traitements. Les comportements de ces enfants ne se
manifestent pas de manière épisodique comme dans un trouble bipolaire. Pour
résoudre cette situation, la recherche fut conduite pour distinguer les cas de
symptômes pérennes, de ceux affiliés à une présentation classique de trouble bipolaire
tel que défini par le DSM-IV. »
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Ce paragraphe nous semble très peu défendable.
D’une part, le comité semble expliquer que les praticiens furent obligés de poser des
diagnostics abusifs en rapport avec une carence du système de santé (voir infra). Pour autant,
nous l’avons vu, ces diagnostics abusifs ont été portés possiblement par les propres
insuffisances du DSM-IV-R (40).
Qui plus est, au lieu de modifier la définition du TB afin de pouvoir y faire rentrer une
présentation adaptée à la population pédopsychiatrique, le DSM-V marque alors une césure
profonde entre les deux troubles.
Il nous semble que c’est oublier les travaux argumentant la possibilité de formes infantiles de
trouble bipolaire (voir infra). Qui plus est, ces travaux précisent bien souvent l’absence de
période de stabilité dans les formes prépubères de bipolarité (51) (52).
En conséquence, l’argument majeur du DSM-V pour établir un distinguo entre TBDP et
DMDD, ne semble pas tenir. Pour les experts du DSM-V, le TBDP évolue par période, à
l’instar du TB de l’adulte. Alors que le DMDD est pérenne. Cet argument semble très
critiquable.
Notre dernière remarque est qu’en 2003, LEIBENLUFT (membre du comité rédactionnel du
DSM-V) proposait à la critique le « Sever Mood Dysregulation ». La démarche était claire.
Afin de vérifier la solidité du trouble, il fallait l’identifier pour vérifier ses intrications
éventuelles avec le trouble bipolaire. Aujourd’hui, l’identification du DMDD ne tient plus
compte de cette mesure, mais comme le précise trois fois le communiqué, afin de mieux
traiter les patients.
Etant donné que le DSM-V semble avoir repris les mêmes critères pour le DMDD, cette
démarche nous semble relever d’un réel passage en force, puisque les travaux n’ont
vraisemblablement pas permis de faire la part des choses entre un SMD et un TBDP. Il nous
semble alors que le positionnement du DSM-V efface trop rapidement les travaux antérieurs
dont le sujet déclaré est le trouble bipolaire et ses formes infantiles.
Nous pensons que puisque la question quant à l’identification d’un TBDP reste d’actualité,
pourquoi persister à en faire un autre trouble ? Pourquoi ne pas définir clairement un TBDP et
le proposer à la recherche en expliquant qu’il reste à être validé ou contesté ?
Enfin, nous nous interrogeons quant à la position officielle de l’association académique
américaine de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (AACAP) qui publiait en 2007 le seul
guide diagnostique au sujet du TBDP (53). Quel va être son positionnement aujourd’hui au
sujet du DMDD ?
1.1.11 2013 : Etat des lieux
1.1.11.1 Episodes maniaques ultra-courts
Il ressort de la nouvelle mouture du DSM, une précision particulière concernant les épisodes
maniaques très courts, inférieurs à 2-3 jours. L’APA propose donc de les catégoriser dans les
troubles bipolaires indifférenciés. (« BP-Not Elsewhere Classified » (BP-NEC)) (54).
Il ressort de l’expérience clinique que ce type de changement risque de modifier la prévalence
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
des troubles. Et particulièrement pour les TBDP dont le tempo semble bien plus rapide que
celui des adultes (55) (56). Nous nous interrogeons là encore sur la pertinence de cette
mesure. Elle risque en effet de brouiller les cartes et de proposer les enfants bipolaires dans
une catégorie d’exclusion.
1.1.11.2 Imprécision du DMDD
Des études très récentes, portées par des experts opposés à cette démarche donnent des
arguments assez forts dans le sens de l’insuffisance de de précision.
Une étude pluri-équipes de 2012, sous l’égide d’AXELSON reprend la cohorte LAMS
(Longitudinal Assessment of Manic Symptoms), de 706 enfants de 6 à 12 ans, de 2005 à 2008.
En établissant une comparaison rétrospective entre le diagnostic de DMDD, de ceux du TOP
et de trouble des conduites (57).
Leur conclusion est très nette :
« In this clinical sample, DMDD could not be delimited from oppositional defiant
disorder and conduct disorder, had limited diagnostic stability, and was not
associated with current, future-onset, or parental history of mood or anxiety disorders.
These findings raise concerns about the diagnostic utility of DMDD in clinical
populations. »
« Dans cet échantillon clinique, Le DMDD ne peut pas être distingué correctement
des troubles des conduites et du ODD. Le DMDD n’a qu’une stabilité diagnostic
limitée et ne peut être associé à aucun facteur présent, futur ou familial de quelque
trouble anxieux ou de l’humeur. Ces données soulèvent des inquiétudes quant à
l’utilité du diagnostic de DMDD en usage clinique. »
En plus d’une analyse comparative, une autre équipe s’intéresse à la prévalence possible du
DMDD dans une population donnée (58). Les conclusions sont là encore inquiétantes :
« Disruptive mood dysregulation disorder is relatively uncommon after early
childhood, frequently co-occurs with other psychiatric disorders, and meets common
standards for psychiatric "caseness." This disorder identifies children with severe
levels of both emotional and behavioral dysregulation. »
« Le DMDD est relativement peu fréquent après la prime jeunesse, est souvent cooccurrent avec d’autres troubles psychiatriques, et rejoint des standards communs
pour les cas atypiques. Ce trouble identifie des enfants avec des degrés élevés de
dérégulation émotionnelle et comportementale. »
Enfin, même si le DMDD semble issu des considérations sur le SMD, les mêmes équipes
travaillant sur le SMD (LEIBENLUFT, STRINGARIS et al.) rappellent que l’irritabilité, en
tant que symptôme cardinal du SMD ne devrait pas être utilisée catégoriellement mais au
travers d’une approche dimensionnelle : « An alternative solution would be to treat irritability
as a dimension, rather than a category. » (59).
1.1.11.3 Poursuite des recherches, l’apport du SMD. Et l’irritabilité ?
A la lecture de la polémique autour du DMDD, nous pouvons pourtant nous réjouir en
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
constatant qu’elle a au moins eu le bénéfice de faire sortir de la pénombre la question du
TBDP. Nous suggérons que l’inclusion du DMDD ne semble pas une proposition judicieuse
de la part du DSM-V en l’état actuel des connaissances.
Premièrement parce que cette démarche n’est pas suffisamment étayée scientifiquement, et
nous proposons dans la suite de notre travail d’autres points de vue pouvant expliquer
l’inscription du DMMD dans le DSM-V. Notamment en regard de l’économie de la santé
américaine.
Deuxièmement, l’inclusion du DMDD, risque d’être confondante sur deux plans. L’utilité
diagnostique du DMDD semble faible ou nulle. Soit comme redondance catégorielle, soit
comme isolée de toute réalité clinique.
Ensuite, il va probablement falloir du temps et des efforts aux équipes de chercheurs, pour
réfuter fermement l’absence d’étayage de cette proposition « arbitraire ». Moyens qui auraient
sans doute mieux été réemployés à la recherche concernant l’hypothèse princeps du trouble
bipolaire chez l’enfant.
Pourtant, il est tout de même possible que la polémique engendrée par cette mesure face
office de catalyseur en replaçant les troubles de l’humeur au centre des intérêts et de la
curiosité scientifique. Mis à part la possible perte de temps, la médiatisation a possiblement
joué en faveur de la reconnaissance du trouble.
C’est ce qui semble se produire. D’autres équipes semblent ne pas désirer entrer dans la
polémique et poursuivre des travaux de recherche fondamentale concernant les troubles de
l’humeur chez les mineurs. Particulièrement sur la dimension de l’impulsivité.
A titre d’exemple, AMBROSINI et al. viennent de publier un article au sujet de l’irritabilité
dans le trouble attentionnel avec ou sans hyperactivité (TDAH) (60). Leurs conclusions
semblent suggérer que l’irritabilité n’est pas forcément un signe de trouble de l’humeur. Ceci
complète l’avis d’autres équipes suggérant que l’irritabilité est un symptôme suffisamment
autonome pour être en soi un symptôme cardinal d’un trouble spécifique (61) (59).
D’autres chercheurs, tels que LEIBENLUFT, se démarquent aussi en perpétuant leurs travaux
dans leur direction originelle. Ainsi LEIBENLUFT insiste toujours sur la démarche initiale du
SMD, à savoir une enveloppe élargie, à tester avant son inclusion dans une classification (62).
Après avoir proposé à l’expérimentation le SMD, en se démarquant du TBDP, LEIBENLUFT
continue de former une nouvelle génération de chercheur qui s’attelle particulièrement sur
l’impulsivité et l’irritabilité. Nous allons voir que par cette mesure, elle contribue
indirectement à la découverte de nouvelles notions au sujet du TBDP, car la comparaison des
deux troubles permet in fine, de mieux les comprendre tous les deux.
1.2 Discussion : facteurs non-médicaux influençant les critériologies
Le coût de la santé n’est plus une donnée secondaire dans les considérations médicales
modernes.
En dépit du fait que les troubles bipolaires à début précoce n’en sont qu’au stade de la
recherche et non-encore une entité directement applicable en clinique quotidienne, il est
possible tout de même d’envisager les TBDP dans un cadre d’économie de la santé.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Nous constatons que les Etats-Unis sont les premiers promoteurs de la recherche. En
conséquence, il n’est pas inutile de rappeler en quelques lignes le système de santé américain.
1.2.1 Système de soin américain
L’histoire du système de soin américain actuel commence en 1973, à la rédaction du « Health
Maintenance Organization Act ». Cette loi a requis des entreprises employant plus de 25
salariés qu'elles offrent à ces derniers la possibilité de souscrire gratuitement à une HMO
(Health maintenance organization).
Outre les HMO, les systèmes d'assurance maladie comprennent aussi les PPO (Preferred
provider organization). Les HMO restreignent les soins à l'intérieur d'un réseau spécifique,
tandis qu'avec un PPO, plus coûteux, il est possible de consulter où l’on veut.
En dehors des HMO et des PPO, il est possible de s’assurer à des systèmes privés. Mais le
coût des soins demeure prohibitif, en particulier en raison des franchises imposées par de
nombreuses assurances. Selon une étude récente (63), 62 % des faillites personnelles de 2007
ont été provoquées par le coût des soins de santé. En 2001 cette proportion était de 46 %. Le
nombre de faillites induit à cause de problèmes de santé a donc augmenté de 50 %
entre 2001 et 2007.
Peu d'États (Massachusetts, Hawaii) ont leur propre système de santé universel. Depuis 2000,
l'Arizona a institué après un référendum d'initiative populaire une mesure de couverture
médicale minimale pour les pauvres (64).
Il faut savoir que c’est à partir du DSM que les agences gouvernementales ou les autres
systèmes privés, établissent les critères de remboursement. En conséquence, le DSM sert de
référence administrative pour les remboursements de soin (65) (66).
Plus spécifiquement pour notre sujet, une étude judicieuse au sujet de l’individualisation des
assurances santé pour les adolescents a été réalisée en 2003 aux USA. Le travail « inventait »
des prototypes d’adolescents atteints de certains troubles et modélisait le parcours de soin
selon qu’ils bénéficient à titre personnel (ou non) des enveloppes types des HMO ou PPO.
Pour l’adolescent modélisé avec une dépression, il semble que ce dernier puisse profiter
correctement des avantages proposés par ces formules. Pour les adolescents modélisés avec
des troubles alimentaires, ou un trouble bipolaire, il semble que ces derniers n’obtiennent pas
l’opportunité d’avoir un parcours de soin adapté à leurs troubles (67).
Un certain nombre d’auteurs ont relayé ce type de considération pour estimer que la nécessité
de faire inclure trop largement des patients dans des diagnostics particuliers afin de leur
permettre d’être soutenus par les organismes de santé a potentiellement eut pour conséquence
une inflation artificielle du nombre de cas (27) (68). Qui plus est lorsque ces notions sont
relayées par les médias (25). Même si les praticiens tombent tous d’accord pour conserver une
rigueur dans la pose du diagnostic, les failles du système de soin entraîneraient fatalement des
biais de diagnostic. Il est donc clair qu’il faille réviser ces considérations afin de mieux aider
une population d’enfants en souffrance, n’entrant pas forcément dans les catégories
diagnostiques formelles. Sans oublier qu’un certain nombre d’entre eux ont identifié que le
bas niveau socio-économique des familles semble être un facteur prédictif d’une mauvaise
prise en charge à long terme (46).
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
1.2.2 Eclatement nosologique, conflits d’intérêts et « disease mongering »
Pour les industriels pharmaceutiques, élargir les critères diagnostiques entraîne une
augmentation de la prévalence et donc le nombre de personnes à traiter. Ainsi, toute
modification catégorielle vers l’élargissement ou vers la réduction, va modifier les volumes
des marchés. En conséquence, il est possible que la pression de grands groupes puisse jouer
directement ou indirectement sur des domaines aussi importants que la critériologie.
Ce phénomène a été dénommé « disease mongering ». Il désigne le façonnage des maladies. Il
s’agirait d’une manifestation des conflits d’intérêts entre firmes pharmaceutiques et recherche.
Selon plusieurs auteurs, la psychiatrie serait une des disciplines les plus opaques et les plus
atteintes par une collusion entre l’élaboration de nouveaux diagnostics, et la prescription de
traitements. Un livre fait office de référence sur le sujet dès 1992 (69).
Le « disease mongering » consisterait à « psychiatriser » à outrance des comportements
normaux, afin d’élargir le champ des prescriptions. S’ajoute à cela une médiatisation des
diagnostics, voire une « publicisation » de la psychiatrie par l’intermédiaire de spots
publicitaires. Ces derniers, plus ou moins offerts par des grandes firmes, afin de sensibiliser
les populations à un dépistage précoce des troubles, seraient des moyens indirects pour
augmenter les prescriptions de psychotropes, par l’intermédiaire de messages alarmistes.
« Puisque la maladie est un terme tellement flou et politique [dépendant de la
politique sanitaire d’un pays, donc de son économie et de sa culture], les prestataires
de services de santé peuvent créer le plus gros de la demande pour leur offre de soin,
en élargissant la définition des maladies de façon à inclure la plupart des gens et en
inventant/façonnant des maladies nouvelles » écrivait Lynn PAYER, dans son ouvrage
de 1992.
Sans extrapoler jusqu’à un complot, ce phénomène semble bel et bien exister puisque des
psychiatres de renom ont récemment critiqué très fermement ce type de manœuvre ainsi que
l’absence de transparence des comités d’élaboration du DSM.
En France, Boris CYRULNIK explique en 2011 dans une vidéo disponible en ligne : (70)
« Lorsqu’on crée un nom, on rend un phénomène visible, on a l’impression de
comprendre, mettre des mots sur des maux, reconnaître une souffrance. A noter que la
traduction langagière, juste ou erronée, a été promue par une vulgarisation extrême
de la psychanalyse, extrême aussi parce que les idées véhiculées par la culture psy
sont la plupart du temps des interprétations sauvages, très éloignées des thèses
psychanalytiques. Donner un nom à ce qu’on ne comprend pas aide à se situer dans le
monde, en éclaire un segment, ce qui a pour effet de réduire l’anxiété, etc. Mais on
peut donner des noms qui ne correspondent en rien à une réalité psychique complexe
et qui ne servent qu’à légitimer la consommation de médicaments (antidépresseurs,
tranquillisants et autres). Or c’est la vente des médicaments, donc des impératifs
commerciaux en fin de compte, qui entraîne des théories visant à légitimer ce
commerce après coup : des molécules seraient en mesure de corriger des
déséquilibres psychiques... »
Aux Etats-Unis, la polémique est encore plus vive, relayée dans la population générale par des
articles du « New-York Time » de 2008 (71) (72). Ils critiquent très fortement le lobbying des
laboratoires. Ces dossiers reprennent un certain nombre de contestations d’équipes de
chercheurs en pharmacologie ou en économie de la santé, qui dénoncent une collusion
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
inacceptable entre laboratoires privés et chercheurs, voire experts, voire revues (73).
L’argument principal réside dans le mode de financement des travaux par les laboratoires
pharmaceutiques. Ou bien même de très importantes sommes d’argent versées directement
aux chercheurs (74) (75) (76) (77) (78) (79) (80).
Même si ces enquêtes (qu’elles soient du journalisme d’investigation ou des études
scientifiques) restent peu nombreuses, il est très vraisemblable qu’elles expriment des
inquiétudes légitimement fondées. Selon ces articles, on peut s’inquiéter que le DSM-IV-R
contienne 283 items psychopathologiques, alors que la première édition de 1952 en a mois de
100, soit un triplement de leur nombre.
Cet éclatement nosologique est-il simplement dû à un affinement des critères diagnostiques ?
Les soins se sont-ils enrichis pour autant ?
L’histoire se répétant, nous pourrions peut-être comparer l’explosion des catégories du DSM
avec celle de la psychiatrie du XIX et XXe siècle. Il semble paradoxal de rappeler qu’un des
objectifs affirmés de la démarche catégorielle, était d’éviter les éclatements nosologiques,
comme cela avait pu se produire auparavant.
Au XIXe siècle puis au début du XXe, il était usuel de donner son nom à une présentation
clinique (ex : Syndrome de Briquet, syndrome de Cotard, syndrome de Clérambault, anémie
de Lasthénie Ferjol…). Ce qui entraina l’apparition d’un éclatement partiel des nosologies,
peu utile à la pratique courante. Sommes-nous face à un autre éclatement inutile ? Motivé par
d’autres raisons ?
D’autres questionnements éthiques sont inquiétants quant à la clause de confidentialité tenant
au secret les membres leaders de l’APA et les groupes d’experts chargés de la révision du
DSM. Ces experts justifient la clause de confidentialité en expliquant qu’elle vise à empêcher
que des détails soient rendus publics, avant d’être discutés par les équipes. Avant que les
modifications soient retenues ou non pour la version finale.
En 2008, le directeur de la première équipe rédactionnelle du DSM-III, critiquait
énergiquement cette mesure. Robert SPITZER, s’est insurgé contre cette opacité en
déclarant :
« Ça m’a rendu dingue d’entendre parler de cet accord. La transparence est
nécessaire si l’on veut que le Manuel soit crédible ; et puis des rédacteurs vont
forcément se plaindre, avec le temps, de ne pas avoir eu l’occasion de remettre en
cause quoi que ce soit. »[…]
« Si l’on ne sait pas ce qui se passe lors de certaines réunions, les participants prêtent
tous le flanc à la suspicion de conflits d’intérêts » (81).
Son action ne s’est pas limitée à cela, il a même rédigé une lettre ouverte à l’ensemble des
chercheurs qui appelle à cette transparence. Elle est disponible en ligne : « DSM-V : Open and
Transparent ? » (82).
Il nous semble fortement contrariant que des discussions scientifiques, dont les résultats vont
orienter les évolutions de recherches pour les années à venir ne soient pas rendues publiques.
D’autant plus parce que les collusions entre laboratoires pharmaceutiques et financement de la
recherche sont extrêmement présentes.
Il n’est pas obligatoire de suspecter une manipulation de masse, il est même possible de
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
penser que les conflits d’intérêts sont incontournables dans l’économie de la science du XXIe
siècle, mais il nous semble requérir alors une transparence totale.
Dans ce débat éthique et philosophique, d’autres journalistes et chercheurs n’hésitent plus à
donner les noms des experts susceptibles de partialité. Ainsi, Elena PASCA (83) n’hésite pas
à accuser ouvertement :
« Ainsi, le très réputé pédopsychiatre Joseph BIEDERMANN a oublié de déclarer,
parmi d’autres sommes reçues, la bagatelle de 1,6 million de dollars payés par des
firmes pour faire avancer leurs intérêts. L’affaire a été révélée par l’infatigable
sénateur Charles GRASSLEY et médiatisée par le New York Times, par exemple dans
l’article "Researchers Fail to Reveal Full Drug Pay" (Des chercheurs omettent de
déclarer la totalité de leur bulletin de salaire).
Et ce cher, très cher docteur BIEDERMANN a rempli sa mission de promotion du
trouble bipolaire chez les enfants, puisque le diagnostic, toujours controversé d’un
point de vue scientifique, a augmenté de 40% entre 1994 et 2003, nous dit un article
du New York Times de septembre 2007 : “Bipolar Illness Soars as a Diagnosis for the
Young” (La montée en flèche du diagnostic de trouble bipolaire chez l’enfant).
Or le groupe d’experts chargés de la révision doit décider de l’inclusion ou non du
diagnostic de trouble bipolaire infantile dans le DSM. Les conséquences seraient
énormes pour le commerce pharmaceutique, puisque le remboursement par les
assurances ferait exploser les ventes. Il est question d’autres sujets épineux, parmi
lesquels figure la reconnaissance d’une entité très vague appelée "trouble du
traitement sensoriel", désignant des difficultés particulières d’intégration sensorielle
chez certains enfants. Des associations de malades, des chercheurs et d’autres parties
en présence veulent une reconnaissance de cette entité, afin d’obtenir une couverture
par les assurances de certains traitements très chers et d’obtenir de l’argent pour les
recherches. Effectivement, si les firmes y verront un débouché commercial, elles
financeront sans attendre toute recherche… »
Avec circonspection, on ne peut que constater les ravages annoncés sur la crédibilité
scientifique, vraisemblablement alimentés par l’attitude de défiance opaque que conservent
les experts rédacteurs du DSM-V.
Ce positionnement nous semble d’autant plus intenable que l’OMS, en cours de revue de la
CIM-10 pour une CIM-11 adopte un positionnement opposé et met en ligne chaque rapport de
séance et les minutes de ces dernières pour ce sujet (84).
Au-delà d’une simple polémique de principe, des travaux scientifiques et universitaires ne
permettent aucunement un apaisement des tensions liées à la suspicion.
Des études ou articles variés concernant l’impact des conflits d’intérêts sur l’issue comme sur
les résultats des études commencent à voir le jour (85) (86). Enfin, d’autres articles
s’intéressent même à l’influence des conflits d’intérêts sur les recommandations d’experts,
théoriquement en charge de vérifier ce type de biais (87) (88) (89) (90).
Ces inquiétudes soulevées depuis les années 90 ont même entraîné l’obligation faite aux
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
chercheurs de déclarer les conflits d’intérêts. Cette obligation n’a fait que mettre en lumière la
« Uneasy Alliance » vraisemblablement omniprésente et inhérente du système de recherche
américain (91). A savoir le financement privé d’une grande part des recherches scientifiques.
La question ne semble plus être si les conflits d’intérêts sont présents, mais plutôt de savoir
jusqu’où et comment ils peuvent influencer les décisions.
En l’occurrence, l’étude de Lisa COSGROVE et al. (65) est une des rares à tenter de mesurer
ce phénomène, et en particulier entre l’APA et les industries pharmaceutiques. La psychiatrie
semble encore plus atteinte que les autres disciplines (92).
Cette équipe de recherche a passé au crible 170 experts directement concernés dans la
révision du DSM-V au DSM-V-R sur la période de 1989 à 2004. Les types de liens concernés
ont été de plusieurs types : honoraires, actions dans une entreprise pharmaceutique, initiateur
d’une start-up, membre du bureau ou conseiller scientifique d’une entreprise pharmaceutique,
expert en litige pour une compagnie pharmaceutique, rédacteur ou propriétaire d’un
copyright, consultants. Ont été aussi vérifiés les cadeaux reçus tels que : voyages, subventions
et matériel de recherche.
Pour autant, ce travail distingue très clairement les intérêts financiers, du terme conflit
d’intérêt. Ce dernier suppute en soi une conséquence sur les prises de décisions de l’existence
des intérêts financiers.
Cette étude montre que plus d’un chercheur sur deux (95 sur les 170, soit 56%) a des intérêts
financiers avec l’industrie pharmaceutique.
Dans les sous-groupes de chercheurs attelés à réviser les « troubles apparaissant usuellement
durant l’enfance et l’adolescence » ainsi que ceux des « troubles de l’humeur » le taux est
respectivement de 61.9% et 100%. Les principaux liens retrouvés entre les experts et
l’industrie pharmaceutique relèvent de fonds de recherche ou être consultant ou membre du
bureau administratif de l’entreprise (42%, puis 22% puis 16% des experts).
Les auteurs précisent qu’aucune conclusion ne peut être tirée au sujet des conséquences des
conflits d’intérêts retrouvés. Pourtant, il semble nécessaire de rappeler que les psychotropes
sont parmi les traitements les plus prescrits au monde. Aux USA, les antidépresseurs arrivent
en 4e position, suivis par les antipsychotiques. Ils représentent respectivement plus de 20 et 14
milliards de dollars de vente en 2004 (93).
En conséquence, les requêtes en faveur d’une plus grande transparence au sujet des conflits
d’intérêts dans les revues comme dans les groupes d’experts, peuvent paraître tout à fait
légitimes.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
1.3 Résumé historique et avis personnel
1.3.1 Tableau historique (Tableau 1)
Tableau 1 (Adapté d'après PARENS & JOHNSTON) (27)
Références
1854
FALRET identifie et dénomme la "Folie circulaire"
(1)
1921
KRAEPELIN publie "La folie maniaco-dépressive et la paranoïa". Il constate que le
trouble est rare chez l'enfant.
(2)
début des
années 1980
CARLSON et al. remarquent que la symptomatologie bipolaire chez les enfants et les
adolescents peut inclure une irritabilité importante et une forte labilité
émotionnelle.
Le DSM III-R ne contient pas de catégorie pédopsychiatrique pour le TB, mais
accepte l'existence possible de cyclothymie et de dysthymie chez les enfants et
adolescents.
La CIM-10 contient la catégorie F-92 "troubles mixtes des conduites et troubles
émotionnels" en psychiatrie de l'enfant, contenant une dimension thymique, avec un
renvoi possible vers la clinique du trouble de l'humeur pouvant donc exister chez
l’enfant.
La troisième édition de la classification française des troubles mentaux de l'enfant et
de l'adolescent possède une catégorie spécifique 1.06 "Psychoses dysthymiques"
acceptant clairement la possibilité du trouble à partir de l'âge de 3/4 ans. Faisant un
distinguo catégorique avec la catégorie 6.08 "Hyperkinésie, instabilité psychomotrice" relevant du TDAH.
GELLER et al. notent qu'un épisode dépressif majeur chez l'enfant se convertit en TB
pour 32 % d'entre eux à l'âge adulte.
(94)
1987
1992
1992
1994
(10)
(11) (12)
(13)
(17)
1995
BIEDERMAN et al. proposent un nouveau syndrome "The broad phenotype bipolar
disorder" dans le but avoué d'élargir les critères d'inclusions afin de le tester par
études.
(95)
1995
GELLER et al. Suggèrent que des enfants ou adolescents avec des cycles rapides, et
ou une inflation de l'humeur soient atteint de TB. Ils récusent l'irritabilité comme
critère du TBDP puisqu'il est aussi présent dans le TDAH.
(17)
1998
KLEIN et al. dénoncent l'hypothèse attribuant l'irritabilité chronique comme forme
de manie.
Publication de l'ouvrage de D. et J. PAPOLOS entraînant une augmentation de
consultation pour suspicion de TBDP
(96)
2000
Le DSM IV et DSM IV-R ne contiennent toujours aucune notion concernant la
possibilité d'un TB chez l'enfant.
(24)
2002
« Time magazine » fait la une sur les enfants atteints de TBDP
(25)
2003
LEIBENLUFT et al. proposent un nouveau syndrome le "Severe mood dysregulation
(SMD)" dans le but de le tester à la critique.
(42)
2005
KOWATCH et al. proposent le premier guide pour le TBDP dans le JAACAP. Ils
précisent nettement le manque de données concernant la continuité avec le TB de
l'adulte et critiquent les imprécisions dans l'interprétation de certains symptômes.
JAACAP publie la recommandation de réévaluer régulièrement les diagnostics de
TBDP devant les incertitudes scientifiques pérennes.
(97)
2007
L'étude de BLADER et CARLSON décrit une augmentation par 40 du taux de TBDP aux
USA. Celle-ci s’avérera en réalité surévaluée.
(30)
2008
Les conférences préliminaires pour l’élaboration du DSM-V reconnaissent qu’il est
prématuré d’inclure le SMD dans le DSM-V.
Un certain nombre d’experts mettent en accusation la clause de confidentialité des
groupes de révision du DSM. Le « Time Magazine » relaie les inquiétudes suscitées
par un possible « disease mongering »
Le DSM-V inclut le "Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD)" comme
catégorie diagnostique, en reprenant des critères tronqués du SMD. Ceci suscite de
nombreuses critiques quant à l'insuffisance de preuves scientifiques.
(50)
2000
2007
2008
2013
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
(26)
(53)
(71) (72)
(48)
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
En résumé de notre présentation historique des principales étapes quant à l’identification d’un
trouble bipolaire à début précoce, nous garderons quelques points clefs en tête.
D’une part, même si le TB reste une pathologie touchant essentiellement l’adulte jeune, les
fondateurs de la psychiatrie clinique moderne avaient identifié des manifestations cliniques
similaires chez un petit nombre d’enfants ou d’adolescents. Tout en précisant très clairement
que ces cas étaient exceptionnels. La symptomatologie décrite, bien que frustre et se
rapprochant des formes cliniques de l’adulte ne permet pas d’argumenter suffisamment pour
préciser un continuum. Les cas présentant des accès maniaques chez l’enfant relevaient alors
d’un trouble schizo-affectif.
Dans les années 80 et 90, l’évolution du DSM et de la CIM, permettent la reconnaissance
d’une nouvelle catégorie de trouble en rapport avec les difficultés comportementales : les
troubles hyperkinétiques et les troubles des conduites. Alors que la classification française
identifie très clairement une frange de patients maniaco-dépressifs débutants avant l’âge
adulte, les classifications internationales ne reconnaissent pas ouvertement cette possibilité.
Nous pensons qu’il est possible que l’adjonction de la catégorie des troubles hyperkinétiques
dans les DSM-III et CIM-10 a potentiellement suscité suffisamment d’interrogations et de
débats avant sa reconnaissance officielle (débat toujours actif aujourd’hui). Par contre, la
recherche au sujet des troubles bipolaires chez les mineurs n’est restée que minoritaire et dans
des milieux restreints. Il est significatif que le nombre de publications au sujet du TBDP reste
systématiquement dix fois inférieur à celui du TDAH, tout en calquant son évolution
régulièrement croissante (voir figure 1).
La révision du DSM-IV puis DSM-IV-R en 2000 n’installe toujours pas l’éventualité d’un TB
débutant possiblement dans l’enfance, bien qu’un certain nombre d’études parfois très
correctement étayées suggèrent fortement cette possibilité.
En parallèle, les travaux menés sur le sujet prennent cohérence et organisation, y compris
entre équipes et moyens de recherche. Notons cependant que le nombre de chercheurs que
nous avons régulièrement retrouvés impliqués sur le sujet reste vraisemblablement inférieur à
une centaine, voire moins (voir les auteurs de notre bibliographie) et que dans l’extrême
majorité, ils sont Nord-Américains, travaillant sur des populations Nord-Américaines. Ce qui
en soit est une limite fondamentale pour l’extrapolation des travaux.
Parmi les chercheurs les plus impliqués, citons BIEDERMAN et LEIBENLUFT, qui
proposent à l’essai, et à l’expérimentation deux syndromes : « The Broad Phenotype »
(BIEDERMAN) puis le « Severe Mood Dysregulation » (LEIBENLUFT). La démarche est
expérimentale pure. En délimitant arbitrairement des catégories diagnostiques comme
prédicat de réflexion, on permet de tester puis de valider ces hypothèses.
Cette démarche n’a toujours pas permis d’apporter des résultats suffisants. De plus, elle a
possiblement amené à confusion, car tous les spécialistes n’ont pas forcément relayé l’utilité
de nommer différemment une hypothèse à tester ; alors qu’il semble se dégager un continuum
psychopathologique entre un trouble bipolaire à manifestation pédiatrique vers l’adulte.
Par ailleurs, l’impact d’évènements médiatiques (livre, dossier de journaux…) a
régulièrement alimenté un débat quant à l’existence de la bipolarité chez les enfants, en
suscitant parfois des peurs infondées dans la population générale américaine.
Enfin, plus récemment, et vraisemblablement plus troublant, le tout nouveau DSM-V publié
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
en 2013 a reconnu l’existence du « Dysruptive Mood Dysregulation Disorder » DMDD, en
reprenant la majorité des critères du « Severe Mood Dysregulation ».
Hélas, le positionnement du DSM ne peut plus vraisemblablement prétendre relever d’une
démarche expérimentale scientifique, mais plutôt d’un passage en force, entrainant de facto
une reconnaissance internationale, pour une entité nosologique encore très contestée. Ce qui
ne manque pas d’attiser des débats qu’ils soient scientifiques ou, comme nous l’avons vu,
médiatiques voire financiers.
1.3.2 Avis personnel
1.3.2.1 Les limites de l’approche expérimentale ?
Ce travail « biographique » d’un trouble psychiatrique s’est révélé particulièrement
intéressant pour nous permettre la lecture la plus complète possible des données cliniques des
travaux scientifiques en rapport avec le TBDP.
Tirer une chronologie de l’évolution d’un concept va ainsi nous permettre de comparer les
données expérimentales aux références d’une époque donnée.
En sus de ce référencement, un tel travail d’analyse permet d’apercevoir les dynamiques
évolutives de la recherche scientifique dans un sens plus large.
Cette dernière ne semble plus pouvoir se limiter à l’axiome « hypothèse, expérimentation,
conclusion ». Particulièrement en psychiatrie, la recherche ne peut se concevoir que dans son
contexte historique. C’est-à-dire sensible à l’environnement. Ce qui peut paraître paradoxal
par rapport à l’universalité requise en science expérimentale.
En reprenant les éléments les plus marquants de ce travail historique, nous sommes un peu
dubitatifs quant à l’identification du TBDP.
En effet, dès KRAEPELIN, des formes très précoces de bipolarité sont identifiées et décrites
dans les manuels (2). Pourtant, ces données semblent tomber dans l’oubli relatif et ces
patients reçoivent des diagnostics de trouble schizo-affectif ou de psychose infantile.
Ces réorientations diagnostiques sont vraisemblablement à attribuer aux contextes
scientifiques et psychiatriques majoritaires entre 1900 et 1980. Ce qui laisse supposer des
traitements non-pharmacologiques et possiblement inadaptés. Nous nous permettons de faire
le parallèle avec les réticences encore très nombreuses, à proposer des traitements
psychotropes aux enfants dans le cadre d’un TDAH. Réticences étayées possiblement sur
certains dogmatismes voire sur un principe de précaution inadapté,
Nous pourrions nous satisfaire que le diagnostic de trouble bipolaire à début précoce ressorte
de l’oubli à partir des années 1990. Cependant, le contexte et la méthodologie scientifique a
changé entre temps en passant à l’ « Evidence Based Medicine » (Médecine fondée sur des
preuves). L’impératif scientifique à devoir tout prouver (sous réserve du risque alpha de
5%...) nous semble avoir trop bien fonctionné.
En l’occurrence, à devoir tout démontrer, l’impératif moral des sciences reposant sur le
principe « ceci est vrai jusqu’à preuve du contraire. » relevant du schéma paradigmatique
« observation-hypothèse-expérience-validation-corrolaire-application », a nous semble-t-il
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
desservi la cause de ce diagnostic.
En effet, faire ressortir des archives les cas de TBDP décrit par les maîtres fondateurs ne s’est
pas fait en partant du principe que leur observation était juste et qu’il fallait l’approfondir,
mais en la mettant en doute et qu’il fallait la prouver.
Ceci ne nous semble pas relever des mêmes attentes philosophiques et théoriques. Entrainant
alors depuis plus de vingt ans, de 1990 à nos jours, des tentatives de démonstration
scientifique pour prouver l’existence de quelque chose qui, selon nous, existe par état de fait
et d’observation. C’est un parfait exemple pour illustrer un possible dogmatisme de
l’expérimental sur l’empirisme.
Plus contrariant, il nous semble que le niveau d’exigence de démonstration scientifique requis
pour valider les travaux expérimentaux est tel que désormais, la faisabilité en devient
illusoire. Pour illustrer ce propos, nous avons vu qu’étant donné la très faible prévalence du
TBDP, l’exigence statistique requiert des cohortes d’un nombre considérable de patients.
Sans biais de sélection.
Est-ce encore matériellement réalisable ? Dans le cadre du TBDP, les travaux les mieux
étayés à partir sont ceux des grandes cohortes LAM (~700 cas) (57), de la cohorte GSMD
(Great Smoky Mountains Study) (~1400 cas) (44) voire de cohorte nationale (37). Et malgré
les grands nombres de patients, ces dernières peuvent être remises en cause par des biais de
sélection.
Certains chercheurs appellent aux méta-analyses, mais se retrouvent limités par l’absence de
correspondance dans les critères d’études (33) (40).
Il n’est sans doute pas anodin que le seul pays à pouvoir financer des études de cette ampleur
soit les USA. Dans notre recherche bibliographique, l’extrême majorité des articles sont nordaméricains. Est-ce que parce que le sujet n’intéresse que cette population ?
Vraisemblablement pas. Mais peut-être parce que les chercheurs des autres pays n’ont pas les
moyens de prouver, ou de fournir des arguments scientifiques très solides, non par errance
conceptuelle, mais par manque de fonds2.
En conséquence, il est possible de se demander si l’exigence requise par le système de
publication scientifique reposant sur l’EBM, n’est pas un paradigme américain, conçus par les
américains, pour les américains, jugé par des américains3, et ne pouvant être correctement
relevé que par des américains… ou les chinois, selon le volume du PIB4.
2
Au-delà de notre sujet, de 2001 à 2011, les USA publiaient à eux-seuls plus de trois millions de publications
scientifiques (toutes disciplines incluses) soit quatre fois plus que le second (RP de Chine avec ~836 000
articles, qui est passée de la 5e à la 2e place entre 2009 et 2011) et il faut cumuler les publications des second
jusqu’au sixième pour arriver à équivaloir ce chiffre américain (3 e : Allemagne avec ~784 000 / 4e Japon avec
~771 000 / 5e GB avec ~697 000 / 6e France avec ~557 000 articles pour l’année). Notons de plus que ce
classement semble corrélé au classement des PIB en 2011 (410).
3
Voir classement des revues de psychiatries américaines et internationales par « impact factor » en 2012 (411).
4
Notons que le contexte social, moral et religieux en Chine, ne prédispose possiblement pas à l’émergence
d’une psychiatrie à l’occidentale étant donné l’absence de distinguo entre soma et psyché dans les conceptions
religieuses, sociales et médicales les plus répandues…
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
En revenant à notre sujet de thèse, 20 ans de recherche pour obtenir le débat sur le DMDD
nous semble dommageable pour les patients. Nous ne pouvons éviter de nous poser la
question en termes de perte de temps, effet pervers du système de recherche actuel ?
Qui plus est, nous nous interrogeons toujours sur l’évitement à nommer TBDP ce qui semble
être un TBDP afin de définir clairement les questions posées.
Certaines équipes ont justifié de ne pas devoir prendre le même nom par le fait qu’il n’y aurait
pas suffisamment de preuve (sous forme de marqueurs biologiques) pour considérer la
continuité entre TBDP et le TB. (98). Ce qui signifierait, que malgré une présentation
partiellement similaire, le TBDP et le TB sont distincts. D’autres au contraire, affirment la
continuité entre les deux (41).
Nommer ces cas par le nom qui leur revient le plus simplement nous semblerait être un pas en
avant pour éviter les débats catégoriels. Ces débats nous apparaissant désormais superflus, au
détriment de discussion entre les équipes de chercheurs afin, non pas d’entrer en rivalité, mais
de se répartir des tâches. Est-ce illusoire ?
Enfin, nous avons vu que dans ce modèle de production scientifique, c’est-à-dire
principalement dépendant des ressources financières, les questions éthiques se posent quand il
existe un manque évident de transparence, comme l’ont parfaitement soulevé les experts euxmêmes au sujet du « disease mongering ». Cette corrélation reste-t-elle sans conséquence ?
Ou bien peut-on craindre qu’elle entraîne des effets secondaires inquiétants, voire contreproductif ? En étant fortement « incité » à un financement privé pour aboutir aux résultats,
que devient l’indépendance du chercheur ? (65).
1.3.2.2 Vers une « neurologisation » de la psychiatrie ?
Notre travail historiographique nous permet de dégager une autre orientation de l’évolution
psychiatrique. En l’occurrence une « neurologisation » de la discipline. L’exemple patent
concerne les « troubles des conduites » ayant été entamés par la mise en avant du trouble
hyperkinétique renommé TDAH (voir supra).
Il est intéressant de constater qu’un diagnostic tel que les « troubles des conduites »,
initialement établi sur des critères comportementaux par rapport aux normes sociales en
vigueur, puisse évoluer vers une dimension presque biologique, c’est-à-dire athéorique,
relativement indépendante du milieu.
En replaçant l’origine des troubles dans une dysfonction neurologique, il est possible de se
dégager d’une causalité interactionnelle univoque. L’effet positif permet de déresponsabiliser
voire déculpabiliser les patients comme leurs proches.
Mais c’est aussi prendre aussi le risque de tomber sous un certain déterminisme. En
considérant l’origine comme vraisemblablement génétique ou neurologique, c’est aussi
accepter de facto « l’impératif » biologique. Mais aussi l’absence de traitement curatif, à la
seule solution des traitements symptomatiques. Quelle portée morale prendrait alors l’annonce
des diagnostics ?
Par analogie avec l’évolution du trouble des conduites, nous nous interrogeons quant à
l’évolution des connaissances pour un trouble comme le TBDP. Depuis 1982 (invention de
l’IRM), la science possède enfin un outil d’exploration fonctionnelle du système nerveux
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
central. Cet outil technologie ne fait que s’améliorer au cours des années5.
Ainsi, il n’est peut-être pas utopique d’espérer identifier, non seulement la neuro-anatomie
cérébrale fine (et pourquoi pas à l’échelle du neurone, voire de la synapse), mais aussi la
neurophysiologie fine à cette même échelle. Il semble même que ce soit déjà le cas sur
modèles animaux : « 29 Mai 2013 : Grace à un IRM à haut champ, les chercheurs du CEAI2BM ont suivi la dynamique des échanges ioniques dans les neurones, moteur de la
propagation de l’influx nerveux. Leur modèle : l’aplysie, un mollusque marin très utilisé en
neurosciences pour des études sur la mémoire et l’apprentissage. » (99).
Dès lors, nous supposons que les années futures vont être le siège de profonds remaniements
dans l’organisation des sciences et vraisemblablement voir la fin de la césure entre psychiatrie
et neurologie6. Ce manque initial ouvrait possiblement la porte sur un grand nombre
d’hypothèses impossibles à valider, mais aussi à réfuter. La psychiatrie future reprendra alors
son rôle de neurologie de l’encéphale.
En conséquence, il est possible que les systèmes de classification actuels, élaborés à partir des
manifestations symptomatiques, par statistique de fréquence, risquent de se trouver totalement
obsolètes puisque les paradigmes vont possiblement changer.
Il nous semble vraisemblable qu’une psychiatrie élaborée non plus sur les manifestations
symptomatiques s’élaborera sur des regroupements physiopathologiques7.
Etant donné l’évolution conjointe des modes de traitements, de plus en plus ciblés et
spécifiques (ex : neuro-localisation dans les protocoles RTMS, stimulation intracérébrale
profonde dans la maladie de Parkinson, d’Alzheimer ou même les TOC (100)), il est possible
de croire au succès d’une future classification neuro-physiologique, dimensionnelle.
Devant un tel bouleversement, quid de l’intérêt de discuter l’importance de tel ou tel
symptôme comportemental ?
De la même manière que le diabète est passé d’anciennes nomenclatures telles que « diabète
sucré » (où les critères diagnostiques étaient des symptômes visibles tels que le goût sucré à la
dégustation des urines…) à une nomenclature actuelle élaborée sur de la physiologie telle que
« diabète de Type I », « diabète de Type II », « insulino-dépendant ou non »…
Nous pensons que la psychiatrie est à la veille de bouleversements similaires. L’ensemble des
troubles sera revu à la lecture de la neurophysiologie. Certaines dénominations semblent déjà
évoluer en ce sens. Ainsi, le « trouble hyperkinétique » est désormais appelé « trouble
5
De la même manière que le télescope de Galilée lui a permis d’étayer sa théorie de l’héliocentrisme par
l’observation, nous supposons que l’IRM fonctionnel (et ses dérivés) permettront d’étayer par l’observation et
l’expérimentation les théories neurobiologiques (comme nous le verrons dans la suite de notre travail). Le
développement technique de ces outils étant quasi-exponentiel, il est vraisemblable que les imprécisions de
mesure et les limites actuelles seront régulièrement repoussées plus loin.
6
Césure que nous supposons provoquée essentiellement par l’incapacité initiale d’observer le fonctionnement
cérébral en temps réel.
7
Ceci avait déjà été tenté dans les années 50, où l’apport des neuroleptiques avait permis d’oser des tentatives
de classifications par champ pharmaceutique. Ce qui, dans l’absolu, se rapprochait d’une classification
neurophysiologique. Cependant, il est vraisemblable que les échecs thérapeutiques, encore fort nombreux hier et
aujourd’hui, n’avaient pas permis d’étayer formellement ce type de démarche.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
déficitaire de l’attention ». Attestant par là un changement de référentiel. Il ne s’agit plus d’un
constat symptomatique mais d’une hypothèse fonctionnelle, ouvrant la porte aux explications
neuro-physiologiques.
Ainsi, qu’en est-il de l’évolution des connaissances sur le trouble bipolaire ? Ne vont-elles pas
évoluer à l’identique ? C’est ce que nous supposons, comme nous allons l’apercevoir en
deuxième partie de ce travail.
En effet, dans le débat concernant le TBDP, les manifestations psychotiques ou bien
l’irritabilité ne sont désormais plus considérées comme des observations cliniques mais
comme des dimensions étayées par les connaissances neurophysiologiques (voir infra).
Les travaux de recherche les plus prometteurs, ne sont plus les travaux d’épidémiologie
statistique, mais ceux qui proposent des pistes d’exploration d’un support neuro-anatomique,
neuro-physiologique, voire neuro-génétique.
Ainsi, nous pourrions proposer d’avoir de nouveaux outils d’évaluations qui permettraient de
décrire les patients non plus à l’aide de critères diagnostiques, mais sur des échelles
dimensionnelles étayées sur des travaux physiologiques. Ce type d’approche semble d’ailleurs
en voie d’expansion et propose de nouveaux moyens d’évaluation des manifestations
cliniques (101). Nous nous permettons alors d’en proposer une représentation visuelle en
figure 2.
Au final, nous pensons que la profonde remise en question des paradigmes psychiatriques, par
l’approche dimensionnelle, risque de faire des discussions critériologiques autours d’un
diagnostic comme le DMDD, un « coup d’épée dans l’eau » ; une discussion futile issue d’un
système de pensée à la veille de son effondrement par révolution paradigmatique.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
2
DEUXIEME PARTIE : SYNTHESE DES CONNAISSANCES
CLINIQUES ET THEORIQUES
Après avoir présenté l’évolution historique du concept, de son émergence formelle, jusqu’à
nos jours, il est nécessaire de présenter une synthèse générale la plus consensuelle possible
quant au TBDP.
2.1 Prévalence
La prévalence estimée sur la vie entière pour un TB dans la population générale est estimée
entre 0,4 et 1,6% (22) ; dont environ 0,5% représentés par les TB type 2. A noter cependant
que des études réalisées par d’autres instances officielles majorent ce chiffre à 2,6% (TB type
I et TB type II) (102).
Concernant la prévalence du TBDP, plusieurs études peinent à la mesurer. Celle de
COSTELLO sur des enfants ruraux de 9, 11 et 13 ans, ne trouve aucun cas de manie (103).
Celle de LEWINSOHN sur une cohorte de 14-18 ans, l’estime à 1% (mais avec seulement
0,1% de manie) (104). Celle de CARLON et KASHANI sur une cohorte de 12 à 16 ans,
l’estiment à 0,6% (105). Enfin, celle de STRINGARIS, estime le TBDP dans sa forme pure à
0.1% dans la population des mineurs, soit dix fois moins que la prévalence du TB (55).
Les premières études rétrospectives, portant sur la présence de symptômes pathologiques dans
l’enfance d’adultes bipolaires, estimaient qu’environ 0.5% d’entre eux présentaient des
troubles avant l’âge de 10 ans. Faisant suggérer une extrême rareté (106) (5). Des études plus
récentes, toujours rétrospectives, semblent suggérer que les adultes bipolaires ont présenté des
manifestations infantiles plutôt sur un registre dépressif, ce qui n’exclut pas un TBDP de
forme dépressive, bien que les études sur le TBDP s’intéressent principalement aux
présentations maniaques (notion que nous développerons plus tard) (107) (108).
Les rares études prospectives, contenant possiblement un biais de sélection, montrent malgré
tout une augmentation progressive du nombre de cas. Comme nous l’avons vu, la question de
savoir s’il s’agit d’une augmentation authentique ou artificielle reste présente. Prenons
comme exemple l’étude de ZITO et al. de 2000 qui précise que des enfants en âge préscolaire
commencent à être diagnostiqués TBDP (109) ou bien celle de HELLANDER qui précise en
2002 que dans la cohorte « Child and Adolescent Bipolar Foundation » 24% des
correspondants ont posé un diagnostic avant l’âge de 8 ans, parfois à 1 an (110).
En définitive, certains experts estiment la prévalence du TBDP à environ 1% (17), c’est-à-dire
similaire au TB. Mais cette prévalence reste très sujette à caution. En effet, il est possible qu’à
cause de la « jeunesse » du concept, un grand nombre de cas aient pu être régulièrement nondiagnostiqués, ou que d’autres présentations cliniques puissent être incluses dans ces
dénombrements.
2.2 Facteurs de risques
2.2.1 Aspects familiaux et génétiques
Alors que la littérature au sujet du TB chez l’adulte est très fournie au sujet de la composante
génétique, les recherches concernant la génétique du TBDP sont évidemment encore assez
rares. Mais quelques études ont permis de mettre en évidence certaines caractéristiques
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
particulières.

Familles dysfonctionnelles
Quelques équipes ont constaté des corrélats entre le fonctionnement familial et la possibilité
de survenue d’un TBDP. En particulier GELLER (111) et ESPOSITO (112). Ces
constatations ne permettent cependant pas d’établir s’il s’agissait de corrélats génétiques, ou
para-génétiques, par le contexte éducatif notamment.
L’étude de GELLER proposait de comparer le contexte psycho-social de TBDP avec celui de
TDAH. Elle proposait ainsi de considérer avec importance le contexte psycho-social. En effet,
il semblait que ce dernier était particulièrement dysfonctionnel dans les cas de TBDP et non
dans les cas de TDAH ou de témoin. Les dysfonctions retrouvées étaient notées dans
l’impossibilité de contrôler l’hypersexualité des TBDP. Parmi eux, environ 1% rapportait des
abus sexuels, ce qui en ferait un indice relativement spécifique de TBDP.
Sur le champ de la dynamique familiale, il semble qu’elle ait surtout une influence sur le taux
de rechute et la compliance (113). Des thérapies axées sur la famille peuvent s’axer sur le
stress familial, l’importance du traitement, les relations intrafamiliales et la communication
(114) (115) (116).
Concernant l’étude d’ESPOSITO, plus récente, elle confirme que la qualité de
fonctionnement familial est statistiquement corrélée à des troubles de l’humeur présents chez
la mère et chez les enfants. Ainsi, elle confirme le principe d’agrégation familial des
troubles de l’humeur, mais suggère le rôle potentiel d’un héritage non-génétique.
Globalement, l’analyse des contextes éducatifs reste difficile. Les interactions intrafamiliales,
par leur essence même, sont difficilement évaluables. La famille est donc à prendre en compte
surtout par le support génétique qu’elle peut constituer. Hélas, l’absence de marqueur
indépendant et autonome, rendra toujours difficile de faire la part des choses entre des
facteurs externes favorisant la survenue des troubles (par exemple : carence éducative, abus
sexuels, famille nombreuse, niveau socio-culturel bas, carence affective…) et des facteurs
internes (par exemple : génétiques, neurodéveloppementaux, toxicité fœtale…). La question de
la causalité primaire reste donc en suspens.
Est-ce la pathologie de l’individu (ou des individus) qui occasionne les dysfonctionnements
familiaux, ou ceux-ci qui révèlent la vulnérabilité génétique ? Ou bien, plus
vraisemblablement, ces mécanismes entreraient-ils en synergie ? Nous serions alors en face
d’une intrication complexe entre un héritage génétique, un héritage communicatif et un
héritage comportemental.

Sous-groupes en fonction de l’âge de début.
Les études visant à la caractérisation du trouble bipolaire en fonction de l’âge de début sont
relativement récentes. Les premières études semblent avoir démontré que les patients ayant
débuté leur maladie avant l’âge de 30 ans, présenteraient plus souvent un alcoolisme
comorbide et des troubles des conduites (117) (118).
Les études ultérieures semblent avoir mis en évidence la plus grande fréquence d’épisodes
psychotiques au cours des épisodes thymiques, en particulier chez les filles (119) (7) (120)
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
(121) (122).
Un certain nombre d’équipes ont tenté de faire ressortir des sous-groupes biologiquement
distincts en fonction de l’âge de début. Par définition, le TBDP survient chez des patients de
moins de 18 ans (TBDP pour les adolescents), et de moins de 10 pour les enfants (TBDP chez
les enfants, ce que certains ont même nommés TBDTP (Trouble bipolaire à début très
précoce). Intuitivement, ces bornes d’âge ne semblent pas les mieux adaptés.
Etant donné les remaniements neurologiques et psychologiques de l’adolescence, certains ont
supposé placer le curseur du TBDP autour de la puberté et de parler de « pre-pubertal
bipolarity » et de « post-pubertal bipolarity » (41). Leur argument réside dans le fait que
certains adolescents entre 15 et 18 ans ont déjà des manifestations de bipolarité de forme
adulte (104).
A contrario, d’autres adolescents, y compris post-pubères, n’ont pas les mêmes manifestations
que celles des adultes (c’est un des arguments des chercheurs qui réfutent la thèse de la
continuité).
Ou bien, il est possible d’envisager que le degré de maturation cérébrale et/ou psychologique,
n’est pas colinéaire avec la maturation somatique de la puberté. Un décalage permettant alors
de considérer des adolescents post-pubères avec des manifestations « infantiles »8.
En réalité, les chercheurs semblent avoir identifié des âges charnières, indépendants de la
puberté, dans le but d’identifier des périodes de vulnérabilité dans lesquelles le risque de
développer une certaine forme de TB est majoré.
L’équipe de F. BELLIVIER a tenté de modéliser une distribution multimodale de l’âge de
début dans un échantillon de 211 patients (123). Ils l’ont confirmé dans un autre échantillon
de 368 patients (124).
Ce travail a permis de proposer un bornage cohérent qui se valide par des caractéristiques
communes, et qui mérite de plus amples développements. Selon cette équipe, on distingue
alors :

Un groupe précoce avec un âge moyen de début à 17 ans.

Un groupe intermédiaire avec un âge moyen de début à 27 ans.

Et un groupe tardif avec un âge moyen de début à 46 ans.
L’étude du profil clinique de ces sous-groupes théoriques a permis de confirmer que le TBDP
était caractérisé par un risque familial accru, une plus grande fréquence des signes
psychotiques, et un risque suicidaire accru.
La comparaison avec des germains atteints de troubles bipolaires montre qu’ils appartiennent
beaucoup plus souvent que ne le voudrait le hasard (p=0,0001) au même sous-groupe ce qui
suggère que ces sous-groupes sont sous-tendus par des facteurs de vulnérabilité familiaux
spécifiques, vraisemblablement génétiques.
Il est à noter que ces travaux permettent de placer des jalons pour une exploration plus
complète des sous-groupes. En supposant leur existence, il est vraisemblable que chacun
8
Pour explorer cette voie, il pourrait être intéressant de s’intéresser à la maturation endocrinologique, où les
effets apparents peuvent parfois survenir plusieurs mois après l’activation des axes endocriniens.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
d’entre eux se répartisse selon une courbe de Gauss. Il faut alors soulever que même en
acceptant un groupe précoce avec un âge moyen de 17 ans, la possibilité d’un TB chez les
enfants reste très faible. Ainsi, même si les travaux de l’équipe de F. BELLIVIER supportent
l’existence du TB chez des non-adultes, ils s’inscrivent en prolongation de l’idée que le TB
touche des post-pubères et non des enfants. Ce qui, in fine, n’appuie pas la thèse du TBDP

Mode de transmission.
La littérature est nombreuse concernant la transmissibilité du TB chez les adultes. Le risque
d’avoir le trouble est usuellement considéré comme multiplié par quatre à six chez les
apparentés au premier degré (125).
Le risque familial accru est d’autant plus vrai pour les formes précoces, en témoigne de
nombreuses études (126) (127) (128) et confirmé par méta-analyses (129) (130).
Le risque morbide pour des apparentés de premier degré de sujets ayant débuté avant l’âge de
15 ans (qui est estimé entre 18 et 29,4%) est plus de deux fois supérieur à celui observé chez
les apparentés de premier degré de patients ayant débuté tardivement leur maladie (121)
(131).
L’étude de F. BELLIVIER atteste fortement une prédisposition génétique complexe,
s’appuyant sur d’autres travaux d’analyse de ségrégation qui ont démontré l’implication d’un
gène majeur non mendélien combiné à une composante polygénique dans les formes à début
précoce. Concernant les formes à début plus tardif, elles seraient compatibles avec un modèle
multifactoriel (132).
Parmi les travaux antérieurs, il faut citer l’étude de BARON en 1990. Ce travail avait montré
que dans le sous-groupe de patients bipolaires issus des familles qui montraient une liaison
avec le chromosome X, on retrouvait des caractéristiques particulières dont un âge de début
précoce (133).
Plus récemment, des associations avec le TBDP ont été mises en évidence pour l’allèle ε4 du
gène de l’apolipoprotéine E (134) (135) et le variant court du gène promoteur de la
sérotonine (136) (137). Une étude non répliquée a mis en évidence une association entre le
trouble bipolaire à début tardif et le polymorphisme du gène de la tyrosine hydroxylase (134).
D’autres gènes candidats semblent influencer l’âge de début dans le trouble bipolaire tels que
celui codant pour la « glycogen synthase kinase 3-β » (138) ou le « Brain Derivated
Neurotropic Factor (BDNF) » (139).
2.2.2 Prédispositions cliniques
Sur le plan phénotypique, d’autres travaux s’intéressent aux signes cliniques périphériques
non inclus dans le cadre strict du TB. Présents chez l’enfant, ils seraient potentiellement
annonciateurs d’un trouble bipolaire à l’âge adulte, comme par exemple des tempéraments
cyclothymiques, dysthymiques ou « hyperthymiques » (140). Citons encore les troubles
disruptifs, l’irritabilité et les troubles comportementaux plus larges (141) (142) (143) (144)
(145).
A l’inverse, les descendants de parents bipolaires seraient plus souvent touchés par une
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
variabilité de l’humeur, de l’anxiété, des troubles de l’attention, une excitabilité accrue, une
ou plusieurs dépressions, par des plaintes somatiques, ou des troubles scolaires (146) (147)
(148).
Enfin, quelques études proposent que l’épisode dépressif majeur (EDM) à l’enfance ou
l’adolescence induit plus fréquemment une évolution vers un TB de l’adulte que dans le cas
des EDM chez l’adulte (149) (150) (151) (152) (149) (153). Environ 20% des adolescents
subissant un EDM ont un virage maniaque dans les 4 ans (153). Reste à savoir s’il s’agit d’un
EDM « entraînant » une évolution vers le TB, ou s’il ne s’agissait pas en fait du premier
épisode d’un TBDP mais sur un versant dépressif.
Ceci semble aller dans le sens des recherches au sujet des troubles anxieux de l’enfance qui
pourraient être prodromiques de TB chez l’adulte (154). Ainsi, en dehors d’épisodes
facilement attribuables à un trouble de l’humeur, il semblerait exister des mini-clusters
symptomatiques plus fréquents chez des enfants de patients bipolaires.
Entre autre : de l’anxiété, des difficultés de concentration ayant un impact sur les résultats
scolaires, une baisse d’énergie, une grande excitabilité, une hyper-vigilance, et autre… (155).
Il semblerait donc exister un cortège assez vaste de signes cliniques, plus ou moins
discrets, pouvant élaborer des syndromes particuliers, à considérer comme prodromiques
d’un TB. Cependant, ces travaux ont été effectués sur une population Amish américaine, donc
avec un biais de sélection.
Citons enfin les études familiales comparant les patients SMD et TBDP (156) (157). Selon ces
travaux, les parents de patients TBDP sont plus souvent atteints de TB (14/42 ;33.3%) que
ceux des patients SMD(1/37 ;2.7%). Argument supplémentaire pour une différence entre
TBDP et SMD.
Enfin, d’autres travaux attestent que certains parcours de bipolarité peuvent n’avoir aucun
signe prodromique (158) (159) (143).
2.2.3 Facteurs neuro-anatomiques, neuro-fonctionnels et neuro-physiologiques
Quelques études ont suggéré l’existence d’anomalies neurodéveloppementales dans le TB, en
particulier dans les formes à début précoce (160). Plusieurs études anatomiques ont mis en
évidence des anomalies de l’amygdale, du cortex préfrontal, du thalamus, ou des régions
hypocampiques (161) (162).
Dans le cas des dépressions juvéniles, une diminution du volume du cortex subgénal gauche a
été mise en évidence (163) (164).
D’autres données semblent confirmer que l’irritabilité est un symptôme différent de la
variabilité de l’humeur. Même si les patients SMD et TBDP partagent des difficultés à la
reconnaissance des émotions (165) (166), il semblerait que des zones cérébrales différentes
soient à l’origine des deux troubles.
Concernant le SMD, l’activité de l’amygdale semble inférieure que dans le cas d’un TBDP,
ressemblant plus à l’hypoactivité amygdalienne retrouvée dans les dépressions (expliquant
alors possiblement l’orientation des SMD vers une dépressivité et non vers un TB) (167)
(168) (169).
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Dans les études fonctionnelles d’attention sélective ou de résistance à la frustration, couplées
à des mesures en IRM fonctionnelles, les travaux récents tentent de montrer que les jeunes
atteints de TBDP seraient atteints plus sévèrement dans leurs fonctions exécutives que les
patients SMD (170) (171) (172).
Ces mêmes travaux suggèrent alors que le SMD se démarque du TBDP par le fait que ce
dernier soit impacté un déficit attentionnel, ce qui correspond aux données préalables, à savoir
qu’il existe des anomalies d’activités dans le gyrus frontal supérieur (SFG) dans le cas du
TBDP, une région impliquée dans la régulation des fonctions exécutives attentionnelles (173).
2.3 Spécificités cliniques
2.3.1 Tableau usuel de TBDP
La plupart des recherches menées sur le TBDP se heurtent aussi aux difficultés concernant la
forme particulière que prend la manie chez l’enfant. Etant donné son caractère
« protéiforme », la symptomatologie peut se chevaucher avec d’autres diagnostics tels que le
trouble oppositionnel avec provocation (TOP), le TDAH et le SMD. Le guide AACAP (53)
est très explicite sur cette notion:
« Premorbid psychiatric problems are common in early-onset bipolar disorders,
especially difficulties with disruptive behavior, irritability and behavioral
dyscontrol. » (146) (147).
« Les problèmes psychiatriques prémorbides sont fréquents dans le TBDP. Et
spécialement les difficultés en rapport avec un comportement disruptif, l’irritabilité et
les troubles du contrôle comportemental. »
Ils précisent aussi que l’histoire clinique des patients varie en fonction de l’âge de début.
La plupart des auteurs s’accordent pour identifier certaines spécificités :
L’état maniaque durant l’enfance n’est pas rare. Et sa présentation semble inclure une
plus grande fréquence d’accès psychotique. L’explication de ce phénomène n’est pas encore
connue. L’accès maniaque s’accompagne de signes d’irritabilité, d’une importante instabilité
comportementale, et d’anxiété. Enfin il existe une importante comorbidité avec le TDAH
(174) (94).
A. CONSOLI (28), rappelle que cette comorbidité pose de nombreux problèmes en citant
CARLSON (175) et GALLANTER (176). Nous développerons ce point en troisième partie.
Une des propositions de ces auteurs, est de souligner un phénomène de rupture avec l’état
antérieur (et non une aggravation lente) dans le cas du TBDP, mais ceci reste encore à
caution.
De plus, ces formes sont caractérisées par la fréquence des états mixtes, ou de cycles rapides
ou ultra-rapides (7) (119) (120) (122) (177). Lors des périodes inter-critiques, la présence de
signes résiduels est plus importante, avec un retour à un état asymptomatique plus difficile
(51) (52).
Enfin, alors que la réduction du temps de sommeil est un marqueur clinique fort concernant
l’état maniaque chez l’adulte (178) (106), il semble que la réduction du temps de sommeil ne
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
concerne que moins d’un mineur sur deux atteint de TBDP (179) (180).
C’est pourquoi le guideline de l’AACAP insiste sur le débat entre le TBDP et les diagnostics
différentiels possibles (53). Particulièrement sur le TDAH (42) (98) (181) (182), ou bien pour
la personnalité borderline (183), ou bien sur le risque accru de l’usage de toxiques (184).
Cependant, même si les cliniques se chevauchent, ce sont des axes de recherche spécifiques,
pouvant amener à des résultats intéressants… Ainsi, comme nous l’avons évoqué en première
partie, les équipes qui s’intéressent au TDAH, au TOP ou au SMD, vont faire progresser les
connaissances sur le TBDP par le fait que ce sera des études comparatives.
2.3.2 L’irritabilité, signe clinique de TBDP ?
Ainsi, pour les chercheurs s’attelant à l’identification du SMD9; l’irritabilité ne semble pas
être un critère de TBDP.
L’hypothèse de travail de LEIBENLUFT, semble présenter en fait un syndrome plus
particulier de l’enfance où le symptôme cardinal n’est pas la variabilité de l’humeur, mais
l’irritabilité. STRINGARIS et al. (59) (59) (185) (156), à la suite de LEIBENLUFT et en
reprenant les données de BROTMAN et al. (44) réalisent une étude de suivi de 20 ans en
s’intéressant particulièrement à l’évolution des mineurs « irritables ». Selon cette équipe, sur
les 84 patients SMD suivis, seul un présenta un épisode maniaque. La question d’une
continuité entre irritabilité et bipolarité, semble être définitivement une voie de recherche
pertinente (142).
2.4 Spécificités évolutives
Intuitivement, il semble que le TBDP, non traité, se poursuive à l’âge adulte. Par analyse
rétrospective, environ 50 à 60% des TB auraient eu des signes de TBDP avant l’âge de 19 ans.
D’autres études rétrospectives arguent même qu’environ 15 à 28 % des TB type I auraient
débuté avant l’âge de 13 ans (108) (186) (187).
Ceci ne coïncide pas vraiment avec les données classiques au sujet du TB, mais il semble que
l’intérêt accru pour le TBDP ait engendré une relecture plus fine des antécédents des patients
bipolaires (41).
2.4.1.1 Stabilité du diagnostic
Sur la cohorte de GELLER et al. de 86 patients prépubères remplissant les critères de TB type
I, ayant un âge moyen de 10,8 ans, suivie pendant 4 ans, tous les sujets deviennent TB type I à
l’adolescence, avec 87,2% de récidive d’épisode maniaque (188).
GELLER et al. réalisent une autre étude prospective pendant 8 ans de 2000 à 2008 (115
patients) (189), et argumentent pour la continuité. Ils soutiennent en particulier, qu’au cours
de la croissance des patients bipolaires, il semble que le risque de développer un TB chez
l’adulte soit multiplié par 13 à 44 par rapport à la population générale : « In grown-up subjects
with child BP-I, the 44.4% frequency of manic episodes was 13 to 44 times higher than
9
C’est-à-dire une irritabilité persistante, teintée d’anxiété dépressive, hyperréactive aux stimulations
négatives ;entrainant et émaillant le tableau d’explosions de l’humeur sur le registre de crise clastiques (62).
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
population prevalences, strongly supporting continuity. The rate of substance use disorders in
grown-up child BP-I was similar to that in adult BP-I. »
Une autre étude prospective de 171 adolescents bipolaires (âge moyen 13,2 ans) a montré que
le diagnostic était stable deux ans plus tard avec 68% d’entre eux recommençant des épisodes
(44).
A l’inverse, d’autres équipes semblent soutenir que le suivi évolutif n’est pas le même et que
le diagnostic peut être modifié au cours de la vie de ces patients (38). Ce qui argumente pour
une différence de diagnostic entre TBDP et TB. BIERMAHER semble s’être particulièrement
penché sur le sujet. Son étude prospective de 2006, sur 2 ans (46), ainsi que celle de 2009 sur
4 ans (190), semblent argumenter que le trouble bipolaire chez l’enfant ou l’adolescent ne
serait qu’un trouble non pérenne. Ce qui le distingue d’un TB :
« Bipolar spectrum disorder in youth is an episodic disorder characterized by
subsyndromal and, less frequently, syndromal episodes with mainly depressive and
mixed symptoms and rapid mood changes. »
« Le trouble du spectre bipolaire chez les jeunes est un trouble épisodique, caractérisé
comme sous-syndrome et, moins fréquemment, par des épisodes syndromiques
contenant principalement de la dépression, des symptômes mixtes et des changements
d’humeur rapides. »
En définitive, les difficultés rencontrées pour analyser la continuité du trouble entre les
enfants et les adultes lors d’études prospectives, ou bien la difficulté pour établir l’origine des
troubles des adultes pendant l’enfance semblent encore très présentes. L’ACAAP préconise
alors :
« Les jeunes avec un TBDP suspecté doivent être soigneusement évalués sur les autres
problèmes, entre autre la suicidalité, les abus de substances, les facteurs de stress
psychosociaux et les pathologies somatiques.
Le diagnostic de TBDP chez les adolescents est accepté, mais il doit être posé avec
une extrême précaution chez les enfants d’âge préscolaire.
Dans le cadre d’un TBDP, le traitement de première intention est le traitement
pharmacologique.
La plupart des jeunes avec un TBDP de type I doivent recevoir une pharmacothérapie
pour prévenir la rechute sur une période d’au moins 12 à 24 mois. Quelques individus
requièrent une thérapie sur la vie entière.»
En parallèle de cette position « sécurisée », beaucoup d’auteurs s’accordent à dire que seuls
des travaux appuyés sur des marqueurs biologiques permettraient de conclure.
2.4.1.2 Pronostic
Comme toute pathologie multifactorielle complexe, le TBDP serait de moins bon pronostic
avec des épisodes plus sévères, une moins bonne réponse aux régulateurs de l’humeur et une
évolution plus fréquemment chronique (7) (120) (174) (191).
Le handicap conféré par ces formes précoces parait également en rapport avec les
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
conséquences des épisodes majeurs sur le développement scolaire et affectif. Il se manifeste
plus fréquemment que lorsque le trouble apparaît plus tard, par des troubles des conduites, des
perturbations dans les relations interpersonnelles, des conduites suicidaires ou une addiction
(192) (193).
Enfin, le cours évolutif est volontiers chronique et continu, plutôt qu’épisodique. (7) (94)
(194).
Concernant l’hypothèse du SMD, ce dernier orienterait plutôt vers une dépressivité chronique
et non un tableau comprenant des phases maniaques (44).
Il semble donc qu’il existe encore un grand nombre d’interrogations concernant les
spécificités évolutives des différents syndromes, que nous avons schématisé dans la figure 3.
2.5 Réponses aux traitements
2.5.1 Prise en charge des états aigus
Les réponses aux traitements ont été étudiées à partir des traitements connus chez l’adulte.
L’article de KOWATCH et al. du « Journal of the American Academy of Child and
Adolescent Psychiatry » de 2005 propose la recommandation suivante pour un épisode
maniaque pour des enfants de 6 à 17 ans (97). Ceci est très similaire aux recommandations
pour un adulte :
« S’il n’y a pas d’élément psychotique, le traitement aigu doit être une monothérapie
avec un stabilisateur de l’humeur tel que le lithium, le divalproate ou la
carbamazépine. Ou par un antipsychotique tel que l’olanzapine, la rispéridone ou la
quétiapine, pendant 4 à 6 semaines (ou 8 pour le lithium).
Si la réponse est médiocre, un second traitement doit être ajouté. L’association de
deux stabilisateurs de l’humeur est préférée à la combinaison avec un antipsychotique
et un thymorégulateur.
S’il existe des éléments psychotiques, la double thérapie antipsychotique plus
régulateur de l’humeur est recommandée. Si la réponse est partielle, l’association de
trois produits est argumentée avec deux régulateurs plus un antipsychotique.
Enfin, si la tolérance est mauvaise ou s’il n’y a pas de réponse, la sismothérapie
(seulement chez les adolescents) ou l’usage de la clozapine sont permis. ».
Nous avons résumé ceci dans la figure 4.
Un certain nombre de critiques ont été faites à l’encontre de cet algorithme. Notamment
l’absence de discrimination par rapport aux différents âges (98).
En 2006, l’équipe française de CONSOLI, publie une revue de la littérature au sujet des
traitements pour le TBDP (195).
Cet article très complet précise dès l’ouverture, la difficulté pour établir les différences de
présentation entre une première manifestation psychotique d’un TBDP et une schizophrénie
débutante, ce que nous reverrons par la suite.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Le grand intérêt de ce travail réside dans la mise en perspective des effets des molécules en
fonction de l’âge et des effets secondaires.
2.5.1.1 Concernant le lithium
Il semble que son efficacité soit moins forte pour les enfants en bas âge, c’est-à-dire inférieur
à 12 ans (121). Et particulièrement lorsque un TDAH est présent en comorbidité (196) (197).
C’est aussi pourquoi il n’a pas d’autorisation de prescription pour des âges inférieurs à 12 ans
par l’autorité de surveillance américaine la « Food and Drug Administration » (198) (199).
A contrario, c’est le seul officiellement accepté pour les troubles de l’humeur chez les 12-18
ans, par cette même agence (du fait de son efficacité reconnue chez l’adulte).
Les quelques études en double aveugle, expliquent un effet positif, mais leur petite ampleur
ne donne pas de conclusion formelle, mais aussi par le fait qu’il est régulièrement associé à
des antipsychotiques et/ou qu’il y a des ruptures de traitement (200) (201) (202) (203) (204)
(205).
Les travaux KAFANTARIS et al. sur le lithium semblent préciser que ce dernier est efficace
en tant qu’adjuvant d’un autre traitement, et particulièrement sur le risque d’usage de toxique
associé. Suggérant par-là que l’effet thérapeutique du lithium agit sur une autre dimension que
celle de l’humeur (206) (207) (208) (209).
Sur le plan des effets secondaires, le lithium est éliminé plus rapidement chez les enfants
(210), semble moins bien toléré pour les enfants inférieurs à 12 ans, avec plus d’énurésie,
d’asthénie et d’ataxie (211).
A l’adolescence, la prise de poids et l’acné induites par le lithium, sont souvent mal vécues
par les patients. Enfin, le risque tératogène est à prendre en compte, particulièrement en cas de
désinhibition sexuelle (195).
2.5.1.2 Concernant les anticonvulsifiants
Diverses études préconisent particulièrement le divalproate de sodium (212) (213). L’étude de
référence de WAGNER et al. concerne ce dernier. Il semble qu’il permette une amélioration
dans 61% des cas avec comme échelle de mesure la « Mania Rating Scale (MRS) » (213).
L’étude de KOWATCH, évaluant des patients de 8 à 18 ans, avec l’échelle YMRS estiment
une amélioration de 53% pour le divalproate, 38% pour le lithium et 38% pour la
carbamazépine (212).
Les effets secondaires les plus fréquents sont la somnolence, des troubles de la coordination,
et des vertiges. Des effets secondaires plus dangereux sont en lien avec la toxicité hépatique et
sanguine. La contraception hormonale n’est pas adéquate chez les jeunes femmes fertiles étant
donné que la carbamazépine est un inducteur enzymatique. La FDA refuse la carbamazépine
comme stabilisateur de l’humeur, qu’importe l’âge (199) (214). La lamotrigine a été testé sans
démontrer une efficacité plus importante (215).
Concernant le divalproate de sodium, d’autres effets secondaires chez les jeunes ont été
notés : nausée, vomissement, ataxie, trémulations, alopécie, faim et prise de poids, et toxicité
hépatique parfois létale.
Un syndrome métabolique associant obésité, hyperinsulinisme, ovaires polykystiques, et
hyperandrogénisme a été décrit chez les jeunes femmes (216). Les études sur les femmes
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
bipolaires prenant du divalproate de sodium ont donné des résultats contradictoires (217)
(218). Pendant la grossesse, un suivi régulier est nécessaire, avec un risque d’anomalie de la
fermeture du tube neural, particulièrement au premier trimestre.
2.5.1.3 Concernant les antipsychotiques
Il n’y a que peu d’études de référence concernant l’efficacité des antipsychotiques dans le
cadre des états maniaques ou mixtes chez les enfants ou les adolescents. Pourtant, une étude
montre que 17% d’entre eux en reçoivent (219). Il est connu que les antipsychotiques agissent
sur les signes psychotiques, et l’agitation psychomotrice.
L’étude de MASI et al. ouverte et n’ayant que 10 cas, évalue l’efficacité de la clozapine dans
les cas sévères. L’amélioration clinique a été mesurée par la CGI (220). L’étude de
DELBELLO est en double-aveugle et évalue l’association divalproate et quétiapine face à
divalproate et placebo (221). Le succès thérapeutique passe de 53% à 87% (p=0.05) par
l’adjonction de quétiapine (222).
Concernant la rispéridone, en évaluation CGI et en monothérapie, elle semble améliorer les
symptômes maniaques pour 82% des cas et les symptômes psychotiques dans 69% des cas
(223). L’olanzapine semble efficace pour les épisodes maniaques et mixtes, en monothérapie
(224) (202) (225).
Récemment, l’équipe de PAVULIRI réalisa une des premières études prospectives
randomisées concernant l’efficacité des traitements et conclut que globalement, les doubles
thérapies avaient un taux de succès d’environ 80%, argumentant ainsi pour un traitement de
première intention par thymorégulateur (226).
Usuellement, les effets secondaires des antipsychotiques de nouvelle génération sont moindre
qu’avec d’autres traitements. Les dyskinésies tardives sont plus fréquentes chez les
adolescents et les enfants que chez les adultes (227) (228) (229). La somnolence diurne et des
épisodes de fatigue sont fréquents (229). Même si il apparaît qu’in fine, la tolérance
neurologique est meilleure que la tolérance métabolique.
Enfin, les jeunes patients prennent usuellement plus de poids sous antipsychotique que les
adultes, avec une moyenne entre cinq et sept kilogrammes (220) (224) (229).
2.5.1.4 Concernant la sismothérapie
Même si l’usage de la sismothérapie est toujours controversé chez les patients mineurs, il
semble qu’un certain nombre de nouvelles études argumentent en faveur d’icelle.
L’étude française de COHEN et al. en 2005, argumente pour les ECT, particulièrement dans
les cas difficiles ou ceux présentant des syndromes catatoniques (230). Pour l’instant, il ne
semble pas exister d’étude concernant les effets des électroconvulsivothérapies (ECT) à
moyen et long terme chez les enfants. En France, il n’y a pas de recommandation officielle
concernant son usage à l’adolescence.
Aux Etats-Unis, l’AACAP a édité des recommandations (231). Là-bas, les ECT sont illégales
en dessous de 14 ou 16 ans dans certains états. Il est nécessaire d’avoir l’avis d’un psychiatre
extérieur à la prise en charge, avec une évaluation des capacités mnésiques avant, après, et de
3 à 6 mois après la dernière cession. Trois paramètres sont cités dans le guideline pour
prendre la décision : Le diagnostic, la sévérité des symptômes et la résistance au traitement
pharmacologique. Une revue de la littérature entre 1942 et 1996 a dénombré 396 enfants ou
adolescents ayant reçu des ECT (232). Dans 72% des cas il s’agissait de troubles de l’humeur.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Une amélioration clinique voire la disparition des symptômes ayant été retrouvée pour 53%
des cas, et pour 70% des cas de troubles de l’humeur.
Depuis 1993, les études rétrospectives ont donné des résultats encore plus encourageants avec
environ 90% d’amélioration clinique en cas d’épisode maniaque (233) (234).
Les effets secondaires des ECT sont rarement étudiés. Aucun mort n’a été relevé (232). Le
risque théorique est celui de l’anesthésie générale. Les effets secondaires usuels contiennent
des troubles mnésiques transitoires, des épisodes épileptiques prolongés (plus fréquents chez
les adolescents que chez les adultes) et des troubles mineurs (maux de tête, confusion, nausée,
douleurs musculaires) (235) (236) (237).
Sur le plan de la mémoire, une autre étude française tend à faire penser que les troubles
occasionnés disparaissent avec le temps (238).
Enfin, même si les ECT gardent une très mauvaise réputation, les enfants et les parents
semblent satisfaits des résultats, même si ils n’y étaient pas favorables (239) (240).
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2.5.1.5 Tableau 2 : traitement de la manie chez le mineur selon A. CONSOLI (195)
Tableau 2 d'après A. CONSOLI (195)
Spécialités dans le traitement de la manie, chez le mineur
DCI
Spécialités
ContreEffets secondaires
Références
indications
particuliers
spécifiques
Thymorégulateur
lithium
…
Age < 12
énurésie, asthénie,
(121) (196)
ans.
ataxie, prise de
(197) (198)
Irritabilité
poids, acné, risque
(199) (211)
ou TDAH
tératogène
(195) (241)
Anticonvulsifiants
divalproate de sodium
depakote
Somnolence,
(212) (213)
troubles de la
(216) (217)
coordination,
(218)
vertiges. Toxicité
carbamazépine
tegretol
Refusée
(199) (214)
par la FDA hépatique et
(242) (243)
sanguine. Syndrome
des ovaires
polykystiques.
Antipsychotiques
olanzapine
zyprexa
Majoration des
(224) (202)
dyskinésies tardives. (225)
Somnolence diurne
risperidone
risperdal
(223) (220)
et fatigabilité. Prise
(229)
de
poids
majorée.
quetiapine
xeroquel
(221) (227)
(228)
Electroconvulsivothérapie
Age< 14
Troubles mnésiques (230) (231)
ans
plus transitoires.
(232) (233)
(234) (235)
(236) (237)
(238) (239)
(240).
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2.5.2 Traitements à long terme, prophylaxie
Il nous parait utile de préciser que si les traitements semblent les mêmes et tout autant utilisés
chez les mineurs que chez les adultes, cette donnée ne suffit pas pour pouvoir considérer les
deux troubles comme étant les mêmes.
Par contre, une grande différence de réponse à un traitement donné sera plutôt un argument en
faveur d’une différence. Une causalité neurologique sous-jacente étant à l’origine de la
différence de réponse.
Les articles parus dans les journaux généralistes, au cours des années 2000, ont suscité un
tollé médiatique concernant les enfants bipolaires. Au cours de ce débat étaient mélangés
diverses notions, diverses craintes, dont celle d’un abus de prescriptions, ou la crainte des
manœuvres des laboratoires pharmaceutiques, sous couvert d’un « disease mongering ».
Au-delà de ces débats, on peut perdre de vue que la principale finalité à l’identification du
TBDP est de commencer un traitement précoce. En effet, si des efforts doivent être portés
en clinique afin d’isoler un TBDP, c’est essentiellement pour orienter le plus rapidement
possible les patients en souffrance.
Nous proposons ici les principaux arguments en faveur d’un traitement précoce. Et à l’inverse
les principaux arguments en faveur d’une abstention thérapeutique médicamenteuse.
2.5.2.1 Première hypothèse : un traitement précoce favorise une meilleure évolution à
moyen et long terme
Etant donné que de nombreux arguments attestent de l’évolution du TBDP vers un TB chez
l’adulte de forme particulièrement sévère (41), un traitement précoce améliorera-t-il le
pronostic ?
Voire est-ce qu’un traitement précoce peut-il entraver l’évolution de la maladie, jusqu’à
l’éteindre et obtenir une guérison réelle, et non plus seulement asymptomatique ? En effet, le
développement cérébral continue tout au long de la vie, particulièrement dans l’enfance et
l’adolescence. Ainsi, il est peut-être possible de réorienter l’évolution d’un trouble vers son
extinction ?
Cette proposition s’expliquerait à partir de deux principes neurodéveloppementaux connus.
Le premier est qu’il existe un remaniement neurologique et synaptique important dans
l’enfance et à l’adolescence (hypothèse dite du « pruning »). Dès 1983, FEINBERG et MAC
GLASHAN ont même proposé des modèles mathématiques pour le cas de la schizophrénie
(244).
Le second principe est l’inverse du principe d’emballement (hypothèse dite du « kindling »)
des troubles psychiatriques. C’est-à-dire que plus les troubles psychiatriques sont instables,
plus il y de probabilité qu’ils décompensent. Ainsi, chaque épisode aigu entraine une
diminution des capacités endogènes de rester stable (245). A l’inverse, plus le trouble est
stable, plus la probabilité de le rester est importante.
Dans les études prospectives en double-aveugle, les délais de suivi sont relativement courts.
L’objet d’étude étant bien souvent l’efficacité dans le cadre d’un épisode maniaque. Peu
d’études sont réalisées sur le suivi à moyen et long-terme.
En 2005, une revue de la littérature par FINDLING expliquait le statut général des traitements
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
pour le TBDP. Selon ce travail, les traitements appliqués chez les enfants et les adolescents
entrainaient une amélioration à moyen et long terme, mais se révélaient souvent insuffisants
en monothérapie (246). La même revue en 2009, concluait encore à l’absence de données
suffisantes pour des recommandations en dehors des épisodes maniaques (247).
Paradoxalement, une autre étude montrait que sur le long-terme, une double thérapie
n’apportait pas mieux qu’une monothérapie, en particulier chez des adolescents ayant un
EDM et ayant un haut risque génétique de développer un TB (248). Ce qui suggérerait
l’absence d’effet des traitements pour « corriger » le cursus évolutif.
2.5.2.2 Deuxième hypothèse : un traitement précoce entraine une aggravation à moyen et
long terme
A contrario, dans d’autres cas de figure, l’instauration d’un traitement ne pourrait-il pas
entrainer des vulnérabilités, voire aggraver à moyen et long terme le pronostic ?
En effet, quelques auteurs ont souligné une corrélation entre l’augmentation des prescriptions
de psychostimulants et d’antidépresseurs chez les enfants et l’émergence de cas de manie chez
l’enfant. Cette émergence pourrait être attribuée à un mauvais diagnostic (de la même manière
qu’un certain nombre de TB chez l’adulte peuvent être révélés par un virage maniaque sous
antidépresseurs, comme dans le cadre d’un TB type III). D’où l’importance d’un meilleur
dépistage (249) (250) (251).
Mais il n’est pas impossible de supposer, à l’inverse de la première hypothèse, que les
psychotropes prescrits pendant l’enfance ou l’adolescence orientent la maturation cérébrale
vers une pérennisation du trouble. En d’autre terme, supplémenter une carence fonctionnelle,
entrainerait un « enkystement » du trouble, maintenu à l’âge adulte après maturation de
l’enfance et de l’adolescence, par des phénomènes de résistance ou d’échappement au
traitement par exemple.
Très rares sont les études de cohortes à long terme. Il ne semble pas y avoir beaucoup d’étude
en double-aveugle contre placebo sur l’efficacité prophylactique d’un traitement
thymorégulateur débuté dans l’enfance ou l’adolescence. Cependant, quatre études
prospectives ont été retrouvées.
Les études de STROBER et al. (252) (193), explorent le lien entre la durée du traitement et la
fréquence des rechutes. Un groupe de 37 adolescents a reçu un traitement prophylactique par
lithium pour un TB I pendant 18 mois. Les résultats expliquent qu’un arrêt précoce du
traitement augmente la probabilité de rechute. Ceux qui le continuent ont un taux de rechute
de 37% pour 92% de ceux qui l’arrêtent (p=0,05). Les auteurs argumentent en faveur d’un
traitement prophylactique pendant toute l’adolescence couvrant aussi les premières années de
la majorité. La deuxième étude comptabilise le nombre d’actes délictueux de 31 adolescents
sévèrement atteints de TB I, pendant un an, tout type de traitement confondu. Le nombre
d’actes délictueux est bien plus faible chez les patients observant face aux patients nonobservant.
Une autre étude rétrospective portant sur 15 enfants de 4 à 18 ans tout type de TBDB explicite
le fait d’améliorer la stabilité à 18 mois par un traitement prophylactique (253).
La quatrième étude notable concerne 139 enfants et adolescents entre 5 et 17 ans TBDP des
deux types. Ils ont été initialement traités par lithium et divalproate pendant 4 semaines ou
jusqu’à la rémission clinique. Seuls 60 ont nécessité de poursuivre un traitement par
monothérapie. Ils ont été inclus dans une évaluation randomisée en double aveugle pendant
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18 mois. Selon cette étude, il n’y a aucune différence significative entre le lithium et le
divalproate pour la prévention des rechutes. Cependant, seuls deux enfants n’ont pas eu de
rechute (254).
Nous le voyons, les travaux concernant l’intérêt prophylactique de traitements sur une longue
période sont rares. Ceux qui ont été retrouvés souffrent de failles méthodologiques. Peu de
cas, rarement en prospectif, rarement en double-aveugle. Enfin, les patients inclus dans les
études sont très hétérogènes, avec des âges entre 5 et 18 ans. Sans oublier que les critères
diagnostiques ne sont pas les mêmes d’une étude à l’autre (certaines établies sur des critères
CIM-10, d’autres DSM-IV, et d’autres avec des critères plus anciens… voir notre première
partie). Ceci reste une limitation capitale, étant donné que la présentation clinique du TBDP
n’est pas uniforme et que beaucoup d’auteurs pointent le fait que de nombreux cas cliniques
ne relèvent pas d’un trouble bipolaire (98) (255) (32) (196).
A titre d’exemple, nous avons vu que le TBDP semble présenter moins de périodes intercritiques que le TB. Ainsi, certains cas de TBDP, ayant des périodes inter-critiques plus
marquées ne seraient pas forcément inclus dans des études sur des sujets hospitalisés.
L’autre exemple de difficulté diagnostique concerne le débat sur la comorbidité TBDP et
TDAH (voir infra). En conséquence, le chevauchement des critères diagnostiques, pourrait
possiblement entrainer des biais dans les études (256).
Dans ces études, la période de suivi ne dépasse jamais 18 mois. Pourtant, elles argumentent
toutes vers un intérêt de traitement prophylactique. Il ne sera donc pas possible de conclure
quant à l’éventuel risque de traiter « trop tôt ».
Par contre, nous nous permettons de rappeler des données dans le suivi à long terme des
patients adultes. Les traitements préventifs avec thymorégulateur sont très clairement
bénéfiques dans la prévention des récidives chez l’adulte (257). Tout en gardant à l’esprit que
les effets secondaires à court, moyen et long terme induisent des risques non-négligeables.
Les travaux chez les enfants montrent qu’en général, les effets secondaires sont plus
fréquents, possiblement plus sévères, avec des traitements dont le temps d’exposition sera
vraisemblablement plus long. C’est particulièrement le cas pour les effets secondaires
neurologiques du lithium (258), ou bien métabolique des antipsychotiques (229).
2.5.3 Iatrogénie
Un certain nombre d’auteurs proposent à la réflexion que l’augmentation de la prescription
d’antidépresseurs et de stimulants chez les enfants pourrait être une des raisons de
l’augmentation du nombre de cas de manie chez les enfants. Expliquant alors ces dernières
par le virage maniaque sous antidépresseur, déjà connu chez l’adulte (249) (251) (250) (259).
Ou bien par le mauvais respect des contre-indications des psychostimulants ou des
antidépresseurs.
Cette réflexion est née de l’observation de l’augmentation du nombre de cas dans les cohortes
nées entre 1940 et 1959 aux Etats-Unis (260), alors qu’elle n’existerait pas dans une cohorte
similaire aux Pays-Bas (251).
2.5.3.1 Psychostimulants, méthylphénidate
La question de l’iatrogénie ne doit pas être mise en marge des débats, et particulièrement par
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le fait que la clinique du TBDP reste en chevauchement d’autres troubles. Nous avons déjà vu
que l’irritabilité, symptôme cardinal de l’hypothèse du SMD était vraisemblablement une
différence majeure entre le SMD et le TBDP. A contrario, nous verrons par la suite que les
déficits attentionnels, sont à cheval entre le TDAH et le TBDP. Dans ce cas, alors que le
TDAH se traite par méthylphénidate, psychostimulant (261), le guideline de l’ACAAP du
TBDP ne se positionne que très prudemment par rapport à cette prescription (53).
Bien qu’il ne semble pas y avoir d’effet à long terme des stimulants dans le cadre d’un
TDAH, un certain nombre d’auteurs rappellent que le risque qu’ils entraineraient dans le
cadre de patients à risque de TB n’est pas connu (200) (262) (263). Il semble y avoir eu des
reports de cas où les stimulants peuvent aggraver (264) ou révéler des signes maniaques (265)
(voir notre 2nd cas clinique).
L’étude de DELBELLO et al. (266) portant sur 34 adolescents hospitalisés pour manie semble
montrer que l’âge moyen de survenue du premier état maniaque est diminué, passant de 13,9
ans à 10,7 ans, (p=0.03) chez des adolescents ayant eu un passif de traitement contenant au
moins deux psychostimulants. L’âge étant aussi réduit pour un seul psychostimulant, mais
moins significativement. Notons que le risque induit par la comorbidité de TDAH était pris en
ligne de compte.
La même équipe réédita une étude similaire en 2002, portant sur 80 adolescents. Là encore, la
comorbidité TDAH n’expliquait pas à elle seule le rajeunissement de l’âge (267).
DELBELLO et al. ont alors proposé un modèle où l’exposition à des stimulants joue le rôle
d’un facteur de stress environnemental sur une population à risque génétique entrainant une
aggravation progressive de leur TBDP10.
D’autres études proposent au contraire que les stimulants n’ont pas d’effet sur le risque
maniaque (268), voire qu’ils devraient tout à fait être utilisés dans cette indication (269).
CARLSON propose un suivi de 75 garçons âgés de 6 à 12 ans ayant un risque de TB étant
donné la présence de signe psychotiques, et ne relèvent pas d’exacerbation maniaque sous
méthylphénidate. De même, les travaux de FINDLING et al. ont retrouvé que sur 90 jeunes
entre 5 et 17 ans souffrant de manie ou d’hypomanie, 71% d’entre eux avaient aussi le
diagnostic de TDAH et que le méthylphénidate avait été prescrit comme adjuvant d’un
thymorégulateur dans 52 % des cas avec une amélioration dans toutes les catégories de
symptômes (p=0.0001) (270).
En 1999, BIEDERMAN et al. suggèrent que la meilleure approche serait de proposer un
stabilisateur de l’humeur et d’y adjoindre de manière séquentielle des période de
psychostimulants en cas de besoin. L’efficacité de ces derniers permettrait de réduire par 7 à 8
fois les symptômes (271).
L’étude la plus récente de 2005, prospective et contre placebo, de SCHEFFER et al. propose
une synthèse des effets thérapeutiques. Les normothymiques permettraient la stabilisation du
trouble. Les psychostimulants permettraient de l’atteindre (la stabilisation) plus rapidement
(272).
10
Ceci pourrait être remis en question par le simple fait que la population d’étude, ayant déjà bénéficié d’au
moins un psychostimulant, est vraisemblablement déjà en soi une population avec des manifestations sévères de
TBDP. Comparer deux groupes hospitalisés, l’un natif de traitement et l’autre en ayant déjà eu signifie
vraisemblablement que l’un est déjà plus sévère que l’autre…
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
En reprenant les recommandations de l’ACAAP (53), le débat clinique entre les formes
atypiques de TBDP et le TDAH n’est pas résolu (voir notre analyse des diagnostics
différentiels). Pourtant ce guideline cite deux études de 2000 et de 2003, où il ne semble pas
que le méthylphénidate suscite de complication sur le registre de la manie. En conclusion, il
semble écarté que la prescription de psychostimulant en cas de TDAH associé à un TBDP soit
néfaste (273) (274) (268).
2.5.3.2 Antidépresseurs
Concernant les antidépresseurs, traitement de seconde intention dans le TDAH (23), en
particulier s’il existe une composante anxieuse ou dépressive, il est évidemment possible de
craindre un virage de l’humeur en cas de TBDP. Risque bien connu chez l’adulte. Mais il
nous semble utile de rappeler que ce cas de figure résulte possiblement d’une mésestimation
du trouble psychiatrique par le clinicien.
En effet, le virage sous antidépresseur se voit principalement en cas de surdosage ou d’une
méconnaissance des antécédents du patient. Les rares cas de prescription d’un antidépresseur
sur un trouble bipolaire de première présentation dépressive semblent suffisamment
anecdotiques pour ne pas les craindre.
Une analyse clinique précise des antécédents personnels de vie d’un patient adulte, ainsi que
des traitements déjà usités chez lui, permettent le plus souvent d’obtenir une prudence
médicale suffisante pour éviter cet écueil.
Cependant, dans le cadre de notre analyse, nous constatons plusieurs paramètres qui
compliquent cette évaluation.

Antécédents personnels courts.
D’une part, les antécédents de vie d’un patient âgé de moins de 18 ans, ou parfois de 3, 4 ou 5
ans, ne sont pas forcément assez longs pour obtenir des indices de vulnérabilité thymique.
En ce cas, nous proposons qu’une recherche des antécédents familiaux puisse suffire pour
suspecter un trouble thymique.

Présentation « agitée », pouvant masquer un épisode dépressif chez l’enfant
La présence de signes psychotiques quels qu’ils soient, doit suffire par principe à écarter la
prescription d’antidépresseur. Nous serions encore dans le doute entre un TDAH et TBDP
avec une préférence pour le TBDP, le traitement de première intention serait alors un
antipsychotique atypique.
Dans le cadre d’une présentation confuse entre TDAH et TBDP, là encore, les antécédents
familiaux seraient d’une grande aide pour valider l’orientation du diagnostic.
L’analyse du fonctionnement de base doit pouvoir orienter le diagnostic. Un fonctionnement
stable, sans aucune cyclicité (y compris une variabilité ultra-rapide dans la journée) oriente
vers un TDAH. Les antidépresseurs seraient alors permis après l’échec des psychostimulants.
Nous serions alors dans le cas d’un TDAH résistant.

Présentation contenant des affects dépressifs, ou des somatisations ?
Ici se pose une question primordiale. Quid des manifestations dépressives ? Nous avons vu
que la clinique de l’enfant était très polymorphe. La présence de signes dépressifs nous
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
propose plusieurs cas de figure. En effet, les signes dépressifs peuvent être princeps, ou
secondaire au trouble. La chronologie doit pouvoir aider. Dans le cadre d’un TDAH, il est
usuel d’avoir secondairement des manifestations dépressives. Dans le cadre d’un TBDP, les
présentations dépressives seraient primitives.
Lorsque c’est impossible à identifier, là encore, la recherche des antécédents familiaux
doivent aider.

Présentation avec irritabilité première.
Sur le plan de l’irritabilité, autre symptôme du TDAH, il est intéressant de noter que le
lithium, traitement de première intention dans le cadre du TB et du TBDP chez l’adolescent a
été démontré comme peu efficace voire inefficace sur l’irritabilité retrouvée dans le SMD
(241). Ceci semble argumenter encore en faveur d’une nouvelle dimension pathologique. Si la
clinique retrouve peu de difficulté attentionnelle, l’irritabilité pourrait être considérée comme
un SMD ou secondaire à un EDM. Dans ce cas de figure, un traitement par antidépresseur est
à discuter. S’il existe des difficultés attentionnelles, le traitement par psychostimulant devrait
être envisagé dans l’hypothèse d’un TDAH de forme « silencieuse ».
2.6 Principaux « guidelines » retrouvés.
En pratique courante, le médecin confronté à une suspicion de TBDP doit se référer aux
recommandations nationales puis, si elles n’existent pas, prendre celles des références
internationales.
Nous avons recherché les documents édités par les plus hautes instances médicales
internationales à ce sujet. Nous nous sommes arrêté sur les recommandations de la haute
autorité de santé (HAS) pour la France, ceux de l’association américaine de psychiatrie (APA)
et enfin ceux de l’association américaine académique de psychiatrie de l’enfant et de
l’adolescent (AACAP).
2.6.1 Guide HAS « ald 23 Troubles bipolaires ». Mai 2009 (275)
En France, le guide de référence est celui de l’HAS. Il est régulièrement mis à jour et permet
aux professionnels d’unifier leurs démarches afin d’améliorer les prises en charge des
troubles. Explicitement, il ne traite pas des troubles bipolaires chez l’enfant ou l’adolescent :
Page 8 : « Les troubles bipolaires de l’enfant et de l’adolescent ne sont pas abordés dans ce
guide. ». L’HAS ne s’engage donc pas en 2009 dans la discussion concernant le TBDP.
Même si en évitant d’aborder la question dans le guide, l’HAS reconnaît son existence
implicitement. La position officielle semble donc être une certaine forme d’attentisme.
Comme il n’y a pas de guide français de l’HAS concernant les troubles bipolaires chez les
enfants ou adolescents, il n’est pas possible au clinicien d’avoir une référence française
officielle.
2.6.2 Guide de l’ « American Psychiatric Association (APA) » « Treating bipolar disorder :
quick reference guide » (276)
Aux USA, le guideline de référence est le guide APA « Practice Guideline for the Treatment
of Patients with Bipolar Disorder » et sa version abrégée.
Ces deux guides ne font nulle part notion d’une quelconque prise en charge spécifique des
troubles bipolaires chez l’enfant ou l’adolescent. On remarquera que ce n’est pas
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
obligatoirement par un refus de le faire comme pour les recommandations HAS françaises,
mais possiblement parce qu’il n’est pas utile de le préciser.
En effet, il est vraisemblable que l’APA établisse son diagnostic à partir des critères DSM. En
conséquence, ces derniers acceptant la possibilité d’un TBDP, il n’était pas forcément
nécessaire de le préciser dans le guideline.
C’est possiblement à dessein. En effet, même si le DSM-IV-R reconnaît l’existence de formes
précoces de TB, il n’est pas très précis sur le sujet, comme nous l’avons vu en première partie.
En conséquence, le positionnement de l’APA reste cohérent. Puisqu’il n’existe pas assez de
données sur le sujet au moment de la rédaction des guidelines, autant ne pas s’y aventurer.
2.6.3 Guide AACAP « Practice Parameter for the Assessment and Treatment of Children
and Adolescents With Bipolar Disorder » 2007 (53)
A défaut de guide fourni par la psychiatrie générale, qu’elle soit française ou américaine, le
« guideline » qui semble le plus solide et le mieux documenté est celui de l’association
académique américaine de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent (AACAP). Il permet de
faire la synthèse des différents travaux pour tirer une idée claire des éléments pertinents au
sujet du TBDP.
Ce guide propose une série de recommandations, que nous allons reprendre. L’ACAAP (53)
se positionne sur une politique neutraliste et consensuelle pour la prise en charge du TBDP :
« Recommendation 1. Psychiatric Assessments for Children and Adolescents Should
Include Screening Questions for Bipolar Disorder.
Recommendation 2. The DSM-IV-TR Criteria, Including the Duration Criteria,
Should Be Followed When Making a Diagnosis of Mania or Hypomania in Children
and Adolescents.
Recommendation 3. Bipolar Disorder NOS Should Be Used to Describe Youths With
Manic Symptoms Lasting Hours to Less Than 4 Days or for Those With Chronic
Manic-Like Symptoms Representing Their Baseline Level of Functioning.
Recommendation 4. Youths With Suspected Bipolar Disorder Must Also Be Carefully
Evaluated for Other Associated Problems, Including Suicidality, Comorbid Disorders
(Including Substance Abuse), Psychosocial Stressors, and Medical Problems.
Recommendation 5. The Diagnostic Validity of Bipolar Disorder in Young Children
Has Yet to Be Established. Caution Must Be Taken Before Applying This Diagnosis in
Preschoolchildren.
Recommendation 6. For Mania in Well-Defined DSM-IV-TR Bipolar I Disorder,
Pharmacotherapy Is the Primary Treatment
Recommendation 7. Most Youths With Bipolar I Disorder Will Require Ongoing
Medication Therapy to Prevent Relapse; Some Individuals Will Need Lifelong
Treatment
Recommendation 8. Psychopharmacological Interventions Require Baseline and
Follow-up Symptom, Side Effect (Including Patient`s Weight), and Laboratory
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Monitoring as Indicated
Recommendation 9. For Severely Impaired Adolescents With Manic or Depressive
Episodes in Bipolar I Disorder, Electroconvulsive Therapy (ECT) May Be Used If
Medications Either Are Not Helpful or Cannot Be Tolerated
Recommendation 10. Psychotherapeutic Interventions Are an Important Component of
a Comprehensive Treatment Plan for Early-Onset Bipolar Disorder.
Recommendation 11. The Treatment of Bipolar Disorder NOS Generally Involves the
Combination of Psychopharmacology With Behavioral/Psychosocial Interventions. »
Que nous traduisons et commentons ainsi :
« Recommandation 1 : L’évaluation psychiatrique d’un enfant doit contenir des items
au sujet du trouble bipolaire.
Recommandation 2 : Les critères du DSM-IV-R, y compris ceux de durée, doivent être
appliqués pour la pose du diagnostic de manie et d’hypomanie chez l’enfant et
l’adolescent. »
Il est alors très clair que seul le consensus sur les critères du DSM-IV-R puisse apporter
l’uniformité nécessaire pour les études de prévalence et de suivi. C’est à partir de cette
référence qu’il faudra se tenir pour le suivi des enfants. Le guide précise qu’il sera utile
d’interroger les parents et les tiers (ex : instituteurs), d’avoir des échelles d’évaluations (ex :
K-SADS ou WASH-U-KSADS) adaptées et un carnet de suivi pour apprécier l’évolution du
trouble, le type et la fréquence des épisodes et la réponse aux traitements, comme les travaux
de YOUNGSTROM et al. l’ont précisé (277) (278) (279) (280).
« Recommandation 3 : Le diagnostic de « trouble bipolaire indifférencié » doit être
utilisé pour décrire les jeunes avec des symptômes maniaques durant moins de quatre
jours ou pour ceux ayant des signes pseudo-maniaques chroniques représentant leur
fonctionnement de base. »
Par cette recommandation, l’ACAAP reste sur une position neutraliste. Il n’est pas précisé de
données concernant les travaux au sujet des cycles rapides ou de l’hypothèse du SMD. Dans
ces conditions, l’ACAAP semble alors camper sur des coutumes de diagnostic en rappelant
alors aux cliniciens que la catégorie trouble bipolaire indifférenciée permet d’y placer les cas
cliniques particuliers. En l’absence de preuve suffisante concernant une évolution différente,
ou la nécessité d’adapter l’algorithme de traitement, il n’est pas reconnu utile de préciser la
clinique au-delà.
« Recommandation 4 : Les jeunes avec une suspicion de TBDP doivent être évalués
avec précision sur les problèmes associés. En particulier sur la suicidalité, les
comorbidités (dont l’usage de toxique), les stress psychosociaux et les problèmes
somatiques. »
L’ACAAP rappelle le haut taux de suicide mis en évidence par STROBER et al. en 1995
(193), ainsi que la fréquence accrue des usages de toxique(s) (281) (282) (283).
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
« Recommandation 5 : La validité du diagnostic de trouble bipolaire chez les
adolescents est établie. Des précautions doivent être prises pour son application aux
enfants d’âges préscolaires. »
Cette recommandation permet de prendre en compte le risque de créer des faux positifs et
d’inclure à tort des sujets dans des protocoles de traitement agressifs. Les rapports au sujet de
l’usage des psychotropes dans cette tranche d’âge (284) (285) (286) (287) (288) précisent que
leurs effets à moyen et long terme sont encore incertains. Pour cette tranche d’âge, l’ACAAP
insiste sur l’identification des facteurs environnementaux à intégrer comme axe principal de la
prise en charge.
« Recommandation 6 : Pour une manie d’un trouble bipolaire de type I selon les
critères du DSM-IV-R, le traitement de première intention sont les psychotropes. »
En suivant les travaux de KOWATCH (289) (97) (212) et de SUPPES (290), l’ACAAP
rappelle que le choix du traitement doit prendre en compte : La preuve de son efficacité, la
phase de la maladie, la présence de signes spécifiques (ex : cycles rapides, symptômes
psychotiques) les effets secondaires du traitement, l’histoire de la maladie et des réponses aux
traitements, les préférences des patients et de son entourage.
Il semble que l’histoire des traitements puisse avoir un intérêt prédictif de réponse au
traitement actuel (291).
« Recommandation 7 : La plupart des jeunes avec un trouble bipolaire de type I
requièrent un traitement pour éviter les rechutes, certains d’entre eux pour le reste de
la vie. »
A partir des études citées, l’ACAAP précise que la rechute est particulièrement fréquente dans
les six mois suivants le premier épisode. La raison principale semble du fait d’une mauvaise
compliance (252) (292) (293). Le temps de traitement estimé est de 12 à 24 mois.
L’autre point particulièrement intéressant souligné par l’ACAAP est qu’en cas de comorbidité
avec un TDAH, l’usage de méthylphénidate ou de psychostimulant ne semble pas influencer
le risque de récidive : « The use of stimulants for comorbid ADHD did not affect relapse
rates. ». Hélas, ce guideline ne fournit pas de référence pour cette assertion.
« Recommandation 8 : L’usage de psychotrope requiert une évaluation et un suivi du
fonctionnement de base du patient, des symptômes, des effets secondaires (dont le
poids du patient) et des examens de laboratoire. »
Il est noté qu’il est nécessaire de suivre attentivement le patient pendant les 6 à 8 premières
semaines de traitement, afin d’évaluer l’efficacité de ce dernier. Les examens requis avant
l’initiation du traitement par lithium contiennent : une numération formule sanguine, une
évaluation de la fonction thyroïdienne, une évaluation de la fonction urinaire (urée, sodium
créatinine) une biochimie sanguine contenant le calcium, et un test de grossesse si la patiente
est en âge de procréer (289). Une fois la lithémie en fourchette thérapeutique, le suivi
biologique est préconisé tous les 3 à 6 mois.
Pour le divalproate de sodium, une évaluation de la fonction hépatique est nécessaire, à la
même chronologie. Sans oublier le risque de syndrome des ovaires polykystiques (voir supra)
(294).
Le suivi du poids, de l’indice de masse corporel, de la circonférence abdominale, de la
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
pression sanguine, de la glycémie à jeun et des lipides sanguins est nécessaire tous les mois
pendant 3 mois puis une fois par an afin de surveiller l’apparition d’un syndrome métabolique
ou d’une intolérance hépatique.
Sans oublier le nombre de globules blancs en cas de traitement par la clozapine, et les effets
extrapyramidaux éventuels.
« Recommandation 9 : Pour les adolescents en état maniaque ou dépressif sévère d’un
trouble bipolaire de type I, l’électroconvulsivothérapie doit être proposée si les
médicaments préalables sont inefficaces ou mal tolérés. »
En sus de cette assertion, l’ACAAP précise que les ECT sont généralement considérés comme
le traitement de choix pour les situations cliniques suivantes : Jeune fille enceinte, catatonie,
syndrome malin des neuroleptiques, ou toute autre situation médicale où les traitements
médicamenteux usuels sont inadaptés.
« Recommandation 10 : Les psychothérapies sont une composante importante dans un
protocole de traitement adapté pour le TBDP. »
Les retentissements sur le fonctionnement psychosocial sont très importants (97). Les
psychothérapies prenant en compte la psychoéducation, la famille, les interactions
interpersonnelles et l’environnement social ont été démontrées comme les meilleurs adjuvants
du traitement (295).
Il semble que la dynamique familiale ait une influence modérée sur le taux de rechute et la
compliance (113). Des thérapies axées sur la famille doivent s’axer sur le stress familial,
l’importance du traitement, les relations intrafamiliales et la communication (114) (115)
(116).
Prendre en compte le rythme de vie et les facteurs stressants de ce dernier semble aussi
apporter des bénéfices substantiels dans l’effet thérapeutique (296) (297).
« Recommandation 11 : Le traitement d’un trouble bipolaire indifférencié contient
généralement une combinaison de psychotropes avec des interventions psychosociales
ou comportementales. »
L’ACAAP reconnaît que les procédures de prise en charge des TBDP atypiques ne sont pas
encore bien précisées, étant donné la variabilité des présentations. Il semble clair que chaque
présentation doit avoir un traitement adapté à sa spécificité. Mc CLELLAN et KATZ
semblent avoir mis en évidence l’intérêt d’une approche comportementale et dialectique (298)
(299).
Dans son guideline, L’ACAAP rappelle dans sa onzième recommandation que le flou de la
frontière entre TDAH et TBDP suscite encore des controverses. Ce qui prouve qu’en 2007, la
question n’est toujours pas résolue : « Perhaps the most common dilemma is whether and
when to use stimulants in children when there is a question of whether one is dealing with
mania/hypomania or ADHD with mood lability and low frustration tolerance. »
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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2.7 Conclusion
Les données commencent à s’accumuler au sujet du trouble bipolaire de l’enfant et de
l’adolescent. Même si le diagnostic n’est pas encore officiellement reconnu, le nombre de
travaux en rapport avec ce dernier ne cesse d’augmenter (voir figure 1).
Ces derniers souffrent des difficultés usuelles dans la démarche scientifique. Mais
possiblement plus encore par le fait qu’il s’agisse de troubles étudiés chez l’enfant et
l’adolescent. Les études retrouvées semblent être en difficulté pour recruter un nombre de cas
suffisamment élevé.
Lorsque le nombre devient conséquent, les cas semblent disparates. En effet, peut-on
réellement assimiler dans les mêmes cohortes des enfants en bas âge de quatre ou cinq ans,
avec des adolescents de quinze ou seize ans ? De surcroît, l’absence de consensus concernant
les critères d’inclusion entraîne de grandes difficultés lors de méta-analyses.
Enfin, les études sont majoritairement des études rétrospectives, et la réalisation d’études
prospectives, randomisées et en double aveugle se double de difficultés supplémentaires par le
fait que les sujets soient mineurs.
Par contre, il nous semble utile de souligner que la plupart des travaux traitant du TBDP le
font en s’étayant sur la présence d’un état maniaque chez l’enfant ou l’adolescent. C’est
possiblement mettre de côté que les troubles bipolaires existent aussi sous d’autres
présentations. En effet, quid des épisodes dépressifs récurrents ?
Il semble plus aisé de poser le diagnostic de trouble bipolaire à partir de la présentation
maniaque, plus manifeste et peut-être plus spécifique, que la présentation dépressive. Or les
épisodes dépressifs existent aussi chez l’enfant.
Etant donné les incertitudes concernant le cortège de signes anxieux et les symptômes
dépressifs chez les enfants ou les adolescents, il reste un grand nombre d’interrogations
concernant la prédisposition anxio-dépressive et le trouble bipolaire. Il ne semble pas encore
envisagé que le TBDP puisse commencer par des signes anxio-dépressifs.
A titre d’exemple, quelques études prospectives récentes, de 2009 et 2012, suggèrent que les
troubles fonctionnels somatiques chez l’adolescent augmentent le risque de psychopathologie
sévère chez l’adulte (300) (301). Comment interpréter ces constatations ? Seraient-elles des
formes spécifiques de TBDP ?
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3
TROISIEME PARTIE : DIAGNOSTICS DIFFERENTIELS ET
COMORBIDITES
3.1 Trouble : déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH)
Le trouble vraisemblablement le plus souvent étudié en parallèle du TBDP est le trouble
déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH). De nombreux travaux tentent
d’identifier les liaisons de toute nature entre les deux pathologies. Il nous semble important de
présenter les différents questionnements sur ce sujet.
Pour trier les paramètres de ces deux syndromes, et expliquer le haut taux de comorbidité,
l’équipe de SINGH (302), propose et quatre approches : Une hypothèse clinique, une lecture
évolutive, des facteurs de causalité externes (iatrogénie) et enfin des facteurs de causalité
internes (neurophysiologiques).
3.1.1 Approche clinique : Première hypothèse : les symptômes du TBDP chevauchent ceux
du TDAH.
L’article de L. KENT de 2003 (181) met bien en évidence les chevauchements
symptomatiques entre les deux troubles. A partir des critères DSM-IV-R et CIM-10, il est
possible d’identifier trois catégories de symptômes. Que nous présentons dans la figure 5.
Ce chevauchement clinique entraîne une grande difficulté pour la pose du diagnostic et
l’élaboration d’une prise en charge (303) (304). Il faut proposer deux paradigmes pour
expliquer ce phénomène : soit il existe une différence dans les symptômes parce-ce qu’ils sont
qualitativement différents (différence dimensionnelle) soit il s’agit de symptômes similaires,
mais manifestes à des degrés différents en quantité (différence d’intensité au sein d’une même
dimension).
3.1.1.1 Les symptômes seraient différents par leur qualité dimensionnelle (différence
qualitative)?
Beaucoup d’auteurs ont proposé que le TDAH est très fréquent dans les populations TBDP
puisque les l’inattention, la distractibilité, l’impulsivité, l’agitation psycho-motrice et le
sommeil réduit sont partagés par les deux troubles. Si ce prédicat est correct, on peut supposer
que la prévalence du TDAH est dépendante de l’état de présentation du TBDP. Et qu’en
somme, le TDAH se manifeste différemment si le patient est maniaque, euthymique ou
déprimé.
MILBERGER et al. (305) ont essayé de soustraire les symptômes non-spécifiques chez des
patients TBDP en vérifiant ce qu’il restait. Sur les 15 patients inclus, et après correctif, le
diagnostic de TDAH semble être maintenu par la persistance de symptômes spécifiques du
TDAH. La méthode inversée, en s’intéressant à la proportion de TBDP après soustraction des
signes non-spécifiques ne permet de maintenir que 80% des diagnostics. Cette équipe en tire
l’hypothèse que le TDAH est plus « vaste » que le TBDP et que la présence d’un TBDP chez
un enfant TDAH n’est peut-être qu’un artéfact, alors qu’un TDAH chez un TBDP ne l’est pas.
Cette étude est conceptuellement intéressante, mais révèle des failles méthodologiques
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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mettant en doute sa validité. Entre autre, le faible nombre de patients, et le correctif appliqué
rationalisant le nombre de symptômes nécessaires pour l’établissement du diagnostic.
GELLER et al. (306) ont montré que les signes mégalomaniaques (humeur élevée, idées de
grandeur, hypersexualité, tachypsychie et diminution du besoin de sommeil) semblent plus
présents chez les TBDP que chez les TDAH. Ils proposent alors de tenir le diagnostic de
TDAH si et seulement si l’âge de début reste inférieur à 7 ans avec l’absence d’élément
psychotique ou d’euphorie (256).
Par contre, CONSOLI rappelle que la phénoménologie de l’enfant n’est pas univoque (28).
Comment interpréter de manière similaire l’euphorie ou la mégalomanie chez des enfants ou
des adultes ? (32) (258).
Il semble effectivement que plus un enfant est jeune plus il est « naturellement » instable ou
hyperactif, familier et désinhibé (307). Une humeur instable, labile et changeante est
normalement observée chez les enfants de moins de 10 ans (32) (308).
Enfin, les équipes issues des travaux de LEIBENLUFT, semblent avoir démontré que le
TDAH et le TBDP partagent un handicap fonctionnel dans les tâches d’attention, sous-tendu
par des modifications neuro-physiologiques partiellement communes (170) (171) (172) (173).
3.1.1.2 Les symptômes seraient différents par leur intensité (différence quantitative) ?
En se référant à des échelles validées, telles que la « Young Mania Rating Scale », d’autres
équipes (309) (310), semblent réussir à placer un seuil différentiel entre les scores moins
élevés (TDAH) et les scores plus élevés (TBDP). Ces travaux sont intéressants car ils
permettent de mettre en parallèle un outil de mesure reproductible sur un axe de continuité des
symptômes. Ce que ne peut pas faire une évaluation critériologique standard.
Si l’on ajoute à cela que la « Young Mania Rating Scale » est usuellement considérée comme
sous-évaluant les cas de TBDP (311) (158), la différence symptomatique entre TDAH et
TBDP se manifeste plutôt comme une différence d’intensité des symptômes et non une
différence qualitative.
C’est aussi une différence d’intensité de symptôme qui mérite d’être recherchée entre les
différentes phases du TBDP. D’une part lors des épisodes maniaques, ensuite dans les
épisodes dépressifs, enfin en inter-critique, théoriquement euthymique.
Si le taux de comorbidité varie entre les différents états de présentation d’un TBDP alors il est
licite de supposer qu’il existe une relative indépendance entre le TDAH et le TBDP. C’est ce
qu’ont étudié WINOKUR et al. (312).
Malheureusement, ce travail réalisé en comparant la prévalence du TDAH entre deux groupes
(TBDP bipolaire et unipolaire) ne semble pas avoir été réédité. Enfin, la plupart de ces
travaux concernent une liaison entre TBDP dans sa version maniaque, et rarement dans les
présentations dépressives. Seules deux études, se sont focalisées sur les cooccurrences entre
troubles disruptifs de l’enfance et les phases d’un TBDP (249) (313). De plus, ce n’était pas
l’objectif primaire de ces travaux. Au final, quid d’une liaison entre un déficit attentionnel
non-hyperactif et une dépression chez l’enfant, qu’elle soit sous-tendue par un TBDP ou pas ?
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En somme, même s’il émerge l’idée d’une distinction fondamentale entre les deux troubles
que ce soit par la qualité des symptômes ou leur intensité, il n’est pas encore possible
d’affirmer cette notion. Entre autre parce que le sujet d’étude le plus fréquent reste
l’association entre les états maniaques et les manifestations d’un TDAH principalement
hyperactif (305) (258). Les associations entre les phases inter-critiques ou dépressives d’un
TBDP et les formes mixtes et silencieuses d’un TDAH restent encore insuffisamment étudiées
à l’heure actuelle.
Ceci semble être une limitation majeure à la compréhension des deux troubles. D’autant plus
importante que d’autres travaux ont suggéré que la dépression chez l’enfant était bien plus
fréquemment prodromique d’un TB que chez les adultes (140). Nous avons illustré ces
questionnements dans la figure 6.
3.1.2 Etudes de suivi : Deuxième hypothèse, le TDAH pourrait être une manifestation
prodromique d’un TBDP. (Figure 7)
Cette hypothèse s’appuie sur le fait que les individus ayant eu un âge de début précoce de leur
TB auraient un taux de TDAH dans l’enfance plus important que pour ceux l’ayant débuté
tardivement. L’autre argument est la réciproque : la présence d’un TDAH associé à un TB
semble favoriser une précocité de ce dernier.
WOZNIAK et al. (145) ont trouvé que 90% des enfants bipolaires avaient un TDAH associé,
alors que 57% seulement des adolescents n’étaient touchés. FARAONE et al. (314)
argumentent dans le même sens en présentant une décroissance progressive des TDAH en
fonction d’un âge plus tardif de survenue du TB. Ainsi, il est possible de supposer que ce
phénomène pourrait être attribué à un glissement d’une symptomatologie TDAH vers un
TBDP, expliquant ainsi le croisement des courbes de prévalence.
Une autre équipe, celle de PERLIS et al. (108), démontre qu’un trouble bipolaire ayant débuté
avant la puberté est comorbide avec un TDAH pour 20,4% alors qu’un TB émergeant à
l’adolescence est comorbide avec un TDAH pour 7,6% puis, pour un TB adulte à 5,7%.
Si l’on considère un TDAH comme prédictif d’un TBDP, alors les adultes étant atteints d’un
TB et d’un TDAH, devraient être atteints plus précocement que les autres. C’est ce qu’ont
vérifié SACHS et al. dans une étude rétrospective de 56 adultes (315). De même, les travaux
de NIERENBERG et al. ont permis de montrer que la comorbidité du TDAH avec le TB était
de 9,5% sur la vie entière avec une diminution de l’âge de survenue d’environ 5 ans pour ceux
qui avaient un TDAH (316).
Deux études s’intéressent à l’émergence du TB après un TDAH. BIEDERMAN et al. (95) en
réalisant une étude prospective sur 140 enfants pendant 4 ans, estiment que 23% des enfants
TDAH développent un TB par la suite, alors que le taux naturel est de 11%. Ils en concluent
que le TDAH favorise l’émergence d’un TB. Au contraire, GITTLEMAN et al. ne retrouvent
pas de différence (317).
3.1.2.1 Modalités évolutives :
Il semble être admis qu’usuellement, le TDAH persiste à l’âge adulte, avec une décroissance
progressives des symptômes hyperkinétiques (318).
Concernant le TBDP, il semble prouvé que le trouble persiste à l’âge adulte. Les épisodes
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tendent à devenir plus fréquents et entrainent une mortalité par suicide d’environ 15% (106).
Les auteurs spécialisés proposent que le TDAH semble permanent, alors que le TB évolue par
épisodes (306). Ce qui en ferait un critère diagnostic majeur.
WILENS et al. (319) ont réalisé une étude portant sur les adultes et les interactions entre
TDAH et TB. Même s’il persiste un grand nombre de symptômes non-spécifiques entre les
deux troubles, il semblerait que pour les patients présentant les deux troubles, d’autres
troubles seraient présents. Le fonctionnement global serait faible, les comorbidités seraient en
plus fréquentes. Ce qui étaye la thèse de deux troubles distincts, même si les présentations
cliniques se chevauchent.
Plus récemment, BIEDERMAN et al. ont réalisé une étude prospective sur une longue période
de 7 ans. Alors que le TDAH semble être un risque majeur d’épisode dépressif chez l’enfant
(95) (320) (321) (322) (323) (324) (325), cette étude s’intéresse au rôle que peut avoir le
TDAH dans la survenue d’un virage maniaque chez l’enfant. Selon ce travail, après avoir
subis un EDM dans l’enfance, les patients atteints de TDAH ont un risque majoré par 8 de
voir leur EDM se convertir en TB-I (27,6% vs 4% p=0.005).
Cependant, il faut préciser que le communiqué de l’APA du DSM-V au sujet du TDAH
présente un correctif important (326). Ce correctif est majeur, car il établit que le TDAH se
poursuit à l’âge adulte. Le correctif repousse aussi le critère d’âge de survenue maximal de 7 à
12 ans. Le DSM-V semble être plus souple et repousse cette limite à 12 ans. Ceci suppute que
le TDAH n’est plus une pathologie de l’enfant, mais une pathologie pérenne :
« Using DSM-5, several of the individual’s ADHD symptoms must be present prior to
age 12 years, compared to 7 years as the age of onset in DSM-IV. This change is
supported by substantial research published since 1994 that found no clinical
differences between children identified by 7 years versus later in terms of course,
severity, outcome, or treatment response. […]
The ADHD diagnosis in previous editions of DSM was written to help clinicians
identify the disorder in children. Almost two decades of research conclusively show
that a significant number of individuals diagnosed with ADHD as children continue to
experience the disorder as adults. Evidence of this came from studies in which
individuals were tracked for years or even decades after their initial childhood
diagnosis. The results showed that ADHD does not fade at a specific age.
Studies also showed that the DSM-IV criteria worked as well for adults as they did for
children but that a lower threshold of symptoms (five instead of six) was sufficient for
a reliable diagnosis. In light of the research findings, DSM-5 makes a special effort to
address adults affected by ADHD to ensure that they are able to get care when
needed. »
« En utilisant le DSM-V, un certain nombre de symptômes individuels du TDAH
doivent être présents avant 12 ans, à la différence des 7 ans précisés dans le DSM-IV.
Cette modification est argumentée par des recherches importantes publiées depuis
1994 qui ne retrouvent pas de différence clinique entre les enfants identifiés avant
l’âge de 7 ans et ceux identifiés plus tard aussi bien en terme d’évolution, de sévérité,
de devenir ou de réponse aux traitements.
Le diagnostic de TDAH dans les versions précédentes du DSM fût écrit pour aider les
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cliniciens à identifier ce trouble chez les enfants. Presque deux décennies de
recherche concluent qu’un nombre significatif d’individus diagnostiqués avec un
TDAH continuent le troublent en tant qu’adultes. Les preuves de ceci sont issues
d’études dans lesquelles les individus furent suivis des années ou des décennies après
leur diagnostic à l’enfance. Les résultats montrent que le TDAH ne s’éteint pas à un
âge particulier.
Les études montrent aussi que les critères DSM-IV sont tout autant valides chez les
adultes que pour les enfants, mais que la diminution du nombre de symptômes (cinq
au lieu de six) reste suffisante pour un diagnostic valable. A la lumière des
découvertes scientifiques, le DSM-V fait un effort spécifique pour s’adresser aux
adultes touchés par un TDAH afin de leur assurer d’obtenir les soins qu’ils
requièrent. »
En conséquence, ces données remettent en question l’hypothèse que le TDAH se mute en
TBDP.
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3.1.3 Iatrogénie : Troisième hypothèse, un TDAH associé à d’autres facteurs
(iatrogéniques), favorise l’évolution vers un TB (Figure 8).
Cette hypothèse rejoint l’idée de l’iatrogénie que nous avons développé plus haut. Etant
donné qu’un grand nombre de TBDP sont initialement traités par psychostimulants (179),
l’hypothèse qu’ils aient un effet sur le développement de la maladie est possible (327).
Mais, comme nous l’avons vu précédemment (voir 2.5.3), les dernières études s’orientent bien
au contraire vers un effet positif du méthylphénidate sur la survenue et le contrôle des accès
maniaques (268) (272) (273). Comme le rappelle officiellement le guide de l’ACAAP (53).
3.1.4 Epidémiologie, génétique, neurophysiologie : Quatrième hypothèse, TDAH et le
TBDP partagent des facteurs communs du registre biologique, par exemple familiaux,
génétiques ou neuro-physiologique.
Dans ce cas de figure, nous nous rapprochons d’une approche dimensionnelle des
manifestations cliniques. En effet, supposer qu’il existe un ou plusieurs supports communs du
registre biologique ou autre entre les deux troubles nous fait réfuter implicitement l’approche
catégorielle. Le ou les points communs entre les deux troubles seraient d’une autre dimension
que celle du registre symptomatique, et ne pourrait donc pas être catégorisé dans les
classifications internationales. C’est ce que nous allons développer par la suite.
3.1.4.1 Epidémiologie. (Tableau 3)
L’ouvrage de référence de GOODWIN et JAMISON estime la prévalence du TBDP à environ
0,3% (106). L’étude de SWANSON et al. (328) propose une prévalence pour le TDAH
d’entre 5 et 9% avec trois fois plus de garçon que de fille.
Concernant les comorbidités, des études plus récentes montrent que les deux troubles sont
régulièrement associés. GELLER et al. (306), WEST et al. (329), et FARAONE et al. (314),
argumentent que parmi les enfants atteints de TBDP, 57 à 100% d’entre eux sont aussi atteints
de TDAH. Ils précisent que l’âge de survenu est un critère important pour déterminer les
sous-types. A contrario, SACHS et al. (315) ne retrouvent un TDAH que lorsque les patients
bipolaires débutent leur trouble avant 19 ans.
Ces équipes soutiennent l’idée d’un sous-type de trouble bipolaire, associé au TDAH. Ce
dernier se présenterait différemment du TB classique. Lorsqu’on prend les enfants TDAH, le
taux de TBDP est lui aussi majoré (330).
Les études de cooccurrence mettent en avant que les deux troubles sont corrélés au-delà d’un
aléa statistique (145) (330) (315) (191). Même si le ratio varie, dépendant notamment de
l’échantillon d’étude (315) (305) (108).
L’équipe de FARAONE et al. réalise deux grosses études en 1997 et 1998. Ils sélectionnèrent
140 enfants TDAH et leurs 822 parents de premier degré pour en faire 140 familles testées.
En 1997, ils les comparèrent à 120 familles contrôles. Ils identifièrent que le risque d’avoir un
TB dans un membre des familles testées était plus élevé si les enfants TDAH étaient aussi
TBDP. Par contre, en cas de TDAH seul, le risque n’augmente pas. Ce dernier semble élever
le risque qu’un membre de la famille soit un TDAH seul ou sujet à une évolution vers des
épisodes dépressifs majeurs. Selon ces auteurs, il est alors possible de considérer que le
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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TDAH représente un sous-type de trouble bipolaire (191) (331). Voir figure 9.
Une étude plus récente (332), reporte que 28% de la descendance de parents TB présente un
TDAH. Lorsque la descendance de parents bipolaire est atteinte de bipolarité, ces travaux
suggèrent que 88% d’entre eux ont aussi un TDAH.
Par contre, cette équipe montre que les parents bipolaires ayant eu un passif de TDAH, ont un
risque majoré d’avoir des enfants bipolaires (plus ou moins associés à un TDAH) mais pas
pour un TDAH seul. L’ensemble des études traitant de la double liaison statistique est résumé
dans le tableau 3.
Année
Etudes de référence
Tableau 3. D'après Singh et al. (302)
Trouble
Nombre
Taux de
d'inclusion
de cas
TBDP chez les
TDAH
Taux de
TDAH chez
les TBDP
Ref.
1995
BUTLER et al.
TDAH
270
22%
(333)
1995
WOZNIAK et al.
TDAH
262
20%
2003
DILSAVER et al.
TDAH
104
60%
(334)
2004
WOZNIAK et al.
TDAH
280
15%
(335)
2005
BIEDERMAN et al.
TDAH
121
7%
(336)
2005
KESSLER et al.
TDAH (adultes)
3197
8,40%
(337)
1993
WINOKUR et al.
TB (adultes)
1995
WEST et al.
2000
2000
98%
(145)
900
21,30%
(312)
TB (adolescents)
14
57%
(329)
CHANG et al.
TBDP
60
28%
(332)
KOWATCH et al.
TBDP
42
71%
(212)
2002
SOUTOLLO et al.
TB (adolescents)
80
61%
(249)
2003
FINDLING et al.
TBDP
90
71%
(268)
2004
PERLIS et al.
TB (adultes)
1000
20.4%
(108)
2004
DELBELLO et al.
TB (adolescents)
10
20 et 40%
(338)
2005
NIERENBERG et al.
TB (adultes)
1000
9,5%
(316)
2005
PATEL et al.
TB (adolescents)
27
22%
(313)
Une reprise de ces travaux argumente fortement pour une liaison statistique, sans rapport avec
un biais (339) (340). Pour autant, ces travaux ne semblent pas permettre d’apporter une
preuve irréfutable quant à la sur-prévalence de l’association. Des équipes différentes précisent
que ces travaux sont toujours réalisés par les mêmes équipes, avec une sélection possiblement
trop large (les critères diagnostiques étendus), ou bien dans des centres spécialisés ayant une
trop grande tendance à diagnostiquer ces troubles (181). De plus, la variabilité des chiffres
obtenus (s’échelonnant entre 7 et 60% dans un sens et 21 à 70% dans l’autre sens) est
tellement importante, que cela pose la question d’une surcote artificielle (96).
Le TDAH est reconnu comme hautement familial. Les parents au premier degré ont un risque
de développer le trouble multiplié par cinq. Les études de jumeaux ont démontré que le risque
pour les monozygotes est de 51 à 82% alors que pour les dizygotes le risque n’est que de 0 à
40%. L’ensemble de ces données suggèrent que la part génétique du TDAH est de l’ordre de
80% (341) (342).
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Concernant le TB, c’est aussi un trouble hautement familial. Les apparentés au premier degré
ont un risque majoré par sept à huit. (343). Pour les études de jumeaux, le risque est majoré
par au moins huit fois pour les monozygotes. L’héritabilité est estimée aussi à 80%.
WOZNIAK et col. en 1995 (344), et en 2012 (méta-analyse de 239 cas) continuent d’explorer
cette piste. Selon eux, des parents bipolaires I ont un risque d’avoir des enfants bipolaires I
pour 59 à 87%. Par contre, le risque d’avoir un enfant bipolaire I lorsque les parents sont
atteints de TDAH n’est pas augmenté.
En somme, la bipolarité induirait de la bipolarité plus ou moins un TDAH, par contre le
TDAH ne semble pas suffisant pour induire du TBDP à la descendance (345). Ceci pourrait
être interprété comme un argument supplémentaire en faveur de l’hypothèse que le TDAH
soit une forme mineure de TBDP.
Pour autant, ces résultats ont été mis aussi en cause pour les mêmes raisons que
précédemment, en l’occurrence dans le choix des critères d’évaluations et un biais éventuel du
groupe d’étude.
Même si les études de coagrégation peuvent expliquer la comorbidité entre le TBDP et le
TDAH, les études de génétique vont être nécessaires pour affirmer ces données.
3.1.4.2 Génétique.
Il y a quelques études préliminaires de liaison génétique afin d’identifier les loci et allèles à
risque concernant le TDAH (346) (347). Le polymorphisme des gènes DAT1 et DRD4 (gènes
codant pour un récepteur dopaminergique) a été associé avec le TDAH (348) (349) (350).
Bien que ces recherches soient des pistes prometteuses, nous n’avons pas retrouvé d’étude
spécifique sur l’association génétique entre TDAH et TBDP.
3.1.4.3 Imagerie fonctionnelle
Quelques études d’imagerie fonctionnelle semblent suggérer qu’il existe des points communs
entre TDAH et TBDP.
En l’occurrence, la réduction du volume global cérébral (plus spécifiquement du corps
calleux, du noyau caudé, du corps pallidum et du cervelet) a été retrouvée chez des enfants
atteints de TDAH (351) (352).
Comparativement aux zones impliquées dans le TBDP (voir 2.2.3), on constate qu’il y a des
similarités (353).
A l’opposé, il semble que les jeunes TBDP ont un volume amygdalien plus faible (354) et une
augmentation du volume du striatum qui ne sont pas retrouvés dans le TDAH (355) (356).
Des études d’imagerie fonctionnelles plus récentes semblent identifier des activations
dysfonctionnelles similaires entre TDAH et TBDP.
En particulier dans le cortex préfrontal (357) (358) (359), le cortex cingulaire antérieur (360),
le putamen (361). Une étude d’ADLER et al. propose une analyse par IRM fonctionnelle
entre des patients TBDP avec ou sans TDAH (362). Selon ces travaux, les zones cérébrales
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
impliquées dans une cooccurrence entre TBDP et TDAH sont nombreuses, et il n’est pas
encore possible de départager très spécifiquement ces dernières. D’autres travaux sont à
réaliser.
3.1.5 Conclusion du différentiel entre TBDP et TDAH
Il faut retenir de toutes ces données que le TDAH est le principal diagnostic différentiel avec
le TBDP.
Il semble que le TDAH soit bien plus fréquent que le TBDP, et qu’il est nécessaire de
s’appuyer sur les antécédents familiaux pour poser le diagnostic.
En l’état actuel des connaissances l’analyse clinique reste complexe. Beaucoup de signe
cliniques sont présents dans les deux troubles ce qui réduit le nombre de signes spécifiques. Il
n’est même pas possible de trancher entre des différences cliniques dimensionnelles ou des
différences cliniques d’intensité.
Même le critère de stabilité temporelle du déficit attentionnel peut être rediscuté étant donné
le fait que le TBDP est reconnu comme « accéléré » et ayant rarement des phases intercritiques.
Auparavant, l’âge de survenue des troubles était un critère diagnostic fort, mais de nouvelles
données (persistance du TDAH à l’âge adulte) brouillent encore un peu plus les cartes.
Les éléments les plus pertinents et les plus solides restent la présence de l’élation de l’humeur,
avec les éventuels signes productifs psychotiques (délire, hallucinations…). Hélas, ils peuvent
parfois survenir secondairement à la prescription de psychostimulants (voir notre 2e cas
clinique). Quant à l’irritabilité, nous avons vu qu’elle pourrait être une dimension autonome.
De plus, nous avons proposé à la discussion l’intérêt que pouvait avoir l’exploration de deux
pistes particulières. Le trouble attentionnel sans hyperactivité et son rapport au TBDP ainsi
que le syndrome anxio-dépressif récurrent et son rapport au TDAH. L’un comme l’autre
pourrait proposer de nouveaux éléments afin d’aider au diagnostic. Mais ces pistes semblent
actuellement mises de côté.
De plus en plus de travaux usent de critères de validation externes (génétiques, neuroimagerie) proposant des pistes prometteuses, mais leurs conclusions sont parfois
contradictoires ou insuffisantes.
En conclusion, il nous semble que notre discussion nous présente un bel exemple d’une
déstructuration progressive des éléments catégoriels des troubles, au profit de l’émergence
d’une nouvelle approche dimensionnelle, pour l’instant en développement.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
3.2 Schizophrénie débutante
Avant 1990, les manifestations aiguës d’un TBDP orientaient le diagnostic vers une psychose
infantile (schizophrénie, ou trouble schizo-affectif) (1). Vraisemblablement parce que
l’épisode maniaque du TBDP, est particulièrement riche en signes du registre psychotique
(174) (94).
Les travaux des années 90 à 2000 ont permis de reconnaître formellement la possibilité qu’un
TB puisse survenir avant 20 ans. En conséquence, il nous semble utile de revenir sur le
diagnostic différentiel de schizophrénie (SCZ) à début précoce (SDP).
Face à un enfant en état d’agitation aigu d’allure maniaque, la première interrogation du
clinicien est de savoir quel est le trouble sous-jacent à cette manifestation.
Mais ce n’est pas la seule qui se présente à nous lorsque nous irons discuter des intrications
différentielles entre un TBDP et une schizophrénie à début précoce (SDP). En effet, il ne faut
pas s’arrêter à la présentation maniaque très fréquente chez l’enfant. Même si cette clinique
interpelle par son caractère urgent, peut-être que les critères différentiels les plus utiles ne se
retrouveront pas dans la clinique « bruyante », mais dans une clinique plus fine.
Cette approche va nous permettre de mettre en perspective les notions de phase prodromiques
dans les deux troubles. En effet, la schizophrénie est reconnue comme ayant trois phases
évolutives. Une phase prémorbide qui s’étend de la naissance à l’apparition des premiers
signes de la maladie. Une phase prodromique qui est marquée par les premiers signes de la
maladie. Ces prodromes déterminent le début de la maladie. Et enfin, une phase psychotique
qui est marquée par la survenue des symptômes psychotiques et qui marque le début de la
psychose.
Cette évolution n’est pas sans rappeler nos observations dans le cadre du TBDP. Il nous
semble se dégager que le TBDP (dans l’hypothèse où il est continu à un TB de l’adulte)
présente une période blanche, puis une période prodromique que l’on pourrait associer aux
manifestations confuses du TBDP, puis une évolution vers sa forme adulte.
Après cette réflexion, nous nous attarderons sur les données épidémiologiques et les critères
de validation externe entre les deux troubles.
Enfin, nous ouvrirons la discussion sur la dimension de la désorganisation bien étudiée par
ANDREASEN qui nous semble un élément particulièrement judicieux dans une réflexion
entre TBDP et SDP.
3.2.1 Clinique du premier épisode.
3.2.1.1 Spécificités cliniques
A l’instar des premiers épisodes aigus psychotiques chez l’adulte, les premiers épisodes aigus
peuvent être confondus entre l’amorce d’un trouble bipolaire et celle d’une schizophrénie.
Particulièrement avec la haute fréquence de manifestation psychotiques dans les états
maniaques chez les enfants (17) (106) (363).
Les critères diagnostiques utilisés la CIM-10 contiennent des symptômes qui ne sont pas
pathognomoniques, mais qui apparaissent de façon caractéristique au cours de la maladie. Le
diagnostic n’est accepté que si ces symptômes persistent au moins un mois. Dans la CIM-10,
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
il n’y a pas notion de prodrome.
Dans le DSM-IV-R, il est nécessaire d’observer une association de symptômes
caractéristiques qui se manifestent de façon active pendant au moins un mois sur une durée
globale de six mois. Ainsi, il existe deux critères de temps : une période d’observation de six
mois au cours de laquelle on observe des signes permanents de perturbations et durant ces six
mois au moins un mois de symptômes dits de la phase active (364).
Les critères diagnostiques de la schizophrénie selon le DSM-IV-R sont :
Tableau 4 : Critères diagnostiques de la schizophrénie selon le
DSM-IV-R
A
Symptômes
caractéristiques
Deux ou plus des
manifestations suivantes :
Idées délirantes
(Si bizarres ; suffisant)
Hallucinations
(Si voix internes ; suffisant)
Discours désorganisé
Comportement
grossièrement désorganisé
ou catatonique
Symptômes négatifs
B
Dysfonctionnement social
C
Durée (voir supra)
D
Exclusion d'un trouble
schizo-affectif ou de
l'humeur
E
Exclusion d'un trouble
médical ou de l'usage de
substance
F
Relation possible avec un
trouble autistique
préalable
Il est intéressant de constater que le DSM-IV-R exclu les troubles schizo-affectifs et les
troubles de l’humeur. Il n’y est pas précisé de critères prodromiques. Il n’y est pas précisé non
plus de critères quant au retentissement de l’activité délirante.
Un délire très productif, avec une forte participation émotionnelle ou thymique, peut tout à
fait se confondre avec la description d’un premier épisode maniaque. L’agitation psychomotrice « secondaire » à l’activité délirante dans le cadre de cet épisode psychotique est très
clairement similaire à l’hyperactivité psycho-motrice retrouvée dans un premier épisode
maniaque (8) (174).
En somme, il ne semble pas possible actuellement de proposer des critères différentiels sur la
base du premier épisode, même si la présence d’une agitation orientera plus vers un TBDP
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
que sur une SDP. Il faudra obligatoirement prendre en compte l’environnement du sujet, ses
antécédents personnels et familiaux.
Toutefois, de nombreux auteurs prennent en compte l’existence de perturbations dans d’autres
dimensions. Pour KESHAVAN et SCHOOLER (365), on devrait en fait identifier six
catégories d’évènements pour identifier un premier épisode psychotique :

Déclin du fonctionnement social

Apparition de trouble du comportement

Apparition de signes positifs

Apparition de signes négatifs

Premier traitement médicamenteux

Première hospitalisation
En effet, la survenue de ces évènements n’est pas forcément concomitante. Immédiatement,
on peut constater qu’en dehors des signes négatifs, cette définition du premier épisode
psychotique peut tout à fait servir à la définition du premier épisode d’un TBDP.
3.2.1.2 Eléments de pronostic
Si l’on s’intéresse aux éléments de pronostic de SCZ usuellement proposés (23), nous
remarquerons :

Que l’âge de survenu précoce est péjoratif. Dans notre cas de figure, cet élément est
commun entre le TBDP et le SDP.

Qu’un mode de survenu aigu, de clinique « positive » c’est-à-dire productrice, est
meilleur qu’une survenue insidieuse.
Dans le cadre d’une SCZ, une évolution d’emblée lentement déficitaire est considérée comme
de moins bon pronostic. Or, nous verrons par la suite que cette présentation clinique de la
schizophrénie est vraisemblablement sous-diagnostiquée, car elle se présente sous la forme de
syndrome anxio-dépressifs atypiques souvent rebelles au traitement par antidépresseur.
Etant donné qu’il n’y a que très peu de données concernant le TBDP de forme dépressive, que
pourrait partager en réalité un TBDP se présentant comme une dépression chronique, avec
une SDP ? Nous nous permettons même de pousser la réflexion jusqu’à cette interrogation :
Un TBDP de forme dépressive, n’est-il pas une SDP ?
Ainsi, il pourrait y avoir collusion entre les deux troubles dans les formes infantiles.
Si jamais le TBDP se manifeste secondairement par des épisodes maniaques pourrait-il que ce
soit un échappement à l’évolution vers une SCZ ? Voire même, se pourrait-il que l’évolution
vers la manie soit « protectrice » vis-à-vis des signes déficitaires de la SCZ ?
Ceci semble pouvoir possiblement s’argumenter car la présence d’éléments thymiques lors du
premier épisode psychotique d’une SCZ est considérée comme élément de bon pronostic (23).
De même le caractère soudain du premier épisode est lui aussi considéré comme de bon
pronostic. Ce n’est pas sans rappeler le possible déclanchement aigu de l’état maniaque.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Enfin, précisons que le sexe féminin, est plutôt de bon pronostic pour la SCZ, nous nous
permettons de le mettre en rapport avec la possible disparité entre les garçons et les filles dans
le cadre d’un TDAH (328)11.
En conclusion, la clinique seule du premier état aigu, particulièrement chez l’enfant, est
insuffisante, en l’état actuel des connaissances pour départager l’étiologie d’un épisode
psychotique (366). Les éléments connus de pronostics, semblent tout à fait partagés entre les
deux troubles. Cette similarité a une grande conséquence sur la pratique courante, car il faudra
que le clinicien fasse preuve d’une prudence extrême lors du diagnostic en s’appuyant sur
d’autres éléments que la clinique, en particulier les antécédents personnels et familiaux.
3.2.2 Profil évolutif, phase prodromique
3.2.2.1 Critères cliniques de la phase prodromique de la schizophrénie.
En dehors du premier épisode psychotique, l’évolution des deux troubles pourrait être utile
pour affiner le diagnostic. Il est aussi nécessaire d’évaluer le contexte, les éléments personnels
et les antécédents familiaux du patient.
L’âge de survenue des premiers épisodes de la schizophrénie se situe entre 15 et 35 ans, (50%
avant 50 ans). Rare avant l’âge de 10 ans ou après 40 ans. Le début est plus précoce chez
l’homme que chez la femme (23).
En l’état actuel des connaissances, la SCZ est considérée comme un trouble évoluant en trois
phases (367) (368) (369):

Une période prémorbide qui s’étend de la naissance jusqu’à l’apparition de la maladie.

Une phase prodromique qui est marquée par l’apparition des premiers signes de la
maladie. Ces prodromes déterminent le début de la maladie.

Une phase psychotique qui est marquée par la survenue des symptômes psychotiques
et qui marque le début de la psychose.
La notion de prodrome a fait l’objet de nombreux travaux dans le cadre de la SCZ (370). Pour
certains auteurs, les prodromes font partie intégrante de la maladie. Pour d’autres, ils ne sont
pas assez spécifiques et leur valeur prédictive est trop faible (371) (372).
Ainsi, HAFNER et al. considèrent qu’elle débute avec l’apparition des premiers signes
négatifs, plus spécifiques (373) (374). Enfin, certains auteurs considèrent, que même si les
signes cliniques de la phase prodromique de la SCZ sont aspécifiques et faiblement prédictifs,
ils représentent en soi une population clinique en raison des handicaps conférés (en particulier
le retentissement cognitif), de la souffrance engendrées et de la demande de soin de ces
patients (375).
Les critères définissant cette phase sont en perpétuels remaniements. Ainsi, alors que le DSMIII-R contenait des critères prodromiques, ils sont exclus du DSM-IV et des suivants (376).
11
Ceci nous ouvre peut-être une voie de réflexion quant à une composante commune entre SCZ et TDAH,
supporté génétiquement sur le chromosome Y.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
La phase prodromique reste définie dans la CIM-10. C’est la période durant laquelle s’installe
une détérioration nette du fonctionnement, par rapport au niveau de fonctionnement antérieur.
C’est vraisemblablement sur cette définition que s’accordent la majorité des auteurs (377)
(378).
Etant donné l’absence de consensus, sa durée estimée est très fluctuante. Pour certains
auteurs, elle durerait en moyenne deux ans (379). Pour d’autres, elle pourrait s’étaler sur deux
à cinq ans, voire sept (368) (380).
Dès 1909, KRAEPELIN identifiait des signes avant-coureurs tels que de légères
modifications de la vie émotionnelle, une irritabilité, une perte d’intérêt et de capacité à
éprouver le plaisir, une hyperactivité ainsi qu’une diminution des capacités d’attention et de
concentrations.
Immédiatement, nous constatons les points communs avec d’autres troubles infantiles tels que
le TDAH (hyperactivité, trouble de l’attention et de la concentration) et le TBPD
(modification de la vie émotionnelle, irritabilité (SMD), perte d’intérêt et de capacité à
éprouver le plaisir).
Les signes prodromiques reconnus de la schizophrénie sont très insidieux (381). L’école de
BONN a identifié des signes subjectifs purs, internes au sujet et inaccessibles à l’observation
extérieure. De plus, ils sont fluctuants dans le temps et selon l’environnement (374). Il s’agit
entre autre :

D’un syndrome « cénesthésique » : associant des désordres neuro-végétatifs avec
troubles hypochondriaques (sensation de mouvement, de tiraillement, de pression,
d’électricité, de chaleur).

D’un syndrome « asthénique » : associant épuisement, fatigabilité à l’effort,
diminution de la résistance au stress, des capacités de récupérations et d’endurance.

D’un syndrome dépressif.
Ceci n’est évidemment pas sans rappeler les manifestations somatiques de l’anxiété que l’on
peut retrouver dans les syndromes dépressifs de l’adolescent, que nous avons vu comme
facteurs prédisposant au TB (300) (301).
Le DSM-III-R définissait la phase prodromique par la présence simultanée de deux des
symptômes prodromiques suivants : Une détérioration nette du fonctionnement par rapport au
niveau antérieur. Des affects émoussés ou inappropriés. Des difficultés de concentration. Une
idéation bizarre. Des expériences perceptives inhabituelles. Un changement dans la
personnalité du sujet.
Toutefois, ces critères donnaient lieu à un nombre important de faux positifs puisque
MCGORRY et al. (382) ont montré dans une étude portant sur un échantillon de 657 étudiants
(âge moyen = 16,5 ans) que presque 50 % remplissaient les critères DSM-III-R de phase
prodromique. Ce taux restait élevé même après inclusion d’un critère d’évolution de six à
douze mois.
YUNG et MCGORRY (378) (370) définissaient de manière rétrospective, pas moins de sept
catégories de symptômes prodromiques :

Des symptômes névrotiques (anxiété, impatience, irritabilité, colères, phénomènes
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
obsessifs et compulsifs, voire hystériques).

Des symptômes thymiques (humeur dépressive, oscillation de l’humeur, culpabilité et
idéation suicidaire).

Des modifications de la volition (réduction pulsionnelle et motivationnelle, sensation
d’ennui, perte d’intérêt, fragilité et anergie).

Des troubles cognitifs (diminution des capacités d’attention et de concentration,
troubles de la mémoire et phénomènes de blocage de la pensée).

Des symptômes physiques (plaintes somatiques, troubles du sommeil, perte de poids et
d’appétit).

Des modifications comportementales (retrait social, détérioration du fonctionnement
scolaire ou professionnel, impulsivité, agressivité, comportement perturbateur ou
bizarres)

Enfin, une catégorie résiduelle (phénomènes dissociatifs, suspicion, méfiance,
distorsions des perceptions, anomalies motrices et du langage).
Dans une étude rétrospective, MOLLER et HUSBY (383) ont évalué la perception de signes
prodromiques par des patients souffrant d’un premier épisode schizophrénique (N=19, âge
moyen = 22,4 ans) et par leur famille à l’aide d’un entretien semi-structuré. Les auteurs
mettent en évidence deux dimensions.

Une en rapport avec les expériences et les perceptions : perturbation de la perception
de soi, envahissement par des pensées prégnantes, perturbations « neurotoniques »
(anxiété, agitation, instabilité, dépression), troubles du cours de la pensée, prémisses
d’idées délirantes, perturbation du contrôle mental, élaboration de stratégies
d’adaptation et troubles des perceptions usuelles.

Une en rapport avec les modifications du comportement : quitter l’école ou le travail,
modification durable et marquée des intérêts, passivité sociale marquée et durable,
comportement d’évitement social extrême et changement marqué et durable du
comportement et/ou de l’apparence.
Ainsi, la phase prodromique de la schizophrénie et très clairement polymorphe, reprenant des
signes dans à peu près tous les champs de la clinique psychiatrique. De plus, même si les
symptômes retrouvés dans la phase prodromique semblent accessibles par un interrogatoire de
l’entourage ou de manière rétrospective (383) (370), les auteurs mettent en garde au sujet de
la fiabilité de ce type d’interrogatoire (384) : « Le rapport de manière rétrospective des
origines des psychoses et du tableau prémorbide est sujet à distorsion. »
3.2.2.2 Le TBDP, phase prodromique d’un TB ?
En comparant le profil évolutif de la schizophrénie à celui du TB, nous sommes étonnés d’un
certain nombre de ressemblances.
Premièrement, les deux troubles semblent présenter une phase prémorbide, « blanche » de
tout symptôme. Cette période est-elle réellement dénuée de tout symptôme ou bien le sujet
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
n’est pas en mesure de les manifester, ou de les ressentir ?
Deuxièmement, les deux troubles présentent une phase préalable à l’installation du trouble.
Nous proposons que le TBDP soit un équivalent de phase prodromique. Si l’on se place dans
l’hypothèse de la continuité entre TBDP et TB, pourquoi ne pas considérer que la clinique
polymorphe du TBDP, puisse être une phase prodromique du TB ?
En effet, même si le TBDP peut se manifester par d’authentiques état maniaques, nous avons
vu que les cas la présentation la plus courante relevait d’une clinique polymorphe, mal
définie12, à l’instar des manifestations polymorphes de la phase prodromique de la SCZ.
Enfin, nous avons vu que la bipolarité puisse être « masquée », lors de présentations anxiodépressives ou somatisées. Et nous constatons qu’il manque un certain nombre de données sur
l’hypothèse de la dépression chronique comme manifestation princeps d’un TBDP.
Sur ces arguments, nous proposons à la réflexion que les manifestations polymorphes de
TBDP soient en réalité des manifestations prodromiques d’un TB de l’adulte sévère. « Dans
l’attente » d’une symptomatologie de l’adulte sévère, mais plus classique, le TBDP serait, à
l’instar de la phase prodromique de la SCZ, un TB de forme « brouillonne », possiblement
parce que tous les paramètres génétiques, neuronaux et développementaux ne sont pas encore
entrés en ligne de compte, ou « activés » pour présenter la clinique de l’adulte.
Sur cette considération, nous nous permettons de continuer le parallèle conceptuel, mais aussi
clinique entre TBDP et SCZ.
Effectivement, les deux troubles partagent une phase psychotique, à partir du moment où des
signes cliniques plus précis et plus manifestes ont éclos. La présentation « usuelle » apparaît
donc dans une forme plus « pure ». Nous proposons la figure 10 pour illustrer notre réflexion.
3.2.2.3 TBDP de type II et phase prodromique de schizophrénie ?
Un autre questionnement est possible lorsque l’on garde en tête que la phase prodromique de
la SCZ présente une clinique du registre de la dépressivité atypique. La phase prodromique est
donc une association discrète de retrait sur soi, de retrait social, et de prémices de trouble du
cours de la pensée, notamment sur le registre de la discordance.
Ceci peut aider le clinicien à faire la part des choses dans les antécédents du patient. Cette
présentation orientera alors vers un possible diagnostic de SDP, alors que des antécédents
d’agitation orienteront vers un TBDP. Mais ceci uniquement avec une très grande prudence.
Pourtant, nous avons déjà remarqué et nous le répétons particulièrement ici, que la plupart des
travaux au sujet du TBDP se focalisent particulièrement sur la présentation et les signes du
registre maniaque. Rares sont les travaux sur le suivi des TBDP, encore plus rares sont les
travaux sur le suivi des patients TBDP de présentation dépressive principale. Il manque très
clairement des travaux pour explorer cette facette du TBDP type II, et ses liens avec les
prodromes schizophréniques.
12
Etats maniaques avec signes psychotiques de forte intensité, cyclicité « perturbée », cycles rapides, ultrarapides, rareté des phases inter-critiques…
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Ce que nous pouvons remarquer, c’est qu’en marge des signes maniaques, quelques études
soulignent les déficits cognitifs et le handicap fonctionnel des fonctions supérieures présentes
dans le TBDP (192) (193) (170) (171) (172).
C’est avec circonspection et grande prudence que nous portons à la réflexion qu’étant donné
la possibilité théorique, (suggérée fortement par quelques travaux cités) que toute une frange
de patient puisse être à la marge entre TBDP et SDP. Il semble dommageable que les études
se focalisent plus souvent sur les signes cliniques les plus manifestes que sur les signes
cliniques les moins parlants. Encore une fois, quid de la dépression récurrente chez l’enfant et
l’adolescent ?
3.2.2.4 Concernant le trouble schizo-affectif.
La troisième voie, intermédiaire, à savoir l’usage du diagnostic de trouble schizo-affectif ne
nous semble pas permettre d’avancer sur la question. Au contraire.
Ce diagnostic est défini comme toute psychose contenant des signes de schizophrénie et de
signes de trouble de l’humeur mais ne remplissant pas tous les critères de l’un ou de l’autre
pris isolément.
Un certain nombre d’auteurs sont très critiques quant à ce diagnostic, étant donné son
caractère particulièrement commode pour catégoriser les patients atypiques.
Ainsi, comment comprendre que COHEN et al. ont estimé que presque 20% des cas de
TBDP, puissent être « redressés » vers un trouble schizo-affectif lors du passage à l’âge
adulte (174). Comment comprendre ces données ? Est-ce une évolution naturelle du TBDP ou
bien est-ce dû à une erreur de diagnostic initial ? Comment comprendre le trouble schizoaffectif dans ce cas de figure ?
En replaçant ce type de travail dans son contexte historique et critériologique, nous pouvons
mieux comprendre. Notons qu’avant les années 70, le trouble schizo-affectif n’existait pas
comme catégorie en soi (385). Citons SARFATI :
« C’est ainsi qu’à côté du trouble schizophrénique et du trouble de l’humeur,
constituant 2 catégories dans les années 70, apparaît le « trouble schizo-affectif »
destiné à acceuillir tous les patients qui ont des signes et une évolution ni purement
schizophréniques, ni purement thymiques : Les années 1980 en font 3 catégories.
Considérée par la suite comme un regroupement symptomatique et évolutif pour le
moins hétéroclite, cette dernière est secondairement divisée en « sous-type affectif » et
« sous-type schizophrénique », aboutissant à 4 catégories dans les années 90.. Compte
tenu de l’hétérogénéité rebelle de ces derniers recoupements, une persévération dans
cette logique conduirait à créer 5 ou 6 nouvelles catégories supplémentaires (386),
portant à 10 les catégories émanant de l’initial découpage dichotomique. […]
C’est pourquoi en l’état actuel des connaissances et de l’avis de beaucoup, le
diagnostic de trouble schizo-affectif devrait être tout à fait exceptionnel, ce que son
caractère « commode » et fourre-tout et ce que le mésusage des instruments
diagnostiques critériologiques l’empêchent, en pratique, de rester. »
Nous partageons cette critique. Nous avons vu la logique critériologique se dirige vers un
nouvel éclatement nosologique, à l’inverse de sa motivation initiale. Nous considérons alors
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
le trouble schizo-affectif comme une manifestation très claire d’un glissement contreproductif de la logique statistique et catégorielle. Un tel diagnostic « fourre-tout » répond
probablement trop facilement aux situations cliniques. A l’extrême, pourquoi ne pas le poser
systématiquement devant toute agitation psychotique et traiter par principe tous ces cas de
figure par une association de neuroleptique atypique avec un thymorégulateur ?
3.2.3 Mise en place du traitement, Notion de durée de psychose non traitée
En fait, derrière la notion de phase prodromique, existe la notion des traitements précoces. La
prise en charge des états maniaques chez le mineur insiste en faveur du traitement précoce
(voir 2.6.3).
A l’évidence, la clinique de l’état maniaque oblige de facto à traiter. Concernant la phase
prodromique de la SCZ, la controverse est toujours d’actualité. Dans cette réflexion, une
notion nouvelle de « durée de psychose non traitée » (DUP : Duration of Untreated
Psychosis) fait son apparition.
Plusieurs études ont montré que cette période pouvait être très longue, entre quelques
semaines et plusieurs années, et variable d’un sujet à l’autre. Notamment en fonction de
l’environnement et de son accès aux soins (387).
Or, pour certain auteurs, c’est la rapidité de mise en œuvre du traitement qui conditionne le
pronostic ultérieur. Les conséquences d’un retard seraient alors très délétères : rémission plus
lente et moins complète, augmentation des rechutes et de la résistance (381).
Pour JOHNSON et al. (388) si cette durée de psychose non traitée est supérieure à un an (en
association avec un début insidieux et un score élevé de signes négatifs), le taux de rechute est
beaucoup plus important. Le DUP semblerait corrélé aux taux de dépression, de suicide et
d’altération du fonctionnement social. Cette considération, relayée par d’autres études (389),
peut-être mise en parallèle avec les recommandations concernant le TBDP. A savoir
l’importance d’un traitement précoce (voir 2.5.2)
A l’inverse, nous rappelons deux remarques déjà vues en première partie du mémoire. La
première est l’influence possiblement forte des conflits d’intérêts en faveur de la prescription
de psychotropes.
La seconde est l’absence de prédictivité des signes de la phase prodromique. Si 50% des
patients SCZ ont eu une phase prodromique, les 50% autres n’en ont pas eu. De même pour le
TB, un grand nombre d’entre eux n’ont eu aucune manifestation préalable (158) (159) (143).
Devant le taux important de faux positifs, des interventions précoces sont toujours sujettes à
caution. Pourtant, un certain nombre d’études suggèrent que les antipsychotiques atypiques
apportent un bénéfice sur l’amélioration des fonctions cognitives. Autant dans les phases
précoces que les phases avancées de la maladie (390) (391) (392).
Dans un essai thérapeutique randomisé sur une période de six mois, MCGORRY et al. (393)
ont évalué l’impact d’un traitement antipsychotique dans une population à haut risque
(N=38). Les taux d’émergence étaient plus faible chez les sujets ayant reçu de petites doses de
rispéridone (dose moyenne = 1,3mg) et une thérapie cognitive (10%) que ceux qui étaient
uniquement pris en psychothérapie de soutient (36%) (p=0.026). Le nombre de sujet qu’il
fallait traiter pour prévenir l’émergence d’un premier épisode était de 4. Ce qui est
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
relativement faible si l’on compare aux 13 personnes qu’il faut traiter contre l’hypertension
artériel pour prévenir un accident vasculaire cérébral (394). Un quart des sujets ont donc
véritablement bénéficié d’un traitement précoce. Mais il faut aussi souligner que trois-quarts
des patients ont pris de la rispéridone sans aucun bénéfice, et que 21 sujets ont été considérés
à tort comme étant à risque, alors que ce n’était pas le cas.
Ceci peut mettre en question la légitimité des interventions. Surtout vis-à-vis du risque de
traiter à tort des patients avec des psychotropes dont les effets secondaires sont importants
(voir 2.5.1). Cependant, les études préliminaires concernant l’effet protecteur et préventif des
traitements précoces, argumentent en faveur de ce dernier et dans les deux cas de figure, que
ce soit pour la SDP comme pour le TBDP.
En conclusion, nous constatons que les formes précoces de psychopathologie sont difficiles à
diagnostiquer. Le caractère insidieux de la SDP se démarque sensiblement des manifestations
maniaques du TBDP. Pour autant, il n’est pas encore possible de distinguer les formes
dépressives d’un TBDP, possiblement confondues avec les formes insidieuses de SDP.
3.2.4 Epidémiologie, prédispositions génétiques, âges de début
3.2.4.1 Epidémiologie
La prévalence de la schizophrénie est estimée entre 1 et 1,5% sur la vie entière. La répartition
semble égale entre les hommes et les femmes. D’autres paramètres entrent en ligne de
compte, tels qu’une augmentation de la prévalence pour des statuts socio-économiques
modestes ou défavorables. La prévalence semble être plus forte chez les individus d’origine
africaine ou hispanique. Mais ceci reste à caution en regard des corrélats avec le statut
économique. La saison de naissance est une donnée reconnue comme corrélée avec le risque
de SCZ. Ceci ne semble pas exister pour le TB (23).
Concernant la phase prodromique de la SCZ, sa fréquence varie d’une étude à l’autre,
possiblement par le fait que ses critères ne sont pas consensuels. Son taux varie entre 30%
(374) et 50% (382).
La prévalence du TBDP, est de l’ordre de 1% (102) (voir 2.1). Dans les études rétrospectives,
plus de la moitié des patients TB auraient débuté leur trouble avant la majorité, et
possiblement 20 à 30% avant l’âge de 15 ans (108) (186) (187).
Ces données ne permettent pas de tirer une quelconque conclusion. Nous n’avons pas retrouvé
de travaux spécifiques sur la cooccurrence et les liaisons épidémiologiques entre SCZ et
TBDP.
Plusieurs raisons peuvent être invoquées. D’une part, les travaux sur le TBDP sont dans
l’ensemble peu nombreux. De plus, la clinique des deux troubles n’est pas consensuelle. Si
bien qu’ils n’existent ni l’un ni l’autre dans la classification américaine (DSM-IV-R et DSMV). Enfin, l’existence du trouble schizo-affectif englobe toute présentation atypique et
empêche probablement artificiellement toute analyse croisée reprenant des critères
catégoriels.
Seuls des travaux reprenant des critères de validation externe pourraient voir le jour. Ou bien
par l’approche dimensionnelle.
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3.2.4.2 Gènes candidats
Il n’est pas de notre ressort de reprendre l’ensemble des données connues et s’étoffant chaque
jour au sujet de la biologie moléculaire de la schizophrénie. Nous nous contenterons de citer
quelques pistes précises qui auraient été mises en évidence communément entre TB et SCZ.
Deux régions ont été récemment mises en commun entre les TB et la SCZ. La première se
situe sur le chromosome quatre et contient trois marqueurs de la région 4q24-q34 (395) (396).
L’autre se situe sur le chromosome 18 (397) (398).
Ceci permet d’évoquer que dans le cadre de l’hypothèse neuro-développementale de la SCZ,
les origines sont multicentriques et polygéniques. Certains semblent être communs entre les
TB et la SCZ. Mais, la recherche génétique en psychiatrie, malgré son développement est
toujours limitée par les divergences cliniques et étiologiques. De nombreux auteurs ont insisté
sur la nécessité de privilégier les études d’association testant des gènes candidats. Mais de très
grands échantillons sont nécessaires pour avoir une puissance suffisante (399).
3.2.4.3 Ages de début
La SCZ, comme le TB partagent le fait d’être à déterminisme multifactoriel. L’âge de début
de la SCZ semble avoir aussi permis d’identifier des sous-groupes plus homogènes.
Ce démembrement s’est avéré fécond en permettant de séparer les formes à forte composante
familiale des autres. Un âge précoce semble être particulièrement associé au risque familial
(400).
Il existe une forte corrélation pour l’âge de début de la maladie chez les germains atteints,
variant de 0,2 à 0,4, et chez les jumeaux monozygotes, variant entre 0,5 à 0,8 (401). De plus,
la diminution d’âge de début de la schizophrénie de génération en génération semble être en
accord avec un phénomène d’anticipation génétique (402).
L’équipe de M. LEBOYER a réalisé des travaux similaires sur les âges de début dans la SCZ
que pour le TBDP. Selon cette équipe, il existerait une distribution bimodale (trimodale
comme dans le TB) avec deux pics d’âges de début. Le premier serait à 19,9 ans et le second à
33,4 ans. Le groupe précoce serait composé de plus d’hommes, avec des symptômes négatifs
prédominants. Le groupe tardif serait composé de plus de femmes avec des symptômes
délirants prédominants. Le risque familial y serait aussi plus faible (403) (404) (405).
3.2.5 La désorganisation, une nouvelle dimension ?
Une des approches plus fine retourne au paradigme triple de la schizophrénie et à une
approche similaire à celle de BLEUER (406). C’est-à-dire s’axant sur un mécanisme source
entrainant les symptômes visibles, et non une approche statistique comme celle des
classifications modernes. BLEUER identifie les « quatre A » et s’en sert comme symptômes
cardinaux : association, affect, autisme et ambivalence (23). Cette approche est très similaire à
une approche dimensionnelle.
Pourtant, l’approche dichotomique positive/négative fut un temps l’approche prééminente
pour la compréhension de la schizophrénie, les auteurs classant alors les signes de la
désorganisation soit comme conséquence des signes productifs, soit comme manifestations de
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la dimension déficitaire négative.
Dans les années 80, ANDREASEN reprend le paradigme de BLEUER et place le relâchement
des associations comme axe cardinal de la schizophrénie :
« E. BLEUER met au centre de la symptomatologie schizophrénique et ne semble pas
trouver indispensable au diagnostic la présence de délire ou d’hallucinations. Peutêtre que le DSM nous a-t-il éloigné de la « réelle maladie » schizophrénique, en
mettant en exergue deux symptômes qui ne sont pas nécessairement les plus pertinents
pour comprendre cette maladie et en proposer un modèle. […]
Le modèle que l’on peut proposer n’est pas défini par des symptômes psychotiques
mais par une altération fondamentale de la fonction cognitive neuronale, c’est-à-dire
la capacité à penser, à sentir…, qui est la caractéristique partagée par tous les
patients schizophrènes. » (407)
Ainsi, ANDREASEN se démarque de l’approche classique car elle propose une triple lecture.
Ces dernières contiennent :

les signes positifs, usuellement les productions délirantes,

les signes négatifs, usuellement les altérations du fonctionnement des fonctions
supérieures,

l’axe de la dissociation/désorganisation.
De nouveaux travaux sur la schizophrénie (SCZ) argumentent fortement comme dimension
autonome du relâchement des associations (408) (409). Cet axe symptomatique risque là
encore de poser de nouvelles questions quant aux liaisons entre la clinique d’un TBDP et celle
d’une SDP.
En effet, comment interpréter la clinique confuse du premier état aigu ? En particulier les
signes de discordance, la présence des signes résiduels en inter-critique (51) (52), ou bien la
présence de handicap fonctionnel dans les épreuves cognitives (170) (171) (172) ?
3.2.6 Conclusion du différentiel entre SCZ et TBDP
Ainsi, nous avons vu que la SCZ en tant que diagnostic différentiel TBDP n’est pas le plus
manifeste.
A la source de ce questionnement est évidement la difficulté pour attribuer à l’un ou l’autre un
épisode maniaque sévère chez un enfant ou un adolescent. Particulièrement lorsque c’est le
premier.
Le suivi de l’évolution permet d’avoir d’autres arguments pour l’établissement du diagnostic.
Et particulier la présence de signes déficitaires. Cependant, étant donné l’absence de données
fiables concernant un TBDP de forme principalement dépressive, il reste un champ mal
exploré de possible relations entre les signes prodromiques de la SCZ et le TBDP.
Dans la même optique, nous avons même proposé à la réflexion que le TB puisse partager une
évolution similaire à celle de la SCZ, c’est-à-dire une évolution en trois étapes. Dans cette
hypothèse, le TBDP pourrait être considéré comme une phase prodromique de TB, avec des
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symptômes complexes, donc mal délimités, « dans l’attente » d’une maturation définitive du
trouble, rejoignant alors une présentation clinique plus conventionnelle. Proposer cette
analogie permet alors de faire ressortir un ensemble de questions (voir figure 10) et met en
avant l’importance de la phase de maturation dans l’histoire des deux troubles.
Au-delà des similarités entre premier épisode et profil évolutif, nous avons proposé une
dernière piste de réflexion : la désorganisation. Cette composante dimensionnelle permettrait
d’envisager d’autres points communs : la désorganisation psychique dans les phases
maniaques (subséquentes à la tachypsychie par exemple) mais aussi la désorganisation
psychique « princeps » (que l’on peut aussi retrouver dans les phases dépressives ou
résiduelles). Qu’il ne faut pas confondre avec les signes déficitaires du déclin cognitif, lui
aussi commun aux deux troubles.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
3.3 Présentation de cas clinique
3.3.1 Cas typique de TBDP : Valentin, né le 27/12/93
Pour illustrer notre travail, nous présentons le cas de Valentin, que nous avons croisé dans
notre pratique.
3.3.1.1 Antécédents personnels
Grossesse et accouchement normaux.
Malformation gastrique qui impose un fractionnement des repas jusqu’à 3 ans.
Otites séreuses passées inaperçues jusqu’à l’âge de 4 ans. Paracentèse et adénoïdectomie.
Rhinite allergique. Taille et poids normaux
3.3.1.2 Antécédents familiaux
Ainé d’une fratrie de 2. Un frère cadet.
Parents mariés.
Mère : 30 ans, agent technique spécialisé en école maternelle. A un frère ainé.
Père : 30 ans, technicien. Grand-mère maternelle décédée par suicide en 95 (l’enfant avait 14
mois). Le frère à 3 frères et 2 sœurs.
Pas d’antécédent familial psychiatrique retrouvé mis à part le suicide de la grand-mère.
3.3.1.3 Histoire des troubles
 Scolarisé à 2 ans et 8 mois. Pas de manifestation anxieuse.
Assez instable, avait du mal à suivre les consignes. Pouvait être agressif avec ses pairs.
Mordait, difficultés à s’intégrer, possiblement en rapport avec le retard de langage.

Redoublement de la grande section. Passage au CP : pas de difficultés pour
l’acquisition de l’écriture. Maîtrise l’orthographe, mais a des difficultés graphiques.
Ecriture peu soignée, repasse plusieurs fois.

CE2 : année très difficile. Perte des acquis en technique opératoire.

CM1 : récupération progressive, mais baisse les bras face aux difficultés, peu
persévérant. Bon niveau en orthographe et en français. Difficultés dans les
raisonnements opératoires. Pas de sport : n’aime pas les règles.

Suivi en rééducation orthophonique à partir de la moyenne section.

Première consultation en mars 99 (5 ans, grande section de maternelle) pour
problèmes d’intégration à l’école, agressivité avec les pairs et avec son frère. Suivi
individuel avec infirmier.
Bilan psychomoteur de 99 : schéma corporel mal intégré ; difficultés d’organisation et de
structuration spatiale ; difficultés graphiques et de motricité fine.
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Poursuite rééducation psychomotrice jusqu’en décembre 2001.

2002 : Apparition de tics vers 8 ans et demi. A type de raclements de gorge. Puis tics
de flairage puis tics moteurs complexes : sent ses doigts, lance ses bras en l’air, écarte
les jambes, regarde sous ses chaussures, secousses de tête. Ne pouvait prendre une
bouchée qu’après l’avoir flairée, et ce pendant plus d’un an.
Plusieurs consultations somatiques et neuro-pédiatriques. Sans origine retrouvé. Nouveaux
tests psychomoteurs en 2004 : troubles des coordinations fines, résultats surprenants :
meilleurs résultats en non-verbal qu’en verbal. Difficultés attentionnelles.
Echelle de CONNERS enseignant et parents de 2004 très significative.

2004 : changement de psychiatre. Initiation d’un traitement par méthylphénidate
(Concerta 18mg) (poids=34kg).
Bonne tolérance, bonne efficacité du traitement sur l’attention et le comportement.
Augmentation à 36mg six mois plus tard. Pas de majoration des tics. Restent nombreux mais
fugaces. Se majorent en cas de stress.

2005 (âge=12 ans) : apparition de la variabilité de l’humeur. Cyclicité diurne. Elation
de l’humeur en fin de journée. L’anxiété de fond se majore, nombreuses somatisations
récalcitrantes.
Arrêt du méthylphénidate pour cause de perte de poids. Reste relativement stable. Beaucoup
plus de difficultés scolaires à l’entrée en 6e. Manque de motivation. Désintérêt. Persistance de
l’impulsivité et de la distractibilité.

2006 : Année de 6e médiocre/basse. Réinstauration du traitement. Passage à Ritaline
LP 40mg.

Début 2007 : Aggravation de l’impulsivité et du caractère « sensitif » de l’enfant.
Ajout de rispéridone (risperdal) 1mg le soir. Efficacité sur le comportement en classe
et sur ses rapports à autrui.
Juin 2007 : Arrêt du méthylphénidate. Pour une « drug holidays ». Poursuite du risperdal.
Septembre 2007 : Hypomanie à l’entretien médical : logorrhée, familiarité, désinhibition,
propos sexualisés, gestes déplacés.
Passage au divalproate de sodium (dépakote) 250mg deux fois par jour.
Efficacité immédiate du traitement (en 48h). Action sur la cohérence de la pensée, disparition
des digressions. Mais persistance d’une labilité de l’humeur. Augmentation du dosage à
500mg deux fois par jour.
Octobre 2007 : Plus stable mais reste irritable. Augmentation du risperdal.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels

Janvier 2008 : Résultats scolaires moyens. Discours souvent diffluent. Réinstauration
du méthylphénidate. Bonne efficacité.
Juillet 2008 : passage à Abilify 5 mg. Est mieux.

Novembre à mai 2009 : altération du comportement : quelques vols pour un début
d’addiction aux jeux de hasard. Oppositions ponctuelles. Résurgence des tics.
Octobre 2009 : arrêt du méthylphénidate. Moins d’angoisse, disparition des tics.

2010 : mauvais résultats scolaires. Réorientation vers une filière professionnelle. Fait
un stage dans la police municipale : excellentes appréciations. Améliorations du
comportement, plus de vols ni de jeux de grattage.

2011 : thymorégulation insuffisante : dépakinémie insuffisante. Augmentation de la
posologie puis passage à la quétiapine (Xeroquel) à 600mg/ jour. Très bonne efficacité
globale. Moins impulsif, moins irritable.

Stabilité depuis 2011.
3.3.1.4 Critique du cas
Ce cas est intéressant car il va nous servir d’exemple pour rappeler plusieurs notions.
En premier lieu, notons le retard à la prescription médicamenteuse encore très souvent présent
dans les suivis pédopsychiatriques : Premiers troubles patents en 1999, première prescription
en 2004 soit un retard thérapeutique de presque 5 ans. Phénomène assez souvent en rapport
avec les orientations des thérapeutes.
Concernant le contexte familial, il semble bon. Le seul antécédent suspect est le suicide de la
grand-mère paternelle. Le noyau familial est stable, les parents sont impliqués dans la prise en
charge. Ils remarquent vite les troubles et s’organisent en conséquence (en témoigne les
consultations somatiques de 2002), même s’il y a une relative errance médicale. Ce qui est
possiblement révélateur d’une carence informative au sujet des troubles pédopsychiatriques
dans la population générale.
La présentation initiale du trouble est en rapport avec des difficultés scolaires dont l’étiologie
est difficile à départager. Est-ce en rapport avec un retard de développement psychomoteur ?
Est-ce secondaire des troubles auditifs ? Est-ce déjà en rapport avec un trouble attentionnel ?
En 2002, notons l’apparition de tics (qui peuvent se retrouver dans le TDAH, comorbidité
fréquente). Les tics peuvent aussi exister dans le développement normal d’un enfant.
Quoiqu’il en soit, ils compliqueront la prise en charge, notamment pour la prescription du
méthylphénidate, qui risque de les majorer. C’est ce qui justifie un début de prescription à
demi-dose, avec une augmentation très progressive.
Remarquons aussi que la variabilité de l’humeur semble apparaître après les signes de TDAH,
à l’âge de 12 ans, alors que le TDAH est apparu vraisemblablement à l’âge de 4 ou 5 ans.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Qui plus est, la cyclicité des troubles de l’humeur peut être méprise avec la variabilité
comportementale liée au TDAH traité. En effet, la spécificité médicamenteuse du
méthylphénidate est d’avoir une action rapide avec un temps d’action court à très court (de 4h
pour la ritaline à 12h pour le concerta). En conséquence, il est usuel de voir les signes
d’agitation d’un TDAH traité s’amender 30 à 45 min après la prise médicamenteuse du matin,
pour ressurgir dès la fin de dose (effet « on/off »), en fin de journée. Ce qui pourrait mimer un
cycle rapide de TBDP.
L’anxiété de fond concomitante à l’apparition de l’élation de l’humeur ne permet pas de
certifier le TBDP, de nombreux TDAH se compliquent d’anxiété.
En 2005, nous noterons l’obligation d’un arrêt thérapeutique pour perte de poids. Suite à cet
arrêt, et en concomitance avec le passage en 6e, les performances scolaires semblent
s’effondrer, bien que le comportement puisse rester relativement stable, malgré l’impulsivité
et l’irritabilité. On note la démotivation. Remarquons la similarité avec de possibles signes
dépressifs.
En 2007, à l’âge de 14 ans, la sensitivité de l’enfant devient manifeste, avec une tendance à
l’interprétation, et des troubles comportementaux qui se majorent. Nous sommes en présence
d’un signe clinique vraisemblablement « psychotique » mais qui pourrait s’expliquer par un
phénomène de « bullying scolaire ». En effet, les enfants atteints de troubles psychiques
entrent souvent dans un cercle vicieux avec leurs pairs. Leur comportement entraîne une
exclusion par les autres qui renforce leur comportement inadapté. La persécution subie
pourrait expliquer une certaine sensitivité du patient. Notons le vraisemblable effet de la
puberté pour la révélation des symptômes.
Notons enfin l’efficacité modérée du méthylphénidate, même combiné à la rispéridone, sur
l’impulsivité. Rappelant la possible autonomie dimensionnelle de l’irritabilité.
L’année 2007 est très riche d’un point de vue clinique. L’arrêt du méthylphénidate au cours
des congés d’été (justifié par l’épisode de perte de poids en 2005) entraine vraisemblablement
la majoration de la dysthymie. La consultation de rentrée de septembre 2007 est
particulièrement révélatrice.
La présence des signes d’hypomanie entraîne la prescription immédiate du divalproate de
sodium. Dont l’action est spectaculaire, notamment sur la variabilité de l’humeur. Le
diagnostic de TBDP est alors posé. L’irritabilité quant à elle n’est contrôlée qu’avec
l’augmentation du risperdal.
En 2008, nous pouvons remarquer qu’il persiste une diffluence du discours. Le caractère
tangentiel du raisonnement sera sensible à la réinstauration du psychostimulant.
En 2009, un phénomène paradoxal se présente. Il existe une opposition, des menus larcins et
une tendance addictive aux jeux de hasard. Les tics reviennent. Ces phénomènes sont
interprétés comme en rapport avec une anxiété irritée, parfois secondaire au méthylphénidate.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
L’arrêt de ce dernier semble faire diminuer l’anxiété de fond, et on constate un amendement
relatif des tics, des oppositions et des compulsions.
En 2010, les résultats scolaires moyens peuvent témoigner de plusieurs phénomènes. Soit il
s’agit des conséquences neuro-physiologiques du trouble neuropsychiatrique. Soit il s’agit des
conséquences de la scolarité perturbée au long court, soit il s’agit d’une décompensation du
trouble. Quoiqu’il en soit, nous remarquerons que malgré ce phénomène l’enfant peut être
réorienté vers une filière plus adaptée à son niveau. Remarquons de plus sa très bonne
adaptation dans son stage à la police municipale. Exemple intéressant pour illustrer la
sensibilité des troubles psychiatriques au contexte, particulièrement chez les mineurs.
Paradoxalement, alors que des manifestations puissent relever des troubles oppositionnels, la
mise en situation dans un milieu cadré et cadrant (hiérarchisation et formalisme des
institutions policières), se révèle particulièrement bénéfique pour le patient13.
En 2011, notons enfin un nouvel exemple de l’impératif à maintenir une efficacité
médicamenteuse. La dysthymie manifeste est liée à un dosage insuffisant. D’où l’importance
d’un suivi régulier contrôlant la biologie, le dosage médicamenteux, et l’adaptation
médicamenteuse aux évolutions du patient notamment le gain de poids lié à la croissance.
Le changement de molécule, passage à la quétiapine, à un dosage adapté, permet de simplifier
l’ordonnance. Regroupant ainsi l’effet thymorégulateur et antipsychotique. Le
méthylphénidate ne semble plus utile. Le patient est régulièrement suivi depuis, s’est intégré
socialement, a trouvé un travail et semble avoir une vie « normale ».
En conclusion de notre analyse, nous mettrons en avant deux points forts de ce cas.
Premièrement nous remarquons l’efficacité du « style » thérapeutique. Cette prise en charge
témoigne d’une réactivité importante du thérapeute, en temps réel, qui adapte régulièrement la
prescription en fonction des présentations symptomatiques. Le thérapeute agit rapidement,
mais sans précipitation, à toute modification par une lecture dynamique du patient.
Ce qui sous-entend une excellente connaissance de la clinique fine et des effets attendus ou
craints des molécules. Pour réussir une telle composition thérapeutique, adaptée en temps réel
et évolutive, il est incontournable d’établir une excellente communication avec le patient et
ses parents. La confiance et la participation mutuelle médecin-malade est capitale. Le
méthylphénidate est instauré, arrêté, réinstauré, modifié…
Pour obtenir une telle adhésion et compliance, il aura obligatoirement fallu expliquer les
troubles, les intrications de ces derniers dans les comportements et leurs conséquences.
Ce style réactif nous semble définitivement la clef pour la prise en charge de tout patient
psychiatrique. Reconnaître l’importance du traitement, le timing de son instauration, mais
13
Ce qui pourrait justifier possiblement le fait que de nombreux patients TDAH arrivés à l’âge adulte se
retrouvent dans des milieux professionnels hiérarchisés, formels et dynamiques tels que l’armée, la médecine
hospitalière (service des urgences particulièrement) et les professionnels de la restauration/hôtellerie…
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
aussi le timing de son arrêt. Ne pas se laisser prendre au piège de possibles positionnements
dogmatiques.
La deuxième remarque sur ce cas, est que ce style de prise en charge est conceptuellement
reposé sur une lecture neurologique et dimensionnelle du trouble. Nous remarquerons qu’une
approche critériologique, appuyée sur des critères comportementaux n’aurait sans doute pas
permis une réactivité médicale aussi performante. Le patient semble avoir été « lu », non pas
au travers de cases critériologiques mais au travers d’un prisme dimensionnel.
Les symptômes présentés ne sont pas intégrés dans une liste, en rapport avec des critères
relatifs (tels que la résurgence des tics et l’opposition de 2009). Ils sont en fait interprétés dans
leur dimension diachronique et synchronique.
C’est ainsi que l’anxiété « opposante » ainsi que les tics et même les compulsions de 2009,
sont mis en lien avec le possible effet paradoxal du méthylphénidate. Son arrêt permet une
amélioration.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
3.3.2 Signes délirants sous méthylphénidate : Kevin, né le 03/03/2005
Notre deuxième cas clinique nous permet d’approfondir les notions de vulnérabilité, et
l’importance de la maîtrise pharmacologique.
3.3.2.1 Antécédents personnels
Grossesse et accouchements normaux.
Allergie à l’amoxicilline.
Pas d’autre antécédent.
A des lunettes et est gaucher.
3.3.2.2 Antécédents familiaux
Un grand frère plus âgé de 10 ans.
Un petit frère moins âgé de 3 ans.
Mère : 29 ans, niveau seconde. En recherche d’emploi. Une sœur. Un demi-frère placé en
famille d’accueil pour retard mental et agitation.
Grand-père maternel suivi en psychiatrie pour dépendance à l’alcool et dépression chronique.
Grand-mère maternelle suivie en psychiatrie pour dépression. Décédée en 2003. Mort
naturelle.
Père : 35 ans, peintre en bâtiment. Un frère et une sœur. Grands-parents paternels sans
particularité.
Parents vivant en concubinage. Stabilité du couple.
3.3.2.3 Histoire du trouble
 Septembre 2012 : Enfant adressé par l’école à l’âge de 7 ans (redoublement de CP)
pour troubles du comportement.

Troubles déjà présents en premier CP. Pouvait être agressif, tapait la maîtresse.
L’enfant ne « tient pas en place, remue sur sa chaise ». Niveau requis non acquis,
entraînant le redoublement.
Sommeil agité, lit « sans dessus-dessous ». Ronflements.
L’enfant est décrit par sa mère comme agressif, intolérant à la frustration. Il est très différent
de ses autres frères. Il peut faire des colères impressionnantes quand on le prive. Jusqu’à se
taper la tête contre le mur. Il peut être agressif envers lui-même, peut menacer de se
poignarder dans les colères.

La prise en charge débute par la réalisation d’un bilan biologique (bilan martial) de
routine ainsi que par la réalisation de questionnaires de CONNERS parents et enfants.
Il pèse 25kg. Il n’y a pas de retard staturo-pondéral. Le bilan martial est normal. On l’adresse
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
à une consultation d’ORL pour les ronflements. Le questionnaire de CONNERS est
hautement significatif.

Fin Octobre 2012 :Un traitement d’essai est débuté par méthylphénidate (QUAZYM
30)

Cinq jours après le début du traitement, l’enfant est vu en consultation urgente. Il
présente un rash cutané du visage et des avant-bras.
De plus, il y a réduction drastique du temps de sommeil. Dans la nuit du 30 octobre (J+2 du
traitement et week-end d’halloween) il présentait une tachypsychie avec agitation anxieuse.
L’enfant était halluciné. Il voyait des citrouilles dans la maison, et croyait être poursuivi par
un « méchant avec une tronçonneuse ». Il n’a presque pas dormi.
Le traitement est immédiatement arrêté par les parents. Au cinquième jour, lors de la
consultation, il est possible qu’il ait encore quelques hallucinations floues, dont il est difficile
d’établir la présence.

Il est revu à J+7, les troubles sont amendés, le rash cutané est en cours de résolution.
Le grand père est présent à la consultation. En aparté, il explique avoir lui aussi déjà eu des
hallucinations lors de traitement psychotrope, mais dont il ne se souvient plus duquel. Il se
déclare hyperactif, et semble être suivi depuis l’âge de 16 ans. Il complète en parlant de son
épouse défunte. Qui, selon lui, était dépressive depuis toujours.
L’entretien est occupé à réassurer les parents. Expliquer les troubles et l’imputabilité du
QUASYM.

Suite à discussion collégiale, il est organisé de prendre l’enfant en hôpital de jour pour
surveillance et pour observation.
Avant cette hospitalisation, l’enfant bénéficie d’une adénoïdectomie pour végétations. Le
sommeil s’améliore rapidement.
La clinique de l’enfant reste très en faveur d’un TDAH.

Décembre 2012. Il est décidé de réaliser un nouvel essai thérapeutique par
méthylphénidate, sous surveillance médicale en hôpital de jour. La ritaline, de faible
durée de vie, est choisie. Le dosage de début est de 10mg le matin.

Le traitement est modérément supporté. Une petite diarrhée est retrouvée. En fin de
dose (midi), on note l’apparition d’une logorrhée secondaire. Il n’y a pas de
phénomène allergique.

Très progressivement le dosage est augmenté avec passage sous concerta pour arriver
à la dose de concerta 18mg plus ritaline 10mg à 8h du matin.
La croissance progressive du traitement a permis une meilleure tolérance et une adaptation à
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
la clinique. Il présenta une anorexie secondaire à midi qui disparut progressivement. Par
contre, l’endormissement resta difficile, ce qui justifia un traitement par mélatonine le soir
(3mg)

Janvier 2013 : l’enfant est stabilisé sous traitement, son comportement a radicalement
changé. Il est apte à suivre le temps de classe, il n’y a plus de crise clastique.
Cependant, il présente quelques tics (onychophagie) et une anxiété latente. L’ajout de
risperdal 1mg, permet le correctif.

L’évolution est satisfaisante. Seul le soir reste un peu difficile avec persistance des
conflits dans la fratrie. Une prise en charge paramédicale (psychothérapie familiale)
permet d’aider à la gestion de sa place à la maison, vraisemblablement altérée
initialement par son trouble.
3.3.2.4 Critique du cas
Ce cas est intéressant car il nous permet de développer plusieurs notions.
Il s’agit essentiellement d’une présentation usuelle de TDAH. Nous rappelons dans ce cas
quelques facteurs confondants qu’il est important de prendre en ligne de compte dans
l’exploration du trouble. En l’occurrence la bonne qualité de sommeil ou la carence martiale.
Initialement, les antécédents familiaux ne pouvaient pas fondamentalement permettre de
craindre l’explosion psychotique sous traitement.
L’instauration du traitement fut vraisemblablement trop brutale. Il est recommandé de faire
une instauration progressive. Cependant, lorsque le traitement est sous-dosé, il peut majorer
les troubles et présenter d’abord les effets secondaires sans bénéfice, ce qui est difficile à
gérer en pratique. Ainsi, l’instauration à dose efficace pleine est, dans la majorité des cas,
parfaitement tolérée. Elle est même vraisemblablement mieux tolérée car les effets positifs
immédiats compensent les effets négatifs qui apparaissent à dose insuffisante, en témoigne la
logorrhée lors de la décroissance pharmacologique.
Il est difficile de départager les effets du traitement lors de l’épisode du 30 octobre 2012. Le
rash cutané est vraisemblablement dû aux excipients du QUASYM (enveloppe pelliculée)
qu’au méthylphénidate.
Par contre les hallucinations sont à mettre en rapport avec ce dernier. La présence du grandpère à la consultation a permis d’obtenir des éléments pouvant argumenter une possible
vulnérabilité psychotique, notamment sur la production hallucinatoire. Il est difficile
d’attribuer ce phénomène à un trouble bipolaire latent. Même si les deux grands-parents
maternels semblent relever d’un possible TB type II.
Remarquons de plus que cette éclosion délirante est de très courte durée. Moins d’une
semaine. Ceci nous permet de souligner la vraisemblable concordance avec le
méthylphénidate, mais aussi le caractère rapide des variabilités neuropsychiatriques que nous
supposons lié à l’âge du sujet.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
L’enfant n’a jamais présenté de signes dysthymiques. Il est intéressant de noter que l’éclosion
hallucinatoire, même si elle fut très impressionnante pour la famille, n’a pas remis en question
la pertinence du traitement par psychostimulant. Il a fallu adapter l’initiation du traitement,
sous une surveillance plus dense qu’en ambulatoire. Secondairement, l’adjonction de
rispéridone permet une « couverture » de sûreté, ainsi que le contrôle de l’anxiété endogène.
Ainsi, les troubles comportementaux furent parfaitement amendés. L’enfant pouvant ensuite
poursuivre une scolarité normale. Il est évident qu’il faut poursuivre le suivi de cet enfant.
Là encore une approche dimensionnelle fût appliquée pour la prise en charge du cas, plus
adaptée qu’une approche catégorielle qui aurait possiblement entraîné une perte de temps et
une discussion diagnostique infructueuse.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
4
CONCLUSION GENERALE
Notre travail de thèse au sujet du TBDP a tenté une synthèse des connaissances sur le sujet. Il
n’est évidemment pas exhaustif. C’est pourquoi nous nous sommes attachés à reprendre les
éléments les plus pertinents.
D’une part, il était impératif de retracer l’histoire de la notion. Nous avons vu qu’elle suscite
toujours en 2013 un certain nombre de débats scientifiques. Son existence n’est même
toujours pas officialisée, bien que de nombreux travaux en font une réalité indiscutable.
L’origine du concept remonte à l’origine de la psychiatrie, mais il a fallu attendre les années
90 pour assoir son existence.
Les recherches sur le sujet sont rares en regard d’autres sujets (par exemple TDAH). De plus,
elles sont limitées par la méthode (rareté des cas, études nécessitant de grandes cohortes,
difficultés d’inclusions…).
Elles ont pourtant permis de préciser les caractéristiques particulières du TBDP, sans toutefois
permettre de répondre à la question de la continuité avec le TB de l’adulte.
Indirectement, elles ont permis d’appréhender de nouvelles perspectives de recherche, en
particulier sur la composante de l’irritabilité, en témoigne l’hypothèse du SMD et son
successeur le DMDD.
Grâce à cette discussion critériologique, nous comprenons mieux l’état des lieux des
recherches actuelles, et la source des polémiques. Hélas, nous restons sceptiques quant à la
justification de l’inclusion du DMDD dans le tout nouveau DSM-V. Nous nous sommes
permis de changer de point de vue pour mieux comprendre ce diagnostic controversé.
Même si l’identification d’un trouble disruptif, dont le symptôme cardinal serait l’irritabilité
nous semble pertinent pour la poursuite des recherches, un aperçu des dynamiques sociales et
financières du système de soin et de recherche américain nous a semblé particulièrement
inquiétant. En l’occurrence la dépendance de la recherche aux fonds privés et le possible
phénomène de « disease mongering ».
L’autre dynamique évolutive révélée par notre travail historiographique est celle d’une
neurologisation de la psychiatrie. Avec l’aide des nouvelles technologies (imagerie,
génétique, thérapeutique) notre discipline semble pouvoir se réorganiser en mettant en
parallèle le substrat biologique, les manifestations comportementales et les conséquences
environnementales. Ainsi, l’approche catégorielle et critériologique nous semble à la veille
d’une révolution paradigmatique au profit d’une approche dimensionnelle.
En conséquence, l’approche statistique soutenant les classifications internationales, semble
révéler de plus en plus de limites, possiblement inadaptée par essence à l’évolution de la
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
discipline.
Notre deuxième partie s’est attelée à faire une synthèse la plus consensuelle possible des
connaissances sur le trouble. Et ce afin d’aider tout lecteur à dépister le trouble.
Nous avons vu qu’il est difficile de la réaliser, vraisemblablement parce que les travaux sont
encore trop disparates sur la question.
Le TBDP aurait donc quelques spécificités, notamment son caractère « protéiforme ». Les
manifestations cliniques rencontrées font état de la rapidité des cycles, parfois au quotidien,
de la fréquence des signes psychotiques, du peu de retour à l’état basal.
Ceci va être très utile pour proposer rapidement un traitement adapté lors d’état maniaque
chez l’enfant et l’adolescent, comme le recommande l’unique guideline du sujet, édité en
2007 par l’AACAP.
Malheureusement, nous avons été confrontés à un vraisemblable manque de données quant à
l’éventualité du TBDP de présentation essentiellement dépressive. Les travaux sur la
dépressivité chronique chez l’enfant et l’adolescent sont plus que rares, rarissimes. Il faut
pondérer ceci par le fait que le TBDP n’est l’objet que de 2200 articles dans PUBMED
comparativement au 22000 du TDAH.
Ainsi, il nous a été strictement impossible de fournir des données fiables quant à l’anxiété et
la dépression (ainsi que tout le cortège des signes périphériques tels que les somatisations…)
qui s’inscriraient dans un éventuel TBDP. Ceci pour rappeler au lecteur qu’un TBDP est déjà
difficile à diagnostiquer lorsqu’il se présente sous la forme reconnue de manie, mais qu’il en
sera encore plus ardu si jamais l’hypothèse d’une présentation dépressive première se
révèlerait confirmée.
Notre troisième partie relève d’une discussion autour des diagnostics différentiels. Le
questionnement le plus fréquemment retrouvé est celui des intrications entre le TBDP et le
TDAH.
De nombreuses questions restent en suspens. Certaines équipes pensent que ce sont des
pathologies parfaitement distinctes, d’autres qu’elles sont intriquées, d’autres équipes ont des
hypothèses plus complexes…
Quoiqu’il en soit, l’élément qui serait le plus utile pour départager les deux troubles est la
présence de signes psychotiques. Mais même ceci peut être remis en question comme nous
l’avons vu dans notre 2e cas clinique. A savoir qu’une vulnérabilité à l’hallucination ne signe
pas forcément un trouble psychotique avéré.
L’autre diagnostic différentiel est celui de la schizophrénie. Il se pose particulièrement lors du
premier épisode maniaque. Nous avons vu qu’il entraina vraisemblablement un retard dans la
recherche sur le TBDP. Pendant longtemps, la présence des signes psychotiques relégua la
possibilité du TBDP dans le diagnostic de psychose infantile.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
Aujourd’hui encore, la catégorie diagnostique « trouble schizo-affectif » est
vraisemblablement « de trop » et joue un rôle facilitateur pour catégoriser des patients à
cheval entre des manifestations schizophréniformes et des manifestations dysthymiques.
Nous avons proposé une analogie des profils évolutifs de la SCZ et du TB, pour porter à la
réflexion que les signes confus du TBDP puissent être similaires à ceux de la phase
prodromique de la SCZ. En effet, il nous semble que dans les deux cas, le caractère
indifférencié des signes cliniques pourrait être en lien à une immaturité cérébrale générale,
liée à la jeunesse du patient. Ainsi, nous supposons valide le fait que le TBDP soit en linéarité
avec le TB.
Mais, l’analogie pourrait se poursuivre par l’étude des dépressions chroniques chez l’enfant.
En effet, la phase prodromique de la SCZ semble particulièrement liée à une présentation
dépressive atypique. Quels sont les liens qu’il reste à découvrir en explorant cette voie ? Peutêtre des notions pertinentes si l’on s’attarde sur la dimension de désorganisation.
Dans tous les cas, nous sommes heureux de constater que les recherches actuelles, pour tous
les troubles psychiatriques, pédiatriques ou non, proposent de nouveaux outils et de nouvelles
méthodes qui apportent quotidiennement de nouvelles données.
L’apport de la génétique, de l’IRM fonctionnel, des analyses d’agrégations, mais aussi les
meilleurs suivis et traitements, annoncent des bouleversements profonds, même s’ils sont
lents, dans la compréhension générale du psychisme.
La crainte de rendre « déterministe » le comportement humain est à exclure de toute
considération. En effet, les données actuelles et celles qui restent à découvrir sont
suffisamment complexes et multifactorielles pour considérer que les dynamiques retrouvées
relèveront d’un modèle chaotique, c’est-à-dire imprédictible.
En conséquence, tout psychisme, même pathologique, garde une part de libre arbitre, et tout
psychiatre, même talentueux, sera toujours surpris par ses patients.
C’est cette imprédictibilité irréductible qui fait l’Homme…
…et ses Enfants.
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5
FIGURES
5.1 Figure 1 : Nombre de publications par année et par sujet
Figure 1 : Nombre de publications par année et par sujet
250
Nombre de publications
200
150
Bipolar Disorder
in Children and
Adolescents
100
ADHD (x10)
50
2011
2008
2005
2002
1999
1996
1993
1990
1987
1984
1981
1978
1975
1972
1969
1966
année
0
5.2 Figure 2 :Présentation graphique pour une évaluation dimensionnelle ;
proposition personnelle.
Figure 2 : Présentation graphique pour une évaluation dimensionnelle ;
(proposition personnelle)
Irritabilité ("réactance")
10
9
8
Production délirante
Inflation (de l'humeur)
7
6
5
4
3
2
1
Désorganisation
Dépressivité
0
Capacité
d'Attention/Focalisation
Anxiété
Instabilité psycho-motrice
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.3 Figure 3 : Questions non-résolues actuellement concernant l’évolution des
troubles présentés.
5.4 Figure 4 : Algorithme de prise en charge de l’état maniaque chez un
individu de 6 à 17 ans. (Selon KOWATCH et al. 2005)
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.5 Figure 5 : Catégorisation des symptômes entre TDAH et TBDP selon L.
KENT (181)
Figure 5 : Catégorisation des symptômes entre TDAH et TBDP selon L. KENT
Symptômes non spécifiques
Symptômes spécifiques
TDAH
Oublis d’activités quotidiennes. Parle trop.
Difficultés pour attendre son
tour.
Facilement distractible. Saute
d'une activité à une autre.
Difficultés pour s’organiser.
Difficulté à rester assis
Pertes d’objets.
Court ou grimpe de manière
inadaptée
Difficultés pour des tâches
d’attention soutenue.
Difficultés pour suivre les
tâches requises. Echecs pour
finir son travail.
Nombreuses erreurs d’attention,
oublis des détails.
Parle plus que d'habitude.
Est distractible et change
constamment d'activité ou de
projet
Activité accrues ou absence de
fatigue physique.
Va droit au but dans les activités.
Fuite des idées.
Diminution du besoin de
sommeil.
Agît en dépit des éventuelles
conséquences néfastes.
Difficulté à jouer calmement.
Reste actif comme s'il était
motorisé.
Symptômes spécifiques
TBDP
Inflation de l'égo. Idées de
grandeur.
Perte des inhibitions sociales.
Augmentation de la libido avec
possible désinhibition.
Interrompt ou coupe la parole.
Réponses précipitées
5.6 Figure 6 : Questions non-résolues entre les formes de TDAH et les phases de
TBDP
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.7 Figure 7 : Le TDAH pourrait être prodromique du TBDP
5.8 Figure 8 : Des facteurs externes (iatrogéniques) induisent-ils une évolution
du TDAH vers un TBDP ? Ou l’amélioreraient-ils ?
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.9 Figure 9 : Le TDAH est-il un sous-groupe de TBDP ?
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
5.10 Figure 10 : Comparaison des profils évolutifs entre TBDP et SCZ ;
questionnements proposés
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
ANNEXE : COMMUNIQUE APA/DSM-V AU SUJET DU DMDD
« Disruptive Mood Dysregulation Disorder ;
Finding a Home in DSM
The road to mental health begins with an accurate diagnosis. Consider a recent
Wall Street Journal article describing nearly a decade of suffering for an 11-yearold boy who, although diagnosed with bipolar disorder at age 4, has never been
successfully treated for his extreme, explosive rages. Too many severely impaired
children like this are falling through the cracks because they suffer from a
disorder that has not yet been defined. A new diagnosis in the fifth edition of the
Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM-5) aims to give these
children a diagnostic home and ensure they get the care they need.
Characteristics of the Disorder
This disorder is called Disruptive Mood Dysregulation Disorder (DMDD), and its
symptoms go beyond describing temperamental children to those with a severe
impairment that requires clinical attention. Far beyond temper tantrums, DMDD is
characterized by severe and recurrent temper outbursts that are grossly out of
proportion in intensity or duration to the situation. These occur, on average, three
or more times each week for one year or more.
Between outbursts, children with DMDD display a persistently irritable or angry
mood, most of the day and nearly every day, that is observable by parents,
teachers, or peers. A diagnosis requires the above symptoms to be present in at
least two settings (at home, at school, or with peers) for 12 or more months, and
symptoms must be severe in at least one of these settings. During this period, the
child must not have gone three or more consecutive months without symptoms.
The onset of symptoms must be before age 10, and a DMDD diagnosis should not
be made for the first time before age 6 or after age 18.
Process for New Diagnosis
A new DSM diagnosis is included only after a comprehensive review of the
scientific literature; full discussion by Work Group members; review by the DSM-5
Task Force, Scientific Review Committee, Clinical and Public Health Committee;
and, finally, approval by the American Psychiatric Association’s Board of
Trustees.
The DMDD diagnosis, like every other new disorder, also received review and
feedback from other mental health clinicians and advocacy organizations during
three open-comment periods facilitated through the DSM-5 website,
www.DSM5.org.
Throughout this rigorous process, considerable discussion about DMDD focused
on the need for developmentally appropriate diagnostic criteria for severe
irritability in children and adolescents. DSM-IV provided no guidance on an
appropriate diagnosis for children with such severely impairing symptoms.
Improving Diagnosis and Care
While DSM does include two diagnoses with related symptoms to DMDD,
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
oppositional defiant disorder (ODD) and Bipolar Disorder (BD), the symptoms
described in DMDD are significantly different than these two diagnoses.
ODD is an ongoing pattern of anger-guided disobedience, hostilely defiant
behavior toward authority figures that goes beyond the bounds of normal
childhood behavior. While some of its symptoms may overlap with the criteria for
DMDD, the symptom threshold for DMDD is higher since the condition is
considered more severe. To avoid any artificial comorbidity of the two disorders, it
is recommended that children who meet criteria for both ODD and DMDD should
only be diagnosed with DMDD.
BD also has similar symptoms. And while clinicians may have been assigning a
BD diagnosis to these severely irritable youth to ensure their access to treatment
resources and services, these children’s behaviors may not present in an episodic
way as is the case with BD. In an effort to address this issue, research was
conducted comparing youth with severe non-episodic symptoms to those with the
classic presentations of BD as defined in DSM-IV.
Results of that extensive research showed that children diagnosed with BD who
experience constant, rather than episodic, irritability often are at risk for major
depressive disorder or generalized anxiety disorder later in life, but not life-long
BD. This finding pointed to the need for a new diagnosis for children suffering
from constant, debilitating irritability. The hope is that by defining this condition
more accurately, clinicians will be able to improve diagnosis and care.
Defining this disorder as a distinct condition will likely have a considerable impact
on clinical practice and thus treatment. For example, the medication and
psychotherapy treatment recommended for BD is entirely different from that of
other disorders, such as depressive and anxiety disorders.
The unique features of DMDD necessitated a new diagnosis to ensure that children
affected by this disorder get the clinical help they need.
DSM is the manual used by clinicians and researchers to diagnose and classify mental
disorders. The American Psychiatric Association (APA) will publish DSM-5 in 2013, culminating
a 14-year revision process. For more information, go to www.DSM5.org.
APA is a national medical specialty society whose more than 36,000 physician members
specialize in the diagnosis, treatment, prevention and research of mental illnesses, including
substance use disorders. Visit the APA at www.psychiatry.org and www.healthyminds.org. »
Pierre STEHLE. Oct. 2013. Faculté de médecine de Tours.
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Troubles bipolaires chez l’enfant et l’adolescent : critériologie et diagnostics différentiels
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PAGE SIGNATURE
Avis favorable de la Commissions des thèses du Département de Médecine
Générale en date du 11 Octobre 2013
LE DIRECTEUR DE THESE :
Vu le Doyen
de la Faculté de Médecine de Tours
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DEPOT DE THESE
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Académie d’Orléans – Tours
Université François-Rabelais
Faculté de Médecine de TOURS
STEHLE Pierre
Thèse n°
Nombre de
PAGES : 146
TABLEAUX : 4
FIGURES : 10
RESUME :
Les troubles bipolaires (TB) chez l’enfant et l’adolescent, dénommés troubles bipolaires à début précoce (TBDP)
sont actuellement au cœur de nombreuses polémiques.
Retracer l’historique (depuis 1990) des critères diagnostiques du TBDP des classifications internationales CIM et
DSM, nous permet de comprendre les sources des débats présents.
Ainsi, le tout nouveau DSM-V propose le « Disruptive Mood Dysregulation Disorder » (DMDD) à partir des
critères du « Severe Mood Dysregulation » (SMD), essentiellement en regard de l’irritabilité, possiblement sans
rapport avec le TBDP. Mais cette proposition entraine de sévères polémiques, notamment en regard de son
imprécision, de possibles conflits d’intérêts et excluant encore le TBDP de toute reconnaissance officielle.
Cliniquement, le TBDP peut émerger dès l’âge préscolaire. Il reste très polymorphe entre état maniaque et état
mixte. Il faut noter la rapidité des cycles, parfois quotidiens (« ultradians cycles »), la forte composante
familiale, la fréquence des productions délirantes, le peu de retour ad integrum entre les phases, et bien-sûr la
sévérité du pronostic.
De plus, les diagnostics différentiels posent de grosses difficultés. Les intrications entre le TBDP et le trouble
déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH) semblent nombreuses, surtout sur la dimension de
l’agitation, des cooccurrences familiales, et des possibles supports neuropsychiatriques.
Enfin, il semble que les manifestations dépressives du TBDP, restent insuffisamment explorées, alors qu’elles
pourraient avoir des corrélats avec les phases prodromiques des schizophrénies (SCZ), surtout en rapport avec
les déficits cognitifs ou la désorganisation.
MOTS CLES : TROUBLE BIPOLAIRE ; ENFANT ; ADOLESCENT ; DEBUT PRECOCE ;
HISTOIRE ; CRITERIOLOGIE ; SMD ; DMDD ; TDAH ; HYPERACTIVITE ;
SCHIZOPHRENIE
Président de Jury :
Membres du Jury :
JURY :
Monsieur le Professeur GAILLARD
Monsieur le Professeur CAMUS
Monsieur le Professeur BONNOT
Monsieur le Docteur ROUYER (Directeur de Thèse)
Date de la soutenance : 11 Octobre 2013
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