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Pierre Gagnepain • Karine Lebreton • Francis Eustache
L’année psychologique, 2006, 106, 543-567
profond). Intervient ensuite le délai inter-phase au cours duquel il peut
être demandé au sujet d’effectuer une ou plusieurs tâche(s) distractrice(s)
afin d’éviter qu’il n’établisse un lien entre les deux phases de l’épreuve
(exemple : compter à rebours de 3 en 3). Enfin, lors de la seconde phase
nommée phase de test, le sujet réalise une tâche identique ou différente de
l’étude et qui porte sur deux types de stimuli : les
items
cibles préalable-
ment étudiés et des
items
dits contrôles qui n’ont pas fait l’objet d’un
traitement antérieur. L’effet d’amorçage est démontré lorsque la perfor-
mance pour les
items
cibles est significativement différente de celle pour
les
items
contrôles dans le sens d’une supériorité en faveur des
items
cibles, par exemple en terme d’exactitude de la réponse ou de rapidité
pour la produire.
La seconde
caractéristique des paradigmes d’amorçage
est que le sujet ne doit pas avoir conscience de se livrer à une activité
mnésique. Ce critère primordial n’en est pas moins le plus difficile à con-
trôler. Il n’est pas garanti en effet que le sujet se conforme exclusivement
aux consignes qui lui sont administrées et qu’il ne mette pas en jeu des
stratégies de récupération explicite ou qu’il prenne conscience tout sim-
plement d’avoir déjà rencontré les
items
(pour une revue évoquant les
différents facteurs expérimentaux entravant la prise de conscience de
l’épisode d’étude, voir Roediger et McDermott, 1993). Plusieurs techni-
ques et procédures ont été développées dans le but, soit d’évaluer
a
posteriori
ce type d’effet potentiel (questionnaire post-expérimental), soit
d’en limiter l’impact (présentation rapide des
items
, nombre important
d’
items
…). Toutefois, cette difficulté semble plus importante lorsque les
représentations mises en jeu dans l’épreuve d’amorçage sont de nature
sémantique ; les épreuves d’amorçage perceptif restent moins entachées de
telles critiques (pour une discussion de ce point voir Butler et Berry, 2001).
La nature des représentations sollicitées dans l’épreuve d’amorçage
dépend principalement de la nature de l’encodage préalable et du type
d’indices proposés lors de la phase de test. Ainsi, l’amorçage perceptif,
aussi appelé parfois amorçage par répétition (
repetition priming
), est clas-
siquement mesuré dans des épreuves qui impliquent un traitement
perceptif des
items
lors de l’étude (par exemple, compter les voyelles d’un
mot ou définir le sens de l’orientation de dessins d’objets) et utilisent lors
du test des indices qui portent sur leurs caractéristiques perceptives, phy-
siques ou de surface (par exemple des dessins dégradés d’objets ou des
mots présentés très rapidement). En revanche, la mesure d’amorçage con-
ceptuel repose sur un traitement préalable des propriétés sémantiques (ou
associatives) des stimuli (par exemple faire une phrase) et sur l’emploi
d’indices de nature sémantique lors du test (par exemple le nom de la
catégorie sémantique de l’
item
). De nombreux paradigmes d’amorçage