Dossier Les techniques d’imagerie médicale IRM, scanner, Pet-scan sont trois des techniques d’imagerie médicale les plus Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. utilisées actuellement en cancérologie. Elles sont détaillées ici, en termes tant de technicité que de préparation physique et psychologique de la personne. Si elle n’est pas la seule intervenante dans le diagnostic et le suivi en cancérologie, l’imagerie médicale tend cependant à y prendre une place prépondérante. Avec des procédés de moins en moins invasifs, permettant un diagnostic plus précoce et de plus en plus précis des lésions, elle devient un élément clé dans le suivi thérapeutique des bilans de restauration organique ou des bilans d’extension et, avec l’arrivée de l’imagerie interventionnelle, elle a maintenant un rôle non négligeable dans les pratiques thérapeutiques. Ses performances sont freinées par de longs délais d’attente liés à l’insuffisance d’équipements et à l’inégalité de leur répartition sur le territoire, mais les mesures annoncées fin 2001 devraient améliorer la situation. le suivi des traitements, la surveillance des patients ayant ou ayant eu un cancer. Le scanner Bernadette Lardin, Briançon Préparation Comme en radiologie, le scanner utilise les rayons X pour explorer ou surveiller les zones corporelles suspectes d’un patient, même les plus profondes (inaccessibles aux radiographies et aux ultrasons), mais les images, au lieu d’être portées directement sur un film, passent d’abord par des capteurs qui les traitent avant de les restituer en « coupes ». Les scanners hélicoïdaux sont de plus en plus répandus ; leurs capacités techniques réduisent la durée de l’examen : la table se déplace tandis que l’association tube-détecteurs tourne en continu autour du patient ; ils peuvent, lors d’une seule apnée, explorer en moins de 30 secondes une partie du corps, l’analyser et reconstituer l’image en donnant des informations d’une grande précision. Le Pet-scan, le dernier-né, encore rare, a un potentiel diagnostique prometteur pour la cancérologie comme pour d’autres spécialités. Les traitements en cours doivent être étudiés quelques jours avant pour être, si nécessaire, modifiés. Une grossesse, une allergie à des médicaments doivent être signalées. L’étude du dossier avec les examens complémentaires et les clichés antérieurs s’impose. Si l’injection d’un produit de contraste est prévue, le patient devra être à jeun depuis au moins 3 heures et s’être abstenu de fumer. Pour son confort, il vaut mieux lui demander d’aller aux toilettes avant l’examen. S’il est claustrophobe, il devra le préciser au radiologue et, pour la qualité de l’imagerie, il sera nécessaire de lui rappeler de bien bloquer sa respiration quand on le lui demandera. Installation et déroulement Les produits adaptés à la personne et au type d’examen sont prescrits par le radiologue. La plupart du temps on injecte des produits iodés, opaques aux rayons X, par une perfusion posée au pli Indications En cancérologie, le scanner est indiqué dans les recherches de tumeurs primitives, les bilans d’extension, Bulletin Infirmier du Cancer 9 Vol.2-n°2-avril-mai-juin 2002 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. Dossier du coude ; pour l’exploration de l’abdomen, les produits opaques sont ingérés avant le scanner afin d’opacifier les intestins. Pour certaines explorations coliques, ils peuvent être administrés par voie rectale. On installe le patient, débarrassé des vêtements qui pourraient gêner sur une couchette qui se déplacera à l’intérieur de l’anneau dans lequel on l’introduit. Pendant la durée de l’exploration, en moyenne de 5 à 15 minutes, il pourra communiquer via un micro avec le personnel protégé des rayons X par une vitre opaque. Après l’examen, sauf contre-indications, il faut lui demander de bien s’hydrater pour accélérer l’élimination rénale du produit injecté. Quelques éléments de réponse pourront être donnés juste après le scanner, mais il faudra attendre l’interprétation des images pour avoir un compte-rendu précis. Un traitement secondaire des images sur une console spéciale, voire un recalcul des coupes dans des plans différents ou en 3D, sera parfois indispensable. Les atomes d’hydrogène restituent cette énergie dissipée dans différents plans de l’espace et elle est captée par des antennes réceptrices. Les signaux sont analysés par un ordinateur reconstruisant une carte énergétique de la zone corporelle étudiée. Indications En cancérologie, l’IRM est utilisée, comme le scanner, pour la recherche de tumeurs primitives, leur bilan d’extension ou la surveillance thérapeutique. Actuellement, le choix entre les deux techniques n’est pas forcément le plus scientifique, il est surtout lié à l’insuffisance de postes d’IRM et aux délais d’attente. Les médecins sont amenés à prescrire souvent le scanner, plus accessible, et à réserver les prescriptions d’IRM dans l’exploration du système nerveux central et de la moelle, ou des tumeurs osseuses et des extensions aux parties molles, dans l’étude du pelvis, la caractérisation de tumeurs hépatiques ou la suspicion de récidive de cancer du sein. Scanner interventionnel Préparation à l’IRM Le dialogue clinicien-radiologue et la complémentarité de leurs compétences permettent la meilleure stratégie thérapeutique possible à l’issue de la phase de recherche de diagnostic mais également lors de traitements mis en place en cancérologie sous contrôle du scanner. L’imagerie médicale intervient à présent dans des techniques de soins telles que l’alcoolisation de plexus nerveux, les sympathectomies, les neurolyses, les embolisations ou les cimentoplasties osseuses. L’étude préalable du dossier est ici aussi indispensable. Le champ magnétique très puissant pouvant déplacer des objets ferromagnétiques, l’IRM est contre-indiquée chez les personnes ayant des pièces ferromagnétiques dans le cerveau ou dans les yeux ou porteuses d’un pacemaker. La présence de projectiles non extraits ou d’autres matériels mis en place par des chirurgiens (valves cardiaques métalliques, prothèses métalliques, clousplaques, etc.) doit être portée à la connaissance du radiologue ; certains d’entre eux pouvant, momentanément, interdire l’examen. Le Gadolinium utilisé souvent en produit de contraste traversant le placenta, toute grossesse doit être signalée. Une éventuelle « claustrophobie » est à faire connaître car elle nécessite une prise en charge particulière. L’IRM ou imagerie par résonance magnétique Bernadette Lardin, Briançon Le principe repose sur la résonance des atomes d’hydrogène placés dans un champ magnétique intense et sous l’effet d’ondes de radiofréquence. La salle d’examen, un aimant très puissant en forme de tunnel dans lequel on allonge le patient, est protégée par une cage de Faraday qui la met à l’abri des perturbations magnétiques extérieures ; l’installation est munie d’antennes émettrices d’ondes de radiofréquence stimulant les noyaux d’hydrogène de l’eau des cellules du patient. Bulletin Infirmier du Cancer Installation et déroulement L’examen est indolore mais il faut rester, de 15 à 30 minutes, dans un bruit peu agréable et une immobilité absolue enfermé dans un tunnel ; l’isolement est cependant atténué par une vitre rendant visible l’équipe de radiologie à laquelle il est possible de parler par micro interposé. 10 Vol.2-n°2-avril-mai-juin 2002 Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. Dossier Le patient doit se présenter en étant passé aux toilettes et démuni de tout objet métallique ou de vêtement avec éléments métalliques. Une perfusion sera posée au pli de son coude pour l’injection d’un produit à base de Gadolinium, normalement bien toléré avec parfois quelques réactions allergiques mais très rarement graves. Il faut le prévenir qu’on lui demandera de bloquer sa respiration pendant quelques secondes (thorax, abdomen) et que, lors des « séquences » d’acquisition, il pourra être gêné par le bruit de l’appareil. En fin d’examen, un commentaire pourra lui être donné, mais il faudra attendre une analyse plus précise des images reconstituées pour qu’un compte-rendu plus exhaustif soit donné. distribution in vivo d’un traceur radioactif : le fluorodéoxyglucose ou 18 FDG. Le fluor 18 (18F) est produit dans un cyclotron par accélération de protons sur une cible contenant de l’eau enrichie en oxygène. Le radio-élément est ensuite incorporé dans une molécule organique (le glucose pour le FDG). La demi-vie du 18F est de 110 minutes environ. Le FDG utilisé par le tomographe de Lille est produit par un cyclotron installé dans la ville de Sarcelles depuis septembre 2001. Deux livraisons par jour sont assurées. Elles sont acheminées par la route. Au démarrage de la Tep en avril 2001, elles provenaient d’un cyclotron installé à Orsay qui était limité dans sa capacité de production de FDG (une seule production par jour limitée à 3 personnes). Évolution des appareils Bases physiques Il existe maintenant des appareils d’IRM à « tunnel ouvert » et des nouvelles séquences améliorant la qualité des images tout en raccourcissant les temps d’acquisition, augmentant donc le confort du patient. Les équipements relevant du domaine de l’imagerie médicale ont des performances dont les évolutions sont prometteuses de beaucoup d’avancées dans la prise en charge des personnes atteintes de cancer. Il reste à espérer que les promesses de rattrapage de notre retard en nombre d’appareils seront tenues. Le positon émis par le 18F, en pénétrant dans la matière biologique, subit avec un électron un phénomène d’annihilation en produisant deux photons de 511 Kev émis à 180° l’un de l’autre. Ces deux photons gamma sont captés par un circuit de coïncidence qui relie deux détecteurs en vis-à-vis. On parle alors de création de lignes de coïncidence. En fait, le TEP est une couronne de détecteurs permettant l’enregistrement de multiples lignes de coïncidence donnant la reconstruction en trois dimensions des images. Bases de physiopathologie Le principe physiologique de cette imagerie repose sur l’augmentation de la glycolyse dans les cellules tumorales (à prolifération rapide) et, comme la fixation du FDG reflète la consommation cellulaire en glucose, les Le Pet-scan Dorothée Bernard, cadre manipulateur, centre Oscar-Lambret, Lille Depuis avril 2001, un tomographe par émission de positons est installé au centre Oscar-Lambret (COL). Il appartient au groupement de coopération sanitaire tomographie d’émission de positons d’oncologie clinique du Nord-Pas-de-Calais (GCS en cours de formation composé à 40% par le CHRU, 40% par le COL, 20% par les cliniques privées de la région ayant un service de médecine nucléaire). Il a été inauguré officiellement le lundi 25 février 2002 et, après un démarrage avec 3 patients par jour, actuellement 8 patients par jour peuvent en bénéficier. Définition La tomographie par émissions de positons (TEP) est une technique d’imagerie tri-dimensionnelle de la Bulletin Infirmier du Cancer 11 Vol.2-n°2-avril-mai-juin 2002 Dossier Enregistrement des données cellules avides de glucose seront avides de FDG, d’où la recherche de foyers hypermétaboliques sur les images. Le patient est installé en décubitus dorsal et des images seront enregistrées durant 60 minutes. Elles correspondent à des acquisitions de type tomographique par pas longitudinaux d’une durée de 8 minutes environ et avec un nombre de pas variant de 5 à 8. L’analyse des données se fait par un logiciel d’exploitation informatique qui permet une analyse visuelle des coupes frontales, transversales, sagittales à la recherche de foyers hypermétaboliques. Des régions d’intérêts (ROI) peuvent être créées dans le but de quantifier les fixations du traceur dont l’intérêt est de différencier les fixations bénignes ou malignes ou également pour assurer un suivi quantitatif de fixation d’une lésion maligne en cours de traitement Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Downloaded by a robot coming from 88.99.165.207 on 25/05/2017. Indications Les indications du TEP en France sont imposées par l’AMM (autorisation de mise sur le marché). Elles concernent le diagnostic différentiel, bilan d’extension et suivi thérapeutique des masses pulmonaires, le bilan initial des lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens, des cancers du poumon non à petites cellules, des cancers du rhinopharynx, des mélanomes. L’examen est également indiqué dans le suivi thérapeutique précoce et la recherche de maladies résiduelles dans les lymphomes hodgkiniens et non hodgkiniens, ainsi que dans les récidives et métastases des cancers colorectaux et cancers du poumon non à petites cellules. Conclusion En résumé, la tomographie par émission de positons permet le diagnostic de malignité, d’établir un bilan d’extension et de récidives, d’effectuer un suivi thérapeutique (vérifier l’efficacité de la chimiothérapie et, s’il y a lieu, de changer de traitement), mais des limites sont à apporter. En effet, l’examen peut manquer de spécificité (risque de faux positifs) et il est difficile de localiser très précisément des hyperfixations (l’avenir serait de fusionner ces images avec celles du scanner ou de l’IRM). Les autres problèmes concernent les difficultés d’approvisionnement en FDG (manque de cyclotrons), le coût de l’examen (1000 euros environ) et l’existence de peu de centres en France (obligation de cibler les indications et risque de liste d’attente pour les rendez-vous). Préparation du patient Le patient qui subit cet examen doit être à jeun depuis 6 heures minimum. Il est installé au repos et au calme. L’hydratation à base de boissons non sucrées est permise. Une perfusion saline est mise en place. La glycémie est vérifiée avant l’injection du FDG (environ 10 mCi). Une prémédication à base de myorelaxants, d’antispasmodiques, diurétiques est possible en fonction de la pathologie et cela toujours dans le but d’améliorer l’examen et d’éviter les faux positifs. Juste après l’injection, le patient restera allongé immobile durant 1 heure. Après ce délai, il est installé confortablement sur la table d’examen pendant 60 minutes. Bulletin Infirmier du Cancer 12 Vol.2-n°2-avril-mai-juin 2002