+
X
n=1
1
n2+cos(n+θ)= +
Bernard Brighi
La question de savoir si la s´
erie
+
X
n=1
1
n2+cos n
converge ou diverge, n’est pas une question facile. On sent bien que la r´
eponse est li´
ee `
a la
r´
epartition des cos ndans l’intervalle [1,1]. La preuve que nous donnons ici de la divergence
de cette s´
erie est aux fronti´
eres de la Th´
eorie des Nombres et de l’Analyse.
1 Approximations rationnelles.
Une approximation rationnelle1d’un nombre r´
eel αest une fraction irr´
eductible p/q (avec p
Zet qN) telle que :
|qα p|<1
q.
Remarque 1 .Pour tout q2il existe au plus un entier ptel que p
qsoit une approximation
rationnelle de α.
Le r´
esultat suivant, qui est une variante d’un th´
eor`
eme de Peter-Gustav DIRICHLET (1805-
1859), affirme que tout irrationnel poss`
ede une suite d’approximations rationnelles, dont les
d´
enominateurs tendent vers +.
1Nous reprenons ici une d´
efinition utilis´
ee par P. Deligne [1].
1
Th´
eor`
eme 2 . Soit αR r Q ; il existe une suite (pn)nNd’entiers relatifs et une suite
(qn)nNd’entiers positifs tel que :
nN,|qnαpn|<1
qn
,(pn, qn) = 1 et lim
n+qn= +.
D´
EMONSTRATION. — Soit nN. Pour tout k∈ {0, . . . , n}, notons αk=kα E(), o`
u
E(x)d´
esigne la partie enti`
ere de x. Ces n+ 1 nombres r´
eels appartiennent `
a[0,1[. Puisque
[0,1[ =
n
[
`=1 `1
n,`
n
il existe `n∈ {1, . . . , n}et in, jn∈ {0, . . . , n}tels que in< jnet
αin, αjn`n1
n,`n
n.
Posons alors bn=jninet an=E(jnα)E(inα). On a bn1et :
|bnαan|=|αjnαin|<1
n1
bn
.
Si d1est le plus grand commun diviseur de anet bn, on pose pn=d1anet qn=d1bn; on
a alors :
|qnαpn|=1
d|bnαan|<1
dn <1
dbn
=1
d2qn
<1
qn
.
Il reste `
a montrer que qn+quand n+. Pour cela, consid´
erons, pour tout A > 0
l’ensemble :
IA={nN;qnA}.
Si IAest de cardinal infini, alors il existe qAet une suite croissante d’entier (nk)kNtels que
pour tout kNon ait : qnk=q. Il s’ensuit que l’on a :
kN, qα 1
nk
< pnk< qα +1
nk
.(1)
Il en r´
esulte que la suite d’entiers (pnk)converge et donc il existe k0Net pZtels que, pour
tout kk0, on ait : pnk=p. En faisant tendre kvers +dans (1), on obtient une contradiction
avec le fait que αest irrationnel. Par cons´
equent, IAest de cardinal fini ; si l’on note nAson plus
grand ´
element, alors pour tout n>nAon a qn> A. Ainsi : qn+quand n+.
2 L’in´
egalit´
e de Denjoy-Koksma.
Dans ce paragraphe, nous allons maintenant d´
emontrer, dans le cas d’une fonction de classe C1,
une in´
egalit´
e due `
a Arnaud DENJOY (1884-1974) et Jurjen Ferdinand KOKSMA (1904-1964).
Avant cela, nous montrons un lemme en rapport avec la variation d’une fonction de classe C1.
2
Lemme 3 . Soit f: [a, b]Rune fonction de classe C1et soit x[a, b].Ona:
(ba)f(x)Zb
a
f(t)dt (ba)Zb
a|f0(t)|dt. (2)
D´
EMONSTRATION. — On a :
Zb
a
f(t)dt =Zx
a
f(t)dt +Zb
x
f(t)dt
= (xa)f(x)Zx
a
(ta)f0(t)dt (xb)f(x)Zb
x
(tb)f0(t)dt
= (ba)f(x)Zx
a
(ta)f0(t)dt Zb
x
(tb)f0(t)dt
D’o`
u :
(ba)f(x)Zb
a
f(t)dt Zx
a|(ta)f0(t)|dt +Zb
x|(tb)f0(t)|dt
et (2) en r´
esulte.
Th´
eor`
eme 4 .(In´
egalit´
e de Denjoy-Koksma) Soit zRet soit f:RRune fonction de
classe C1, p´
eriodique de p´
eriode 1. Soit αRrQet soit p/q une approximation rationnelle
de α. Pour tout entier n∈ {0, . . . , q 1}, posons xn=E(). On a :
Z1
0
f(t)dt 1
q
q
X
n=1
f(z+xn)1
qZ1
0|f0(t)|dt. (3)
D´
EMONSTRATION. — Tout d’abord, comme fest p´
eriodique de p´
eriode 1, quitte `
a remplacer
fpar t7→ f(tz)ou par t7→ f(zt), on se ram`
ene `
a supposer que z= 0 et que :
p
qα < p
q+1
q2.
Ensuite, remarquons que, puisque αest irrationnel, les qpoints x0, . . . , xq1sont tous distincts.
Soit `∈ {1, . . . , q}. Comme pet qsont premiers entre eux, il existe n∈ {0, . . . , q 1}et kZ
tels que : np +kq =`1. Par suite, on a :
0np
q<1
q,
puis :
`1
q+k < `
q.
3
Il en r´
esulte en particulier que k=E(). Par cons´
equent, les qpoints x0, . . . , xq1´
etant
distincts, pour tout `∈ {1, . . . , q}, il existe un unique entier n`∈ {1, . . . , q}tel que :
xn``1
q,`
q.
De ceci et du lemme 3, on tire :
Z1
0
f(t)dt 1
q
q
X
n=1
f(xn)
q
X
`=1 Z`
q
`1
q
f(t)dt 1
qf(xn`)
1
q
q
X
`=1 Z`
q
`1
q|f0(t)|dt =1
qZ1
0|f0(t)|dt.
D’o`
u le th´
eor`
eme.
3 La s´
erie
+
X
n=1
1
n2+cos(n+θ)diverge.
3.1 Premi`
eres estimations.
Soient aet qdes entiers. On suppose que a1et q2. D’une part, on a :
aq
X
n=(a1)q+1
1
n2+cos(n+θ)
aq
X
n=(a1)q+1
1
(aq)2+cos(n+θ)=1
(aq)2
aq
X
n=(a1)q+1
(aq)cos(n+θ).(4)
Et d’autre part :
Z1
0
(aq)cos(2πt+θ)dt =Zθ
2π+1
2
θ
2π1
2
eln(aq) cos(2πt+θ+π)dt Zθ
2π+1
2
θ
2π1
2
eln(aq)(11
2(2πt+θ+π)2)dt
=aq Zθ
2π+1
2
θ
2π1
2
e1
2ln(aq)(2πt+θ+π)2dt =1
2π
aq
pln(aq)Z2πln(aq)
0
es2
2ds.
Par cons´
equent, on a l’estimation suivante :
Z1
0
(aq)cos(2πt+θ)dt C0
aq
pln(aq)(5)
o`
uC0=1
2πZ2πln 2
0
es2
2ds.
4
3.2 Utilisation de l’in´
egalit´
e de Denjoy-Koksma.
Soit α=1
2π. Par le th´
eor`
eme 2, il existe une suite (qk)kNd’entiers positifs tendant vers +,
tel que qkest le d´
enominateur d’une approximation rationnelle de αpour tout kN. Notons
alors, pour tout nN,xn=E(), puis pour tout entier ket tout entier a:
za,k = (a1)qk+ 1 et fa,k(x) = (aqk)cos(2πx+θ)
La fonction fa,k est 1-p´
eriodique et de classe C1, si bien qu’en utilisant l’in´
egalit´
e de Denjoy-
Koksma, on a :
Z1
0
fa,k(t)dt 1
qk
qk1
X
n=0
fa,k(za,k +xn)1
qkZ1
0|f0
a,k(t)|dt 1
qk×2aqk= 2a,
puis, compte-tenu de (4) et (5), il vient :
aqk
X
n=(a1)qk+1
1
n2+cos(n+θ)1
(aqk)2
aqk
X
n=(a1)qk+1
(aqk)cos(n+θ)=1
(aqk)2
qk1
X
n=0
fa,k(za,k +xn)
1
a2qkZ1
0
fa,k(t)dt Z1
0
fa,k(t)dt 1
qk
qk1
X
n=0
fa,k(za,k +xn)
1
a2qk(C0
aqk
pln(aqk)2a)=C0
apln(aqk)2
aqk
.
Par cons´
equent, on a :
qk
2
X
n=1
1
n2+cos(n+θ)=
qk
X
a=1
aqk
X
n=(a1)qk+1
1
n2+cos(n+θ)
qk
X
a=1 C0
apln(aqk)2
aqk!
C0
pln(qk2)2
qk!qk
X
a=1
1
a.
Puisque qk+quand k+, on en d´
eduit que :
qk
X
a=1
1
aln qkquand k+,
puis, que pour ksuffisamment grand, on a
qk
2
X
n=1
1
n2+cos(n+θ)C0
2 ln qk2
qkln qk
2=C0ln qk
22ln qk
qk+quand k+.
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