— Une série de réformes vise de même à accroître le pluralisme et le régime représentatif, en élargissant la
base électorale. Même si le système demeure élitiste, une loi de mars 1831 qui accorde l’élection du conseil
municipal aux plus imposés de chaque commune, permet d’impliquer plus de 2 millions de personnes dans le
processus. Cependant, les maires et les adjoints sont toujours nommés par les préfets ou, dans les villes, par le
roi.
— En avril 1831, la loi électorale est modifiée de façon importante, sans bien sûr permettre la mise en place
d’un système véritablement démocratique : les électeurs devaient dès lors avoir vingt-cinq ans au moins et
payer deux cent francs d’impôts directs et les éligibles devaient avoir trente ans et payer cinq cent francs
d’impôts. Quant aux députés, ils étaient désormais élus par quatre cent cinquante-neuf collèges électoraux,
dans le cadre d’un scrutin uninominal direct.
— Ainsi, le nombre d’électeurs de députés passa à 166 000 en 1831, mais progressa lentement par la suite,
sans parvenir à atteindre 250 000 à la fin du régime.
— Même si la Chambre des pairs, très impopulaire, car très aristocratique, n’est pas abolie, son importance
politique est réduite par l’abolition de l’hérédité de la pairie et les modifications concernant le processus de
nominations, ses membres étant désormais désigné par le roi. De sorte que le parlement prenait une plus
grande importance dans le système politique.
2.2 – Les forces politiques
— Dans ce contexte, et même s’il n’y a d’abord pas de partis politiques proprement dits, les députés étant
élus surtout en fonction de leur influence personnelle et familiale et dans une moindre mesure, de leurs idées,
les débats en chambre acquièrent une grande importance, même si les diverses tendances politiques se
manifestent aussi à l’extérieur de la chambre, dans la société civile et les journaux.
— Compte tenu du caractère encore largement élitiste du système, il va de soi que même les courants de la
« gauche radicale » demeurent très posés, ce qui va contribuer au développement de forces politiques extra-
parlementaires et par voie de conséquence, à un retour marqué de l’agitation révolutionnaire au fil du temps,
les classes populaires ne pouvant compter sur une représentation politique adéquate.
— Quatre tendances politiques peuvent être distinguées au cours de la période. D’abord, dans l’opposition, à
droite, on compte bien sûr les légitimistes, partisans de Charles X, réfugié en Angleterre puis en Autriche, qui
rejette un nouveau régime qui les confine à un rôle nettement diminué. Après la mort de Charles X, ils
reportent leur fidélité aux Bourbons sur le duc de Bordeaux, qu’ils nomment Henri V.
— Frappés de stupeur par l’effondrement rapide du système de 1814, ils ont d’autant plus de difficultés à
jouer un rôle politique qu’ils sont eux-mêmes divisés, alors que beaucoup s’abstiennent de toute participation
à la vie publique, pendant que d’autres tentent de s’organiser et de réagir en renouant avec la pratique de
sociétés secrètes, songeant sans toujours passer à des actes concrets à susciter des conspirations intérieures
ou, comme dans les années qui suivirent la révolution, à nouer des liens à l’extérieur, afin d’obtenir un appui
des cours européennes conservatrices.
— Un troisième groupe de légitimistes intègre cependant l’action politique, occupant le terrain légal contre le
nouveau régime et contre la personne de Louis-Philippe, vu comme un usurpateur du trône.
— Quoique leur influence politique diminue grandement, les légitimistes demeurent puissants et très capables
de se projeter dans l’opinion publique, entre autres grâce à leurs richesses, et ils disposent de nombreux relais
de presse à Paris (La Quotidienne ou la Gazette de France) et en province, où l’on assiste à une multiplication
de titres qui rappellent les anciennes provinces de France, rejetant jusque dans leur dénomination la France
départementale et la Révolution.
— Le légitimisme ne s’appuyait cependant pas que sur les membres de l’aristocratie, car si tel avait été le cas,
le courant aurait été très minoritaire. Son aire géographique d’influence est désormais traditionnelle pour lui :
l’ouest et le Midi. Dans cette première zone, il s’appuie sur une part significative d’un clergé catholique qui
reste méfiante envers les innovations politiques de la capitale, d’autant que de nombreux membres du
nouveau régime s’étaient illustrés au cours de la Restauration par la promotion d’un anticléricalisme virulent.
— Dans le Midi, le légitimisme a une clientèle populaire qui, par-delà le rejet de la nouvelle dynastie,
exprime la résistance de l’ancienne société aristocratique, rurale et artisanale, contre une société plus
moderne, individualiste et urbaine. En d’autres termes, il s’agit ici de la bonne vieille opposition régionale
nord-sud.