Histoire de la France révolutionnaire
Septième cours :
De la révolution de juillet à la Seconde république
(1830-1852)
1 – Les Trois glorieuses
Après que les élections consécutives à la dissolution de la Chambre qui eurent lieu en juin eurent donné
une majorité de députés (270 contre 181) à l’opposition, Polignac convainc Charles X de l’impossibilide
former un gouvernement et donc, de la nécessité de gouverner par ordonnance, comme le prévoit la Charte.
— À compter du début du mois de juillet, les ministres préparent les ordonnances dans le plus grand secret,
ce qui accroît d’autant la tension, car libéraux et radicaux s’attendent à un coup de force.
Celui-ci est confirmé le 26 juillet, avec la publication du texte des ordonnances, qui suppriment une
grande partie de ce qui reste des institutions libérales du pays : suspension de la liberté de la presse et
instauration de la censure, dissolution de la chambre (qui ne s’est pas encore réunie), modification à la loi
électorale supprimant la patente pour le calcul de l’impôt, duction du nombre de députés de 428 à 258,
convocation des collèges électoraux pour septembre et nominations d’ultras au Conseil d’État.
La population parisienne, de même que l’opposition, commence à réagir dès la publication, me si une
grande partie de ses membres ne sont pas présents pour cause de vacances en campagne (d’où le moment
choisi par le roi). Les libéraux préparent une adresse à la nation dans la presse et tentent de s’organiser,
pendant que la population, aiguillonnée par des organisations telles que la Société de Janvier, commence à
manifester.
— Le 27 juillet, l’émeute, à laquelle prend part une partie importante de la population, même si les historiens
ne s’entendent toujours pas aujourd’hui sur l’origine sociale des insurgés, prend de l’ampleur. Sans doute
trouve-t-on parmi la foule insurrectionnelle tout autant de victimes de la situation économique que des
membres de la petite bourgeoisie parisienne (artisans, boutiquiers et petits employés), dont plusieurs étaient
membres de la Garde nationale avant sa dissolution en 1827, auxquels se mélangent aussi des bonapartistes.
Ils sont dirigés par des étudiants et des meneurs politiques de la gauche radicale.
Pendant que les libéraux délibèrent et cherchent à éviter un effondrement du gime, puisqu’ils craignent
autant les débordements de la population que les réactionnaires du gouvernement, surviennent les premiers
heurts entre les manifestants et la police, alors que Paris se couvre peu à peu de barricades. Les premiers
coups de feu tirés par la troupe forcent la population à se mettre en quête d’armes et les premiers morts
tombent, suscitant une colère qui transforme l’émeute en insurrection.
Le 28 au matin, c’est plus de 10 000 personnes qui participent directement à l’insurrection, alors que le
gouvernement ne sait répondre que par la force : Charles X décrète la capitale en état de siège et donne
l’ordre à la garnison de 8 000 hommes d’écraser l’insurrection par tous les moyens. La guerre urbaine qui se
déchaîne alors n’est pas à l’avantage des troupes régulières, qui manœuvrent difficilement dans les rues
étroites. D’intenses combats ont lieu autour de l’Hôtel de Ville, dont les insurgés parviennent à se rendre
maîtres.
Les libéraux délibèrent toujours et cherchent le compromis. Ils tentent de convaincre le roi de faire des
concessions, en annulant par exemple les ordonnances du 26 juillet, mais Charles X se montre intraitable. La
Fayette se joint alors aux délibérations des députés et propose de passer outre le roi pour obtenir un cessez-le-
feu entre la troupe et les manifestants.
— De même, l’un des députés libéraux suggère d’adopter une déclaration faisant porter la responsabilide la
crise aux seuls ministres, coupables d’avoir trompé le roi. Ces marches resteront aussi sans succès, alors
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que le roi continue d’exiger la reddition des insurgés comme préalable à toute démarche politique et ordonne
l’arrestation de certains libéraux et de La Fayette.
Voyant l’impossibilid’en arriver à un compromis avec le roi, un groupe de libéraux approche alors le
duc d’Orléans pour sonder ses intentions dans le cas où la monarchie serait renversée, mais celui-ci tergiverse
d’autant plus que le château de Neuilly où il réside est étroitement surveillé par les troupes royales.
L’insurrection franchit une étape supplémentaire le matin du 29, alors que deux des régiments impliqués
dans la répression font fection et passent du côté des insurgés. Au soir du 29, toute la capitale sera aux
mains des insurgés. Politiquement, les tractations se poursuivent au sommet toute la journée, le roi acceptant
finalement de renvoyer Polignac et de retirer les ordonnances, mais il est alors trop tard, puisqu’il a perdu le
contrôle de Paris.
Mais il est bien r hors de question pour les libéraux de laisser les émeutiers, qui réclament la fin de la
monarchie et la proclamation de la république, de s’imposer politiquement. Ils parviendront dautant plus
facilement à imposer un compromis qu’une part importante de la population parisienne s’inquiète des
bordements et que les républicains sont eux-mêmes très divisés et n’ont pas de forces politiques capables
de s’opposer à des libéraux expérimentés.
Deux jours de tractations permettront d’imposer le compromis libéral : maintien de la monarchie, avec
cependant des concessions importantes pour les libéraux, avec à sa tête Louis-Philippe d’Orléans, dont on
commence à vendre la candidature à la population à partir du 28 juillet. Le principal intéressé finit lui-même
par se rallier à cette solution, après que Charles X, le 31 juillet, cédant à la peur et comprenant que toute
résistance est devenue vaine, se soit enfui de la capitale.
Les républicains furieux s’opposent d’abord à ce qu’ils voient, avec raison, comme un vol des fruits de
leurs efforts, mais la population préférera suivre la voie indiquée par les modérés. Le 31 juillet, La Fayette,
dont la popularité demeure immense, donne l’accolade au duc dOrléans sur le balcon de l’hôtel de ville,
enrinant symboliquement le choix de Louis-Philipe comme monarque de remplacement.
La monarchie de juillet débute officiellement le 7 août, avec l’adoption d’une révision de la Charte et la
proclamation officielle, consécutivement au vote de 219 députés contre 33 (près de 200 députés étaient
absents) en faveur de cette solution. La branche cadette des Bourbons, avec à sa tête un homme populaire, qui
a combattu dans les armées républicaines, prend la tête de la France. Si les radicaux enragent, ils n’ont
d’autre choix que de se soumettre à la volonté de la majorité. Une fois encore, les libéraux tirent les marrons
du feu.
Ainsi, même s’il jouit d’une grande popularité au centre du spectre politique et que le reste de la France
acceptera sans grande difficulté son règne, Louis-Philippe, « roi des barricades » pour la droite, « roi de
pacotille » pour la gauche, sera toujours contesté.
2 – La monarchie de Juillet
2.1 – Les institutions
Si la Charte de 1814 demeure le fondement constitutionnel de l’État après l’arrivée au pouvoir de Louis-
Philipe, le changement du personnel politique, constitué essentiellement par l’ancienne opposition libérale de
la Restauration, de même que les modifications substantielles apportées à la Charte constitutionnelle
modifient sensiblement le caractère du régime.
Ainsi, le caractère parlementaire de la monarchie est accentué par la suppression de l’article 14 sur les
ordonnances et du préambule de la Charte et l’association des Chambres à l’initiative des lois, relevant
auparavant de l’exécutif.
— Des changements symboliques accompagnent ce changement fondamental et permettent l’ajout de certains
éléments de la tradition républicaine. C’est ainsi que le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc de la
monarchie. De même, alors que Charles X était roi de France, Louis-Philipe règne en tant que roi des
Français. Enfin, le fait que le catholicisme perde son statut de religion d’État, lequel redevient alors
clairement laïc, témoigne clairement du retour à une conception étatique s’appuyant sur le principe de la
souveraineté nationale.
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Une série de réformes vise de même à accroître le pluralisme et le régime représentatif, en élargissant la
base électorale. Même si le système demeure élitiste, une loi de mars 1831 qui accorde l’élection du conseil
municipal aux plus imposés de chaque commune, permet d’impliquer plus de 2 millions de personnes dans le
processus. Cependant, les maires et les adjoints sont toujours nommés par les préfets ou, dans les villes, par le
roi.
En avril 1831, la loi électorale est modifiée de façon importante, sans bien r permettre la mise en place
d’un système véritablement mocratique : les électeurs devaient dès lors avoir vingt-cinq ans au moins et
payer deux cent francs d’impôts directs et les éligibles devaient avoir trente ans et payer cinq cent francs
d’impôts. Quant aux députés, ils étaient désormais élus par quatre cent cinquante-neuf collèges électoraux,
dans le cadre d’un scrutin uninominal direct.
Ainsi, le nombre d’électeurs de putés passa à 166 000 en 1831, mais progressa lentement par la suite,
sans parvenir à atteindre 250 000 à la fin du régime.
Même si la Chambre des pairs, très impopulaire, car très aristocratique, n’est pas abolie, son importance
politique est réduite par l’abolition de l’hérédité de la pairie et les modifications concernant le processus de
nominations, ses membres étant désormais désigné par le roi. De sorte que le parlement prenait une plus
grande importance dans le système politique.
2.2 – Les forces politiques
Dans ce contexte, et même s’il n’y a d’abord pas de partis politiques proprement dits, les députés étant
élus surtout en fonction de leur influence personnelle et familiale et dans une moindre mesure, de leurs idées,
les débats en chambre acquièrent une grande importance, même si les diverses tendances politiques se
manifestent aussi à l’extérieur de la chambre, dans la société civile et les journaux.
Compte tenu du caractère encore largement élitiste du système, il va de soi que même les courants de la
« gauche radicale » demeurent très posés, ce qui va contribuer au développement de forces politiques extra-
parlementaires et par voie de conséquence, à un retour marqde l’agitation révolutionnaire au fil du temps,
les classes populaires ne pouvant compter sur une représentation politique adéquate.
— Quatre tendances politiques peuvent être distinguées au cours de la période. D’abord, dans l’opposition, à
droite, on compte bien sûr les légitimistes, partisans de Charles X, réfugié en Angleterre puis en Autriche, qui
rejette un nouveau régime qui les confine à un le nettement diminué. Après la mort de Charles X, ils
reportent leur fidélité aux Bourbons sur le duc de Bordeaux, qu’ils nomment Henri V.
Frappés de stupeur par l’effondrement rapide du système de 1814, ils ont d’autant plus de difficultés à
jouer un rôle politique qu’ils sont eux-mêmes divisés, alors que beaucoup s’abstiennent de toute participation
à la vie publique, pendant que d’autres tentent de s’organiser et de réagir en renouant avec la pratique de
sociétés secrètes, songeant sans toujours passer à des actes concrets à susciter des conspirations intérieures
ou, comme dans les années qui suivirent la révolution, à nouer des liens à l’extérieur, afin d’obtenir un appui
des cours européennes conservatrices.
— Un troisième groupe de légitimistes intègre cependant l’action politique, occupant le terrain légal contre le
nouveau régime et contre la personne de Louis-Philippe, vu comme un usurpateur du trône.
— Quoique leur influence politique diminue grandement, les légitimistes demeurent puissants et très capables
de se projeter dans lopinion publique, entre autres grâce à leurs richesses, et ils disposent de nombreux relais
de presse à Paris (La Quotidienne ou la Gazette de France) et en province, où l’on assiste à une multiplication
de titres qui rappellent les anciennes provinces de France, rejetant jusque dans leur dénomination la France
partementale et la Révolution.
— Le légitimisme ne s’appuyait cependant pas que sur les membres de l’aristocratie, car si tel avait été le cas,
le courant aurait été très minoritaire. Son aire géographique d’influence est désormais traditionnelle pour lui :
l’ouest et le Midi. Dans cette première zone, il s’appuie sur une part significative d’un clergé catholique qui
reste méfiante envers les innovations politiques de la capitale, d’autant que de nombreux membres du
nouveau régime s’étaient illustrés au cours de la Restauration par la promotion d’un anticléricalisme virulent.
Dans le Midi, le légitimisme a une clientèle populaire qui, par-delà le rejet de la nouvelle dynastie,
exprime la résistance de l’ancienne socié aristocratique, rurale et artisanale, contre une société plus
moderne, individualiste et urbaine. En d’autres termes, il s’agit ici de la bonne vieille opposition régionale
nord-sud.
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L’autre grande force d’opposition se situe bien sûr à l’autre extrême du spectre politique. On y trouve les
républicains convaincus, qui au début de la monarchie de juillet comprennent aussi les bonapartistes. Ce
courant est aussi très éclaté, comme en témoigne sa distribution géographique, essentiellement à Paris et dans
l’est de la France, ainsi que dans la ville de Lyon.
Le courant républicain se décompose aussi en plusieurs tendances. Les plus modérés, qui défendent une
république s’inspirant du modèle américain, se montrent d’abord favorables à une collaboration avec la
monarchie de Juillet, mais au fil des années, en fonction du conservatisme croissant du système, ils s’en
détournent peu à peu.
Le jacobinisme n’est pas mort et peut compter sur une certaine représentation à la chambre des députés.
Le programme jacobin se situe clairement dans la tradition égalitariste de la révolution, comme en témoignent
les revendications de retour au suffrage universel. Centralistes, les jacobins rejettent dans leur majori les
méthodes extra-légales et s’en tiennent à la lutte parlementaire et strictement légaliste pour faire valoir leurs
opinions.
Malgré leurs dissensions, les républicains partagent certaines orientations communes, en politique
étrangère, entre autres, où ils critiquent le refus du gouvernement de venir en aide aux mouvements nationaux
polonais et italiens, d’essence républicaine.
Les républicains disposent de nombreux leviers pour assurer la diffusion de leurs points de vue, surtout
dans un cadre associatif qui renoue avec la tradition très jacobine des clubs politiques. Certaines de ses
associations sont antérieures à 1830, mais la plupart sont nouvelles, comme l’Association libre pour
l’éducation du peuple ou l’Association républicaine pour la défense de la liberté de la presse patriote et de la
liberté individuelle.
— La plus importante, solidement jacobine, fut la Société des droits de l’homme et du citoyen, très influente
en 1832-1833, qui avait recours à l’action légale, mais aussi violente, et était très populaire auprès de la
jeunesse estudiantine et des ouvriers.
Au centre de ces deux tendances extrême se rassemblent les putés de la majorité, que l’on nomme les
partis dynastiques (car ils appuient le régime), que l’on peut diviser en deux groupes, qui seront les premiers à
s’organiser en formation politique partisane.
À gauche d’abord, le Parti du mouvement vers la mocratie est légaliste et voit dans la révolution de
Juillet un point de départ pour de nouvelles réformes. Sans défendre le suffrage universel, les députés de cette
tendance souhaitent une extension du droit de vote et rejoignent les républicains dans leur réclamation d’une
politique d’aide aux peuples révoltés.
Le principal appui de cette gauche modérée se trouve dans la petite bourgeoisie parisienne et de l’est du
pays. Très anticléricale et très méfiante envers les légitimistes, elle aura l’occasion de diriger le
gouvernement au début du régime et devra s’employer à freiner le mouvement volutionnaire, avant d’être
rejeté dans l’opposition. C’est elle qui est à l’origine des lois visant à étendre le régime représentatif.
Enfin, le Parti de la résistance (au mouvement révolutionnaire) formera le gouvernement à partir de 1831
et presque tout au long du régime de Juillet et conséquemment, il sest rapidement identifié lui-même au
régime.
Composée en premier lieu de libéraux opposés à la restauration, de hauts fonctionnaires ayant servi tous
les régimes et de gens promus à des fonctions politiques par la révolution de Juillet, cette tendance de centre
droit, tenant de la « loi et l’ordre », identifie les intérêts de la bourgeoisie dont elle issue et qui forme le pays
légal, c’est-à-dire le corps électoral, et ceux de l’ensemble de la nation. Elle mène une politique dite du
« juste milieu » entre le danger légitimiste et les nuances républicaines.
Ces libéraux traditionalistes soutiennent l’idée d’un régime parlementaire limitant les interventions de
l’État et cherchant à garantir les initiatives individuelles. Cependant, se retrouvant à la tête du gouvernement,
ils seront contraints à l’opportunisme et à faire passer au premier plan le rétablissement de l’ordre et la
répression légale.
2.3 – Évolution politique
Le même problème qu’en 1789 se pose aux nouveaux détenteurs des pouvoirs politiques. Après avoir
utilisé la pression populaire pour renverser Charles X, ils doivent freiner l’agitation révolutionnaire des
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masses, d’autant que nombreux parmi elles sont ceux qui soutiennent qu’encore une fois, la bourgeoisie a
volé les efforts du peuple.
L’agitation révolutionnaire qui se poursuit pendant plusieurs mois après l’avènement du nouveau régime
se trouve favorisée par une liberté complète de la vie politique, en raison de l’affaiblissement de l’autorité et
de la situation souvent délicate des nouveaux administrateurs provenant de l’opposition libérale.
Autre point commun avec le récent passé révolutionnaire, mais avec la période 1792-1794 cette fois, le
décalage entre Paris et la province, entre les aspirations des insurgés de Juillet et les nouvelles institutions.
D’autant que la crise économique est relancée par la révolution, qui a entraîné un ralentissement de la
consommation des classes dirigeantes urbaines et entravé le commerce extérieur en raison des craintes de
guerre, car la réaction des puissances européennes au renversement des bourbons inquiète. Le prix du bet
du pain augmente grandement au printemps 1832, alors que le chômage sévit : les revenus baissent et le coût
de la vie augmente, conjonction funeste pour un pouvoir politique encore mal assis.
— À ces difficultés économiques s’ajoute un problème sanitaire important, alors qu’une épidémie de choléra
frappe le pays en 1832 et fait 20 000 morts à Paris seulement, surtout dans les quartiers populaires surpeuplés.
Mais les victimes ne se limitent pas qu’à la capitale, la maladie touchant surtout les villes ouvrières, dont
Lille, mettant ainsi en évidence un autre aspect de l’inégalité sociale, celle de lindividu devant la mort, même
si des membres de la haute société sont aussi touchés.
— Ainsi, l’agitation ne retombe pas. Si parfois elle est avant tout causée par la situation économique (comme
à Lyon à l’automne 1831, où une grève dégénère en insurrection, violemment réprimée par les pouvoirs
publics), la propagande républicaine, par les journaux et les clubs, attise bien souvent le mécontentement
populaire. Ce fut le cas au début juin 1832, alors que les funérailles du néral Lamarque, député de la
gauche radicale, provoquent deux journées d’émeute dans les quartiers ravagés par le choléra.
— De sorte que rapidement, le gouvernement est contraint de serrer la vis et de réduire les libertés publiques
en promulguant des lois liberticides, comme celle d’avril 1834, encadrant les organisations de la société civile
et restreignant leurs activités, loi qui provoquera par ailleurs une autre émeute à Lyon, alors qu’une action de
police musclée parviendra à étouffer le feu insurrectionnel qui couvait à Paris.
À l’opposé, les légitimistes aussi posaient problème, même si bien sûr leurs actions tournaient autour de
conspirations plutôt que de révoltes ouvertes. La plus grave dentre elles concerna la duchesse de Berry,
belle-fille de Charles X, débarquée secrètement en avril 1832 sur les côtes de Provence, d’où elle gagna
l’Ouest pour tenter de soulever sans grand succès les paysans bretons et vendéens, avant d’être capturée et
emprisonnée. Pour le reste, leurs actions, stabilisantes, mais peu efficaces, visaient à affaiblir le régime en
attaquant la légitimité du roi.
— Les élections de 1831 et 1834 avaient donné une majorité favorable au régime et aux partisans du maintien
de l’ordre, car l’opinion publique s’inquiétait de la persistance de l’agitation populaire. Dans ce contexte,
l’attentat de juillet 1835 contre le roi (qui causa la mort de 18 personnes) servi de prétexte à un tour de vis
sécuritaire. La loi de septembre 1835, primant les lits de presse et la propagande anticonstitutionnelle,
favorisa la stabilisation politique et ouvrit la porte à une décennie plus calme, malgré quelques crises.
La période 1835-1840 étant moins dominée par le souci de l’ordre, les partisans du régime se divisent en
plusieurs tendances, rendant difficile la gouvernance de l’État. Les ministères Thiers (1836) et Molé (1836-
1839) furent le théâtre d’une constante recomposition des forces gouvernementales, alors que le roi lui-même
se mêlait de plus en plus fréquemment de la gestion gouvernementale.
Les élections de février 1839 sanctionnèrent la classe politique dominante et cette implication jugée trop
importante du monarque, sans parvenir à donner en chambre une majorité cohérente et il fallut encore une
menace sociale (l’émeute du 12 mai 1839 provoquée par les blanquistes) pour mettre fin à la crise
ministérielle en faisant taire les dissensions de la classe politique.
Thiers reprend le poste de président du conseil en 1840 et mène une politique très nationaliste, dont
l’illustration la plus remarquable est le retour des cendres de Bonaparte en 1840. Cependant, le ressort
nationaliste ne fonctionne pas très longtemps et c’est encore une fois la reprise de l’agitation qui vient à bout
de Thiers. Grèves et manifestations de la gauche radicale inquiètent l’opinion bourgeoise, qui craint la
révolution et la guerre, alors que des tensions internationales opposent la France et la majori des États
européens sur la question d’Orient.
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