Présentation

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Histoire de la
France
révolutionnaire
Septième cours :
La Monarchie de juillet et la
seconde république
(1830-1851)
Septième cours :
1 – Les Trois glorieuses
2 – La monarchie de Juillet
3 – Économie et société sous la
monarchie de Juillet
4 – La Seconde république (1848-1852)
5 – Politique étrangère (1830-1848)
1 – Les Trois glorieuses
• Les élections de juin 1830 donnèrent une majorité de
députés à l’opposition et Polignac convainc Charles X
de gouverner par ordonnance, comme le prévoit la
Charte.
• En juillet, les ministres préparent les ordonnances dans
le plus grand secret, ce qui accroît d’autant la tension,
car libéraux et radicaux s’attendent à un coup de force.
• Les ordonnances, publiées le 26 juillet, suppriment
ce qui reste des institutions libérales : suspension de
la liberté de la presse, instauration de la censure,
dissolution de la chambre, modification à la loi
électorale, réduction du nombre de députés de 428 à
258, convocation des collèges électoraux pour
septembre et nomination d’ultras au Conseil d’État.
• La population parisienne et l’opposition réagissent dès la
publication. Les libéraux préparent une adresse à la
nation dans la presse et tentent de s’organiser,
pendant que la population commence à manifester.
• Le 27 juillet, l’émeute prend de l’ampleur. On y trouve
des victimes de la situation économique, des membres
de la petite bourgeoisie parisienne, dont plusieurs
étaient membres de la Garde nationale et des
bonapartistes. Ils sont dirigés par des étudiants et des
meneurs politiques de la gauche radicale.
• Les libéraux cherchent à éviter un effondrement du
régime, craignant autant les débordements de la
population que les réactionnaires du gouvernement.
• Lorsque surviennent les premiers heurts entre les
manifestants et la police, Paris se couvre de
barricades. Les premiers coups de feu retentissent, la
population s’arme, les premiers morts tombent et
l’émeute se transforme en insurrection.
• Le 28 au matin, plus de 10 000 personnes participent
à l’insurrection et le gouvernement ne répond que par la
force : Charles X décrète la capitale en état de siège et
donne l’ordre à la garnison d’écraser l’insurrection.
• La guerre urbaine qui se déchaîne n’est pas à
l’avantage des troupes régulières, qui manœuvrent
difficilement dans les rues étroites. Des combats ont lieu
autour de l’Hôtel de Ville, capturée par les insurgés.
• Les libéraux tentent de convaincre le roi de faire des
concessions, en annulant les ordonnances du 26 juillet,
mais le roi est intraitable. La Fayette propose de
passer outre le roi pour obtenir un cessez-le-feu entre la
troupe et les manifestants.
• Un député suggère de faire porter la responsabilité de la
crise aux seuls ministres, coupables d’avoir trompé le
roi. Ces démarches seront vaines, le roi continuant
d’exiger la reddition des insurgés comme préalable et
ordonne l’arrestation de certains libéraux.
• Voyant l’impossibilité d’en arriver à un compromis, un
groupe de libéraux approche le duc d’Orléans pour
sonder ses intentions dans le cas où la monarchie serait
renversée, mais celui-ci tergiverse.
• Le matin du 29, deux régiments impliqués dans la
répression font défection et passent du côté des
insurgés et au soir, la capitale sera entre leurs mains.
• Politiquement, les tractations se poursuivent au
sommet toute la journée, le roi acceptant de renvoyer
Polignac et de retirer les ordonnances, mais il est alors
trop tard, puisqu’il a perdu le contrôle de Paris.
• Hors de question pour les libéraux de laisser les
émeutiers, qui réclament la république, s’imposer
politiquement. Ils parviendront à imposer un compromis,
une part importante de la population s’inquiétant des
débordements. Les républicains sont très divisés et
n’ont pas de forces politiques capables de s’opposer
à des libéraux expérimentés.
• Deux jours de tractations permettront d’imposer le
compromis libéral : maintien de la monarchie,
(concessions importantes pour les libéraux), avec à sa
tête Louis-Philippe d’Orléans, qui se rallie après que
Charles X, le 31 juillet, se soit enfui de la capitale.
• Les républicains s’opposent à ce qu’ils voient comme
un vol des fruits de leurs efforts, mais la population
préférera suivre la voie indiquée par les modérés.
• Le 31 juillet, La Fayette donne l’accolade au duc
d’Orléans sur le balcon de l’hôtel de ville, entérinant
symboliquement le choix de Louis-Philipe comme
monarque de remplacement.
• La monarchie de juillet débute le 7 août, avec
l’adoption d’une révision de la Charte et la proclamation
officielle, consécutivement au vote de 219 députés
contre 33 (près de 200 députés étaient absents) en
faveur de cette solution.
• C’est ainsi que la branche cadette des Bourbons,
avec à sa tête un homme populaire, qui a combattu dans
les armées républicaines, prend la tête de la France. Si
les radicaux enragent, ils n’ont d’autre choix que de se
soumettre à la volonté de la majorité. Une fois encore,
les libéraux tirent les marrons du feu.
• Même s’il jouit d’une grande popularité au centre du
spectre politique et que le reste de la France acceptera
sans grande difficulté son règne, Louis-Philippe, « roi
des barricades » pour la droite, « roi de pacotille » pour
la gauche, sera toujours contesté.
2 – La monarchie de Juillet
2.1 – Les institutions
• La Charte de 1814 demeure le fondement
constitutionnel de l’État après l’arrivée au pouvoir de
Louis-Philipe, mais le changement du personnel
politique et les modifications apportées à la Charte
constitutionnelle changent le caractère du régime.
• Le caractère parlementaire du régime est accentué par
la suppression de l'article 14 sur les ordonnances et
du préambule de la Charte et par l'association des
Chambres à l'initiative des lois.
• Des changements symboliques accompagnent ce
changement fondamental et permettent l’ajout de
certains éléments de la tradition républicaine.
• Le drapeau tricolore remplace le drapeau blanc et
Louis-Philipe règne en tant que roi des Français et non
roi de France. Le catholicisme perd son statut de religion
d'État, lequel redevient clairement laïc.
• Une série de réformes vise à accroître le pluralisme et
le régime représentatif, en élargissant la base électorale.
• Le système demeure élitiste, mais une loi de mars
1831 permet d’impliquer plus de 2 millions de
personnes dans le processus politique municipal,
même si maires et adjoints sont toujours nommés par
les préfets ou par le roi.
• En avril 1831, la loi électorale est modifiée de façon
importante : les électeurs devaient avoir 25 ans et payer
200 francs d'impôts directs ; les éligibles devaient avoir
30 ans et payer 500 francs d'impôts.
• Les députés étaient désormais élus par quatre cent
cinquante-neuf collèges électoraux, dans le cadre
d’un scrutin uninominal direct.
• Le nombre d’électeurs de députés passa à 166 000 en
1831, mais progressa lentement par la suite, sans
parvenir à dépasser 250 000 à la fin du régime.
• La Chambre des pairs n’est pas abolie, mais son
importance politique est réduite par l’abolition de
l’hérédité de la pairie et les modifications concernant le
processus de nominations, ses membres étant
désormais désigné par le roi.
• De sorte que le parlement prenait une plus grande
importance dans le système politique.
2.2 – Les forces politiques
• Même s’il n’y a d’abord pas de partis politiques, les
députés étant élus en fonction de leur influence et de
leurs idées, les débats en chambre acquièrent une
grande importance, même si les diverses tendances
se manifestent aussi à l’extérieur de la chambre,
dans la société civile et les journaux.
• Compte tenu du caractère élitiste du système, les
courants de la « gauche radicale » demeurent très
posés, ce qui va contribuer au développement de
forces politiques extra-parlementaires et à un retour
marqué de l’agitation révolutionnaire au fil du temps,
les classes populaires n’étant pas représentées.
• Quatre tendances politiques peuvent être distinguées
Dans l’opposition, à droite, on compte les légitimistes,
partisans de Charles X, qui rejette le nouveau régime, ce
qui les confine à un rôle nettement diminué.
• Surpris par l'effondrement du système de 1814, ils ont
beaucoup de difficultés à jouer un rôle politique et sont
très divisés.
• Beaucoup s'abstiennent de participer à la vie publique,
d'autres tentent de s’organiser et de réagir en
renouant avec la pratique de sociétés secrètes,
songeant à susciter des conspirations intérieures ou à
nouer des liens à l’extérieur, afin d’obtenir un appui des
cours européennes conservatrices.
• Un troisième groupe de légitimistes intègre l’action
politique, occupant le terrain légal contre le nouveau
régime et contre l’Usurpateur Louis-Philippe.
• Malgré leur perte d’influence, ils demeurent puissants
et capables de se projeter dans l’opinion publique et
disposent de nombreux relais de presse à Paris et en
province, où l'on assiste à une multiplication de titres
qui rappellent les anciennes provinces de France.
• Le légitimisme ne s’appuyait pas que sur les membres
de l’aristocratie et son aire d’influence se situe dans
l’ouest (où il s’appuie sur un clergé méfiant envers la
capitale) et le Midi, grâce a une clientèle populaire, qui
exprime ainsi la résistance de l'ancienne société
aristocratique, rurale et artisanale, contre une société
plus moderne, individualiste et urbaine.
• L’autre grande force d’opposition se situe à l’autre
extrême du spectre politique. On y trouve des
républicains convaincus, mais aussi les bonapartistes.
• Ce courant est aussi très éclaté, comme en témoigne
sa distribution géographique, essentiellement à Paris et
dans l’est de la France, ainsi que dans la ville de Lyon.
• Ce courant se décompose en plusieurs tendances. Les
plus modérés, se montrent d’abord favorables à une
collaboration avec la monarchie de Juillet, mais au fil
des années, en fonction du conservatisme croissant du
système, ils s’en détournent peu à peu.
• Le jacobinisme est toujours vivant et se situe dans la
tradition égalitariste de la révolution (revendications du
suffrage universel). Centraliste, il rejette en général les
méthodes extra-légales et s’en tient à la lutte
parlementaire et légaliste pour faire valoir ses opinions.
• Malgré leurs dissensions, les républicains partagent
certaines orientations : en politique étrangère, entre
autres, ils critiquent le refus du gouvernement d’aider les
mouvements nationaux polonais et italiens.
• Les républicains disposent de nombreux leviers pour
diffuser leurs points de vue, surtout dans un cadre
associatif qui renoue avec la tradition très jacobine des
clubs politiques. Certaines de ses associations sont
antérieures à 1830, mais la plupart sont nouvelles.
• La plus importante fut la Société des droits de
l'homme et du citoyen, très influente en 1832-1833, qui
avait recours à l'action légale, mais aussi violente, et
était très populaire auprès des étudiants et des ouvriers.
• Au centre de ces deux tendances se rassemblent les
députés de la majorité, que l’on nomme les partis
dynastiques, que l’on peut diviser en deux groupes
• À gauche, le Parti du mouvement vers la démocratie
est légaliste et voit dans la révolution de Juillet un point
de départ pour de nouvelles réformes. Sans défendre
le suffrage universel, il souhaite une extension du droit
de vote et rejoint les républicains dans leur réclamation
d’une politique d'aide aux peuples révoltés.
• Le principal appui de cette gauche modérée se trouve
dans la petite bourgeoisie parisienne et de l’est.
• Anticléricale et méfiante envers les légitimistes, elle
dirigera le gouvernement au début du régime et
devra freiner le mouvement révolutionnaire, avant d’être
rejeté dans l’opposition.
• Enfin, le Parti de la résistance forme le gouvernement
à partir de 1831 et presque tout au long du régime et, il
s’est rapidement identifié à celui-ci.
• Composée de libéraux opposés à la restauration, de
hauts fonctionnaires ayant servi tous les régimes et de
gens promus à des fonctions politiques par la révolution
de Juillet, cette tendance de centre droit, tenant de la
« loi et l’ordre », identifie les intérêts de la bourgeoisie
dont elle issue et qui forme le pays légal, c’est-à-dire le
corps électoral, et ceux de l'ensemble de la nation. Elle
mène une politique dite du « juste milieu » entre le
danger légitimiste et les nuances républicaines.
• Ces libéraux traditionalistes soutiennent l’idée d’un
régime parlementaire limitant les interventions de l'État
et cherchant à garantir les initiatives individuelles.
• Se retrouvant à la tête du gouvernement, ils seront
contraints à l’opportunisme et à faire passer au
premier plan le rétablissement de l'ordre et la répression
légale.
2.3 – Évolution politique
• Le même problème qu’en 1789 se pose aux nouveaux
chefs politiques et ils doivent freiner l’agitation des
masses, qui considèrent pour beaucoup que la
bourgeoisie les a privés des fruits de ses efforts.
• L'agitation révolutionnaire qui se poursuit pendant
plusieurs mois se trouve favorisée par une liberté
complète de la vie politique, en raison de
l'affaiblissement de l'autorité.
• On constate de même un décalage entre Paris et la
province, entre les aspirations des insurgés de Juillet et
les nouvelles institutions. La révolution a entraîné un
ralentissement de la consommation des classes
dirigeantes urbaines et entravé le commerce extérieur
en raison des craintes de guerre, la réaction des
puissances européennes suscitant l’inquiétude.
• Le prix du blé et du pain augmente et le chômage
sévit, conjonction funeste pour un pouvoir politique
encore mal assis.
• Une épidémie de choléra frappe le pays en 1832 et fait
20 000 morts à Paris seulement, surtout dans les
quartiers populaires surpeuplés.
• Mais les victimes ne se limitent pas qu’à la capitale, la
maladie touchant surtout les villes ouvrières, dont Lille,
mettant ainsi en évidence l’inégalité des individus
devant la mort, même si la haute société est touchée.
• L’agitation est causée par la situation économique
(comme à Lyon à l’automne 1831, où une grève
dégénère en insurrection), mais la propagande
républicaine attise le mécontentement populaire,
comme en juin 1832, alors que les funérailles du
général Lamarque, député de la gauche radicale,
provoquent une émeute dans les quartiers ravagés par
le choléra.
• Rapidement, le gouvernement est contraint de réduire
les libertés en promulguant des lois liberticides, comme
celle d’avril 1834, encadrant les organisations de la
société civile et restreignant leurs activités.
• Les légitimistes posaient aussi problème, même si
leurs actions tournaient autour de conspirations plutôt
que de révoltes ouvertes.
• La plus grave d’entre elles concerna la duchesse de
Berry, belle-fille de Charles X, débarquée secrètement
en avril 1832 sur les côtes de Provence, d'où elle gagna
l'Ouest pour tenter de soulever les paysans bretons et
vendéens, avant d’être capturée et emprisonnée. Pour le
reste, leurs actions peu efficaces visaient à affaiblir
le régime en attaquant la légitimité du roi.
• Les élections de 1831 et 1834 donnèrent une
majorité favorable au régime et aux partisans du
maintien de l’ordre, l'opinion publique s’inquiétant de la
persistance de l’agitation populaire.
• L’attentat de juillet 1835 contre le roi servi de prétexte
à un tour de vis. Une loi de septembre 1835, réprimant
les
délits
de
presse
et
la
propagande
anticonstitutionnelle, favorisa la stabilisation politique
et ouvrit la porte à une décennie plus calme.
• La période 1835-1840 étant moins dominée par le
souci de l’ordre, les partisans du régime se divisent en
plusieurs tendances, rendant difficile la gouvernance.
• Les ministères Thiers (1836) et Molé (1836-1839) virent
une constante recomposition des forces politiques, alors
que le roi lui-même se mêlait de plus en plus
fréquemment de la gestion gouvernementale.
• Les élections de février 1839 sanctionnèrent la classe
politique et cette implication trop grande du monarque,
sans parvenir à donner en chambre une majorité
cohérente et il fallut encore une menace sociale
(l’émeute du 12 mai 1839 provoquée par les
blanquistes) pour mettre fin à la crise ministérielle.
• Thiers reprend le poste de président du conseil en
1840 et mène une politique nationaliste, illustrée par le
retour des cendres de Bonaparte en 1840. Cependant,
le ressort nationaliste ne fonctionne pas très longtemps
et la reprise de l’agitation vient à bout de Thiers.
• Grèves et manifestations inquiètent l'opinion, qui craint
la révolution et la guerre, alors que des tensions
internationales opposent la France et la majorité des
États européens sur la question d’Orient.
• Le cabinet suivant, formé en octobre 1840, devait être
un cabinet de transition, mais il dura jusqu’en 1848. Il
est dirigé par le maréchal Soult, même si en fait Guizot
mène, avant de remplacer le maréchal en 1847.
• Après avoir apaisé la situation internationale, malgré des
difficultés financières, la mort du duc d’Orléans en
1842, le regain de l'opposition légitimiste et les lenteurs
de la conquête d’Algérie, le gouvernement Guizot
parvient peu à peu à stabiliser sa position.
• Il est aidé par l'appui du roi et celui des Chambres, en
dépit de la faible majorité dont il dispose jusqu’en 1846,
mais aussi par la prospérité économique. L'opposition
est trop divisée pour s'unir sur un programme positif et
se contente de dénoncer la politique extérieure.
• Guizot gouverne en ne tenant compte que de l'opinion
du pays légal. Son autorité tient à l'impossibilité de
mener une autre politique sans modifier la constitution.
Pour s'assurer ses majorités, il recourt au clientélisme,
accordant des avantages aux départements qui votent
du bon côté, accroissant ainsi la corruption.
• Le vent se lève à partir de 1846, alors que les élections
d'août voient l'opinion se diviser en deux tendances :
les conservateurs, qui ont bénéficié d’une croissance
économique qui satisfait la bourgeoisie provinciale et qui
a profité aussi des pressions administratives et de
l’autre, les opposants, de droite comme de gauche.
• Le premier groupe demeure majoritaire, avec 291
députés contre 168 opposants. Mais Paris est
représenté par des députés très à gauche, traduisant un
divorce entre la capitale et le gouvernement. Mais sa
majorité permet à Guizot de de faire avorter tous les
projets de réforme. Exclue du jeu politique,
l'opposition s'exprime alors hors du parlement.
• Les intérêts locaux ou personnels dominent de plus en
plus et le ministère transforme la stabilité en
immobilisme, ce qui exaspère l’opposition.
• Devant l'échec de leurs différents projets de
réformes, les opposants changent de tactique,
comprenant l'impossibilité de parvenir au pouvoir par la
voie électorale sans modifier le régime des élections.
• Les
radicaux
acceptent
d'atténuer
leurs
revendications afin de mener avec l'opposition
dynastique et le centre gauche une campagne en
faveur de la réforme électorale.
• À partir de juillet 1847, des banquets réunissent, dans
les grandes villes du Nord et de l'Est, électeurs,
membres des professions libérales, journalistes et
députés d’opposition, afin de faire abaisser le cens à
cent francs, ce qui permettrait à la petite bourgeoisie
libérale de jouer un rôle politique important .
• Se déroulant d’abord selon les formes légales, ces
banquets dégénèrent après celui de Lille, en novembre
1847, qui voit des radicaux exiger le suffrage universel,
Craignant des débordements, le gouvernement interdit
le banquet de clôture prévu pour le 22 février 1848 à
Paris.
• Les radicaux organisent une manifestation pour
protester et le 22 février, des accrochages se produisent
entre gardes municipaux et étudiants ou ouvriers. Des
barricades s'élèvent et la base de revendication
s’accroit : ce n’est pas seulement le gouvernement que
les manifestants critiquent, mais le régime lui-même.
• Sous la pression de son entourage, le roi demande à
Guizot sa démission, mais personne ne parvient à
constituer une majorité gouvernementale et l'émeute se
développe à la suite d'une fusillade qui fait 52 morts. Le
24 février, l'émeute devient révolution et l'on compte
près de 500 barricades dans Paris.
• Le maréchal Bugeaud, commandant les troupes, lance
une offensive contre les manifestants, puis ordonne de
cesser le feu, car le roi a abdiqué en faveur de son
petit-fils et abandonné les Tuileries.
• Il a désigné la duchesse d'Orléans comme régente, mais
lorsque celle-ci se présente à la Chambre des députés
avec ses fils, les insurgés s’y rendent, suivis par la foule,
obligeant la duchesse et la majorité des députés à
s’enfuir. Seule l'annonce d'un gouvernement
provisoire républicain apaise l'émeute.
3 – Économie et société sous
la monarchie de Juillet
3.1 — Économie
• Entre 1830 et 1845, la France connaît une période
d’expansion économique, s’appuyant sur la croissance
démographique et de la production. Au cours de cette
période, le revenu national augmente de 2,5 % par
année en moyenne, soit le double du taux de croissance
de la décennie précédente (1825-1835).
• Les moyens de transport se développent, avec une
expansion des chemins carrossables et surtout celle
du système ferroviaire, même si dans un premier
temps, jusqu’en 1837, la population et les milieux
financiers ne perçoivent pas l’importance de cette
innovation.
• Une loi de juin 1842 règle les conditions de construction
des grandes lignes, concédées à des compagnies
constituées en sociétés anonymes, l'État se chargeant
de l'expropriation des terrains nécessaires et des
travaux d'infrastructure.
• Si en 1842, il n’y avait que 570 km de voies ferrées, en
1848, le réseau compte près de 2 000 kilomètres. La
ligne la plus importante relie Paris à la Belgique, en
passant par les bassins houillers du Pas-de-Calais.
• La construction de chemins de fer stimule la
métallurgie. Le nombre de hauts fourneaux à coke
passe de 41 en 1840 à 107 en 1847. Ils produisent alors
45 % de la fonte française.
• Le développement de l’industrie lourde favorise la
concentration de la production entre quelques grands
consortiums. Des sociétés se constituent pour
drainer l'épargne et financer ces grands travaux,
comme la Caisse générale du commerce et de
• La progression de la production de charbon est
importante, mais insuffisante pour combler les besoins,
alors que l'industrie textile se développe très bien,
grâce à la mécanisation, à Rouen et à Lille, entre autres.
• L'agriculture progresse grâce à l'amélioration des
transports, qui favorise la commercialisation des produits
agricoles et améliore le rendement économique du
secteur.
• La production s’accroît aussi grâce à l’amélioration de
la productivité (conséquence de la mécanisation,
comme les machines à battre le grain, mais aussi au
recours plus fréquent au fumier), qu’à la mise en valeur
de terres jadis impropres à l’agriculture.
• Les progrès scientifiques permettent l’amélioration des
techniques d’élevage, par la sélection des races et le
développement des prairies artificielles et des plantes
fourragères.
• La petite propriété continue de dominer, le paysan
étant plus soucieux d'acheter de la terre que d'améliorer
celle qu'il possède, mais un capitalisme agricole se
développe dans certaines régions comme en Flandre,
en Limagne, en Beauce et en Brie.
• Ces transformations sont inégalement réparties et
profitent surtout aux régions déjà riches. Le
déséquilibre entre la France du Nord et de l'Est et
celle du sud de la Loire s’en trouve accentué.
• À partir de 1846, les choses se gâtent, entre autres à
cause de facteurs incontrôlables. La récolte de 1846 est
mauvaise et oblige à recourir à l’importation de blé.
• L’enchérissement des produits alimentaires provoque
une réduction de la consommation des biens
industriels, qui se répercute sur l’emploi et entraîne un
chômage important, particulièrement dans l’industrie
textile. Par exemple, au printemps 1847, à Roubaix
8 000 des 13 000 ouvriers du secteur sont en chômage.
• À ces facteurs conjoncturels, il faut ajouter les
difficultés d'adaptation des structures financières.
Dans la construction ferroviaire, l'engouement pour les
actions des compagnies et la sous-estimation du coût
des travaux ont fait monter les actions.
• Mais dès 1847, le manque de liquidité de ces entreprises
les oblige à faire des appels de fonds qui provoquent
l’éclatement d’une bulle spéculative, entrainant la
faillite de nombreuses banques.
• La crise ruine de nombreuses familles bourgeoises
qui rejettent la responsabilité sur le gouvernement. Les
troubles sociaux qui affectent les campagnes, comme
les pillages en Normandie, provoquent une peur sociale
qui est aggravée par l’agitation ouvrière.
• La bourgeoisie ressent le malaise à la fois comme
victime et comme témoin du mécontentement des
basses classes qui se mobilisent pour tenter d’obtenir
un nouveau partage économique et politique.
3.2 – Agitation sociale
• Les progrès économiques de la décennie 1835-1845
sont inégalement répartis entre les groupes sociaux.
La bourgeoisie d'affaires, minoritaire parmi les élites
dirigeantes, joue un rôle qui lui assure de plus en plus la
domination sur la politique économique.
• La bourgeoisie foncière et l'aristocratie investissent
peu dans les affaires industrielles et préfèrent les
placer dans des fonds d'État, encore prisonniers d’une
logique essentiellement rentière.
• La population de la France (35 millions d’habitants en
1846), demeure en majorité composée de paysans,
dont les conditions économiques sont difficiles. Le
nombre de petits propriétaires augmente, mais
nombreux sont ceux qui sont lourdement endettés,
l'usure étant l’un des grands maux de la société rurale.
• Les ouvriers sont encore en majorité des artisans. Des
sociétés de secours mutuels, parfois inspirées par les
patrons, parfois servant de façade à des associations
ouvrières illégales, apparaissent et constituent une
première forme d'organisation ouvrière.
• Les conditions des travailleurs des manufactures
sont très pénibles et s’illustrent entre autres par
l’emploi d'enfants très jeunes et de jeunes filles. Prélats
et sympathisants légitimistes s’emploient à dénoncer la
situation, moins pour témoigner leur sympathie pour ces
déclassés que pour critiquer la bourgeoisie orléaniste.
• Les théoriciens socialistes, alertés par la situation
ouvrière, commencent à réclamer une organisation
rationnelle de la société, par opposition au libéralisme.
• Utopistes issus de milieux généralement aisés, ils sont
très peu en contact avec les ouvriers et s’intéressent
plus aux aspects idéologiques de l’organisation sociale
qu’aux problèmes concrets de la population ouvrière.
• Le saint-simonisme, qui a éclaté en plusieurs directions
après la dispersion de la communauté de Ménilmontant,
a lancé l’idée d'organisation et d'association, qui sera
reprise par Charles Fourier.
• Les idées de Fourier furent reprises et vulgarisées par
Victor Considérant, utilisant son journal La Démocratie
pacifique pour promouvoir les thèmes principaux du
socialisme de l’époque, dont le droit au travail et
l’idéologie coopérative.
• Le fait que le premier gouvernement de la seconde
république ait dans un premier temps envisagé
l’inclusion du droit au travail dans la constitution
témoigne de la grande influence de ces socialistes.
• Les années 40 verront la grande implication de PierreJoseph Proudhon, l'un des rares théoriciens socialistes
d'origine populaire. Son ouvrage Qu’est-ce que la
propriété?, publié en 1840, est considéré par certains
théoriciens de l’anarchisme comme le premier du genre.
• Proudhon, sceptique devant la révolution de 1848,
voyant le manque d’intérêt pour une réforme socioéconomique qu’il considère comme étant plus
importante que les réformes politiques, fut le premier
à se définir anarchiste.
• S’opposant à la violence, il participera aux débats
parlementaires, étant élu à l’Assemblée nationale, avant
de passer trois ans en prison pour « offense au
président de la République ».
• Il s’implique dans le mouvement coopératif, en fondant
la Banque du Peuple en 1849, mais à cause de sa
condamnation et de son long séjour en prison, le projet
ne fonctionnera pas longtemps.
• Le socialisme démocratique est représenté par les
thèses de Philippe Buchez, fondées sur l'idée de
coopération plus que sur celle d'abolition de la propriété
et surtout par Louis Blanc.
• Ce dernier publie en 1839 L'Organisation du travail,
dans lequel il réclame pour l’État une implication
économique importante, passant par l'organisation de
l'activité économique et la création d'ateliers nationaux
• Ce courant se distingue des autres formes de socialisme
par la priorité qu’il accorde aux transformations
politiques. Cette orientation permettra une alliance
étroite entre eux et les républicains radicaux.
• Le communisme fait son apparition dans les années
1840, avant d’être popularisé par Marx.
• Visant un partage des biens, le communisme inspire des
théoriciens rêvant d'un communisme humanitaire
(Constantin Pecqueur), des communistes égalitaires
(Étienne Cabet) et des communistes matérialistes se
rattachant à la tradition de Gracchus Babeuf.
• Le plus influent d'entre eux est Auguste Blanqui, moins
théoricien que tacticien de l'insurrection et des sociétés
secrètes.
3.3 – Évolution artistique
• La période voit le triomphe du romantisme, qui avait
avant 1830, vu s'affirmer, à côté du courant initial
catholique et ultra-royaliste, un courant non conformiste,
plus révolutionnaire et rejetant la société établie et la
culture classique.
• Le romantisme anime tous les domaines de la vie
intellectuelle et artistique et continue à inspirer la
poésie lyrique qui donne une expression littéraire au
désarroi moral, plutôt que social, d’une jeunesse
bourgeoise étrangère par son mode de vie à la misère
populaire (Hugo, Musset et Lamartine, par exemple).
• Ce romantisme est aussi à la base des travaux des
grands historiens de l’époque, qui cherchent à faire
revivre le passé plutôt qu’à l’analyser, comme Augustin
Thierry et surtout Michelet.
• Dans le domaine de l’analyse sociale et politique, la
période voit la publication de La Démocratie en
Amérique d’Alexis de Tocqueville (1835-1839), qui
présente une sociologie anticipée de la société nouvelle.
• Le romantisme s’essouffle à partir des années 40,
avec la détérioration de la situation économique et
l’arrivée à maturité de certains auteurs romantiques,
dont le regard sur le monde change en faveur d’une
analyse plus matérialiste qui annonce le réalisme.
• L’échec des Burgraves de Victor Hugo en 1843 est
considéré comme l’un des moments forts de ce
changement, alors qu’en opposition avec ce qui est
présenté comme la mode de l'engagement des
écrivains dans les questions actuelles, un Théophile
Gautier formule sa doctrine de « l'art pour l'art ».
• De nombreux écrivains dépassent le romantisme par
un souci de plus en plus poussé de la description du
réel, comme Sainte-Beuve ou Stendhal.
• La lourdeur sociale des textes des années 1840 n’est
pas du goût de tous, le public appréciant les romansfeuilletons d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue, le
mélodrame et le vaudeville.
• La peinture romantique est dominée par Delacroix
(1798-1863). Déjà célèbre en 1830, il renouvelle son
inspiration par un voyage en Algérie et au Maroc.
• D'autres courants inspirent la peinture française : JeanAuguste-Dominique Ingres continue une carrière
académique qui le conduit à la direction de la villa
Médicis à Rome et à la décoration de châteaux royaux.
Son art du portrait fait revivre les personnages de son
temps.
4 – La Seconde république
(1848-1852)
4.1 – Le républicanisme à l’épreuve des faits
• La révolution de février 1848 a triomphé sans grande
difficulté et l'abdication du roi a rallié tous les
dirigeants à la République, qui n’avait pas de
compétiteur idéologique.
• L’opportunisme de certains députés et le radicalisme de
certains autres expliquent la confusion des premiers
mois et portent le germe du retour de balancier qui
surviendra après ce nouvel élan républicain.
• Après l'arrivée de manifestants à la Chambre des
députés, plusieurs parmi ces derniers annoncent
l'établissement
d'un
gouvernement
provisoire
composé et de libéraux et de quelques radicaux.
• S'efforçant d'apaiser les insurgés, le gouvernement
provisoire, qui proclame la république, prend de
nombreuses décisions : ouverture à tous les citoyens
de 21 à 55 ans de la garde nationale, convocation d’une
constituante au suffrage universel, garantie de la
liberté de presse et de réunion, abolition de la peine de
mort pour raisons politiques, etc.
• Sur le plan symbolique, le gouvernement refuse la
demande des radicaux d’adopter le drapeau rouge
comme emblème national.
• La présence des radicaux au sein du gouvernement se
fait sentir des mesures à caractère social : suppression
de l'esclavage dans les colonies, proclamation du droit
au travail et réduction de la durée de la journée de travail
à 10 heures à Paris et 11 heures en région.
• Le changement provoque un rebond de la crise
économique, d’autant que et les clubs révolutionnaires
terrorisent la bourgeoisie par leurs proclamations.
• Afin de résorber une partie du chômage, le
gouvernement ouvre des ateliers nationaux mais la
situation des finances publiques l’oblige à augmenter
les impôts de près de 50 %, suscitant la colère de la
province et des paysans.
• Ce dernier point, allié au renouvellement de
l'administration des départements, contribue à établir
un décalage entre la province et Paris. Dans la
capitale, les forces populaires restent maîtresses et
réclament des mesures sociales, alors qu’en province,
on se méfie des décisions et de l'influence parisiennes.
• Les élections à la constituante du 23 avril sont
favorables aux républicains modérés. La population a
participé en masse à ces élections au suffrage universel.
• Les 900 élus comptent un peu moins de 500
républicains modérés, près de 130 légitimistes ou
catholiques, 170 anciens orléanistes et environ une
centaine de radicaux et de socialistes.
• Malgré des émeutes à Limoges et Rouen, la transition
s'opère dans le calme et l'Assemblée constituante
désigne une Commission de cinq membres, qui succède
au gouvernement, d’où sont exclus les socialistes.
• C’est pourquoi ces deniers tentent de passer en force
le 15 mai en organisant des manifestations auxquelles
la majorité refuse de s’associer. Les meneurs du
mouvement sont arrêtés, mais la tentative a donné des
munitions aux conservateurs et entraîne l’abandon des
mesures les plus radicales d’abord proposées.
• Les élections complémentaires de juin renforcent les
conservateurs et mettent en évidence la popularité de
Louis Napoléon Bonaparte.
• Les difficultés financières du gouvernement entraînent la
suppression des ateliers nationaux, provoquant une
insurrection à Paris à la fin de juin. En réponse,
l'Assemblée supprime la Commission exécutive et la
remplace par un chef du pouvoir exécutif.
4.2 – La république conservatrice (1848-1851)
• Le général Cavaignac, chef de l’exécutif, met en place
un gouvernement composé de républicains
conservateurs et la répression s’abat sur les meneurs
des journées de juin. 3 000 insurgés sont emprisonnés
ou déportés en Algérie, alors que des lois limitent la
liberté des clubs et de la presse.
• Les élections municipales et des conseils généraux de
l’été donnent aux conservateurs une majorité
importante, d'autant que légitimistes et orléanistes se
sont unis contre les radicaux, pour la défense de l'ordre
social, donnant naissance au « parti de l'Ordre ».
• La constitution, adoptée le 4 novembre 1848 par 733
voix contre 42, donne le pouvoir exécutif à un
président de la République, élu au suffrage universel
pour quatre ans, et le pouvoir législatif à une assemblée
unique élue pour trois ans.
• Le remplacement du droit au travail par un droit à
l'assistance donne une bonne idée du glissement vers
la droite.
• L'élection présidentielle de décembre, fait ressortir la
division entre républicains conservateurs (Cavaignac
obtient 20 %) et radicaux (Ledru-Rollin obtient 5 %),
pendant que les socialistes peinent à rassembler 1 %.
• Le courant populaire est exploité par les conservateurs
en faveur de Louis Napoléon Bonaparte, qui triomphe
avec près de 75 % des suffrages exprimés.
• Cette victoire constitue un désaveu clair de la politique
menée depuis février, confirmé par les élections du 13
mai 1849, qui voient le parti de l’ordre remporter 55 %
des voix et obtenir un peu moins de 500 députés, alors
que les démocrates socialistes, menés par LedruRollin, obtiennent 35 % des voix et 180 élus, surtout
dans les régions industrielles.
• À Paris, les sièges sont partagés par les deux camps,
avec entre autres Victor Hugo pour les conservateurs et
Ledru-Rollin pour les démocrates.
• Les conservateurs sont inquiets du succès des
démocrates et prendront prétexte des manifestations
organisées par la Montagne en juin pour liquider cette
opposition : menacé d’arrestation, Ledru-Rollin s'enfuit
à Londres, pendant que d'autres députés sont poursuivis
et emprisonnés. L'état de siège est proclamé à Paris
et à Lyon et six journaux radicaux furent suspendus.
• Le parti de l’Ordre profite de sa situation pour prendre
un tournant conservateur en faisant voter diverses lois,
l’une assurant la « liberté d’enseignement », une autre
établissant une surveillance étroite des instituteurs
suspects de propagande socialiste.
• Surtout, après les élections de mars 1850, qui sont plus
favorables aux démocrates, l’assemblée modifie la loi
électorale en réduisant le suffrage universel.
• Pour être électeur, il faut payer la taxe personnelle
depuis trois ans dans la commune, ce qui permet
d’éliminer les tiers des électeurs.
• Fort de son appui, le président mène une politique
personnelle, réunissant un groupe comprenant ses
fidèles, des libéraux restés à l'écart du parti de l'Ordre et
des représentants du milieu des d'affaires,
• Le prestige de son nom et diverses mesures favorisent
les relations entre l'armée et celui qu'on commence à
appeler le « prince Louis Napoléon ». La Société du 10
Décembre apparaît comme le noyau d'un grand parti
napoléonien comptant à Paris boutiquiers, petits
rentiers et ouvriers, auquel se joignent des modérés du
parti de l’Ordre, déçu par le tournant conservateur.
• Celui-ci se trouve est dominé par les partisans d’une
autre restauration monarchique. Mais orléanistes et
légitimistes continuent à s’opposer, favorisant la
consolidation du parti napoléonien.
• La situation était compliquée par la loi
constitutionnelle, qui ne permettait pas à Louis
Napoléon de voir son mandat renouvelé en 1852.
• Du côté démocrate, on craint le pouvoir grandissant du
« prince-président » et divers événements accentuent
la pression révolutionnaire des radicaux tout au long
de l’année 1851, suscitant bien sûr le retour d’une peur
révolutionnaire.
4.3 – Vers le Second Empire
• Le président canalise à son profit la peur de la
révolution et entreprend une campagne pour réviser la
Constitution, ce qui lui permettrait d'être rééligible. Une
campagne de pétitions menée dans tout le pays permet
de réunir un million de signatures.
• Bien que la révision fût acceptée par une grande
partie des légitimistes et des orléanistes, il n'y eut
que 446 députés pour accepter la révision contre 270.
• Ainsi, la majorité des trois quarts des voix (543),
requise par la Constitution ne fut pas atteinte et
l'article 45 interdisant la rééligibilité fut maintenu.
• Pour rallier l’opposition démocrate et déconsidérer les
conservateurs, Louis Napoléon demande l'abolition
de la loi électorale de 1850 qui avait amputé le suffrage
universel.
• L'Assemblée s'y refusa, permettant au président de se
présenter comme un démocrate et de rallier une majorité
de modérés conservateurs et de modérés républicains.
• Devant le regain d’agitation des socialistes et des
radicaux, Louis Napoléon, qui peut compter sur le
soutien des forces armées, fixe la date de son coup
d'État au 2 décembre, anniversaire d'Austerlitz.
• Des affiches, imprimées dans la nuit du 1er au
2 décembre, reproduisent un « appel au peuple et aux
soldats » ainsi que deux décrets : l'un dissout
l'Assemblée nationale, rétablit le suffrage universel et
décrète l'état de siège ; l'autre appelle les Français à un
plébiscite pour reconnaître l'autorité de Louis Napoléon.
• Au matin, les députés républicains et monarchistes
qui tentent de résister sont arrêtés. Un Comité de
résistance républicain tente de soulever Paris et des
barricades sont dressées, avant d’être rapidement
démantelées. Il n’y eut pas de soulèvement populaire.
• La résistance violente fut le fait de paysans et
s'étendit du 3 au 8 décembre, un peu au nord et dans
quelques régions du sud-ouest, mais surtout dans le
sud-est. Mais l’opposition fut vite réduite : 32
départements furent mis en état de siège et 27 000
personnes furent arrêtées, dont 10 000 furent
condamnées à la déportation et 259 envoyés aux
travaux forcés.
• Le mouvement républicain sortit de l’opération
décapité, pendant que la propagande présenta les
actions de Bonaparte comme une nécessité face à la
subversion socialiste, ralliant conservateurs et clergé.
• Un nouveau ministère est constitué le 4 décembre, et
le plébiscite de fin de décembre, qui demandait des
pouvoirs constitutionnels pour Louis Napoléon,
rassembla l'approbation de 7,5 millions de personnes,
le non réunissant 650 000 votants. À Paris, le vote fut
plus serré, avec 132 000 « oui » contre 80 000 « non ».
• Le 14 janvier 1852, une Constitution, reprenant les
grandes lignes de la constitution napoléonienne de
l'an VIII fut proclamée. Le prince-président obtenait le
gouvernement de la République française pour 10 ans et
disposait de l'initiative de la promulgation des lois.
• La répression toucha la presse et la plupart des
journaux républicains disparurent. De nouveaux décrets
en février et mars 1852 retirèrent toute liberté à la
presse, placée sous le contrôle d'un ministère de la
Police.
• Une grande campagne fut menée pour rétablir
l’Empire : Louis Napoléon voyageant à travers la France
à l’automne 1852 est accueilli par les cris, pas toujours
spontanés, de « Vive l'Empereur! ».
• Afin de rassurer les puissances étrangères, dont
l’inquiétude est compréhensible, il déclare « L'Empire,
c'est la paix. » Un décret approuvé par plébiscite les
21 et 22 novembre 1852 rétablit la dignité impériale.
5 – Politique étrangère (18301848)
• Les Trois glorieuses ont provoqué l’inquiétude chez les
partenaires européens, qui craignent le revanchisme.
Cela étant, outre le fait que le républicanisme est
minoritaire à ce moment, la France en 1830 n’est de
toute façon pas en mesure de partir en guerre.
• Passé ce premier moment de frayeur, les puissances
européennes se rallieront au renversement de
Charles X, qui fait place à un monarque
constitutionnel posé et réfléchi. De 1830 à 1831, les
gouvernements européens se rallient et reconnaissent la
légitimité de Louis-Philippe.
• La monarchie de juillet pourra poursuivre en Europe la
politique de bonne entente, dont la révolution belge de
1830 constitue le premier test.
• Une part significative de l’opinion belge et française se
montre favorable à un rattachement de la Belgique à la
France, mais il n'est pas question pour le roi de
chercher à récupérer la Belgique, ce qui serait perçu
comme un acte hostile par le Royaume-Uni.
• Il va donc favoriser l’indépendance et la neutralité de
la Belgique, refusant la couronne qui lui est proposée et
participant avec les autres puissances à un ballet
diplomatique qui aboutira à l’indépendance du pays.
• En juin 1831, le congrès national belge porte au trône à
une forte majorité Léopold de Saxe, prince de de
souche allemande proposé par les Anglais.
• En faisant montre de son pacifisme, autant au moment
de la proclamation de l’indépendance belge que lors de
la guerre qui suivra et qui opposera la Belgique aux
Pays-Bas, la France parviendra à s’imposer comme
une puissance neutre et raisonnable, favorable au
maintien de la paix en Europe.
• Cette politique de neutralité bienveillante à l’endroit de
certains mouvements insurrectionnels sera à la base de
la politique française en Pologne, longtemps alliée de
la France et qui en 1830 se soulève contre l’occupation
de son territoire.
• À la différence du cas belge, la distance géographique
fera en sorte que, en dépit de violentes critiques, le
gouvernement ne s’impliquera pas dans le règlement
de la crise, qui se soldera par l’écrasement des insurgés.
• Il en sera de même avec les troubles en Italie du
début des années 1830, alors que Paris laissera les
Autrichiens régler le problème par la force. Partout en
Europe, la France s’en tient à la diplomatie de la
Restauration.
• La période voit aussi un rapprochement avec le
Royaume-Uni, alors qu’apparaît pour la première fois
l’expression d’Entente cordiale entre les deux grands
rivaux, avec cependant des résultats mitigés.
• Mais les relations oscillent continuellement au cours
des deux décennies, pas tant à cause des problèmes
européens que d'intérêts contradictoires dans le monde.
• L’évolution de l’Alliance, d’abord triple (Royaume-Uni,
Portugal et Espagne), devenant quadruple avec l’ajout
de la France, témoigne de ces différentes phases des
relations diplomatiques franco-britanniques.
• Si la France demeure en retrait en Europe, c’est qu’elle
est occupée à reconstituer un espace colonial, d’où
les conflits avec Londres. Dès avant la chute de Charles
X, l’opération visant à s’implanter de l’autre côté de la
méditerranée avait été lancée et en juin 1830, Alger était
tombé aux mains de l’Armée française.
• Pendant dix-sept années, les efforts des Français pour
s’implanter sur le territoire de l’actuelle Algérie se
heurtent à la résistance des populations locales, menées
par Abd el-Kader, dont la politique à l’endroit de la
France oscille entre collaboration et franche hostilité.
• Ce n’est que la reddition des forces d’el-Kader en 1847
qui permettra le début d’une pacification du territoire,
première base d’expansion de la France en Afrique.
• Avant même la fin de la lutte en Algérie, Paris se
projette ailleurs sur le continent, par exemple en
multipliant les implantations commerciales et militaires
dans la région du golfe de Guinée à la fin des années
1830.
• Toujours en Afrique, mais cette fois en direction de
l’Asie, la France s’installe à Madagascar et à Mayotte,
dans les Comores, qui devient un protectorat français
en1841.
• Plus loin dans l’est, la mise en place d’un protectorat sur
Tahiti en 1843 constituera la base de développement de
l’empire français en Asie et dans le Pacifique.
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