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© Arbre dOr, Genève, décembre 2005
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H. d’Arbois de Jubainville
Le Cycle
mythologique irlandais
et la mythologie celtique
4
PRÉFACE
Un des documents le plus souvent cités sur la religion celtique est un
passage de César, De bello gallico, le conquérant de la Gaule raconte
quels sont, suivant lui, les principaux dieux des peuples qu’il a vaincus dans
cette contrée :
« Le dieu qu’ils révèrent surtout est Mercure ; ses statues sont nombreu-
ses. Les Gaulois le considèrent comme l’inventeur de tous les arts, le guide
dans les chemins et les voyages ; ils lui attribuent une très grande influen-
ce sur les gains d’argent et sur le commerce. Après lui viennent Apollon,
Mars, Jupiter et Minerve. De ceux-ci ils ont presque la même opinion que
les autres nations : Apollon chasse les maladies ; Minerve instruit les débu-
tants dans les arts et les métiers ; Jupiter a l’empire du ciel ; Mars a celui de
la guerre. Quand ils ont résolu de livrer bataille, ils lui consacrent d’avance
par un vœu le butin qu’ils comptent faire1»
Si nous prenons ce texte au pied de la lettre, il paraît que les Gaulois
auraient eu cinq dieux presque identiques à autant de grands dieux ro-
mains : Mercure, Apollon, Mars, Jupiter et Minerve ; la différence n’aurait
guère consisté que dans les noms. Cette doctrine semble confirmée par
des inscriptions romaines, des noms gaulois sont juxtaposés comme
épithètes ou par apposition aux noms de ces dieux romains. On pourrait
donner de nombreux exemples. Nous citerons : 1o pour Mercure, les dédi-
caces Mercurio Atusmerio, Genio Mercurii Alauni, Mercurio Touren[o],
Visucio Mercuri[o], Mercurio Mocco2 ; 2o pour Apollon, les dédicaces
Apollini Granno, [A]pollini Mapon[o]3, Apollini Beleno ; 3o pour Mars les
dédicaces Marti Toutati, Marti Belatucadro, Marti Camulo4, Marti Catu-
rigi ; 4o pour Jupiter, les dédicaces Jovi Taranuco, Jovi Tarano ; et 5o pour
1 De bello gallico, livre VI, chap. .
2 Inscription de Langres. Moccus paraît être le cochon ou sanglier, en vieil irlandais mucc,
génitif mucce, thème féminin en a ; en gallois, moch, et en breton, moc’h.
3 Corpus inscriptionum latinarum, t. VII, no 218.
4 Mommsen, Inscriptiones confœderationis Helveticæ, no 70.
5
LE CYCLE MYTHOLOGIQUE IRLANDAIS ET LA MYTHOLOGIE CELTIQUE
Minerve les dédicaces Deæ Suli Minervæ, Minervæ Belisamæ5. Ce sont les
cinq dieux dont parle César.
Avant de tirer du passage précité de César, des inscriptions que nous
venons de mentionner et des documents analogues, une conclusion quel-
conque, il est indispensable d’en déterminer exactement le sens. Le texte
de César commence par le mot « dieu » : Deum maxime Mercurium colunt.
Que signifie le mot « dieu » dans la langue que parlait César quand il dictait
ses Commentaires ? Cicéron, dans son traité De inventione rhetorica, distin-
gue entre ce qui est nécessaire ou certain et ce qui est probable ; comme
exemple de propositions probables, il cite celle-ci : « Ceux qui s’occupent
de philosophie ne croient pas qu’il y ait des dieux6. » Pour Lucrèce, les
dieux sont une création de l’esprit humain, développée par les halluci-
nations du rêve7. Le mot « dieu, » aux yeux de la plupart des membres de
l’aristocratie romaine contemporains de César, désignait une conception
sans valeur objective.
Nous pensons pourtant être en droit d’affirmer que la langue employée
par César dans les Commentaires est celle d’un croyant ; peu nous importe
ce qu’il pouvait penser au fond de sa conscience. César est un homme po-
litique dont le but, quand il parle, est de préparer ses auditeurs à lui obéir
quand il commandera. Il est, parmi ses compatriotes, un de ceux qui ont
le mieux su mettre en pratique les vers fameux de Virgile :
Tu regere imperio populos, Romane memento ;
Hæ tibi erunt artes, pacique imponere morem
Parcere subjectis, et debellare superbos8.
Placée en face de populations qui croient à leurs dieux, l’aristocratie
romaine, sceptique ou non, admet officiellement l’existence des dieux et
s’en fait un moyen de gouvernement. Pour comprendre César, il faut ad-
mettre que, dans la langue dont il se sert, le mot « dieu » désigne des êtres
dont l’existence réelle est considérée comme indiscutable, et qu’on ne peut
sans erreur manifeste se figurer comme de simples conceptions de l’esprit
5 De Wal, Mythotogiæ septentrionalis monumenta latina, vol. I, no LII.
6 De inventione, livre I, chap. , § 46.
7 Livre V, vers 1168 et suivants.
8 Virgile, Enéide, livre VI, vers 851-853.
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