Anesthésie locorégionale 117 QUEL ANESTHESIQUE LOCAL POUR LES BLOCS PERIPHERIQUES CHEZ L’ADULTE? H. Bouaziz, Service d’Anesthésie-Réanimation, Hôpital Central, 54035 Nancy cedex. 1. MELANGES En pratique clinique, les anesthésiques locaux de longue durée d’action sont fréquemment associés à des anesthésiques locaux de durée courte à intermédiaire, l’idée étant d’obtenir un délai d’action qui soit le plus court possible, tout en bénéficiant d’une longue durée d’action. De plus, l’autre avantage avancé par les partisans de l’utilisation de telles associations est la réduction de toxicité en comparaison à celle observée avec l’utilisation de chaque agent utilisé seul. 1.1. TO XICITE D’un point de vue toxicité, les effets de chacun des anesthésiques locaux associés sont pour la plupart des études animales consacrées à ce sujet, de type additif [1-4]. Seuls deux travaux font état d’effets toxiques synergiques [5] ou au contraire antagonistes [6] avec l’utilisation d’associations d’anesthésiques locaux. Ces études ont utilisé la dose convulsivante, la dose létale ou le délai avant arrêt cardio-respiratoire comme paramètres de mesure de la toxicité de mélanges anesthésiques différents, chez des espèces animales différentes. Une étude s’est plus spécifiquement intéressée aux effets cardiovasculaires du mélange lidocaïne/bupivacaïne chez des cochonnets [7]. Les résultats de cette étude sont d’interprétation difficile avec une moindre incidence d’arythmies avec le mélange par rapport à l’utilisation de la bupivacaïne seule alors que la quantité de bupivacaïne nécessaire à la survenue d’arythmies, de convulsions, d’EEG isoélectriques et d’asystolies était moins importante dans le groupe d’animaux recevant le mélange. D’autre part lorsque les arythmies étaient observées dans ce groupe, leur nature et leur intensité étaient identiques à celles du groupe bupivacaïne. Utilisant le même modèle animal, Lalourcey et coll. montrent que les intervalles PQ, QRS et HV sont significativement plus allongés avec la bupivacaïne seule qu’avec le mélange bupivacaïne/lidocaïne ou avec la lidocaïne seule [8]. En revanche, Simon et coll. sur un modèle de cœur isolé de lapin, montrent que l’adjonction de lidocaïne à la bupivacaïne tend à allonger la durée du QRS [9]. Chez l’homme, alors que Moore et coll. à partir d’un collectif de 986 blocs périphériques associant de la mépivacaïne et de la tétracaïne ne retrouvent aucune complication, Brown et coll. ont montré que la survenue d’une toxicité systémique était plus fréquente avec l’association bupivacaïne/2-chloroprocaïne qu’avec la bupivacaïne seule 118 MAPAR 2001 (8,42/1000 versus 2,53/1000 ; p = 0,045) [10, 11]. L’inhibition de l’hydrolyse de la 2-chloroprocaïne par la bupivacaïne, pourrait, selon les auteurs de l’étude, expliquer cette toxicité plus importante observée avec le mélange [12]. Ces deux études rétrospectives ont malheureusement une portée limitée du fait de la méthodologie utilisée et du nombre limité de blocs périphériques. Seule une étude prospective de grande envergure permettrait de connaître l’incidence de ce type de complication au décours de blocs nerveux périphériques réalisés avec de la bupivacaïne seule ou associée à la lidocaïne. En d’autres termes, il est actuellement difficile de conclure à une moindre toxicité des mélanges d’anesthésiques locaux par rapport aux agents pharmacologiques pris isolément et en particulier à la bupivacaïne. 1.2. MELANGES ET P AR AMETRES D’INST ALLATION ET DE LEVEE D’UN BLOC PERIPHERIQUE L’administration intradermique de diverses solutions anesthésiques chez des volontaires semble montrer des résultats qui varient selon les associations utilisées. Ainsi, le mélange lidocaïne-bupivacaïne produit une anesthésie dont la durée est similaire à celle obtenue avec la bupivacaïne utilisée seule [13]. En revanche, l’association chloroprocaïne-bupivacaïne produit une anesthésie dont la durée est très inférieure à celle obtenue avec la bupivacaïne seule [14]. Ce résultat obtenu avec la chloroprocaïne pourrait s’expliquer par une compétition entre les deux anesthésiques locaux pour leur fixation à des récepteurs non spécifiques. Ainsi l’affinité de la chloroprocaïne pour ces sites serait plus importante que celle qui caractérise la bupivacaïne expliquant la durée d’action plus réduite du bloc en rapport avec l’association chloroprocaïne-bupivacaïne. Il faut néanmoins noter que dans ce modèle d’injection intradermique, la solution anesthésique injectée est immédiatement accessible aux terminaisons nerveuses, ce qui minimise son pouvoir de diffusion. Cette situation n’est pas celle qui est observée lorsqu’une solution d’anesthésiques locaux est administrée par voie périnerveuse, situation dans laquelle le pouvoir de diffusion de la solution (influencé par le pKa et le pH du mélange) jouera un rôle important. Les travaux consacrés aux associations d’anesthésiques locaux administrés par voie périnerveuse sont rares. Deux d’entre eux ont été consacrés à l’association lidocaïne carbonatée-bupivacaïne avec et sans adrénaline [15-16]. Les résultats publiés vont d’ailleurs dans le même sens avec un délai d’action significativement plus court avec l’association par rapport à la bupivacaïne utilisée seule alors que la durée d’action de l’association est certes plus longue qu’avec la lidocaïne seule mais moins longue qu’avec la bupivacaïne. Il est à noter qu’un travail a montré l’intérêt de l’association d’adrénaline au mélange lidocaïne-bupivacaïne sur les taux plasmatiques de chacun des anesthésiques locaux utilisés [17]. Dans la troisième étude, l’association chloroprocaïne-bupivacaïne a été comparée à la bupivacaïne seule. Là encore, le délai avant obtention d’une anesthésie chirurgicale est plus court avec l’association alors que la durée du bloc sensitif est identique entre les deux groupes [18]. Néanmoins l’effet de l’association chloroprocaïne-bupivacaïne pourrait varier selon le pH de la solution finale comme l’a bien démontré Galindo et coll. sur le nerf sciatique de rats [19]. Au total, là encore trop peu de travaux ont été consacrés à l’association lidocaïnebupivacaïne utilisée en France pour permettre de conclure à l’efficacité de cette association sur les paramètres d’installation et de levée du bloc. On peut néanmoins faire l’hypothèse que le résultat d’une telle association va dépendre des paramètres pharmacologiques (diffusion, liaison aux protéines spécifiques ou non) qui varient selon le pH Anesthésie locorégionale 119 de la solution finale. Sachant que le pH d’une solution d’anesthésiques locaux varie d’un lot commercial à l’autre ou selon que de l’adrénaline est ou non associée. Il est logique que le résultat final soit très variable. 2. ANESTHESIQUES LOCAUX DE LONGUE DUREE D’ACTION 2.1. ROPIV ACAINE / BUPIV ACAINE La ropivacaïne est depuis peu disponible sur le marché Français. Ses propriétés pharmacologiques en font un concurrent sérieux de la bupivacaïne en anesthésie locorégionale périphérique. D’un point de vue pharmacologique, la ropivacaïne se différencie de la bupivacaïne par une liposolubilité moins importante et une demi-vie plus courte. Par ailleurs il ne fait pas de doute aujourd’hui que la ropivacaïne est moins toxique que la bupivacaïne. Cette moindre toxicité neurologique et cardiovasculaire a été montrée in vitro mais également in vivo chez l’animal et chez l’homme [20-28]. Enfin, le bloc moteur observé après administration de ropivacaïne pourrait être moins important que celui observé avec la bupivacaïne [29]. Certaines études réalisées chez l’homme semblent mettre en évidence le fait que, par voie périmédullaire la ropivacaïne serait moins puissante que la bupivacaïne ce qui pourrait expliquer en partie les particularités pharmacodynamiques de la ropivacaïne par rapport à la bupivacaïne [30]. Pour ce qui concerne les blocs tronculaires, une première étude a été faite chez des volontaires chez lesquels des blocs du nerf ulnaire au coude ont été pratiqués [31]. La durée des blocs sensitif, moteur et sympathique était proportionnelle à la dose de ropivacaïne administrée. La ropivacaïne à 0,5 et à 0,75 % à procuré un bloc d’une durée moyenne de 8 heures. L’adjonction d’adrénaline n’a eu aucun effet sur le délai ou la durée du bloc obtenu. Par ailleurs aucune différence n’a pu être observée entre la ropivacaïne 0,5 % et la bupivacaïne 0,25 % alors que la durée du bloc à la bupivacaïne 0,25 % adrénalinée avait une tendance a être plus importante que celle obtenue avec la ropivacaïne 0,5 % sans que cette différence n’atteigne la signification au plan statistique. Concernant le bloc du plexus brachial, Hickey et Coll. après avoir montré que la ropivacaïne à 0,25 % s’accompagnait d’un taux d’échecs trop important, ont comparé la ropivacaïne et la bupivacaïne, les deux agents étant utilisés à la concentration de 0,5 %, sans adjonction d’adrénaline, l’administration se faisant par voie supraclaviculaire [32, 33]. Dans cette étude, aucune différence entre les deux produits n’a pu être montrée qu’il s’agisse de la durée des blocs moteur et sensitif ou du délai d’action. D’autre part, une fois encore il a été montré par la même équipe que l’adjonction d’adrénaline n’apportait rien de plus sur ces mêmes paramètres ou sur les paramètres pharmacocinétiques (Cmax, Tmax) [34]. Des résultats identiques ont été rapportés par d’autres équipes concernant l’effet des deux anesthésiques locaux utilisés à 5mg.mL-1 sur les paramètres d’installation et de levée d’un bloc du plexus brachial [35, 36]. Ainsi, à doses équivalentes, la ropivacaïne semble aussi puissante que la bupivacaïne, impression qui a d’ailleurs été confirmée récemment [37]. D’autres travaux ont comparé la ropivacaïne à 7,5 mg.mL-1 à la bupivacaïne à 5 mg.mL-1 [38-43]. Trois d’entre eux ne montrent aucune différence sur les paramètres d’installation ou de levée du bloc [38-40], les trois autres montrant un délai d’installation d’une analgésie de type chirurgicale significativement plus court avec la ropivacaïne 0,75 % qu’avec la bupivacaïne 0,5% (41-43). Concernant la durée d’analgésie elle était là encore comparable quel que soit l’anesthésique local même si la seule étude portant sur un bloc des membres inférieurs a mis en évidence une durée de bloc avec la ropivacaïne à 0,75 % qui était intermédiaire entre celle retrouvée avec la mépivacaïne à 2% et 120 MAPAR 2001 la bupivacaïne à 0,5 %. Il est à remarquer que la qualité méthodologique des études en présence fait pencher la balance en faveur d’un délai d’action plus rapide de l’installation du bloc avec la ropivacaïne 0,75 %. En effet, deux des trois études ne mettant pas de différence en évidence [39-40] étaient réalisées dans cinq centres différents qui dans un cas n’utilisaient pas les mêmes techniques d’identification du plexus brachial [39]. D’autre part, le bloc était évalué toutes les 10 minutes ce qui n’est pas l’intervalle de temps le mieux adapté à l’évaluation de l’installation de l’anesthésie. Enfin aucun effet inter-centres n’ayant été recherché, celui-ci ne peut être éliminé. Quant au travail de Klein et coll. le délai moyen d’installation de l’anesthésie était trop bref dans le deux groupes (inférieur à 6 minutes !) pour qu’une différence ait pu être mise en évidence [38]. Le délai d’action de la ropivacaïne est dose dépendant [44, 45]. La ropivacaïne 0,75 % disponible en France a aussi un délai d’action similaire à celui retrouvé avec la mépivacaïne 2 % [42, 44, 45]. 2.2. LEVOBUPIV ACAINE / BUPIV ACAINE Chez l’homme, l’effet de la lévobupivacaïne a été comparé à celui de la bupivacaïne après administration au décours d’un bloc du nerf ulnaire au coude réalisé chez des volontaires [46]. La durée des blocs moteur et sensitif était similaire aux différentes concentrations testées. Concernant les blocs des membres, on dispose d’une étude ayant comparé les deux anesthésiques locaux après administration par voie supraclaviculaire [47]. Qu’il s’agisse du délai de la durée d’action ou du taux de réussite, aucune différence significative n’a pu être observée. D’autres études sont nécessaires pour tirer des enseignements concernant la place de cet anesthésique local en anesthésie locorégionale des membres. En conclusion de cette première partie, il semble à la lecture des différents travaux sus-cités que si l’objectif est d’obtenir une anesthésie locorégionale des membres caractérisée par une moindre toxicité et un délai d’action plus rapide (par rapport à l’utilisation de bupivacaïne seule), la ropivacaïne à 7,5 mg.mL-1 semble plus intéressante que les associations d’anesthésiques locaux, cependant le risque de toxicité neurologique est toujours possible à de telles concentrations. 3. ANESTHESIQUES LOCAUX DE DUREE D’ACTION COURTE A INTERMEDIAIRE 3.1. LIDOC AINE / MEPIV ACAINE Une des premières études comparant des anesthésiques locaux de durée d’action courte ou intermédiarie et utilisant une méthodologie permettant l’interprétation des résultats a été réalisée par Winnie et coll [48]. La mépivacaïne 1 % non adrénalinée était comparée à la lidocaïne 1 % non adrénalinée et les eux agents étaient administrés par voie sus-claviculaire. Cette étude a montré clairement que le délai d’installation du bloc sensitif (qu’il s’agisse du stade d’analgésie ou du stade d’anesthésie) était significativement plus court avec la lidocaïne qu’avec la mépivacaïne. En revanche aucune différence n’était observée entre les deux anesthésiques locaux s’agissant du délai d’installation du bloc moteur. La durée des blocs sensitif et moteur ainsi que l’intensité du bloc moteur était plus importante avec la mépivacaïne qu’avec la lidocaïne. Cette différence de durée d’action du bloc sensitif et moteur observée entre les deux anesthésiques locaux pourrait être liée à leur effet sur les vaisseaux. En effet, la mépivacaïne aurait un effet vasodilatateur moins marqué que celui observé avec la lidocaïne, à doses identiques. Anesthésie locorégionale 121 La durée du bloc sensitif obtenu avec la mépivacaïne sans adrénaline et de la lidocaïne adrénalinée administrées par voie axillaire est similaire [49]. Tout ce passe comme si l’avantage observé avec la mépivacaïne sur la lidocaïne était effacé par l’adjonction d’adrénaline à la lidocaïne. En revanche la durée du bloc moteur pourrait être plus courte avec la mépivacaïne. Si cette dernière information était confirmée par des études ultérieures, la mépivacaïne pourrait devenir l’anesthésique local de choix pour des chirurgies de courte durée réalisées sur le mode ambulatoire. En effet, la levée du bloc moteur plus précoce pourrait permettre une sortie plus rapide de la structure ambulatoire. Si l’on s’intéresse ensuite à la comparaison entre ces mêmes agents pharmacologiques, tous deux étant administrés sous une forme adrénalinée au niveau du plexus brachial, on observe un délai d’action plus court pour la lidocaïne que pour la mépivacaïne [50]. En revanche la durée de l’analgésie ainsi que le pourcentage de patients ayant un bloc moteur complet, ou encore l’absence totale de sensation au cours de l’intervention ne sont pas différentes entre les deux groupes. Tout ce passe comme si, contrairement à ce qui est observé avec la lidocaïne, l’adjonction d’adrénaline à la mépivacaïne ne produisait qu’un effet très modeste sur les paramètres de durée du bloc obtenu. Cette hypothèse est sous-tendue par l’effet vasodilatateur moins marqué de la mépivacaïne par rapport à la lidocaïne mais également par des études qui ont montré que l’adjonction d’adrénaline avait pour effet d’allonger la durée d’action de 200 % avec la lidocaïne alors qu’elle n’est allongée que de 42 % avec la mépivacaïne [51]. Au total, à la lecture du peu d’articles consacrés à la comparaison de ces deux agents pharmacologiques pour l’anesthésie locorégionale des membres, il ne ressort pas d’avantage en faveur de la mépivacaïne par rapport à la lidocaïne adrénalinée en dehors peut-être de la chirurgie de courte durée réalisée sur le mode ambulatoire. 4. ASSOCIATION DE TECHNIQUES/ANESTHESIES SELECTIVES C’est à partir des connaissances anatomiques et/ou pharmacologiques que l’idée d’associer des techniques ou d’injecter sélectivement une substance ayant des propriétés pharmacologiques intéressantes a pu germer. Ainsi, associer une analgésie de longue durée qui concerne préférentiellement le site chirurgical à un bloc moteur de courte durée est possible dans certaines situations cliniques [52]. C’est le cas pour la chirurgie palmaire de surface qui est pratiquée sur une région anatomique qui du point de vue sensitif dépend quasi exclusivement des nerfs ulnaire et médian. Au niveau du canal brachial, les nerfs sont suffisamment distants pour pouvoir être anesthésiés séparément sans risque de diffusion d’un nerf à l’autre. L’injection d’anesthésiques locaux de longue durée d’action sur les nerfs médian et ulnaire et d’anesthésiques locaux de courte durée sur les nerfs radial et musculocutané s’accompagne d’une analgésie de longue durée sur la face palmaire. De plus, le bloc moteur se lève rapidement sur les groupes musculaires dépendants des nerfs radial et musculocutané, ce qui permet au patient de contrôler son membre supérieur avant son retour à domicile. C’est parfois l’absence de bloc moteur au niveau du site chirurgical qui est recherchée [53]. Afin d’améliorer l’efficacité d’une ténolyse des tendons fléchisseurs il est intéressant que le patient puisse sur demande mobiliser le ou les doigt(s) intéressé(s). Sparks et Quinn rapportent le cas d’un patient devant bénéficier d’une ténolyse du tendon fléchisseur du deuxième doigt pour lequel un bloc du nerf médian au poignet a été pratiqué avec un anesthésique local de longue durée. Ce bloc distal en épargnant les collatérales issues du nerf médian destinées à assurer l’innervation motrice de certains groupes musculaires va permettre la mobilisation du doigt tout en assurant une analgésie de la région intéressée par l’acte chirurgical. Néanmoins, la mise en place d’un 122 MAPAR 2001 garrot peut nécessiter une anesthésie des autres nerfs au niveau axillaire en utilisant de faibles volumes d’anesthésiques locaux pour éviter la diffusion au nerf médian. Le blocage de ces troncs nerveux aurait pu se faire également au niveau du canal brachial où le nerf médian est bien individualisé du nerf ulnaire. Ce même principe peut également être appliqué pour la libération des tendons extenseurs avec une anesthésie sélective du nerf radial au niveau du poignet, ou celle des tendons fléchisseurs profonds des deux derniers doigts avec une anesthésie sélective du nerf ulnaire au niveau du poignet. Un des avantages du bloc supraclaviculaire pour la chirurgie distale (main) est la qualité de l’analgésie obtenue au niveau du bras lors de la mise sous garrot pneumatique. Néanmoins, ce confort procuré au patient au cours de l’intervention n’a plus aucun intérêt au décours de celle-ci. L’utilisation d’anesthésiques locaux de courte durée d’action pour la réalisation de ce bloc sera associée à des anesthésiques locaux de longue durée pour le bloc réalisé au niveau du coude [54]. La régression du bloc moteur intéressant l’articulation du coude sera obtenue rapidement, ce qui permettra la maîtrise du membre par le patient, la main étant souvent immobilisée par le pansement. De même aux membres inférieurs lorsque l’acte chirurgical prévu concerne essentiellement les sclérotomes innervés par les branches du nerf sciatique, l’anesthésie nécessaire à la bonne tolérance du garrot (bloc du nerf fémoral ou bloc sélectif du nerf saphène) peut-elle se faire grâce à l’injection d’anesthésiques locaux de courte durée d’action. Ceci suppose néanmoins que le geste chirurgical soit de courte durée comme c’est le cas pour la chirurgie de l’hallux valgus et de l’avant pied. Il faut néanmoins garder en mémoire une fois de plus l’existence de variations anatomiques au cours desquelles le territoire sensitif du nerf saphène peut concerner le premier orteil. Dans ce cas, la prise en charge de la douleur en postopératoire devra être adaptée rapidement à cette situation heureusement très rare. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES [1] Daos FG, Lopez L, Virtue RW. Local anesthetic toxicity modified by oxygen and by combination agents. Anesthesiology 1962;23:755-61 [2] Munson ES, Paul WL, Embro WJ. Central nervous toxicity of local anesthetic mixtures in monkeys. Anesthesiology 1977;46:179-83 [3] De Jong RH, Bonin JD. Mixtures of local anesthetics are no more toxic than the parent drugs. Anesthesiology 1981;54:177-81 [4] Mets B, Janicki PK, James MF, Erskine R, Sasman B. Lidocaine and bupivacaine cardiorespiratory toxicity is additive: a study in rats. Anesth Analg 1992;75:611-44 [5] Akamatsu TJ, Siebold KH. The synergistic toxicity of local anesthetics. Anesthesiology 1967;28;238 [6] Brecher MJ, Greenberg RA, Greene NM. Drug interactions (toxicity) associated with drug combinations. Acta Anaesth Scand 1972;16:22-6 [7] Kyttä J, Heavner JE, Badgwell JM, Rosenberg PH. Cardiovascular and central nervous system effects of co-administered lidocaine and bupivacaine in piglets. Reg Anesth 1991;16:89-94 [8] Lalourcey L, Muller L, Lefrant JY, Dauzat M, Sassine A, de La Coussaye JE, Eledjam JJ. Effets electrophysiologiques cardiaques d’une dose toxique du mélange lidocaïne-bupivacaïne chez le porcelet anesthésié. Ann Fr Anesth Réanim 2000;19:89s [9] Simon L, Pelle-Lancien E, Kariya N, Mazoit XJ. Influence of phenytoin and lidocaine on the cardiotoxicity effects of bupivacaine. Eur J Aneaesthesiol 2001;18:A277 [10] Moore DC, Bridenbaugh LD, Bridenbaugh PO, Tho (par rapport à l’utilisation de bupivacaïne seule) (par rapport à l’utilisation de bupivacaïne seule)mpson GE, Tucker GT. Does compounding of local ;anesthetic agents increase their toxicity in humans? Anesth Analg 1972;51:579-85 Anesthésie locorégionale 123 [11] Brown DL, Ransom DM, Hall JA, Leicht CH, Schroeder DR, Offord KP. Regional anesthesia and local anesthetic-induced systemic toxicity: seizure frequency and accompanying cardiovascular changes. Anesth Analg 1995;81:321-8 [12] Lalka D, Vicuna NN, Burrow SR et al. Bupivacaïne and other amide local anesthetics inhibit the hydrolysis of chloroprocaine by human serum. Anesth Analg 1978;57:534-9 [13] Sweet PT, Magee DA, Holland AJ. Duration of intradermal anesthesia with mixtures of bupivacaine and lidocaine. Can Anaesth Soc J 1982;29:481-3 [14] Kim JM, Goto H, Arakawa K. Duration of bupivacaine intradermal anesthesia when the bupivacaine is mixed with chloroprocaine. Anesth Analg 1979;58:364-6 [15] Martin R, Dumais R, Cinq-Mars S, Tétrault JP. Bloc axillaire par blocage simultané de plusieurs nerfs. II-Evaluation du mélange lidocaïne-bupivacaïne. Ann Fr Anesth Réanim 1993;12:233-6 [16] Bromage PR, Gertel M. Improved brachial plexus blockade with bupivacaine hydrochloride and carbonated lidocaine. Anesthesiology 1972;36:479-87 [17] Raj PP, Rosenblatt R, Miller J, Katz RL, Carden E. Dynamics of local-anesthetic compounds in regional anesthesia. Anesth analg 1977;56:110-7 [18] Cunningham NL, Kaplan JA. A rapid-onset, long-acting regional anesthetic technique. Anesthesiology 1974;41:509-11 [19] Galindo A, Witcher T. Mixtures of local anesthetics: bupivacaine-chloroprocaine. Anesth Analg 1980;59:683-5 [20] Moller R, Covino BG. Cardiac electrophysiologic properties of bupivacaine and lidocaine compared with those of ropivacaine, a new amide local anesthetic. Anesthesiology 1990;72:322-329 [21] Feldman HS, Arthur GR, Covino BG. Comparative systemic toxicity of convulsant and supraconvulsant doses of intravenous ropivacaine, bupivacaine, and lidocaine in the conscious dog. Anesth Analg 1989;69:794-801 [22] Arlock P. Actions of three local anaesthetics: lidocaine, bupivacaine and ropivacaine on guinea pig papillary muscle sodium channels (Vmax). Pharmacol Toxicol 1988;63:96-104 [23] Pitkanen M, Feldman HS, Arthur GR, Covino GB. Chronotropic and inotropic effects of ropivacaine, bupivacaine, and lidocaine in spontaneously beating and electrically paced isolated, perfused rabbit heart. Reg Anesth 1992;17:183-192 [24] Feldman HS, Arthur GR, Pitkanen M et al. Treatment of acute systemic toxicity after the rapid intravenous injection of ropivacaine and bupivacaine in the conscious dog. Anesth Analg 1991;73:373-84 [25] Nancarrow C, Rutten AJ, Runciman WB, et al. Myocardial and cerebral drug concentrations and the mechanisms of death after fatal intravenous doses of lidocaine, bupivacaine and ropivacaine in the sheep. Anesth Analg 1989;69:276-83 [26] Santos AC, Arthur GR, Wlody D, De Armas P, Morishima HO, Finster M. Comparative systemic toxicity of ropivacaine and bupivacaine in nonpregnant and pregnant ewes. Anesthesiology 1995;82:734-40 [27] Scott DB, Lee A, Fagan D, Bowler MR, Bloomfield P, Lundh R. Acute toxicity of ropivacaine compared with that of bupivacaine. Anesth Analg 1989;69:563-9 [28] Knudsen K, Suurküla MB, Blomberg S, Sjövall J, Edvardsson N. Central nervous and cardiovascular effects of iv infusions of ropivacaine, bupivacaine and placebo in volunteers. Br J Anaesth 1997;78:507-14 [29] Bader AM, Datta S, Flanagan H, Covino BG. Comparison of bupivacaine-and ropivacaine-induced conduction blockade in the isolated rabbit vagus nerve. Anesth Analg 1989;68:724-7 [30] Polley LS, Collumb MO, Naughton NN, Wagner DS, van de Ven CJM. Relative analgesic potencies of ropivacaine and bupivacaine for epidural analgesia in labor. Anesthesiology 1999;90:944-50 [31] Nolte H, Fruhstorfer H, Edström HH. Local anesthetic efficacy of ropivacaine (LEA 103) in ulnar nerve block. Reg Anesth 1990;15:118-24 [32] R Hickey, CL Rowley, KD Candido, J Hoffman, S Ramamurthy, AP Winnie. A comparative study of 0.25% ropivacaine and 0.25% bupivacaine for brachial plexus block. Anesth Analg 1992;75:602-6 [33] R Hickey, J Hoffman, S Ramamurthy. A comparison of ropivacaine 0.5% and bupivacaine 0.5% for brachial plexus block. Anesthesiology 1991 ;74 :639-42. [34] Hickey R, Blanchard J, Hoffman J, Sjovall J, Ramamurthy S. Plasma concentrations of ropivacaine given with or without epinephrine for brachial plexus block. Can J Anaesth 1990;37:878-82. [35] Vainionpää VA, Haavisto ET, Huha TM, Korpi KJ, Nuutinen LS, Hollmen AI, Jozwiak HM, Magnusson AA. A clinical and pharmacokinetic comparison of ropivacaine and bupivacaine in axillary plexus block. Anesth Analg 1995 ;81 :534-8. 124 MAPAR 2001 [36] McGlade DP, Kalpokas MV, Mooney PH, Chamley D, Mark AH, Torda TA. A comparison of 0.5% ropivacaine and 0.5% bupivacaine for axillary brachial plexus anaesthesia. Anaesth Intensive Care 1998;26:515-20 [37] Casati A, Fanelli G, Magistris L, Beccaria P, Berti MM, Torri G. Minimum local anesthetic volume blocking the femoral nerve in 50% of cases: a double-blinded comparison between 0.5% ropivacaine and 0.5% bupivacaine. Anesth Analg 2001;92:205-8 [38] Klein SM, Greengrass RA, Steele SM, D’Ercole FJ, Speer KP, Gleason DH, DeLong ER, Warner DS. A comparison of 0.5% bupivacaine, 0.5% ropivacaine, and 0.75% ropivacaine for interscalene brachial plexus block. Reg Anesth 1998;87:1316-9 [39] Vaghadia H, Chan V, Ganapathy S, Lui A, McKenne J, Zimmer K . A multicenter trial of ropivacaine 7.5 mg.mL-1 vs bupivacaine 5 mg.mL-1 for supraclavicular brachial plexus anaesthesia. Can J Anaesth 1999;46:946-51 [40] Raeder JC, Drosdahl S, Klaastad O, Kvalsvik O, Isaksen B, Stromskag KE, Mowinckel P, Bergheim R, Selander D. Axillary brachial plexus block with ropivacaine 7,5 mg/ml. A comparative study with bupivacaine 5 mg/ml. Acta Anaesthesiol Scand 1999;43:794-8 [41] Fanelli G, Casati A, Beccaria P, Aldegheri G, Berti M, Tarantino F, Torri G. A double-blind comparison of ropivacaine, bupivacaine, and mepivacaine during sciatic and femoral nerve blockade. Anesth Analg 1998 ;87 :597-600 [42] Casati A, Fanelli G, Cappelleri G, Beccaria P, Magistris L, Borghi B, Torri G. A clinical comparison of ropivacaine 0.75% ropivacaine 1% or bupivacaine 0.5% for interscalene brachial plexus anaesthesia. European Journal of Anaesthesiology 1999;16:784-9 [43] Bertini L, Tagariello V, Mancini S, Ciaschi A, Posteraro CM, Benedetto PD, Martini O. 0.75% and 0.5% ropivacaine for axillary brachial plexus block : a clinical comparison with bupivacaine. Reg Anesth 1999;24:514-8 [44] Casati A, Fanelli G, Borghi B, Torri G. Ropivacaine or 2% mepivacaine for lower limb peripheral nerve blocks. Anesthesiology 1999;90:1047-52 [45] Casati A, Fanelli G, Aldegheri G, Berti M, Colnaghi E, Cedrati V, Torri G. Interscalene brachial plexus anaesthesia with 0.5%, 0.75% or 1% ropivacaine : a double-blind comparison with 2% mepivacaine. Br J Anaesth 1999;83:872-5 [46] Bardsley H, Gristwood R, Watson N et al. The local anaesthetic activity of levobupivacaine does not differ from racemic bupivacaine (Marcain) : first clinical evidence. Expert Opin Invest Drug 1997;6:1883-5 [47] Cox CR, Checketts MR, Mackenzie N, Scott NB, Bannister J. Comparison of S (-)-bupivacaine with racemic (RS)-bupivacaine in supraclavicular brachial plexus block. Br J Anaesth 1998;80:594-8. [48] Winnie AP, LaValle DA, Pe Sosa B, Masud KZ. Clinical pharmacokinetics of local anaesthetics. Can. Anaesth. Soc. J. 1977;24:252-262 [49] Bouaziz H, Kuntz F, Paqueron X, Bur ML, Benhamou D, Merle M, Laxenaire MC. Comparaison entre la mépivacaïne 1,5% et la lidocaïne 1,5% adrénalinée dans le bloc axillaire. Ann Fr Anesth Réanim 1998;17:R015 [50] Martin R, Beauregard L, Lamarche Y, Tétrault JP. Comparison of lidocaine hydrocarbonate, lidocaine hydrochloride and mepivacaine in the axillary block. Can J Anaesth 1987;34:576-578 [51] Löftröm JB. Ulnar nerve blockade for the evaluation of local anesthetic agents. Br J Anaesth 1975;47:297-300 [52] Bouaziz H, Narchi P, Mercier FJ, Khoury A, Poirier T, Benhamou D. The use of a selective axillary nerve block for outpatient hand surgery. Anesth Analg 1998;86:746-8 [53] Sparks CJ, Quinn M. Selective block of nerves in the axillary approach to the brachial plexus [case report]. Anesth Analg 1992;17:300-2 [54] Smith BE, Challands JF, Suchak M, Siggins D. Regional anaesthesia for surgery of the forearm and hand. Anaesthesia 1989;44:747-9