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4. TOXICITE
Les effets toxiques au niveau du système nerveux central sont directement liés à
la puissance de l’effet anesthésiant. Les doses convulsivantes sont
approximativement les mêmes pour la ropivacaïne et la bupivacaïne. Par contre, la
bupivacaïne entraîne plus particulièrement des effets cardio-vasculaires toxiques, et
notamment des arythmies [1], l’énatiomère r étant plus cardiotoxique que
l’énantiomère s [11]. Les anesthésiques locaux exercent leurs effets toxiques directs
sur le coeur en bloquant l’entrée de sodium à travers les canaux sodiques. Cela
provoque une diminution de la pente du potentiel d’action cardiaque (Vmax) et un
retard à la conduction, objectivé sur le tracé électrocardiographique par un
allongement de l’espace PR et du complexe QRS. Des phénomènes de réentrée et
des arythmies ventriculaires peuvent également survenir.
La ropivacaïne entraîne une baisse plus modérée du Vmax que la bupivacaïne et
l’amélioration clinique est plus rapide lorsqu’on utilise la ropivacaïne [12]. Chez
l’animal, la ropivacaïne entraîne un moindre élargissement du complexe QRS et elle
est moins arrythmogène à dose supraconvulsivante.
Les doses convulsivantes et supraconvulsivantes ne peuvent bien évidemment
pas être administrées de manière délibérée chez l’homme. Nous disposons
cependant de quelques données intéressantes. Lors d’une étude comparative chez
l’homme, la bupivacaïne et la ropivacaïne ont été administrées en perfusion
intraveineuse jusqu’à ce qu’apparaissent des signes centraux d’intensité modérée.
La ropivacaïne était tolérée à plus forte dose que la bupivacaïne, et à ces doses, la
ropivacaïne avait moins d’effets indésirables que la bupivacaïne sur la conductivité
et la contractilité du myocarde [13]. Après la perfusion intraveineuse, la clairance de
la ropivacaïne était plus rapide que celle déterminée précédemment pour la
bupivacaïne [14].
5. INDICATIONS EN PRATIQUE CLINIQUE
Le potentiel cardiotoxique moindre, la clairance plus rapide et le bloc moteur
moins intense qu’entraîne la ropivacaïne par rapport à la bupivacaïne peuvent
constituer un avantage, surtout lorsqu’il est nécessaire d’avoir recours à des doses
cumulées relativement importantes, par exemple lors de l’anesthésie/analgésie en
milieu obstétrical et pour les administrations péridurales continues au décours d’une
intervention.
5.1. ANALGESIE ET ANESTHESIE EN MILIEU OBSTETRICAL
Des études ont été publiées qui comparaient la ropivacaïne et la bupivacaïne,
portant soit sur une méthode d’administration discontinue, en bolus, [15] soit sur
une perfusion continue [16] au cours d’anesthésies péridurales lors d’accou-
chements. Les deux médicaments ont permis d’obtenir une analgésie. Il n’y a eu