Les blocs périphériques des membres chez l`adulte

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SOCIETE FRANÇAISE D'ANESTHESIE ET DE REANIMATION
Recommandations pour la Pratique Clinique
" Les blocs périphériques des membres chez l'adulte "
Cours de DES 26 et 27 janvier 2009
Question 1
Quelle est l’information du patient devant
avoir une anesthésie locorégionale ?
• Expliquer
– les avantages, les inconvénients et les risques des deux types de
techniques (AG ou ALR)
– le risque d’échec et de conversion en AG
• Se conformer à la décision du patient si possible: consentement
éclairé
• Si tel n’est pas le cas, le médecin doit expliquer les raisons qui
l’incitent à proposer une autre méthode: rôle de conseil
• Une d’information écrite peut être remise au patient
L’information doit être notifiée dans le dossier
Question 2
Quelle préparation du malade ? Quelle surveillance ?
Quelle chronologie d'association
AG-bloc périphérique, AG-rachianesthésie… ?
• Consultation d’anesthésie « classique »
• Préparation pré-opératoire
– Prémédication sans particularité
– Jeûne préopératoire applicable selon les normes habituelles
– Voie veineuse et monitorage mis en place avant la réalisation
de l’ALR
• Réalisation du bloc
– Matériel de réanimation à disposition
– Locaux dédiés si possible et chariot spécifique
– Rasage préconisé seulement en cas de pose d’un cathéter
périnerveux
– Gants, masque et calot recommandés dans tous les cas
– Désinfection cutanée « chirurgicale » systématique
Quid de la sédation?
Il est possible de faire une sédation pour la réalisation de l’ALR
(bloc douloureux, patients anxieux) ou pendant la chirurgie
(BZD, propofol).
Elle doit être légère permettant de conserver un contact avec le
patient.
• Surveillance du bloc
– Tester l’efficacité du bloc sensitif et moteur avant la mise en place
des champs chirurgicaux
– Surveillance
la toxicité
desd’échec
AL: contact
verbal,? monitorage
Quedefaire
en cas
du bloc
En cas d’échec, il faut convertir en AG ou réaliser un complément
en cas de bloc incomplet
• En post opératoire
– Évaluer l’efficacité du cathéter périnerveux avant la sortie de SSPI
– Évaluation post-opératoire du bloc pluriquotidienne
Question 3
Quelles recommandations pour
l'anesthésie locorégionale intraveineuse (ALRIV) ?
• L’ALRIV peut être réalisée pour une chirurgie brève
du membre supérieur.
• La lidocaïne est le seul AL recommandé.
• La durée maximale tolérable par le patient est de
90mn.
• L'addition de 1μg·kg-1 de clonidine peut être
proposée.
• Les limites de l’ALRIV:
– Action brève
– Absence d’analgésie postopératoire
– Inconfort des patients
Question 4
Quelles recommandations pour les techniques de repérage
des blocs plexiques et tronculaires des membres ?
Critères de réussites et de sécurité:
–
–
–
–
–
Disparition de la stimulation après injection de 2 à 3 mL d’AL
Injections lentes et fractionnées
Recherche d’une intensité minimale de stimulation
Type de réponse musculaire
Contraction retrouvée en augmentant à nouveau l’intensité
de stimulation
– Injection indolore et sans résistance
Actuellement la neurostimulation est la technique de référence
Question 5
Quels matériels (aiguilles, cathéters…) pour les blocs plexiques
et tronculaires des membres ?
• Les aiguilles à biseau court (20-30°)
sont recommandées.
• Les inconvénients des aiguilles à
biseau «pointe-crayon »:
– Mauvaise pénétration tissulaire
– Point de stimulation différent du point
d'injection
– Mal toléré par le patient
• L'utilisation d'un filtre sur cathéter
périnerveux est recommandée.
Question 6
Quels agents pharmacologiques pour les blocs plexiques
et tronculaires des membres ?
• A.L. de durée d’action courte à intermédiaire :
lidocaïne et mépivacaïne
• Les A.L. de durée d’action longue : ropivacaïne et
bupivacaïne
– Toxicité systémique, cardiaque et neurologique moindre pour
la ropivacaïne
– Délai d’installation plus court avec la ropivacaïne
– Durée du bloc comparable
• Les adjuvants
– Adrénaline à 5 μg/mL:
• Diminution des concentrations plasmatiques (lido, mépi, bupi)
• Prolongation de la durée du bloc à la lidocaïne ± mépivacaïne
– Clonidine: prolongation de la durée des blocs
– Opiacés: bénéfice analgésique minime avec augmentation
des effets secondaires
Question 10
Quelles recommandations pour les blocs périphériques
des membres en cas de
traitement anticoagulant et/ou antithrombotique ?
• En cas de traitement anticoagulant ou antithrombotique, la
survenue d’un hématome est exceptionnelle.
• Les risques:
– Reprise chirurgicale pour évacuation d’hématome
– Transfusion
– Compression nerveuse
• Peser le rapport bénéfice risque du KT périnerveux
Risque probablement plus important en cas d’anticoagulation
efficace ou d’association avec des anti-aggrégants plaquettaires
Question 11
Quelles recommandations pour les blocs périphériques des membres
chez le malade porteur d’une pathologie neurologique ?
Il est difficile d'établir un lien de causalité entre l'évolution des maladies
neurologiques et la réalisation d'un bloc périphérique.
• Pas de contre-indication absolue en cas de pathologie neurologique
stable sauf Sd de Guillain-Barré
• Examen neurologique et discussion du rapport bénéfice/risque de
l’A.L.R en cas de déficits neurologiques d’origine traumatique,
vasculaire, diabétique ou métabolique
• Examen neurologique et discussion du rapport bénéfice/risque de
l’A.L.R colligés dans le dossier avant réalisation de l’A.L.R
• Utilisation prudente des anesthésiques locaux en cas de myopathie
mitochondriale
• Eviter les cathéter périnerveux
Question 12
Comment gérer l'échec des blocs périphériques des membres ?
• Le diagnostic doit être rapide.
• La multistimulation est plus efficace que la localisation
d'un seul nerf.
• L'augmentation du volume améliore la diffusion et élargit
le territoire bloqué.
• Échec par:
– Un échec de repérage
– Une impossibilité d'injection
– Un échec complet du bloc (inutile d'attendre que le bloc
s'installe au delà d’un délai de 30 minutes)
– Un échec partiel du bloc (Un bloc de complément peut être
réalisé sans dépasser les doses maximales)
Question 13
Comment gérer la toxicité systémique des anesthésiques locaux ?
• Toxicité neurologique des anesthésiques locaux (1/800 à 1/1500
blocs).
– bupivacaïne> ropivacaïne > lidocaïne
– Le traitement:
•
•
•
•
•
liberté des voies aériennes
Oxygénation
Benzodiazépines ou thiopental si les convulsions ne cèdent pas rapidement.
IOT avec crush induction
Lutte contre l’acidose: hyperventilation
• Toxicité cardiaque des anesthésiques locaux
– La bupivacaïne et la ropivacaïne peuvent induire des troubles du rythme
potentiellement fatals
– Le traitement:
• manœuvres de réanimation prolongées
• bolus d'adrénaline limités à 5-10 μg/kg
• Les doses maximales:
L’injection doit être lente et fractionnée.
• L'intervalle de temps entre deux injections successives ne doit
pas être inférieur au tiers de la demi-vie de l'agent:
– 30 minutes pour la lidocaïne et la mépivacaïne,
– 45 minutes pour la bupivacaïne et la ropivacaïne
• la deuxième injection doit correspondre au plus, au tiers de la
dose initiale maximale autorisée
Question 14
Comment gérer les complications neurologiques
des blocs périphériques des membres ?
• Mécanismes des complications neurologiques:
– Traumatisme du nerf
– Injection intraneurale
• Symptômes: paresthésies, dysesthésies, parésies
voire paralysies
• Atteintes transitoires ou permanentes
• Une évaluation neurologique doit toujours être
réalisée avant une A.L.R. surtout en cas d’urgence
traumatique.
• Des troubles sensitifs et/ou moteurs sont souvent
rapportés lorsque des paresthésies sont ressenties
lors de la réalisation du bloc.
• L’utilisation d’un neurostimulateur est recommandée.
• Les injections intraneurales génèrent des douleurs
• Facteurs favorisant ces complications:
– Âge
– Compressions nerveuses au niveau rachidien (canal lombaire
ou cervical étroit)
– Diabète, insuffisance rénale chronique, dénutrition, alcoolisme
chronique
– Pathologies démyélinisantes
– Certaines chimiothérapies anti-cancéreuses
• Recommandations en cas de complication nerveuse
– Examen neurologique clinique précis avec avis neurologique
écrit
– Électromyogramme (EMG) +/- potentiels évoqués sensitifs et
moteurs
• 1ier examen réalisé le plus tôt possible (avant le 3ème jour):
référence
• 2nd réalisé entre la 3ème et 4ème semaine après la lésion
La récupération
nerveuse est compromise si, 18 mois après une lésion,
ième EMG réalisé environ 3 mois après la lésion
•
3
aucune récupération n’est notée sur les examens électrophysiologiques
CONCLUSION
• Informer le patient et obtenir son
consentement éclairé
• Anesthésie non dénuée de risques
• Savoir reconnaître et traiter les
différentes complications de l’ALR
(échec, toxicité des AL, lésions
nerveuses)
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