Act. Méd. Int. - Neurologie (1) n° 5, octobre 2000 178
repères repères
Neuro-Pédiatrie
Hypotonie-retard
moteur
du nourrisson
L’EMG avec mesure des
vitesses de conduction ner-
veuse (VCN) occupe une
place de choix pour élimi-
ner ou démontrer une patho-
logie neuromusculaire et
déterminer la stratégie des
autres explorations (1-4).
Des signes nets et diffus de
dénervation (figure 1) sont
en faveur du diagnostic d’amyotrophie spi-
nale chez un enfant ayant une hypotonie pro-
gressive, avec déficit de la force musculaire
et abolition des réflexes. On demandera une
étude de l’ADN. Devant un retard moteur
avec déficit de force musculaire et abolition
des réflexes, l’altération importante des VCN
oriente vers une neuropathie sensitivomotrice
héréditaire. L’altération des VCN dans un
contexte de régression neurologique avec
réflexes vifs fera rechercher une affection
dégénérative (leucodystrophie, neurolipi-
doses…). Des signes myogènes (figure 2)
orientent vers une myopathie congénitale
structurale ou métabolique mais peuvent
aussi correspondre à des modifications
secondaires du tissu musculaire : dénutrition,
carence, maladie du collagène, hypomobilité.
La biopsie précisera la nature de la patholo-
gie musculaire. L’EMG permet une approche
plus précise du type de myopathie, lorsqu’el-
le met en évidence chez l’enfant ou chez sa
mère les salves myotoniques de la dystrophie
myotonique de Steinert, qui sera confirmée
par la biologie moléculaire. Des signes de
bloc neuromusculaire ne sont qu’exception-
nellement mis en évidence chez le tout petit ;
les syndromes myasthéniques congénitaux
sont très rares.
Une EMG-VCN normale permet d’écarter les
diagnostics d’amyotrophie spinale, de neuro-
pathie et de myopathie sévère, et d’évoquer
une encéphalopathie que l’on recherchera par
imagerie cérébrale, EEG et potentiels évo-
qués, examens ophtalmologique et auditif,
caryotype. Une EMG normale peut aussi
amener au diagnostic de simple retard du
tonus, retenu a posteriori devant l’absence
d’anomalie clinique, en particulier de retard
mental, une force musculaire conservée, une
biopsie musculaire normale (certaines myo-
pathies congénitales ne donnent pas d’anoma-
lie caractérisée à l’EMG) et une évolution
favorable avant l’âge de 2 ans (figure 3) .
Déficit moteur chronique
de l’enfant
Chez un enfant ayant des troubles de la
marche, des chutes trop fréquentes, des myal-
gies, une fatigabilité, l’examen clinique peut
noter un déficit de force
musculaire, une amyotro-
phie, une aréflexie. L’EMG
recherche des signes neuro-
gènes (atteinte de la corne
antérieure ou axonale) ou
myopathiques (dystrophie
musculaire, polymyosite)
une altération des VCN
(neuropathies), un bloc neuro-
musculaire (myasthénie) (5).
L’EMG et les VCN appor-
tent les mêmes informations
lorsqu’il s’agit de recher-
cher une pathologie neuro-
musculaire périphérique chez un tout petit
ayant des malformations, une arthrogrypose
ou des signes d’encéphalopathie.
Déformation des pieds
Les déformations progressives des pieds en
varus, équin ou valgus résultent d’un désé-
quilibre de forces musculaires antagonistes
dans le pied lui-même et/ou à l’étage jambier,
du fait de paralysies partielles ou de dispari-
tés du tonus. L’EMG-VCN est l’examen de
choix pour le diagnostic d’une neuropathie
sensitivomotrice héréditaire, de la maladie de
Friedreich, d’une paralysie sciatique… (6).
De même, l’EMG-VCN contribue au bilan
d’un pied varus équin congénital en recher-
chant une atteinte de la corne antérieure, une
neuropathie ou une myopathie.
Déficit moteur aigu de l’enfant
Chez un enfant qui semble gêné pour mar-
cher et se plaint de douleurs, les anomalies de
l’EMG-VCN constituent un critère nécessai-
re au diagnostic des polyradiculonévrites.
Les anomalies typiques de la maladie de
En pédiatrie, l’électromyographie (EMG) est utile
au diagnostic et à l'évaluation pronostique
de pathologies spécifiques du tout petit : hypotonie-retard
moteur du nouveau-né et du nourrisson, syndromes
malformatifs, troubles de succion-déglutition... Les progrès
techniques permettent de réaliser une EMG dès la période
néonatale dans de bonnes conditions de confort et d’en
retirer des informations sur le muscle lui-même,
la transmission neuromusculaire, les voies nerveuses
motrices et sensitives et les relais réflexes (tableau).
*Unité de neurophysiologie clinique,
hôpital d’enfants Armand-Trousseau, Paris.
L’électromyographie
chez l’enfant
F. Renault*