Ziad Mansour1, Evgenia A. Kochetkova1, Nicola Santelmo1, Xavier Ducrocq1, Mircea-Dan Vasilescu1, Jean-
Marie Wihlm1, Romain Kessler2, Elisabeth Quoix2, Gilbert Massard1.
1 Service de Chirurgie Thoracique, Hôpitaux Universitaires De Strasbourg.
2 Département de pneumologie, Hôpitaux Universitaires De Strasbourg.
Le stade N2 après chimiothérapie
d’induction ne contre-indique pas
la pneumonectomie !
Chirurgie Thoracique Cardio-Vasculaire - 2008 ; 12 : 156-165
Stade N2 après chimiothérapie
Ziad Mansour et Coll.
Chirurgie Thoracique
156
RESUME
Objectifs : La prise en charge des patients ayant un stade N2 après chimiothérapie d’induction reste controversée. L’objectif de cette étude est
d’évaluer le risque opératoire et la survie chez ces patients après pneumonectomie.
Méthodes : Nous avons comparé les dossiers de 153 patients opérés de pneumonectomie entre Janvier 1999 et Juillet 2005 ; 28 patients (18.3 %)
avaient un stade N2 après chimiothérapie d’induction (groupe 1), 32 patients (20.9 %) étaient pN0 ou pN1 après chimiothérapie d’induction (groupe
2), et 93 patients (60.8 %) avec un stade pN2 ont été opérés d’emblée (groupe 3). Nous avons relevé la mortalité au 30ème et au 90ème jour post-
opératoire, les complications majeures, la survie brute et la survie sans récidive à 5 ans. L’analyse statistique a été réalisée à l’aide du logiciel SPSS
11.5.
Résultats : Les données démographiques étaient similaires (age, sexe, côté de l’intervention, type de chimiothérapie, tabagisme, et comorbidités
telles que coronaropathies, diabète, et bronchopneumopathies chroniques obstructives). La mortalité à 30 jours était de 10.7% dans le groupe 1, de
3.1% dans le groupe 2 (p=0.257), et de 4.3% dans le groupe 3 (p=0.201) ; à 90 jours, elle était de 10.7% dans le groupe 1, de 12.5% dans le groupe 2
(p=0.577), et de 9.7% dans le groupe 3 (p=0.558). L’incidence des complications majeures était similaire. La survie à 5 ans a été de 32.2% (médiane =
28 mois ; 95% de l’intervalle de confi ance (IC) : 7-43) dans le groupe 1, de 34.8% (médiane = 27 mois ; 95% IC : 7-47) dans le groupe 2 (p=0.685),
et de 12.4% (médiane = 15 mois ; 95% IC : 11-19) dans le groupe 3 (p=0.127). La survie sans récidive à 5 ans a été de 43.3% (médiane = 18 mois ;
95% IC : 0-41) dans le groupe 1, de 48.3% (médiane = 47 mois) dans le groupe 2 (p=0.480), et de 23.3% (médiane = 12 mois ; 95% IC : 9-15) dans
le groupe 3 (p=0.336).
Conclusion : Nos résultats suggèrent que la pneumonectomie peut être justifi ée chez les patients restant N2 après chimiothérapie d’induction : nous
n’avons pas observé une augmentation du risque opératoire, et la survie à long terme a été satisfaisante.
Mots clés : cancer bronchique, chimiothérapie néo-adjuvante ; chirurgie
ABSTRACT
Objectives : Treatment of persistent N2 disease following induction therapy remains controversial. The aim of this study was to evaluate the operative risk
and long term survival in patients who underwent pneumonectomy.
Methods : We included 153 patients who underwent pneumonectomy from January 1999 to July 2005 ; 28 patients (18.3 %) had persistent N2 disease
following induction therapy (group 1), 32 patients (20.9 %) were pN0 or pN1 following induction chemotherapy (group 2), and 93 patients (60.8 %) with
stage pN2 underwent primary surgery (group 3). Endpoints were 30 day and 90 day mortality, major complications, rough survival and survival free of
disease. Statistical analysis was made with SPSS 11.5 software.
Results : Thez 3 groups were similar for demographics (age, gender, side of operation, type of chemotherapy, smoking, comorbidities such as coronary artery
disease, diabetes, COPD). 30-day mortality was 10.7% in group 1, 3.1% in group 2 (p=0.257), and 4.3% in group 3 (p=0.201) ; 90-day mortality was
10.7% in group 1, 12.5% in group 2 (p=0.577), and 9.7% in group 3 (p=0.558). Major complication rate was similar. 5-year survival was 32.2% (median
= 28 months ; 95% CI : 7-43) in group 1, 34.8% (median = 27 months ; 95% CI : 7-47) in group 2 (p=0.685), and 12.4% (median = 15 months ; 95%
CI : 11-19) in group 3 (p=0.127). 5-year survival without recurrence was 43.3% (median = 18 months ; 95% CI : 0-41) in group 1, 48.3% (median = 47
months) in group 2 (p=0.480), and 23.3% (median = 12 months ; 95% CI : 9-15) in group 3 (p=0.336).
Conclusion : Our results suggest that pneumonectomy is a valuable option in patients with persistant N2 disease after induction chemotherapy. We did not
observe any increased operative risk, and 5-year survival was satisfactory.
Key words : lung cancer, induction chemotherapy; surgery