proclamation et la défense de ces prémisses. Descartes, ce
« père de la nouvelle philosophie », qui proclama le pre-
mier le commandement : que les prémisses n’aient pas de
place dans la philosophie (il l’a formulé dans les mots :
de omnibus dubitandum
) avait certainement sa prémisse.
Une force puissante et irrésistible, qu’il n’aurait pas su
nommer et dont, du reste, il ne recherchait pas le nom,
mais qui le possédait tout entier, l’entraînait irrésistible-
ment vers ce seul but :
chasser à tout prix le mystère de
notre vie
. La vérité, disait-il, ne se trouve que dans ce qui
peut être conçu clairement et distinctement. Tout ce qui
est conçu d’une façon obscure, tout ce qui est mystérieux
ne saurait être vrai. Et cette affirmation, d’après lui, n’est
plus une prémisse. C’est la chose dont personne et nulle
part n’a et n’a pu douter : ni les hommes, ni les anges, ni
Dieu lui-même. Pour écarter d’avance toute possibilité de
reproches et d’objections, il commença lui-même, ainsi
qu’il l’affirme, par douter de tout. Et ce n’est que lorsqu’il
eut acquis la certitude qu’il y avait une vérité qui suppor-
tait l’assaut de n’importe quels doutes, qu’il commença à
philosopher, dans la ferme conviction que de cet instant
le philosophe ne pouvait plus s’égarer de son chemin,
ayant enfin acquis non un talisman, mais une boussole,
dont les hommes avaient rêvé presque depuis la création
du monde. Dieu lui-même, enseignait Descartes, veut,
doit vouloir que nous possédions la vérité. Et c’était pour
lui un jugement aussi clair et distinct, partant indubitable,
que le premier jugement qu’il avait découvert et qu’il a
formulé dans les mots :
cogito, ergo sum
. Dieu ne veut
pas tromper les hommes, —
velle fallere vel malitiam vel
imbecillitatem testatur, nec proinde in Dieum cadit
: le