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Café-philo
La Liberté ?
Mardi 30 Octobre 2012
A 19h00 au ‘café de pays’ de COLOGNAC
5 Km de Lasalle - 8 Km de Monoblet - 12 Km de St Hippolyte de fort – 17 Km d’Anduze
« Qu’est-ce que la liberté ? Faire ce que l’on veut ? Ce serait faire de la liberté un caprice. Vouloir ce que
l’on fait ? Ce serait indexer la liberté sur le renoncement. Où se trouve la liberté ? Est-elle une illusion, un
fardeau, ou au contraire, une libération, un arrachement ? La liberté est-elle de pouvoir faire un
choix non empêché ? Mais n’y a-t-il pas des libertés liberticides, telles les dérives idéologiques libérales,
libertaires ou encore intégristes ? Sommes-nous à l’origine de nos actes ? La liberté doit-elle se
conquérir ? La liberté est-elle dans le rapport à soi et au monde ? La liberté est-elle un acte créateur ? »
Modérateur : [email protected] - 06 89 33 83 48
Le Café-philo de Colognac à lieu tous les derniers mardi du mois, sauf Juillet et Août.
Les thèmes sont décidés par les participants à chaque séance pour la séance suivante.
N’oubliez pas le ventre des philosophes : apportez quelques saveurs à déguster !
Site à consulter :
http://eduscol.education.fr/cid60769/rencontres-philosophiques-langres-2012.html#lien0
Jean-Luc Marion de l’académie française, Rencontres philosophique de Langres septembre 2012 :
« La première édition des Rencontres philosophiques de Langres, en septembre 2011, fut consacrée à la vérité. Car
il fallait commencer par le commencement. Or sans la vérité, au moins comme un but à atteindre, et un but
possible, la philosophie n’aurait aucun sens. Mais la vérité elle-même ne se découvre, dans la théorie comme dans
la pratique, que par une recherche et un travail. Donc en mettant en œuvre la liberté, la liberté de chercher, la
liberté d’éventuellement trouver, la liberté de se tromper et la force de le reconnaître. Bref, la liberté de penser. De
penser et non pas de bavarder ou de séduire, de tricher ou de dominer »
Du grain à moudre :
Liberté : du latin liber, libre.
Formulation négative : La liberté est l'état d'une personne ou d'un peuple qui ne subit pas de servitudes.
Formulation positive : La liberté peut être définie comme autonomie, comme volonté.
Formulation relative : La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres.
La notion de liberté renvoie à une double réflexion :
D’une part sur la liberté en tant que questionnement sur la capacité de choisir et de faire.
D’autre part comme questionnement sur l'exercice concret de ce pouvoir de choisir et de faire.
Trois formes de libertés :
La liberté intérieure, en soi.
La liberté de mouvement, de manifestation dans le monde.
La liberté avec les autres et pour les autres dans la coexistence d’égales libertés.
La liberté, un concept fondamental, ses conséquences morales sont considérables :
Établir la possibilité de la liberté, c'est sauver la responsabilité et la valeur de l'homme.
La liberté, comme obligation, soumission à une loi que l'on se donne, découle du devoir.
La liberté donne un sens à l'existence humaine : renoncer à la liberté, c'est renoncer à la qualité d'homme.
La liberté, comme condition des notions morales, donne un sens aux choix moraux en bien comme en mal.
Quelques citations à méditer:
« Le renard libre dans le poulailler libre »
Augustin d’Hippone « Aime, et fais ce que tu veux »
Jean-Paul Sartre « L'homme est condamné à être libre »
Paul Valery « la liberté, un concept ayant plus de valeur que de sens »
Henry Bergson « On appelle liberté le rapport du moi concret à l'acte qu'il accomplit »
Karl Marx « Dès qu'une liberté est mise en question, toute la liberté est mise en question »
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »
Voltaire « Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites mais je me battrai pour que vous puissiez le dire librement »
René Descartes « La liberté de notre volonté se connaît sans preuve, par la seule expérience que nous en avons »
Albert Camus « L’esclave, à l’instant où il rejette l’ordre humiliant de son supérieur, rejette en même temps l’état
d’esclave lui-même »
Michel de Montaigne « La préméditation de la mort est préméditation de la liberté. Qui a appris à mourir, a désappris
à servir »
Henry Lacordaire « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c'est la liberté
qui opprime et la loi qui affranchit »
Albert Camus « Qu'est-ce qu'un homme révolté? Un homme qui dit non. Mais s'il refuse, il ne renonce pas : c'est
aussi un homme qui dit oui, dès son premier mouvement »
Emanuel Levinas « Difficile Liberté » « Ma liberté n’a pas le dernier mot, je ne suis pas seul » « Responsable avant
d’être libre ; responsable devant l’Autre »
Renata Saleci « Pas besoin de croire en une idéologie pour qu’elle vous aliène. Le capitalisme tardif a mis au point
une stratégie retorse pour nous soumettre : l’illusion de choix illimités »
Emmanuel Kant « Ainsi une volonté libre et une volonté soumise à des lois morales sont par conséquent une seule et
même chose. On peut donc énoncer le principe de la moralité : une volonté absolument bonne est celle dont la maxime
peut toujours contenir en elle même la loi universelle qu'elle est capable d'être. »
Friedrich Nietzsche « Aussi longtemps que nous ne nous sentons pas dépendre de quoi que ce soit, nous nous
estimons indépendants : sophisme qui montre combien l'homme est orgueilleux et despotique. Car il admet ici qu'en
toutes circonstances il remarquerait et reconnaîtrait sa dépendance dès qu'il la subirait, son postulat étant qu'il vit
habituellement dans l'indépendance et qu'il éprouverait aussitôt une contradiction dans ses sentiments s'il venait
exceptionnellement à la perdre »
Jean-Jacques Rousseau « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers » « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer
à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité, même à ses devoirs. Il n'y a nul dédommagement possible pour
quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l'homme ; et c'est ôter toute
moralité à ses actions que d'ôter toute liberté à sa volonté » « Un peuple libre obéit, mais il ne sert pas... il obéit aux
lois, mais il n'obéit qu'aux lois, et c'est par la force des Lois qu'il n'obéit pas aux Hommes »
Baruch Spinoza « Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et
ignorants des causes par où ils sont déterminés » « Les hommes croient choisir alors qu’ils sont choisis. Tel l’ivrogne
qui croit faire ce qu’il veut alors qu’il est sous l’emprise de l’alcool, les hommes croient maîtriser leurs actions, parce
qu’ils en ignorent les causes profondes : passions et sentiments inconscients, instincts corporels, influences sociales ou
familiales… Bref, l’homme n’est pas un "empire dans un empire" : comme tous les êtres naturels, il est déterminé par
les lois naturelles » « La vraie liberté est dans la connaissance de la nécessité. C’est en connaissant les causes de mes
actions que je peux y conformer ma liberté et vouloir vivre selon les lois de la nature. La liberté n’est pas dans le refus
et la révolte, mais dans la connaissance de la nécessité. »
Hannah Arendt : Liberté intérieure et liberté extérieure « Par conséquent, en dépit de la grand influence que le
concept d’une liberté intérieure non politique a exercé sur la tradition de la pensée, il semble qu’on puisse affirmer que
l’homme ne saurait rien de la liberté intérieure s’il n’avait d’abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible
dans le monde. Nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce avec d’autres,
non dans le commerce avec nous-mêmes. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la
liberté a été comprise comme le statut de l’homme libre, qui lui permettant de se déplacer, de sortir de son foyer,
d’aller dans le monde et de rencontrer d’autres gens en acte et en paroles. Il est clair que cette liberté est précédée par
la libération ; pour être libre, l‘homme doit s’être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d’homme libre ne
découlait pas automatiquement de l’acte de libération. Etre libre exigeait, outre la simple libération, la compagnie
d’autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer – un
monde politiquement organisé, en d’autres termes, où chacun des hommes libres pût s’insérer par la parole et par
l’action. La liberté comme fait démontrable et la politique coïncident et sont relatives l’une à l’autre comme les deux
côté d’une même chose ». La Crise de la culture, p. 192, 193.
Philosophie magazine octobre 2012 : « A priori, libres, nous le sommes : nos institutions démocratiques et le confort
matériel des pays occidentaux nous ouvrent à une infinité de choix de vie. D’où vient alors le sentiment d’être trop
souvent dessaisi de son existence ? Nous voyons notre autonomie réduite à peau de chagrin par les contraintes
professionnelles, les chaînes familiales, l’organisation industrielle des loisirs ou tout simplement le poids des
conformismes. C’est que la liberté ne nous est jamais acquise, disent justement les philosophes depuis Socrate. Elle
relève d’un saut, d’une lucidité, d’une décision intime. Loin de la chimère d’une libération totale, elle consiste plutôt
en un chemin inattendu où il est possible, pas après pas, de se rapprocher de soi-même.
La liberté dans l’antiquité : La 1ère tendance est le stoïcisme. En effet, selon des stoïciens, la liberté n’est rien
d’autre que la possibilité pour l’homme de n’obéir qu’au destin. La 2ème tendance pour sa part déterminera la liberté
sous forme de choix, en particulier Platon et Aristote. Selon Platon, la liberté est un choix. Aristote semble s’accorder
avec Platon, mais soutient en plus que la véritable liberté ce n’est pas n’importe quel choix, mais un choix réfléchi.
La liberté dans la période moderne : La période moderne est dominée par le cartésianisme, synonyme de
rationalisme. A ce titre deux figures y demeurent célèbres : Descartes et Spinoza. Descartes considère la liberté dans
son rapport avec le libre-arbitre. Le libre-arbitre peut se définir comme le pouvoir qu’a l’homme de refuser le bien ou
le vrai. Descartes affirme le libre-arbitre de manière telle qu’il reconnaît la liberté d’indifférence. Chez Spinoza, l’idée
de liberté est définie de manière suivante : « Je dis qu’une chose est libre qui existe et agit par la seule nécessité de sa
nature, et contrainte, une seule chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir de façon précise et déterminée
». Pour Spinoza donc la liberté signifierait une autonomie, mais une autonomie de la raison. Cette thèse spinoziste sera
contredite par Kant qui considère lui, que liberté et nécessité sont deux termes contradictoires. Pour Kant, la liberté
repose sur l’autonomie de la volonté c’est-à-dire une volonté qui ne dépend d’aucun facteur extérieur.
La liberté dans la période contemporaine : La période contemporaine est dominée par le marxisme d’une part et
l’existentialisme de l’autre. Le marxisme se définit lui-même comme une philosophie de libération. Or pour se libérer,
il lui faut vaincre des déterminismes naturels par le travail et vaincre des déterminismes sociologiques en luttant pour
une société juste. Quant à l’existentialisme, il se définit systématiquement comme une philosophie de la liberté. Pour
l’existentialisme, exister c’est être libre. En conséquence, l’homme est condamné à être libre.
φ
Philosopher :
Philosopher, c'est penser par soi-même et débusquer dans le monde la faille entre l'apparence et le réel ; soumettre
au doute le plus radical ce qui paraît aller de soi et contraindre sa pensée. La philosophie, comme « amour de la
sagesse », ne l'est qu'à être tout aussi primordialement « recherche de vérité ».
Le « café-philo » n’est pas un lieu ; il a lieu. Dans un « café-philo », s’exerce d’abord à cette faculté de la pensée de
pouvoir réfléchir, de s’ancrer dans les dialogues et de produire les débats d’idées. Nous devons être bien sûr capables
de nous saisir de toutes questions, comme de tous textes, prêts à remettre en cause toutes croyances, préjugés et
tabous.
Quand nous parlons de Philo (amour), nous pensons toujours à Sophia (sagesse). En cela nous occultons la première
phrase de la métaphysique d’Aristote : « tous les hommes, par nature, désirent connaître ». Alors n’oublions pas que
l’amour, le désir est au fondement de la philosophie.
Le philosophe s’écarte des réalités du monde et de ses valeurs inculquées pour en rechercher la vérité et ses vraies
valeurs, le réel de la vie. La philosophie est une nécessité (comme l’art), un exercice spirituel pour le salut de son
âme (Démocrite). Un questionnement qui questionne ceux qui apportent des réponses. Philosopher c’est aller de
l’autre côté de l’apparition des choses, c’est une conversion et c’est aussi introduire de la vraie justice dans la cité qui
vit de l’injustice. En décalage, la philosophie n’est non pas inutile, mais nuisible, dangereuse et c’est cela qui vaut
quelques heures de peine, de se détacher du monde, de prendre soin de son âme.
« Quand ce qui ne sent rien et ne se sent pas soi-même, n’a ni désir ni amour, est mis au principe de l’organisation du monde,
C’est le temps de la folie qui vient, car la folie à tout perdu sauf la raison » Michel Henry.
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