Baruch Spinoza « Les hommes se croient libres pour cette seule cause qu’ils sont conscients de leurs actions et
ignorants des causes par où ils sont déterminés » « Les hommes croient choisir alors qu’ils sont choisis. Tel l’ivrogne
qui croit faire ce qu’il veut alors qu’il est sous l’emprise de l’alcool, les hommes croient maîtriser leurs actions, parce
qu’ils en ignorent les causes profondes : passions et sentiments inconscients, instincts corporels, influences sociales ou
familiales… Bref, l’homme n’est pas un "empire dans un empire" : comme tous les êtres naturels, il est déterminé par
les lois naturelles » « La vraie liberté est dans la connaissance de la nécessité. C’est en connaissant les causes de mes
actions que je peux y conformer ma liberté et vouloir vivre selon les lois de la nature. La liberté n’est pas dans le refus
et la révolte, mais dans la connaissance de la nécessité. »
Hannah Arendt : Liberté intérieure et liberté extérieure « Par conséquent, en dépit de la grand influence que le
concept d’une liberté intérieure non politique a exercé sur la tradition de la pensée, il semble qu’on puisse affirmer que
l’homme ne saurait rien de la liberté intérieure s’il n’avait d’abord expérimenté une liberté qui soit une réalité tangible
dans le monde. Nous prenons conscience d’abord de la liberté ou de son contraire dans notre commerce avec d’autres,
non dans le commerce avec nous-mêmes. Avant de devenir un attribut de la pensée ou une qualité de la volonté, la
liberté a été comprise comme le statut de l’homme libre, qui lui permettant de se déplacer, de sortir de son foyer,
d’aller dans le monde et de rencontrer d’autres gens en acte et en paroles. Il est clair que cette liberté est précédée par
la libération ; pour être libre, l‘homme doit s’être libéré des nécessités de la vie. Mais le statut d’homme libre ne
découlait pas automatiquement de l’acte de libération. Etre libre exigeait, outre la simple libération, la compagnie
d’autres hommes, dont la situation était la même, et demandait un espace public commun où les rencontrer – un
monde politiquement organisé, en d’autres termes, où chacun des hommes libres pût s’insérer par la parole et par
l’action. La liberté comme fait démontrable et la politique coïncident et sont relatives l’une à l’autre comme les deux
côté d’une même chose ». La Crise de la culture, p. 192, 193.
Philosophie magazine octobre 2012 : « A priori, libres, nous le sommes : nos institutions démocratiques et le confort
matériel des pays occidentaux nous ouvrent à une infinité de choix de vie. D’où vient alors le sentiment d’être trop
souvent dessaisi de son existence ? Nous voyons notre autonomie réduite à peau de chagrin par les contraintes
professionnelles, les chaînes familiales, l’organisation industrielle des loisirs ou tout simplement le poids des
conformismes. C’est que la liberté ne nous est jamais acquise, disent justement les philosophes depuis Socrate. Elle
relève d’un saut, d’une lucidité, d’une décision intime. Loin de la chimère d’une libération totale, elle consiste plutôt
en un chemin inattendu où il est possible, pas après pas, de se rapprocher de soi-même.
La liberté dans l’antiquité : La 1ère tendance est le stoïcisme. En effet, selon des stoïciens, la liberté n’est rien
d’autre que la possibilité pour l’homme de n’obéir qu’au destin. La 2ème tendance pour sa part déterminera la liberté
sous forme de choix, en particulier Platon et Aristote. Selon Platon, la liberté est un choix. Aristote semble s’accorder
avec Platon, mais soutient en plus que la véritable liberté ce n’est pas n’importe quel choix, mais un choix réfléchi.
La liberté dans la période moderne : La période moderne est dominée par le cartésianisme, synonyme de
rationalisme. A ce titre deux figures y demeurent célèbres : Descartes et Spinoza. Descartes considère la liberté dans
son rapport avec le libre-arbitre. Le libre-arbitre peut se définir comme le pouvoir qu’a l’homme de refuser le bien ou
le vrai. Descartes affirme le libre-arbitre de manière telle qu’il reconnaît la liberté d’indifférence. Chez Spinoza, l’idée
de liberté est définie de manière suivante : « Je dis qu’une chose est libre qui existe et agit par la seule nécessité de sa
nature, et contrainte, une seule chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir de façon précise et déterminée
». Pour Spinoza donc la liberté signifierait une autonomie, mais une autonomie de la raison. Cette thèse spinoziste sera
contredite par Kant qui considère lui, que liberté et nécessité sont deux termes contradictoires. Pour Kant, la liberté
repose sur l’autonomie de la volonté c’est-à-dire une volonté qui ne dépend d’aucun facteur extérieur.
La liberté dans la période contemporaine : La période contemporaine est dominée par le marxisme d’une part et
l’existentialisme de l’autre. Le marxisme se définit lui-même comme une philosophie de libération. Or pour se libérer,
il lui faut vaincre des déterminismes naturels par le travail et vaincre des déterminismes sociologiques en luttant pour
une société juste. Quant à l’existentialisme, il se définit systématiquement comme une philosophie de la liberté. Pour
l’existentialisme, exister c’est être libre. En conséquence, l’homme est condamné à être libre.