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écho des congrès
de tolérance restent très peu nombreuses
chez l’enfant.
La médication doit être envisagée en fonc-
tion de la gravité des symptômes, de l’âge et
de la famille. Il faut avant tout favoriser la
réalisation de thérapies non médicamen-
teuses, les psychotropes ne doivent pas être
prescrits pour des enfants de moins de 5 ans.
Un autre point débattu par les praticiens
concerne la médication proposée par les
pédiatres et les généralistes. Les psychiatres
et pédopsychiatres souhaitent éviter que les
pédiatres et les généralistes effectuent des
prescriptions de psychotropes. Le professeur
Lamontagne a ensuite évoqué le cas particu-
lier de la surconsommation de la méthylphé-
nidate (Ritaline®) aux États-Unis. La Rita-
line®est proposée pour les déficits d’attention
et l’hyperactivité chez l’enfant. La situation
est telle qu’aux États-Unis, les enseignants
incitent même les parents à demander de la
Ritaline®à leur médecin traitant pour leurs
enfants. Contrairement aux États-Unis, la
Ritaline®demeure peu prescrite en France, et
il existe une nette différence de prescription
entre le Québec et la France. Il est à noter que
la communauté internationale souhaiterait
qu’une évaluation soit effectuée systémati-
quement par des pédopsychiatres. Paradoxa-
lement, les pédopsychiatres veulent s’appro-
prier la Ritaline®‚ mais beaucoup refusent
d’en prescrire.
Il paraît évident que l’arsenal médicamen-
teux doit être utilisé en combinaison avec
d’autres thérapeutiques. Le rôle du médica-
ment ne peut s’envisager qu’avec de nom-
breuses autres approches. Toutefois, dans cer-
tains cas, le problème de la médication ne se
pose pas : dépression, schizophrénie, trouble
obsessionnel compulsif... Cependant, dans
d’autres circonstances, l’enfant pourra
répondre à une psychothérapie ou à une thé-
rapie comportementale. Le rôle du médica-
ment ne peut se concevoir que dans une pers-
pective où l’association avec des approches
psychothérapeutiques, comportementales,
familiales et socio-éducatives permettra de
constituer et d’individualiser un véritable pro-
jet thérapeutique pour chaque enfant.
Dans quelle langue
le délirant délire-t-il ?
Ce thème a été exposé par le docteur
N. Ribault de l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu à
Lyon.
Une étude clinique portant sur des dossiers
de patients d’origine étrangère ou parlant une
langue étrangère conduit les auteurs à préci-
ser trois hypothèses concernant le langage
utilisé par le psychotique délirant. Celui-ci
peut s’exprimer dans sa langue maternelle,
dans la langue de l’interlocuteur ou dans un
langage pathologique. Ces hypothèses per-
mettent de réfléchir au rôle et à la place d’un
interprète dans la relation entre le médecin et
le patient. L’étude présentée portait sur 158
patients d’origine étrangère ou parlant une
langue étrangère, hospitalisés plusieurs fois
au CHS Saint-Jean-de-Dieu à Lyon. Quatre-
vingt-dix-huit patients ont exprimé des idées
délirantes : 85 en français, 7 dans leur langue
maternelle et 6 dans les deux langues. Il est
à noter que 10 patients présentaient un lan-
gage pathologique.
La langue maternelle désigne le plus souvent
la langue de la mère, chargée de toute l’af-
fectivité des interactions mère-enfant. Dans
des contextes de mouvances sociales et de
migrations, l’usage de la langue peut être
modifié. Il peut y avoir des inférences lin-
guistiques, mises en évidence par l’appari-
tion d’éléments linguistiques empruntés à un
autre système linguistique. Il est aussi pos-
sible d’observer une alternance, définie par
l’existence d’éléments qui ne sont plus
empruntés mais intégrés au répertoire du
groupe. Il peut y avoir formation d’une
langue nouvelle dans laquelle les systèmes
se confondent, les repères culturels ou lan-
gagiers ne s’appliquant plus.
Enfin, une langue peut être assimilée plus
qu’une autre. Les déviations linguistiques
peuvent porter sur le sens des mots, on parle
alors de néologisme sémantique ou de glos-
somanie sémantique. On peut observer une
altération entre le signifiant et le signifié.
Cette pathologie du langage survient chez
certains patients schizophrènes et correspond
à la schizophasie de Kraepelin.
Le recours à un interprète professionnel se
justifie dans la majorité des cas. Le travail
avec l’interprète est parfois très difficile et
peut correspondre pour certains à l’équiva-
lent d’une cothérapie ou à la supervision d’un
thérapeute.
Faut-il évoquer la maladie
avec le patient ?
Dire ou ne pas dire le diagnostic ? L’attitude
des praticiens demeure contrastée. Bien qu’il
paraisse difficile d’aborder le problème de la
maladie du schizophrène, il est nécessaire
d’informer au mieux le patient pour que
celui-ci participe le mieux possible au projet
thérapeutique.
Est-il éthiquement possible d’évoquer la
maladie avec le patient ? C’est à cette ques-
tion que se sont heurtés les congressistes, lors
d’un débat sur le thème “l’information du
patient atteint de schizophrénie et sa famille”.
Le nombre de patients schizophrènes en
France représente en moyenne 24 % de la
clientèle des psychiatres. Certains psy-
chiatres sont favorables à l’annonce du dia-
gnostic, d’autres sont plutôt réticents.
Selon une enquête épidémiologique trans-
versale sur l’annonce du diagnostic de schi-
zophrénie menée en France, 20 % des
patients schizophrènes sont informés de leur
maladie. Quant à connaître la véritable rai-
son pour laquelle le malade n’est pas
informé : 28,8 % des psychiatres considèrent
le terme de schizophrénie comme une éti-
quette, 22 % tiennent compte de l’incapacité
du patient à comprendre et 21 % estiment que
le diagnostic n’est pas suffisamment précis.
Il est parfois plus facile de communiquer avec
la famille du patient sur les pathologies
qu’avec le patient lui même. Il faut admettre
que, dans certains cas, le psychiatre peut
“sous-estimer” la capacité de son patient à
établir une véritable communication sur sa
maladie. Quoi qu’il en soit, la tendance serait
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