12 QUÉBEC PHARMACIE VOL. 59 N° 3 JUIN 2012
Traitements topiques : des crèmes ou lotions à
base de camphre et de menthol (1 % à 2 %) peuvent
soulager grâce à leur action anesthésique et à la sen-
sation de fraîcheur quʹelles procurent
4,6,8
. Une
crème de lidocaïne 2,5 % ne devrait être appliquée
que sur une petite surface corporelle en raison du
risque dʹabsorption systémique
4,6,8
. La capsaïcine
0,025 % à 0,075% peut être utilisée dans les cas de
prurit localisé, en considérant la substance P
comme un médiateur dans la transmission des
inux douloureux et prurigineux
6,10,11
. La hausse
graduelle de la concentration et de la fréquence
dʹapplication de la capsaïcine est recommandée
pour en favoriser la tolérance
4,6
. Lorsque des signes
dʹinammation sont présents, lʹutilisation de corti-
costéroïdes topiques peut être recommandée
4,8
.
Traitements systémiques : les antihistami-
niques sont peu efficaces pour traiter le prurit
urémique puisque lʹhistamine ne joue pas un rôle
de premier plan dans la pathogenèse de la mala-
die4,6,8,9. Ils pourraient être bénéques dans cer-
tains cas où un eet sédatif est souhaité4,6.
D’autres traitements systémiques sont plus pro-
metteurs. La paroxétine s’est montrée ecace pour
réduire le prurit dès les 24 à 48 premières heures de
traitement
3,4
. Il est recommandé de commencer le
traitement à faible dose (5 à 10mg par jour) et
d’augmenter en cas de besoin, jusqu’à 20mg par
jour. L’ecacité de la paroxétine peut parfois dimi-
nuer après quatre à six semaines d’utilisation
4,6
.
La mirtazapine, antagoniste des récepteurs
sérotoninergiques 5HT1 et 5HT2 ainsi que du
récepteur H1, peut soulager le prurit à une dose
de départ de 7,5 à 15 mg au coucher3,4,6,8. Son eet
sédatif à cette dose peut également être souhaita-
ble chez les patients sourant d’insomnie3,6. Son
début d’action est rapide dès les 24 premières
heures et la dose peut être titrée jusqu’à 30mg
selon la tolérance et le soulagement4,12.
La gabapentine administrée à une dose de 100
à 300mg trois fois par semaine (après chaque
séance d’hémodialyse) s’est montrée ecace et
sécuritaire1,2,5,16,17. Elle soulagerait le prurit en
affectant la nociception5. Son élimination par
voie rénale en fait une molécule pouvant s’accu-
muler chez les insusants rénaux. L’administra-
tion trois fois par semaine permettrait d’éviter
une accumulation excessive et de diminuer les
eets secondaires au niveau du système nerveux
central5.
Par ailleurs, l’ondansétron, antagoniste des
récepteurs 5HT3, pourrait contribuer à traiter le
prurit urémique. Il agirait principalement au
niveau du SNC, car aucun récepteur 5HT3 n’a été
identié au niveau de la peau6. La dose initiale est
de 4 mg une à deux fois par jour, pouvant être
augmentée jusqu’à 8mg trois fois par jour. Le
début d’action est rapide, de 30 à 60minutes après
la première dose. Les données sont toutefois
conflictuelles quant à son efficacité14. D’autres
études ont démontré que le granisétron à la dose
de 1mg deux fois par jour serait plus ecace que
l’ondansétron, en plus d’être bien toléré1,13.
De plus, la naltrexone, antagoniste des récep-
teurs mu-opioïdes, peut être utilisée à la dose ini-
tiale de 6,25 à 12,5mg une fois par jour et être
titrée graduellement jusqu’à 300mg par jour,
divisée en deux à trois prises. La prudence est de
mise chez les utilisateurs d’opioïdes chroniques
puisqu’ils pourraient sourir de symptômes de
retrait et d’un renversement de l’analgésie4,8. Les
études concernant la naltrexone dans le traite-
ment du prurit urémique demeurent contradic-
toires2,3,6,14. Elle pourrait n’être ecace qu’en pré-
sence de prurit sévère6,17. Une diminution de
l’eet peut survenir après plusieurs semaines de
traitement. Une période d’arrêt de deux à trois
semaines peut alors être tentée4,14.
Certains rapports de cas ont montré que le
butorphanol, opioïde synthétique présentant
aussi des propriétés antagonistes des récepteurs
mu-opioïdes et des agonistes des récepteurs
kappa, est une option de rechange intéressante à
la naltrexone, car il ne renverse pas l’analgésie
chez les patients prenant des opioïdes4. La dose
est de une à deux vaporisations intranasales tou-
tes les trois à quatre heures selon le soulagement.
Le début d’action est de 15 à 60 minutes15.
D’autres traitements pourraient être utiles dans
le traitement du prurit urémique, tels que la thali-
domine, le tacrolimus, le charbon activé, la cho-
lestyramine et la doxépine1-4,6,8,9,17. n
Acte pharmaceutique facturable
Opinion pharmaceutique : substituer un
médicament par un autre, car inecacité
(DIN : 009990140)
Opinion pharmaceutique
Docteur,
Mme A. L. utilise actuellement de lʹhydroxyzine
10 mg HS PRN pour soulager un prurit urémi-
que. Elle ne note aucune efficacité après une
semaine dʹutilisation régulière. Elle se plaint
de démangeaisons généralisées se manifestant
surtout la nuit. Les mesures non pharmaco-
lo giques de traitement de la xérose ont été
suggérées et apportent un soulagement minime.
Parmi les options de traitement du prurit
urémique, la mirtazapine me semble un choix
approprié, puisque la patiente se plaint de déman-
geaisons, surtout la nuit. La mirtazapine 7,5 à
15mg serait un traitement ecace et sécuritaire,
en plus dʹapporter un effet sédatif pouvant
améliorer son sommeil.
En toute collaboration,
La pharmacienne
Références
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QUESTION DE
FORMATION CONTINUE
2) Lequel des énoncés suivants est vrai ?
A. Le seul traitement permettant de soulager défi ni -
tivement le prurit est la transplantation rénale.
B. La mirtazapine semble efficace pour soulager
le prurit urémique, mais son important délai
d’action en limite l’utilisation.
C.
L’administration de gabapentine à raison de 100 à
300 mg trois fois par jour s’est montrée efficace et
sécuritaire chez les patients hémodialysés.
D.
La peau sèche ne serait pas un facteur exacerbant
le prurit urémique.
E. La crème anesthésique de lidocaïne 2,5 % peut
être utilisée indépen damment de la surface
corporelle à couvrir.
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