L
e prurit est un symptôme
fonctionnel qui peut, selon
son importance, faire con-
sulter le malade ou simplement être
signalé par lui, en fin de consultation
déclenchée pour une autre patholo-
gie. Ce n’est jamais un événement
mineur à négliger. Il peut être localisé,
diffus ou généralisé à l’ensemble du
tégument. Le grattage le fait dispa-
raître complètement, mais temporai-
rement.
Interrogatoire
L’interrogatoire est un temps capital
du diagnostic. Le patient doit signaler
les premières manifestations du
symptôme, leur cadre d’apparition,
leur forme évolutive. Y a-t-il des cir-
constances particulières liées à cette
apparition, à son déclenchement ou
à sa réactivation ? Le prurit est-il tou-
jours localisé ? Si oui, à quel endroit,
à quel moment, voire à quelle heure
se produit-il ? S’il est généralisé, l’est-
il depuis toujours ou au contraire
d’apparition progressive ? Tous ces
éléments doivent être soigneuse-
ment notés et repris en cas de
besoin, comme autant d’indices de
début de preuves. Une véritable
enquête policière ! Parallèlement,
existe-t-il des signes d’accompagne-
ment comme une fièvre, une asthé-
nie, des douleurs ? Existe-t-il des
manifestations locales du prurit en
plus des lésions de grattage, signant
alors une éventuelle lésion cutanée ?
Diagnostic
L’orientation diagnostique tient
compte de deux éléments impor-
tants : la topographie du prurit et
l’existence de lésions élémentaires
dermatologiques ne pouvant pas être
expliquées par le seul grattage. En cas
de dermatose, le prurit est pratique-
ment toujours constant : que la cause
soit parasitaire (gale), infectieuse
(varicelle, zona), allergique (urticaire)
ou auto-immune (LEAD). En cas de
gale, le prurit est généralisé et à pré-
dominance nocturne et familiale. En
revanche, il est localisé et topographi-
quement significatif en cas de pédicu-
lose atteignant les zones pileuses ou
leurs lisières. En cas de parasitose
interne, selon le type de l’infestation :
filarioses, distomatoses ou bilhar-
zioses, le prurit peut être localisé ou
diffus. Dans ces cas pathologiques
difficiles, seul le résultat des explora-
tions complémentaires permettra de
trancher et d’arriver au diagnostic.
Le bilan peut, en s’appuyant sur l’in-
terrogatoire, retrouver une cause
allergique. Médicamenteuse parfois :
plus de 300 médicaments peuvent
être en cause parmi lesquels les sar-
tans, comme les inhibiteurs calciques,
les IEC… Le prurit peut être aussi un
signe de cholestase, par l’accumula-
tion de sels biliaires qu’elle entraîne
dans le sang. En l’absence d’autres
signes, un prurit doit être, chez un
sujet jeune, une indication à pratiquer
un bilan sanguin. En effet, le risque
d’hémopathie est important, parmi
lesquels les lymphomes hodgkiniens
ou non. Par ailleurs, beaucoup de
dysfonctionnements glandulaires
peuvent s’accompagner de prurit : du
diabète à l’hyperthyroïdie ou l’hyper-
parathyroïdie.
Lorsque aucune anomalie n’est
notée, il peut alors s’agir d’un prurit
psychogène. Diagnostic d’élimination,
il est plutôt présent sur un terrain
anxiodépressif, et surtout amélioré
par un traitement psychiatrique. Chez
la personne âgée, le prurit sénile est
fréquent et quasi physiologique au
point de rendre son traitement extrê-
mement délicat. Ainsi, cuisson ou
douleur sont parfois difficiles à distin-
guer d’un prurit. La diminution de l’in-
tensité d’un stimulus douloureux peut
produire du prurit, l’injection d’une
faible quantité d’histamine dans la
peau provoque un prurit mais une
quantité plus importante peut induire
une sensation de brûlure et même
une douleur. Toutefois, prurit et dou-
leur sont bien des sensations diffé-
rentes : les opiacés calment la dou-
leur mais renforcent le prurit ; la
chaleur et le grattage soulagent le
prurit et non la douleur. A la diffé-
rence du prurit, la douleur ou la cuis-
son n’entraînent pas le besoin impé-
rieux de se gratter, et le grattage ne
les fait pas disparaître. On le voit : le
diagnostic n’est pas toujours aisé.
Traitement
Le traitement local doit se limiter à une
hydratation de la peau et à un net-
toyage avec des savons neutres ou
surgras. On doit surtout s’abstenir loca-
lement de pommades antihistami-
niques et retarder aussi longtemps que
possible, l’utilisation de dermocorti-
coïdes. L’administration par voie géné-
rale d’antihistaminiques est fréquente
mais cependant son efficacité n’est pas
avérée.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
Soins Libéraux 39
Prurit
Un impérieux besoin de se gratter
Physiologique, le prurit est rare mais il peut devenir
gênant lorsqu’il se répète, et franchement pathologique
s’il devient chronique. En dehors de la gêne qu’il occa-
sionne, il ne doit pas être négligé car il peut être révéla-
teur d’une affection locale ou générale.
Infos ...
Bilan biologique
NFS, VS, Protéine C
réactive,
électrophorèse des
protéines, glycémie,
bilan hépatique,
bilan sérologique,
bilan parasitologique
sanguin et de selles.
Si besoin,
explorations
radiologiques :
échographie, et
biopsies des lésions
cutanées éventuelles.
Il existe un prurit physiologique.
Ce prurit est discret, inconscient,
nentraînant pas de désagré-
ment. Il est particulièrement
important le soir et/ou quand le
malade se dévêt. Chaque indi-
vidu se gratte de nombreuses
fois dans une journée sans que
cela soit désagréable. Le prurit
doit être distingué de sensations
cutanées voisines mais non
identiques (cuisson ou douleur).
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