LE TRAITEMENT MEDICAL EXCLUSIF EST-IL POSSIBLE ?
Pr Arnaud ALVES,
Département de Chirurgie Viscérale et Digestive,
CHU de la côte de Nacre, 14000 CAEN
En dehors de l’hémorragie, les complications de la diverticulite sigmoïdienne se présentent sous la forme
d’abcès intra-abdominaux (périsigmoïdiens, abdomino-pelviens, rétropéritonéaux), de fistules sigmoîdiennes
avec un organe de voisinage (vessie, vagin, …) de péritonite (purulente, fécale) par perforation et de sténose
responsable d’occlusion. Le traitement chirurgical en urgence dépend du stade de Hinchey ; il est recommandé
dans les stades III et IV et dans les stades II après échec du drainage scannographique et de l’antibiothérapie.
Dans les fistules, le traitement chirurgical est également recommandé. Dans les stades I et II, « il est
recommandé de réaliser une chirurgie prophylactique après une poussée de diverticulite sigmoïdienne avec
signes de gravité scannographique » (grade B, Buc gcb). Toutefois, les éléments récents de la littérature
semblent plaider pour un traitement conservateur.
Au vue des éléments récents, la première poussée de DS semble la plus sévère comme l’atteste la série
rétrospective de la Mayo Clinic , ayant inclus 337 patients hospitalisés pour une poussée de DS compliquée. En
effet la complication était inaugurale dans 54% des cas alors que 46% des patients avaient présenté au moins
un épisode de DS. En effet, si le risque de phlegmon ou d’abcès était significativement augmenté après une
poussée, le risque de perforation était significativement plus important en cas de poussée inaugurale.
Récemment une étude observationnelle (ricciardi dcr 2009), permettant d’inclure 685390 patients hospitalisés
pour une DS a rapporté que le taux de colectomie prophylactique pour une DS non compliquée ou compliquée
avait significativement chuté avec le temps (17,9% vs 13,7%, p<0,0001) et 71% vs 55,5%, p<0,0001)
respectivement entre 1991 et 2005 alors que le nombre de patients hospitalisés pour une DS abcédée
augmentait (1855 vs 5837) tout comme la proportion de DS abcédée (5,9% vs 9,6%, p<0,003).
Ces données suggèrent que la colectomie prophylactique pourrait être évitée y compris dans les stades II et III
de Hinchey après une évolution favorable de la poussée de DS compliquée. Dans la série d’Ambrosetti et coll
(dcr 2005) 73 patients consécutifs ont été hospitalisés pour une poussée de DS classée Hinchey II. Parmi les 73
patients, 25% (n=18) ont été opérés au cours de la même hospitalisation. Avec un suivi de 43 mois, 25 patients
(34%) ont été opérés secondairement en raison de persistance de symptômes (n=11), d’une récidive (n=9),
d’une perforation (n=1), d’une sténose (n=1) ou d’une décision chirurgicale (n=2) et 30 patients (41% ) n’ont
pas été opérés. Même si la différence n’était pas statistiquement différente, le risque d’être opéré au cours de
la première hospitalisation était plus fréquent en cas d’abcès pelvien vs abcès mésocolique. Ainsi en l’absence
de symptômes persistant ou de récidive 41% des patients n’ont pas eu de colectomie prophylactique alors que
la poussée de DS était compliquée d’un abcès. Nelson et coll ont évalué rétrospectivement l’histoire naturelle
de 99 patients non opérés après une poussée de DS compliquée soit d’un abcès ou d’une perforation localisée.
Avec un suivi moyen de 76,3 mois, 75 récidives ont été observées chez 46 patients (46%) ; 62 sans complication
et 13 avec complications. Vingt patients ont été opérés avec un délai moyen entre la première crise et
l’intervention de 38,1 mois. L’âge <50 ans n’était pas un facteur de risque de récidive (50% vs 40,3%, p=0,64).
Un seul patient sur les 20 a eu une intervention de hartmann. Ainsi dans cette étude rétrospective, seulement
1% des patients surveillés à nécessité une colostomie et ceux en raison d’une sténose.
Dans la série récente d’Erlington et coll, (eglington bjs 2010), le risque de récidive après traitement
conservateur était comparable entre le groupe DS compliquée vs DS non compliquée (24% vs 23,4%) avec un
suivi minimum de 5 ans. Dans cette étude, parmi 502 patients inclus, 165 (32,9%) avaient une DS compliquée
(abcès 41,2% et perforations 40,6%. Soixante deux patients (37,6%) ont été traités de manière conservatrice et
seulement 1 patient sur 4 a récidivé.
Dans les péritonites purulentes (stade Hinchey III), le lavage drainage par voie laparoscopique a probablement
une lace dans l’arsenal thérapeutique. La plus grosse série rapportée par Meyers et coll a inclus 100 patients ;