ABREGE D’HEPATO-GASTRO-ENTEROLOGIE ET DE CHIRURGIE DIGESTIVE
3ème édition - Partie « Connaissances » - © par la CDU-HGE - Editions Elsevier-Masson - Septembre 2015
Toute reproduction ou traduction de l’ouvrage est interdite sans l’accord préalable de l’éditeur et de la CDU-HGE.
Chapitre 23 - Item 284 - UE 8
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Chapitre 23 - Item 284 - UE 8
Diverticulose colique et diverticulite aiguë du
sigmoïde
I. Définitions - Anatomie
II. Epidémiologie - Physiopathologie
III. Prise en charge de la diverticulose non compliquée
IV. Complications de la diverticulose
OBJECTIFS PEDAGOGIQUES
Diagnostiquer une diverticulose colique et une sigmoïdite.
Identifier les situations d’urgence et planifier leur prise en charge.
Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.
I. Définitions - Anatomie
Un diverticule colique est une hernie acquise de la muqueuse et de la sous-muqueuse à
travers une zone de faiblesse de la paroi musculaire du côlon.
Localisation prédominante dans le côlon sigmoïde.
La sigmoïdite ou diverticulite sigmoïdienne correspond à l’inflammation s’étendant au
voisinage d’un ou plusieurs diverticules sigmoïdiens.
II. Épidémiologie Physiopathologie
Prédominance dans les pays à mode de vie de type occidental.
Très rare avant 30 ans, augmente en fréquence avec l’âge.
III. Prise en charge de la diverticulose non compliquée
La diverticulose colique non compliquée est par définition asymptomatique, découverte le plus
souvent lors d’une coloscopie réalisée pour des symptômes digestifs d’autre origine ou un
dépistage (figure 23.1).
Aucun traitement n’est nécessaire.
figure 23.1
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IV. Complications de la diverticulose
Les 2 complications possibles sont :
la diverticulite (inflammation/infection d’origine diverticulaire) et ses complications (péritonite,
abcès, fistules, sténoses) ;
l’hémorragie diverticulaire.
A- Diverticulites
Rare avant 30 ans, le risque augmente pour être maximal entre 60 et 70 ans.
Aucun traitement ou mesure diététique n’a été démontré en prévention d’un premier épisode.
1. Forme habituelle
Douleurs en fosse iliaque gauche ou hypogastre.
Troubles du transit (plutôt une constipation qu’une diarrhée).
Fièvre.
Défense de la fosse iliaque gauche.
Douleur à la décompression abdominale brutale (traduit une irritation péritonéale).
Élévation du taux sérique de la protéine C-réactive (CRP).
Hyperleucocytose avec polynucléose neutrophile.
La tomodensitométrie abdomino-pelvienne est l’examen clef :
réalisée en urgence ;
idéalement effectuée avec injection (si le taux de créatinine le permet) ;
permet le diagnostic de diverticulite qui repose sur 3 signes associés : épaississement de la
paroi colique à plus de 4 mm, infiltration de la graisse péricolique, présence de diverticules
(figure 23.2) ;
élimine les diagnostics différentiels ;
cherche une complication (fuite extradigestive d’air ou de produit de contraste traduisant une
perforation, abcès).
Figure 23.2
Sigmoïdite diverticulaire (scanographie)
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L’échographie, l’abdomen sans préparation, l’IRM et le lavement opaque ne sont pas indiqués.
Attention : le lavement baryté, la coloscopie conventionnelle et la coloscopie virtuelle sont
contre-indiqués dans ce contexte aigu.
L’hospitalisation ne s’impose que dans les cas suivants :
signes d’irritation péritonéale ;
impossibilité de maintenir une hydratation orale ;
absence d’amélioration après 4872 heures de traitement ambulatoire ;
impossibilité de surveillance ambulatoire ;
terrain fragilisé ;
signes de gravitomodensitométriques (fuite extradigestive d’air ou de produit de contraste,
abcès).
Le traitement repose sur les antibiotiques actifs sur les bactéries aérobies (bacilles gram négatif et
entérocoques) et anaérobies du côlon :
en ambulatoire, antibiothérapie orale de première intention associant une pénicilline A et un
inhibiteur de ta-lactamase (type amoxicilline-acide clavulanique) ou, en cas d’allergie, une
fluoroquinolone (type ofloxacine) et un dérivé nitro-imidazolé (type métronidazole), pendant
une durée prévisionnelle de 7 à 10 jours ;
en hospitalisation :
antibiothérapie, initialement intraveineuse en l’absence de contre-indication aux bêta-
lactamines : association pénicilline A-inhibiteur de ta-lactamase, ou association d’une
céphalosporine de 3e génération (type céfotaxime ou ceftriaxone) à un nitro-imidazolé,
en cas d’allergie aux bêta-lactamines, une association fluoroquinolone-nitro-imidazolé ou
une association aminoside et (nitro-imidazolé ou lincosamide),
lors du relais oral, on peut utiliser soit une pénicilline A-inhibiteur de bêta-lactamase, soit
l’association fluoroquinolone et nitro-imidazolé.
Un régime alimentaire sans résidu est justifié pendant l’épisode de diverticulite.
2. Diverticulite compliquée Abcès, péritonites, fistules
La prise en charge est conditionnée par l’état général du patient et par la gravité de l’infection
péritonéale évaluée selon la classification de Hinchey (tableau 23.1).
Tableau 23.1
Classification des infections intrapéritonéales au cours des diverticulites selon Hinchey
Stade
Infections intrapéritonéales
Stade I
Phlegmon ou abcès péricolique
Stade II
Abcès pelvien, abdominal ou rétropéritonéal (péritonite localisée)
Stade III
Péritonite généralisée purulente
Stade IV
Péritonite fécale
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a. Abcès
Un tiers des diverticulites sigmoïdiennes se compliquent d’abcès (figure 23.3).
Si abcès de petite taille ou non drainable sous scanner du fait de sa localisation, seul un traitement
antibiotique intraveineux est prescrit.
Si l’abcès est accessible et de taille suffisante (habituellement plus de 5 cm), son drainage par voie
radiologique est indiqué.
En cas d’impossibili ou d’échec du drainage, une résection-anastomose, éventuellement
protégée par une stomie d’amont, est indiquée.
Figure 23.3
Abcès compliquant une sigmoïdite diverticulaire (scanographie avec lavement opaque)
b. Péritonite purulente ou fécale
Une résection sigmoïdienne est indiquée en un ou deux temps avec réalisation d’une stomie de
protection.
c. Fistules
Les fistules surviennent dans moins de 10 % des cas.
Les plus fréquentes vont vers la vessie ou le vagin (chez la femme hysterectomisée).
Les fistules colo-vésicales sont révélées le plus souvent au décours de l’accès de diverticulite
par des signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, parfois pneumaturie ou fécalurie
pathognomoniques) et/ou des infections urinaires polymicrobiennes récidivantes :
l’examen tomodensitométrique révèle la présence d’air dans la vessie, parfois la fuite du
produit de contraste digestif dans la vessie ;
le traitement chirurgical recommandé est une résection-anastomose en un temps, la voie
laparoscopique étant envisageable.
Les fistules colo-vaginales sont plus rares, provoquant des infections vaginales récidivantes
et/ou l’émission de gaz/matières par le vagin.
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3. Sténoses
Les sténoses inflammatoires sigmoïdiennes régressent habituellement sous antibiotiques.
La forme de pseudo-tumeur inflammatoire réalisant des sténoses symptomatiques
(subocclusion) est parfois difficile à différencier d’un cancer par examen
tomodensitométrique :
la sténose de la diverticulite sigmoïdienne est typiquement centrée, progressive, à bords
réguliers, s’opposant à la sténose cancéreuse, excentrée et à bords irréguliers, se
raccordant à angle aigu avec le côlon sain ;
la coloscopie au stade aigu est en général non contributive en raison du caractère non
franchissable de la sténose (risque de perforation en cas de tentative de franchissement).
Elle peut être réalisée à distance après refroidissement médical de la poussée et chez les
sujets dont le diagnostic était douteux ou nécessitant un dépistage colique du fait de leur
âge et d’antécédents personnels ou familiaux de cancers ou d’adénomes du côlon.
Plus rarement sténoses sigmoïdiennes « sèches » :
se développent à distance de poussées itératives de diverticulite ;
responsables d’une occlusion d’abord incomplète (syndrome de nig), qui peut ensuite
devenir complète ;
le diagnostic différentiel est celui du cancer colique, mais le scanner et la coloscopie
permettent en général le diagnostic ;
l’intervention chirurgicale est indiquée avec analyse histologique de la pièce opératoire
pour ne pas méconnaître un cancer associé.
4. Prise en charge thérapeutique après une diverticulite sigmoïdienne
La résection élective sigmoïdienne, destinée à supprimer les risques de récidive est :
recommandée après une poussée de diverticulite avec signes de gravité
tomodensitométriques (abcès, fuite extradigestive d’air et/ou de produit de contraste) ;
discutée au cas par cas dans tous les autres cas, même après plusieurs poussées et chez les
personnes de moins de 50 ans (l’âge jeune augmentant le risque de récidive de la diverticulite) ;
réalisée au moins deux mois après l’épisode de diverticulite le plus récent ;
réalisée au mieux sous laparoscopie par un opérateur entraîné.
Après une poussée de diverticulite :
aucune mesure médicale (régime, antiseptiques intestinaux…) n’a fait la preuve de son
efficacité préventive sur le risque de poussée ultérieure ;
l’utilisation de corticoïdes et d’anti-inflammatoires non stéroïdiens est déconseillée, car elle
aggrave le risque de lésions infectieuses sévères si un épisode de diverticulite survient.
B- Hémorragies d’origine diverticulaire
1. Caractéristiques
Les hémorragies diverticulaires sont :
souvent brutales, par érosion d’artérioles du collet ou du fond du diverticule ;
la cause d’un tiers des hémorragies basses soudaines de sang rouge ;
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