Mathématiques et Statistiques D.Moreaux 15 mars 2016 Table des matières I Mathématiques de l’Assurance iii 1 Introduction 1.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.1.1 Catégories d’assurances . . . . . . . 1.1.2 Définitions . . . . . . . . . . . . . . 1.1.3 2 branches . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Assurance vie individuelle . . . . . . . . . 1.2.1 Intervenants à un contrat individuel 1.2.2 Principaux contrats individuels . . 1.3 Capitalisation . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3.1 Définition . . . . . . . . . . . . . . 1.3.2 Remarques . . . . . . . . . . . . . . 2 Assurances sur la vie 2.1 Rappels de mathématiques financières . 2.1.1 Intérêts composés . . . . . . . . 2.1.2 Capitalisation - Actualisation . 2.1.3 Annuité certaine . . . . . . . . 2.2 Probabilités viagères de base . . . . . . 2.2.1 Définitions . . . . . . . . . . . . 2.2.2 Tables de mortalité . . . . . . . 2.3 Valeur actuelle probable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Operations viagères sur une seule tête 3.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . 3.2 Assurances en cas de vie . . . . . . . . . . 3.2.1 Assurance de capital différé . . . . 3.2.2 Rentes Viagères (annuités viagères) i . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 1 1 1 2 2 2 2 3 3 3 . . . . . . . . 5 5 5 5 6 7 7 7 10 . . . . 11 11 11 11 13 ii 4 Assurances en cas de décès 4.1 Assurance ordinaire immédiate . . . . . 4.2 Assurance décès temporaire immédiate 4.3 Assurance décès ordinaire différée . . . 4.4 Assurance décès temporaire différée . . 4.5 En résumé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17 17 18 19 19 19 5 Assurance mixte ordinaire 21 II 23 Probabilités 6 Analyse Combinatoire 6.1 Permutations . . . . . . . . . 6.2 Arrangements . . . . . . . . . 6.3 Combinaisons . . . . . . . . . 6.4 Triangle de Pascal . . . . . . . 6.5 Nombre de sous-ensembles . . 6.6 Permutations avec répétition . 6.7 Arrangements avec répétitions 6.8 Combinaisons avec répétitions 7 probabilités simples 7.1 Définitions de base . . . . . 7.2 Les probabilités . . . . . . . 7.3 Probabilités conditionnelles 7.4 événements indépendants . . 7.5 Théorème de Bayes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 27 28 29 29 29 30 31 31 . . . . . 33 33 35 36 37 37 Première partie Mathématiques de l’Assurance iii Chapitre 1 Introduction 1.1 1.1.1 Généralités Catégories d’assurances Il existe deux grandes catégories d’assurance qui se distinguent par l’objet même de l’assurance, à savoir les biens d’un individu ou sa personne physique : Assurances dommages biens d’un individu et dommages qu’il pourrait causer à autrui assurances de personne intégrité physique d’un individu et conséquences d’un décès prématuré ou d’une vieillesse prolongée L’assurance sur la vie appartient à la catégorie assurances de personne (tout comme l’assurance maladie, l’assurance accident,. . .) 1.1.2 Définitions contrat d’assurance vie contrat par lequel en échange d’une prime, l’assureur s’engage à verser à l’assuré des sommes en cas de décès de la personne assurée ou de la survie de la personne assurée à une époque déterminée. assurance vie scénario aléatoire de flux financier où — une partie s’engage à verser à l’autre des sommes prédéfinies selon un échéancier connu à l’avance — l’autre partie fait fructifier les sommes versées par le bénéficiaire Remarques : — le principe de l’assurance vie est forfaitaire (par opposition à indemnitaire) 1 CHAPITRE 1. INTRODUCTION 2 — gestion par capitalisation (et non par répartition) 1.1.3 2 branches — Grande branche (branche individuelle) — Branche collective (souscription par des personnes physiques ou morales au profit des membres d’un groupe) 1.2 1.2.1 Assurance vie individuelle Intervenants à un contrat individuel assureur souscripteur (contractant, stipulant, preneur d’assurance) personne morale ou physique qui s’engage juridiquement envers l’assureur (au niveau du paiement des primes notemment) assuré personne physique dont le décès ou la survie déclenche le paiement par l’assureur des prestations prévue dans le contrat. C’est l’élément principal du contrat car c’est son âge et son état de santé qui permet de déterminer le montant de la prime bénéficiaire personne physique ou morale qui recevra les prestations prévues dans le contract en cas de réalisation du risque 1.2.2 Principaux contrats individuels — traditionnels (ceux étudiés ici) — contrat en cas de vie — contrat en cas de décès — contrat mixte — modernes Assurance en cas de vie Elles garantissent le paiement d’un capital ou d’une rente à un bénéficiaire désigné si l’assuré est en vie à une date donnée. L’événement aléatoire est la survie de l’assuré à un âge donné (ou à une date donnée ce qui revient au même). Les formules principales sont — assurance de capital différé — rentes viagères 1.3. CAPITALISATION 3 Assurance en cas de décès Elles garantissent le paiement d’un capital ou d’une rente si l’assuré vient à décéder avant une date fixée ou à n’importe quel moment. L’événement aléatoire est le décès de l’assuré avant une date fixée 1.3 1.3.1 Capitalisation Définition Opération purement financière dans laquelle, en échange d’une prime unique ou de primes périodiques, une société dite de capitalisation s’engage de manière contractuelle à remettre au porteur (du titre, du contrat, du bien, . . .) un capital déterminé à une échéance fixée à l’avance. Le capital versé est égal au cumul des primes augmenté des intérêts (calculés en intérêts composés). 1.3.2 Remarques — La capitalisation est une opération purement financière qui exclu donc la notion de risque (les engagements ne dépendent pas de la durée de vie) — la branche capital n’est pas la même que la branche vie mais les compagnies d’assurance à la vie peuvent la pratiquer — la branche vie est gérée par la technique de capitalisation 4 CHAPITRE 1. INTRODUCTION Chapitre 2 Assurances sur la vie Les opérations d’assurances sur la vie sont constituées d’engagements financiers à long terme et liés à la durée de vie. Cela implique un contexte aléatoire et donc demande de combiner des mathématiques financières et des probabilités. 2.1 2.1.1 Rappels de mathématiques financières Intérêts composés Un intérêt est une rémunération d’une somme d’argent prêtée pendant un certain temps. Deux principales méthodes de calcul existent : intérêts simples utilisés pour des opérations de courtes durées intérêts composés utilisés pour des opérations sur de plus longues durées On parle d’intérêts composés lorsque les intérêts produits par un capital viennent s’ajouter à ce capital pour également rapporter des intérêts. Formule des intérêts composés : Cn = C0 (1 + i)n C0 est le capital de départ, Cn la valeur acquise, i le taux d’intérêt sur une période et n la durée en nombre de périodes 2.1.2 Capitalisation - Actualisation Lorsque l’on évalue la valeur d’un montant à un moment futur à partir d’un montant actuel C0 , on parle de capitalisation financière. La formule des intérêts composés permet de calculer directement cette valeur. 5 6 CHAPITRE 2. ASSURANCES SUR LA VIE Lorsque l’on évalue une valeur actuelle qui, après un certain nombre d’années donnera un montant futur donné Cn , on parle d’actualisation financière. Pour calculer l’actualisation, on utilisera la formule C0 = Cn (1 + i)−n 2.1.3 Annuité certaine Une annuité est une suite de montants versés périodiquement. Ces montants sont appelés termes de l’annuité. L’annuité est qualifiée de certaine dans la mesure où le nombre total de versements est fixé à l’avance. L’annuité peut être payable à l’avance (en début de chaque période, les intérêts prendront en compte le montant versé en début de période) ou à terme échu (en fin de période, le montant ne générant des intérêts qu’à oartir de la période suivante). Il est possible de calculer la valeur équivalente à cette annuité au temps présent (valeur actuelle) ou après la dernière période (on parle de valeur acquise). Les formules qui permettent de calculer la valeur d’une annuité se basent sur le principe d’un versement unitaire à terme échu. Pour un versement supérieur, il est nécessaire de multiplier la valeur obtenue par le montant d’un versement. Valeur actuelle : 1 − (1 + i)−n An = i Valeur acquise : (1 + i)n − 1 Sn = i Si le versement est effectué à l’avance, il faudra multiplier ces valeurs par (1 + i). Exemple : valeur acquise d’une annuité sur 5 ans avec un taux de 3% et des paiements de 1000e à terme échu : (1 + 0.03)5 − 1 = 5309.14 1000. 0.03 valeur actuelle d’une annuité sur 5 ans avec un taux de 3% et des paiements de 1000e payables à l’avance : 1 − (1 + 0.03)−5 1000. .(1 + 0.03) = 4717.10 0.03 2.2. PROBABILITÉS VIAGÈRES DE BASE 2.2 7 Probabilités viagères de base Pour mettre en œuvre des opérations d’assurance sur la vie, on établi des probabilités viagères à partir des statistiques de mortalité. Remarque : on ne parlera ici que des probabilités viagères sur une tête. 2.2.1 Définitions probabilité de survie probabilité qu’un individu d’âge x soit vivant dans n années ou encore, qu’un individu d’âge x atteigne l’âge x + n. Cette probabilité est notée n px La probabilité qu’un individu soit vivant l’année suivante 1 px s’écrit aussi px . probabilité de décès probabilité qu’un individu d’âge x décède dans les n années à venir ou encore, qu’un individu d’âge x décède avant d’atteindre l’âge x + n. Cette probabilité est notée n qx Comme ces deux probabilités sont complémentaires, on a n px 2.2.2 + n qx = 1 Tables de mortalité Tables de vie Afin d’évaluer les valeurs de n px , on se base sur des données statistiques. En Belgique, ces statistiques sont réalisées sur base des registres de population et les tables qui en résultent sont publiées au niveau du moniteur belge. Cette table reprend pour une population de base de 1000000 habitants le nombre de personnes sensées arriver à un âge x. Ce nombre de personnes est représenté par lx . Ces tables permettent de déterminer le nombre de décès (ou de survie) pour un âge donné. L’âge à partir duquel il ne reste plus de survivants sera noté ω. lx est aussi appelé nombre de survivants. Le nombre de décès à l’âge x sera noté dx et sera égal à dx = lx − lx+1 De la même manière, on pourra calculer que la probabilité de survie n px peut être calculée comme suit 1 n px = lx+n lx 1. Il s’agit de la probabilité conditionnelle P(vit à l’âge x+n | vit à l’âge x) 8 CHAPITRE 2. ASSURANCES SUR LA VIE Pour construire cette table, on regardera le nombre de personnes d’âge x en vie en début de l’année d’observation (Lx ) et le nombre de décès en fin d’année (Dx ). Cela permettra de calculer le taux de mortalité qx = Dx Lx Cette courbe présente quelques irrégularités qui sont dues — au nombre limité d’observations dont on dispose — aux erreurs dans l’établissement des statistiques et du recensement — à la présence de mouvement migratoires — au fait que comme on prend en compte des âges différents les personnes ont été éprouvées de façons différentes (en particulier dans les premières années de leur vie) — aux changements de mode de vie, de conditions de travail, de milieu social, . . . On remplacera donc cette courbe par une courbe théorique qui s’en rapprochera le plus possible. Modèle de Makeham Le modèle le plus utilisé en Belgique est le procédé de Makeham. On part du principe qu’à partir d’un certain âge x, le taux instantané de mortalité est Mx = α + β.cx Le terme α est indépendant de l’âge est est lié à la mortalité accidentelle. Le second terme est une valeur qui croît exponentiellement avec l’âge. On cherchera donc à adapter les valeurs de α, β et c afin de se rapprocher un maximum des valeurs théoriques. Après intégration de la mortalité, on obtient pour la valeur lx lx = k.sx .g c x La valeur de k est calculée pour que l0 = 1000000 et vaut donc k = 1000000/g, les autres valeurs sont calculées pour se rapprocher le plus possible de la situation réelle (s < 1, c > 1 et g < 1) On trouvera par exemple les valeurs k = 1000266.63, s = 0.999441704, g = 0.999733441 et c = 1.101077536 (pour les hommes belges rente) phénomène d’anti-sélection Une assurance sur la vie sera généralement prise par des gens qui considèrent qu’ils ont de bonnes chances de toujours être en vie à l’échéance du contrat. Dès lors, on assiste à un phénomène de sélection par la personne qui contracte l’assurance. 2.2. PROBABILITÉS VIAGÈRES DE BASE 9 Les valeurs de l’espérance de vie de ces personnes sont généralement plus élevées que la moyenne (personnes qui se savent en bonne santé, dont les ascendants ont eu une longue espérance de vie,. . .) De même, on verra une sélection dans l’autre sens pour les gens qui prennent une assurance en cas de décès. Ces personnes considèrent que leur risque de décès est plus élevé que la moyenne, que ce soit pour des raisons médicales ou autres. Dès lors, on utilisera deux tables dont les paramètres seront ajustés en conséquence pour les deux situations. Les tables réglementaires Belges sont les tables suivantes : Vie Décès Homme MR MK Femme FR FK Table 2.1 – Tables officielles Belges Les valeurs des paramètres pour ces tables réglementaires belges sont publiés au moniteur à intervalle régulier. On peut trouver un exemple de ces valeurs à la table 2.2. MK k 1 000 450.59 s 0.999106875782 g 0.999549614043 c 1.103798111448 MR 1 000 266.63 0.999441703848 0.999733441115 1.101077536030 FK 1 000 097.39 0.999257048061 0.999902624311 1.118239062025 FR 1 000 048.56 0.999669730996 0.999951440172 1.116792453830 Table 2.2 – Paramètres Makeham officiels belges On parlera généralement de tables K et de table R, les premières pour les risques de décès et les secondes pour les risques de survie. Ces tables reprennent les valeurs de lx , px et quelques autres valeurs Ces tables étaient en vigueur depuis 1992 mais, depuis le 19 décembre 2012, un arrêté royal (publié le 29 Janvier 23013) interdit la discrimination homme-femme et on doit désormais utiliser des tables XR et XK, indépendantes du sexe. On peut trouver ces tables à l’URL http ://www.ejustice.just.fgov.be/mopdf/2013/02/08_2.pdf#Page12 Les valeurs de ces nouvelles tables sont les moyennes des valeurs des anciennes tables. 10 2.3 CHAPITRE 2. ASSURANCES SUR LA VIE Valeur actuelle probable Le problème de l’assureur vie est de pouvoir déterminer à la date de souscription d’un contrat la valeur d’un engagement à long terme dont la réalisation est incertaine. On parlera dès lors de valeur actuelle probable qui est une combinaison de mathématiques financières et de probabilités. La formule des intérêts composés sera dès lors modifiée en multipliant le capital obtenu par un facteur correctif qui permettra de tenir compte de la probabilité de réalisation. Ct = C0 (1 + i)n p Chapitre 3 Operations viagères sur une seule tête 3.1 Introduction Assurance sur la vie Opérations financières dont les effets dépendent de la vie humaine et où interviennent deux contractants : un assureur, s’engageant à payer des rentes ou des capitaux à certaines époques et un assuré s’engageant à payer une prime unique ou plusieurs sommes à des intervalles périodiques (primes annuelles, semestrielles, trisemestrielles, mensuelles,. . .) Police Documents relatifs aux contrats passés entre l’assureur et l’assuré Opérations viagères Ces opérations sont classées en — Assurances en cas de vie (assurance de capital différé, rentes viagères,. . .) — Assurances en cas de décès, parfois appelées assurances-vie 3.2 3.2.1 Assurances en cas de vie Assurance de capital différé Capital différé Un capital différé est un capital payable à une échéance fixée d’avance si la personne est encore vivante. Le capital évalué après n années sera égal à Ct = C0 (1 + i)n . 11 lx lx+n 12 CHAPITRE 3. OPERATIONS VIAGÈRES SUR UNE SEULE TÊTE On sait que lx > lx+n et donc, le facteur correctif sera supérieur à 1. Les personnes encore vivantes en terme de contrat profitent du décès des autres. L’équilibre financier correspond à la situation l Ct |x+n {z } = valeur des obligations de l’assureur C0 .(1 + i)n lx {z } | valeur des sommes placées Exemple Un homme de 25 ans souscrit à une assurance en payant un montant de 100000e. Le contrat prend fin 20 ans plus tard et le taux d’intérêt est de 4,75% 1 . La table R donne l25 = 987273 et l45 = 967127 (45=25+20). On aura donc un capital final de Ct = 100000e(1 + 0.0475)20 987273 = 258246.46e 967127 Le taux de placement bancaire équivalent serait de 258246.46 = 100000(1 + i)20 258246, 46 = (1 + i)20 100000 r 20 258246, 46 − 1 = 0.04858 i = 100000 Ce qui donne un taux équivalent de 4.86% Prime Unique Lorsque l’on désire calculer le montant de la prime à verser en fonction du montant prévu au terme du délai, on utilisera la formule suivante : lx+n C0 = Ct (1 + i)−n = Ct (1 + i)−n .n px lx La prime unique pour assurer un capital de 1e sera notée n Ex . Si on pose que v = (1 + i)−1 , on aura n Ex = (1 + i)−n .n px = v n .n px Comme la valeur de i est fixée à 4.75%, la valeur de v est donc fixée à 0.9546539379 Example 1. le taux d’intérêt officiel pour les assurances est de 4.75%) 3.2. ASSURANCES EN CAS DE VIE 13 Quelle est la prime unique que doit payer une femme de 30 ans pour que, dans 20 ans, si elle est encore en vie, elle reçoive 100000e ? Pu = 100000e.20 E30 = 100000e1.0475−20 l50 = 38429.27e l30 Une autre manière de calculer n Ex est la suivante : n Ex lx+n lx x n v lx+n = v x v lx v x+n lx+n = v x lx Dx+n = Dx = vn avec Dx = v x lx qui est inclus dans la table pour plus de facilité de calculs. 3.2.2 Rentes Viagères (annuités viagères) Définition C’est l’ensemble des termes d’annuités versés par une compagnie tant qu’une personne est vivante. Elle peut être (comme pour les annuités certaines) constante (rente de montant constant) ou variable. Dans le cadre de ce cours, nous nous limiterons aux rentes de montant constant. Une rente peut être ordinaire (ou vie entière) si le paiement des termes est exigible pendant toute la vie de l’assuré (en d’autres termes du rentier) ou temporaire si le nombre de termes est fixé d’avance. Elle peut être immédiate, si elle prend cours à la signature du contrat ou différée d’un certain nombre d’années si elle ne prend cours que n années après la signature du contrat. On parlera alors temps du différé le temps compris entre la conclusion du contrat et l’instant où la rente prend cours. Elle peut être payable d’avance (ou par anticipation) lorsque chaque terme est payable en début de période (on parle de date anniversaire par rapport à la date de signature du contrat) ou payable à terme échu lorsque le paiement est effectué en fin de période. On s’intéressera aux cas où l’assuré aura payé une prime unique. Termes payables à l’avance Si on envisage une rente ordinaire différée, le montant de la prime unique sera la somme des montants de la première année à l’année maximale (ω) 14 CHAPITRE 3. OPERATIONS VIAGÈRES SUR UNE SEULE TÊTE On aura donc pour un montant payé par période de 1e Pu = Dx+n Dx+n+1 Dω + + ··· + Dx Dx Dx Ou encore, si on pose Nx+n = Dx+n + Dd+n+1 + · · · + Dω Pu = Nx+n =n| ax Dx n| ax indique le montant de la prime unique d’une rente de 1e par an pour la vie entière, différée de n années, payable par anticipation et reposant sur une tête d’âge x. Si le montant de la rente est différent de 1e, il suffira de multiplier n| ax par le montant de la rente. Si on envisage une rente temporaire différée, payée pendant m années, le montant sera Pu = Dx+n Dx+n+1 Dx+n+m−1 + + ··· + Dx Dx Dx En utilisant la définition de Nx+n , on peut aussi exprimer cela sous la forme Nx+n − Nx+n+m =n|m ax Pu = Dx On peut imaginer cela comme des rentes payée à partir de l’année x + n auxquelles on soustrait les rentes qui auraient été payées après la meme année. Pour une rente immédiate (ordinaire ou temporaire), les mêmes raisonnements peuvent être faits en considérant que n = 0. On a donc pour une rente ordinaire immédiate ax = Nx Dx et pour une rente temporaire immédiate, |m ax = Nx − Nx+m Dx Termes payables à terme échu Si le terme est payé en fin de période, cela correspond à la situation où il aurait été payé en début de la période suivante. Les formules peuvent donc aisément adaptées en augmentant de 1 les indices de Nx . En particulier, cela donne les relations suivantes : 3.2. ASSURANCES EN CAS DE VIE 15 1. Rente ordinaire différée n| ax = Nx+n+1 Dx 2. Rente temporaire différée n|m ax Nx+n+1 − Nx+n+m+1 Dx = 3. Rente ordinaire immédiate ax = Nx+1 Dx 4. Rente temporaire immédiate |m ax = Nx+1 − Nx+m+1 Dx En résumé Les huit possibilités sont résumées dans la table ci-dessous (pour une rente de 1e) Rente Ordinaire immédiate différée anticipation terme échu Nx Dx Nx+1 Dx Nx+n Dx Nx+n+1 Dx Rente temporaire immédiate différée Nx −Nx+m Dx Nx+1 −Nx+m+1 Dx Nx+n −Nx+n+m Dx Nx+n+1 −Nx+n+m+1 Dx On peut constater que pour les rentes à terme échu, il faut ajouter des +1 aux termes Nx , pour les rentes immédiates, n = 0 et pour les rentes temporaires, il faut retirer un terme de la forme Nx+m au numérateur. 16 CHAPITRE 3. OPERATIONS VIAGÈRES SUR UNE SEULE TÊTE Chapitre 4 Assurances en cas de décès Pour des raisons de simplifications, nous partirons sur le principe que les décès au cours d’une année se répartissent uniformément tout au long de cette année. Cela impliquera que les décès se produiront en moyenne au milieu de l’année d’assurance. 4.1 Assurance ordinaire immédiate On notera Āx la prime unique d’une assurance décès de 1e payable si le décès de la tête d’âge x à la signature du contrat survient dans un délai d’une durée indéterminée compté à partir de la signature du contrat. Sur la totalité des personnes d’âge x, le montant en valeur actuelle (au moment de la signature) correspondant à une prime de 1e serait la somme de — La valeur actuelle du montant moyen payé pendant la 1ere année multipliée par le nombre de décès qui auront lieu durant la première année (1.(1 + i)−1/2 .dx dx étant le nombre de décès entre l’âge x et l’âge x + 1) — La valeur actuelle du montant moyen payé pendant la 2eme année multipliée par le nombre de décès qui auront lieu durant cette seconde année (1.(1 + i)−3/2 .dx+1 ) — ... — La valeur actuelle du montant payé l’année où les personnes d’âge x auront atteint l’âge ω multiplié par le nombre de décès cette année (1.(1 + i)−(ω−x+1/2) .dω ) Sur la totalité des assurances (à supposer que toutes les personnes d’âge 17 CHAPITRE 4. ASSURANCES EN CAS DE DÉCÈS 18 x soient assurées, on aura lx .Āx = ω−x X 1 dx+t .(1 + i)−(t+ 2 ) t=0 En utilisant le fait que (1 + i)−1 = v, on peut réécrire cette équation lx .Āx = ω−x X 1 v t+ 2 .dx+t t=0 En multipliant les deux côtés de l’équation par v x et en posant que Cx = 1 v x+ 2 .dx , cela donne v x .lx .Āx = ω−x X 1 v x+t+ 2 dx+t = ω−x X Cx+t t=0 t=0 Pour finir, si on pose que M̄x = Cx + Cx+1 + · · · + Cω on obtient M̄x = v x .lx .Āx = Dx .Āx Et donc, la prime unique à payer à l’âge x pour toucher un montant de 1e en cas de décès sera de M̄x Āx = Dx Note : au niveau notation, on notera X (k) la valeur de X calculée en effectuant la moyenne des valeurs obtenues en divisant les années en k périodes. La notation X̄ correspondra à la limite de X (k) quand k tend vers ∞. Vu que l’on considère que les décès sont répartis uniforméments sur l’année, cette valeur moyenne X̄ sera égale à la valeur calculée à la moitié de l’année. 4.2 Assurance décès temporaire immédiate Dans le cas où on restreint la période assurée à une durée de m années, le calcul précédent se limitera aux années 0 à m qui correspondent aux âges de x à x + m − 1. En suivant un raisonnement semblable à celui utilisé pour le calcul des rentes temporaires, on en déduira qu’il faudra retirer à la valeur de M̄x la valeur de M̄x+m correspondant aux années qui suivent les années assurées. On aura donc, pour un montant payé de 1e en cas de décès dans les m années qui suivent la conclusion du contrat |m Āx = m Āx = M̄x − M̄x+m Dx 4.3. ASSURANCE DÉCÈS ORDINAIRE DIFFÉRÉE 4.3 19 Assurance décès ordinaire différée Si on ne considère pour le paiement de la prime que les décès qui surviennent dans des délais d’une durée indéterminée commençant n années après la signature du contrat, les termes Cx+t ne commencent qu’à partir de la nieme année et donc, leur somme vaudra M̄x+n . On obtiendra donc M̄x+n n| Āx = Dx On remarquera que le cas de l’assurance immédiate correspond au cas où n = 0. 4.4 Assurance décès temporaire différée De la même manière, on pourra calculer le cas de l’assurance décès différée en combinant les raisonnements précédents. On obtiendra donc comme prime correspondant à 1e pour un décès se produisant lors d’une période de m années commençant n années après la signature du contrat n|m Āx 4.5 = M̄x+n − M̄x+n+m Dx En résumé Immédiate Différée Ordinaire Temporaire M̄x Dx M̄x+n Dx M̄x −M̄x+m Dx M̄x+n −M̄x+n+m Dx 20 CHAPITRE 4. ASSURANCES EN CAS DE DÉCÈS Chapitre 5 Assurance mixte ordinaire Une assurance mixte ordinaire est une assurance reposant sur une tête d’âge x et pour un délai de m années, payable avant ce délai si la personne décède ou, au plus tard, à l’expiration de ce délai si l’assuré est encore en vie. Le montant de la prime unique pour une assurance de 1e et pour un délai de m années vaudra la somme des montants d’une assurance décès temporaire immédiate de m années (pour couvrir le risque de décès) et de la prime correspondant à une assurance de capital différé m années après la signature du contract (pour le cas de survie). Āxm| = m Āx + m Ex = M̄x − M̄x+m Dx+m + Dx Dx On parlera d’assurance mixte généralisée dans le cas où le montant payé à l’issue des m années (en cas de survie) est de αe au lieu de 1e. Ā′xm| = m Āx +α m Ex = 21 M̄x − M̄x+m Dx+m +α Dx Dx 22 CHAPITRE 5. ASSURANCE MIXTE ORDINAIRE Deuxième partie Probabilités 23 Introduction Dans le monde actuel, on obtient de nombreux nombres. Parfois on reprend les nombres de tous les éléments de l’ensemble que l’on désire représenter, on parle de recensement, parfois, on se contente d’une partie de l’ensemble, on parlera alors d’échantillons. Tout ces nombres permettent de déterminer un ensemble de valeurs qui forment un résumé telles que la moyenne, l’écart-type, les fréquences, . . . Mais, bien souvent, ce qui intéresse la personne qui a demandé cette récolte d’informations, ce n’est pas le passé (représenté par ces nombres) mais bien le futur. C’est à ce problème que répondent les probabilités. Parfois établies à partir d’un modèle théorique (quand on lance un dé, on a une chance sur six de tomber sur un 1), parfois à partir de grandeurs mesurées, parfois une combinaison des deux. Le cas le plus simple au niveau probabilités est le cas d’événements qui ont chacun la même chance de produire (on parlera d’événements équiprobables). La probabilité que l’un d’entre eux se produise sera simplement 1 nombre de cas possibles Le calcul des probabilités se résume alors à un problème d’énumération, compter le nombre de cas possibles. L’analyse combinatoire permet souvent de répondre à cette question. Si cela permet de résoudre des situations simples, dans de nombreux cas il sera nécessaire d’utiliser des valeurs approximatives tirées de statistiques. Dans cette situation, une grande prudence doit cependant être de rigueur afin de s’assurer que l’on n’ait pas introduit de biais problématiques. 25 26 Chapitre 6 Analyse Combinatoire Introduction L’analyse combinatoire est la partie des mathématiques qui permet de déterminer le nombre de manières dont certains éléments peuvent être agencés. Dans le calcul de probabilités, elle permet entre autres de calculer le nombre de cas possibles ou favorables sans avoir besoin de les énumérer tous. 6.1 Permutations Si on prend un nombre n d’éléments, de combien de manières peut-on les ordonner ? Le premier élément, a1 peut se placer à n positions. Le second élément, a2 peut se placer à n − 1 positions. Le troisième, a3 disposera de n − 2 positions. L’élément ai pourra se placer à n − i + 1 position L’élément an n’aura plus qu’une seule position. Le nombre total de dispositions possibles sera de n.(n − 1).(n − 2). · · · .1. On parlera de factorielle et cela se notera n! = n.(n − 1).(n − 2). · · · .1 On trouve parfois une fonction gamma (Γx) qui est considérée comme une extension de la factorielle à tous les nombres (pas uniquement aux nombres entiers). En particulier, Γ(n + 1) = n! 27 CHAPITRE 6. ANALYSE COMBINATOIRE 28 1! 2! 3! 4! 5! 6! 7! 8! 9! 10! 1 2 6 24 120 720 5 040 40 320 362 880 3 638 800 Table 6.1 – Factorielles de 1 à 10 Pour les grandes valeurs, on dispose d’une approximation de la factorielle : (attention, ce n’est vrai que pour n ≫ 1) n! ≃ 6.2 √ 2πn n n e Arrangements Si on possède un ensemble de n éléments, de combien de manières peut-on extraire m éléments en tenant compte de leur ordre de sortie ? Ces éléments peuvent être des participants à une course pour laquelle on veut connaître le nombre de podiums possibles par exemple. Le premier des m éléments, a1 est choisi parmi n éléments Le second, a2 sera choisi parmi les n − 1 éléments restants Le meme sera choisi parmi les n − m + 1 éléments restants Au final, on aura Am n = n.(n − 1).(n − 2). · · · .(n − m + 1) En multipliant et divisant par (n − m)!, on arrive à l’expression n.(n − 1).(n − 2). · · · .(n − m + 1).(n − m).(n − m − 1). · · · .1 (n − m)! n! = (n − m)! Am = n 6.3. COMBINAISONS 6.3 29 Combinaisons Si on possède un ensemble de n éléments, de combien de manières peut-on extraire m éléments sans tenir compte de leur ordre ? En d’autres termes, si on a un ensemble de n éléments, de combien de manières peut-on créer des ensembles de m éléments dans ce dernier ? Ce nombre sera égal au nombre d’ensembles ordonnées (Am n ) divisé par le nombre de manières dont ces m éléments peuvent être triés (n!) et donc Cnm = 6.4 Am n! n = m! (n − m)!.m! Triangle de Pascal Si on prend un ensemble de n éléments et que l’on sélectionne m éléments, on aura — Les ensembles contenant l’élément a1 — Les ensembles ne contenant pas l’élément a1 Pour les premiers, il s’agira d’ensembles contenant a1 et m − 1 autres éléments pris parmi les n−1 éléments restant : a2 , a3 , . . .Ils seront au nombre de C m−1 n − 1 Pour les seconds, il s’agira d’ensembles contenant a1 et m autres éléments m pris parmis les n − 1 éléments restants. Ils seront au nombre de Cn−1 Au total, on aura m m−1 Cnm = Cn−1 + Cn−1 Lorsque l’on veut compter les ensembles de 0 éléments, il n’y a qu’un seul ensemble possible (l’ensemble vide ∅). De même, si on veut compter les ensembles contenant tous les éléments, on ne trouvera qu’un seul ensemble possible. On a donc Cn0 = 1 Cnn = 1 En combinant ceci avec la relation précédente, on peut construire le tableau suivant 6.5 Nombre de sous-ensembles Si on possède un ensemble de n éléments, on peut former 2n sous-ensembles différents. En effet, pour chaque élément, on a deux choix : l’inclure ou ne pas l’inclure. CHAPITRE 6. ANALYSE COMBINATOIRE 30 m n 1 2 3 4 5 6 7 8 9 0 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 3 4 5 6 7 8 9 1 3 6 10 15 21 28 36 3 4 5 6 7 8 9 1 4 1 10 5 1 20 15 6 1 35 35 21 7 1 56 70 46 28 8 1 84 126 126 84 36 9 1 Table 6.2 – Triangle de Pascal On peut aussi dire que le nombre de sous-ensemble est le nombre de sousensembles de 0 éléments plus le nombre de sous ensemble de 1 élément plus le nombre de sous-ensembles de 2 éléments, . . .jusqu’aux sous-ensembles de n éléments On a donc n X n 2 = Cni i=0 Dans le cas du triangle de Pascal, cela signifie que la somme des éléments de la neme ligne vaut 2n 6.6 Permutations avec répétition Si on a un ensemble d’éléments où chaque élément ai peut apparaître ni fois, le calcul du nombre de permutations doit tenir compte du fait que permuter deux valeurs égales ne donne pas un ordre différent 1 . Le nombre total d’éléments sera la somme des ni et donc X n= ni Pour calculer le nombre de permutations, on peut raisonner comme suit : une fois un ordre établi, les ordres obtenus en permutant entre eux les ai seront identiques. Il faudra donc diviser le nombre de possibilités par ni !. 1. Par exemple, on tire une à une des boules d’un sac contenant 5 boules bleues, 6 boules rouges et 3 boules vertes 6.7. ARRANGEMENTS AVEC RÉPÉTITIONS 31 Au final, on obtient : Cnn1 ,n2 ,··· ,nk = n! n1 !.n2 !. · · · .nk ! Cette valeur est aussi appelée coefficient multinomial A noter que cette formule permet de retomber sur la formule des combinaisons. Supposons un ensemble de n éléments a1 ,. . ., an . On peut créer une liste de n éléments prendre et laisser qui correspondront aux éléments ai . Si le nombre d’éléments que l’on prends est m, le nombre d’éléments que n! = Cnm l’on laissera sera n − m et on obtient m!(n−m)! 6.7 Arrangements avec répétitions Si on a un ensemble de n éléments et que l’on choisi successivement k éléments dans cet ensemble, l’élément choisi restant dans l’ensemble 2 , on parle d’un arrangement avec répétition. Le nombre de ces arrangements est de Apn = nk . 6.8 Combinaisons avec répétitions Dans le cas où on dispose d’un ensemble de n valeurs et que l’on tire k valeurs de cet ensemble, les éléments choisis restant dans l’ensemble 3 , le nombre d’ensembles de valeurs obtenues est appelé combinaisons avec répétition. Ce nombre de combinaisons se calcule par Γkn = (n + k − 1)! k = Cn+k−1 k!(n − 1)! 2. par exemple, on crée des mots de 5 lettres parmi les 26 lettres de l’alphabet 3. Par exemple, on lance k dés à n faces 32 CHAPITRE 6. ANALYSE COMBINATOIRE Chapitre 7 probabilités simples 7.1 Définitions de base — Une épreuve est une expérience dont le résultat est lié au hasard et n’est pas connu à l’avance 1 . — L’ensemble des résultats possibles d’une épreuve s’appelle l’univers et est désigné par Ω. Cet ensemble peut être fini ou infini (dénombrable ou non dénombrable). — Le nombre d’éléments de cet ensemble est appelé cardinal de cet ensemble et se note card(Ω). — Un événement est une éventualité, une condition qui peut se réaliser lors d’une épreuve. Sa réalisation dépend du hasard, on dira qu’il est aléatoire 2 . Tout événement est un sous-ensemble de Ω et sera noté A, B, . . . — On dira qu’un événement E s’est réalisé lors d’une épreuve si le résultat de l’épreuve est un élément du sous-ensemble E. On dira donc également qu’un événement est l’ensemble des cas favorables. — Un événement qui ne correspond qu’à un élément de Ω est dit événement élémentaire. Les événements élémentaires appartenant à Ω seront désignés par ω1 , ω2 ,... On écrira Ω = {ω1 , ω2 , · · · , ωn } — Un événement impossible est un événement qui ne sera jamais réalisé quel que soit le résultat de l’épreuve. On le désigne par l’ensemble vide ∅ — Un événement qui se produira toujours quel que soit le résultat de l’épreuve est un événement certain et se représentera par l’univers 1. On considérera parfois qu’un événement dont les conditions de réalisation sont tellement complexes qu’elles sont incalculables pourra être associé à du hasard 2. du latin ALEA : sort, hasard, jeu de hasard, dé, jeu de dés 33 CHAPITRE 7. PROBABILITÉS SIMPLES 34 — — — — — — — — complet : Ω La fréquence d’un événement est le nombre de fois où cet événement apparaît divisé par le nombre de mesures effectuées. Lorsque le nombre de mesures augmente, cette fréquence se rapproche de la probabilité de l’événement. Cette fréquence sera généralement obtenue à l’aide de l’analyse statistique. Lorsque les événements élémentaires ont chacun les mêmes chances de se produire, comme par exemple les faces d’un dé, on dit qu’ils sont équiprobables. Dans le cas d’équiprobabilité, la probabilité d’un événement E pourra être calculée en divisant le nombre d’événements élémentaires correspondant au dit événement par le nombre de cas possibles. P (E) = card(E) card(Ω) la conjonction ou la intersection de deux événements est la situation où deux événements A et B se réaliseraient simultanément. Par exemple, on peut envisager les événements nombre pair et nombre multiple de 3 qui seraient réalisés par les valeurs 0, 6, 12,. . . La conjonction de deux événements se notera A ∩ B et correspond aux cas qui appartiennent aux deux sous-ensembles de Ω qui correspondent aux ensembles A et B. On parlera donc aussi d’intersection des deux ensembles A et B. La réunion ou union de deux événements correspond à la situation où au moins un des événements A et B se réaliserait. Par exemple, pour les événements nombre pair et nombre multiple de 3 on aurait 0, 2, 3, 4, 6, 8, 9, 10, 12,. . . Cette réunion de deux événements se notera A ∪ B et correspond à l’union des deux ensembles A et B On parlera de la différence entre deux éléments A \ B pour désigner les résultats qui appartiennent à A mais pas à B. Cela correspond à la réalisation de A et la non-réalisation de B. Si la réalisation de l’événement A implique la réalisation de l’événement B, on dira que A est inclus dans B, ce qui se notera A ⊂ B. Ce sera par exemple le cas de l’événement multiple de 4 par rapport à l’événement nombre pair Si deux événements ne peuvent pas se produire en même temps, on dira qu’ils sont disjoints ou incompatibles. Cela correspond à deux événements dont l’intersection est vide. Un partitionnage de l’ensemble Ω est un ensemble d’événements incompatibles dont l’union est égale à Ω. Un partitionnage possible est de créer un événement pour chaque événement élémentaire de Ω (par exemple les 6 événements le dé vaut i avec i de 1 à 6). 7.2. LES PROBABILITÉS 35 On dira aussi que les événements qui composent le partitionnage forme un système complet d’événements. 7.2 Les probabilités La probabilité d’un événement sera un nombre entre 0 (événement impossible, ∅) et 1 (événement certain Ω). On note parfois la probabilité en pourcentage de chance que l’événement se produise. Ce pourcentage est simplement la probabilité multipliée par 100. L’événement contraire de E se notera Ē et se lira non-E. E et Ē forment un partitionnage de Ω. Si deux événements sont incompatibles, la probabilité de leur union est la somme de leurs probabilités p(A ∪ B) = p(A) + p(B) si A ∩ B = ∅ Si on dispose d’un partitionnage E1 , E2 ,. . ., En de Ω, la probabilité de l’union des événements de ce partitionnage est égale à 1. En effet, E1 ∪ E2 ∪ · · · ∪ En = Ω et p(Ω) = 1. Plus spécifiquement, en utilisant le partitionnage E et Ē, la probabilité de Ē vaudra : p(Ē) = 1 − p(E) La probabilité d’un événement E = {ω1 , ω2 , · · · } sera égale à la somme des probabilités des événements élémentaires ωi qui le composent 3 On peut déterminer que A = (A \ B) ∪ (A ∩ B) (l’ensemble A est composé des éléments n’appartenant que à A auquel on ajoute les éléments appartenant à A et à B). Cela implique que p(A \ B) = p(A) − p(A ∩ B) Si on a deux ensembles A et B, les ensembles A \ B, B \ A et A ∩ B sont disjoints et leur union est l’union de A et B. On a donc p(A ∪ B) = = = = p(A \ B) + p(B \ A) + p(A ∩ B) p(A \ B) + p(A ∩ B) + p(B \ A) + p(A ∩ B) − p(A ∩ B) p((A \ B) ∪ (A ∩ B)) + p((B \ A) ∪ (A ∩ B)) − p(A ∩ B) p(A) + p(B) − p(A ∩ B) Cette formule est appelée formule des probabilités totales. Elle ne consiste pas à retirer les événements qui correspondent à A et B mais plutôt à retirer 3. vu que les événements élémentaires sont par définition disjoints CHAPITRE 7. PROBABILITÉS SIMPLES 36 une probabilité qui aurait été comptée deux fois. p(A ∪ B) = p(A) + p(B) − p(A ∩ B) Le même raisonnement permet d’obtenir la formule suivante pour trois événements p(A ∪ B ∪ C) = p(A) + p(B) + p(C) −p(A ∩ B) − p(A ∩ C) − p(B ∩ C) +p(A ∩ B ∩ C) 7.3 Probabilités conditionnelles On suppose que lors d’une épreuve, un événement A s’est réalisé. La probabilité conditionnelle p(B/A) est la probabilité que l’événement B se soit également réalisé quand on sait que l’événement A s’est réalisé. Prenons l’exemple d’un tirage d’une lettre de A à Z. Si l’événement A est d’avoir une lettre de A à M (probabilité de 1 /2 ) et l’événement B est d’avoir une voyelle (A, E, I, O, U 4 soit une probabilité de 5 /26 ), la probabilité d’avoir B si on a A est de p(B/A) =3 /13 =6 /26 Cette probabilité est légèrement supérieure (il y a plus de voyelles dans la première moitié de l’alphabet que dans la seconde). On peut noter quatre cas : — A et B sont disjoints. Dans ce cas, si A s’est réalisé, B est impossible et la probabilité conditionnelle est de 0 — A est inclus dans B. Dans ce cas, si A s’est réalisé, on est certain que B sera aussi réalisé et la probabilité conditionnelle est de 1 — B est inclus dans A. Dans ce cas, la probabilité conditionnelle est p(B) p(A) (on sait que p(B) sera plus petit que p(A) vu que B est inclus dans A) — A et B ne sont pas disjoints ni inclus l’un dans l’autre. Les seules parties de B qui peuvent se réaliser sont celles qui sont également présentes dans A. On a donc p(B/A) = p((A ∩ B)/A) Ce qui nous ramène au cas précédent (puisque A ∩ B est inclus dans A) et donc p(A ∩ B) p(B/A) = p(A) 4. pour cet exercice, on considérera que Y est une semi-voyelle et non une voyelle 7.4. ÉVÉNEMENTS INDÉPENDANTS 37 en gros, calculer une probabilité conditionnelle revient à restreindre l’univers Ω à l’ensemble des éléments de l’événement connu A. ATTENTION la notation B/A n’est PAS un événement. On ne peut donc pas utiliser les opérations prévues sur les événements sur cette probabilité conditionnelle. On peut également transformer l’équation précédente en p(A ∩ B) = p(A).p(B/A) = p(B).p(A/B) Cela correspond au fait que la probabilité de réalisation de A et de B correspond à la probabilité de A multipliée par la probabilité de B quand on sait que A s’est réalisé (et vice-versa). Les deux axiomes principaux des probabilités deviennent p(Ω/B) = 1 p((A ∪ B)/C) = p(A/C) + p(B/C) 7.4 si A ∩ B = ∅ événements indépendants Deux événements A et B sont indépendants si la réalisation de l’un ne change rien à la réalisation ou non de l’autre. Cela peut s’écrire p(A) = P (A/B) p(B) = P (B/A) Dans le cas de deux événements indépendants, la probabilité de réalisation des deux événements A et B se simplifie en p(A ∩ B) = p(A).(p(B/A) = p(A).p(B) Il ne faut pas confondre deux événements disjoints (si l’un se réalise, l’autre est impossible) et deux événements indépendants (la réalisation de l’un ne change rien à la probabilité de réalisation de l’autre). 7.5 Théorème de Bayes Une série d’événements aléatoires disjoints A1 , A2 ,. . .,An (que l’on appellera causes )peuvent toutes aboutir à un résultat B. Les événements Ai partitionnent Ω. CHAPITRE 7. PROBABILITÉS SIMPLES 38 On connaît les probabilités des événéments Ai (p(Ai )) et, pour chaque événement Ai on connaît la probabilité que B se produise (p(B/Ai ), probabilité de B si on sait que Ai s’est réalisé) 5 Le Théorème de Bayes permet de déterminer les probabilités que l’événement Ai soit la cause si on sait que B s’est réalisé. Comme les Ai partitionnent Ω, on sait que B sera totalement inclus dans l’union des Ai . [ B⊂ Ai i On peut donc partitionner B en une série d’événements B ∩ Ai . On a donc [ (Ai ∩ B) B = i p(Ai /B) = p(Ai ∩ B) = P (Ai /B) = p(B) = p(Ai ∩ B) formule probabilités conditionnelles p(B) p(Ai )p(B/Ai ) p(Ai )p(B/Ai ) p(B) X X p(Ai ∩ B) = p(Ai )p(B/Ai ) i i Et donc, on obtient le résultat suivant : p(Ai )p(B/Ai ) p(Ai /B) = P i p(Ai )p(B/Ai ) Après être resté pendant près de deux siècles inutilisée, cette formule est maintenant utilisée dans de nombreux cas tels que détection de spam, reconnaissance des formes, sécurité industrielle,. . . 5. Ce sera par exemple le cas si on dispose d’un ensemble de machines, l’événement Ai indiquant que la pièce vient de la machine i et l’événement B représente une pièce défectueuse, p(B/Ai ) étant la probabilité que la machine i produise une pièce défectueuse