rectale serait due aux dyspareunies et au
sentiment d’avoir un vagin rétréci après à
l’opération (4). Le port d’une colostomie
chez la femme entraîne une modification
profonde de l’image corporelle et une perte
du sentiment d’attraction qui diminue
encore plus le désir sexuel (3).
Troubles psychiques
Les patients qui ont subi une exérèse du
rectum pour un cancer sont soumis à un
état de stress plus important que la popu-
lation générale et à un risque de dépres-
sion plus élevé (5). La prévalence de la
dépression était évaluée à 32% après colo-
stomie définitive et à 10% après résection
rectale conservatrice (1). Ces troubles psy-
chologiques sont dus à l’existence du can-
cer et aux traitements. La notion de cancer
nécessite de gérer le diagnostic avec les
incertitudes quant à l’avenir, notamment le
risque de perdre son emploi à court terme
et sa propre vie à long terme. Les traite-
ments imposent des contraintes et sont la
source d’effets secondaires. De plus, cer-
taines séquelles, comme la colostomie,
peuvent engendrer des soucis financiers
majorant l’état de stress du patient. Une
étude canadienne avait montré que le coût
annuel des poches de colostomie était trois
fois supérieur au prix de leur rembourse-
ment et observé un niveau de stress plus
élevé chez ces patients (3). En France, tous
les types d’appareillage de colostomie,
dont le coût moyen est de 150 €par mois,
ne sont pas remboursés à 100%.
Troubles sociaux
Après exérèse rectale, au moins un tiers
des opérés ont une restriction de leurs acti-
vités sociales, notamment de leurs loisirs
(1). Ils préfèrent rester chez eux, limitent
les voyages et évitent les repas à l’exté-
rieur, principalement à cause des troubles
digestifs, en particulier du risque de fuite
de selles et des contraintes alimentaires.
Ainsi, la diminution des loisirs a été obser-
vée chez 50% des colostomisés et dans
18% des cas après chirurgie conservatrice
(1). Une diminution des relations avec les
partenaires est également présente chez
environ 20% des opérés du rectum (6). Ces
répercussions sociales, à l’origine d’un
véritable isolement, sont fonction de l’in-
dividu et seraient plus fréquentes chez le
sujet âgé. Un isolement religieux a même
été rapporté chez les musulmans, 50% des
colostomisés ne pratiquant plus les prières.
Au total, après exérèse du rectum, les
patients expriment des troubles physiques,
psychiques et sociaux qui altèrent leur qua-
lité de vie de façon globale et où prédo-
minent le stress et la dégradation de
l’image corporelle. Par ailleurs, ces troubles
seraient plus fréquents chez les colosto-
misés.
P
OURQUOI ET COMMENT
ÉVALUER LA QUALITÉ DE VIE
APRÈS EXÉRÈSE RECTALE
?
Évaluer la qualité de vie après exérèse d’un
cancer du rectum a pour but de donner au
patient le meilleur traitement, en tenant
compte non seulement des objectifs habi-
tuels, c’est-à-dire du taux de guérison et
de rechute, mais également du niveau d’ac-
ceptabilité de la vie après traitement. Cela
suggère la possibilité de comparer la qua-
lité de vie comme on compare les taux de
survie entre les différents traitements. Mal-
heureusement, les travaux réalisés jusqu’à
présent sur la chirurgie d’exérèse rectale
ne permettent pas ces comparaisons, car il
s’agit de données rétrospectives utilisant
des questionnaires différents pour chaque
étude – questionnaires, par ailleurs, habi-
tuellement non spécifiques et non validés.
Une revue de la littérature récente sur la
qualité de vie après exérèse rectale pour
cancer a montré que, sur 54 articles publiés
entre 1970 et 1997, seulement trois ont uti-
lisé un questionnaire validé (6).
Les questionnaires validés évaluant la qua-
lité de vie sont de deux types: les ques-
tionnaires génériques, ou généraux, et les
questionnaires spécifiques. Les premiers
ont pour but de comparer des populations
dans leur globalité. Il s’agit du Sickness
Impact Profile (SIP),du Nottingham Health
Profile(NHP), du Medical Outcome Study
Health Survey (SF-36), de l’Euro-Qol, etc.
Ces questionnaires sont habituellement
peu sensibles, ce qui, en général, ne leur
permet pas de détecter une petite diffé-
rence entre deux populations. Par exemple,
il a été rapporté que la qualité de vie était
identique après exérèse rectale avec ou
sans réservoir colique (7),alors que la
supériorité du réservoir venait d’être
démontrée préalablement chez ces mêmes
patients (8). L’absence de corrélation entre
résultats fonctionnels et qualité de vie dans
cette étude multicentrique randomisée est
due au type de questionnaire (générique)
et, probablement, à l’absence de différence
majeure en termes de qualité de vie entre
les deux groupes.
Les questionnaires spécifiques, au contraire,
ont pour but de mettre en évidence une dif-
férence au sein d’une population ciblée,
c’est-à-dire atteinte d’une pathologie pré-
cise. Le Gastro Intestinal Quality of Life
Index (GIQLI), validé en français (9),
pourrait être utilisé pour les maladies colo-
rectales. Il manque cependant de spécifi-
cité pour la pathologie anorectale, car il ne
permet pas de différencier les consé-
quences d’une constipation de celles d’une
incontinence (10). Le Fecal Incontinence
Quality of Life, ou FIQL (11),récemment
validé en français, serait probablement le
questionnaire le plus sensible pour détec-
ter une différence de qualité de vie après
exérèse rectale, le handicap le plus notoire
étant l’existence de fuites anales. Cepen-
dant, comme le GIQLI, il ne prend pas en
compte le fait que le patient est porteur
d’une pathologie cancéreuse.
Depuis 1999 est disponible un question-
naire spécifique des cancers colorectaux
(12). Il est issu d’un questionnaire spéci-
fique du cancer (QLQ-C30), construit et
validé à l’échelon européen (EORTC) pour
les essais thérapeutiques en cancérologie.
Par la suite ont été développés des modules
spécifiques d’un organe, rattachés au pré-
cédent. Le premier module à être validé et
disponible en plusieurs langues, dont le
français, est celui du cancer colorectal, le
QLQ-CR38. Il comprend 38 questions,
évaluant deux domaines fonctionnels
(image corporelle et vie sexuelle) et six
échelles de symptômes (miction, symp-
tômes digestifs, effets secondaires de la
chimiothérapie, défécation, sexualité et
conséquences d’une stomie). Il est, à
Chirurgie rectale d’exérèse
Le Courrier de colo-proctologie (III) - n° 2 - juin 2002
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