Manifestations digestives des maladies systémiques

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Mise au point
Manifestations digestives
des maladies systémiques
Gérard Gay1, Jean-François Roche1, Valérie Laurent2,
Muriel Frédéric1, Michel Delvaux1
1
Unité de médecine interne à orientation digestive et métabolique, Hôpitaux de Brabois
adultes, CHU de Nancy, Allée du Morvan, 54511 Vandœuvre-lès-Nancy
2
Département de radiologie, Hôpitaux de Brabois adultes, CHU de Nancy, Allée du Morvan,
54511 Vandœuvre-lès-Nancy
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Les maladies systémiques sont habituellement séparées en deux groupes, les connectivites et
les vascularites. Les manifestations digestives sont de fréquence et de nature variées, souvent
peu spécifiques tout en pouvant révéler la maladie. La sclérodermie représente une entité à
part, où les signes digestifs plus spécifiques occupent le devant de la scène clinique et font
partie des éléments évocateurs du diagnostic. Les manifestations digestives des maladies
systémiques posent des problèmes difficiles aussi bien lorsque la maladie est connue, par leurs
significations (complication iatrogène ou spécifique, nouvelle poussée), que lorsqu’elles sont
inaugurales. Elles nécessitent une approche pluridisciplinaire et bénéficient des progrès de
l’immunologie et des nouvelles techniques d’exploration, notamment de l’intestin grêle
(capsule vidéoendoscopique, entéroscopie double-ballon), véritable « terra incognita » de
l’interniste.
Mots clés : maladie systémique, manifestation digestive, connectivité, vascularite
Généralités
doi: 10.1684/met.2007.0086
Les maladies systémiques regroupent des affections très hétérogènes
dont les caractéristiques communes
sont :
– des symptômes qui affectent des
organes multiples,
– des anomalies biologiques et
immunologiques,
– une évolution progressive vers la
chronicité,
– une sensibilité aux immunosuppresseurs pour certaines.
mt
Tirés à part : G. Gay
Pour une meilleure compréhension, il est habituel de séparer les
maladies systémiques en deux grands
groupes [1, 2] : les connectivites ou
collagénoses où prédomine l’atteinte
du tissu conjonctif, et les vascularites
où l’inflammation des vaisseaux associée à plus ou moins de nécrose est sur
le devant de la scène. Des mécanismes physiopathologiques se retrouvent à des degrés divers dans chacun
mt, vol. 13, n° 3, mai-juin 2007
de ces deux groupes d’affections : production anormale et dérégulation de
la synthèse du collagène pour les collagénoses, troubles de la perméabilité
vasculaire ou thrombose, ischémie tissulaire pour les vascularites, production anormale de protéines ou de
cytokines, anomalies de l’immunité
humorale et cellulaire aboutissant à
des phénomènes inflammatoires
retrouvées dans les deux groupes avec
parfois des lésions musculaires (atrophie, fragmentation). Le tableau clinique final associe dysfonction vasculaire
et
endothéliale,
atteinte
musculaire et neurologique, en particulier au niveau du tractus digestif
(figure 1).
Les manifestations
digestives
La fréquence des manifestations
digestives des maladies de système est
171
Mise au point
Tableau 1. Fréquence des manifestations digestives au cours des
vascularites et connectivites. D’après Müller-Ladner modifié [3]
Ischémie
Vascularites
Type de la vascularite
Lésions
vasculaires
A. Vascularites primitives
PAN
Syndrome de Churg-Strauss
Maladie de Behçet
Artérite de Takayasu
Granulomatose de Wegener
Granulomatose
lymphomateuse
Maladie de Horton
Purpura de Henoch-Schönlein
PAN
SLE
Troubles de
la motricité
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Atrophie
dysfonction
musculaire
Connectivites
Figure 1. Physiopathologie des maladies systémiques.
variable, notamment dans les cas de vascularites
(tableau 1) [3]. Les symptômes digestifs interpellent à la
fois le médecin interniste et le gastroentérologue. Le clinicien doit s’interroger sur la signification de ces manifestations et répondre à trois questions :
– s’agit-il d’une manifestation inaugurale ou d’une
nouvelle poussée de la maladie lorsqu’elle est connue ?
– est-on devant le témoin clinique d’une complication
iatrogène ?
– enfin, s’agit-il d’une complication spécifique de
l’affection ?
Pour essayer de répondre à ces trois questions, nous
nous proposons :
– de rappeler les éléments pertinents de l’interrogatoire, de l’examen clinique et les éléments significatifs du
bilan biologique qui caractérisent une maladie systémique ;
– d’exposer les éléments nouveaux des examens complémentaires qui sont maintenant disponibles dans ce
cadre nosologique ;
– de préciser les tableaux réalisés par les manifestations digestives les plus fréquentes rencontrées au cours de
chaque maladie systémique avec les caractères particuliers qui s’y rattachent ;
– avant de proposer une attitude pratique en présence
des symptômes digestifs que la maladie systémique soit
connue ou non.
Glossaire
PAN : périartérite noueuse
PR : polyarthrite rhumatoïde
SCS : syndrome de Churg et Strauss
GW : granulomatose de Wegener
SLE : sclérodermie
ACR : American College of Rheumatology
ARA : American Rheumatism Association
172
B. Vascularites secondaires
Lupus systémique
érythémateux
Polyarthrite rhumatoïde
C. Connectivites
Sclérodermies
Lupus (en dehors des
manifestations de vascularite)
Fréquence de la localisation digestive
30-50 %
25-50 %
Jusqu’à 30 %
Jusqu’à 15 %
5-10 %
1,5 %
1%
50-90 %
Jusqu’à 50 %
Jusqu’à 10 %
75-90 %
25 %
Les points-clés de l’interrogatoire
et de l’examen clinique
Les symptômes les plus fréquemment retrouvés en cas
de connectivite ou de vascularite sont peu spécifiques à
l’exception de la sclérodermie où souvent ils occupent
une place centrale et révélatrice de la maladie. Ils associent le plus souvent des diarrhées, des hémorragies digestives, des douleurs abdominales et des signes péritonéaux.
Pour chaque symptôme, le tableau 2 indique la lésion
rencontrée et la maladie systémique à laquelle il est le plus
souvent associé [4].
Dans ce contexte d’urgence abdominale ou à l’opposé
de douleurs abdominales chroniques, l’interrogatoire doit
être minutieux à la recherche d’antécédents de transfusions sanguines (viroses), de voyage, d’addictions
(cocaïne, amphétamines), de facteurs de risque cardiovasculaires et de prises médicamenteuses (ergotamine et dérivés, AINS) dans le but d’éliminer ce qui n’est pas une
vascularite. L’examen clinique sera complet et systématique, appareil par appareil, après avoir recherché des
signes généraux : fièvre, perte de poids, asthénie. La présence de signes extradigestifs sera susceptible d’orienter le
diagnostic : anomalies cutanées (urticaire systémique,
purpura), signes neurologiques (mononeuropathie, troubles sensitifs), douleurs arthromusculaires, atteintes uronéphrologiques (orchite, hématurie, HTA), signes respiratoires ou ORL (sinusite ou rhinite traînante, otite, toux,
asthme, hémoptysie), péricardite, syndrome de Raynaud,
sans oublier la recherche parfois difficile et subjective d’un
syndrome sec (xérodermie, xérophtalmie, sécheresse
muqueuse).
mt, vol. 13, n° 3, mai-juin 2007
Tableau 2. Symptômes cliniques, lésions sous-jacentes, maladie la plus
fréquemment concernée. D’après [4] modifié
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Douleurs
abdominales
Ischémie. Perforation du grêle PAN
Cholécystite aiguë
PAN
Pancréatite vasculaire
PAN, Wegener
Appendicite inflammatoire
et par ischémie
Infarctus hépatiques,
spléniques, rénaux
Ulcérations gastriques
iatrogènes (AINS...)
PAN
Diarrhées
Malabsorption
Entéropathie exsudative
Ischémie mésentérique
PAN
PR
Hémorragies
digestives
(hématémèse,
mélaena)
Ulcères de stress
Lésion iatrogène
Ischémie. Rupture de
microanévrismes sousmuqueux
Toutes vascularites
Rupture d’anévrismes
sur les vaisseaux
hiliaires hépatiques,
spléniques, rénaux
PAN
Hémopéritoine
Hémorragies
rétropéritonéales
Hématomes
Infarctus parenchymateux
intraparenchymateux Rupture de microanévrismes
ou sous-capsulaires
PR
périnucléaire dont la cible est la myéloperoxydase, mais
aussi d’autres enzymes (élastase, lactoferrine). Les ANCA
doivent être dosés en même temps que les anticorps
antinucléaires (AAN), avec lesquels ils peuvent être
confondus. Les ANCA accompagnent le plus souvent la
maladie de Wegener, la polyangéite microscopique, le
syndrome de Churg et Strauss et la glomérulonéphrite
nécrosante focale sans dépôt d’immunoglobulines, définissant le groupe des vascularites ANCA-positives.
Quoique discuté, leur intérêt dans le suivi évolutif est
certain [5].
Des AAN dirigés contre des antigènes nucléaires solubles (anti-ENA-extractible nuclear antigen) sont spécifiques de la sclérodermie, anticentromère dans les formes
limitées (Crest syndrome), anti-topoisomérase ou anti scl
70 dans les formes diffuses. Les anti-DNA sont associés au
lupus systémique (anti DNA natif, test de FARR).
Les points-clés et nouveaux des examens
morphologiques
Investigations radiologiques
Churg et Strauss
PAN
Churg et Strauss
Wegener
Explorations complémentaires
Les points-clés des examens biologiques
Les examens biologiques de routine comportent un
hémogramme (recherche d’une éosinophilie, d’une neutropénie), des tests inflammatoires (VS, PCR), le dépistage
d’une protéinurie et d’une hématurie, sans oublier le
dosage des CPK. Une infection sera éliminée par une
uroculture, des hémocultures en cas de fièvre ; des sérologies compléteront le bilan pour détecter une hépatite B
et C, HIV et, en fonction du contexte clinique, une maladie de Lyme ou encore une bacillose.
Un premier bilan immunologique recherchera une
anomalie des protéines, du complément (C3, C4, CH 50),
une cryoglobulinémie, la présence du facteur rhumatoïde
et des anticorps antipeptide citrulliné. Leurs perturbations
ne sont cependant pas spécifiques.
Apport nouveau de ces dix dernières années, la recherche d’anticorps anti-cytoplasmes de polynucléaires neutrophiles (ANCA) en immunofluorescence ou par
méthode Elisa orientera vers une vascularite spécifique
(Wegener, Churg et Strauss...). On distinguera les ANCA
donnant une fluorescence cytoplasmique (cANCA) dont
la cible est presque toujours une sérine protéine de 29
Kda, la protéinase 3 (PR3), des pANCA à fluorescence
Elles se résument actuellement à trois grands groupes,
les opacifications barytées n’ayant plus qu’une place marginale face aux performances de l’imagerie moderne :
examens morphologiques par ultrasons, examens scannographiques, angioscanner ou par résonance magnétique
nucléaire (IRM), angio-IRM. L’artériographie garde une
place dans l’exploration des hémorragies par rupture
d’anévrisme si elle est associée à une procédure interventionnelle, l’angioscanner étant l’examen privilégié lors de
l’étape diagnostique. Les examens seront hiérarchisés en
fonction des renseignements recherchés, en particulier
dans les vascularites :
– angioscanner ou angioIRM, doppler, artériographie
permettant de visualiser les modifications endoluminales
des vaisseaux (sténoses, thromboses...) ;
– scanner et IRM, artériographie pour les modifications pariétales (anévrisme...) ;
– le scanner en urgence est l’examen-clé des complications des vascularites digestives : perforations, ischémie, hémorragies (figure 2).
Endoscopies digestives
L’œsogastroduodénoscopie et l’iléocolonoscopie
explorent de façon performante les lumières digestives et
visualisent, en urgence ou de manière différée, les conséquences endoluminales des vascularites ou des connectivites, ainsi que leurs complications. La nouveauté vient de
la possibilité d’explorer l’intestin grêle, souvent mis en
cause dans les vascularites ou les maladies systémiques
grâce à l’introduction dans les années 2000 de la capsule
vidéoendoscopique (VCE) [6] puis de l’entéroscopie double ballon plus près de nous en 2004 [7]. Ces examens
permettent une étude complète de l’intestin grêle. Les
lésions élémentaires retrouvées tout le long du tractus
digestif associent saignement digestif aigu ou chronique,
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Figure 4. Les biopsies peuvent être réalisés sur différents organes : peau, rein, poumon, foie, tractus digestif, artères.
Figure 2. Investigations morphologiques. Première ligne : scanner
IRM, angioscanner, angio-IRM. Deuxième ligne : Echo + Doppler,
Echocardiographie. Troisième ligne : Artériographie.
conséquences de rupture d’anévrisme ou de phénomènes
ischémiques, des ulcérations secondaires à des phénomènes ischémiques ou à des processus iatrogènes, des
aspects de faux polypes ou encore de sténoses pourront
être également retrouvées. Ces manifestations, en particulier les saignements digestifs chroniques, seront surtout
rencontrées dans des vascularites responsables d’ulcérations segmentaires et d’ischémies, en particulier purpura
de Henoch-Schönlein et maladie de Churg et Strauss
(figure 3).
Intérêt et limites de l’histologie
Pratiquement toutes les localisations des maladies systémiques sont accessibles à la biopsie per-endoscopique
ou guidée à l’aiguille fine lors d’un examen scanographique ou échographique : peau, reins, foie, poumons, artères ou tractus gastrointestinal (figure 4). Plus aléatoire est
le rendement diagnostique car les biopsies n’intéressent
par voie endoscopique que le versant muqueux et peuvent
être négatives ou non contributives. Elles ne sont pas
toujours obligatoires pour affirmer un diagnostic, compte
Figure 3. A) Purpura rhumatoïde : ischémie de la paroi intestinale
avec ulcérations et hémorragie en entéroscopie. B) Maladie de
Churg et Strauss atrophie, lésions purpuriques témoignant d’un
processus ischémique au niveau du jéjunum en vidéocapsule
endoscopique.
174
tenu des avancées de l’immunologie dans nombre de
critères diagnostiques, et ne doivent pas retarder une
thérapeutique en cas de péril vital.
Manifestations digestives
des vascularites primitives :
les aspects spécifiques
De l’utilité des classifications
Les vascularites primitives ont fait l’objet de nombreuses classifications, les plus récentes intégrant les acquis de
l’immunologie. La classification de Lie [1] et la nomenclature de Chapel Hill [2] sont les plus utilisées et les plus
pertinentes actuellement pour le clinicien (tableau 3). Ces
classifications utilisent essentiellement des critères histologiques (calibre des vaisseaux, nature de l’atteinte vasculaire, présence d’un granulome), cliniques et étiologiques.
Il faut actuellement ajouter les critères immunologiques
pour les vascularites touchant les vaisseaux de petit et
moyen calibre, avec la présence ou non d’anticorps anticytoplasmes de polynucléaires neutrophiles (ANCA)
(figure 5) [8].
Elles ont cependant leurs limites et, si elles donnent au
médecin une trame diagnostique et permettent un langage
commun pour les études d’efficacité thérapeutique, elles
ne doivent pas être utilisées de manière aveugle pour faire
un diagnostic. Un malade donné peut échapper à toute
classification avec toutefois des éléments caractéristiques
le rattachant à tel ou tel syndrome, ceci en particulier dans
le domaine digestif. Enfin, les atteintes veineuses sont
difficiles à classer, notamment la maladie de Behçet dont
l’expression digestive est fréquente (entéro-Behçet).
Enfin rappelons que face à un tableau évoquant une
vascularite, il est important d’éliminer une vascularite
secondaire (infection, affection maligne, prises médicamenteuses...) ou une affection simulant une vascularite :
syndrome des antiphospholipides, embolies de cholestérol par exemple.
mt, vol. 13, n° 3, mai-juin 2007
Tableau 3. Classification des vascularites. D’après [1] et [2] modifiées
Maladie de Takayasu
Vascularites primitives :
Vaisseaux de gros, moyen et petit calibre :
– Maladie de Takayasu
– Maladie de Horton
– Artérite granulomateuse du système nerveux central
Vascularite granulomateuse touchant l’aorte, ses branches de division et les artères pulmonaires, elle affecte les
femmes de moins de 40 ans. Elle est responsable de sténoses et occlusions entraînant le classique syndrome de la
femme sans pouls, mais également la constitution d’anévrismes. Le diagnostic est clinique et radiologique [9].
L’atteinte de l’aorte abdominale, isolée ou associée à
l’atteinte de la crosse et de ses branches, type 2 et 3, se
caractérise par un épaississement adventiciel fibreux responsable de sténoses étagées et d’ischémie, d’anévrismes ; la thrombose complète et la rupture anévrismale
demeurent rares. L’atteinte cœliaque et mésentérique est
constatée dans 6,5 à 18 % des cas. À côté des manifestations d’angor abdominal, des cas de malabsorption et de
fibrose rétropéritonéale ont été décrits [10]. L’angio-IRM a
supplanté l’artériographie pour le diagnostic précoce,
visualisant les altérations des parois artérielles : sténoses,
occlusions et anévrismes. Le traitement repose sur les
anticoagulants et les antiagrégants, la corticothérapie et
les immunosuppresseurs (méthotrexate) à la phase aiguë.
L’angioplastie se discutera sur les sténoses symptomatiques à la phase séquellaire.
Vaisseaux de moyen et petit calibre :
– Périartérite noueuse
– Syndrome de Churg et Strauss
– Granulomatose de Wegener
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Vascularites des vaisseaux de gros calibre
Vaisseaux de petit calibre :
– Polyangéite microscopique
– Purpura rhumatoïde
– Vascularites leucocytoclasiques cutanées
Autres vascularites primitives :
– Maladie de Buerger
– Syndrome de Cogan
– Syndrome de Kawasaki
Vascularites secondaires :
Infections, médicaments, affections malignes, transplantés.
Cryoglobulinémie mixte essentielle ou liée au virus de l’hépatite C.
Vascularites associées aux connectivites.
Déficits en complément.
Affections simulant une vascularite :
Malformations aortiques (coarctation...).
Syndrome des antiphospholipides.
Embolies de cholestérol.
Embolies du myxome de l’oreillette.
Ergotisme.
Neurofibromatose.
Maladie d’Ehlers-Danlos.
Calcifications artérielles idiopathiques.
Maladie de Horton
Deuxième variété d’artérite granulomateuse touchant
l’aorte et ses branches de divisions, elle atteint préférentiellement les femmes de plus de 60 ans, avec une prédilection pour le réseau carotidien externe et l’artère temporale. Outre les céphalées, la baisse de l’état général, la
fièvre et la palpation d’une induration temporale, la
nécrose de langue est une manifestation digestive évoca-
Small-Vessel Vasculitis
(e.g., microscopic polyangiitis, Wegener's granulomatosis)
Medium-Sized-Vessel Vasculitis
(e.g., polyarteritis nodosa, Kawasaki's disease)
Large-Vessel Vasculitis
(e.g., giant-cell arteritis, Takayasu's arteritis)
Arteriole
Capillary
Venule
Vein
Arteries
Goodpasture's syndrome
Isolated cutaneous LCA
Aorta
Henoch-Schönlein purpura and cryoglobulinemic vasculitis
Microscopic polyangiitis, Wegener's granulomatosis, and Churg-Strauss syndrome
ANCA ANCA +
Figure 5. Profil immunologique des vascularites primitives, modifiée d’après la référence [8].
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Mise au point
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trice du diagnostic. Elle peut s’accompagner de pseudopolyarthrite rhizomélique. En dehors de l’ischémie linguale, une cholestase hépatique est également évocatrice,
sans traduction clinique ; l’hépatomégalie et l’ictère sont
exceptionnels. Ces manifestations hépatiques sont la
conséquence du granulome inflammatoire, mais aussi de
manifestations d’une hépatite chronique persistante ou
d’une vascularite des petites artères intrahépatiques [11,
12]. La corticothérapie en urgence, en raison du risque
visuel, est la base de la prise en charge initiale ; le méthotrexate et des anti-TNF alpha sont en évaluation. Le risque
de rechute à l’arrêt du traitement et sa durée optimale à la
plus faible dose efficace sont les questions principales
chez ces sujets souvent âgés, alors que la maladie tend à
s’éteindre spontanément en 3 à 5 ans.
Vascularites des vaisseaux de moyen
et petit calibre
Périartérite noueuse (PAN) (figure 6)
– La périartérite noueuse est une vascularite nécrosante ANCA négative cliniquement associée dans 30 %
des cas au virus de l’hépatite B ; d’autres virus sont actuellement incriminés en raison de la diminution des formes
liées à l’hépatite B depuis les campagnes de vaccinations
(10 %) : hépatite C, HIV, CMV, parvovirus B19 ou HTLV 1
(human T leukemia virus). Le calibre des artères touchées
varie selon les auteurs [13] de 70 à 150 microns. Les
formes virales correspondent à un syndrome postinfectieux survenant dans l’année qui suit la contamination aiguë. À une phase inflammatoire précoce faite d’une
nécrose fibrinoïde segmentaire, succède une phase cicatricielle fibrosante sectorielle avec constitution de faux
anévrismes caractéristiques de la maladie, dans 60 % des
cas au niveau des vaisseaux digestifs ou rénaux. Outre les
signes généraux inauguraux (fièvre, perte de poids, baisse
de l’état général), associées à des manifestations neurologiques et à une néphropathie vasculaire avec HTA, les
atteintes digestives peuvent être révélatrices avec un
tableau de perforation ou de cholécystite. Les critères de
classification de l’ACR guident la démarche diagnostique
(tableau 4) [14].
– Les symptômes sont liés aux complications ischémiques de la vascularite et/ou aux anévrismes. Les douleurs
abdominales sont de mauvais pronostic, de mécanismes
multiples (ischémie mésentérique, pancréatite, cholécystite, infarctus rénaux, perforation, hémorragie) et restent
sans causes précises dans 30 % des cas [15]. La cholécystite pose des problèmes étiologiques difficiles car elle est
souvent associée à une lithiase, peut être révélatrice ou
accompagner une poussée. Une atteinte vasculaire du
pancréas est fréquente mais le plus souvent asymptomatique ; dans le cas contraire l’évolution est péjorative. Si
l’hypertransaminémie est courante en cas d’atteinte virale,
l’hépatite inaugurale est anecdotique (3 %). Sont également décrits des infarctus hépatiques, des hématomes
Tableau 4. Critères de classification de la PAN (ACR). D’après [14]
Amaigrissement supérieur à 4 kg
Livedo reticularis
Douleur ou sensibilité testiculaire
Myalgies diffuses
Faiblesse musculaire ou sensibilité des membres inférieurs
Mono ou polyneuropathie
Pression diastolique > 90 mm de Hg
Insuffisance rénale
Urée sanguine > 7 mmol/L ou créatinine > 130 mmol/L
Marqueurs sériques de l’hépatite B (Ag HBs ou anticorps anti-HBs)
Anomalies artériographiques (anévrismes et/ou occlusion d’artères
viscérales)
Biopsie d’une artère de petit ou moyen calibre montrant la présence de
polynucléaires et/ou de cellules mononucléées dans la paroi artérielle
Chez un sujet porteur d’une vascularite, la présence de 3 critères est
requise.
intraparenchymateux par rupture d’anévrisme, des ruptures hépatiques ou des hémobilies. L’ischémie du grêle
peut évoluer vers un tableau de malabsorption ou de
sténoses [16, 17]. Des lésions ischémiques multiples ou
des ruptures sur hématome sont possibles au niveau de la
rate.
– Une endocardite infectieuse ou une embolie de cholestérol sont les diagnostics différentiels à éliminer de
principe. L’artériographie et l’angio-IRM sont les
examens-clés du diagnostic.
– Le traitement des formes HBs négatives repose sur les
corticoïdes en bolus puis par voie orale, associés au
cyclophosphamide IV mensuel pendant un an pour les
formes les plus sévères. L’azathioprine est utilisable en
relais ou en cas de rechute, mais pose le problème de sa
toxicité digestive en cas de pancréatite associée. De même
la corticothérapie est accusée de favoriser les perforations.
En cas d’atteinte virale B associée, une corticothérapie
initiale brève pour contrôler la vascularite est rapidement
associée aux thérapeutiques antivirales (interféron, analogues nucléosidiques) et à des échanges plasmatiques. Une
rupture d’anévrisme avec défaillance circulatoire doit
faire discuter une procédure d’embolisation en urgence.
Le problème de la laparotomie devant un tableau pseudochirurgical est difficile à résoudre car l’intervention est
souvent blanche. Le maintien d’un bon état nutritionnel et
les mesures symptomatiques gardent toute leur importance, notamment en cas de pancréatite ou d’ischémie
digestive avec malabsorption.
Maladie de Wegener
Elle est caractérisée par la présence, sur le plan histologique, d’un granulome, ainsi que par la positivité des
ANCA (anti-PR3). L’expression clinique est pulmonaire,
au niveau des voies aériennes, des reins (glomérulonéphrite pauci-immune, nécrosante, segmentaire et
focale), du système nerveux, de la peau, de l’appareil
oculaire, associée à une atteinte fébrile de l’état général.
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d’ANCA dans 30 à 50 % des cas et fut longtemps confondue avec la PAN. Il existe une atteinte respiratoire avec un
asthme sévère, corticorésistant, souvent précoce dans
l’évolution et une éosinophilie évocatrice pouvant être
très élevée (jusqu’à 30 000/mL – 8 000/mL en moyenne) et
de mauvais pronostic au-delà de 1 000/mL. L’atteinte
gastro-intestinale concerne 25 à 50 % des patients et
entraîne douleurs, diarrhées, ischémie mésentérique [18],
hémorragie ou perforations. Là encore, la thérapeutique
repose sur la corticothérapie associée aux immunosuppresseurs en deuxième ou troisième ligne selon la gravité
ou les rechutes (cyclophosphamide, azathioprine). La
maladie peut être déclenchée par les vaccins, la désensibilisation ou certains inhibiteurs des leucotriènes utilisés
dans le traitement de fond de l’asthme (montelukast
sodique).
Vascularites des vaisseaux de petits calibres
Polyangéite microscopique
Figure 6. Périartérite noueuse (PAN). Ulcérations duodénales.
Hémorragie et perforation du tube digestif sur rupture d’un anévrisme artériel Histologie : vascularite des vaisseaux moyens,
caractérisée par une nécrose.
Contrairement à la PAN, on note une prédominance masculine. Les manifestations digestives sont rares, peu spécifiques : douleurs abdominales, ulcérations hémorragiques
du grêle ou du côlon, perforations. La rechute est fréquente, en particulier pour les formes granulomateuses
prédominantes.
Le traitement associe corticoïdes et surtout bolus de
cyclophosphamide dont la durée est discutée (6 à
12 mois) avec une prévention de la pneumocystose et de
l’immunodépression. Le principal problème reste le maintien de la rémission et le traitement d’entretien (azathioprine, méthotrexate, immunoglobulines en IV). La place
du rituximab est à évaluer.
Maladie de Churg et Strauss (figure 7)
Cette vascularite granulomateuse intéresse surtout les
vaisseaux de petit calibre, s’accompagne de la présence
Figure 7. Maladie de Churg et Strauss. Image par vidéocapsule
endoscopique de l’intestin grêle : ulcération témoignant d’un processus ischémique.
Les classifications modernes des vascularites ont permis de la séparer de la PAN. Elle s’en distingue par
l’absence de microanévrisme et de granulome et la présence d’ANCA, habituellement de spécificité antimyéloperoxydase. Elle associe une glomérulonéphrite rapidement progressive, des hémorragies alvéolaires, définissant
le syndrome pneumorénal, des atteintes cutanées, articulaires et neurologiques. Des signes digestifs sont possibles,
peu spécifiques (douleurs, troubles du transit, hémorragies, exceptionnellement perforation). On associe aux
corticoïdes et au cyclophosphamide une prophylaxie par
cotrimoxazole per os ou aérosols de pentamidine dès que
la déplétion en lymphocytes T4 atteint 300/mL ou en cas
d’insuffisance rénale.
Purpura rhumatoïde (figures 8 et 9)
Les signes digestifs sont sur le devant de la scène dans
le purpura rhumatoïde, ou purpura de Schönlein Henoch,
associés à l’atteinte cutanée (purpura), articulaire (arthralgies) et rénale (glomérulonéphrite) et dominent le pronostic les premiers mois d’évolution. Le garçon entre 3 et
15 ans est particulièrement touché, un facteur infectieux
est évoqué en raison de la fréquence d’une infection des
voies respiratoires préalable et de la recrudescence hivernale. Il s’agit d’une vascularite d’hypersensibilité à dépôts
d’IgA sans présence d’ANCA. Les IgA plasmatiques sont
élevées une fois sur deux. Les manifestations digestives
font partie des critères diagnostiques (tableau 5) et sont
présentes dans 80 % des cas, de façon inaugurale dans
25 % des cas. Elles touchent le côlon et le grêle, et peuvent
être responsables de la mortalité initiale : l’iléus, l’invagination intestinale, l’occlusion par striction ou une hémorragie digestive représentent les complications classiques,
alors que la pancréatite, une entéropathie exsudative, une
perforation ou une nécrose sont plus rares [19].
L’évolution est spontanément favorable au repos et
avec un traitement symptomatique. Le pronostic fonction-
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Mise au point
Figure 10. Maladie de Behçet : images endoscopiques coliques,
avec des ulcérations profondes difficiles à différencier d’une maladie de Crohn.
Cryoglobulinémies
Figure 8. Purpura rhumatoïde. Ulcérations hémorragiques coliques.
nel rénal ou vital digestif peut justifier l’association de
corticoïdes à fortes doses ou d’immunosuppresseurs
(cyclophosphamide). L’indication d’une laparotomie en
cas de tableau chirurgical se discute essentiellement chez
l’adulte.
Figure 9. Purpura rhumatoïde avec atteinte diffuse du tube digestif :
intestin grêle. TDM : coupes axiales sans injection : hyperdensité
spontanée de la paroi de l’intestin grêle témoignant de la suffusion
hémorragique dans la sous muqueuse. TDM : après injection de
produit de contraste iodé : œdème circonférentiel de la sous
muqueuse associé à un abondant épanchement intrapéritonéal.
Tableau 5. Diagnostic du purpura rhumatoïde (ACR)
Âge < 20 ans
Purpura infiltré
Douleurs abdominales aiguës
Vascularite leucocytoclasique avec présence de polynucléaires
dans les petits vaisseaux.
Au moins deux critères sont requis.
178
Classées parmi les vascularites secondaires, elles ne
font pas partie stricto sensu des maladies de système. Leur
fréquence en cas d’hépatite C mérite d’être soulignée
même si elles sont rarement symptomatiques. On distingue trois types de cryoglobulinémie selon le caractère
monoclonal de l’immunoglobuline (type I associé le plus
souvent à une hémopathie lymphoïde), mixte (type II) ou
polyclonal (type III). L’atteinte microcirculatoire mésentérique est responsable de douleurs abdominales, plus rarement de perforation ou d’hématémèse. Le traitement des
formes virales se confond avec celui de la virose (bithérapie interféron-ribavirine). Les autres formes font appel aux
corticoïdes et aux immunosuppresseurs.
La maladie de Behçet (figure 10)
Malgré l’importance des signes digestifs, la maladie de
Behçet occupe une place à part, échappant aux classifications actuelles des vascularites, alors qu’elle se caractérise
par une double atteinte des artères et des veines de gros
calibre. Sans cause connue, elle survient sur un terrain
génétiquement prédisposé et a été d’abord décrite le long
de la « route de la soie » et dans le bassin méditerranéen,
avec actuellement une diffusion beaucoup plus large.
Le diagnostic est clinique (tableau 6) avec un élément
Tableau 6. Critères de diagnostic de la maladie de Behçet.
Version simplifiée d’après [20]
Aphtes buccaux, au moins 3 récurrences sur 12 mois
Association à 2 ou plus des symptômes suivants :
– Aphtose génitale récurrente
– Atteinte oculaire (uvéite antérieure ou postérieure, vascularite
rétinienne ou cellules inflammatoires dans le vitré)
– Atteinte cutanée (pseudofolliculite, érythème noueux, lésions
papulopustuleuses ou nodules pseudoacnéiformes)
– Pathergy test positif
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cardinal représenté par l’atteinte buccale sous la forme
d’aphtes récurrents.
Les manifestations oculaires, neurologiques et vasculaires hypothèquent le pronostic fonctionnel et vital ; le
spectre des manifestations cliniques est par ailleurs large,
avec de possibles atteintes cardiaques, articulaires et
digestives aux côtés de formes mineures cutanéomuqueuses et articulaires sous-estimées. L’atteinte digestive peut
être liée au potentiel thrombogène de l’affection : thromboses veineuses (sus-hépatiques avec un syndrome de
Budd-Chiari), atteinte artérielle de l’aorte abdominale ou
de ses branches avec constitution de lésions anévrismales
ou pseudo-anévrismales, véritables aphtes par rupture
pariétale. À côté de cette vasculopathie, l’atteinte gastrointestinale peut simuler une maladie inflammatoire de
l’intestin (RCH ou maladie de Crohn) particulièrement
difficile à différentier lorsqu’elle est isolée [21]. La fréquence est variable selon l’origine ethnique [22] et il n’y a
pas de spécificité de l’imagerie ou de l’endoscopie sauf,
peut-être, l’étendue en profondeur des lésions muqueuses
[23]. Des cas de pancréatites ont également été décrits
dans la maladie de Behçet [24].
Il n’y a pas de signes biologiques spécifiques, la recherche de l’antigène HLA B51 ayant surtout un intérêt épidémiologique. L’exploration reste classique tant sur le plan
de l’imagerie que de l’endoscopie ; l’angio-IRM est préférable à l’artériographie en raison du risque de lésion
vasculaire au point de ponction.
Le traitement des formes mineures cutanéomuqueuses
et articulaires repose sur l’association colchicine (1 à
2 mg/24 h) et aspirine (en bain de bouche et par voie
générale comme antiagrégant) ; le recours à la thalidomide (100 mg/24 h) ou à la disulone (50 à 100 mg/24 h)
peut s’avérer nécessaire dans les cas d’aphtoses rebelles.
La corticothérapie locale est efficace sur les uvéites antérieures. Les atteintes oculaires et viscérales graves relèvent
de la corticothérapie générale ou en bolus, des immunosuppresseurs (cyclophosphamide, azathioprine) et des
anticoagulants pour l’atteinte vasculaire. L’interféron
alpha a été proposé, à la dose de 3 à 9 millions d’unités
trois fois par semaine, en cas de résistance aux immunosuppresseurs, tout comme l’infliximab [25, 26].
Manifestations digestives
des connectivites
La sclérodermie
D’étiopathogénie obscure, la sclérodermie affecte
entre 0,6 à 19,1 sujets par million d’habitants ; l’atteinte
initiale est microvasculaire associant, dans un contexte de
prédisposition génétique, une agression endothéliale, unique ou multiple, chimique (par exemple, silice dans le
syndrome d’Erasmus), infectieuse ou immunologique.
Affection généralisée du tissu conjonctif, des artérioles et
des microvaisseaux, elle s’accompagne de dépôts de collagène au niveau de la muqueuse, de la sous-muqueuse et
de la couche musculaire, d’épaississements des membranes basales, de thromboses, de sclérose cutanée. De nombreux organes peuvent être touchés : capillaires (syndrome de Raynaud), peau, poumons, reins et tractus
digestif qui sera seul abordé dans le cadre de cet article. Le
pronostic est lié à la gravité de l’atteinte polyviscérale, qui
demeure cependant corrélée à l’étendue de l’atteinte
cutanée [27].
Classifications et diagnostic
De nombreuses classifications ont été proposées ; elles
reposent, malgré l’introduction dans les plus récentes de
critères immunologiques, au demeurant peu sensibles, sur
la clinique, en particulier les critères de l’ARA qui datent
de 1980 (tableau 7) [28]. Les critères de Le Roy et Medgser
[29] intègrent les notions d’évolutivité, le profil immunologique et la capillaroscopie en cas d’acrosyndrome
(tableau 8) [30].
De ces différentes classifications se dégagent trois
grandes entités, avec des formes de passage entre elles
[31] :
– La forme cutanée diffuse associant l’atteinte cutanée
des membres, de la face et du tronc à un syndrome de
Raynaud récent (< 1 an), avec présence d’anticorps antitopoisomérases I (anti-Scl 70) dans 30 % des cas, sans
anticentromère (les deux types d’anticorps sont mutuellement exclusifs), destruction et dilatation des capillaires en
capillaroscopie. Le pronostic est lié à la fréquence et à la
précocité des atteintes viscérales (poumons, interstitium,
rein, tube digestif, myocarde).
– La forme cutanée limitée touche plutôt la femme
âgée, le syndrome de Raynaud est ancien (10-15 ans),
l’atteinte cutanée, parfois absente, est limitée aux
extrémités distales. Le principal risque est l’apparition
tardive d’une hypertension artérielle pulmonaire, pouvant
Tableau 7. Critères cliniques de classification de la sclérodermie
systémique (ARA). D’après [28]
Critère majeur
– Sclérodermie proximale
Généralités
Seul le lupus systémique et la sclérodermie seront
abordés. En effet, les manifestations digestives en tant que
complications sont souvent au premier plan pour le lupus,
elles sont souvent révélatrices de la maladie pour la
seconde.
Critères mineurs
– Sclérodactylie
– Cicatrice déprimée d’un doigt ou ulcération de l’extrémité d’un doigt
– Fibrose pulmonaire des bases
Un critère majeur et deux critères mineurs doivent être présents.
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179
Mise au point
Tableau 8. Classification de la sclérodermie selon Le Roy et al.
D’après [29]
1. Pré-sclérodermie : phénomène de Raynaud avec modifications
capillaires, ischémie digitale, présence d’anticorps spécifiques (anti-Scl
70, anti-centromère).
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2. Type cutané diffus : survenue des manifestations cutanées un an
après le début du phénomène de Raynaud ; atteinte cutanée touchant le
tronc et les avant-bras ; survenue précoce d’une maladie pulmonaire
interstitielle, insuffisance rénale oligurique ; atteinte gastro-intestinale
diffuse ; atteinte myocardique ; dilatations capillaires ; anticorps antitopoisomérase-I (Scl 70, 30 %).
3. Type cutané limité : phénomène de Raynaud durant depuis des
années ; atteinte cutanée limitée aux mains, visages, pieds, avant-bras ;
survenue tardive d’une hypertension artérielle pulmonaire associée ou
non à une atteinte pulmonaire interstitielle, à des calcifications cutanées,
des télangiectasies, à une atteinte gastro-intestinale ; prévalence élevée
d’anticorps anti-centromère (70-80 %) ; dilatations capillaires.
4. Sclérodermie sans sclérodermie : sans atteinte cutanée ; peuvent
être présents un phénomène de Raynaud, des atteintes viscérales :
fibrose pulmonaire, crise rénale sclérodermique ; des anticorps antinucléaires peuvent être présents.
s’associer à une pneumopathie interstitielle, une atteinte
du trijumeau, des calcifications sous-cutanées et des
télangiectasies. L’incidence des anticorps anticentromères
est élevée (70-80 %) ; on retrouve des anomalies capillaroscopiques (dilatations). On y classe le syndrome Crest
associant calcinose sous-cutanée (C), syndrome de Raynaud (R), atteinte œsophagienne (E), sclérodactylie (S) et
télangiectasies (T).
– Le troisième groupe concerne les expressions purement cutanées de la maladie.
Manifestations digestives des sclérodermies
Fréquemment sous-estimées, elles peuvent révéler la
maladie dans 10 % des cas et se rencontrent dans 75 à
90 % des formes diffuses et limitées même si elles sont peu
symptomatiques [29]. Les atteintes digestives hautes (œsophage, estomac) sont évocatrices du diagnostic dont elles
sont un des éléments dans le Crest syndrome, ce qui
mérite d’être souligné en raison du peu de spécificité
habituelle des manifestations digestives des maladies de
système. Les dépôts de collagène, la fibrose de la musculature digestive, les troubles moteurs et les manifestations
pseudo-obstructives caractérisent la physiopathologie des
atteintes digestives de la sclérodermie.
Œsophage et estomac
L’atteinte œsophagienne est la plus fréquente (22 à
96 % selon les investigations mises en œuvre) potentiellement grave et mal corrélée sur le plan anatomoclinique,
elle nécessite un diagnostic précoce. Le reflux gastroœsophagien, présent dans 70 % des cas, et la dysphagie
sont les principales manifestations cliniques. L’évolution
vers une œsophagite peptique peut se compliquer
d’hémorragies digestives, d’ulcérations, de sténoses,
d’endobrachyœsophage et d’adénocarcinome. Les complications infectieuses doivent faire l’objet d’une attention
180
particulière : pneumopathie d’inhalation, œsophagites
mycotiques, herpétique, à cytomégalovirus favorisées par
les traitements immunosuppresseurs. La découverte d’une
hypertension portale évoque l’association à une cirrhose
biliaire primitive (syndrome de Reynolds). Le diagnostic
repose sur la manométrie œsophagienne (figure 11) qui
montre un hypopéristaltisme des 2/3 inférieurs de l’œsophage associé à l’hypotonie du sphincter inférieur. La
pHmétrie peut y être accessoirement couplée [32]. La
fibroscopie digestive haute recherche les complications
souvent sous-estimées, elle vérifie l’efficacité des traitements antisécrétoires. Le traitement actuel repose essentiellement sur les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) à
dose optimum voire majorée (× 2). La chirurgie antireflux
est contre-indiquée ; les complications infectieuses
(mycoses) doivent être traitées de manière spécifique. La
prise en charge de l’acrosyndrome doit tenir compte de
l’éventuelle aggravation du reflux et incite à privilégier le
tildiazem à la nifédipine.
Les signes gastriques sont peu spécifiques malgré leur
fréquence (10 à 75 % des cas) et se résument souvent à un
état dyspeptique qui peut être invalidant, des nausées,
vomissements, épigastralgies, une baisse de l’état général.
Une complication doit être connue : la gastrite antrale
vasculaire ectasiante ou « estomac pastèque » [33] (figure
12) responsable d’hémorragies ou de spoliations chroniques, associant dilatation vasculaire muqueuse et sousmuqueuse, présence de thrombi fibrineux intracapillaires
et hyperplasie fibromusculaire. Le diagnostic fait appel à
la fibroscopie. Prokinétiques et IPP sont la base du traitement. La gastrite ectasiante nécessite une hémostase par
photocoagulation au plasma argon.
Grêle
Encore plus souvent sous-estimé puisque dépisté chez
88 % des patients lors d’études manométriques, l’atteinte
du grêle est symptomatique chez moins d’un patient sur
deux. Le tableau clinique associe douleurs, troubles du
transit et ballonnements et l’évolution se fait vers deux
grands groupes de complications : le syndrome de malabsorption associant troubles moteurs et ischémie, atrophie
et obstruction lymphatique, pullulation microbienne, et le
syndrome de pseudo-obstruction intestinale responsable
d’épisodes subocclusifs à répétition parfois compliqués de
perforation. Des pneumatoses kystiques sont décrites. Les
hémorragies intestinales correspondent à des mécanismes
variés : télangiectasies, ulcérations ischémiques, volvulus,
polypes, diverticulose...
Si la manométrie reste l’examen de référence pour
objectiver l’hypomobilité intestinale succédant à la désorganisation de l’activité motrice du jéjunum, la tomodensitométrie est l’examen d’urgence face à une complication. Les méthodes modernes d’endoscopie (entéroscopie
double ballon) sont à évaluer ; la VCE est déconseillée en
raison du risque de blocage lié à l’hypomobilité.
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Figure 11. Sclérodermie. Manométrie œsophagienne ; en haut : examen normal ; en bas : hypopéristaltisme.
Le traitement fait appel à la nutrition entérale ou parentérale chez les sujets dénutris, à l’antibiothérapie en cas de
pullulation microbienne (métronidazole, ciprofloxacine) ;
les prokinétiques (érythromycine préférentiellement à
dose faible 125 mg × 2/jour), peu efficaces sur les troubles
moteurs, sont associés à l’octréotide 50 lg sous-cutané le
soir en cas de pseudo-obstruction colique.
rations. Le diagnostic se fonde sur l’endoscopie et la
manométrie.
Le traitement est symptomatique (laxatifs), fait appel au
bio-feedback en cas d’incontinence et à la chirurgie du
prolapsus ; les techniques de sphincters artificiels ou
d’électrostimulation sont du domaine de l’évaluation.
Foie
Atteintes coliques et anorectales
La fréquence est, là encore, très variable (20 à 90 %)
selon les séries et souvent sous-évaluée : constipation,
ischémie colique peuvent accompagner le prolapsus et
l’incontinence rectale ; la grande banalité des troubles du
transit explique leur méconnaissance. Les fécalomes peuvent être un mode de révélation et se compliquer d’ulcé-
Plus rare, l’atteinte hépatique concerne 1,5 à 8,8 %
des patients. L’association Crest-cirrhose biliaire primitive
définit le syndrome de Reynolds [34] et représente 50 %
des hépatopathies de la sclérodermie. On décrit également des hyperplasies nodulaires régénératives avec risque d’hypertension portale et des hépatites auto-immunes
(Crest). Le traitement de la cirrhose biliaire primitive fait
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Tableau 9. Lupus érythémateux systémique (Classification de l’ACR).
D’après [35]
Figure 12. Ectasies vasculaires de l’antre chez une patiente
porteuse d’une sclérodermie.
appel à l’acide ursodésoxycholique ; la nécessité d’une
corticothérapie dans les formes auto-immunes expose au
risque de crise rénale aiguë au-dessus de 15 mg/j de
prednisone.
Enfin, rappelons l’atteinte de la bouche, avec les problèmes de limitation d’ouverture, de sécheresse
muqueuse qui concourent à l’inconfort digestif des
patients.
Lupus systémique
Maladie auto-immune non spécifique à un organe, elle
réalise une endartérite oblitérante avec et sans nécrose
fibrinoïde. Le lupus systémique peut toucher de multiples
appareils, dont le tube digestif, par le biais de mécanismes
variés, ischémie intestinale, hémorragie, iléus, ulcérations, perforations. Il faut également souligner la possible
association au syndrome des antiphospholipides. Les critères de classification de l’American College of Rhumatology (ACR) de 1982 ont été mis à jour en 1997 ; parmi eux,
les ulcérations buccales sont les seules atteintes digestives
retenues (tableau 9) [35]. Néanmoins, 25 % des patients
présentent à un moment ou à un autre des manifestations
digestives, associées aux signes cutanés et aux éventuelles
atteintes articulaires, rénales, neurologiques, cardiovasculaires ou pleuropulmonaires. Deux cadres sont à distinguer, selon la présence ou non d’anticorps antiphospholipides.
Manifestations digestives du lupus
Les douleurs abdominales sont d’origines variées ; une
cause iatrogène éliminée (toxicité des AINS) elles sont le
plus souvent la conséquence de la vascularite associée au
lupus responsable d’ischémie intestinale entraînant iléus,
182
1. rash malaire
2. rash discoïde
3. photosensibilité
4. ulcérations buccales
5. arthrites non érosives
6. sérites
7. atteinte rénale : protéinurie persistante > 0,5 g/24 h
cylindres urinaires
8. atteinte neurologique (convulsions ou psychose)
9. atteinte hématologique : anémie hémolytique avec hyperréticulocytose
ou
leucopénie < 4 000/mL à deux reprises
au moins
ou
lymphopénie < 1 500/mL à deux reprises
au moins
ou
thrombopénie < 100 000/mL en l’absence
de cause médicamenteuse
10. anticorps anti-nucléaires à n’importe quel moment de l’évolution
en l’absence de médicament inducteur de lupus
11. perturbations immunologiques : anticorps anti-ADN natif
ou
anticorps anti-Sm
ou
présence d’anti-phospholipides (IgG ou IgM
anti-cardiolipine, anticoagulant circulant lupique
ou faux BW+ avec NELSON ou FTA–)
4 critères simultanés ou successifs sont requis.
ulcérations, hémorragies, parfois infarctus mésentérique
ou perforation de mauvais pronostic. Elles peuvent témoigner d’une polysérite et conduire en urgence à des interventions chirurgicales inutiles. La pancréatite aiguë est
secondaire aux complications thrombotiques des antiphospholipides [36]. Elle témoigne d’une maladie lupique
très active. Une hépatomégalie se rencontre fréquemment, parfois en rapport avec une hépatite auto-immune
de type I. La tomodensitométrie réalisée en urgence visualise des épaississements pariétaux segmentaires, une distension, une augmentation de la prise de contraste des
parois intestinales, plus rarement une ascite. Ces manifestations peuvent révéler la maladie en particulier en réalisant un tableau de pseudo-obstruction grêle, l’entéroscopie double ballon en lieu et place de la capsule
endoscopique permettra les biopsies et pourra exclure les
autres causes secondaires : ischémie, maladie inflammatoire de l’intestin [37].
Complications liées aux anticorps antiphospholipides
(figure 13)
Ils reconnaissent les constituants des membranes cellulaires, en particulier des phospholipides anioniques
(cardiolipine de la membrane interne des mitochondries,
plus rarement phosphatidylsérine ou phosphatidylinosi-
mt, vol. 13, n° 3, mai-juin 2007
rentés de sujets porteurs d’un syndrome primaire des
antiphospholipides, mais également dans plusieurs maladies systémiques, lupus, sclérodermie, syndrome de Gougerot, polyarthrite rhumatoïde, maladie de Horton, sarcoïdose... Le diagnostic biologique doit confirmer leur
présence au-delà de 6 semaines et mettre en évidence par
la méthode Elisa des IgG et/ou des IgM anticardiolipine à
titre moyen ou élevé, ou un anticoagulant circulant de
type lupique entraînant l’allongement d’un test de coagulation dépendant des phospholipides (TCA, TCK...) corrigé
par l’adjonction d’un excès de phospholipides. Souvent
considérés comme accompagnant le syndrome lupique
sans manifestations cliniques, ils sont toutefois incriminés
dans des phénomènes ischémiques gastro-intestinaux
(figure 12). Le rôle d’une vascularite associée ou des
corticoïdes posent des problèmes thérapeutiques difficiles.
B
SC
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S
Principes thérapeutiques
Les manifestations digestives sont associées aux formes sévères avec atteintes viscérales du lupus relevant en
règle de la corticothérapie à forte dose et des immunosuppresseurs (bolus de cyclophosphamide). Le traitement des
complications digestives est symptomatique, associé aux
IPP en cas d’atteinte gastro-intestinale ou de iatrogénie.
Les thromboses secondaires aux antiphospholipides
nécessitent une héparinothérapie fractionnée ou non,
relayée par les antivitamines K de façon à maintenir l’INR
entre 3 et 3,5. Les indications de la chirurgie doivent être
prudentes.
Attitude pratique
Deux types de situations sont donc à envisager.
Figure 13. A et B) Syndrome des antiphospholipides : TDM Infarctus splénique par thrombose de l’artère splénique. C) Coloscopie :
ischémie mésentérique.
tol), des phospholipides neutres (phosphatidyléthanolamine et phosphatidylcholine) ou des cofacteurs protéiques associés (bêta 2 glycoprotéine 1) et peuvent simuler
un tableau de vascularite. Ils sont retrouvés dans un certain nombre de circonstances pathologiques : médicaments, infections, tumeurs solides ou hémopathies, appa-
Devant un sujet présentant
une douleur abdominale inexpliquée
ou un saignement digestif
Un certain nombre d’arguments oriente vers une vascularite :
– le jeune âge, le sexe féminin et une localisation
atypique ;
– un syndrome inflammatoire avec élévation de la
PCR, une anomalie du culot urinaire, une insuffisance
rénale ;
– la présence en endoscopie de signes d’ischémie,
d’ulcérations.
Il faut cependant garder à l’esprit que les maladies de
système ne sont à l’origine d’atteintes vasculaires gastrointestinales que dans 15 à 20 % des cas et il convient
d’éliminer les autres pathologies, métaboliques (embolies
de cholestérol) [38], dégénératives, infectieuses, inflammatoires et médicamenteuses (AINS) (figure 14). Le diagnostic peut être facilité par les tests immunologiques
spécifiques : les plus discriminants sont les anticorps antinucléaires, mais peu spécifiques, les anti-DNA natifs, les
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183
Mise au point
Vascularite connue
Suspicion de vascularite
Ischémie mésentérique
chronique
Autres affections
Vascularite ?
Connectivite ?
Diabète
Athéroscléroses
Insuffisance cardiaque
Chronique du sujet âgé
Syndrome des
antiphospholipides
Myxome
Maladie de Whipple
Maladie inflammatoire de
l’intestin
50 %
30 %
Tests sérologiques
Urgence abdominale
Saignement digestif
CT-scanner
Endoscopie
Symptômes digestifs
chroniques
Douleur abdominale
Anémie ferriprive
Diarrhées
Signes généraux
Perte de poids
Asthénie
Rechercher d’autres causes
CT-scanner
Autres organes
Endoscopie
Effets secondaires
Capsule endoscopique
des traitements
15-20 %
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Figure 16. Attitude diagnostique pratique (3).
Figure 14. Attitude diagnostique pratique (1).
anticorps dirigés contre les antigènes nucléaires solubles
(anticentromères, anti-topoisomérase en cas de sclérodermie par exemple) et les ANCA. Ces derniers permettent une
orientation diagnostique en cas de vascularite (figure 15).
Chez un patient où la vascularite est connue
Le rôle des examens complémentaires est fondamental. En face d’un tableau digestif aigu ou chronique chez
un patient connu pour une vascularite, la tomodensitométrie et l’endoscopie (figure 16) permettront de détecter une
urgence abdominale à type d’hémorragie ou de perforation, de préciser le mécanisme d’une anémie chronique
ferriprive ou d’une baisse de l’état général associée.
Références
Conclusion
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Practice Res Gastroenterol 2001 ; 15 : 59-82.
Les avancées actuelles des tests biologiques et immunologiques autorisent dans nombre de circonstances à
s’affranchir de l’histopathologie pour rapporter la cause
des manifestations digestives à des maladies de système.
Les progrès de l’imagerie (entéroscanner) et de l’endoscopie (capsule vidéo-endoscopique et entéroscopie doubleballon) sont décisifs pour préciser les mécanismes physiopathologiques sous-jacents et facilitent le diagnostic
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ANCA +
Anti-DNA +
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déterminée. Aspects cliniques et thérapeutiques. In : Rousset H,
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Orienter le diagnostic avec les tests sérologiques
Lupus
systémique
Polyangéite microscopique
Syndrome de Churg
et Strauss
Maladie de Wegener
Figure 15. Attitude diagnostique pratique (2).
184
d’autres maladies pouvant donner des tableaux cliniques
similaires.
Ces avancées dans le domaine des examens biologiques
et morphologiques doivent contribuer à la mise en route
précoce des traitements immunosuppresseurs efficaces.
La nécessaire approche multidisciplinaire, que nécessite la prise en charge de ces affections, ne doit pas retarder
la mise en œuvre de ces thérapeutiques.
Connectivites
Sclérodermies
systémiques
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