
Explorations complémentaires
Les points-clés des examens biologiques
Les examens biologiques de routine comportent un
hémogramme (recherche d’une éosinophilie, d’une neu-
tropénie), des tests inflammatoires (VS, PCR), le dépistage
d’une protéinurie et d’une hématurie, sans oublier le
dosage des CPK. Une infection sera éliminée par une
uroculture, des hémocultures en cas de fièvre ; des séro-
logies compléteront le bilan pour détecter une hépatite B
et C, HIV et, en fonction du contexte clinique, une mala-
die de Lyme ou encore une bacillose.
Un premier bilan immunologique recherchera une
anomalie des protéines, du complément (C3, C4, CH 50),
une cryoglobulinémie, la présence du facteur rhumatoïde
et des anticorps antipeptide citrulliné. Leurs perturbations
ne sont cependant pas spécifiques.
Apport nouveau de ces dix dernières années, la recher-
che d’anticorps anti-cytoplasmes de polynucléaires neu-
trophiles (ANCA) en immunofluorescence ou par
méthode Elisa orientera vers une vascularite spécifique
(Wegener, Churg et Strauss...). On distinguera les ANCA
donnant une fluorescence cytoplasmique (cANCA) dont
la cible est presque toujours une sérine protéine de 29
Kda, la protéinase 3 (PR3), des pANCA à fluorescence
périnucléaire dont la cible est la myéloperoxydase, mais
aussi d’autres enzymes (élastase, lactoferrine). Les ANCA
doivent être dosés en même temps que les anticorps
antinucléaires (AAN), avec lesquels ils peuvent être
confondus. Les ANCA accompagnent le plus souvent la
maladie de Wegener, la polyangéite microscopique, le
syndrome de Churg et Strauss et la glomérulonéphrite
nécrosante focale sans dépôt d’immunoglobulines, défi-
nissant le groupe des vascularites ANCA-positives.
Quoique discuté, leur intérêt dans le suivi évolutif est
certain [5].
Des AAN dirigés contre des antigènes nucléaires solu-
bles (anti-ENA-extractible nuclear antigen) sont spécifi-
ques de la sclérodermie, anticentromère dans les formes
limitées (Crest syndrome), anti-topoisomérase ou anti scl
70 dans les formes diffuses. Les anti-DNA sont associés au
lupus systémique (anti DNA natif, test de FARR).
Les points-clés et nouveaux des examens
morphologiques
Investigations radiologiques
Elles se résument actuellement à trois grands groupes,
les opacifications barytées n’ayant plus qu’une place mar-
ginale face aux performances de l’imagerie moderne :
examens morphologiques par ultrasons, examens scanno-
graphiques, angioscanner ou par résonance magnétique
nucléaire (IRM), angio-IRM. L’artériographie garde une
place dans l’exploration des hémorragies par rupture
d’anévrisme si elle est associée à une procédure interven-
tionnelle, l’angioscanner étant l’examen privilégié lors de
l’étape diagnostique. Les examens seront hiérarchisés en
fonction des renseignements recherchés, en particulier
dans les vascularites :
–angioscanner ou angioIRM, doppler, artériographie
permettant de visualiser les modifications endoluminales
des vaisseaux (sténoses, thromboses...) ;
–scanner et IRM, artériographie pour les modifica-
tions pariétales (anévrisme...) ;
–le scanner en urgence est l’examen-clé des compli-
cations des vascularites digestives : perforations, isché-
mie, hémorragies (figure 2).
Endoscopies digestives
L’œsogastroduodénoscopie et l’iléocolonoscopie
explorent de façon performante les lumières digestives et
visualisent, en urgence ou de manière différée, les consé-
quences endoluminales des vascularites ou des connecti-
vites, ainsi que leurs complications. La nouveauté vient de
la possibilité d’explorer l’intestin grêle, souvent mis en
cause dans les vascularites ou les maladies systémiques
grâce à l’introduction dans les années 2000 de la capsule
vidéoendoscopique (VCE) [6] puis de l’entéroscopie dou-
ble ballon plus près de nous en 2004 [7]. Ces examens
permettent une étude complète de l’intestin grêle. Les
lésions élémentaires retrouvées tout le long du tractus
digestif associent saignement digestif aigu ou chronique,
Tableau 2.Symptômes cliniques, lésions sous-jacentes, maladie la plus
fréquemment concernée. D’après [4] modifié
Douleurs
abdominales
Ischémie. Perforation du grêle PAN
Cholécystite aiguë PAN
Pancréatite vasculaire PAN, Wegener
Appendicite inflammatoire
et par ischémie
PAN
Infarctus hépatiques,
spléniques, rénaux
PR
Ulcérations gastriques
iatrogènes (AINS...)
Diarrhées Malabsorption PAN
Entéropathie exsudative PR
Ischémie mésentérique
Hémorragies
digestives
(hématémèse,
mélaena)
Ulcères de stress Toutes vascularites
Lésion iatrogène
Ischémie. Rupture de
microanévrismes sous-
muqueux
Hémopéritoine Rupture d’anévrismes
sur les vaisseaux
hiliaires hépatiques,
spléniques, rénaux
PAN
Hémorragies
rétropéritonéales
Churg et Strauss
Hématomes
intraparenchymateux
ou sous-capsulaires
Infarctus parenchymateux PAN
Rupture de microanévrismes Churg et Strauss
Wegener
mt, vol. 13, n° 3, mai-juin 2007 173
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