X 2011-MP
´epreuve A Dur´ee : 4 heures
Valeurs singuli`eres d’une matrice et in´egalit´es de trace
Notations et conventions
Dans ce probl`eme l’espace vectoriel Cnest muni du produit scalaire hermitien
usuel not´e ., .; on rappelle qu’il est lin´eaire `a droite, semi-lin´eaire `a gauche et
que la base canonique (e1,...,e
n)de Cnest orthonormale. On note Mn(C)
l’espace vectoriel sur Cdes matrices `anlignes et ncolonnes `a coefÀcients
complexes qu’on identiÀe`a l’espace vectoriel des endomorphismes de Cnet
Inla matrice identit´edeMn(C). Le coefÀcient de la i`eme ligne et j`eme colonne
d’une matrice Aest not´e Ai,j . On note A, appel´ee adjointe de la matrice Ade
Mn(C), la matrice d´eÀnie pour tous 1i, j npar A
i,j =Aj,i.
On d´eÀnit les sous-ensembles de Mn(C)suivants :
Hn={A∈M
n(C)/A
=A}
H+
n={A∈H
n/xCn,x, Ax0}
Un={A∈M
n(C)/x, y Cn,Ax, Ay=x, y}
Nn={A∈M
n(C)/AA
=AA}
Dnesigne l’ensemble des matrices diagonales dans Mn(C).
EnÀn, pour tout sous-espace vectoriel Fde Cn,Fesigne le sous-espace
orthogonal pour le produit hermitien usuel.
Le probl`eme a pour but l’´etude de quelques in´egalit´es de traces sur les matrices
carr´ees `a coefÀcients complexes via l’introduction de la d´ecomposition en
valeurs singuli`eres et le calcul de la distance minimale pour la norme de
Frobenius entre deux matrices de HneÀnies `equivalence pr`es par des
changements de bases dans Un.
Premi`ere partie : ´etude de Nn
1)Soit Aune matrice de Mn(C). Montrer que pour tout couple (x, y)de
vecteurs de Cn×Cn:Ax, y=x, Ay.
2)a)Montrer que A∈U
nsi et seulement si AA=AA=In.
b) Montrer que A∈U
nsi et seulement si les colonnes de Aforment une base
orthonorm´ee de Cn.
3)a)Montrer que si A∈N
n,A((Ker A))(Ker A).End´eduire que si
λest une valeur propre de Aet si Eλest le sous-espace propre associ´e, alors
A(E
λ)E
λ.
b) En d´eduire que Nn={UDU,U ∈U
n,D ∈D
n}.
4)Soit Aune matrice de Mn(C). On note λ1
2,...,λ
nles racines du
polynˆome caract´eristique (non n´ecessairement distinctes) de A.
8 X-11-MP A
Montrer que si A∈N
n, alors
n
i=1
|λi|2=
n
i,j=1
|Ai,j |2. (On pourra calculer la
trace de AA.)
5)a)Soit Aune matrice de Mn(C). Montrer que si A∈N
n, alors Aet A
ont le mˆeme noyau.
b) Montrer que les deux propositions suivantes sont ´equivalentes :
(i)A∈N
n.
(ii)Tout vecteur propre de Aest vecteur propre de son adjointe A.
Pour (ii)=(i), on pourra proc´eder par r´ecurrence sur la dimension net pour
un vecteur propre xde Aconsid´erer l’orthogonal de l’espace vectoriel engendr´e
par x.
6)a)Prouver que si la matrice Aappartient `aNn, son adjointe Apeut s’´ecrire
comme un polynˆome en A`a coefÀcients complexes. (On pourra utiliser les
polynˆomes interpolateurs de Lagrange).
b) Prouver que si Aet Bsont dans Nnet commutent, alors AB ∈N
n.
7)Prouver que si Aest une matrice de Mn(C)les deux propositions suivantes
sont ´equivalentes :
(i)A∈N
n.
(ii)Il existe une matrice U∈U
ncommutant avec Atelle que A=AU.
On pourra construire U`a partir des valeurs propres de Aet raisonner dans une
base orthonormale bien choisie.
Deuxi`eme partie : valeurs singuli`eres d’une matrice
8)Montrer que A∈H
n(resp. H+
n) si et seulement si Aest diagonalisable
dans une base orthonormale et ses valeurs propres sont r´eelles (resp. r´eelles
positives).
9)Montrer que si A∈H
+
nil existe une unique matrice S∈H
+
ntelle que
S2=A. (Pour l’unicit´e, on pourra se ramener au cas o`uAest un multiple de
l’identit´e en consid´erant les sous-espaces propres de A.)
Si Sest une matrice de Mn(C),onditqueA=US est une d´
ecomposition
polaire de Asi S∈H
+
net U∈U
n. Dans la suite du probl`
eme, on admettra
l’existence d’une d´
ecomposition polaire pour toute matrice Ade Mn(C).
Si Aest une matrice de Mn(C)on dit que A=UDW est une d´
ecomposition
en valeurs singuli`
eres de Asi U, W ∈U
net D∈D
nest `
a coefÀcients r´
eels
positifs ou nuls.
10)Prouver que toute matrice Ade Mn(C)admet une d´ecomposition en
valeurs singuli`eres. (On pourra commencer par ´ecrire une d´ecomposition polaire
de A.)
11)Soit A∈M
n(C). Montrer qu’il existe une d´ecomposition en valeurs
singuli`eres de Apour laquelle les coefÀcients diagonaux αi=Di,i de D
eriÀent α1···αnet que ces coefÀcients sont alors d´etermin´es de fa¸con
X-11-MP A 9
unique. On les appellera les valeurs singuli`eres de A.
Troisi`eme partie : in´egalit´es de traces
12)Soit P∈M
n(C)une matrice v´eriÀant
(Pk)P2=P=P,rang P=k
a) Montrer que les coefÀcients de PeriÀent :
(i)0Pi,i 1pour tout entier ientre 1et n,
(ii)
n
i=1
Pi,i =k.
b) Soit λ1λ2··· λndes r´eels et Dla matrice diagonale telle que
Di,i =λipour tout entier ientre 1et n. Montrer que tr(PD)
k
i=1
λi.
Trouver une matrice PeriÀant les conditions (Pk)telle que tr(PD)=
k
i=1
λi.
c) Montrer que si P1,P
2sont deux matrices v´eriÀant les conditions (Pk),il
existe U∈U
ntelle que P2=UP1U.
En d´eduire que
k
i=1
λi=max
U∈Un
tr(UPUD)o`uPest une matrice v´eriÀant (Pk).
On dit qu’une matrice Ade Mn(C)est doublement stochastique si Aest `
a
coefÀcients r´
eels positifs et v´
eriÀe
n
i=1
Ai,k =1et
n
j=1
Ak,j =1, pour tout
entier kcompris entre 1et n. On note DSnl’ensemble des matrices doublement
stochastiques dans Mn(C).
13)Montrer que si U∈U
n, la matrice dont les coefÀcients sont les |Ui,j |2est
doublement stochastique.
14)Soit Aune matrice doublement stochastique de Mn(C)et soient
α1α2···αn
1β2···βn
des r´eels. On suppose que An’est pas la matrice identit´eInet on note kle plus
petit entier tel que Ak,k =1.
a) Montrer qu’il existe deux entiers met eriÀant k<mn, k < n
et tels que Am,k =0,Ak, =0,Am, =1
b) Construire une matrice doublement stochastique Ade Mn(C)eriÀant :
(i)A
i,j =Ai,j si (i, j)/∈{(k, k),(m, k),(k, ),(m, )},
(ii)A
m,k ou A
k, est nul,
(iii)
n
i,j=1
A
i,j αiβj
n
i,j=1
Ai,j αiβj
En d´eduire que max
A∈DSn
n
i,j=1
Ai,j αiβj=
n
i=1
αiβi.
15)Soient Aet Bdeux matrices dans Mn(C).
a) Soit Dla matrice diagonale dont les coefÀcients diagonaux αi=Di,i sont
10 X-11-MP A
les valeurs singuli`eres de Aet soit Tla matrice diagonale dont les coefÀcients
diagonaux βi=Ti,i sont les valeurs singuli`eres de Btelles que
α1α2···αn
1β2···βn
Montrer qu’il existe Uet Vdans Untelles que tr(AB)=tr(UDVT).
b) Montrer que tr(AB)=
n
i,j=1
Ui,j Vj,iαjβiet en d´eduire que
|tr(AB)|
n
i=1
αiβi
c) Soient A, B dans H+
n. Montrer que |tr(AB)|tr(A)tr(B).
16)Soient Aet Bdans Hnet soient
α1α2···αn
1β2···βn
leurs valeurs propres.
Montrer que : min
U∈Un
AUBU=n
i=1
(αiβi)2,o`u la norme sur Mn(C)
est donn´ee par A2=tr(AA). On pourra commencer par d´eterminer
max
U∈Un
tr(AUBU)
Solution
On a A=tAet les rappels faits au d´ebut du texte de cette ´epreuve (semi-lin´earit´e
`a gauche ...) signiÀent que si x=(x1,...,x
n)et y=(y1,...,y
n)sont deux
vecteurs de Cn, alors on a : x, y=
n
k=1
xkyk.
Si Xet Ysont les matrices colonnes canoniquement associ´ees `a ces vecteurs, on
a donc ´egalement : x, y=tXY .L´enonc´epr´ecise que l’on confondra matrice
carr´ee et endomorphisme, donc dans la foul´ee on pourra confondre vecteur et
matrice colonne canoniquement associ´ee. Ainsi :
x, y=txy
Premi`ere partie
Question 1.
Comme ttM=M,M=M,ettM=tM,ona:A∗∗ =tA=t(tA)=Aet
puisque MN =M N, pour tous vecteurs xet y:
Ax, y=t(Ax)y=txA∗∗y=txAY =x, Ay
Tant que l’on est dans les banalit´es op´eratoires, notons que les propri´et´es de la
conjugaison et de la transposition donnent, pour toutes matrices et tout scalaire :
(A+λB)=A+λB:(AB)=BA
Question 2.
a) Si A∈U
n,ona:x, y Cn,x, y=Ax, Ay=A(Ax),y, donc :
yCn,xAAx, y=0
X-11-MP A 11
Ainsi (IAA)xest orthogonal `a Cnet `a ce titre est le vecteur nul. De plus,
ceci ´etant vrai pour tout x,onabienI=AA(et on sait qu’il est alors inutile de
calculer AA)
eciproquement si AA=I, alors on a :
x, y Cn,Ax, Ay=AAx, y=x, yet A∈U
n.
Bref :
A∈U
n⇐⇒ AA=I(= AA)
b) Soient C1,...,C
nles colonnes de A, alors les lignes de Asont tC1,...,tCn
et un calcul par blocs donne :
(AA)i,j =tCiCj
et puisque AA=I, cele s’´ecrit, en utilisant le symbole de Kronecker :
Ci,C
j=δi,j
Ce qui prouve que (C1,...,C
n)est une base orthonorm´ee de Cn, muni de son
produit scalaire hermitien canonique.
Notons que tout ceci permet d’afÀrmer que Unest un sous-groupe de GLn(C).
Question 3.
a) Soit A∈N
net xA((Ker A)). Il existe donc y(Ker A)tel que
x=Ay et il s’agit de prouver que xest dans (Ker A), donc que pour tout
zKer A,onax, z=0.
Or, zKer A=Az =0 =AAz =0 =AAz=0(car Acommute
avec A)
Donc AzKer Aet y(Ker A), ce qui s’´ecrit y, Az=0, ou encore
Ay, z=0,i.e. x, z=0; ce qu’il fallait.
A∈N
n=A((Ker A))(Ker A)
Soit alors λSpec Aet Eλ=Ker(AλI)le sous-espace propre de Aassoci´e.
Comme A∈U
n,Acommute avec son adjoint Aet comme Icommute avec tout
le monde, AλI commute avec (AλI)=AλI.AinsiAλI ∈U
net
par le r´esultat pr´ec´edent :
(AλI)(E
λ)E
λ
Donc xE
λ=(AλI)x=Ax λx E
λet comme λx E
λ, il vient
Ax E
λ, donc :
A(E
λ)E
λ
b) Il s’agit de montrer que Aappartient `aNnsi et seulement si Aest semblable
`a une matrice diagonale, avec une matrice de changement de base appartenant `a
Un, donc qui est une matrice de changement de base orthonorm´ee ...Cela ne vous
rappelle rien ?
Si Aest de la forme A=UDU,avecU∈U
net D∈D
n, alors :
AA=(UDU)(UDU)=UDUU∗∗DU=UDUUDU=UDDU
AA=(UDU)(UDU)=UDUUDU=UDDU
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