Note d'intention
Note d'intention Note d'intention
Note d'intention
J’ai repris l’athlétisme il y a environ cinq ans, après l’avoir pratiqué intensivement pendant
mon enfance et mon adolescence. J’ai alors pris conscience que mon désir de théâtre n’était
pas sans rapport avec l’énergie déployée sur le stade, que mon corps en jeu, sur la scène,
était façonné par mon corps sportif.
Avec
Heptathlon
je souhaite réunir le sport – à travers l’athlétisme - et le théâtre.
Rapprocher et confronter ces deux terrains, qui sont d’abord et avant tout deux terrains de
jeux
qui impliquent, chacun à leur manière, un engagement total, lié au dépassement de soi.
Voici donc le point de départ : une actrice qui est aussi une athlète.
Pour moi, exposer le geste athlétique sur un plateau de théâtre revient à creuser un double
aspect. D’abord, montrer qu’il n’y a pas qu’un seul mode de représentation de l’acte sportif.
Le théâtre (comme les arts plastiques ou la photographie) peut donner une autre image du
sport, loin du spectaculaire télévisuel où l’effort et le dépassement de soi sont trop souvent
de banals éléments de langage pour commentaires attendus. Il s’agira au contraire
d’explorer toute la dimension artistique et poétique de l’athlétisme. Quand je regarde une
course de fond, il m’arrive d’être fascinée par la façon dont un coureur kenyan caresse la
piste, ou, devant un concours de saut en hauteur, par la grâce du corps cambré au-dessus de
la barre. Pour moi, c’est une véritable danse du corps, et c’est d’abord cet aspect
chorégraphique du geste technique que je tente de développer. D’où la nécessité de trouver
mon propre langage organique, mais aussi théâtral. Si je cours sur le plateau, c’est toujours
au service d’une situation concrète, en connivence avec le public.
Courir, lancer, sauter. Ce qui me fascine avec l’athlétisme plus que tout autre sport, c’est que
ces gestes primitifs et ancestraux sont devenus parfaitement gratuits, purs – sinon de tout
intérêt – du moins de toute nécessité. On ne lance plus le javelot pour chasser l’animal, mais
simplement pour le projeter le plus loin possible. De même l’homme ne court plus pour sa
survie, mais il court. Ça ne sert rien. C’est vain, et c’est cela que je trouve poétique.
Je voudrais
qu’Heptathlon
raconte
ce qu’il y avait de fort et d’éminemment artistique dans le
geste antique, et retrouve sa dimension à la fois concrète et primitive, profondément
humaine aussi, dans une communion avec le public qui fait autant appel aux émotions du
spectateur des stades qu’à l’esprit de distanciation, critique, du théâtre.
Maryse Meiche
Maryse MeicheMaryse Meiche
Maryse Meiche