Forum Med Suisse 2012;12(10):225–229 228
recommandat ions
grave. Comme les proportions de réponse sont les mêmes
à toutes les doses, c’est actuellement un traitement in-
traveineux pulsé avec une injection hebdomadaire de
500 mg de méthylprednisolone pendant 6 semaines,
suivi pendant 6 autres semaines par une dose hebdo-
madaire de 250 mg [9]. Même si l’injection intravei-
neuse de stéroïdes a un prol d’effets indésirables infé-
rieur à celui de l’administration orale, la dose cumulée
d’un cycle de traitement ne devrait pas dépasser 8 g en
raison du risque d’insufsance hépatique potentielle-
ment fatale. Il faut en outre examiner de cas en cas la
nécessité d’un traitement antirésorptif par bisphospho-
nates en fonction du risque d’ostéoporose.
Radiothérapie orbitale
La radiothérapie orbitale est indiquée en cas d’OE active
et son effet est d’env. 60%, prédominant sur la motilité
oculaire et la diplopie. Elle est ainsi recommandée sur-
tout chez les patients ayant une OE active avec trouble
restrictif de la motilité au premier plan clinique [10].
Ce sont généralement des doses cumulées de 20 Gy
fractionnées sur 10 séances qui sont délivrées pend ant
2 semaines. Des doses plus élevées n’ont pas été plus
efcaces alors que des doses cumulées de 10 Gy ont eu
une efcacité comparable à la dose standard de
20 Gy [11].
Nouvelles options thérapeutiques
immunosuppressives
Pour les patients ne répondant pas aux stéroïdes ou chez
lesquels ils sont contre-indiqués, il existe des modalités
de traitement immunosuppresseur. Il faut bien savoir
qu’en plus de leurs coûts plus élevés, il s’agit de traite-
ments non établis pouvant avoir un prol d’effets indé-
sirables élevé (off-label use). D’autres informations se
trouvent dans la version online de cet article.
Orbitopathie endocrinienne grave menaçant la vue
Neuropathie optique dysthyroïdienne (DON)
La neuropathie par compression peut menacer la vue
et impose un dégagement rapide du nerf optique soit
par l’administration de stéroïdes systémiques à hautes
doses, soit par décompression orbitale chirurgicale, soit
enn par association de ces deux traitements.
Pour le résultat nal, la décompression chirurgicale
comme traitement de première intention ne semble pas
meilleure que la décompression médicamenteuse, et en
plus elle ne diminue pas la nécessité d’une corticothé-
rapie systémique [12]. Cette dernière en injection intra-
veineuse pulsatile à hautes doses est supérieure à l’ad-
ministration orale ou à l’injection rétrobulbaire pour ce
qui est de l’efcacité et du prol d’effets indésirables.
Une amélioration clinique doit pouvoir être objectivée
après 1–2 semaines au maximum. Si tel n’est pas le cas
la décompression chirurgicale est indispensable.
Kératopathie d’exposition
Le risque de kératopathie d’exposition est surtout donné
avec une fermeture palpébrale incomplète, phénomène
de Bell diminué, exophtalmie marquée et/ou rétraction
palpébrale.
Dans les formes graves avec ulcération de la cornée, il y
a risque de perforation cornéenne, ce qui fait que ces cas
sont une situation de véritable urgence exigeant un trai-
tement immédiat. Une hydratation intensive avec appli-
cation horaire de larmes articielles en association à un
pansement oculaire en verre de montre pour ainsi
créer un espace humide doit être mise en route sans dé-
lai. En l’absence d’amélioration, une intervention chirurgi-
cale est indispensable. Pour protéger d’emblée la cornée,
il est possible de procéder à la fermeture des paupières
(tarsorrhaphie) et avec des soins complémentaires d’at-
tendre la cicatrisation de l’ulcère trophique. Et enn le
but doit toujours être un traitement «causal» par dé-
compression osseuse orbitale en cas d’exophtalmie et/
ou un élargissement de la paupière supérieure en cas
de rétraction palpébrale.
Traitement chirurgical
La chirurgie réparatrice comporte la diminution de l’exo-
phtalmie par élargissement de l’orbite osseuse, éventuel-
lement en association à une exérèse de tissu adipeux or-
bital en cas d’exophtalmie déformante. Peuvent en outre
s’avérer nécessaires une correction positionnelle en cas
de diplopie restrictive et une chirurgie palpébrale vi-
sant à élargir la paupière en cas de rétraction palpé-
brale, de masse palpébrale résiduelle et de blépharo-
chalase. Si plus d’une des interventions citées est
nécessaire, leur séquence doit être telle que présentée
pour des raisons biomécaniques. La condition de toute
intervention réparatrice est une OE inactive et un status
stable depuis au moins 6 mois avec une situation méta-
bolique euthyroïdienne.
Comme nous l’avons déjà vu, les rares complications
menaçant la vue peuvent rendre l’intervention chirur-
gicale plus rapidement nécessaire.
Résumé
Les patients ayant une orbitopathie endocrinienne
(OE) doivent être adressés à un centre spécialisé pour
évaluation et suite du traitement. Tout patient doit
être prévenu du facteur de risque fumée et vivement
encouragé à arrêter totalement. Le rétablissement
d’une euthyroïdie stable est le but prioritaire du traite -
ment, médicalement parlant. La TSH doit être mainte-
nue dans un domaine thérapeutique situé entre 0,5 et
1,5 mU/l.
Le traitement de première intention d’une neuropathie
par compression (DON) grave et menaçant la vue est la
méthylprednisolone intraveineuse à hautes doses. Si la
réponse est insufsante après 1–2 semaines c’est la dé-
compression orbitale chirurgicale qui est indiquée. A la
phase active d’une OE modérée à grave, le traitement
immunosuppresseur pulsé intraveineux est au premier
plan, de même que récemment dans l’OE discrète le trai-
tement antioxydant par Selenase, alors qu’à la phase
inactive des mesures chirurgicales réparatrices sont
possibles en fonction du tableau clinique. Les traite-
ments de soutien symptomatiques sont possibles quelle
que soit la gravité et sufsants dans la plupart des cas
d’OE discrète.