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l’élargissement des droits et des libertés). Le problème majoritaire de ces pays tient dans leurs
rapports à leurs minorités, mais ce dernier dépend justement de leur condition même de
démocratie que l’on va poser comme « ethnique ».
n
L’appartenance communautaire, ou l’ethnos
La démocratie est la force, l’autorité (kratos [1]) du démos (peuple en grec). Le démos est défini à
la fois comme une entité territoriale, sociale, et juridique. Mais il existe un autre terme grec pour
définir le peuple, qui est celui d’ethnos. Alors que le démos donne un fondement socio-juridique
du politique, l’ethnos pourrait consister en un fondement ethnique du politique. L’ethnos
représente alors le peuple en tant que conscience nationale, appartenance communautaire. C’est
ce fondement, cette base ethnique du politique qui nous semble dominer dans les
démocraties proche-orientales.
Le terme « ethnie » vient de ce terme grec ethnos de « peuples ». Des peuples liés d’abord par
une appartenance commune forte, au-delà d’une quelconque organisation politique.
L’appartenance ethnique est souvent transmise par les liens de sang ; on nait d’abord dans une
communauté donnée, avec ses mœurs spécifiques. Cependant, la filiation, l’acquisition de
l’appartenance communautaire par la naissance, n’est pas la seule caractérisation de
l’identification ethnique, bien que celle-ci puisse être requise pour être acceptée au sein du
groupe. C’est le cas par exemple pour Israël qui a demandé une preuve de descendance pour
faire valoir les droits ethniques et civiques de la personne (cela a été institutionnalisé par la Loi du
Retour). On peut aussi se retrouver attiré dans l’appartenance ethnique par mariage, par
conversion, ou encore via des processus d’assimilation.
Dans les pays tels que le Liban, Israël, les Territoires palestiniens ou la Turquie, la religion est une
appartenance acquise à la naissance. Elle n’est pas, comme en Europe par exemple, quelque
chose de laquelle on peut se séparer facilement car de l’ordre de la croyance seulement ou de la
foi (bien qu’elle puisse être cela aussi), mais l’appartenance religieuse est également un fait
communautaire et qui est, pour l’Autre (si ce n’est pour nous), un marqueur de notre identité.
En Occident, il est possible d’entendre quelqu’un dire qu’il était catholique (par exemple), ou qu’il
est devenu catholique. C’est quelqu’un qui revendique alors une croyance religieuse basée sur sa
foi et qui n’a pas d’incidence majeure sur sa vie en tant que citoyen de la nation à laquelle il
appartient.
Au Proche-Orient, l’identité religieuse est acquise par naissance, et bien que l’on soit athée, ou
agnostique, ce n’est pas une identité de laquelle on peut se séparer dans la
communauté nationale. Un Juif en Israël ne dira jamais « lorsque j’étais juif », de même qu’un
Libanais ne dirait jamais « lorsque j’étais chrétien » -ou « musulman » (nous ne parlons pas ici de
conversions). On nait Juif, on nait Libanais maronite (ou autre), on nait Palestinien, on nait Turc (ou
encore Kurde, ou encore Kurde-alévi, ou autre).
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