1 • Titre du projet: Modélisation de la croissance hétéroépitaxiale sous contrainte. • Responsable scientifique Combe Nicolas Maitre de conférence • Adresse (jusqu’au 31/12/2006) Laboratoire de Physique des Solides de Toulouse UMR5477 Université Paul Sabatier 118 route de Narbonne 31062 Toulouse Cedex 4, France tel : 05 61 55 83 34 fax : 05 61 55 62 33 email : [email protected] • Adresse (à partir du 01/01/07) Centre d’Elaboration de Matériaux et d’Etudes Structurales, CNRS UPR 8011, 29 rue J. Marvig, BP 94347, 31055 Toulouse cedex 4, France. tel : 05 62 25 79 98 fax : 05 62 25 79 99 email : [email protected] I. CONTEXTE Le projet développé concerne la croissance épitaxiale sous contrainte. Des atomes sont déposés sur un substrat dont le paramètre de maille diffère. Ces atomes voyant le potentiel crée par le substrat sont obligés d’adapter leur paramètre de maille à celui du substrat accumulant ainsi de l’énergie élastique. Les atomes diffusant sur le substrat, le système est à même de relaxer cette énergie élastique de différentes manières. Cette relaxation peut se faire soit par la création de dislocations soit par une structuration en ı̂lots (croissance StranskiKrastanov). En effet, au sommet d’un ı̂lot, la contrainte est relaxée. (cf Fig. 1). FIG. 1: Illustration de la relaxation des contrainte lors de la création d’ı̂les tridimensionnelles. Le matériaux déposé (rouge) est en tension sur le substrat, le paramètre de maille est relaxé au sommet des ı̂les. Le projet poursuivi vise à comprendre les différents paramètres jouant sur la naissance des ı̂les et comprendre la part de la thermodynamique/cinétique dans la naissance de ces ı̂les. Les simulations numériques à l’échelle atomique sont tout à fait adaptées à tel projet. II. MÉTHODES Les études numériques à l’échelle atomique de la croissance hétéroépitaxiale sont peu nombreuses dans la littérature1. En effet, la prise en compte correcte de la contrainte est très coûteuse en temps de calcul : les forces élastiques sont des forces à longue portée et les échelles de temps d’une croissance épitaxiale sont typiquement de l’ordre de la dizaine de seconde, interdisant de ce fait une simulation par Dynamique Moléculaire. Nous avons développé un programme de simulation MonteCarlo afin de simuler la croissance des couches contraintes. L’originalité du programme consiste à ne relaxer la contrainte que localement lors de la diffusion d’un atome. Ce programme simule une croissance en dimension 1+1 et utilise des potentiels interatomiques génériques (Potentiel Lennard Jones). Le projet comportait une partie développement du code en deux phases principales : • Tenir compte de la cinétique en calculant les barrières d’énergie pour la diffusion : Monte-Carlo cinétique • Optimiser les temps de calculs et paralléliser le code. 2 A. • la taille de la région cutoffrelax dans laquelle nous relaxons les contraintes après chaque pas MonteCarlo. Monte Carlo Cinétique Le programme a été modifié pour tenir compte de la cinétique de diffusion de chaque atome. Pour chaque mouvement possible, nous calculons la barrière d’énergie à franchir. Ce calcul est effectué en utilisant l’algorithme : Climbing Image- Nudge Elastic Band method2 . Cet algorithme est robuste : il restera applicable si nous souhaitons passé à des simulations en dimension 2+1. C’est l’algorithme qui s’est révélé le plus rapide dans notre cas et qui reste indépendant de la dimension du système2 . Parmi tous ces paramètres, nous avons choisi d’explorer l’effet des variations du désaccord de maille en premier lieu. Les autres paramètres ont été fixés comme suit : ǫss = 2.368eV , ǫsl = 2.043eV , ǫll = 1.93eV , cutoffpot = cutoffrelax = 3.1 ∗ a0 où a0 est le pas du réseau du substrat; T = 1200K. A. B. Optimisation du temps de calcul et parallélisation Nous avons tenté autant que possible d’optimiser le temps de calculs. En plus de l’optimisation des différents parties du programme, nous avons tenté de paralléliser notre code : nous n’avons pas réussi à ce jour à paralléliser efficacement notre code. Un programme parallèle a été conçu mais le gain en temps de calcul (speed-up) était très insatisfaisant. La parallélisation de notre programme demande un effort de programmation conséquent non réalisé à ce jour. Nous avons donc malheureusement utilisé notre programme dans sa version séquentielle. Ces simulations restent malheureusement lourdes : typiquement, pour un jeu de paramètres, le temps de calcul est de 100h environ et le nombre de paramètre que nous pouvons faire varier est très important comme nous pourrons le voir ci-dessous. De plus, il nous faut dans l’absolu effectuer des moyennes sur plusieurs simulations des quantités mesurées. A ce jour, ces moyennes n’ont pas été effectuées. Enfin, comme tout programme en cours de développement, nous rencontrons régulièrement des légères erreurs (bugs) du programme qui rendent l’étude plus difficile. III. RÉSULTATS Les paramètres de la simulation sur lesquels nous pouvons jouer sont multiples : • 3 énergies de liaisons inter-atomiques : substratsubstrat (ǫss ), substrat-matériau déposé (ǫsl ), matériau déposé-matériau déposé (ǫll ). • Désaccord de maille m entre les deux matériaux. • Flux d’atomes déposés. • Température. • la porté du potentiel cutoffpot de Lennard-Jones (la même indépendamment des types d’atomes). Morphologies et résultats qualitatifs Nos simulations permettent de reproduire qualitativement les différents modes de croissance observés expérimentalement. Pour un flux faible, nous observons une croissance Stranski-Krastanov lorsque le désaccord de maille est négatif; alors que nous observons l’apparition de dislocations dans le cas d’un désaccord de maille positif. Cette différence de comportement est dû à la dissymétrie du potentiel Lennard-Jones entre compression (en 1/r12 ) et tension (en 1/r6 ). On peut noter à ce niveau que la théorie classique de l’élasticité linéaire prévoit que l’énergie élastique varie comme le désaccord de maille au carré : et donc indépendamment du signe du désaccord de maille (approximation harmonique). Nos simulations atomistiques montrent donc que l’anharmonicité du potentiel influence notablement la croissance. B. Désaccord positif : Apparition des dislocations A flux atomique donné, l’apparition des dislocations est d’autant plus rapide que le désaccord de maille est grand. Ce résultat est bien en accord avec l’observation et se comprend facilement. Nous sommes actuellement en train de quantifier cette dépendance en programmant une routine détectant l’apparition et le nombre de dislocations. La figure 2 montre un exemple de morphologie obtenue dans le cas d’un misfit de 2%, pour un flux de 1 monocouche par seconde après environ 27s de dépôt : le nombre de pas Monte Carlo est de l’ordre de 20 millions. A ce jour, nous n’avons pas été capable de corréler les variations de l’énergie totale par atome avec la création de dislocations. C. Désaccord négatif : apparition d’ı̂les. La figure 3 montre la morphologie des ı̂les obtenues lors d’un dépôt avec un désaccord de maille de −2% pour un flux de 0.1 monocouches par secondes. Ces clichés présentent clairement l’apparition d’ı̂lots à la surface du substrat sur une couche de mouillage (2 monocouches dans le cas de la figure 3). Ces résultats sont analogues à 3 ceux observés expérimentalement. Plus le désaccord de maille est grand en valeur absolu, plus la hauteur de la couche critique à partir de laquelle les ı̂les apparaissent est faible. Une étude quantitative de la variation de cette hauteur en fonction du désaccord de maille a été menée. 100.00 80.00 60.00 40.00 20.00 D. Influence des autres paramètres 0.00 50.0 100.0 150.0 200.0 250.0 300.0 FIG. 2: Morphologie obtenue après 27s de dépôt à 1 monocouche par seconde. Désaccord de maille : 2% Une étude en faisant varier le flux, la taille de la région dans laquelle nous relaxons les contraintes cutoffrelax a été effectuée. A l’heure actuelle, nous n’avons pas réussi à déterminer quantitativement le rôle de ces paramètres. L’étude est en cours. L’effet de la température semble montrer qu’une température faible favoriserait l’apparition de dislocations. Là aussi, une étude quantitative est prévue. 30.00 25.00 20.00 15.00 10.00 IV. CONCLUSION 5.00 FIG. 3: Morphologie des ı̂les lors d’un dépôt avec un désaccord de maille : −2% Le programme mise au point demande encore des améliorations notamment au niveau du temps de calcul. Mais les premiers résultats se sont montrés prometteurs notamment au niveau des différents régimes obtenus, Une étude quantitative du rôle de chaque paramètre est maintenant nécessaire et fera l’objet de la prochaine campagne de calcul. 1 2 0.00 100.0 150.0 200.0 250.0 300.0 350.0 F. Much and M. Biehl, Europhys. Lett. 63, 14 (2003) M. Biehl, M. Ahr, W. Kinzel, F. Much, Thin Solid Films 428, 52 (2003) F. Much, M. Ahr, M. Biehl, and W. Kinzel Comp. Phys. Comm. 147, 226 (2002) F. Much, M. Ahr, M. Biehl, and W. Kinzel Europhys. Lett. 56, 791 (2001) G. Henkelman, G. Jóhannesson, and H. Jónsson, “Methods for Finding Saddle Points and Minimum Energy Paths”, in Progress on Theoretical Chemistry and Physics, Ed. S. D. Schwartz (Kluwer Academic Publishers, 2000) pp. 269-300.